Archive for the ‘Science’ Category

L’ouest de la Côte d’Ivoire danse-t-il sur un volcan ?

mai 28, 2023
© Damien Glez

Si la pensée populaire enseigne que « le pire n’est jamais certain », l’inimaginable se réalise parfois. C’est ainsi qu’en ce mois de mai, la Côte d’Ivoire a connu une première expérience d’éruption volcanique, dans la sous-préfecture de Guehiebly, à 18 km de Duékoué, le chef-lieu de la région du Guémon. Une forte explosion a été suivie d’un tremblement du sol et de l’émission d’une lave vitreuse et noire écoulée sur trois mètres.

Face à cet événement inédit, la population a développé une sorte de psychose, craignant notamment, en l’absence d’une analyse scientifique complète, ces répliques telluriques, dont on entend régulièrement parler dans la couverture médiatique des grands tremblements de terre.

Guehiebly enregistre déjà des dégâts. Après une suspension de la fourniture du courant électrique, la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) a expliqué que le support métallique, qui maintenait la ligne de moyenne tension, avait fondu sous l’effet de l’éruption volcanique, perturbant ainsi l’alimentation électrique d’une dizaine de villages.

Début de psychose

En ce qui concerne les effets sur l’atmosphère, le directeur régional des Mines de Duékoué, Sanogo Souleymane, a demandé aux habitants de ne pas s’approcher à moins de dix mètres des lieux. Selon lui, la « saturation » de l’air pourrait être dangereuse pour les personnes vulnérables.

Si l’État ivoirien se veut rassurant et appelle au calme, la psychose conduit certains résidents à envisager de déménager de la zone. Le préfet du département de Duékoué, Ibrahima Cissé, appelle chacun à « faire confiance au gouvernement et au président de la République, Alassane Ouattara », tout en rappelant, lui aussi, qu’il est prudent d’éviter de s’approcher du lieu de l’explosion, en attendant les conclusions des experts. Des échantillons ont été prélevés par les services des pompiers.

Certains devancent les discours des spécialistes, en subodorant des explications mystiques à cet événement géologique inattendu. Le phénomène de volcanisme effusif pourrait être l’expression de la colère des ancêtres. Après cette alerte inédite, des sacrifices ont donc été pratiqués pour obtenir clémence…

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

À quelques kilomètres de Duékoué, une éruption volcanique inédite a suscité incrédulité et panique parmi la population.

Pandémies : après le Covid-19, l’OMS travaille sur un accord « historique »

mai 21, 2023

A l’occasion de la 76e Assemblée mondiale de la Santé, l’OMS espère trouver un accord qui devrait permettre au monde d’être mieux armé pour prévenir une prochaine pandémie.

« Nous ne pouvons tout simplement pas continuer comme avant ». Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a donné le ton dès l’ouverture de la 76e Assemblée mondiale de la Santé, qui se tient à Genève, à partir de ce dimanche 21 mai. Cette réunion réunissant les délégués des États membres de l’OMS doit déboucher sur un « accord historique » concernant les pandémies marquant un changement radical dans le domaine de la santé mondiale, après la crise du Covid-19.

Les discussions, qui doivent se tenir jusqu’au mardi 30 mai, doivent permettre de conclure un accord international permettant que le monde soit mieux armé pour prévenir une prochaine pandémie et y réagir d’une manière plus efficace. Le processus n’en est qu’à ses débuts, mais l’objectif est l’obtention d’un accord pour la prochaine Assemblée mondiale de la santé en mai 2024.

« L’accord sur la pandémie que les États membres sont en train de négocier doit être un accord historique pour susciter un changement de paradigme dans le domaine de la santé mondiale, en reconnaissant que nos destins sont liés », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus. « J’espère que les négociations en cours sur la prévention, l’état de préparation et la riposte face aux pandémies aboutiront à une approche multilatérale solide qui sauvera des vies », a déclaré, de son côté, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’Onu.

Jose Manuel Ramos-Horta, le président du Timor oriental, a, pour sa part, souligné que « chaque pays, grand ou petit, riche ou pauvre, a lutté pour mettre en œuvre une réponse appropriée à la pandémie ».

L’accord sur le tabac fut un succès

En mai, le directeur général de l’OMS a déclaré que le Covid ne constituait plus une urgence pour la santé mondiale. Mais « le Covid-19 est toujours avec nous, il tue encore, il change encore et demande encore notre attention », a-t-il déclaré dimanche. Au total, la pandémie a fait sept millions de victimes dans le monde, selon les chiffres officiels, mais le bilan réel doit être plus proche des vingt millions, selon les estimations de l’OMS.

Le monde a émergé d’un « long tunnel noir », a souligné le chef de l’OMS. « C’est le moment de nous souvenir de la noirceur du tunnel et… d’aller de l’avant à la lumière des nombreuses et douloureuses leçons qu’il nous a enseignées ».

S’il aboutit, l’accord sur la pandémie serait le deuxième traité contraignant sur la santé depuis la fondation de l’OMS il y a 75 ans. Tedros Adhanom Ghebreyesus a rappelé le succès du précédent accord, la Convention-cadre de l’OMS de la lutte antitabac (CCLAT) adoptée il y a vingt ans. Depuis, le tabagisme a diminué d’un tiers dans le monde, s’est-il félicité.

Le Point par N.J. avec AFP

Une maladie liée au dérèglement climatique menace les vaches européennes

mai 12, 2023

Une maladie pouvant se révéler mortelle pour les animaux, et particulièrement pour les vaches, a été détectée pour la première fois en Europe.

