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Algérie : l’ex-président Bouteflika inhumé avec moins d’honneurs que ses prédécesseurs

septembre 19, 2021
Le convoi transportant la dépouille de l’ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika, dimanche 19 septembre 2021.

L’ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika a été inhumé dimanche au carré des martyrs du cimetière d’El Alia à Alger, réservé aux héros de la guerre d’indépendance, mais il a eu droit à bien moins d’honneurs que ses prédécesseurs.

Chassé du pouvoir en 2019 après 20 ans à la tête de l’Algérie, Abdelaziz Bouteflika s’est éteint vendredi à l’âge de 84 ans dans sa résidence médicalisée de Zeralda dans l’ouest d’Alger.

Le cortège funèbre est arrivé au cimetière d’El Alia, après avoir parcouru une trentaine de km depuis Zeralda. La dépouille a été portée sur un affût de canon tiré par un véhicule blindé couvert de fleurs.

Aux côtés de membres de la famille, le président Abdelmadjid Tebboune, qui fut Premier ministre sous Bouteflika, les ministres et des diplomates étrangers étaient présents au cimetière, selon les médias.

Signe d’un certain embarras officiel, l’exposition de la dépouille initialement prévue pour un hommage des dignitaires et du grand public au Palais du peuple d’Alger, a été annulée, selon des sources concordantes.

Les corps des prédécesseurs de Bouteflika et même son ex-chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah ont tous été exposés dans ce bâtiment d’apparat avant d’être enterrés.

Le ministre des Moudjahidine (les anciens combattants), Laïd Rebigua, a prononcé l’oraison funèbre de celui qui fut aussi, dans les années 1970, un flamboyant chef de la diplomatie algérienne pendant 14 ans.

La dépouille d’Abdelaziz Bouteflika a ensuite été mise en terre au carré des Martyrs où reposent ses prédécesseurs, aux côtés des figures de la guerre d’indépendance (1954-1962).

« La mort d’un simple quidam » ?

Affaibli et aphasique depuis son AVC en 2013, l’ex-président avait été contraint à la démission le 2 avril 2019, sous la pression des manifestations massives du mouvement pro-démocratie Hirak contre son intention de briguer un 5e mandat consécutif.

Au terme de plusieurs heures de flottement sans réaction officielle, M. Tebboune, au pouvoir depuis fin 2019, avait fini par décréter samedi la mise en berne du drapeau national et un deuil de trois jours pour honorer « le moudjahid Abdelaziz Bouteflika ».

Ces atermoiements illustrent, selon les observateurs, des craintes de manifestations hostiles contre un ex-président à l’image ternie.

« Franchement, j’ai mieux à faire que de m’intéresser aux obsèques d’un président qui a laissé le pays dans un état lamentable. Je préfère m’occuper de mes oiseaux », a déclaré dimanche Farès, 62 ans, un retraité des finances qui habite à Alger.

Pour Islam, 45 ans, postier dans la capitale, « cet enterrement est un non-événement. Autour de moi, personne n’en parle en tout cas. C’est comme s’il s’agissait de la mort d’un simple quidam, qui n’a jamais été président. Les Algériens donnent l’impression d’avoir oublié Bouteflika, d’avoir tourné la page de son règne ».

« Enormément de haine »

« Il y a énormément de haine autour de la figure de Bouteflika sur les réseaux sociaux », a indiqué Isabelle Werenfels, chercheuse suisse spécialiste du Maghreb à l’institut allemand SWP.

Cela a rendu les décideurs actuels « nerveux » sur l’organisation des obsèques, selon elle, car « parmi les élites politiques, économiques et administratives, il y a un nombre assez important de personnes qui sont des produits ou des profiteurs de l’ère Bouteflika ».

Tous les anciens chefs d’État ont eu droit à des funérailles solennelles et huit jours de deuil national, à l’instar du premier président de l’Algérie indépendante Ahmed Ben Bella (1963-1965) et du troisième chef d’Etat Chadli Bendjedid (1979-1992), tous deux décédés en 2012.

Sans parler des funérailles grandioses du mentor de Bouteflika, l’ex-président Houari Boumedienne (1965-1978), marquées en 1978 par le tir de cent coups de canon et qui rassemblèrent des centaines de milliers de personnes.

Après l’annonce du décès du président déchu vendredi par une simple brève lue à la télévision nationale, les médias officiels lui ont réservé un traitement minimaliste.

Le puissant chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, un ancien ministre sous Bouteflika, a lui attendu jusqu’à dimanche pour transmettre ses condoléances à la famille.

À l’étranger, le roi du Maroc Mohammed VI a adressé un message de « compassion » à M. Tebboune, en dépit de fortes tensions entre les deux pays.

Par Jeune Afrique avec AFP

Abdelaziz Bouteflika, un destin algérien contrasté

septembre 17, 2021

NÉCROLOGIE. De l’ex-président, on retiendra un parcours contrasté à l’image d’un destin personnel et politique marqué par une quête perpétuelle de pouvoir absolu. 

