L’agresseur était à la recherche de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
Le mari de Nancy Pelosi, Paul Pelosi, a été victime d’une agression à son domicile vendredi matin. Photo: AP/Andrew Harnik
Paul Pelosi, le mari de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, a été attaqué par un individu qui s’est introduit pendant la nuit dans la résidence du couple à San Francisco. Blessé lors de l’agression, Paul Pelosi a été transporté à l’hôpital.
Selon le chef de la police de San Francisco, William Scott, les policiers ont été appelés à la résidence des Pelosi vers 2 h 27 du matin.
À leur arrivée sur les lieux, les policiers ont aperçu un homme brandissant un marteau en train de s’en prendre physiquement à Paul Pelosi.
Le suspect, David DePape, 42 ans, a été aussitôt maîtrisé et arrêté par les agents.
Paul Pelosi ainsi que le suspect ont été rapidement transportés à l’hôpital.
Dans une déclaration publiée en matinée, le porte-parole de Nancy Pelosi, Drew Hammil, a assuré que Paul Pelosi recevait d’excellents soins médicaux et devrait se rétablir complètement.
Les Pelosi habitent cette maison de brique rouge, quartier Pacific Heights, à San Francisco, depuis 1987. Photo: AP/Eric Risberg
David DePape, de son côté, devra faire face à de nombreuses accusations notamment de tentative de meurtre et d’agression armée, a déclaré le chef de police de San Francisco.
À la recherche de Nancy Pelosi
Selon la chaîne CNN, qui cite des sources policières, l’agresseur était à la recherche de la cheffe démocrate et aurait crié à plusieurs reprises où est Nancy, où est Nancy? lors de l’intrusion dans le domicile. Or, la présidente de la Chambre des représentants se trouvait à Washington au moment de l’agression.
Ces mêmes sources affirment que l’agresseur a ensuite tenté sans succès d’attacher Paul Pelosi jusqu’à ce que sa femme Nancy rentre à la maison. L’individu aurait également déclaré aux policiers sur les lieux de l’attaque qu’il attendait Nancy.
Le chef de police de San Francisco a déclaré en point de presse vendredi après-midi que les motifs de l’agresseur étaient toujours à déterminer sans donner davantage de détails sur la façon dont l’intrus a pu accéder à la résidence privée de la présidente de la Chambre des représentants.
En l’absence de Mme Pelosi, aucun dispositif de sécurité gouvernemental n’était maintenu à sa résidence, selon une source familière avec le protocole de sécurité, citée par CNN.
La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi (Archives). Photo: AP/J.Scott Applewhite
La police du Capitole a pour sa part déclaré que des agents spéciaux de son bureau de Californie sont rapidement arrivés sur les lieux de l’agression. Des enquêteurs de la section d’évaluation des menaces de la police du Capitole sur la côte Est ont aussi été dépêchés pour aider le FBI et la police de San Francisco dans leur enquête.
À Washington, la Maison-Blanche a aussitôt condamné cette agression, affirmant que le président Joe Biden avait eu un échange avec Nancy Pelosi dans la matinée.
Le président prie pour Paul Pelosi et toute la famille de la représentante Pelosi, a indiqué la secrétaire de presse Karine Jean-Pierre, dans un communiqué. La vice-présidente Kamala Harris a aussi exprimé sa consternation à la suite de l’attaque.
Le leader républicain au Sénat, Mitch McConnell, s’est pour sa part dit horrifié et dégoûté par cette agression.
Je suis heureux d’apprendre que Paul est sur la bonne voie pour se rétablir complètement et que les forces de l’ordre, y compris notre excellente police du Capitole, sont sur l’affaire, a-t-il déclaré sur son compte Twitter.
Âgé de 82 ans, Paul Pelosi est un homme d’affaires qui possède la société de conseil et d’investissement immobilier Financial Leasing Service, dont le siège social est à San Francisco.
Mariés depuis 1963 et parents de cinq enfants, Nancy et Paul Pelosi habitent cette résidence du quartier Pacific Heights depuis 1987.
Élections de mi-mandat sous tension
Cette agression contre un proche de la cheffe de la majorité démocrate survient à moins de deux semaines des élections de mi-mandat aux États-Unis, où plusieurs élus américains ont sonné l’alarme dernièrement contre le regain de menaces dont ils sont l’objet.
Selon la police du Capitole, chargée de protéger les membres du Congrès, les menaces contre ces derniers ont plus que doublé depuis 2017, passant de 3939 à 9625 en 2021.
Air Canada affirme que les passagers ayant un chien-guide doivent l’inscrire au moins 48 heures avant l’embarquement, selon sa politique. Photo : La Presse Canadienne/Graham Hughes
Dena Wainwright, qui est complètement aveugle, affirme qu’elle ne « voyagera plus jamais avec Air Canada ». Le transporteur a refusé de la laisser monter à bord avec son chien-guide la semaine dernière pour un vol entre Toronto et Minneapolis.
La Canadienne de 49 ans, qui travaille aux États-Unis pour la firme Fidelity Investments, était venue à Toronto pour célébrer sa fête avec sa fille.
Elle raconte qu’elle avait voyagé avec Air Canada sans problème de Minneapolis à Toronto.
Lors de l’enregistrement dans la ville américaine, on lui a demandé si elle avait aussi rempli un formulaire pour son animal, Milo. Elle a répondu que non et l’employé lui a simplement souhaité un bon vol, sans lui causer de tracas, dit-elle.
Au retour, toutefois, Mme Wainwright raconte que les employés d’Air Canada à l’aéroport Pearson ne voulaient pas la laisser embarquer dans l’appareil avec son labrador de 5 ans, parce qu’il n’avait pas été enregistré au préalable. On lui a offert de le mettre en soute, mais elle a refusé.
