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Turquie : victoire sans surprise d’Erdogan, réélu président

mai 28, 2023

Le second tour de la présidentielle a confirmé la tendance du premier scrutin. Recep Tayyip Erdogan est réélu avec une marge confortable sur Kemal Kiliçdaroglu. 

Recep Tayyip Erdogan a ete reelu president de la Turquie, dimanche 28 mai.
Recep Tayyip Erdogan a été réélu président de la Turquie, dimanche 28 mai.© MEHMET ESER / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Cette fois, il n’y a pas vraiment eu de suspense. Il y a deux semaines, Recep Tayyip Erdogan avait dû attendre 1 heure du matin pour apparaître devant ses partisans. Dimanche, à l’issue du second tour de la présidentielle, il a pu célébrer sa victoire à 20 heures, avant la tombée de la nuit, poussant la chansonnette, perché sur le toit d’un bus. Une foule de supporters agitait des drapeaux turcs et se massait dans l’enceinte de son palais, sur les hauteurs d’Ankara. « Bye bye Monsieur Kemal » a-t-il lancé. 

L’écart en faveur du président sortant, après le premier tour de cette élection, s’est avéré impossible à combler pour son adversaire, Kemal Kiliçdaroglu. Les résultats du 14 mai n’ont guère évolué ce dimanche et Recep Tayyip Erdogan maintient une avance d’environ 2,5 millions de voix. Il arrive en tête dans plus de 50 provinces sur 82. Il obtient 52 %, contre près de 48 % à son adversaire.

Les mains libres jusqu’en 2028

Les votes qui étaient allés en faveur de Sinan Ogan, le candidat ultranationaliste du premier tour, se sont dispersés entre les deux prétendants, sans jouer de rôle décisif. Le principal opposant à Erdogan avait pourtant durci son discours dans l’entre-deux tours contre les migrants syriens, promettant de les renvoyer dans leur pays dans les deux mois qui suivraient son élection. Mais dans ces deux semaines de campagne de second tour, l’opposition aura eu du mal à faire abstraction de ses divisions et de l’incohérence de son projet. En face, Erdogan a rassuré et s’est montré sûr de lui.

Le taux de participation, d’environ 85 % sur le plan national, est en recul de trois à six points selon les régions, celles de l’Est, à majorité kurde, étant celles qui se sont le plus abstenues. Quelques voix qui, au final, manquent à l’opposition. 

Cette élection confirme la totale maîtrise du processus électoral par Erdogan, malgré un contexte défavorable. Ni la profonde crise économique vécue par les foyers turcs, ni les effets de la catastrophe sismique de février, n’ont empêché le « reis » de remporter une nouvelle victoire, tout en préservant l’apparence d’une élection démocratique.

« Nous avons ouvert les portes du Siècle turc (…) Personne ne peut regarder notre nation de haut », a déclaré Erdogan. Il a désormais les mains libres pour gouverner jusqu’en 2028. Et pour remporter de nouvelles élections. « Demain, c’est 2024. Etes-vous prêts à remporter les élections locales à Istanbul ? », a lancé le président à ses troupes. Ils sont prêts.

Macron félicite Erdogan

Dans la soirée, Emmanuel Macron a félicité Recep Tayyip Erdogan pour sa réélection, estimant que « la France et la Turquie ont d’immenses défis à relever ensemble ». Parmi ces « défis », le président français cite, sur Twitter, le « retour de la paix en Europe, l’avenir de notre Alliance euro-atlantique, la mer Méditerranée ». « Avec le président Erdogan, que je félicite, nous continuerons à avancer », a ajouté le chef de l’Etat.

La France et la Turquie ont d’immenses défis à relever ensemble. Retour de la paix en Europe, avenir de notre Alliance euro-atlantique, mer Méditerranée. Avec le Président Erdogan, que je félicite pour sa réélection, nous continuerons à avancer.— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 28, 2023

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également adressé ses félicitations à Recep Tayyip Erdogan, espérant un « renforcement » des liens entre leurs deux pays et de leur « coopération pour la sécurité et la stabilité » en Europe. Le chancelier allemand Olaf Scholz a aussi dit espérer que la réélection de M. Erdogan donnerait « un nouvel élan » aux relations entre les deux pays pour « faire avancer leur agenda commun ».

« J’ai hâte de continuer à travailler ensemble en tant qu’alliés au sein de l’Otan sur des questions bilatérales et des défis mondiaux », a pour sa part tweeté Joe Biden. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a lui aussi dit sa « hâte de poursuivre l’étroite collaboration entre nos pays, qu’il s’agisse de développer le commerce ou de faire face aux menaces en matière de sécurité en tant qu’alliés au sein de l’Otan ».

L’opposant turc Kemal Kiliçdaroglu, défait à l’issue de ce second tour, a quant à lui exprimé sa « tristesse » pour l’avenir de la Turquie. « Je suis profondément triste face aux difficultés qui attendent le pays », a-t-il déclaré depuis le siège de son parti à Ankara.

Avec Le Point par Guillaume Perrier

Italie: Plusieurs disparus après le naufrage d’un bateau sur le lac Majeur

mai 28, 2023

Le bateau transportait une vingtaine de touristes lorsqu’il s’est retourné au large de Lisanza, dans le nord de l’Italie. Les recherches se poursuivent.