Chez les vaches, la maladie reperee peut se traduire par de la fievre, de l'anorexie, des boiteries et une detresse respiratoire.
Chez les vaches, la maladie repérée peut se traduire par de la fièvre, de l’anorexie, des boiteries et une détresse respiratoire.© Jean-Marc Quinet / MAXPPP / BELPRESS/MAXPPP

Épizootie, épidémie qui frappe les animaux. Une maladie qui touche les vaches européennes, et qui peut se révéler mortelle, arrive en Europe. Les autorités sanitaires craignent que l’épidémie touche l’ensemble du continent. Il s’agit plus spécifiquement d’une « maladie hémorragique épizootique », transmise à l’animal par des moucherons piqueurs, eux-mêmes de plus en plus présents à cause du changement climatique, a rapporté vendredi 12 mai l’Anses, l’agence sanitaire française.

Les premiers cas de cette maladie virale, non transmissible à l’homme, ont été détectés à l’automne 2022 sur l’île italienne de Sardaigne, puis en Sicile, indique l’Anses dans une note sur son site Internet. Des foyers ont ensuite été repérés en Andalousie (sud de l’Espagne). « Chez les bovins, cette maladie potentiellement mortelle se traduit par de la fièvre, de l’anorexie, des boiteries et une détresse respiratoire », précise l’agence.

Une maladie découverte en… 1955 !

La maladie, qui affecte principalement les cerfs de Virginie et les bovins, a été découverte aux États-Unis en 1955. Le virus « s’est depuis répandu en Asie, en Australie et en Afrique ».

« Il y a une quinzaine d’années, on n’imaginait pas que la maladie puisse un jour arriver en Europe », explique le chercheur Stéphan Zientara, cité par l’Anses. « Son extension est une conséquence directe du changement climatique, qui permet aux moucherons vecteurs de survivre dans nos régions », poursuit-il.

Selon le scientifique, « l’hypothèse la plus probable est que des moucherons ont été transportés à travers la Méditerranée par le vent ». Aucun vaccin n’est disponible contre le type de virus repéré en Europe. Une surveillance a été mise en place en France, souligne l’Anses, « avec pour objectif d’analyser tout animal suspect », notamment parmi les cervidés.

Le Point par M.I. avec AFP

Menace nucléaire: quand le compteur s’accélère

mai 8, 2023

La guerre nucléaire est souvent présentée comme une fin potentielle de l’humanité. Ces derniers mois, elle ressurgit en sourdine sur différents fronts. Elle court dans les déclarations russes comme une menace à peine voilée après l’invasion de l’Ukraine. Au même moment, les États-Unis sont engagés dans une démonstration de force au sujet de Taïwan avec la Chine, qui a lancé un vaste programme de renforcement de ses forces nucléaires. Même très faible, le risque d’une attaque nucléaire refait surface : attention, grave danger, préviennent d’éminents spécialistes de l’atome.

L’été dernier, la Ville de New York a publié une vidéo décrivant les étapes que les habitants devaient suivre en cas d’attaque nucléaire. Rentrez à l’intérieur, rapidement et loin des fenêtres. Restez-y. Soyez à l’écoute, informez-vous. La menace, soudainement, prenait des allures plus concrètes. Elle a atterré de nombreux New-Yorkais qui se sont demandé pourquoi la diffuser à ce moment-là.

D’un point de vue scientifique, ce message de fausse alerte a également surpris, mais pour d’autres raisons. On était horrifiés par sa naïveté, se souvient Rachel Bronson, PDG du Bulletin of the Atomic Scientists, un organisme fondé en 1945 par Albert Einstein et des confrères du projet Manhattan à l’origine de la première bombe atomique.

Le conseil – Abritez-vous à l’intérieur. Rapidement – est-il vraiment utile en cas d’attaque nucléaire? Quel effet aurait une bombe atomique lancée sur Manhattan? Prenons l’exemple de la Tsar Bomba.

Avec sa charge de 57 mégatonnes, c’est la bombe la plus puissante jamais créée et testée. Elle a explosé en octobre 1961 dans l’Arctique soviétique et a généré une boule de feu de 2,3 kilomètres de diamètre. L’éclair d’une telle explosion est visible à plus de 1000 kilomètres de distance. Larguée sur une zone densément peuplée comme New York, cette bombe ferait des millions de morts, selon l’outil de simulation en ligne Nukemap.

Le cœur de la zone de déflagration atteindrait un rayon de 3,14 km (30,9 km²). Dans ce périmètre (environ la moitié de Manhattan qui fait 59,1 km²), les habitants seraient exposés à des radiations probablement mortelles et décéderont dans le mois de l’explosion. Parmi les survivants, 15 % décéderont éventuellement d’un cancer.

Le souffle de l’explosion balayerait tout sur un rayon d’environ 4,62 km (67,1 km²), aussi appelé le périmètre de la boule de feu. Comme son nom l’indique, la lumière émise par la chaleur est si intense qu’elle déclenche des incendies et provoque de graves brûlures à grande distance.

Dans un cercle plus large de 8,91 km – désigné comme le heavy blast damage radius –, la zone serait elle aussi fortement sinistrée : les radiations y laissent peu de chances de survie, même des bâtiments en béton pourraient être gravement endommagés ou démolis.

Sur la carte, la moitié de Long Island et le nord-est du New Jersey seraient également touchés, notamment les trois grands aéroports new-yorkais, Newark à l’ouest, JFK au sud et La Guardia à l’est. Au nord, le Bronx n’y échapperait pas : la plupart des bâtiments résidentiels s’effondreraient, les blessures et les décès seraient nombreux, et les risques d’incendies, élevés.

Plus loin encore, les radiations thermiques s’étendraient sur une zone de 60 km (11 300 km2), pour atteindre des villes aussi éloignées de Manhattan que Stamford, dans l’État du Connecticut, ou encore Bedminster, dans le New Jersey, qui abrite le Trump National Golf Club. Les habitants pourraient souffrir de brûlures au troisième degré suffisamment sévères pour entraîner des blessures handicapantes et des amputations.