Elle ajoute que le personnel lui a dit qu’elle pourrait avoir son chien-guide avec elle si elle pouvait « prouver » qu’elle était aveugle en présentant une carte de l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA). Toutefois, elle n’avait pas une telle pièce d’identité étant donné qu’elle habite aux États-Unis.
« C’était humiliant, dégradant. »— Une citation de Dena Wainwright, personne aveugle
Dena Wainwright avec son chien-guide PHOTO : FOURNIE PAR DENA WAINWRIGHT
Elle accuse Air Canada de l’avoir traitée comme une criminelle et affirme que les employés du transporteur à l’aéroport Pearson s’adressaient à sa fille plutôt qu’à elle comme si j’étais handicapée mentalement.
Mme Wainwright a finalement décidé de prendre un train avec son chien jusqu’à Windsor pour ensuite traverser la frontière en taxi et prendre un vol entre Détroit et Minneapolis, ce qui lui a coûté 2000 $, dit-elle.
Air Canada s’explique
Selon Air Canada, le propriétaire d’un chien-guide doit l’enregistrer au moins 48 heures avant le vol.
Un porte-parole du transporteur qualifie toutefois ce qui est arrivé à Mme Wainwright de « regrettable » et affirme qu’Air Canada lui a parlé pour lui présenter des excuses.
« Chaque année, Air Canada transporte avec succès des dizaines de milliers de clients ayant un handicap, mais dans ce cas-ci, nous n’avons pas été à la hauteur de nos normes habituelles en matière de service à la clientèle. »— Une citation de Air Canada (déclaration)
Le transporteur dit enquêter à l’interne afin de déterminer pourquoi Mme Wainwright a pu prendre le vol entre Minneapolis et Toronto avec son chien-guide sans avoir rempli le formulaire requis.
Larissa Proctor, de l’Institut national canadien pour les aveugles, affirme que les chiens-guides ne devraient pas aller en soute, mais elle recommande aux voyageurs de s’informer à l’avance auprès de leur transporteur pour connaître leur politique.
Elle invite aussi les employés des transporteurs à traiter une personne aveugle comme tout autre passager. La plupart du temps, si vous parlez à quelqu’un qui est aveugle ou mal voyant, on veut [que l’employé] nous parle directement comme pour les autres clients, note-t-elle.
Avec Radio-Canada d’après des renseignements fournis par Trevor Dunn, de CBC
Ils ont fui la guerre avec un permis de travail du gouvernement canadien. Pour rester au Québec, ils devront répondre aux exigences de sélection de la province. À Saint-Ferréol-les-Neiges, toute une communauté s’entraide pour les soutenir.
Inna, Denys et la petite Karolina, l’une des familles ukrainiennes accueillies sur la Côte-de-Beaupré au Québec. Photo : Radio-Canada/Myriam Fimbry
« Ici, on entend toujours le bruit de la rivière. Quand tu sors dehors, quand tu te couches le soir, si ta fenêtre est ouverte, c’est le bruit que tu entends », dit Marc Tremblay.
Son regard enveloppe la verdure et les flots tumultueux de la rivière Sainte-Anne en contrebas. « C’est apaisant », poursuit-il, songeur. « Pour quelqu’un qui arrive d’un pays en guerre et qui cherche à se ressourcer, je pense que c’est un endroit idéal. »
Marc Tremblay habite au bout du village de Saint-Ferréol-les-Neiges dans une grande maison de campagne, avec sa conjointe Sonia Bussière et un gros chien que les enfants en visite chez eux adorent caresser.
Ils racontent comment le réseau d’entraide s’est mis en place dans la région, peu de temps après le déclenchement de la guerre en Ukraine. C’est un médecin urgentologue à Québec, Patrick Voyer, propriétaire d’un chalet dans le coin, qui a lancé le premier appel sur les réseaux sociaux. Marc et Sonia ne le connaissaient pas.
Marc Tremblay et Sonia Bussière s’engagent activement à accueillir des familles ukrainiennes à Saint-Ferréol-les-Neiges. Derrière eux, le petit chalet rénové par leurs soins pour l’une d’elles.
C’est complètement fou. On ne savait pas dans quoi on s’embarquait!, dit Sonia Bussière. Malgré des jobs à temps plein, ces deux travailleurs autonomes dans le secteur de la construction commerciale ont embarqué dans le mouvement baptisé Un toit pour l’Ukraine.
Réunions, collectes de fonds, récolte de vêtements et jouets. Il y avait six maisons prêtées pour un an par des résidents ou des entrepreneurs. Il fallait les rénover, les meubler et les équiper. Tout cela a demandé beaucoup d’énergie et de bénévolat, de tableaux Excel pour gérer les dons, de contacts à solliciter, toute une logistique.
« La générosité des gens, ça a été exceptionnel. Un élan de solidarité incroyable! »— Une citation de Marc Tremblay, résident de Saint-Ferréol-les-neiges
Une poignée de bénévoles a même réussi à organiser un concert-bénéfice à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, et avec l’argent recueilli chaque famille ukrainienne reçoit maintenant un virement mensuel pour son épicerie et ses dépenses personnelles.
Un des messages qui m’a touché, c’est Anton, quand il a commencé à travailler, confie Marc Tremblay, d’un coup très ému. Il a dit : « Je peux payer mes choses, avec mon argent. » Sa voix se brise quand il pense à ce travailleur en usine, avec une famille à charge, payé 20 $ l’heure. C’était une fierté pour ce père de famille, une grande satisfaction pour lui de ne plus être dépendant financièrement. Donc, quand il a eu son premier chèque, c’est ce qu’il m’a écrit.
La carte de l’Ukraine dessinée rapidement par Denys Denysiuk pour situer sa ville d’origine, Rivne, et résumer le conflit.