Plusieurs personnes sont portees disparues apres le naufrage d'un bateau sur le lac Majeur, en Italie.
Plusieurs personnes sont portées disparues après le naufrage d’un bateau sur le lac Majeur, en Italie.© Luc Nobout / MAXPPP / IP3 PRESS/MAXPPP

Dix-neuf personnes ont été secourues après qu’un bateau touristique a chaviré sur le lac Majeur, dimanche 28 mai, au large de Lisanza, dans le nord de l’Italie. Selon les pompiers, pluieurs passagers étaient toujours portés disparus dans la soirée. Des plongeurs et un hélicoptère sont à la recherche de « plusieurs personnes portées disparues », a précisé à l’AFP le porte-parole des pompiers, Luca Cari.

Une vidéo des pompiers, publiée par le site du quotidien Corriere della Sera, montre l’hélicoptère survolant des eaux agitées, où flottaient des chaises et d’autres débris.

Un accident causé par le mauvais temps

L’accident a été provoqué par le mauvais temps, selon le Corriere della Sera. Le lac Majeur, qui se trouve dans le sud des Alpes, est le deuxième plus grand lac d’Italie et une destination touristique prisée.

Le Point par I.M. avec AFP

Le Canada bat l’Allemagne pour remporter un 28e titre de champion du monde

mai 28, 2023
L'attaquant du Canada Samuel Blais s'apprête à célébrer un but qu'il vient de marquer.

Samuel Blais a marqué deux fois pour le Canada en finale. Photo: AFP/Jonathan Nackstrand

Le Canada a battu l’Allemagne 5-2 en finale du Championnat du monde de hockey, dimanche, à Helsinki. 

Samuel Blais a marqué deux fois, dont un filet qui brisait l’égalité 2-2 en troisième période. L’attaquant originaire de Montmagny a également été nommé joueur du match.

L’ancien du Canadien de Montréal Tyler Toffoli a marqué le but d’assurance en troisième, puis Scott Laughton en a rajouté un dans un filet désert en fin de match. 

C’est la 28e fois que le Canada remporte le titre mondial. C’est aussi un quatrième podium de suite pour le Canada, qui avait perdu la finale 2022 contre la Finlande.

Devant le filet canadien, le gardien du Tricolore Samuel Montembeault a repoussé 21 lancers pour assurer la victoire. 

Trois joueurs de hockey du Canada se prennent dans les bras pour célébrer un but.

Le Canada remporte la finale et la médaille d’or contre l’Allemagne grâce à une victoire de 5-2. Photo: Twitter/@Bensteiner00

L’Allemand John Peterka a inscrit le premier but de la finale, après 7:44 de jeu. Moritz Müller et le défenseur des Red Wings de Detroit Moritz Seider ont obtenu des mentions d’aide.

Après avoir purgé une pénalité d’équipe pour avoir retardé le match à la suite du but de l’Allemagne, Blais a créé l’égalité 1-1 avec un tir précis près de l’enclave.

L’Allemagne a repris une avance d’un but en deuxième période grâce à Daniel Fischbuch. Alors que les Allemands voulaient dégager la rondelle, celle-ci a plutôt frappé un coéquipier à la ligne bleue et a permis à Fischbuch de récupérer le disque à la suite d’un bond bizarre, pour enfiler son deuxième du tournoi. Seider a récolté une deuxième aide sur le but.

Avec 2:32 à disputer au deuxième engagement, le Canada a de nouveau ramené les deux équipes à la case départ. En avantage numérique, Crouse s’est positionné dans l’enclave et a redirigé une superbe passe de Peyton Krebs dans le filet.

Blais a marqué son deuxième but du match après 4:51 de jeu en troisième période, à la suite d’un revirement provoqué par Cody Glass derrière le filet de l’Allemagne.

Le Canada a doublé son avance avec 8:09 à jouer en temps réglementaire, lorsque Toffoli a choisi de tirer lors d’une poussée à deux contre un et a battu Niederberger de vitesse, d’un tir entre les jambières.

Laughton est venu confirmer la victoire du Canada en marquant le cinquième but des siens dans un filet désert, avec moins de deux minutes à jouer.

Des joueurs de hockey jubilent

Le Letton Kristians Rubins (94) célèbre à la suite de son but victorieux avec ses coéquipiers. Photo: AFP via Getty Images/Jonathan Nackstrand

Une médaille de bronze historique pour les Lettons

La Lettonie a gagné la toute première médaille de son histoire au Championnat du monde de hockey dimanche en battant les États-Unis 4-3 en prolongation.

Ce pays n’avait jamais fait mieux qu’une 7e place.

Quant aux Américains, c’est la deuxième année de suite qu’ils laissent filer la médaille de bronze.

Le défenseur Kristian Rubins a inscrit le but de la victoire et son deuxième du match à 1 min 22 de la période de prolongation.

Avant d’inscrire le filet victorieux, Rubins avait marqué le but égalisateur avec 5:39 à jouer à la troisième période.

Roberts Bukarts et Janis Jaks ont également touché la cible pour la Lettonie.

Rocco Grimaldi a réussi deux des buts des États-Unis, chaque fois pour permettre à sa formation d’égaler le score.

Puis, après 6:19 de jeu en troisième période, Matt Coronato a donné aux États-Unis leur première avance du match.