Le bilan humain d’une telle attaque est estimé à 7,74 millions de morts et 4,46 millions de blessés en 24 heures. Tous les dégâts mentionnés diffèrent en fonction de l’altitude d’explosion, analyse Nukemap, ce site en ligne créé par Alex Wellerstein, un historien des sciences et professeur adjoint au Stevens Institute of Technology, dans le New Jersey.

La sinistre projection repose sur le lancement d’une seule bombe, mais l’inventaire mondial comprendrait plus de 12 000 ogives, dont plus de 9000 ont été mises en stock pour une utilisation potentielle, selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), un institut international indépendant de recherche sur les conflits et les armes.

Difficile de dresser un portrait précis de la situation, certains pays affichant plus de transparence (les États-Unis) que d’autres (Israël).

Le cargo soviétique Anosov repart de Cuba chargé de missiles, conformément à l’accord américano-soviétique sur le retrait des missiles russes de Cuba en 1962. Photo : Getty Images

La survie, « pas une garantie »

Depuis la crise des missiles de Cuba en 1962, le monde n’a jamais été aussi proche de l’utilisation effective d’armes nucléaires. Le message a été porté par le président américain Joe Biden en octobre 2022. Avec cette mise en garde lâchée comme un missile : attention à l’Armageddon. Il est aussi véhiculé par d’éminents physiciens et scientifiques qui ont historiquement entretenu une relation particulière avec le contrôle des armes nucléaires grâce à leur expertise technique et analytique.

Alors que la crise des missiles de Cuba a duré 13 jours, la situation actuelle se détériore depuis plus d’un an. Plus longtemps cela dure, plus le danger s’accentue, alerte le mouvement Pugwash, une organisation internationale qui rassemble des personnalités des mondes universitaire et politique autour des menaces contre la sécurité mondiale.

Son secrétaire général, le physicien italien et professeur Paolo Cotta Ramusino, s’efforce de maintenir des relations avec ses confrères russes et dit s’être rendu récemment en Russie, en octobre et décembre derniers. Il y a de l’inquiétude là-bas, se contente-t-il de répéter, en entrevue à Radio-Canada, sans en révéler davantage. Le contrôle de la situation est assuré par les politiciens.

Fidèle à la mission de son organisation, M. Cotta Ramusino défend la désescalade militaire et le retour du dialogue entre les parties. Pugwash s’est vu décerner le prix Nobel de la paix en 1995 pour ses efforts sur le désarmement nucléaire et tire son nom d’une ville de Nouvelle-Écosse où ses conférences ont vu le jour en 1957.

« Il faut trouver des compromis et arrêter la guerre. »— Une citation de  Paolo Cotta Ramusino, physicien et secrétaire général de Pugwash

Entre dissuasion militaire et menaces plus ou moins explicites, les postures qui attisent les incitations à une première frappe sont particulièrement préoccupantes, écrit aussi l’éminent physicien américain Richard L. Garwin dans un article scientifique co-signé le 13 mars 2023 avec Frank N. von Hippel, sur le site spécialisé The Bulletin of the Atomic Scientists.

Le parcours de ce grand spécialiste du nucléaire est éloquent : après avoir joué un rôle crucial dans le développement de la première bombe à hydrogène, il est devenu un ardent défenseur du contrôle des armements et conseiller de tous les présidents américains, d’Eisenhower à Obama. À 95 ans en 2023, il continue son combat pour éviter un holocauste nucléaire, selon ses termes. En ce sens, il invite la Chine, la Russie et les États-Unis à un dur travail de négociations réelles.

« Le succès – et la survie – ne sont pas garantis d’avance. »— Une citation de  Richard L. Garwin, physicien, membre de l’Académie nationale des sciences américaine

Ce tabou sur la fin de tout

Dans l’espace public, le spectre nucléaire ressurgit sporadiquement à coup de déclarations-chocs. La partition de guerre se joue sur un rythme crescendo/diminuendo. Au quatrième jour de l’invasion de l’Ukraine par Moscou, Vladimir Poutine a d’emblée annoncé la mise en alerte de la force de dissuasion nucléaire de son armée.Début de la liste de 6 éléments. Passer la liste?

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Vladimir Poutine

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Vladimir Poutine.

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Jake Sullivan.

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Antony Blinken.

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Joe Biden.

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Vladimir Poutine.

Une seule et unique frappe nucléaire représente un risque majeur pour la pérennité de l’humanité, selon les scénarios américains, indique Pavel Podvig, spécialiste des forces nucléaires russes à l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (Unidir) à Genève.

Il n’y a aucune façon de contrôler l’escalade qu’elle engendrerait. Même un simple exercice de démonstration au-dessus de la mer Noire, qui ne blesserait personne et ne ferait aucun dégât, lancerait le signal de tuer beaucoup de gens, affirme M. Podvig.

Cette même analyse est partagée par les porte-parole de Pugwash, mouvement qui fut actif pendant la guerre froide et servit d’espace de réflexion et de canal de communication entre le bloc communiste de l’Est et les démocraties occidentales.

Ses membres – leaders politiques, scientifiques, diplomates, experts en affaires mondiales – devaient se réunir de nouveau au Qatar au printemps, mais la rencontre a été reportée en 2024.

Nous travaillerons toujours, pour le temps dont nous disposons, avec cette idée : ne jamais utiliser d’armes nucléaires, insiste le physicien Cotta Ramusino.

Un avion de transport militaire russe Iliouchine Il-80, également connu sous le nom « l’avion de l’Apocalypse », et un avion de chasse MiG-29 lors d’une répétition pour un défilé aérien, dans le cadre d’une parade militaire marquant l’anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale, à Moscou, le 7 mai 2022.Photo: Reuters/Shamil Zhumatov

Des garde-fous qui s’effritent

Mais ce qui inquiète surtout les experts en la matière, c’est le délitement du contrôle des armes nucléaires par les traités existants.

Le traité ABM (1972) interdisant les missiles antibalistiques, et qui a longtemps constitué un garde-fou des tensions nucléaires entre les États-Unis et l’URSS, est caduc depuis 2002. Celui sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), signé en 1987, a expiré en 2019 après les retraits américain puis russe.