La quete du mandat de trop, le 5e, a precipite la fin de la presidence d'Abdelaziz Bouteflika dans le chaos.
La quête du mandat de trop, le 5e, a précipité la fin de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika dans le chaos.© DR

Fortement poussé à la démission par la rue algérienne déterminée à en finir avec un « système » qui a étouffé le pays durant la majeure partie des années qui ont suivi l’indépendance en 1962, Abdelaziz Bouteflika pourra difficilement se départir dans la postérité de l’image d’un homme accroché au pouvoir jusqu’à la caricature. Son image d’homme au regard hagard, sur un fauteuil roulant, pouvant à peine articuler des mots audibles pour ses interlocuteurs ne manquera pas de marquer les esprits de ceux qui visiteront l’histoire de l’Algérie de ce début de XXIe siècle, dont il faudra retenir une gouvernance marquée au fer rouge par un système politico-militaro-affairiste qui a tenaillé le pays dans une étreinte de corruption et de fuite en avant économique. Pourtant, tout aurait pu être différent pour ce jeune Algérien né le 2 mars 1937 à Oujda, dans l’Oriental marocain frontalier de l’Algérie.

Un premier pied dans l’histoire de l’Algérie auprès de Boumédiène 

C’est quand il est encore étudiant qu’en 1956, à 19 ans, il s’engage dans les rangs de l’ALN (Armée de libération nationale). C’est là qu’il rencontre Houari Boumédiène, alors responsable de l’armée des frontières côté marocain. Il devient son secrétaire particulier et son bras droit. Il ne le quittera plus jamais. Après l’indépendance, il est nommé ministre de la Jeunesse et du Tourisme d’Ahmed Ben Bella en 1962 avant de prendre le portefeuille des Affaires étrangères en 1964. Boumédiène le confirme dans sa fonction en s’installant au pouvoir en juin 1965. Car Bouteflika, membre important du « groupe d’Oujda », comme on appelait les proches de Boumédiène, a participé au putsch du ministre de la Défense contre le premier président algérien Ahmed Ben Bella. À la tête de la diplomatie algérienne, Bouteflika brille et hisse l’Algérie au firmament des pays du tiers monde qui comptent lorsque l’Algérie prend la présidence du groupe des Non-Alignés en 1973. À la mort de Boumédiène, en décembre 1978, il s’estime, en fils putatif, son successeur légitime. Erreur. L’armée lui préfère le colonel Chadli Bendjedid qu’elle considère comme plus malléable.

La traversée du désert 

Voilà qui ne va pas faciliter la suite du parcours du flamboyant ex-chef de la diplomatie algérienne, d’autant qu’il est rattrapé par l’affaire de détournement des reliquats budgétaires des ambassades. De quoi le faire tomber en disgrâce et d’être obligé de s’exiler dès 1981 à Paris, puis à Genève et aux Émirats arabes unis. C’est le début de sa traversée du désert. Elle sera longue et, selon ses détracteurs, Bouteflika ne le pardonnera jamais, ni aux décideurs de l’époque ni au pays. 1989 : retour au pays. Bouteflika entre au comité central du FLN et ne rate aucune des réunions de cette instance du parti unique. C’est un moment compliqué pour lui. Selon des témoignages, « il est alors perçu comme un personnage peu fréquentable. On l’évite ». Ceci expliquera que les rares Algériens, dans les sphères politique et économique, qui auront reconnu en lui un fin politicien bénéficieront plus tard de ses largesses.

Le retrait volontaire

En 1994, à la fin du mandat du Haut Comité d’État, mis en place après l’assassinat de Mohamed Boudiaf, l’armée lui offre enfin le poste de président de la République. L’ex-ministre des Affaires étrangères connaît l’influence des militaires à l’époque. Il sait aussi les difficultés que traverse son pays en proie à une guerre civile et dont la situation politique, économique et sécuritaire est catastrophique. Il demande à ses interlocuteurs de réfléchir. Le voilà reparti en Suisse d’où il décline l’offre qui lui a été faite.

Le tournant de 1998

Même hors d’Algérie, Bouteflika garde l’œil sur le pays qui est en plein dans sa décennie noire, qui a déjà fait 200 000 morts. En 1998, le président Liamine Zéroualdémissionne. Bouteflika est de nouveau sollicité. Face à des militaires politiquement aux abois, il est cette fois-ci plus rassuré, et ce, d’autant que la situation économique a des chances de s’améliorer parallèlement à la vie politique qui ouvre une séquence « élection ». Le voilà donc qui accepte l’offre qui lui est faite et entre en campagne. Fait important : les six candidats, dont Hocine Aït Ahmed et Louisa Hanoune, se retirent de la course pour protester contre la fraude durant les premières opérations de vote. Interrogé par la télévision française sur le sujet, Bouteflika évoque une décision « inexplicable ». « Par rapport aux enjeux de la République, c’est une absence totale de maturité », ajoute-t-il. Il n’exclut alors pas son retrait s’il n’a pas un soutien « franc et massif » du peuple algérien. « Si je n’ai pas un soutien franc et massif du peuple algérien, je considère qu’il doit être heureux dans sa médiocrité et après tout je ne suis pas chargé de faire son bonheur bien malgré lui », lâche-t-il.