La formation américaine s’était montrée intraitable en gagnant ses huit premières rencontres du tournoi avant de perdre le match de demi-finale samedi, par un score de 4-3 et également en prolongation, cette fois contre l’Allemagne.

Avec La Presse canadienne

Congo-Enseignement supérieur : l’ESGAE stimule la dynamique entrepreneuriale

mai 28, 2023

L’école supérieure de gestion et d’administration des entreprises (ESGAE), une institution d’enseignement supérieur, a organisé, le 25 mai à Brazzaville, un colloque scientifique international sur l’entrepreneuriat, à la faveur du 30e anniversaire de sa création, afin d’impulser une dynamique entrepreneuriale à ses étudiants.

1-Une vue de l’assistance lors du colloque/Adiac

Des experts venus d’une douzaine d’universités de pays étrangers, notamment de France, de la République démocratique du Congo, du Gabon, du Cameroun et du Maroc ont exposé autour de la thématique principale : « Entreprendre, agir et se singulariser dans un monde et une Afrique en mutations ».

Plusieurs dizaines d’exposés, tables rondes, plénières, conférences et sessions ont été centrés, entre autres, sur l’employabilité et l’accompagnement des projets entrepreneuriaux, à savoir l’Afrique face aux défis de la mondialisation; de l’intention entrepreneuriale au passage à l’acte; action et résilience entrepreneuriales face aux crises et à un environnement turbulent; écosystème et territoire à l’heure de la digitalisation; financement des projets entrepreneuriaux et des petites et moyennes entreprises; économie circulaire, agriculture, territoire et développement des économies africaines ainsi qu’entreprendre au féminin.   

Afin d’encourager l’initiative, l’administrateur-maire de Moungali, Bernard Batantou, s’est félicité de l’organisation de ce colloque qui, selon lui, valorise les ressources humaines et rehausse les connaissances des apprenants.

S’exprimant à l’occasion pour situer le contexte de la cérémonie et inciter les jeunes aux formations entrepreneuriales, le directeur général de l’ESGAE, Roger Armand Makany, a indiqué : « Notre pays a plusieurs zones économiques dont celle de Maloukou. Nous voulons que les emplois soient créés. Dans ces zones, les entreprises vont se développer au bénéfice du pays. Alors, nous voulons que le système licence master doctorat soit complet ici pour que les étudiants apprennent sur place, au lieu de voyager à l’étranger ».

Pour sa part, le Pr Thierry Levy, chercheur à l’université de Paris 8 et président du comité scientifique du colloque, a donné la leçon inaugurale en stimulant les chercheurs africains sur la production scientifique universitaire  et au management entrepreneurial. Il a lancé un appel à la continuation de la coopération scientifique avec les autres pays du monde.

2-La coupure symbolique du ruban par le Pr Roger Armand Makany /Adiac

« Beaucoup d’entreprises américaines se sont inspirées du modèle africain et asiatique. Croyez-moi que l’Afrique a des pratiques managériales originales et innovantes. Que nous ayons de plus en plus une coopération académique et scientifique pour élever nos connaissances », a commenté le Pr Thierry Levy. Dans l’euphorie de la commémoration de son trentième anniversaire, l’ESGAE a inauguré un bâtiment R+7 pour développer et améliorer le cadre d’apprentissage.  

Notons que l’ESGAE est le premier établissement privé du Congo à recevoir l’accréditation du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur. Réputé pour l’enseignement des sciences de gestion dans le pays, cet établissement est une université privée créée en 1993 qui a pour principale mission la formation des hauts cadres.

Les sciences de gestion enseignées au sein de cet établissement ont pour objet l’étude de l’action conduite de façon collective par des groupes humains organisés. Elles s’appliquent aux organisations dans toute leur diversité, qu’elles soient issues du secteur marchand ou non marchand : entreprise, association et organisation publique.

Avec Adiac-Congo par Fortuné Ibara

La BEAC ingouvernable depuis le dernier sommet de la Cemac ?

mai 28, 2023

Querelles intestines, polémiques, dysfonctionnements… Ces temps derniers, la Banque des États de l’Afrique centrale a beaucoup fait parler d’elle. Las, la situation a encore empiré depuis la Conférence des chefs d’État de la Cemac de mars, au point de devenir presque intenable. Et dire que le mandat du gouverneur, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli, s’achève en janvier 2024…

Siège de la Banque des États de l’Afrique centrale, à Yaoundé, au Cameroun. © Diego Ravier pour JA

Dans le communiqué final de la Conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) qui s’est tenue le 17 mars 2023, les chefs d’État recommandaient aux responsables des dix-huit institutions qu’ils venaient de nommer, comme à ceux déjà en place, « d’inscrire leurs actions dans le cadre de la transparence dans la gestion et du renforcement de la collégialité dans les prises de décision ».

L’encre prescrivant la bonne gouvernance et la collégialité dans ses institutions à peine séchée, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) s’est embarquée sur la voie du blocage progressif de son fonctionnement. Selon certaines indiscrétions, le gouverneur, dont le mandat arrivera à terme en janvier 2024, a notamment signé deux décisions avant d’organiser la réunion inaugurale du gouvernement de la BEAC issu du récent sommet de la Cemac.