Le traité New Start reste le seul à réglementer la taille et la composition des arsenaux des États-Unis et de la Russie. Or l’annonce récente par Vladimir Poutine de la suspension de la participation russe à ce traité, qui doit expirer en 2026, fragilise davantage l’équilibre mondial de sécurité.

Rien n’indique pour l’instant qu’il y ait des négociations en vue d’un suivi, ce qui signifierait qu’il n’existera plus aucun traité régissant le nombre d’armes nucléaires, déplore, en entrevue, Wilfred Wan, directeur du programme sur les armes de destruction massive pour le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute).

La Russie et les États-Unis possèdent à eux seuls plus de 90 % des forces nucléaires dans le monde. Les sept autres États qui en sont dotés (Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord) développent ou déploient de nouveaux systèmes d’armes, ou ont annoncé leur intention de le faire. Finie, donc, l’ère du désarmement post-guerre froide, observe Wilfred Wan, du SIPRI.

Le nombre d’armes nucléaires dans le monde avait pourtant considérablement diminué ces trois dernières décennies, en passant d’un record d’environ 70 300 en 1986 à une estimation de plus de 12 500 au début de 2023. Aujourd’hui, les États continuent de moderniser leurs forces nucléaires restantes à un rythme soutenu et plusieurs ajoutent de nouveaux types d’armes, selon divers rapports. Des armes plus utilisables sur le champ de bataille, observe M. Wan.

Il rappelle que les risques associés ne s’évaluent pas seulement en nombre de morts, mais aussi en termes d’impact environnemental et social que ces armes peuvent produire – les migrations, les famines causées.

La Chine est en pleine expansion de son arsenal. Le ministère américain de la Défense prévoit que Pékin pourrait disposer d’environ 1500 têtes nucléaires en 2035, selon un rapport publié en 2022, soit plus du triple de son armement actuel évalué à 410 ogives par la Fédération des scientifiques américains (FAS).

La Corée du Nord a intensifié ses essais de missiles, dont le plus inquiétant a eu lieu le 4 octobre, quand elle a effectué un tir balistique au-dessus du Japon. L’Iran continue d’augmenter sa capacité d’enrichissement de l’uranium. L’Inde modernise son arsenal nucléaire, qui compte quelque 160 ogives, tout comme le Pakistan (170).

Quand le recours à une seule ogive peut mener au désastre, c’est surtout l’engagement formel des États à restreindre leurs capacités nucléaires qui importe, plus que le nombre maximal d’armes autorisé, résume le chercheur onusien Pavel Podvig.

Photo: Selon une enquête de la Commission européenne européens, 84 % des répondants sont favorables à la fin du changement d’heure.  Crédit: iStock

90 secondes avant minuit

Pour dépeindre efficacement la gravité actuelle de la situation, un groupe de scientifiques a annoncé en janvier dans le Bulletin of the Atomic Scientists que l’horloge de l’Apocalypse serait avancée de 90 secondes avant minuit. Considérant qu’à minuit, tout explose, l’heure fatidique n’a jamais été aussi proche.

L’ajustement ne repose pas sur des données spécifiques, mais sur le jugement d’experts qui évaluent toute une palette de paramètres. Ils redoutent aujourd’hui les possibilités d’escalade par accident, intention ou erreur de calcul ou que le conflit échappe au contrôle de quiconque. Ils s’inquiètent entre autres de la violation des protocoles internationaux et des risques de la guerre menée sur les sites des réacteurs nucléaires de Tchernobyl et de Zaporijia, en Ukraine.

L’image-choc du décompte, réévalué annuellement depuis 1947, offre un outil de communication accessible pour démocratiser la très technique question du nucléaire conçue pour tenir le public à l’écart, selon Rachel Bronson, PDG du Bulletin.

Son site spécialisé tente d’y remédier. L’opinion publique, mieux informée sur le nucléaire, agira comme une force motrice auprès des décideurs politiques, espère Mme Bronson… dans l’héritage des scientifiques fondateurs du Bulletin qui, ayant contribué à la mise au point des premières armes atomiques, ont cherché à conscientiser les populations sur leurs dangers irréversibles.

C’est aussi la mission que poursuit le secrétaire général de Pugwash à travers le monde : En nucléaire, il n’y a pas de forte probabilité, c’est la probabilité qui compte.

Radio-Canada par Maud Cucchi, illustrations: Mathieu Blanchette

Vatican: Un chapitre caché de la Bible découvert 1500 ans après son écriture

avril 15, 2023

Des scientifiques ont retrouvé une partie inédite de l’Évangile selon Saint Matthieu lors de fouilles aux rayons UV dans la bibliothèque du Vatican.

Un extrait de l'Evangile selon Saint Matthieu a ete decouvert par des scientifiques grace a l'utilisation de rayons UV. (Image d'illustration)
Un extrait de l’Évangile selon Saint Matthieu a été découvert par des scientifiques grace à l’utilisation de rayons UV. (Image d’illustration)© ED JONES / AFP

La Bible n’a pas livré tous ses secrets. Comme le rapporte The Independantdes scientifiques ont découvert un « chapitre secret » du texte saint lors de fouilles aux rayons UV d’un manuscrit de la bibliothèque du Vatican. Cette partie inédite était cachée sous trois couches de textes. Face à cette archive, les scientifiques ont eu une intuition : le parchemin était rare à l’époque et était réutilisé, alors il pouvait renfermer des textes cachés. L’équipe a donc eu le nez creux !

« Cette découverte prouve à quel point l’interaction entre les technologies numériques modernes et la recherche fondamentale peut être productive et importante lorsqu’il s’agit de manuscrits médiévaux », souligne la directrice de l’Institut de recherches médiévales de l’Académie des sciences autrichienne Claudia Rapp.