1999 : le premier mandat 

« Bouteflika a une personnalité complexe et compliquée. L’homme est éminemment narcissique et revanchard. Il se voyait comme le président élu au sens religieux du terme [qui devait succéder naturellement à Houari Boumédiène, NDLR] », pense le sociologue Zoubir Arous. Quoiqu’il en soit, Bouteflika va jusqu’au bout et est élu à la tête du pays le 15 avril 1999 avec 73,8 % des voix. Fraîchement élu, il doit assumer les conséquences politiques du printemps noir de la Kabylie et ses 126 morts qui ne manquent pas d’écorner l’image qu’il a mise en avant de président venu réconcilier les Algériens.

Ce second mandat que l’on n’attendait pas

Arrive 2003. Une partie des personnalités influentes s’oppose à sa volonté de briguer un second mandat. Le général Mohamed Lamari, tout puissant chef d’état-major depuis 1993, s’exprime pour le changement. Il soutient discrètement le chef de gouvernement et ancien directeur de campagne de Bouteflika, Ali Benflis, qui se présente aux élections. « Pour cette partie [des décideurs, NDLR], Bouteflika devait être juste une parenthèse », indique le sociologue Nacer Djabi. Le fin manœuvrier qu’était Bouteflika ne l’a pas entendu de cette oreille et s’est fait réélire pour un second mandat, notamment grâce au soutien du patron de la Direction de renseignement et de sécurité (DRS), le général Mohamed Médiène, dit Toufik. Il rafle près de 85 % des suffrages. Conséquence : le général Mohamed Lamari démissionne quelques mois après la réélection d’Abdelaziz Bouteflika et est remplacé par le général Ahmed Gaïd-Salah. C’est le moment choisi pour proposer son projet de charte pour la réconciliation nationale. Le texte qu’il propose passe mal auprès d’une partie de l’opinion algérienne, qui voit d’un très mauvais œil que des islamistes, auteurs d’exactions pendant la Décennie noire, soient amnistiés. C’est le moment où l’odeur du Nobel de la paix rôde autour de lui. C’était sans compter avec la nature qui est venue se rappeler au président, qui doit de plus en plus se préoccuper de sa santé. 

2005 : les problèmes de santé s’en mêlent

À la suite d’un ulcère à l’estomac, Bouteflika est transféré à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, en novembre 2005. Officiellement, il doit se faire opérer. Plus tard, par le biais des télégrammes de la diplomatie américaine diffusés par WikiLeaks, on apprendra qu’il s’agissait en fait d’un cancer de l’estomac. De retour en Algérie en décembre, il poursuit normalement son mandat. En 2007, il échappe de justesse à un attentat terroriste à Batna. Le voilà qui diminue ses sorties sur le terrain ainsi que les bains de foule qu’il apprécie pourtant particulièrement. Parallèlement, les mesures de sécurité sont renforcées autour de lui. La question de la suite est néanmoins posée, car il en est quand même à deux mandats, le maximum prévu par la Constitution à ce moment-là.

Révision constitutionnelle et manne pétrolière : les astuces pour durer

C’est le moment où l’obsession du pouvoir de Bouteflika s’affiche au grand jour. En 2008, il impose une révision de la Constitution, sans passer par un référendum. L’article de loi qui ne prévoit que deux mandats consécutifs à la tête de l’État doit être supprimé. L’opposition dénonce une violation de la constitution, mais le président peut toujours compter sur le soutien du général Toufik. La révision de la Constitution est validée par le Parlement. Conséquence : Bouteflika peut ainsi se faire réélire pour un troisième mandat en avril 2009.

Près de deux ans plus tard, il doit faire face à des manifestations sans précédent depuis son retour au pays en 1999. C’est le début du printemps arabe. Pour tenir face à ce puissant vent de contestation, il choisit de jouer à fond la carte de la manne pétrolière. Des fonctionnaires dans plusieurs secteurs bénéficient d’augmentations conséquentes tout au long de l’année. De quoi tenir jusqu’au discours de Sétif prononcé en mai 2012, dans lequel il assure que sa génération « a fait son temps ». Les « jeunes doivent prendre le témoin », dit-il. « Les gens qui ont libéré le pays vous disent que nous n’avons plus la force de continuer », poursuit-il. Le voilà donc qui envoie au pays le signal d’un départ prochain…

Avant le 4e mandat, une manœuvre de plus

La voie serait donc ouverte pour un changement à la tête de l’État ? En apparence seulement, car la suite va révéler qu’il s’agissait là d’une manœuvre de plus. La soif de pouvoir encore. L’objectif était ici, au-delà de neutraliser les opposants au troisième mandat, de repérer ceux qui seraient contre le quatrième. Le message était donc surtout à l’endroit des décideurs qui auraient pu lui mettre des bâtons dans les roues. « Il voulait mourir président. Il est convaincu que l’Algérie, c’est lui. Souvenez-vous de ce qu’il disait il y a quelques années », rappelle Zoubir Arous. C’était au moment de la tenue du Forum de Crans Montana dans son intervention sur une télévision suisse : « Je suis le président du peuple algérien et aucune institution de la République, fut-elle l’armée nationale populaire, ne peut faire une bouchée de moi. Je suis l’Algérie tout entière. Je suis l’incarnation du peuple algérien. Alors dites aux généraux de me bouffer s’ils peuvent le faire », a-t-il lâché devant la caméra. Une parole à usage interne prononcée sur un média étranger car, faut-il le rappeler, l’ex-président algérien n’aura accordé aucun entretien à une télévision (même publique) ou un journal algérien durant ces quatre mandats. L’illustration dans le meilleur des cas d’une mésestime profonde. 