Décisions controversées

La première, datée du 3 avril 2023, concerne la nomination d’un conseiller spécial du secrétaire général de la Commission bancaire en Afrique centrale (Cobac), en la personne du directeur général sortant des études, finances et relations internationales.

Cette décision a entraîné une cinglante réaction du nouveau directeur général pour le contrôle général (DGCG), le Camerounais Blaise Eugène Nsom – réaction portée sur la place publique via les réseaux sociaux et dont Jeune Afrique s’est fait l’écho. Le DGCG, se déclarant « garant du respect des textes et du cadre entourant l’intégralité de l’action de la BEAC » et citant la résolution des chefs d’État de la Cemac, a enjoint au gouverneur Mahamat Abbas Tolli de reporter sa décision, considérée comme sans fondement juridique clair et susceptible d’être préjudiciable à un tiers.

La seconde, adoptée le 5 avril 2023, est relative à la publication des candidats admis au concours de recrutement des cadres supérieurs de l’Institut d’émission. Or, cette procédure de sélection de nouveaux fonctionnaires de la BEAC, entamée en mai 2022, avait fait l’objet de longues controverses au sein de l’institution, et débouché sur sa suspension par le Comité ministériel de l’Union monétaire en Afrique centrale, l’organe supervisant, entre autres, le fonctionnement de la BEAC et la nomination de ses dirigeants.

Si cette dernière décision du gouverneur de la BEAC n’a pas fait l’objet d’une réaction connue, elle aurait suscité de la part des autres membres du gouvernement, sur la base des mêmes éléments invoqués dans la lettre du DGCG mentionné plus haut, des mesures pour en empêcher l’application, dont le refus de prendre en charge les frais de ce recrutement.

Avec le retour du gouverneur d’une longue mission, la première réunion du gouvernement remanié est très attendue, notamment pour discuter du principe de collégialité, présenté comme cardinal par ses nouveaux membres. La pertinence de l’avis juridique émis par la Cour de Justice de la Cemac, en décembre 2022, sur la suspension du concours par le comité ministériel, qui semble donner raison à la position du gouverneur, devrait être également évoquée.

Bonnes pratiques

Le FMI, présent à Yaoundé depuis le 8 avril pour ses entretiens annuels avec les institutions de la Cemac, sera peut-être mis à contribution pour rappeler les bonnes pratiques de gouvernance d’une banque centrale qu’il avait aidé à instaurer en 2009-2010, après le scandale des détournements de fonds au bureau parisien de la BEAC. La notion d’indépendance de la Banque, et non du gouverneur ou du gouvernement, devrait en particulier être revue.

Cependant, les autorités de la Cemac sont en premier lieu interpelées pour éviter que ne se reproduisent à la BEAC les empoignades qui avaient conduit, début 2010, au remplacement presque intégral du gouvernement dirigé par Philibert Andzembé, auquel avait succédé Lucas Abaga Nchama, unique survivant de cette purge.

Avec Jeune Afrique

Par Djimadoum Mandekor

Ancien directeur central (2013-2019) au siège de la BEAC

L’ouest de la Côte d’Ivoire danse-t-il sur un volcan ?

mai 28, 2023
© Damien Glez

Si la pensée populaire enseigne que « le pire n’est jamais certain », l’inimaginable se réalise parfois. C’est ainsi qu’en ce mois de mai, la Côte d’Ivoire a connu une première expérience d’éruption volcanique, dans la sous-préfecture de Guehiebly, à 18 km de Duékoué, le chef-lieu de la région du Guémon. Une forte explosion a été suivie d’un tremblement du sol et de l’émission d’une lave vitreuse et noire écoulée sur trois mètres.

Face à cet événement inédit, la population a développé une sorte de psychose, craignant notamment, en l’absence d’une analyse scientifique complète, ces répliques telluriques, dont on entend régulièrement parler dans la couverture médiatique des grands tremblements de terre.

Guehiebly enregistre déjà des dégâts. Après une suspension de la fourniture du courant électrique, la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) a expliqué que le support métallique, qui maintenait la ligne de moyenne tension, avait fondu sous l’effet de l’éruption volcanique, perturbant ainsi l’alimentation électrique d’une dizaine de villages.

Début de psychose

En ce qui concerne les effets sur l’atmosphère, le directeur régional des Mines de Duékoué, Sanogo Souleymane, a demandé aux habitants de ne pas s’approcher à moins de dix mètres des lieux. Selon lui, la « saturation » de l’air pourrait être dangereuse pour les personnes vulnérables.

Si l’État ivoirien se veut rassurant et appelle au calme, la psychose conduit certains résidents à envisager de déménager de la zone. Le préfet du département de Duékoué, Ibrahima Cissé, appelle chacun à « faire confiance au gouvernement et au président de la République, Alassane Ouattara », tout en rappelant, lui aussi, qu’il est prudent d’éviter de s’approcher du lieu de l’explosion, en attendant les conclusions des experts. Des échantillons ont été prélevés par les services des pompiers.

Certains devancent les discours des spécialistes, en subodorant des explications mystiques à cet événement géologique inattendu. Le phénomène de volcanisme effusif pourrait être l’expression de la colère des ancêtres. Après cette alerte inédite, des sacrifices ont donc été pratiqués pour obtenir clémence…

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

À quelques kilomètres de Duékoué, une éruption volcanique inédite a suscité incrédulité et panique parmi la population.