Le texte découvert est un extrait du chapitre 12 de l’Évangile selon Saint Matthieu. Cette trouvaille offre une « passerelle unique » vers l’époque des premières transmissions textuelles des Évangiles, selon les chercheurs.

Un texte du VIe siècle

D’après les premiers examens scientifiques, le texte découvert a été écrit il y a plus de mille cinq cents ans. « Il n’y a aucun doute qu’il a été produit pas plus tard qu’au VIe siècle », assurent les scientifiques en s’appuyant sur la datation des Évangiles. Il est retranscrit en syriaque, langue étroitement apparentée à l’hébreu et à l’arabe communément utilisée au Proche-Orient entre le 1er millénaire av J.-C. et le XIIe siècle de notre ère. 

Cet extrait va éclaircir les spécialistes du texte sacré sur certains points. « Jusqu’à il y a peu, seulement deux manuscrits étaient connus pour contenir une traduction des Évangiles en vieux syriaque », souligne le chercheur à l’Académie des sciences autrichienne Grigory Kessel. L’un est conservé à la British Library à Londres, l’autre au monastère Sainte-Catherine du Sinaï, en Égypte.

Par Vincent Pic pour Le Point

Menaces de mort sur une anthropologue, le CNRS en service minimum

avril 11, 2023

Le Centre national de la recherche scientifique refuse de prononcer un mot de soutien public en faveur de la chercheuse menacée de mort. Déroutant.

Florence Bergeaud-Blackler a Bruxelles, le 12 janvier 2022.
Florence Bergeaud-Blackler à Bruxelles, le 12 janvier 2022.© Seb Leban pour « Le Point » / SÉBASTIEN LEBAN POUR « LE POINT »

« Mme Bergeaud-Blackler bénéficie de la protection fonctionnelle. » Voilà le seul commentaire que le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a consenti à formuler lorsque Le Point l’a sollicité afin de connaître sa position sur les menaces de mort ciblant l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler. Celle-ci a été placée sous protection policière dans le courant du mois de mars, à la suite de la parution de son livre Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête, aux éditions Odile Jacob, en janvier 2023, avec une préface de Gilles Kepel.

L’ouvrage n’est pas un pamphlet. Personne n’y est insulté. Il s’agit, comme le titre l’indique, d’un éclairage critique sur le dispositif intellectuel et humain déployé par les Frères musulmans pour islamiser l’Europe. « Pendant presque un mois, raconte Florence Bergeaud-Blackler, il n’est rien passé, puis les attaques ont commencé. »

Elles ne viennent pas de trolls agissant sous pseudonymes, mais de personnalités en vue, comme l’avocat Rafik Chekkat, le militant indigéniste belge Souhail Chichah ou le chercheur émérite François Burgat, ex-directeur de recherche du CNRS, figure de l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam), où Florence Bergeaud-Blackler a également travaillé.

L’islamologue François Burgat à l’offensive

Sur son compte Twitter, entre le 25 février et le 7 avril, ce dernier a tweeté ou retweeté 85 messages ciblant explicitement son ex-collègue, avec une pointe à six messages dans la même journée (le 11 mars). « Et encore, il en a effacé », soupire l’intéressée. « Brutale dérive identitaire », « texte ahurissant », « escroquerie intellectuelle », « anti-islamisme obsessionnel », « criminalisation sectaire des courants dits fréristes », Florence Bergeaud-Blackler « en a fini avec l’honnêteté intellectuelle », tonne le chercheur âgé de 75 ans (il n’a pas répondu à nos sollicitations).

Peut-être vaguement conscient qu’il passe les bornes, il tente de se dédouaner en invoquant Pierre Bourdieu : « La critique scientifique doit parfois prendre la forme d’une critique ad hominem. » C’est bien de cela qu’il s’agit. François Burgat martèle que Florence Bergeaud-Blackler « n’a strictement rien lu des auteurs qu’elle calomnie », il dénonce « l’indigence absolue de son argumentation hors sol », mais sans répondre sur le fond.

On veut la faire taire et intimider ceux qui auraient des velléités de parler.Thibault de Montbrial, avocat de Florence Bergeaud-Blackler

Dans son livre, Florence Bergeaud-Blackler le cite 18 fois, notes comprises. Elle critique certaines de ses positions, en particulier son idée assez déroutante de « dissocier l’islamisme de la religion ». Elle relève sa connaissance superficielle des musulmans en France, qui lui vient, dit-il, de « rencontres opérées en marge de conférences ». Elle s’attarde surtout sur son rôle pivot dans le dispositif de propagande frériste.

« François Burgat s’est fait, durant toute sa longue et confortable carrière de fonctionnaire, le porte-parole des intérêts des mouvements islamistes et, depuis sa retraite, du frérisme européen en épousant la thèse de l’islamophobie d’État. » L’accusation ne tombe pas du ciel. François Burgat est codirigeant du Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep), financé par le Doha Institute et Qatar Charity. Cette dernière organisation est régulièrement citée comme soutien des réseaux fréristes partout dans le monde.

Djihadisme d’atmosphère

Impossible de relier les menaces proférées contre Florence Bergeaud-Blackler et la campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux, mais difficile de ne pas faire le lien. Gilles Kepel, lui-même placé sous protection policière en 2016, évoque, dans sa préface, ce qu’il appelle le « djihadisme d’atmosphère ». Comme le relève l’anthropologue Fadila Maaroufi dans une tribune publiée par Atlantico, ceux qui attaquent Florence Bergeaud-Blackler valident paradoxalement ce que dit son livre. Il existe un réseau, aux contours incertains mais à l’agressivité indéniable. « On veut la faire taire et intimider ceux qui auraient des velléités de parler », résume son avocat, Thibault de Montbrial.