On le voit, pour se maintenir au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika a pensé à tout, mais il ne pouvait évidemment pas prévoir son AVC, qui change sa donne présidentielle. En avril 2013, c’est encore au Val-de-Grâce qu’il est amené d’urgence. Un séjour prolongé par quatre mois de convalescence à l’hôpital des Invalides. Il ne s’en remettra jamais complètement. Il est donné pour mort à plusieurs reprises avant de rentrer au pays sur un fauteuil roulant. On le croit prêt à quitter le pouvoir, mais la suite va montrer combien l’homme s’accroche au pouvoir.

2014 : le ménage dans les services de renseignements…

Bouteflika entame une vaste opération de restructuration des services de renseignements, dont le patron, le général Toufik, serait contre un éventuel quatrième mandat. Ce sont aussi ces services qui ont lancé dès 2010 plusieurs enquêtes sur la corruption, notamment au sein de la Sonatrach. Des figures du clan présidentiel sont concernées, comme Chakib Khelil. En août 2013, l’ancien ministre de l’Énergie et des membres de sa famille ont même fait l’objet de mandats d’arrêt internationaux lancés par le parquet d’Alger dans le cadre de l’affaire dite de Sonatrach 2. Jusqu’au début 2014, la candidature de M. Bouteflika à un quatrième mandat n’était pas encore une certitude. Les interrogations tournaient autour du successeur qu’il aurait choisi.

… pour préparer le 4e mandat

Il met fin au suspense en février quand il demande à son Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui se voyait sans doute comme potentiel successeur, d’annoncer la nouvelle de sa candidature depuis Oran. Il n’animera aucun meeting. Pour sa campagne, il peut compter sur les chefs des partis de l’alliance présidentielle et ses anciens Premiers ministres. Des manifestations contre ce quatrième mandat sont organisées. Celles-ci ne sont pas imposantes. Mais pour les Algériens, c’était déjà le mandat de trop. Sans aucune surprise, Abdelaziz Bouteflika est réélu pour un quatrième mandat avec 81,53 % des voix. Il arrive péniblement à prêter serment et prononce une brève allocution qu’il n’achève pas. Durant ce mandat, les apparitions du président deviennent extrêmement rares.https://www.youtube.com/embed/PKYTSpCe198

Doute, affairistes, crise : l’incertitude s’installe

Conséquences : ses longs discours après le JT de 20 heures à la télévision nationale et ses visites de travail et d’inspection au cours desquelles des ministres et des responsables locaux étaient sermonnés, voire humiliés, font désormais partie du passé. Des personnalités politiques, dont certaines étaient alors proches du chef de l’État, commencent à s’interroger. Est-ce lui qui prend les décisions ? Est-ce lui qui nomme et dégomme ? Est-il conscient ? Sait-il ce qui se passe dans le pays ? Des doutes autour de la paternité des décisions prises commencent à voir le jour. M. Bouteflika pouvait encore prendre les grandes décisions, mais il devenait évident qu’il était dans l’incapacité d’arbitrer, dans le détail, les choix sectoriels de mise en œuvre de son programme. Le quatrième mandat est aussi celui de l’émergence d’une caste d’hommes d’affaires ultra-puissants. Proche du clan présidentiel, ils sont craints et très influents. L’arrestation de certains d’entre eux après le départ de Bouteflika montre que la corruption avait bien gangréné ce milieu. La chute des cours du baril de pétrole, au début du mandat, a compliqué la situation dans un pays où les hydrocarbures représentent 98 % des recettes extérieures. Faisant le dos rond, le gouvernement a choisi d’ignorer la crise avant de lancer des réformes en urgence, mais sans succès, critiquant les « alarmistes » et tentant d’imputer la crise à des facteurs extérieurs. De quoi illustrer une navigation à vue et une irresponsabilité à bien des égards.

Un épilogue politique chaotique

Parallèlement, il y a lieu de noter que durant ces cinq dernières années, Bouteflika s’est déplacé à l’étranger à plusieurs reprises pour se faire soigner en secret, car les Algériens ont presque tout ignoré de l’évolution de son état de santé. Seules des images lors des cérémonies officielles les ont renseignés sur sa détérioration. Celles du 1er novembre 2018 étaient particulièrement frappantes. En effet, les Algériens ont découvert abasourdis un président toujours sur un fauteuil roulant mais auquel il est, cette fois-ci, attaché à l’aide d’une ceinture de sécurité. Ces images comme celles du « cadre » de M. Bouteflika honoré par ses laudateurs ont fait mal, et ce, d’autant qu’elles ont fait le tour des médias nationaux et internationaux. « Ces images, dont certaines sont reprises par des émissions françaises [dont le Quotidien de TMC avec Yann Barthes, NDLR] ont fait mal aux Algériens. Ils ont exacerbé le sentiment d’humiliation », souligne Nacer Djabi. À ce moment, beaucoup doutent, jusqu’à la dernière minute, que Bouteflika ose présenter sa candidature. Pas ses partisans, qui se préparaient depuis plusieurs mois à cette échéance.