« La Biélorussie n’a plus de souveraineté stratégique »

mai 26, 2023

Frontalier avec la Russie, l’Ukraine, la Pologne et la Lituanie, ce pays de 9 millions d’habitants est devenu la base arrière de son imposant voisin, accueillant désormais des armes nucléaires russes.

Le president bielorusse Loukachenko, a Minsk, en 2010
Le président biélorusse Loukachenko, à Minsk, en 2010© Sergei Supinsky/AFP

Annoncé le 25 mars dernier, le transfert d’armes nucléaires tactiques russes vers la Biélorussie a commencé jeudi 25 mai, selon Alexandre Loukachenko, président depuis près de trente ans de cette ancienne république soviétique, seule alliée du Kremlin sur le continent européen. Un entrepôt spécial destiné à ces armes à la portée limitée, mais néanmoins dangereuses, est également en cours de construction dans le pays, et devrait être achevé d’ici à juillet. Frontalière avec la Russie, l’Ukraine, la Pologne et la Lituanie, la Biélorussie apparaît ainsi, une fois de plus, prise au piège de sa relation avec Moscou, avec qui elle a conclu un accord d’intégration poussé.

Car si le président biélorusse a beau présenter le retour de l’arme nucléaire sur sa terre comme une garantie de sécurité face aux Américains, qui ont disposé les leurs en Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Turquie et Italie, « ce ne seront pas les Biélorusses qui contrôleront ces armes, mais bien les Russes, à qui le pays prête son territoire », explique la chercheuse à l’université Bordeaux-Montaigne Olga Gille-Belova.

Réticence historique vis-à-vis du nucléaire

Le transfert d’armes nucléaires sur le territoire biélorusse apparaît plus symbolique que stratégique, selon la chercheuse, pour qui la Russie n’a pas réellement besoin de placer ces armes en Biélorussie pour toucher ses cibles. « Il s’agit surtout d’une rhétorique et d’une façon de riposter face aux menaces de livraison d’armes en uranium appauvri à Kiev, explique-t-elle. Ce transfert a donc plus de sens dans le cadre de l’escalade entre la Russie et l’Otan qu’en réponse à des enjeux réellement biélorusses. »

Historiquement réticente au nucléaire – l’explosion de la centrale de Tchernobyl, située à 400 km de Minsk, a contaminé 23 % du pays –, la population biélorusse serait opposée à la venue d’armes nucléaires, selon un sondage opéré par le cercle de réflexions britannique Chatham House. Après la chute de l’URSS, le pays avait ainsi restitué ses armes à la Russie et signé les accords de non-prolifération conclus dans les années 1990, en plus d’inscrire sa neutralité en matière nucléaire dans sa Constitution.

Mais depuis le début de la guerre en Ukraine, le discours a changé et la marge de manœuvre des autorités apparaît particulièrement ténue, voire inexistante. La Constitution a ainsi été modifiée quelques jours à peine après l’entrée des troupes russes en Ukraine pour supprimer l’article faisant du pays une « zone sans nucléaire ».

Élections truquées

Si le pays reste officiellement non-belligérant dans le conflit, il sert, de fait, de base arrière à la Russie, à qui il a prêté son territoire pour lancer l’invasion de l’Ukraine, en février 2022. Des milliers de soldats russes, des équipements et des camps d’entraînement militaires y sont, en outre, toujours déployés, et l’armée biélorusse a participé à des manœuvres défensives avec la Russie, organisées sur son territoire en janvier.

L’arrivée d’ogives nucléaires marque une étape de plus dans ce processus de vassalisation, avec lequel le président Loukachenko louvoyait depuis des années, alternant rapprochement avec Moscou et main tendue aux Occidentaux. Mais le contexte a changé : confronté à des manifestations massives en 2020 après la tenue d’élections truquées, celui qui est considéré par Washington comme le « dernier autocrate d’Europe » a pu compter sur le soutien de la Russie, et il doit maintenant en payer le prix.

Déjà extrêmement liée à la Russie pour sa fourniture de pétrole et de gaz, la Biélorussie a ainsi vu sa dépendance économique envers Moscou renforcée par les sanctions prises contre la sanglante répression du mouvement de contestation de 2020. Le pays dépend en sus de la Russie pour l’export de ses produits manufacturés, comme ses tracteurs, inadaptés au marché occidental. Un nouveau prêt a enfin été conclu en décembre dernier par la Biélorussie auprès de la Russie.

« Les otages des ambitions impériales russes »

Si cela devient particulièrement perceptible depuis le début du conflit, « la Biélorussie n’a, en fait, plus de souveraineté stratégique depuis 2020, souligne Olga Gille-Belova. La guerre en Ukraine a complètement exacerbé ce processus, mais concrètement, Alexandre Loukanchenko avait déjà renoncé à sa marge de manœuvre depuis plusieurs années en échange de son maintien au pouvoir, quand Vladimir Poutine l’a soutenu face aux protestations. »

Le pays compte ainsi 1 516 prisonniers politiques pour 9 millions d’habitants, selon l’ONG Viasna, et la situation est encore accentuée par son isolement sur la scène internationale, qui coupe complètement l’opposition en exil de la population. Depuis la Lituanie, l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa, condamnée par contumace à 15 ans de prison en mars, s’est néanmoins insurgée contre le transfert des armes nucléaires dans un long texte sur Twitter.

