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Edouard Mendy, Ons Jabeur, Iron Biby… Les dix sportifs africains qui ont marqué 2021

décembre 26, 2021
Le Sénégalais Édouard Mendy, le Burkinabè Iron Biby et la Tunisienne Ons Jabeur ont particulièrement brillé en 2021. © Montage JA : Mark J. Terrill/AP/SIPA – OLYMPIA DE MAISMONT / AFP – Andrea Staccioli / Insidefoto/SIPA

2022 sera une année sportivement très riche, avec notamment la Coupe d’Afrique des nations au Cameroun et la Coupe du monde au Qatar. Malgré les aléas sanitaires, l’année écoulée a tout de même réservé de belles surprises et vu certains athlètes confirmer leur statut.

L’année sportive qui s’achève a surtout été marquée par les Jeux olympiques de Tokyo, reportés d’un an en raison de l’épidémie de Covid-19. Sur le sol japonais, plusieurs athlètes du continent ont brillé, en remportant la médaille d’or à la surprise générale, à l’instar du jeune nageur tunisien Ahmed Hafnaoui. On retiendra également les performances de sa compatriote Ons Jebeur (tennis), celles des footballeurs Édouard Mendy, Riyad Mahrez et Mohamed Salah, ou encore que l’homme le plus fort du monde – Cheikh Ahmed Al-Hassan Sanou – est burkinabè.

Édouard Mendy (football/Sénégal)

En 2016, Édouard Mendy n’était que le numéro 3 dans la hiérarchie des gardiens de l’Olympique de Marseille. À 29 ans, le Sénégalais est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du monde à son poste. Révélé à Reims puis à Rennes, il évolue depuis l’été 2020 à Chelsea (Angleterre), et il s’est rapidement imposé au sein de l’effectif du prestigieux club londonien, avec qui il a remporté la Ligue des champions au mois de mai dernier face à Manchester City (1-0).

Son absence parmi les 30 nominés pour le Ballon d’Or a surpris et même choqué ses plus fervents partisans. Mendy s’est – un peu – consolé en étant élu au mois de décembre footballeur sénégalais de l’année devant Sadio Mané. Il vise désormais le titre de champion d’Afrique, lors de la CAN 2021 qui aura lieu au Cameroun (9 janvier-6 février).

Riyad Mahrez (football/Algérie)

Il a remporté avec Manchester City le championnat et la Coupe de la Ligue, mais pas la Ligue des champions, le seul trophée d’envergure qui manque au palmarès des Citizens, après une défaite en finale face à Chelsea (0-1).

Mais Riyad Mahrez (30 ans) peut être satisfait de son bilan collectif et personnel. Brillant avec son club, dont l’objectif avoué est de dominer l’Europe, il l’a également été avec l’Algérie, qui défendra son titre continental lors de la CAN au Cameroun, avant de tenter de se qualifier pour la Coupe du monde 2022 au Qatar. Les 8 buts qu’il a inscrits en sélection nationale en 2021 et l’influence grandissante du capitaine des Fennecs font de lui l’un des meilleurs milieux offensifs droit du monde.

Mohamed Salah (football/Égypte)

Non, Mohamed Salah n’a rien gagné avec Liverpool en 2021. Mais l’attaquant égyptien (29 ans), qui a tout de même obtenu quelques distinctions individuelles en Angleterre et a terminé 7au classement du Ballon d’or, a réalisé une saison de très haut niveau.

Avec l’Égypte, il s’est qualifié pour la CAN 2021 et le dernier tour des éliminatoires de la Coupe du monde 2022. Ses statistiques – buts et passes décisives – sont impressionnantes et le Pharaon brille au sein d’une équipe réputée pour pratiquer l’un des meilleurs football d’Europe.

Les Reds, où il émarge à 12 millions d’euros par an, souhaitent le conserver, et sont prêts à lui proposer un contrat assorti d’une substantielle revalorisation salariale, alors que le Paris-SG et le FC Barcelone sont intéressés par un joueur dont la valeur marchande est estimée à 100 millions d’euros.

Tatjana Schoenmaker (natation/Afrique du Sud)

Si l’Afrique du Sud a fait parler d’elle lors des Jeux olympiques de Tokyo, elle le doit beaucoup à la jeune nageuse Tatjana Schoenmaker  (24 ans). Elle a d’abord remporté la médaille d’argent sur 100 mètres brasse, puis l’or sur 200 mètres brasse. Des performances qui ont eu un gros retentissement dans son pays et qui lui ont valu d’être félicitée en personne par Cyril Ramaphosa, le président de la République. La discrète athlète sud-africaine a également été nominée pour le titre de personnalité sportive africaine de l’année 2021 par la BBC.

Makrem Ben Romdhane (basket/Tunisie)

Le colosse tunisien (2,06 m, 107 kg), qui aura 33 ans en mars prochain, est l’un des joueurs africains les plus titrés de l’histoire. Le pivot des Aigles de Carthage et du club portugais de Benfica, surnommé le Gladiateur, est devenu champion d’Afrique en septembre dernier, à Kigali. Makrem Ben Romdhane, qui avait déjà gagné l’Afrobasket en 2021 et 2017, a été élu meilleur joueur du tournoi.