Francisation : une montagne à gravir
Denys Denysiuk prend une feuille et un crayon pour dessiner grossièrement la carte de l’Ukraine. D’un trait rapide, il indique les lignes de front et les villes de Kiev, de Rivne d’où il vient, Slovyansk, et d’Odessa, un nom familier pour Suzanne, qui l’a entendu aux informations.
Cette retraitée de 72 ans offre de son temps le jeudi soir, au café communautaire près de l’église de Saint-Ferréol-les-Neiges. Elle essaie d’apprendre quelques mots de français aux Ukrainiens qui le souhaitent, en attendant les cours de francisation. Ce n’est pas suffisant, mais juste leur donner confiance, les éveiller aux sons, c’est déjà pas mal, dit-elle.
«Quel est ton nom? Combien d’enfants?» Suzanne Demers enseigne quelques questions simples à un petit groupe d’Ukrainiens. Elle a déjà travaillé une quinzaine d’années avec les immigrants. Photo : Radio-Canada/Myriam Fimbry
Ce soir-là, elle a trois élèves. Dans la poussette près de la table, un bébé resté calme pendant près d’une heure se met à pleurer. Karolina, six mois, trouve le temps long. Elle a faim. C’est un bébé né sous les bombes, glisse Suzanne Demers, attendrie.
Inna Denysiuk, 20 ans, a dû se rendre dans le sous-sol de l’hôpital de Rivne le jour de l’accouchement, le 2 mars. C’était le début de la guerre. Les alarmes partaient tout le temps. Un jour de cauchemar, résume Denys, son mari âgé de 33 ans. Deux semaines après, ils ont compris que la guerre n’allait pas s’arrêter là et ils ont décidé de quitter l’Ukraine. Denys pouvait s’en aller, plutôt que de rester combattre, grâce à une blessure au dos.
Ils sont partis vers la Pologne en voiture, ont parcouru plus de 1000 kilomètres jusqu’à Gdansk, où ils ont attendu leur visa pour Montréal. Ils sont arrivés en juin au Québec et sont maintenant bien installés à Château-Richer dans la MRC de la Côte-de-Beaupré. Leur maison, toute neuve, est prêtée pour un an par un entrepreneur de la construction.
« On est heureux d’être ici. La seule inquiétude, c’est la langue. Il faut qu’on connaisse la langue. On a peur de ne pas réussir, mais on va être capables. »— Une citation de Inna, 20 ans, Ukrainienne
Si Denys et Inna veulent rester au Québec, ils devront apprendre le français dans un délai relativement rapide. Or, malgré un nombre croissant de demandes, il n’y a pas de classe de francisation à Beaupré. Les classes les plus proches sont à Québec, ce qui pose un défi de transport, de permis de conduire, de temps et d’argent. Sans oublier la garderie… En attendant, le gouvernement leur propose des cours en ligne.
Allo, doudoune!… Tu te réveilles? Le médecin Patrick Voyer est sous le charme de la petite Karolina, le bébé de Denys et Inna. C’est lui qui a lancé le mouvement d’entraide dans la région, Un toit pour l’Ukraine. Entre deux patients ou deux quarts de travail à l’urgence de Québec, il soutient les familles arrivées ici.
Il s’inquiète de la pression ressentie par les familles pour satisfaire les conditions d’immigration au Québec.
Le médecin urgentiste Patrick Voyer avec Karolina, petite Ukrainienne née sous les bombes au début de la guerre en Ukraine.
« Beaucoup d’Ukrainiens ne viennent pas au Québec à cause de cette pression d’apprendre la langue. J’ai plein de familles qui étaient censées venir ici, mais qui ont décidé d’aller à Winnipeg ou à Calgary. »— Une citation de Patrick Voyer, médecin
Remplir les critères : le casse-tête
Détail important : les familles ukrainiennes accueillies au Canada n’ont pas le statut de réfugié. Elles sont venues avec un permis de travail ouvert de trois ans, accordé par le Canada. Si elles veulent rester au-delà de ce délai, elles devront présenter des demandes de résidence permanente. Et, pour pouvoir rester au Québec, répondre aux exigences de la province.
Ils doivent travailler deux ans dans un emploi qualifié. Et en plus, être à un niveau de 7 sur 12 quant à la francisation, donc être capables de communiquer de façon autonome, détaille Joany Boily, agente de liaison interculturelle à Beaupré, au Service d’accueil des nouveaux arrivants. Donc, ils ont trois ans pour atteindre ces objectifs-là, pour demander leur certificat de sélection du Québec. Ils n’ont pas le choix, pour avoir la résidence permanente au Canada.
Dans le cas des Ukrainiens, accueillis avant tout pour des raisons humanitaires, sans sélection, ce sera difficile de remplir ces exigences en si peu de temps, estime Joany Boily. C’est une pression énorme sur leurs épaules.
En particulier, le critère de l’emploi qualifié, qui s’est ajouté sous le gouvernement Legault. Eux [au gouvernement], ils ont décidé qu’ils voulaient seulement avoir des travailleurs qualifiés, alors qu’en réalité, souvent les emplois faciles à obtenir quand tu ne parles pas encore français, c’est des emplois non qualifiés, explique la jeune femme.
Les emplois ne manquent pas dans la restauration, les magasins ou les usines.
« Il y a plein d’employeurs qui veulent les engager! Des magasins ici ont fermé faute d’employés. On en a, des emplois à leur offrir! Mais trouver un emploi qualifié quand tu ne parles pas français, pas anglais, au Canada, au Québec, c’est difficile. »— Une citation de Joany Boily, Service d’accueil des nouveaux arrivants
Un bon employé de plus!
Anton Lobiak travaille dans une usine de portes et fenêtres à Beaupré. Il s’est présenté un jeudi, et le lundi, il commençait. Il installe des thermos sur les cadres de fenêtre. Très nerveux au début à l’idée de casser une vitre, parfois aussi grande que lui, il aime néanmoins son travail.