22 février : le début de la descente aux enfers

L’annonce faite le 10 février d’une nouvelle candidature a alors provoqué une onde de choc sans pareil dans la société algérienne. Du coup, des appels anonymes ont été diffusés sur les réseaux sociaux pour une marche le 22 février. L’ampleur des manifestations surprend le monde entier. Un mouvement populaire sans précédent voit le jour dans le pays. Abdelaziz Bouteflika et ses partisans vont tenter plusieurs manœuvres. Le clan résiste un peu plus d’un mois avant d’abdiquer. Le 2 avril, le président démissionne.

« Cette décision que je prends en mon âme et conscience est destinée à contribuer à l’apaisement des cœurs et des esprits de mes compatriotes pour leur permettre de projeter ensemble l’Algérie vers l’avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement », assure-t-il. Il publie une lettre le lendemain, dans laquelle il demande pardon aux Algériens. Elle passe pour un non-événement. Trois jours plus tard, les Algériens sont redescendus manifester pour exiger le départ des autres figures du système. À ce moment-là, Abdelaziz Bouteflika n’imaginait sans doute pas que son frère cadet, Saïd, allait aussi être placé sous mandat de dépôt pour « complot contre l’autorité de l’État et de l’armée » pour avoir usurpé la fonction de président et le sceau de la République.

Après son départ sous la pression de la rue algérienne, la disparition d’Abdelaziz Bouteflika ouvre une nouvelle page de l’histoire algérienne : celle où le pays va devoir compter avec la volonté de la population de tourner définitivement le dos à une partie du « système » qui s’est servi de l’Indépendance pour se servir et pas pour la servir.

Avec Le Point/Afrique

Algérie: l’ex-président Abdelaziz Bouteflika est mort

septembre 17, 2021

Algerie: l'ex-president Abdelaziz Bouteflika est mort
Algérie: l’ex-président Abdelaziz Bouteflika est mort© AFP/Archives/RYAD KRAMDI

L’ancien président Algérien Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir en 2019 après des manifestations massives contre sa volonté de briguer un nouveau mandat, est décédé vendredi à l’âge de 84 ans, a annoncé la télévision publique.

« Décès de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika », a indiqué un bandeau déroulant à la télévision nationale, qui cite un communiqué de la présidence de la République.

Depuis sa chute spectaculaire en avril 2019 sous la pression de l’armée et de la rue, M. Bouteflika était resté retranché dans la solitude dans sa résidence médicalisée de Zeralda, à l’ouest d’Alger.

Sa chute était devenue inéluctable après des semaines de manifestations massives contre sa volonté de briguer un cinquième quinquennat, après 20 ans au pouvoir, malgré sa maladie.

M. Bouteflika est décédé à « 22H00 (21H00 GMT) à son lieu de résidence », selon la chaîne privée El Hayet TV.

Omniprésent dans la vie politique algérienne durant des décennies, mais devenu quasi-invisible depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, M. Bouteflika n’avait donné aucun signe de vie depuis que le mouvement de contestation populaire du « Hirak » et l’armée l’ont contraint à la démission.

Ce jour-là, il était apparu pour la dernière fois à la télévision pour annoncer qu’il jetait l’éponge. Il avait fait officiellement parler de lui pour la dernière fois lorsque son frère Nacer avait voté par procuration en son nom pour la présidentielle du 12 décembre 2019 qui avait permis l’élection de son successeur, le président Abdelamadjid Tebboune.

Par Le Point avec AFP

Le patronat algérien demande à Bouteflika de briguer un cinquième mandat

septembre 6, 2018

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, lors du 17e sommet de l’Union africaine en 2011 à Malabo. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

La principale organisation patronale algérienne, réputée proche du pouvoir, a appelé le président algérien Abdelaziz Bouteflika à briguer un cinquième mandat lors de la présidentielle prévue en avril 2019.

C’est une question à l’origine de nombreuses spéculations en Algérie : Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999 et détenteur du record de longévité à la tête du pays, se représentera-t-il lors de la prochaine élection présidentielle prévue dans moins de huit mois ? Âgé de 81 ans et affaibli par les séquelles d’un accident vasculaire-cérébral remontant à 2013 qui ont affecté son élocution et sa motricité, le chef de l’État n’a pas fait part de ses intentions.

« Patriotisme et sacrifice envers l’Algérie »

En attendant de connaître ses intentions, le Forum des chefs d’entreprise (FCE), principale organisation patronale algérienne et réputée proche du pouvoir, lui a demandé de se représenter. Le FCE « appelle avec sincérité, respect et déférence notre président à poursuivre son œuvre en se présentant à l’élection présidentielle de 2019 », indique l’organisation dans un communiqué publié à l’issue de son Conseil exécutif tenu mercredi 5 septembre.