La Tunisie y a réussi un parcours parfait du début à la fin en battant successivement la Guinée, l’Égypte, la Centrafrique, le Soudan et le Cap Vert, avant de s’imposer en finale contre la Côte d’Ivoire (78-75), et son expérimenté pivot – il a notamment évolué en Espagne et en France – a joué un rôle prépondérant.

Iron Biby (haltérophilie/Burkina Faso)

L’homme le plus fort du monde serait donc burkinabè. De son vrai nom Cheikh Ahmed Al-Hassan Sanou (29 ans), celui que l’on surnomme Iron Biby depuis sa victoire à une compétition de dynamophilie à l’âge de 21 ans, peut se prévaloir de ce titre grâce à la performance accomplie à Glasgow (Écosse), le 18 septembre dernier, lors des Giants 2021.

Ce jour-là, le natif de Bobo Dioulasso a soulevé 229 kg lors du concours de log lift, un sport de force proche de l’haltérophilie. Cette montagne de muscles – 1,90 m, 155 kg – n’est pas seulement une force de la nature : il a également réussi de brillantes études universitaires à l’Université de Moncton (Canada), où il a décroché un master en administration des affaires.

Soufiane El-Bakkali (athlétisme/Maroc)

Depuis quelques années, ce spécialiste du demi-fond avec obstacles s’approchait régulièrement de la plus haute marche du podium. Quatrième aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016, troisième aux Championnats du monde de Doha (Qatar) trois ans plus tard, Soufiane El-Bakkali a attendu les JO de Tokyo, le 2 août dernier, pour réussir la plus belle performance de sa jeune carrière, puisqu’il n’est âgé que de 25 ans.

Le Marocain a en effet mis fin à la domination sans partage des athlètes kényans dans cette discipline depuis 1984 pour offrir à son pays une médaille d’or, la première en athlétisme depuis celle d’Hicham El Guerrouj, double champion olympique en 2004 à Athènes sur 1 500 et 5 000 mètres.

Ons Jabeur (tennis/Tunisie)

Le 1er novembre dernier, la Tunisienne (27 ans) a obtenu son meilleur classement WTA, en s’installant à la 7place mondiale. Une récompense logique pour Ons Jabeur, qui a remporté en 2021 en simple le tournoi de Birmingham et en double ceux de Charleston et Chicago. Elle a également atteint les quarts de finale à Wimbledon et les 8de finale à Roland-Garros.

Seule ombre au tableau d’une année très réussie, son élimination dès le premier tour des Jeux olympiques de Tokyo par l’Espagnole Carla Cavarro, alors qu’elle visait le podium. La droitière, qui joue sans doute le meilleur tennis de sa vie, est même devenue l’athlète la plus populaire dans un pays où le football – un sport qu’elle apprécie – est pourtant roi…

Peres Jepchirchir (athlétisme/Kenya)

Remporter la même année une médaille d’or olympique et le marathon de New York – le plus prestigieux du monde – en plaçant une accélération décisive à Central Park, la Kényane Peres Jepchirchir (28 ans) l’a fait.  Elle a également réalisé un meilleur temps sur le sol américain (2 : 22 : 39) que sur celui du Japon (2 : 27 : 20). Ces succès dans des courses de fond mythiques, intervenus après d’autres certes moins clinquants mais tout aussi révélateurs de son talent, font d’elle la numéro 1 mondiale de sa spécialité.

Ahmed Hafnaoui (natation/Tunisie)

Les champions olympiques âgés de 18 ans sont rares. Et souvent inattendus. Le Tunisien Ahmed Hafnaoui, qui a fêté son dix-neuvième anniversaire le 4 décembre dernier, est devenu à Tokyo le deuxième nageur tunisien à monter sur la plus haute marche du podium après Oussama Mellouli, médaillé d’or en 2008 à Pékin et 2012 à Londres. Hafnaoui s’est imposé contre toute attente lors de la finale du 400 mètres nage libre en devançant l’Australien Jack Mc Loughlin et l’Américain Kieran Smith.

Le Tunisien a confié peu après la finale avoir eu du mal à croire à sa victoire. « Je ne pensais pas pouvoir gagner l’or », a-t-il expliqué. Le natif de Metlaoui, qui vit toujours chez ses parents, est devenu une véritable star dans son pays, où il a reçu les insignes de grand officier de l’Ordre tunisien du mérite.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

Algérie : le trafic de migrants vers l’Espagne a généré près de 60 millions d’euros en 2021

novembre 4, 2021
Deux clandestins algériens conduits par un policier espagnol à un Centre d’assistance temporaire pour étrangers, à Almeria, le 16 octobre 2021. © JORGE GUERRERO/AFP

Une véritable industrie. Depuis plusieurs mois, les arrivées d’embarcations de migrants algériens en Espagne se multiplient. Un trafic qui s’est professionnalisé, générant des millions d’euros de bénéfices sur le dos des candidats au départ.

