Archive for the ‘Littérature’ Category

Décès de Philippe Sollers, figure de la scène littéraire française

mai 6, 2023
Philippe Sollers en 2016.

Écrivain, éditeur, Philippe Sollers a publié plus d’une trentaine de romans, dont un récit autobiographique, mais aussi des biographies et des essais. Photo: Getty Images/AFP/Jacques Demarthon

Auteur de plus de 80 romans, essais et monographies, directeur de revues, Philippe Sollers, décédé à l’âge de 86 ans, était une figure de la scène littéraire française et du Tout-Paris depuis plus d’un demi-siècle.

L’œil malicieux, porte-cigarette au bec, l’écrivain, longtemps habitué des plateaux de télévision, marchait ces dernières années en s’aidant d’une canne, mais sa plume restait alerte. Je cours peut-être moins vite, mais je pense plus vite, fanfaronnait-il dans un livre d’entretiens paru en janvier 2019.

Né le 28 novembre 1936 à Talence, dans le sud-ouest de la France, dans une famille d’industriels, Philippe Sollers abandonne vite ses études pour se consacrer à la littérature. Mais, avant toute chose, il troque son patronyme de Joyaux pour celui de Sollers, du latin sollus et ars (tout entier art).

À 22 ans, il publie son premier roman Une curieuse solitude, salué par Aragon. Le destin d’écrire est devant lui, comme une admirable prairie, écrira le poète français. Trois ans plus tard, en 1961, son deuxième roman, Le Parc, reçoit le prestigieux prix Médicis.

Philippe Sollers et Denise Bombardier

Quand la romancière Denise Bombardier avait courageusement dénoncé l’attirance sexuelle de l’écrivain français Matzneff pour des mineurs, sur le plateau de Bernard Pivot en 1990, Philippe Sollers l’avait alors traitée de connasse.

Il a commenté l’épisode dans un entretien accordé à l’Obs en 2020.

Je revois très bien la situation. J’étais en état d’ébriété. J’étais tout simplement bourré, cher monsieur, a-t-il répondu à l’Obs.

Mais sur elle? Je n’en pense rien.

Elle a eu un certain courage? Qu’on la décore.

Une revue d’avant-garde

Jeune écrivain prometteur, Philippe Sollers participe à la création de la revue littéraire Tel Quel au printemps 1960. En épigraphe, celle-ci reprend une formule de Nietzsche : Je veux le monde et le veux tel quel, et le veux encore, le veux éternellement.

La revue entend mettre en avant toutes les formes d’avant-garde. On y défend le mouvement littéraire français du Nouveau Roman ou le futur prix Nobel Claude Simon. Elle ouvre ses colonnes à des écrivains comme Nathalie Sarraute ou Alain Robbe-Grillet et défendra des penseurs majeurs français comme Roland Barthes, Michel Foucault ou Jacques Derrida.

Au début des années 1970, la revue prend fait et cause pour le maoïsme chinois. En 1974, Philippe Sollers fait partie de la délégation qui se rend en Chine à l’invitation du pouvoir. Cet aveuglement vis-à-vis du régime autoritaire chinois vaudra à l’écrivain sarcasmes et critiques.

Philippe Sollers niera avoir jamais été maoïste mais, dans le livre d’entretiens de 2019, il affirmait : Je persiste à dire […] que cette révolution épouvantable fait que la Chine est désormais la première puissance mondiale.

Signe de sa fascination pour la Chine, tous ses livres contiennent des références à ce pays.

Après la mort de Mao en 1976, la revue change de cap et prend fait et cause pour les États-Unis. L’auteur publie une tribune dans Le Monde pour fustiger non seulement le maoïsme mais aussi le marxisme.

En 1982, Philippe Sollers fonde une nouvelle revue, L’Infini. Il devient également membre du comité de lecture puis directeur de collection dans la prestigieuse maison d’édition Gallimard.

Amour(s)

C’est avec son roman Femmes (1983) que Philippe Sollers atteint la notoriété. Des critiques dénoncent la pornographie qu’ils décèlent dans ce texte. C’est mon meilleur livre. Mon paradis indépassable, rétorque ce fin connaisseur de Casanova, à qui il a consacré une biographie, auteur d’un dictionnaire amoureux de Venise.

Marié depuis 1967 à la psychanalyste Julia Kristeva, avec qui il a eu un fils David, il voua un amour fou à l’écrivaine belge Dominique Rolin, de 23 ans son aînée.

Leur correspondance sur un demi-siècle a été publiée en 2017 et 2018. Lui avait dévoilé sa double vie amoureuse en 2013 dans Portraits de femmes.