Le FCE « en appelle » aux « hautes valeurs d’engagement, de patriotisme et de sacrifice envers l’Algérie » d’Abdelaziz Bouteflika. L’organisation « s’engage à tout mettre en œuvre pour réussir, sous la haute gouvernance de M. Abdelaziz Bouteflika, le pari d’un développement national solidaire pour le progrès et la prospérité, porteur de richesses et de paix ».

Opposants peu audibles

Depuis le mois d’avril, les appels du camp présidentiel à une nouvelle candidature d’Abdelaziz Bouteflika se multiplient. Après son parti, le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique), et son principal allié, le Rassemblement national démocratique (RND), les islamistes du Rassemblement de l’Espoir de l’Algérie (TAJ), autres alliés, ou la centrale syndicale UGTA, l’ancien syndicat unique, ont plaidé en ce sens.

En face, les opposants à un nouveau mandat sont pour l’heure peu audibles. D’autant que s’il est candidat, même diminué, la victoire ne devrait pas échapper à celui qui est considéré comme l’artisan de la réconciliation nationale post-guerre civile (1992-2002) et qui a été réélu avec plus de 81% des voix au premier tour en 2014.

Reste que son quatrième mandat (2014-2019) a été marqué par des difficultés économiques et des tensions sociales notamment liées à la chute des prix du pétrole, dont l’Algérie tire 60% de ses recettes budgétaires. Dernière illustration en date : la gestion de l’épidémie de choléra, qui a valu de vives critiques aux autorités.

Jeuneafrique.com avec AFP

Algérie: Bouteflika limoge le patron de la gendarmerie nationale

juillet 4, 2018

 
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

 

Après le limogeage du chef de la police Abdelghani Hamel, c’est au tour du patron de la gendarmerie nationale, le général-major Menad Nouba, d’être démis de ses fonctions, a annoncé ce mercredi 4 juillet le ministère algérien de la Défense.

Dommage collatéral de l’affaire des 701 kilos de cocaïne, qui tourne à l’affaire d’État. Le patron de la gendarmerie nationale, le général-major Menad Nouba, a été démis de ses fonctions mercredi 4 juillet, annonce un communiqué officiel du ministère algérien de la Défense.

Une conséquence de l’affaire de saisie de cocaïne ?

En poste depuis 2013, Menad Nouba a été remplacé par le général Ghali Belekcir. « Au nom de Son Excellence, Monsieur le président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, et conformément au décret présidentiel du 03 juillet 2018, je nomme officiellement, commandant de la gendarmerie nationale, le général Ghali Belekcir, en succession au général-major Menad Nouba », indique le communiqué du ministère. Ancien chef du commandement régional d’Alger et de Blida, le nouveau patron de la gendarmerie assurait depuis octobre 2017 les fonctions de chef d’état-major de la gendarmerie nationale.

Aucune explication ou motif officiel n’ont été fournis par le ministère de la Défense pour justifier le départ du général Nouba. Sans doute que celui-ci est lié aux péripéties de l’affaire des 701 kilos de cocaïne saisis le 26 mai dernier à Oran. Un importateur connu sur la place d’Alger, des magistrats ainsi que des pontes dans l’administration font l’objet de plusieurs enquêtes par la gendarmerie et la justice.

Après le limogeage du puissant chef de la police

Le limogeage de Nouba, à la tête d’une des plus importantes institutions de l’armée, intervient donc une semaine après le débarquement du général Abdelghani Hamel de son poste de chef de la Sûreté nationale (DGSN). Proche du cercle présidentiel et donné par certains comme un éventuel prétendant à la succession du président Bouteflika, malade et âgé de 83 ans, le général Hamel paie certainement pour ses déclarations publiques faites mardi 26 juin devant des caméras de télévision.

Réputé homme pondéré, Hamel avait ce jour-là indirectement accusé la gendarmerie nationale, chargée de l’enquête sur la saisie de 701 kilos de cocaïne, de dépassements et de violations dans la procédure judiciaire autour de ce dossier. Il avait aussi indirectement attaqué les responsables de ce corps de sécurité en affirmant que « celui qui veut lutter contre la corruption doit être propre. »

Jeuneafrique.com par

Algérie : un ministre limogé trois jours après sa nomination

mai 28, 2017

Des Algériens regardent les affiches électorales lors de la campagne pour les élections législatives, le 9 avril 2017 à Alger. © AFP

Le ministre algérien du Tourisme et de l’Artisanat a été limogé dimanche, trois jours seulement après sa nomination, a annoncé la présidence sans expliquer la raison de ce renvoi.

Le président Abdelaziz Bouteflika « a démis M. Messaoud Benagoun de ses fonctions », a-t-elle simplement annoncé dans un communiqué cité par l’agence APS, trois jours après la nomination du nouveau gouvernement.

La nomination de Messaoud Benagoun, 38 ans, avait été critiquée par des médias, qui avaient notamment souligné que le nouveau ministre n’avait jamais exercé aucune fonction.

Des rumeurs de condamnations 

Dimanche, la télévision privée Enahar a affirmé qu’il avait falsifié son diplôme universitaire et avait déjà été plusieurs fois condamné en justice. D’après cette chaîne, son dossier a été maquillé pour qu’il puisse être candidat aux récentes élections législatives.