Tolérance zéro. C’est la politique que les autorités espagnoles ont décidé d’adopter à l’égard des migrants clandestins pour tenter d’endiguer les vagues successives de harragas qui arrivent en provenance des côtes ouest de l’Algérie depuis plusieurs mois.

Mardi soir, un navire de la compagnie Trasmediterránea a quitté le port d’Almeria en direction d’Oran avec à son bord une centaine de migrants qui avaient été détenus pendant plus d’un mois dans des centres de rétention à Madrid, Valence et Barcelone. D’autres expulsions devraient suivre dans les prochaines semaines.

PRÈS DE 10 000 ALGÉRIENS SONT ENTRÉS CLANDESTINEMENT SUR LE TERRITOIRE ESPAGNOL EN 2021

Face à un phénomène qui a pris une ampleur inédite depuis le début de l’été, le gouvernement espagnol a donc décidé d’agir. Il s’active pour le rapatriement des migrants récemment arrêtés ou interceptés, et le transfert des clandestins dans des centres de rétention répartis à travers le territoire espagnol. La tâche se révèle ardue dans la mesure où la quasi-majorité des clandestins arrivant des côtes algériennes ne possèdent pas de pièce d’identité, ce qui complique leur expulsion vers leur pays d’origine.

Un autre front a été ouvert par les autorités, celui-là contre les réseaux criminels opérant sur l’axe Dellys-Mostaganem-Oran avec des complicités dans le sud de l’Espagne. Selon un document interne des autorités espagnoles que l’AFP a consulté, près de 10 000 Algériens sont entrés clandestinement sur le territoire espagnol depuis le début de l’année.

Navires plus performants

Ce chiffre ne tient pas compte des personnes qui ont pu échapper aux autorités portuaires. Au cours des mois de septembre et d’octobre, les services de sécurité algériens ont intercepté 1 793 harragas alors qu’ils tentaient de rejoindre les côtes espagnoles. En 2020, le bilan des entrées de clandestins en provenance d’Algérie dans les ports d’Almeria, Murcie et Alicante s’était établi à 11 500 personnes.

En raison des conditions climatiques clémentes, des dizaines de bateaux, de plus en plus performants, partent quotidiennement des plages de l’ouest algérien. L’époque où les harragas embarquaient sur des rafiots, des chalutiers, des bateaux pneumatiques ou de vieux esquifs semble révolue, laissant ainsi place à une industrie de la migration dirigée et contrôlée par des réseaux trans-méditerranéens.

Une récente enquête de l’Unité contre l’immigration irrégulière (UCRIF) de la police espagnole révèle que ces vagues successives de clandestins visent la saturation, le débordement et l’effondrement des services publics de sauvetage, d’interception, d’assistance humanitaire et sanitaire ainsi que d’accueil des migrants.

Car le dérèglement de ses structures permettrait à ces organisations criminelles d’acheminer un nombre croissant de migrants et de générer de plus en plus de revenus. L’enquête a également établi que ces réseaux disposent aujourd’hui d’une flotte de « bateaux-taxis », des embarcations dotées de puissants moteurs de 200 à 300 chevaux permettant de gagner rapidement les côtes espagnoles et d’effectuer plusieurs rotations par semaine.

CERTAINS VOYAGEURS VONT JUSQU’À DÉBOURSER 1 MILLION DE DINARS POUR LA TRAVERSÉE

Des écoutes effectuées par la police espagnole sur les téléphones portables de plusieurs trafiquants ont mis en lumière l’existence d’un réseau algéro-espagnol spécialisé dans l’achat et la livraison en Algérie de bateaux achetés auprès de fournisseurs espagnols.

Au cours des dernières semaines du mois d’octobre, la police espagnole a effectué des descentes dans les structures d’accueil de l’îlot d’Escombreras, dans la baie de Carthagène, pour enquêter auprès des migrants sur ce vaste réseau.

Renchérissement

Six personnes, âgées de 18 à 35 ans, ont été arrêtées et inculpées pour crimes liés à l’immigration clandestine. Les prévenus ont accepté de coopérer avec la justice pour identifier les passeurs et leurs acolytes qui opèrent entre les deux rives.

L’acquisition de ces vedettes rapides et modernes a induit une hausse du prix de la traversée. Le coût d’une place sur un bateau s’élève aujourd’hui à plus de 800 000 dinars (environ 5 000 euros). Établi en fonction du poids et de la taille du voyageur clandestin, ainsi que des conditions météo, ce tarif peut être revu à la hausse. Certains voyageurs vont jusqu’à débourser 1 million de dinars (6 300 euros).

La réussite de la traversée de milliers de migrants agit comme un appel d’air pour les candidats qui souhaitent partir… et provoque le renchérissement du prix du voyage. Le trafic génère des fortunes qui permettent aux membres du réseau d’investir davantage dans ces bateaux et de verser des commissions substantielles aux complices.

Selon les estimations effectuées par JA, le commerce de la migration clandestine a généré plus de 60 millions d’euros au profit des réseaux de passeurs depuis le début de l’année 2021.

Avec Jeune Afrique par Farid Alilat