Pour ses détracteurs, il était futilemondainennuyeux et orgueilleux. À la question, si vous deviez mourir demain, que resterait-il de vous?, il répliquait : une caisse de livres, ajoutant : on se demandera comment on a pu se laisser prendre à l’image d’un Sollers aussi médiatique et désinvolte alors que c’est un travailleur acharné.

Radio-Canada par Agence France-Presse avec des informations de l’Obs

Brad Pitt, ce « vrai garçon »

avril 28, 2023

Frédéric Mitterrand, qui affectionne les destins glamour ou royaux, livre un portrait énamouré de l’acteur, sex symbol de Hollywood s’il en est.

Ce spécialiste reconnu des princesses et des destins tragiques nous avait dissimulé sa passion secrète : Brad Pitt. L’écrivain et ancien ministre de la Culture, passionné de cinéma, consacre son nouveau livre à la star américaine la plus cool du monde. Parce qu’il l’aime, pour se faire plaisir, Frédéric Mitterrand, 75 ans, a épluché tous les articles afin de comprendre l’essence du beau blond énigmatique. Il détaille ses longs débuts de petite vedette de la télévision, le choc physique que fut pour lui Thelma et Louise, déterre d’anciennes amourettes.

Déclaration. Frédéric Mitterrand, envoûté par Brad Pitt.

Pourquoi une telle déclaration, Frédéric ? « J’ai pensé à mon meilleur copain, mort quand j’avais 18 ans. Il me faisait songer à Brad Pitt. Je vis dans le culte du « vrai garçon », un homme pas « pédé » mais « gay friendly », qui serait doté de sensibilité, d’intelligence, avec un côté aventureux… Brad, je suis sûr qu’il est un vrai garçon. » L’écriture est rapide, faite d’élans et de piques, drôles quand, sous sa plume, George Michael incarne un « loukoum chantant », ou douteuses lorsqu’il n’évite pas le jeu de mot graveleux sur les attributs du brave… Pitt. Cet acteur, son fantasme, il le défend absolument. Les sérieux soucis de Brad, accusé par son ex-femme d’avoir frappé un de ses enfants ? Ils suscitent chez l’auteur l’envie de s’en prendre à Angelina Jolie, cette « mante religieuse ». On n’écorne pas le mythe ! D’autant que, Fred le certifie, Brad est un animal triste. « Entre dépressifs on se reconnaît, vous savez ! » Mitterrand a rôdé du côté de Miraval, le domaine de Provence ou Brad cultive son jardin et du vin rosé. Chou blanc, il n’a pas aperçu la bête. Mais est-il nécessaire de chercher au-delà de cette beauté envoûtante ? Mitterrand l’assure, définitif : « Brad Pitt n’a rien à cacher. » Vraiment ?

« Brad », de Frédéric Mitterrand (XO, 336 p., 20,90 €).

« Brad » de Frédéric Mitterrand

« J’ai écrit un livre sur Brad Pitt parce que je l’aime. C’est un vrai garçon : sexy, fort, aventureux, et je suis sûr qu’il me protégerait si j’avais besoin de lui. Car il a aussi les fragilités des hommes véritables qui savent à quel point la vie est difficile. » 

« Je ne le connais pas, il ne me connaît pas, mais peut-être s’arrêtera-t-il sur cette bouteille à la mer en découvrant qu’il a un ami quelque part en France qui l’aime, l’admire et le comprend. » 

« Angelina le récupère comme une maîtresse d’école avec un enfant désobéissant et penaud. Il a l’impression de ne plus avoir de prise sur quoi que ce soit. Réconciliations éphémères, le mariage à Miraval, voulu et mis en scène par Brad, devait donner le signal d’un apaisement durable, mais c’est l’arrangement du déni et de l’indifférence, et le nouveau départ double le cap de la désespérance. Brad replonge dans l’alcool, la maîtresse d’école est devenue Louise Fletcher dans Vol au dessus d’un nid de coucou. » 

« Son physique, son charme, et sa candeur attirent évidemment les gays, et il est même assez flatté d’être pour eux un objet de fantasmes érotiques. »

Avec Le Point

Poésie: Huppert Malanda brigue un prix international

avril 21, 2023

Lors de la 24e édition du Festival de la poésie de Montréal qui aura lieu du 29 mai au 4 juin, sera décerné le Prix Francophone international dudit  festival. Des dix finalistes restés en lice figure le poète  congolais, Huppert Malanda, et son recueil « Cette patrie de blessures et de rêve » , édité à l’Atelier Senghor (Congo).