Ce n’est pas un travail compliqué, c’est un travail répétitif, donc c’est facile à faire, dit Anton Lobiak au cours d’une entrevue traduite par un ami ukrainien arrivé au Québec il y a une douzaine d’années. Tant que j’ai deux bras, deux jambes, poursuit-il, je peux gagner mon argent, je ne veux pas rester à attendre qu’on me donne l’argent des impôts de quelqu’un d’autre.
Mais c’est un emploi non qualifié, qui ne nécessite pas d’études ou de diplôme particulier ni de grande expérience professionnelle, alors que le Québec valorise plutôt, dans le cadre de son programme actuel de sélection, des emplois qualifiés.
Payé 20 $ l’heure, 40 heures par semaine, il a appris rapidement le travail à faire. Son chef d’équipe, Simon Bédard, lui a tout expliqué une phrase à la fois à l’aide d’une application de traduction français-ukrainien sur son téléphone.
Maintenant ça va bien, il est rendu autonome. – Et vous avez un employé de plus! – Un bon employé de plus, corrige-t-il. Nous, peu importe d’où ils viennent, tant qu’ils sont efficaces et qu’ils veulent travailler, on est heureux.
On est enchantés de l’arrivée d’Ukrainiens dans la région. On a de la place pour eux, c’est certain, confirme Julie Bernatchez, conseillère en ressources humaines chez Caron et Guay.
Anton Lobiak vit dans la maison prêtée pour un an à sa famille, au cœur du village de Saint-Ferréol-les-Neiges, avec sa conjointe Elina, qui était professeure d’informatique, et leurs deux enfants, des jumeaux de neuf ans.
La petite Milana tend un dessin qu’elle vient de faire : une maison, la porte avec la sonnette, le petit garage et le drapeau du Canada. La fillette est très heureuse ici et ne veut plus repartir maintenant qu’elle s’est fait des amis dans le quartier.
Les parents veulent rester aussi. Je suis très content de la sécurité que ça me procure d’être ici, confie Anton. Je n’ai pas peur de laisser ma fille jouer toute seule sur le terrain qui est un peu plus loin. Ici, on a les portes d’entrée vitrées alors que chez nous, c’est des portes en métal à trois serrures.
Ce serait une perte pour le Québec
Même si la paix revenait en Ukraine, la famille ne souhaiterait pas y retourner. Tout dépend comment va se finir cette guerre-là. Et même après, au moment de la paix, savoir que tu habites à côté de ce voisin, qui est encore la Russie, ça ne m’inspire pas.
Si les règles d’immigration les incitaient à quitter le Québec pour une autre province, ce serait crève-cœur, après tant d’efforts déployés par la petite communauté pour faciliter leur intégration. C’est des gens travaillants, intelligents et ils sont prêts à rester, dit Marc Tremblay. C’est le Québec qui sera perdant s’il leur met des bâtons dans les roues!
Comment améliorer l’accueil des Ukrainiens au Québec? Selon le Service d’accueil des nouveaux arrivants Côte-de-Beaupré, il faudrait :
valoriser l’expérience professionnelle acquise dans un emploi non qualifié, pas seulement dans un emploi qualifié;
ajouter des classes de francisation à l’écart des grands centres, comme ici à Beaupré;
augmenter l’allocation versée pour l’apprentissage du français afin de permettre aux nouveaux arrivants de s’y consacrer et d’avoir un revenu suffisant.
Peut-être que, dans quelques mois, on va trouver une solution. En tout cas, j’espère! s’exclame Joany Boily, agente de liaison interculturelle. Ils veulent travailler, et nous, on a besoin d’eux. On gagne tellement à ce qu’ils soient ici!
Saint-Ferréol-les-Neiges, village de 3800 habitants sur la Côte-de-Beaupré, situé à 50 kilomètres de Québec.
La Fédération de l’opposition congolaise regroupant l’Initiative pour la démocratie au Congo, le Front pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique et la Composante Jean-Marie Michel Mokoko a tenu la session ordinaire de son Conseil fédéral national le 5 janvier, à Brazzaville. A cet effet, elle a rejeté le processus de modification de la Constitution enclenchée par le gouvernement.
Clément Mierassa (au milieu) entouré de ses collègues de la plateforme, Michel Mampouya, à gauche et Charles Zacharie Bowao, à droite./Adiac
Douze points, tous adoptés, figuraient à l’ordre du jour de la session ordinaire du Conseil fédéral national de l’opposition congolaise, dirigée par son président, Clément Mierassa. L’opposition congolaise n’a pas adopté de recommandations phares à l’issue des travaux mais est revenue sur la détention de deux de ses membres influents, Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, qu’elle appelle à la libération pure et simple.
« S’agissant des prisonniers politiques, le Conseil national de l’opposition rappelle que le groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées a reconnu que la détention de Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa était arbitraire. Au Mali, Sénégal, RDC, en Guinée et dans d’autres pays, des mesures d’apaisement, de réconciliation nationale et de libération des prisonniers politiques ont été prises, mais aujourd’hui, le Congo fait tristement exception », relève le communiqué final des travaux.
La Fédération de l’opposition congolaise a, par ailleurs, décortiqué, point par point, le dernier message à la nation du chef de l’Etat. Sur le sujet, l’opposition radicale a fustigé la modification en cours de la Constitution du 25 octobre 2015, notamment en son article 157 sur la durée de l’état d’urgence sanitaire. L’opposition congolaise voit derrière ce processus le début d’une manoeuvre politicienne qui pourrait s’étendre à d’autres articles de la loi fondamentale, au profit d’une infime minorité.