À en juger par la réaction du CNRS, le résultat est atteint. Dire que Florence Bergeaud-Blackler bénéficie de la protection fonctionnelle n’est pas une prise de position. C’est un simple rappel d’une réalité réglementaire : les fonctionnaires ont droit à une protection contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes dans l’exercice de leurs fonctions. L’institution fait le service minimum. En d’autres circonstances, elle a pourtant publié des communiqués vibrant d’indignation, contre l’emploi du terme islamogauchisme (février 2021), l’invasion de l’Ukraine (mars 2022), Didier Raoult (juin 2021), Monsanto (mars 2019), etc.

Contactée par Le Point, la tutelle du CNRS a été plus claire. « Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et la ministre Sylvie Retailleau condamnent fermement les menaces de mort subies par madame Bergeaud-Blackler » et rappellent que la recherche doit rester « un terrain de liberté d’expression, de respect de l’autre et donc de respect de la loi ». Une marque directe de soutien et un rappel à des notions élémentaires, c’était apparemment trop demander au CNRS.

Le Point par Erwan Seznec

L’eau de notre planète serait plus vieille que le Soleil

mars 13, 2023

Selon une étude parue dans « Nature », l’eau terrestre était déjà présente dans le nuage de gaz où notre étoile devait encore se former.

Vue d'artiste montrant le disque de formation de planetes autour de la protoetoile V883 Orionis. Dans la partie la plus externe du disque, l'eau est gelee sous forme de glace et ne peut donc pas etre facilement detectee. Une explosion d'energie en provenance de l'etoile naissante chauffe le disque interne a une temperature ou l'eau est a l'etat gazeux, ce qui permet aux astronomes de la detecter.
Vue d’artiste montrant le disque de formation de planètes autour de la protoétoile V883 Orionis. Dans la partie la plus externe du disque, l’eau est gelée sous forme de glace et ne peut donc pas être facilement détectée. Une explosion d’énergie en provenance de l’étoile naissante chauffe le disque interne à une température où l’eau est à l’état gazeux, ce qui permet aux astronomes de la détecter. © European Southern Observatory / ESO/ L. Calçada

S’il n’y avait pas eu d’eau sur Terre, la vie n’y serait très probablement jamais apparue. Il faut dire que ses propriétés facilitent les réactions chimiques comme aucun autre liquide. La question de l’origine de ce précieux fluide, particulièrement abondant sur notre planète, est donc fondamentale pour mieux comprendre d’où nous venons.

Pour tenter de remonter la piste de l’eau terrestre, les scientifiques utilisent sa signature isotopique. En clair, si un élément chimique, comme l’hydrogène de l’eau, correspond à un unique atome, il en existe toutefois plusieurs variétés. Ces variantes, que l’on appelle des isotopes, possèdent des propriétés chimiques quasi identiques, le même nombre de protons et d’électrons, mais un nombre différent de neutrons. De fait, il existe donc deux types d’eau : l’eau ordinaire (H²O), à base d’hydrogène (H) dépourvu de neutron, et l’eau lourde (D²O), faite d’un isotope de l’hydrogène doté d’un neutron, le deutérium (D), bien plus rare.

La signature de l’eau

Dans la nature, les deux sont mélangés, de sorte qu’en mesurant l’abondance respective du deutérium et de l’hydrogène (rapport D/H) on obtient une sorte de signature de l’eau étudiée. C’est ainsi que les scientifiques se sont, par exemple, aperçus que des météorites, les chondrites carbonées, véritables fossiles de la formation du système solaire, incorporent des minéraux hydratés dont l’eau présente un rapport D/H – autrement dit une signature isotopique – très proche de celui de l’eau de nos océans.

Mais en quoi ce rapport D/H est-il particulièrement significatif pour retracer l’origine de l’eau terrestre ? « Pour le comprendre, il faut savoir que tout l’hydrogène et tout le deutérium qui existent dans le cosmos se sont formés au début de l’Univers et qu’on n’en a pas fabriqué depuis. Il s’agit des premiers atomes à partir desquels tous les autres éléments chimiques ont été produits, par fusion nucléaire, dans le cœur des générations successives d’étoiles », nous explique l’astronome et chimiste Cecilia Ceccarelli, chercheuse à l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble. Or on estime qu’il y avait, au début de l’Univers, environ 1 atome de deutérium pour 100 000 atomes d’hydrogène.

Qu’en est-il du rapport D/H de l’eau terrestre ? On y trouve environ 1 atome de deutérium pour 10 000 atomes d’hydrogène, soit dix fois plus : voilà qui n’est pas anodin ! L’eau terrestre a donc subi une transformation qui fait qu’elle contient plus d’eau lourde qu’attendu. Autrement dit, un ou plusieurs processus l’ont enrichie en deutérium. Mais alors, où et quand ?

Un embryon de système solaire

Ces images du disque autour de la protoétoile V883 Orionis, prises par le radiotélescope Alma, montrent la distribution spatiale de l’eau (à gauche, orange), de la poussière (au milieu, vert) et du monoxyde de carbone (bleu, à droite). Comme l’eau gèle à des températures plus élevées que le monoxyde de carbone, elle ne peut être détectée sous forme gazeuse que plus près de l’étoile. L’écart apparent entre les images de l’eau et du monoxyde de carbone est en fait dû à l’émission brillante de la poussière, qui atténue l’émission du gaz.© European Southern Observatory/Ama (ESO/NAOJ/NRAO)/J. Tobin, B. Saxton (NRAO/AUI/NSF)

Une nouvelle étude publiée cette semaine dans la revue Nature vient nettement confirmer ce que les spécialistes de la question, comme l’Italienne Cecilia Ceccarelli, subodorent depuis déjà quelque temps : l’eau que nous buvons, et que les dinosaures ont bue avant nous, s’est formée avant notre propre étoile, dans le nuage de gaz où le Soleil n’était encore qu’en gestation. Elle est donc plus vieille que le Soleil lui-même ! C’est du moins ce que suggèrent des observations réalisées grâce au radiotélescope Alma de l’Observatoire européen austral (ESO), qui ont permis de trouver, en quelque sorte, le chaînon manquant de l’histoire.