Le poète Huppert Malanda / Adiac

La première sélection du prix a été  faite le 21 mars, à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, où vingt candidatures de poètes avaient été sélectionnées sur les 239 reçues. La seconde sélection du Prix a été dévoilée le 17 avril, à Montréal.

Les autres recueils sélectionnés à côté de celui d’Huppert Malanda sont « À mon retour » d’Élise Turcotte,  Editions du Noroit (Canada, Québec);  « Daïra pour la mer » de Nassuf Djailani, Editions Bruno Doucey (France); « Exercices de joie » de Louise Dupré, Editions du Noroit (Canada, Québec); « Holographies » de Philippe More, Poètes de brousse (Canada, Québec); « Insoutenable frontière » de Tanella Boni, Editions Bruno Doucey (Côte d’Ivoire); « Le programme double de la femme tuée » de Carole David, Les Herbes Rouges (Canada, Québec); «Monde, genoux couronnés » de Béatrice Bonhomme, Editions Collodion (France);  « Traverses » de Paul Bélanger, Editions du Noroit(Canada, Québec);  « Un couteau dans la tête » de Claudine Bohi, Editions L’Herbe qui tremble (France).

Signalons que les trois finalistes seront révélés lors du dévoilement de la programmation de la 24e édition du Festival de la poésie de Montréal début mai.

Créé en 2020, ce prix récompense une œuvre poétique francophone exceptionnelle par sa qualité formelle et thématique. Le lauréat ou la lauréate remportera une bourse de 5000 dollars canadiens qui lui sera remise pendant le festival.

Avec Adiac-Congo par Hervé Brice Mampouya

Festival du livre de Paris : le plein de lecture

avril 20, 2023

Partenaire de l’événement, « Le Point » vous donne rendez-vous avec sa rédaction pour plusieurs rencontres, à l’occasion de cette deuxième édition du festival (21-23 avril)

Festival du livre de Paris : le plein de lecture
Festival du livre de Paris : le plein de lecture

VENDREDI 21 AVRIL 

Profession critique littéraire. 10 h. Grand Palais éphémère, scène Suffren. 

Avec Élise Lépine, journaliste au Point, Alice Develey, journaliste au Figaro littéraire, Valentine Tedo, alias « En toutes lettres », booktokeuse.

Au nom des livres. 12 h. Grand Palais éphémère, agora. 

Un dialogue sur l’amour de la littérature et les joies de la lecture toutes générations confondues, avec Daniel Pennac (Terminus Malaussène) et Alessandro Barbaglia (Le Coup du fou), animé par Élise Lépine, du Point.

Mériter le monde. 16 h. Grand Palais éphémère, agora. 

Du roman d’anticipation à la chronique d’une catastrophe annoncée : dialogue entre Laurent GaudéChien 51, et Christophe Ono-dit-Biot, Trouver refuge.

SAMEDI 22 AVRIL 

Dieu, Pascal et la société. 11 h. Collège des Bernardins, grand auditorium. 

Animée par Jérôme Cordelier, rédacteur en chef des pages politiques du Point, une rencontre avec le philosophe Pierre Manent, qui publie Pascal et la proposition chrétienne, en cette année qui voit célébrer le 400e anniversaire de la naissance de ce génie du XVIIe siècle.

Grand entretien Erri De Luca20 h. La Sorbonne, amphithéâtre Richelieu. 

Écrivain, journaliste, poète : l’auteur italien préféré des Français publie Grandeur nature et un recueil de ses œuvres en « Quarto ». Il se confie à Christophe Ono-dit-Biot, directeur adjoint de la rédaction du Point.

DIMANCHE 23 AVRIL 

La Russie, une fiction ? 11 h. Grand Palais éphémère, agora. 

Un voyage dans ce pays qui n’a jamais été autant dans l’actualité avec Giuliano da Empoli, lauréat du Grand Prix de l’Académie française avec Le Mage du Kremlin, et Pierre-Henry Gomont, auteur de la BD multiprimée Slava. Rencontre animée par Élise Lépine, du Point.

Il était une fois l’Amérique. 15 h. Grand Palais éphémère, agora. 

Rencontre entre Dany Laferrière, de l’Académie française, qui publie Petit traité du racisme en Amérique, et Paula Jacques, qui signe Mon Oncle de Brooklyn, animée par Valérie Marin La Meslée, journaliste au Point.

Grand entretien avec Didier Decoin. 16 h. Grand Palais éphémère, agora. 

Écrivain, scénariste, président de l’Académie Goncourt, l’auteur du Nageur de Bizerte se raconte à Élise Lépine, journaliste au Point.

Grand entretien avec Marie-Hélène Lafon. 17 h. Grand Palais éphémère, agora. 