« Sur la révision de la Constitution du 25 octobre 2015, le Conseil national de l’opposition rappelle aux Congolais que le Congo caracole tristement au faîte des pays d’instabilité constitutionnelle. La Fédération de l’opposition congolaise désapprouve et condamne fermement cette révision qui n’est simplement qu’une manœuvre politicienne du pouvoir pour matérialiser ses ambitions politiques », a indiqué Clément Miérassa.
Mauvaise gouvernance et enrichissement illicite
Même si l’économie congolaise semble se remettre progressivement de la récession, avec une croissance qui est passée à 0,5% en 2021, contre -6,2% en 2020, Clément Mierassa estime que le Congo a de sérieux problèmes de gouvernance qu’il faille régler en urgence. Il a cité en premier la corruption pour laquelle le Congo, selon lui, ferait partie du Top 10 des pays d’Afrique les plus corrompus.
« La crise économique que le Congo traverse n’est pas tombée du ciel, elle est plutôt causée par un groupuscule de dignitaires. Si l’opposition avait une mesure à prendre, c’est de traquer tous ceux qui ont mis le Congo par terre pour qu’ils répondent afin d’être punis sévèrement conformément à la loi », a déclaré l’orateur.
Le Congo étant toujours en pleine crise multidimensionnelle, a-t-il souligné, l’opposition congolaise réitère son appel au dialogue national, qui constitue, selon lui, l’unique voie de sortie à ladite crise.
D’autres caciques de l’opposition congolaise ont pris part à cette session ordinaire, parmi lesquels Charles Zacharie Bowao et Michel Mampouya.
Attente de vaccination contre la COVID-19 à Montréal. Photo: La Presse Canadienne/Graham Hughes
La santé publique du Québec recense 5043 nouveaux cas de COVID-19, d’après le plus récent bilan sanitaire. Le nombre d’hospitalisations a quant à lui augmenté de 18 par rapport aux données de la veille.
Huit nouveaux décès liés à la maladie ont été déclarés au cours des dernières 24 heures. Le total des morts attribuables à la COVID-19 s’établit maintenant à 11 650 au Québec.
Le nombre d’hospitalisations pour l’ensemble de la province s’élève quant à lui à 415. Le nombre d’hospitalisations a doublé en un mois et au moins la moitié des lits consacrés aux patients atteints de la COVID-19 dans les hôpitaux du Québec sont déjà occupés.
Depuis le dernier bilan, 59 personnes de plus ont été hospitalisées en raison de la COVID-19, alors que 41 ont pu quitter l’hôpital.
Sur les 59 nouveaux cas hospitalisés, 32 n’étaient pas considérés comme adéquatement vaccinés, selon les données du ministère de la Santé.
On compte également 88 patients traités aux soins intensifs, soit deux de plus que la veille.
Au moins 495 337 personnes ont contracté la maladie au Québec depuis le recensement du premier cas de COVID-19, en février 2020.
Les opérations de dépistage se poursuivent pendant ce temps sur l’ensemble du territoire, où 43 910 prélèvements ont été effectués le 20 décembre.
Vaccination
Plus de 76 356 doses supplémentaires de vaccin ont été administrées au cours des dernières 24 heures, ce qui porte à 14 679 995 le nombre de doses reçues par des Québécois, en incluant ceux qui ont été vaccinés à l’extérieur de la province.
À ce jour, 8 % des Québécois âgés de 5 ans et plus ont reçu deux doses d’un vaccin contre la COVID-19 et 9 % ont reçu une troisième dose, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux.Début du widget .
Il s’agit du bilan de nouvelles infections le plus élevé qu’on a enregistré au Québec depuis le début de la pandémie. Alimentée par le variant Omicron, cette poussée de la maladie a plus que doublé le nombre de cas quotidiens au Québec depuis une semaine.
Malgré un taux de vaccination de 81 % chez les 5 ans et plus, le gouvernement Legault a annoncé hier un train de restrictions immédiates, dont la fermeture des écoles, des bars, des salles de sport, des casinos, des salles de spectacle, en plus de réduire les heures d’ouverture des salles à manger des restaurants.
Ces mesures pourraient encore être resserrées au cours des prochaines heures en fonction de la gravité des scénarios et des projections qui ont été présentés lundi au premier ministre François Legault par les experts de l’Institut national de santé publique du QuébecINSPQ et de l’Institut national d’excellence en santé et services sociauxINESSS.
315 000 rendez-vous pour la vaccination
Pendant ce temps, Québec met les bouchées doubles pour accélérer la vaccination et surtout la distribution des troisièmes doses de vaccin censées augmenter sensiblement l’immunité des gens face au variant Omicron. Celui-ci est réputé deux ou trois fois plus contagieux que les autres variants.
Selon le ministre Dubé, plus de 315 000 Québécois ont pris un rendez-vous de vaccination dans la journée de lundi alors que plus de 73 000 ont reçu une dose, dont 64 000 doses de rappel.
Rappelons que le gouvernement du Québec, qui tente d’accélérer la vaccination, a fait appel à toutes les personnes dont les compétences médicales leur permettent de faire des injections. Québec a aussi fait une demande au gouvernement fédéral pour obtenir le déploiement de militaires afin de prêter main-forte dans les cliniques de vaccination.
Après avoir connu un régime de douceur, de verglas et de pluie, le Québec se retrouve au cœur d’un changement de paradigme. Un contexte météorologique complètement différent arrive à temps pour les Fêtes.
Changement de régime
Depuis le week-end dernier, la province vit un grand revirement de situation. De la neige a couvert le sol de façon marquée après le passage d’un système en provenance du sud des États-Unis. Tandis qu’une dépression affecte les secteurs au nord du fleuve ce lundi, un autre événement apportera des chutes de neige mercredi. Cette fois, les régions de l’est de la province seront les plus choyées.