En effet, les astronomes ont pu détecter de l’eau à l’état gazeux dans un disque où l’on pense que vont se former des planètes autour de l’étoile naissante (ou protoétoile) V883 Orionis, située à environ 1 300 années-lumière de la Terre. Un objet qui est considéré comme un analogue des premiers instants de la formation de notre propre système solaire. Or non seulement les chercheurs sont parvenus à détecter de l’eau autour de la protoétoile mais ils ont également pu « lire » sa signature isotopique.

Résultat : son rapport deutérium/hydrogène est là aussi étonnamment élevé, encore plus que celui de l’eau terrestre. C’est donc bien dans les nuages de gaz où se forment les étoiles que l’eau des systèmes planétaires est enrichie en deutérium. Elle qui aura peut-être quelque part, comme sur Terre, fait le lit de la vie.

Avec Le Point par Chloé Durand-Parenti

Santé: Africa expo prévue en septembre à Brazzaville

février 23, 2023

La présidente et initiatrice d’Africa santé expo, le docteur en pharmacie Linda Kaboré Bouboutou, a présenté aux acteurs de la santé, le 23 février à Brazzaville, son projet d’organisation d’une exposition des produits pharmaceutiques et de la pharmacopée africaine qui aura lieu du 27 au 29 septembre prochain, à Kintélé.  

Le Dr Linda Kaboré Bouboutou

L’événement, le quatrième  du genre, sera placé sur  le thème « Investir dans la santé pour une Afrique émergente ». Il sera ponctué par des expositions et ateliers. Plusieurs sous-thèmes vont se greffer au sujet principal et seront développés par des experts nationaux et internationaux.

Dans son exposé, l’initiatrice du projet a défini les objectifs de l’activité qui se résument pour l’essentiel à mener les pays africains vers une démarche qualité ; être dans une optique de chaîne de valeurs de l’écosystème de la santé, de la beauté et du bien-être sans oublier de  promouvoir les échanges, les compétences et le savoir-faire dans le cadre d’une coopération Sud-Sud et Nord-Sud en vue de contribuer à l’amélioration de la couverture des besoins des  secteurs médical et pharmaceutique.

En outre, a-t-elle poursuivi, il est également question de créer un cadre propice aux professionnels de santé pour la prospection, la formation et la recherche de partenaires sans oublier la  présentation aux prescripteurs de nouvelles tendances et innovations technologiques dans le domaine de la santé ainsi que l’atteinte de l’autosuffisance de la production pharmaceutique locale, dans le cadre de la Déclaration d’Abidjan relative au développement de l’industrie  pharmaceutique locale et régionale.

Rappelons que le concept « Africa santé expo » a organisé les trois premières éditions à Abidjan, en Côte d’Ivoire. La deuxième, la plus marquante, s’était tenue du 7 au 9 février 2019. Elle était placée sur le thème « La démarche qualité au service du développement des systèmes de santé et du bien-être ».  

Elle avait réuni 7 500 participants provenant de trente-trois pays et des cinq continents. Il y avait eu 85 conférences et ateliers animés par 200 experts nationaux ainsi qu’ internationaux et plus de 1000 personnes dépistées gratuitement.

La troisième s’était déroulée, du 1er au 3 décembre 2022, sous la présidence d’honneur de la première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, sur le thème « Santé, beauté, bien-être : des solutions nouvelles adaptées à l’Afrique ». Cette édition avait rassemblé plus de 200 exposants, 3500 visiteurs de trente pays et 65 conférences et ateliers animés par plus de 100 experts nationaux et internationaux.

Le Dr Linda Kaboré Bouboutou a émis le vœu de voir la réunion de Brazzaville mobiliser plus d’experts de la santé, de visiteurs et d’exposants. Les activités, a-t-elle renchéri, vont commencer par une marche « bleue » au cours de laquelle des personnes seront dépistées gratuitement.

Avec Adiac-Congo par Roger Ngombé

Une comète en visite dans le ciel pour la première fois depuis 50 000 ans

janvier 7, 2023
Un météore traversant le ciel.

La comète C/2022 E3 (ZTF) se dirige actuellement vers le Soleil et atteindra son périhélie, c’est-à-dire son point le plus proche du Soleil, le 12 janvier, selon les calculs des astronomes. Photo : (NASA)/Dan Bartlett

Sa dernière visite remonte à 50 000 ans : la comète « C/2022 E3 (ZTF) », venue des confins du système solaire et découverte récemment, va passer près du Soleil cette semaine et pourrait être visible à l’œil nu fin janvier.

Le petit corps rocheux et glacé, dont le diamètre est estimé à environ 1 km, a été découvert en mars 2022 par le programme de relevé astronomique du ciel Zwicky Transient Facility (ZTF) qui exploite le télescope Samuel-Oschin de l’Observatoire Palomar, en Californie.

Détectée alors qu’elle passait dans l’orbite de Jupiter, la comète se dirige actuellement vers le Soleil et atteindra son périhélie, c’est-à-dire son point le plus proche du Soleil, le 12 janvier, selon les calculs des astronomes.

L’objet céleste se trouvera alors 10 % plus loin du Soleil que ne l’est la Terre (environ 150 millions de km), a précisé Nicolas Biver, de l’Observatoire de Paris-PSL.

Quand une comète se rapproche du Soleil, la glace contenue dans son noyau se sublime et laisse s’échapper une longue traînée de poussière reflétant la lumière du Soleil.

Un objet brillant

C’est cette chevelure brillante qu’on pourra observer de la Terre, à mesure que C/2022 E3 (ZTF) viendra vers nous.

La comète atteindra l’apogée de sa brillance quand elle sera au plus près de la Terre, explique Thomas Prince, professeur de physique à l’Institut de technologie de Californie, qui travaille pour ZTF.