Prix Renaudot 2020, l’écrivain publie Les Sources et se confie à Valérie Marin La Meslée, journaliste au Point.

L’Italie à l’honneur du Festival du livre de Paris

La littérature n’a pas de frontières : cette année encore, le Festival du livre de Paris ouvre grand ses portes à plus de 300 autrices et auteurs venus d’horizons divers, et particulièrement d’Italie, pays à l’honneur, représenté par Milo Manara ( « Le Nom de la rose » version Manara), Erri De Luca ( Erri De Luca, entre terre et ciel), Paolo Cognetti ou Donato Carrisi, mais aussi par de nouvelles plumes, comme la Somalienne italophone Ubah Cristina Ali Farah, le journaliste Stefano Montefiori ( France-Italie, on refait le match) ou le phénomène Beatrice Salvioni ( Maudite petite fille). Envie de grands débats ? Écoutez Blandine Rinkel, Lola Lafon, Monica Sabolo, Jonathan Coe, Philippe Claudel, Sabyl Ghoussoub ou Giuliano da Empoli parler, à travers leurs livres, de la marche du monde. Pas de frontières entre les genres, non plus, dans ce festival conçu sous la houlette de Vincent Montagne, Jean-Baptiste Passé et Marie-Madeleine Rigopoulos, qui s’intéresse aussi bien à la littérature générale qu’au polar, à la jeunesse ou aux sciences humaines. Et parce que lire, c’est aussi partager, le week-end sera parsemé d’ateliers consacrés à l’écriture ou à la connaissance de soi (pour les parents), à l’expression de sa créativité (pour les plus jeunes), de visites guidées de monuments parisiens, de concerts et de lectures… 

Tout le programme est à retrouver sur festivaldulivredeparis.fr 

Avec Le Point par Christophe Ono-dit-Biot

France-Réécriture de l’œuvre d’Agatha Christie : « On ouvre une boîte de Pandore »

avril 18, 2023

L’éditeur français de la reine du crime a annoncé que son œuvre allait faire l’objet de « révisions ». Le docteur en philosophie Sami Biasoni s’inquiète d’une telle initiative.

Jusqu’où la réécriture de l’œuvre d’Agatha Christie ira-t-elle ? Inlassablement, les romans de la reine du crime, disparue il y a près de 50 ans, reviennent dans l’actualité avec leurs rééditions et autres coups de rabots littéraires. En 2020, c’est son œuvre la plus lue, Dix Petits Nègres, publiée en 1940, qui faisait les gros titres, après qu’elle fut rebaptisée Ils étaient dix (version française), à la demande de son arrière-petit-fils, l’écrivain James Prichard, et afin de ne pas « blesser » les lecteurs.

Revisitées aussi, les versions anglaises de ses romans d’enquêtes Hercule Poirot et Miss Marple, respectivement publiées en 1920 et 1930, après « examen par un comité de lecture » soucieux de ce que les descriptions de certains personnages étrangers soient retirées ou modifiées.

La dernière annonce, en date de ce 18 avril, est encore imprécise, mais fait état de « révisions », concernant les termes jugés offensants sur le physique ou l’origine des personnages, des « traductions françaises » des livres de la romancière. En vue de « s’aligner sur les autres éditions internationales » et à la demande d’Agatha Christie Limited – la société gérant l’œuvre de l’écrivaine –, précisent les éditions du Masque (groupe Hachette) à l’AFP.

« Micro-agressions »

Une initiative dont, avant la romancière, d’autres écrivains britanniques ont fait les frais, à l’image de Ian Fleming, l’auteur de James Bond, ou de Roald Dahl, dont les versions originales de Charlie et la chocolaterie ou James et la grosse pêche étaient récemment expurgées de toute référence au poids, à la santé mentale et aux considérations raciales.

Où Gallimard s’engageait, en février dernier, à ne pas toucher aux versions françaises de l’œuvre de ce dernier, le cas de Christie – bientôt « révisée », donc – interpelle. « Il témoigne d’un glissement du Royaume-Uni vers la France », commente le docteur en philosophie et auteur de Malaise dans la langue française (éditions du Cerf, 2022) Sami Biasoni.

Outre « le vieux sujet de l’hégémonie culturelle qu’elles soulèvent [la ligne de défense de l’éditeur français exposant qu’il s’aligne sur les éditions internationales, NDLR], ces rééditions témoignent de la logique, encore peu présente dans l’Hexagone, d’un continuum de la violence, dans lequel s’inscrit ce que l’on pourrait qualifier de micro-agressions sémantiques », précise ainsi l’essayiste.