« Aujourd’hui, le régime biélorusse a signé un accord avec la Russie sur le déploiement des armes nucléaires. Non seulement cela mettrait en danger la vie des Biélorusses, mais cela créerait une nouvelle menace contre l’Ukraine et toute l’Europe, a-t-elle fustigé. Cela fera des Biélorusses les otages des ambitions impériales russes », écrit-elle.

Avec Le Point par Lou Roméo

Kevin Guiavarch, pionnier français du jihadisme, condamné à 14 ans de réclusion en appel

mai 26, 2023
Kevin Guiavarch, pionnier francais du jihadisme, condamne a 14 ans de reclusion en appel
Kevin Guiavarch, pionnier français du jihadisme, condamné à 14 ans de réclusion en appel© AFP/Archives/Benoit PEYRUCQ

La cour d’assises spéciale de Paris jugeant en appel s’est une nouvelle fois montrée plus clémente que le parquet en confirmant vendredi le jugement de première instance qui condamnait à 14 ans de réclusion, assortie d’une période de sûreté des deux-tiers, le « repenti » Kevin Guiavarch, pionnier français du jihadisme.

Son épouse Salma O., qui comparaissait libre, a été condamnée à 6 ans d’emprisonnement, également comme en première instance, qu’elle pourra accomplir à domicile sous bracelet électronique en raison de ses « efforts de réinsertion ».

Sa peine est assortie d’une mesure de suivi socio-judiciaire de 5 ans.

Ces peines, confirmées par la cour d’appel, étaient jugées insuffisantes par le Parquet national antiterroriste (Pnat) qui avait fait appel pour revoir leur durée.

Lors de ses réquisitions vendredi, l’avocat général avait requis 18 ans de réclusion avec une période de sûreté des deux tiers contre Kevin Guiavarch (comme lors du procès en première instance) et 12 ans de réclusion contre son épouse (contre 14 ans lors du procès de première instance) avec un suivi socio-judiciaire de cinq ans.

« La culpabilité des accusés n’est plus en débat aujourd’hui », avait rappelé l’avocat général.

« La société a besoin de temps » pour « faire confiance » aux accusés, a-t-il expliqué avant de concéder que les deux accusés ne faisaient pas partie des « soldats d’élite » de l’organisation Etat islamique et n’avaient pas participé à des exactions imputées à l’organisation jihadiste.

Kevin Guiavarch n’est « ni un fanatique, ni un illuminé », a reconnu l’avocat général mais, a-t-il insisté, « c’est la peine qui marque la gravité des faits commis ».

« Il ne faut pas minimiser » le rôle de Salma O., a-t-il également souligné tout en saluant les « liens » qu’elle a su renouer avec ses enfants (nés pendant le séjour du couple en Syrie) et sa « reprise d’activité » professionnelle.

« Redonnez-moi la chance que vous m’aviez donnée en me permettant de reprendre un travail et mon métier de mère », avait demandé Salma 0. à la cour avant qu’elle ne se retire pour délibérer.

En rendant son verdict, la cour d’assises spéciale d’appel a salué les effort de Salma O. pour se réinsérer socialement.

Kevin Guiavarch, 30 ans, et Salma O., 41 ans, ont été parmi les premiers Français à rejoindre la Syrie au début de l’année 2013 avant même la naissance officielle de l’organisation Etat islamique (EI).

Ayant fait allégeance à l’EI en juin 2013, Kevin Guiavarch a soutenu avoir été seulement « brancardier » ou « infirmier », n’admettant avoir participé qu’à des surveillances de check-point alors même qu’il postait sur Facebook des photos de lui (et de Salma) en treillis et en armes, bandeau des martyrs sur le front.

Sur zone, il avait fait venir de France trois jeunes femmes, parfois avec leurs enfants, pour les épouser. « La polygamie permise par l’islam » a été l’une des raisons de son engagement, a-t-il reconnu.

Il avait quitté la Syrie avec sa famille élargie et leurs six enfants en juin 2016. Arrêté en Turquie puis remis aux autorités françaises, il est incarcéré depuis 2017.

Pour l’avocat général, le départ de Syrie n’était « pas une prise de conscience de ce qu’était » l’EI mais relevait de « l’opportunisme » alors que l’organisation subissait des revers sur le terrain.

En rendant son verdict, la présidente de la cour d’assises spéciale d’appel, Emmanuelle Bessone a rappelé que Kevin Guiavarch avait « combattu sur zone mais pas tout le temps ».

« La durée (de présence) sur zone ne correspond pas à votre engagement » aux côtés de l’EI, a-t-elle affirmé.

Par Le Point avec AFP

Un humanitaire belge libéré par Téhéran dans un échange de prisonniers

mai 26, 2023
Un humanitaire belge libere par Teheran dans un echange de prisonniers
Un humanitaire belge libéré par Téhéran dans un échange de prisonniers© AFP/Archives/Kenzo TRIBOUILLARD

L’humanitaire belge Olivier Vandecasteele, libéré vendredi après quinze mois de détention en Iran, en échange d’un diplomate iranien condamné pour terrorisme, a été rapatrié en Belgique où il a retrouvé ses proches dans la soirée.