Plusieurs régions du Québec auront droit à un paysage hivernal le jour de Noël. En effet, un système en provenance de l’ouest apportera des flocons dans certaines régions. La trajectoire de la dépression pourrait changer, mais Montréal et la Montérégie devraient recevoir quelques centimètres le 25 décembre.
Ceux qui pratiquent des sports d’hiver seront choyés. Malgré le fait que certaines régions accusent encore un certain retard, le tapis neigeux sera bonifié cette semaine. Pour le ski de randonnée et la motoneige, les régions au nord du Saint-Laurent offriront les meilleures surfaces.
En pleine conférence mondiale sur le climat, Kinshasa durcit le ton contre la déforestation, annonçant interdire l’exportation de grumes. Une volonté de reprendre la main sur ses forêts après avoir lancé un même processus dans le secteur minier.
L’annonce est intervenue quelques jours avant l’ouverture de la COP26, la conférence mondiale sur le climat, ce week-end et ce n’est sans doute pas un hasard. Eve Bazaïba, la ministre de l’Environnement de la RDC a annoncé, le 28 octobre, l’interdiction prochaine de toutes les exportations de grumes (pièce spécifique de bois) dans le pays.
Outre cette annonce forte, la ministre a promis d’autres mesures visant à limiter la déforestation et à préserver les espèces vivant dans la forêt du bassin du Congo, la deuxième forêt fluviale la plus grande à l’échelle de la planète, juste derrière l’Amazonie.
« Cela permettra de laisser du temps à la nature pour se restaurer, notamment par le biais d’un programme de reboisement que nous avons organisé avec tous nos partenaires techniques, financiers et de développement », a déclaré la ministre.
Ressource précieuse
Cette prise de position intervient dans le contexte de la tenue depuis le début de la semaine de la COP26 à Glasgow en Écosse, évènement durant lequel plus de 100 pays, dont la RDC, se sont engagés à mettre fin à la déforestation – phénomène responsable d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre – à l’horizon 2030.
En RDC, une nouvelle entité, la Direction de reboisement et horticulture (DRHo), a pour mission depuis 2020 de reconstituer le capital forestier du pays. Selon son plan d’action, un milliard d’arbres devraient être plantés à l’horizon 2023 et 1 800 hectares de projets agroforestiers divers sont planifiés.
Chaque année, le pays exporte en moyenne 120 000 m3 de bois, ressource précieuse pour l’économie nationale. En 2016, selon l’Agence française de développement, la RDC en a produit 200 000 m3.
Selon une étude réalisée par l’École régionale postuniversitaire d’aménagement et de gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux (ERAIFT), les acteurs du secteur sont, pour moitié, de grandes entreprises (Sodefor, Maniema Union, Forabola et Booming Green) et, pour l’autre moitié, des moyennes et petites entreprises (CFT, IFCO, Somifor et Établissement Kitenge-Lola).
L’activité est marquée par des pratiques abusives, pointe la Coalition nationale contre l’exploitation illégale du bois (CNCEIB), dont l’exploitation en dehors des zones autorisées avec dépassement des volumes permis, le marquage frauduleux du bois, le non-paiement des redevances ou encore le non respect des règles de l’exploitation forestière durable.
NOUS NE VOULONS PLUS DE CONTRATS AVEC DES PARTENAIRES QUI SONT VENUS COUPER SAUVAGEMENT NOS FORÊTS
« Du bois à haut risque d’illégalité d’une valeur d’au moins 21 millions de dollars US a été expédié vers les marchés internationaux depuis la RDC en 2014-2015», notait ainsi un rapport publié par le gouvernement français en 2015. Ainsi, selon ce même rapport, la majeure partie du bois récolté de manière industrielle en RDC et commercialisé à travers le monde était considéré comme « risquant fort d’être illégale ».
Audit de tous les contrats
En 2018, les plus grands acheteurs en valeur de bois du Congo étaient le Vietnam, l’Union européenne (via l’Association européenne de libre-échange), et la Chine, selon Forest Trends, un groupe de conservation basé aux États-Unis.
Face à ce constat, le président congolais Félix Tshisekedi a ordonné, au début d’octobre, un audit de tous les contrats d’exploitation forestière en vigueur. « Nous ne voulons plus de contrats avec des partenaires qui sont venus couper sauvagement nos forêts, nous allons mettre fin ce type de contrats », a renchéri la ministre Bazaiba.
La date d’entrée en vigueur de l’interdiction annoncée n’a toutefois pas été précisée. En outre, ce n’est pas la première fois qu’un ministre congolais de l’Environnement fait ce type de déclaration.
Progrès trop lents
Le 19 mars 2020, le ministre de l’Environnement et du Développement durable de l’époque, Claude Nyamugabo Bazibuhe, avait déjà lancé à Kinshasa une campagne pour lutter contre la déforestation. Le ministre avait décidé de saisir toutes les grumes illégales et d’interdire les activités de scierie dans les ports, promettant de mettre en place une véritable traçabilité dans la filière.
LA RDC EST LE DEUXIÈME FRONT DE DÉFORESTATION DANS LE MONDE
Les progrès demeurent cependant modestes. Sur le plan juridique, par exemple, la seule mesure forte à avoir été adoptée remonte à près de vingt ans : 2002 avait vu l’instauration d’un moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions forestières.
Pour rappel, les nombreuses variétés végétales qui peuplent la forêt du bassin du Congo absorbent chaque année environ 4 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone de l’atmosphère, selon l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale. Cette mosaïque de forêts dont 60 % se trouvent au Congo, traversent cinq autres pays du continent : la République du Congo, la République centrafricaine, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Cameroun. Abritant 10 000 espèces de plantes tropicales, dont 30 % uniques à la région, la forêt constitue un rempart majeur contre le réchauffement climatique.