« Boîte de Pandore »

Une initiative qui en dit long sur l’évolution de nos « crispations », observe-t-il par ailleurs : si le débat autour du titre des Dix Petits Nègres, terme à forte connotation, « peut encore s’entendre et recueillir un large consensus, on assiste depuis peu à ce que des mots issus du langage courant, à l’aune de nouvelles interprétations néoprogressistes et par seule captation identitaire de minorités, ne soient plus recevables et où des adjectifs d’une banalité confondante deviennent des zones d’affrontement ».

« Une boîte de Pandore » où « toute la langue peut devenir suspecte », alerte le docteur en philosophie, inquiet de ce que les éditeurs français ne prennent, eux aussi, le virage de cet exercice empruntant à la cancel culture. Déjà en 2021, les versions françaises de Martine (Casterman), du Club des cinq et d’Alice détective (Hachette) se voyaient-elles retoquées sous prétexte de devoir être « en phase avec leur époque ».

« Les revendications évoluant perpétuellement, mettre le doigt dans l’engrenage de la réécriture est dangereux, prévient à ce titre Sami Biasoni. Le risque, à terme, est celui d’un nihilisme radical de la langue. » Et, pour l’heure, de lire des textes n’ayant plus grand-chose à voir avec les œuvres originales…

Avec Le Point par Alice Pairo-Vasseur

Québec-Valorisation du français : 300 $ aux enseignants pour acheter des livres québécois

avril 18, 2023
Bernard Drainville tend un livre à un groupe d'enfants assis au sol.

Bernard Drainville a profité de son annonce pour montrer des livres québécois à des élèves de l’école Saint-Albert, à Québec. Photo : Radio-Canada/Érik Chouinard

Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville annonce que le gouvernement donnera annuellement un montant de 300 $ aux enseignants pour l’achat de livres québécois. C’est la première d’une série de mesures avec lesquelles il souhaite valoriser le français à l’école.

Les livres achetés doivent servir à garnir les bibliothèques de plus de 34 000 classes. Au total, la mesure coûtera 55,6 millions de dollars d’ici 2027 et permettra d’acheter environ 18 livres par année pour chaque classe.

Donner le goût de la lecture aux enfants dès leur plus jeune âge ne peut être que positif pour leur développement et leur réussite scolaire. Et développer cet intérêt n’est possible que si nous rendons disponibles le plus de livres de qualité possible pour nos élèves, affirme Bernard Drainville dans un communiqué.

Le ministre souhaite aussi valoriser l’enseignement et la lecture par son annonce. Elle cadre dans les priorités qu’il s’est données dans son plan pour redresser la situation dans les écoles du Québec, qu’il a présenté en début d’année.

Le gouvernement croit également que l’annonce constitue une bonne mesure pour contrer le déclin de la langue française dans la province.

Avec Radio-Canada par Érik Chouinard

Le Congo invité au salon du livre de Côte d’Ivoire

avril 12, 2023

L’ambassadrice de Côte d’ivoire remettant l’invitation à la ministre Lydie Pongault

Le Congo est convié à prendre part à la 13e édition du Salon international du livre d’Abidjan (SILA) en Côte d’Ivoire, qui aura lieu du 9 au 13 mai prochain sur le thème « Le livre dans tous ses états ».

L’ambassadeur de Côte d’Ivoire en République du Congo, Touré née Koné Maman, a remis le 12 avril à Brazzaville l’invitation à la ministre de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des loisirs, Lydie Pongault.

« Je suis venue remettre à Mme la ministre une lettre de la part de son homologue de Côte d’Ivoire, pour le salon international du livre. La Côte d’ivoire a souhaité que le Congo soit à l’honneur cette année. », a indiqué Touré née Koné Maman.

Les deux pays disposent des relations de coopération dans plusieurs domaines parmi lesquels celui de la culture. « Des accords ont été signés lors de la commission mixte entre les deux pays. C’est la mise en œuvre de ces accords qui fait que je sois là », a signifié la diplomate ivoirienne.

Le SILA est un rendez-vous littéraire international qui implique la collaboration de l’ensemble des professionnels du secteur pour une édition de qualité destinée à un lectorat africain durable et actif.

L’évènement fait la promotion de l’industrie du livre en Côte d’Ivoire, des œuvres littéraires et de leurs auteurs, ainsi que de la liberté de publier et du droit d’auteur.

La ministre de l’Industrie culturelle posant avec la partie ivoirienne

Avec Adiac-Congo par Rosalie Bindika

France: Décès de Jean-Paul Capitani, co-fondateur des éditions Actes Sud

avril 4, 2023

La maison d’édition, créée en 1978, a publié des auteurs comme Paul Auster, Nancy Huston, Jérôme Ferrari ou Nicolas Mathieu.