Le phénomène sera cependant moins spectaculaire que lors du passage de ses congénères Hale-Bopp (1997) ou Neowise (2020), bien plus grosses.

L’astre sera facilement repérable avec une bonne paire de jumelles, et même peut-être à l’œil nu pendant une partie de la nuit, sous un ciel sans trop de Lune et exempt de pollution lumineuse.

On peut avoir une bonne surprise et voir un objet deux fois plus brillant que prévu, espère l’astrophysicien Nicolas Biver.

La meilleure fenêtre d’observation devrait être le week-end des 21 et 22 janvier et la semaine qui suivra.

Au cours de cette période, la comète passera entre les constellations de la Petite Ourse et de la Grande Ourse. Avant de plonger dans l’hémisphère Sud et repartir vers les confins du système solaire, son probable berceau.

Selon les modèles actuels, les comètes proviennent de deux réservoirs : la ceinture de Kuiper, au-delà de l’orbite de Neptune, ou le nuage de Oort, vaste zone théorique située jusqu’à une année-lumière du Soleil, à la limite de son champ de gravité.

D’après l’inclinaison du plan de son orbite, il s’agirait d’une comète à longue période provenant initialement du nuage de Oort, selon M. Biver.

Observée par le télescope James Webb

Le visiteur glacé n’en est pas à son premier passage près du Soleil : un précédent voyage l’avait déjà propulsé vers nos contrées, il y a environ 50 000 ans.

La comète était ensuite repartie dans l’autre sens, mais sans aller aussi loin que le nuage de Oort. Cette fois-ci, elle finira probablement par être définitivement éjectée du système solaire.

Son ultime visite sera l’occasion pour les scientifiques de comprendre un peu plus la composition des comètes, notamment grâce aux observations du télescope spatial James Webb.

On va l’observer sous toutes ses coutures. Ça n’est pas la comète du siècle, mais on est contents de pouvoir observer des comètes comme celles-ci tous les [ans ou aux] deux ans, parce qu’on les considère comme des vestiges de la formation du système solaire, explique M. Biver.

Ce visiteur rare apportera des informations sur les habitants de notre système solaire bien au-delà des planètes les plus éloignées, ajoute Thomas Prince.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

États-Unis: La création d’énergie par fusion nucléaire obtenue en laboratoire

décembre 13, 2022
Pour créer un allumage par fusion nucléaire, l'énergie laser est convertie en rayons X à l'intérieur du hohlraum, qui compriment ensuite une capsule de combustible jusqu'à ce qu'elle implose, créant ainsi un plasma à haute température et à haute pression.

Pour créer un allumage par fusion nucléaire, l’énergie laser est convertie en rayons X à l’intérieur d’un hohlraum, qui comprime ensuite une capsule de combustible jusqu’à ce qu’elle implose, créant ainsi un plasma à haute température et à haute pression. Photo: LLNL

Des chercheurs américains du Laboratoire national Lawrence Livermore (LLNL) en Californie sont pour la première fois parvenus à produire un gain net d’énergie grâce à la fusion nucléaire de deux isotopes d’hydrogène pour former de l’hélium, produisant au passage une immense quantité d’énergie.

La secrétaire américaine de l’Énergie, Jennifer Granholm, l’a annoncé mardi en compagnie des scientifiques du LLNL. Elle a qualifié la réalisation d’historique, qui rapproche le monde de la possibilité de créer une énergie de fusion abondante sans carbone.

Il a fallu des générations de personnes pour atteindre cet objectif. C’est une étape scientifique importante et c’est aussi une merveille d’ingénierie, a ajouté l’ingénieure Arati Prabhakar, directrice du Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison-Blanche.

Les scientifiques tentent depuis plus de 50 ans de créer de l’énergie grâce à la fusion nucléaire, dans le but d’en faire une source d’énergie plus propre.

Elle pourrait un jour permettre à l’humanité de rompre sa dépendance aux énergies fossiles, responsables du réchauffement climatique. Autre avantage : elle ne crée pas de déchets radioactifs, contrairement à la fission nucléaire.

Un hohlraum est un dispositif de laboratoire destiné à produire un rayonnement qui absorbe parfaitement toute l'énergie électromagnétique qu'il reçoit.

Un hohlraum est un dispositif de laboratoire destiné à produire un rayonnement qui absorbe parfaitement toute l’énergie électromagnétique qu’il reçoit. Celui-ci abrite le type de cible cryogénique utilisé pour réaliser la percée du 5 décembre 2022. Photo : LLNL

La fusion est différente de la fission, technique utilisée dans les centrales nucléaires actuellement qui consiste à casser les liaisons de noyaux atomiques lourds pour en récupérer l’énergie.

Le gain d’énergie net a longtemps été un objectif insaisissable, car la fusion se produit à des températures et des pressions si élevées qu’elle est incroyablement difficile à contrôler.

Cette réaction nucléaire est celle qui alimente les étoiles, dont notre Soleil. Grâce aux conditions de chaleur et de pression extrêmes qui y règnent, les atomes d’hydrogène fusionnent pour former de l’hélium, produisant au passage une immense quantité d’énergie.

Sur Terre, ce processus peut être obtenu à l’aide de lasers ultrapuissants.

Au LLNL, pas moins de 192 lasers sont pointés vers une cible aussi petite qu’un dé à coudre, où sont placés les atomes légers d’hydrogène à fusionner.

Les scientifiques ont ainsi produit environ 2,5 mégajoules d’énergie, soit une augmentation d’environ 20 % par rapport aux 2,1 mégajoules utilisés par les lasers.

La production d’énergie pour alimenter les maisons et les entreprises à partir de la fusion nucléaire n’est pas pour demain, mais les chercheurs soulignent qu’il s’agit néanmoins d’une étape importante d’un processus qui devrait se développer dans les prochaines décennies.

Par Radio-Canada avec les informations de Associated Press et Agence France-Presse