300 000 personnes dans le secteur
Or, dans son rapport de 2019, Global Forest Watch indique que la RDC est le deuxième front de déforestation dans le monde. « En quinze ans, le pays a perdu 6 % de son couvert forestier », pointe le rapport. Selon les chiffres de l’ONU, le déboisement y a doublé au cours de la dernière décennie, notamment à cause de « la forte demande en bois de chauffage et en charbon de bois, des plantations d’huile de palme et autres exploitations agricoles commerciales ».
D’après les dernières estimations du Centre de recherche forestière internationale (Cifor) et du Fonds forestier national (FFN), le bois est la principale source d’énergie pour 90 % de la population urbaine de la RDC. Pour parvenir à répondre à ce besoin, le gouvernement préconise la butanisation (utilisation domestique du gaz).
En tout, environ 5,8 millions de m3 de bois sont vendus à Kinshasa et à Kisangani. En moyenne, 300 000 personnes sont impliquées dans ce secteur.
Il est à l’origine d’une fuite d’une ampleur sans précédent de vidéos de viols organisés et de tortures dans les prisons russes: après un périple rocambolesque, le Bélarusse Sergueï Savelev, demande l’asile en France.
Passé par Istanbul et Tunis, l’ex-détenu âgé de 31 ans est arrivé dans la nuit de vendredi à samedi à Roissy et se trouve depuis dans la zone d’attente des demandeurs d’asile. L’AFP l’y a rencontré dimanche.
Début octobre, des images insoutenables d’un prisonnier subissant un viol à l’aide d’une longue perche dans une prison-hôpital de Saratov font scandale en Russie. Quatre responsables des services carcéraux régionaux sont limogés, et même le porte-parole du Kremlin réagit face à l’horreur.
C’est dans cet établissement que Sergueï Savelev a été incarcéré, condamné dans une affaire de trafic de stupéfiants.
C’est là aussi que, sous couvert de ses fonctions de maintenance informatique, il télécharge patiemment et discrètement les fichiers vidéos de prisons à travers toute la Russie, celles-ci étant reliées entre elles par un intranet.
« Au début, ils me contrôlaient puis cette surveillance s’est progressivement relâchée jusqu’à disparaître », raconte cet homme d’aspect frêle et timide.
L’ONG Gulagu.net, qui a publié les images de Saratov, explique que M. Savelev lui a remis quantités de vidéos, prouvant le caractère systémique des mauvais traitements dans les geôles russes.
Sergueï Savelev raconte avoir réussi, peu avant sa libération début février 2021, à dissimuler près de la sortie de sa prison les supports sur lesquels il enregistrait les données.
Le jour de sa sortie, après avoir été minutieusement fouillé, il les récupère, ni vu ni connu, dans la confusion d’un départ groupé.
« Une fois qu’on sait »
« Cette idée murissait depuis longtemps en moi. Il est très difficile psychologiquement de garder de telles choses pour soi. Que peut-on faire d’autre, une fois qu’on sait ? ».
Les violences commises dans les prisons et enregistrées sur ces vidéos sont bien souvent le fait d’autres détenus, à la solde des autorités pénitentiaires en quête de mouchards ou d’aveux.
Un scénario consiste à filmer des sévices sexuels infligés à une victime, puis la vidéo sert de moyen de chantage pour que le détenu supplicié coopère.
Car si le viol est rendu public dans la prison, le prisonnier chutera au plus bas des échelons d’un monde carcéral très hiérarchisé, devenant un paria, un « pétoukh » (coq) dans le riche vocabulaire des taulards.
Sergueï dit avoir subi des mauvais traitements dans une prison de Krasnodar pour qu’il « coopère », sans connaître le pire. Et il assure n’avoir jamais pris part à des violences contre d’autres détenus.
Des coups, il en recevait « environ une fois par semaine mais pas trop forts pour éviter les bleus trop visibles ».
Pour décrire les pressions psychologiques, il raconte cette anecdote: « Mon père a fait 1.000 km pour apporter du saucisson à son fils. Il a essayé un jour, puis le lendemain, il a dormi trois nuits dans sa voiture et ils ne l’ont pas laissé entrer ».
Voir toutes ces vidéos et sept années et demi de prison laissent des traces.
Secret d’Etat
Son psychologue à Minsk « était horrifié par ce que je lui racontais. Il a organisé des séances mais rien n’y faisait », raconte Sergueï, « il m’a prescrit des cachets, puis d’autres et d’autres plus puissants encore mais rien de cela ne me procurait de soulagement ».
Pour avoir subtilisé et diffusé les vidéos illustrant ce système, Sergueï Savelev, qui demande l’asile en France, dit craindre à présent des représailles de l’administration pénitentiaire russe (FSIN) et les services de sécurité (FSB).
Il raconte leur avoir échappé de peu en Russie, assurant que des agents lui avaient proposé, en échange de sa coopération, quatre ans de prison pour « divulgation d’un secret d’Etat » plutôt que 10 à 20 ans pour espionnage.
« Cela ne les intéressait pas de savoir qu’il y avait des violations des droits humains ».
Pour leur échapper, il monte dans une « marchroutka », un minibus qui le conduit jusqu’à Minsk, en passant par la poreuse frontière russo-bélarusse.
La coopération entre forces de l’ordre russes et bélarusses étant de mise, dès son arrivée au Bélarus fin septembre, il s’envole pour Istanbul puis Tunis, pays où aucun visa n’est requis.
Là-bas, en quarantaine dans un hôtel, il prend un billet pour retourner à Minsk avec une escale à Charles-de-Gaulle. Arrivé à Roissy, il met fin au périple et demande l’asile.
« Il a le profil d’une personne qui peut faire l’objet d’une disparition forcée et d’une exécution extrajudiciaire donc les craintes sont sérieuses », estime auprès de l’AFP son avocate Aude Rimailho.