Jean-Paul Capitani, deuxieme a gauche, est decede, co-fondateur des editions Actes Sud, est decede mardi d'une chute mortelle de velo. (Image d'archive)
Jean-Paul Capitani, deuxième à gauche, co-fondateur des éditions Actes Sud, est décédé mardi d’une chute mortelle de vélo. (Image d’archive)© BERTRAND LANGLOIS / AFP

Jean-Paul Capitani, 78 ans, co-fondateur des éditions Actes Sud, est décédé mardi d’une chute mortelle de vélo à Arles, a informé la maison d’édition, confirmant des informations de presse.

Marié à l’ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen, il fait partie, avec le père de son épouse, Hubert Nyssen, des fondateurs des éditions Actes Sud, nées en 1978 dans un petit village des Alpilles et issues de l’Atelier de Cartographie Thématique et Statistique (ACTES).

Directeur commercial et du développement pendant de longues années en ayant parallèlement une activité d’éditeur, Jean-Paul Capitani « a énormément contribué, avec son épouse, à l’aura et au développement d’Actes Sud », souligne la maison d’édition. Il y a notamment développé le secteur des beaux livres éditant des artistes comme Sophie Calle.

Membre du conseil de surveillance

Ingénieur agronome de formation, il a aussi développé l’édition d’ouvrages sur la botanique, la nature ou l’agroécologie.

Il est à l’origine de la collection « Domaine du Possible », dirigée par l’écrivain, réalisateur et militant écologiste Cyril Dion.

Jean-Paul Capitani avait quitté ses fonctions au sein du directoire d’Actes Sud, mais restait membre du conseil de surveillance.

Actes Sud, fondé en 1978, est devenu l’un des plus grands groupes d’édition indépendants en France. Doté d’une politique éditoriale indépendante, généraliste, tournée vers la littérature mais aussi vers les arts et les sciences humaines, la maison édite des auteurs comme Paul AusterNancy Huston et les lauréats du Goncourt Jérôme Ferrari et Nicolas Mathieu.

Le Point par N.J. avec AFP

Festival du livre africain de Marrakech : un manifeste pour la littérature d’Afrique

mars 15, 2023

RENDEZ-VOUS. Pour la première fois, une cinquantaine d’écrivains et artistes ont été réunis au Maroc pour braquer les projecteurs sur la littérature africaine.

Le docteur en sociologie de l'universite de Toulouse, et professeur associe de l'universite de Rabat Mehdi Alioua (a gauche) et l'ecrivain, ancien international de football francais Lilian Thuram invites du Festival du livre africain de Marrakech.
Le docteur en sociologie de l’université de Toulouse, et professeur associé de l’université de Rabat Mehdi Alioua (à gauche) et l’écrivain, ancien international de football français Lilian Thuram invités du Festival du livre africain de Marrakech.© FLAM 2023

À Marrakech, ce début d’année 2023 sonne la célébration de l’art africain sous toutes ses formes. Le cœur de la ville ocre a vibré en février dernier au rythme des pulsations de la Foire 1-54 et de la première édition du Festival du livre africain de Marrakech, qui a permis de rassembler écrivains de renom, éditeurs, artistes et amateurs de littérature du continent et de la diaspora autour d’un objectif commun, celui de promouvoir la créativité africaine sous l’angle littéraire et de rêver d’Afrique en terre africaine.

Le festival a littéralement embrasé la capitale culturelle du Maroc. Quatre jours d’effervescence littéraire et culturelle durant lesquels une quarantaine d’écrivains et d’artistes se sont réunis au centre culturel Les Étoiles de Jamaâ El Fna. JMG Le ClezioLilian Thuram, Sami Tchak, Rodney Saint-Éloi, Ken Bugul, Ananda Devi, Blaise Ndala, Abdhourham Waberi, Fouad Laroui, Fawzla Zaroui et bien d’autres écrivains de talent ont répondu présent à cette première édition. Un succès au-delà de toute attente pour les organisateurs : « Le miracle de la conception de ce projet s’est largement poursuivi avec l’attente du public et la qualité des échanges et des débats avec les écrivains », souligne Younes Ajarrai, l’un des fondateurs du festival. Et pour cause, animé d’une pléthore de conférences, de discussions et de débats stimulants autour de questions sociales, culturelles et politiques importantes en Afrique, tels que la littérature et l’engagement, le racisme, la décolonisation, la question identitaire, l’écologie, le festival a ouvert la voie vers des territoires d’expression plurielles, riches et diversifiées.