L’avion militaire qui le transportait depuis Oman, le sultanat du Golfe qui a servi de « facilitateur » dans cet échange, a atterri peu après 21H30 (19H30 GMT) sur la base de Melsbroek, près de Bruxelles.

En costume foncé et baskets, visiblement amaigri mais souriant, le Belge francophone de 42 ans a été étreint de longues minutes par la dizaine de proches qui l’attendaient sur le tarmac, sa mère notamment, selon des images de la chaîne belge RTL-TVI.

Olivier Vandecasteele ne devait pas s’exprimer publiquement dans l’immédiat.

« Enfin libre ! », avait annoncé en fin de matinée le Premier ministre belge Alexander De Croo. Sans évoquer le cas du diplomate Assadollah Assadi, que la Belgique a accepté de livrer à Téhéran pour obtenir le retour de son ressortissant.

Ce diplomate, à l’époque en poste à Vienne, a été arrêté le 1er juillet 2018 en Allemagne puis reconnu coupable par la justice belge d’avoir fomenté un projet d’attentat à l’explosif qui devait viser la veille un rassemblement du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, coalition d’opposants), près de Paris.

Il a été condamné à 20 ans de prison en février 2021 à Anvers (nord) pour « tentative d’assassinats terroristes », au grand dam de l’Iran qui a dénoncé une violation de son immunité diplomatique.

De son côté M. Assadi est arrivé en début de soirée à l’aéroport Mehrabad de Téhéran, accueilli par le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Bahadori Jahromi, et un haut responsable du système judiciaire.

Selon une image de l’agence de presse iranienne Fars, les deux hommes l’ont accueilli avec des fleurs et des cadeaux.

Le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a réaffirmé qu’Assadollah Assadi avait été condamné « en violation du droit international ».

Les membres de l’opposition iranienne en exil, qui ont tenté – sans succès – de s’opposer à cet échange, ont immédiatement dénoncé ce dénouement, jugeant que la Belgique avait payé « une rançon honteuse ».

« Cela encouragera le fascisme religieux au pouvoir en Iran à poursuivre ses crimes », a estimé le CNRI.

« Climat d’impunité »

Tout en saluant le retour d’Olivier Vandecasteele, l’ONG Amnesty International s’est dite « très préoccupée » par la libération de M. Assadi, qui « risque de contribuer au climat d’impunité » dont jouissent à ses yeux les agents iraniens.

Un traité de transfèrement mutuel de condamnés signé en 2022 entre la Belgique et l’Iran et entré en vigueur le 18 avril avait ouvert la voie à cet échange.

Mais l’exécutif belge a finalement eu recours, pour livrer M. Assadi, à l’article 167 de la Constitution lui accordant les pleines prérogatives en matière de politique étrangère, ont expliqué vendredi des sources gouvernementales belges.

En utilisant cette autre voie « nous n’avons pas prévenu l’opposition iranienne », et avons ainsi pu gagner du temps, a dit l’une de ces sources.

En mars, la Cour constitutionnelle belge, saisie par le CNRI, avait posé des limites à l’usage du traité bilatéral de 2022, précisant que les opposants iraniens en exil devaient être avertis d’une éventuelle décision de transférer M. Assadi afin de pouvoir s’y opposer en justice.

Plusieurs dizaines d’Occidentaux sont détenus en Iran, décrits par leurs soutiens comme des innocents utilisés par Téhéran comme moyen de pression et monnaie d’échange.

Arrêté le 24 février 2022 à Téhéran, Olivier Vandecasteele, 42 ans, avait été condamné pour « espionnage » à 40 ans de prison et 74 coups de fouet.

Mauvais traitements

Sa famille, qui doit s’exprimer devant la presse samedi matin à Bruxelles, dénonçait depuis des mois les mauvais traitements infligés à leur proche, détenu à l’isolment sans accès aux soins.

La libération d’Olivier Vandecasteele intervient deux semaines après celle de deux ressortissants français, Benjamin Brière, 37 ans, incarcéré pendant trois ans à la prison de Mashhad dans le nord-est de l’Iran, et le Franco-Irlandais Bernard Phelan, 64 ans, qui avait quant à lui passé sept mois en détention.

Trente-cinq ressortissants d’une douzaine d’États membres de l’UE, dont quatre Français, sont toujours détenus en Iran, selon la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna.

Par Le Point avec AFP

Canada: Immigration à deux vitesses pour les étudiants étrangers au Québec

mai 26, 2023
De nombreux passants marchent devant le bâtiment principal de l’Université McGill.

À l’Université McGill et dans les autres établissements anglophones du Québec, les étudiants pourraient bientôt devoir prouver qu’ils ont étudié pendant au moins trois ans en français pour bénéficier du PEQ. Photo : La Presse Canadienne/Ryan Remiorz

Les nouvelles règles d’immigration sur lesquelles planche Québec prévoient notamment que les étudiants internationaux maîtrisant bien le français pourront immigrer plus rapidement que les autres. Cela ne signifie toutefois pas que les étudiants anglophones ne pourront plus s’installer au Québec, précise le gouvernement.