Messaoud Benagoun fait partie du Mouvement populaire algérien (MPA), qui a remporté 13 sièges lors des législatives du 4 mai, marquées par la victoire des deux partis au pouvoir. Le MPA est l’une des deux formations politiques à faire son entrée dans le nouveau gouvernement.

Ce gouvernement a été nommé le 25 mai au lendemain de la décision surprise du président Bouteflika de remplacer Abdelmalek Sellal, un des fidèles, par Abdelmadjid Tebboune au poste de Premier ministre.

Selon des observateurs, Abdelmalek Sellal a échoué à convaincre la principale coalition islamiste, composée du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et du Front du changement (FC) et arrivée en troisième position aux législatives, d’entrer dans le nouveau gouvernement.

Jeuneafrique.com

Bouteflika félicite Emmanuel Macron, « un ami de l’Algérie »

mai 8, 2017

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, le 4 mai 2017 à Alger / © AFP / RYAD KRAMDI

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a félicité lundi Emmanuel Macron pour son « élection bien méritée », affirmant que le peuple français a « distingué un ami de l’Algérie »

« Votre élection bien méritée (…) récompense, à bon droit, la force de votre volonté, la lucidité de votre vision et la rectitude de vos engagements », a déclaré Bouteflika dans un message diffusé par l’agence de presse APS.

« Le peuple français qui a su choisir en vous l’homme d’Etat (…) capable de présider à ses destinées dans cette conjoncture difficile (…), a, ce faisant, fort opportunément distingué un ami de l’Algérie », a-t-il estimé.

Le président algérien a salué la « contribution significative » de Macron, dans ses fonctions ministérielles, à « l’édification du partenariat d’exception » entre Alger et Paris.

Pour Bouteflika, les « anticipations et initiatives » du nouveau chef d’Etat français ont fait « l’ample démonstration de (sa) claire détermination à travailler avec nous à compenser les occasions manquées dans les relations algéro-françaises ».

Lors de sa visite à Alger en février, Emmanuel Macron avait qualifié la longue colonisation française (1830-1962) de « crime contre l’humanité », suscitant de la sympathie en Algérie et une polémique en France.

Et dans son message, le président algérien a estimé que « cette attitude pionnière de votre part vous place, naturellement et légitimement, dans la position-clé de protagoniste, convaincu et convainquant, du parachèvement d’une réconciliation authentique entre nos deux pays ».

Romandie.com avec(©AFP / 08 mai 2017 13h19)                

Congo : Denis Sassou N’Guesso entame une visite officielle en Algérie

mars 27, 2017

 

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika. © AP/SIPA

Libye, coopération régionale, signature d’accords économiques… La visite officielle du président congolais doit durer quatre jours.

À l’invitation de Abdelaziz Bouteflika, le président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso, démarre ce lundi 27 mars une visite d’État en Algérie où il restera jusqu’au jeudi 30 mars.

De sources officielles, la visite du président congolais sera l’occasion de redynamiser l’axe Alger-Brazzaville, notamment au sujet du dialogue sur la question libyenne. Est également au programme la conclusion de plusieurs accords économiques qui n’ont pas encore été dévoilés.

Le 27 janvier dernier, Denis Sassou N’Guesso avait reçu le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, en marge de la réunion de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye que le président congolais chapeaute. L’Algérie favorise une solution politique et un dialogue inclusif entre les parties libyennes, sans ingérence étrangère.

Accords commerciaux

Dimanche 26 mars, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a présidé avec son homologue congolais, Jean Claude Gakosso, la séance d’ouverture de la Grande commission mixte algéro-congolaise. La réunion des experts a fait ressortir « pas moins de 14 projets d’accords dans différents secteurs et identifié une douzaine d’autres accords nécessitant un travail complémentaire », a indiqué l’agence officielle APS.

Pour le chef de la diplomatie congolaise, la signature prochaine de plusieurs accords devant les deux chefs d’État constituera « un tournant dans l’histoire commune des deux pays et qui sera bientôt soutenu par l’accord relatif à l’exemption de visas pour les ressortissants des deux pays détenteurs du passeport diplomatique ».

Bouteflika reprend du service

Le président congolais sera reçu par Abdelaziz Bouteflika dont la santé est toujours sujette à interrogations. Après une bronchite aiguë qui l’avait contraint à annuler la visite officielle de la chancelière allemande Angela Merkel, initialement prévue le 23 janvier à Alger, le chef de l’État algérien avait fait sa réapparition médiatique le 19 mars dernier. Lors d’une audience retransmise par la télévision nationale, Bouteflika avait reçu le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, Abdelakder Messahel, qui lui avait présenté un exposé sur la situation au Sahel, au Mali et en Libye.

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Le président algérien Bouteflika à Genève pour un contrôle médical

avril 24, 2016

 
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, affaibli par des ennuis de santé, s’est rendu dimanche à Genève pour effectuer un contrôle médical « périodique ». Agé de 79 ans, il a été frappé en 2013 par un AVC qui a amoindri ses capacités de mobilité et d’élocution.