L’écrivain franco-mauricien et Prix Nobel de littérature 2008, JMG Le Clezio (à droite) en pleine discussion lors de la tenue de la première édition du FLAM.© FLAM 2023

Un manifeste pour le continent, marqué notamment par le discours inaugural de l’écrivain franco-mauricien et Prix Nobel de littérature 2008 JMG Le Clezio qui a salué l’initiative de ce premier festival comme « un hommage rendu à l’identité africaine, à la grandeur et à l’ancienneté de la littérature africaine à travers toutes ses voix et ses héritages, une rencontre nécessaire entre les hommes et les femmes du continent, que seule peut la littérature en traversant les frontières » et de rappeler « qu’elle est une arme pour lutter contre tous ceux qui, malgré les enseignements de l’histoire, revêtent aujourd’hui les loques trouées du racisme et de la xénophobie ».

Rêver d’Afrique ensemble et agir pour la jeunesse

Les organisateurs Mahi Binébine, Younes Ajarrai, Fatimata Wagne, Hanane Essaydi, sont partis du constat que « rares étaient les événements littéraires organisés sur le continent avec une dimension internationale et panafricaine et de la nécessité de réconcilier des territoires divisés par les frontières du Sahara et l’histoire coloniale ». Mais aussi « du besoin impérieux de se rencontrer chez nous entre voisins », précise Mahi Binébine.

Les organisateurs Younes Ajarrai (G), Hanane Essaydi, Fatimata Wagne, et Mahi Binébine.© FLAM 2023

Pour répondre à l’ambition du festival, des tables rondes organisées autour de la pluralité de voix d’auteurs et d’autrices et stimulés d’un nouveau souffle grâce à la présence d’une nouvelle génération d’écrivains ont favorisé des échanges et des débats de qualité malgré les différences d’horizons, de pensées et d’histoires des intervenants. « Le festival a montré qu’il existe une symbiose dans la culture africaine et qu’il est possible de miser sur l’excellence de cette culture qui donne au plus grand nombre. On espère qu’il y ait un sursaut au niveau de l’industrie du livre », souligne Fatimata Wagne et d’ajouter : « Le festival a permis de lever le voile sur l’importance de “décoloniser les arts”, d’apprendre enfin à se regarder soi-même, à recentrer son regard sur le continent plutôt que dans le miroir parfois déformant de l’Occident. »

Une autre des visées majeures du festival a été de promouvoir l’accès à la lecture et à l’écriture auprès du public jeune. « On a eu envie de rêver d’Afrique ensemble et de donner à cette jeunesse l’envie de rester en Afrique », affirme Mahi Binébine. C’est d’ailleurs à l’initiative de l’artiste peintre et romancier marocain qu’est né le centre culturel Les Étoiles de Jamaâ El Fna à Marrakech, un espace dédié à la promotion de la culture, à la transmission de l’excellence de l’art et de la création aux jeunes défavorisés. C’est également dans cette lignée que c’est inscrit cet événement. Une jeunesse enthousiaste, boulimique de savoir, de lecture et d’écriture à laquelle le festival a ouvert en grand les portes, a eu accès à des échanges privilégiés avec les écrivains sur le centre ou bien encore dans les universités et lycées. Une librairie éphémère, des allées et venues libres et gratuites au cœur d’un joyau architectural distingué comme le Riad Lekbir dans une ambiance chaleureuse et festive ont permis aussi de créer ce « miracle ».

Les femmes de lettres africaines à l’honneur

Autre fait marquant du festival, l’importance portée aux voix féminines. Rappelant dans son discours inaugural que les femmes étaient « une force » pour la littérature, JMG Le Clezio a salué la présence indispensable des femmes dans le paysage littéraire africain. Ken Bugul, Ananda Devi, Fawzla Zaouri, Djaili Amadou Amal ainsi qu’une nouvelle lignée d’autrices Anni Lulu, Yasmine Chami, Ernis, Jennifer Richard, entre autres, ont apporté une voix importante à la discussion sur la littérature africaine contemporaine. Au cœur des préoccupations : la place des femmes dans la littérature, la transmission intergénérationnelle et la question de la visibilité des auteurs et autrices africains. La grande écrivaine sénégalaise Ken Bugul a exprimé « le besoin de se retrouver pour parler des œuvres entamées, de confronter les imaginaires, de les enlacer pour contribuer à l’épanouissement de la culture africaine et de donner de l’élan à cette jeune génération d’écrivains passionnés pour lesquels le besoin d’écrire est très fort autour des questions identitaires, de genre et sur les enjeux politiques et sociétaux ». Et de poursuivre : « Le continent conserve les pulsions qui ont été à l’origine de la construction du monde, cette rythmique, cette lumière qui vous entraîne. Nous allons dessiner le monde de demain. »