C’est un appel inédit qu’ont lancé lundi trois personnalités en réclamant la démission de l’ensemble des évêques, comme seule réponse « honorable », selon eux, aux conclusions du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l’Eglise catholique.
Par ailleurs, via les réseaux sociaux et des hashtags comme #MyChurchToo, des catholiques s’indignent ou se mobilisent pour réformer leur église.
Dans un texte transmis à l’AFP, trois personnalités ont réclamé lundi « la démission collective de l’ensemble des évêques en exercice », « comme un signe d’espoir et de renouveau ».
Il s’agit du cofondateur de l’association de victimes La parole libérée (aujourd’hui dissoute) François Devaux, de la directrice de la rédaction de Témoignage chrétien Christine Pedotti et de la théologienne Anne Soupa, qui milite depuis plusieurs années pour donner davantage de place aux femmes dans la gouvernance de l’Eglise.
Selon eux, la démission « est le seul geste à la mesure de la catastrophe et de la perte de confiance dans laquelle nous sommes. C’est un premier acte de repentir concret, coûteux, à l’égard des victimes. C’est la seule attitude qui peut permettre de restaurer la maison Eglise ».
C’est aussi « la seule façon de rendre possible l’indemnisation des victimes car la faillite de l’institution est aussi matérielle. Les fidèles ne veulent pas contribuer pour des fautes qu’ils n’ont pas commises. Mais dans une Eglise restaurée dans laquelle tous et toutes seront représentés, cette solidarité et cette fraternité nouvelles permettront de trouver les ressources financières nécessaires », détaillent-ils.
Dans son rapport publié mardi dernier, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), présidée par Jean-Marc Sauvé, a estimé à 216.000 le nombre de mineurs victimes d’un prêtre ou d’un religieux en France depuis les années 1950, et à 330.000 si l’on ajoute les agresseurs laïcs en lien avec les institutions de l’Eglise.
La France compte un peu moins de 120 évêques.
#MyChurchToo
« Le rapport Sauvé dit que la pédocriminalité est un phénomène systémique. C’est donc l’ensemble du corps – institutionnel – qui doit réagir », a déclaré à l’AFP le père Pierre Vignon. « Les évêques sont responsables, dans l’ensemble du corps – même s’il ne s’agit pas de la responsabilité personnelle de l’un ou l’autre ».
« Ce qui aurait eu du panache et aurait marqué les esprits, aurait été de démissionner aussitôt collectivement », a-t-il écrit ce week-end, dans un texte au site internet religieux italien Adista. Le père Vignon avait réclamé, en août 2018, la démission du cardinal Barbarin.
Tous rappellent qu’en Allemagne, en juin dernier, un des cardinaux les plus influents du pays, l’archevêque de Munich Reinhard Marx, a demandé au pape François d’être démis de ses fonctions, tirant les conséquences de l' »échec », selon lui, de l’Église catholique dans « la catastrophe des abus sexuels », notamment dans le diocèse de Cologne, le plus important du pays. Une demande qui sera ensuite rejetée par le pape.
Trois mois avant, un rapport accablant avait révélé que des centaines de mineurs avaient subi des violences sexuelles dans le diocèse de Cologne entre 1975 et 2018, et que plusieurs responsables religieux s’étaient tus.
Le rapport Sauvé a continué lundi à susciter des réactions. Vendredi des messages ont émergé sur le réseau Twitter sous les hashtags #AussiMonÉglise et #MyChurchToo, relayés par des influenceurs catholiques comme Erwan Le Morhedec, auteur du blog koztoujours. Des fidèles, pratiquants ou non, s’interrogent sur les réformes à mener, ou expriment leur indignation.
« Aux victimes qui nous lisent, pardon. Pardon de ne pas avoir été là pour vous, hier. Croyez que nous voulons l’être aujourd’hui. Laïcs, nous réclamons les réformes nécessaires. Pas au rabais, pas au minimum, avec ambition ! », a lancé Erwan Le Morhedec.
De son côté, la conférence des baptisés francophones, un réseau d’associations de catholiques réformateurs qui tenait ses assises ce week-end à Paris, a prévenu dans un communiqué que les fidèles attendaient « des changements de fond à hauteur des enjeux » et prévenu qu’elle serait « la vigie exigeante de la mise en œuvre des recommandations » de la Ciase.
L’ancien président Algérien Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir en 2019 après des manifestations massives contre sa volonté de briguer un nouveau mandat, est décédé vendredi à l’âge de 84 ans, a annoncé la télévision publique.
« Décès de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika », a indiqué un bandeau déroulant à la télévision nationale, qui cite un communiqué de la présidence de la République.
Depuis sa chute spectaculaire en avril 2019 sous la pression de l’armée et de la rue, M. Bouteflika était resté retranché dans la solitude dans sa résidence médicalisée de Zeralda, à l’ouest d’Alger.
Sa chute était devenue inéluctable après des semaines de manifestations massives contre sa volonté de briguer un cinquième quinquennat, après 20 ans au pouvoir, malgré sa maladie.
M. Bouteflika est décédé à « 22H00 (21H00 GMT) à son lieu de résidence », selon la chaîne privée El Hayet TV.
Omniprésent dans la vie politique algérienne durant des décennies, mais devenu quasi-invisible depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, M. Bouteflika n’avait donné aucun signe de vie depuis que le mouvement de contestation populaire du « Hirak » et l’armée l’ont contraint à la démission.
Ce jour-là, il était apparu pour la dernière fois à la télévision pour annoncer qu’il jetait l’éponge. Il avait fait officiellement parler de lui pour la dernière fois lorsque son frère Nacer avait voté par procuration en son nom pour la présidentielle du 12 décembre 2019 qui avait permis l’élection de son successeur, le président Abdelamadjid Tebboune.