Il s’est rendu « dimanche 24 avril 2016, pour une visite privée à Genève, durant laquelle il effectuera des contrôles médicaux périodiques », a annoncé la présidence algérienne dans un communiqué.

L’état de santé du chef de l’Etat algérien est l’objet de spéculations dans le pays, alimentées par la diffusion le 10 avril d’une photo, notamment tweetée par le premier ministre français Manuel Valls qu’il avait reçu, dans laquelle il semblait très affaibli.

Le dernier voyage de M. Bouteflika pour un contrôle médical à l’étranger avant celui de Genève, remonte au 3 décembre dernier. Il s’était alors rendu dans une clinique à Grenoble (France). M. Bouteflika a été réélu en avril 2014 pour un quatrième quinquennat.

 

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Algérie : La photo qui fait scandale

avril 18, 2016

Manuel Valls à Alger et Abdelaziz Bouteflika vide et livide

 

Du coup, la question est reposée : qui gouverne (exactement) l’Algérie ? Car ce n’est pas le président, Abdelaziz Bouteflika, apparue sur cette photo qui peut même signer un quelconque décret. Sa main ne supporterait plus un tel supplice. Alors, qui prend les décisions au nom du président ? Agé, seulement, de 79 ans, le président algérien ne tient encore debout que par la grâce du Très Haut, Allah le Miséricordieux.

Le président a cru bon se faire voir alors qu’il recevait le premier ministre français, Manuel Valls (notre photo), accompagné, pour la circonstance de son ministre de l’Education, Najat Vaullaud-Belkacem (non visible sur la photo), une fille originaire du pays.

Malheureusement, le président, au pouvoir depuis 1999, présentait un visage livide, les yeux hagards et la bouche ouverte, laissant sortir, parfois, la bave, comme l’ont montré certaines photos. Grave ! Vraiment grave !

« La visite de Valls a mis fin à un mensonge » et « les Algériens découvrent un président qui n’est pas en mesure de conduire le pays jusqu’à la fin de son mandat en 2019 », a jugé, par exemple, jeudi, 14 avril, le quotidien francophone El Watan.

Le quatrième mandat, remporté le 17 avril 2014 après un amendement de la Constitution ayant fait sauter le verrou de la limitation des mandats, est « de trop », avait renchéri Liberté.
Le quotidien francophone juge « sage » de mettre en oeuvre la procédure d’empêchement réclamée, aussi, par l’opposition contre le président, qui vit dans sa résidence de Zéralda, à l’Ouest d’Alger, transformée en bureau.

M. Bouteflika, qui ne se déplace plus, y reçoit, notamment, les dirigeants étrangers en visite à Alger. Comme ce fut le cas pour le premier ministre français qui a tweeté la photo du rendez-vous.

Ce tweet a été qualifié d' »acte désobligeant » par le chef de cabinet de M. Bouteflika, Ahmed Ouyahia, cité, dimanche, 17 avril, par la presse. Pourquoi le chef de cabinet voulait-il occulter la vérité dans un monde où la transparence est le maître-mot ?

« Le tweet de Valls a eu un retentissement international qui ne restera pas sans suite. Bouteflika va se hâter de proposer un successeur parmi ses proches », estime Rachid Tlemçani, professeur de sciences politiques. Ce n’est pas sûr, l’Algérie étant l’Algérie.

Le chef de l’Etat avait dissous, fin 2015, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) après avoir limogé le tout puissant général, Mohamed Mediene, dit Toufik, qui avait dirigé cet appareil pendant 25 ans, faisant de lui un Etat dans l’Etat.

Son éviction a fait du président Bouteflika un dirigeant à la signature duquel est suspendue la carrière de tout haut fonctionnaire ou gradé. Mais au vu de cette photo, on a la preuve que ce n’est pas le président Bouteflika qui a repris le pouvoir du général Toufik mais quelqu’un d’autre dans le système. Qui alors ? Le premier ministre ou le frère du président, Saïd Bouteflika, comme cela se chuchote ? Mystère !

Cela dit, le président Bouteflika aurait, cependant, gardé « intactes ses capacités d’analyse ».

Et même, en cas de son décès, il n’y aura pas péril en la demeure, « l’Algérie étant habituée à sortir des candidats surprise ». Des exemples : à la mort de Houari Boumediene, en 1978, l’homme de la politique des « industries industrialisantes » (éléphants blancs), on attendait son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika. Mais l’armée lui avait préféré l’inattendu et très discret colonel, Chadli Bendjedid, qu’on était parti « piocher », à Oran, sur le critère de l' »officier le plus ancien au grade le plus élevé ».

Quand ce dernier fut contraint de démissionner sous la pression islamiste, en 1992, c’est un vétéran de la guerre d’indépendance, Mohamed Boudiaf, opposant irréductible et exilé, au Maroc, chez (l’ennemi perpétuel) le roi, Hassan II, qui lui succéda, comme président du Comité d’Etat (président de la République). Preuve que ce choix était un crime de lèse-majesté, il fut assassiné au bout de six mois. Un fait rarissime en Algérie. L’arrivée de M. Bouteflika en 1999 fut, aussi, une surprise. On n’attendait tout le monde sauf lui.

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