Parmi les invités phares de cette première édition l’écrivaine sénégalaise Ken Bugul, (à gauche), à côté de Fatimata Wane, co-organisatrice du FLAM et l’écrivain Sami Tchak.© FLAM 2023

Un message fort partagé par une autre grande figure féminine de la littérature africaine, la Mauricienne Ananda Devi, qui rappelle que : « L’Afrique est un carrefour de cultures ancestrales qui assiste à l’émergence de nouvelles cultures et de mode d’expressions différents. En ce qui concerne la littérature africaine, beaucoup de ressentis culturels et spirituels n’ont pas encore été écrits portant un foisonnement de l’imaginaire. Il s’agit aussi de puiser dans les non-dits, d’être libre par rapport à la langue et de prendre appui sur des éditeurs de plus en plus à l’écoute. » Un travail littéraire dont on retrouve les marqueurs forts sous la plume de jeunes autrices prometteuses telles qu’Annie Lulu, qui après La Mer noire dans les grands lacs, Prix Senghor 2021, signe un second roman, La Peine des faunes, paru aux éditions Julliard, qui traite des violences environnementales et sexistes au travers d’une galerie de portraits de femmes inoubliables menant un combat pour la liberté et la justice. « En tant qu’afrodescendante, je suis une héritière de la pluralité des voix traversées et traversantes du continent, j’engage une partie de mon regard émotionnel et intime pour faire face à des défis sans précédents et mettre en lumière avec cette voix hybride et singulière les questions propres à l’Afrique », confie-t-elle.

Une lumière a jailli au centre culturel Les Étoiles de Jamaâ El Fna, confirmant la richesse de la littérature africaine et les perspectives offertes pour l’Afrique. La FLAM s’est emparée du cœur des amoureux des lettres et de l’Afrique et a insufflé pour les organisateurs du festival un message porteur d’espoir pour le continent : « On peut être différent sur bien des aspects et se réunir autour d’une amitié commune dans une démarche humble et sincère. »

Avec Le Point par Carine Saint-médar

Eric Neuhoff manque de peu l’élection à l’Académie française

mars 9, 2023
Eric Neuhoff manque de peu l'election a l'Academie francaise
Eric Neuhoff manque de peu l’élection à l’Académie française© AFP/Archives/CHARLY TRIBALLEAU

L’écrivain Eric Neuhoff a manqué à une voix près jeudi une élection à l’Académie française, incapable de départager les candidats qui se sont présentés à elle.

Cette « élection blanche » est la troisième de suite chez les Immortels, après celles de mai et novembre 2022.

M. Neuhoff, 66 ans, également journaliste et critique de cinéma, a obtenu 12 voix aux premier et troisième tours, et 11 aux deuxième et quatrième. Or, il lui en fallait 13 pour rassembler la majorité absolue.

Autres candidats, le poète Alain Borer a obtenu cinq ou six voix selon les tours et Jean-Yves Gerlat, un amateur de sciences occultes, une au premier tour puis zéro.

L’élection a été marquée par les blancs et les « blancs marqués d’une croix », entre 8 et 11 par tour.

Le fauteuil qui reste vacant est le 19, précédemment occupé par l’écrivain Jean-Loup Dabadie, mais aussi Boileau, ChateaubriandPaul Deschanel ou René Clair.

Deux journalistes, Franz-Olivier Giesbert et Olivier Barrot, avaient d’abord été recalés, ne dépassant pas respectivement 11 et 6 voix. Puis ce furent deux écrivains, Benoît Duteurtre et Frédéric Beigbeder, avec au mieux 11 et 9 voix.

Sur les 40 fauteuils de l’Académie française, cinq sont à pourvoir à ce jour.

Les derniers élus en date ont été le Péruviano-Espagnol Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature 2010, et l’universitaire Antoine Compagnon, en novembre 2021 et février 2022.

L’élection à l’Académie française permet de siéger jusqu’à la fin de ses jours dans une assemblée fondée en 1635 avec pour mission de défendre la langue française et de rédiger un dictionnaire.

Malgré les difficultés notoires à trouver des candidats de valeur, les académiciens n’ont pas abaissé leur niveau d’exigence.

M. Neuhoff a en effet obtenu de l’Académie le Grand Prix du roman en 2001 pour « Un bien fou » et le Grand Prix de littérature Paul-Morand, pour l’ensemble de son oeuvre, en 2022.

Les candidats recalés peuvent retenter leur chance autant de fois qu’ils le souhaitent, ce qu’Émile Zola fit 25 fois, mais qui n’est pas très recommandé.

Par Le Point.fr avec Paris (AFP) –