Jeudi, lors de la présentation de son document de consultation sur les réformes envisagées en immigration, le gouvernement Legault indiquait vouloir modifier de nouveau le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), volet Diplômés du Québec. Il s’agit de faciliter et d’accélérer l’immigration aux seuls étudiants maîtrisant bien le français.

Outre le fait que les candidats n’auraient plus à détenir l’expérience de travail exigée ni à travailler au moment de la demande, Québec veut réserver cette voie rapide vers l’immigration permanente aux étudiants qui auront étudié au moins trois ans en français. Que ce soit au niveau secondaire ou au niveau postsecondaire.

Le gouvernement assure que cela ne nuira pas aux admissions dans les universités anglophones.

Par exemple, un Français ou un Belge étudiant à Concordia en anglais pourra se qualifier pour le PEQ-Diplômés, a résumé la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec, Christine Fréchette, en entrevue à l’émission Tout un matin sur ICI Première.

Christine Fréchette en entrevue dans un studio de radio.

La ministre de l’Immigration, Christine Fréchette Photo : Radio-Canada/Marie-Eve Cloutier

Dans son document de consultation, le gouvernement qualifie ces étudiants francophones de candidats idéaux, dans le sens où ils sont déjà intégrés dans la communauté francophone du Québec. Ces candidats idéaux étaient en baisse constante depuis cinq ans (avant le rebond de 2021), au point où, en 2020, il y avait quasiment autant d’étudiants étrangers anglophones que d’étudiants étrangers francophones au Québec.

« L’apport de plus en plus important d’étudiantes et d’étudiants étrangers détenant un diplôme francophone constituera de surcroît un bassin de main-d’œuvre inestimable. »— Une citation de  Extrait du document de consultation du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration

Par ailleurs, le premier ministre François Legault a ajouté que les étudiants internationaux qui ne pourront plus se qualifier au PEQ-Diplômés auront d’autres options s’ils veulent rester au Québec après leurs études.

Ce qu’on dit, c’est qu’à l’avenir le Programme expérience Québec va être réservé à ceux qui étudient en français. Mais rien n’empêche quelqu’un qui vient étudier, ou un travailleur, d’étudier dans d’autres programmes, a déclaré vendredi M. Legault en marge d’un point de presse.

François Legault en point de presse à l'extérieur.

François Legault lors d’une conférence de presse (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

Le premier ministre fait notamment référence au Programme de sélection des travailleurs qualifiés. Les candidats à ce programme devront avoir un français de niveau 7, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas besoin de l’aide de leur interlocuteur pour discuter d’un sujet qu’ils ne connaissent pas à l’avance.

Pour les candidats postulant à ce programme, les démarches risquent toutefois d’être moins simples et moins rapides que dans le cas du PEQ.

Ces nouvelles orientations gouvernementales suscitent un accueil mitigé. Au niveau des étudiants internationaux francophones, il y a un changement de cap très positif. On revient à des conditions du PEQ pré-2020, note Claire Launay, présidente de l’organisme Le Québec c’est nous aussi, voué à la défense des droits et des conditions de vie des personnes immigrantes au Québec.

Elle déplore toutefois que les personnes non francophones, ou qui n’ont pas suivi un cursus francophone avant de venir ici, et qui vont dans un établissement anglophone au Québec, ne vont pas être [admissibles] au PEQ, même si elles apprennent le français ici.

Ainsi, elles n’auront pas accès à la voie rapide vers l’obtention du Certificat de sélection du Québec qui mène ensuite vers l’obtention de la résidence permanente.

Le Programme de l’expérience québécoise, c’est un programme qui valorise l’expérience que les personnes ont accumulée au Québec. Donc, c’est quand même un peu particulier de les faire passer par une autre voie, a souligné Mme Launay.

« C’est comme si on ne reconnaissait pas leur intégration ici, même s’ils ont passé plusieurs années ici et qu’ils ont des diplômes reconnus ici. »— Une citation de  Claire Launay, présidente de l’organisme Le Québec c’est nous aussi

Un avis partagé par Laurence Trempe, avocate spécialisée en immigration. Ça va définitivement contribuer à garder les étudiants internationaux, mais par contre il y a d’autres éléments qu’on va devoir étudier par rapport aux étudiants anglophones et qu’est-ce qui arrive au PEQ-Travailleurs qui est un joyau, souligne-t-elle.

En cinq ans, le nombre de personnes vivant au Québec en vertu du Programme des étudiants étrangers (PEE) a augmenté de 50 %, passant de 61 460 étudiants en 2017 à 93 370 en 2022. En moyenne, environ un étudiant étranger sur 12 décidait d’entamer un processus d’immigration par la suite.

Québec aimerait convaincre Ottawa, qui a la responsabilité de ce programme, de rehausser les taux d’admission d’étudiants africains francophones jugés stratégiques, car ils maîtrisent généralement bien le français, mais dont les demandes de visas sont rejetées de manière disproportionnée par Ottawa, selon le gouvernement Legault.

Ces nouveaux changements réglementaires seraient en place à l’automne 2023, sauf pour le Programme de sélection des travailleurs qualifiés qui serait mis en place un an plus tard à cause des planifications informatiques requises, a indiqué la ministre Fréchette en mêlée de presse vendredi.

Radio-Canada avec les informations de Jacaudrey Charbonneau et de Xavier Savard-Fournier