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Algérie : l’ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal condamné à 39 ans de prison

décembre 2, 2021
L’ancien Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal. © Ryad Kramdi

Premier ministre de Bouteflika à deux reprises, entre 2012 et 2017, Abdelmalek Sellal ne devrait cependant pas rester plus de douze ans en détention. Explications.

Ce 29 novembre, il a fallu que sa défense lui répète trois fois le verdict pour que l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, réalise qu’il vient pour la première fois d’être acquitté par la justice algérienne dans une affaire de corruption et d’octroi d’avantages indus.

La veille, dans sa cellule, il ne s’attendait certainement pas à un tel dénouement, alors qu’il a été condamné à des peines de prison à l’issue de chacun de ses procès pour divers chefs d’accusation : abus de fonction, corruption, malversations dans la conclusion de marchés publics et octroi d’avantages indus aux hommes d’affaires proches de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika.

Depuis son placement en détention préventive le 13 juin 2019, à la demande de la Cour suprême, l’ex-Premier ministre (2012-2017) comptabilise à ce jour une vingtaine de comparutions devant le juge d’instruction et six procès pour corruption, pour un cumul de peines de 39 ans de prison.

Âgé de 73 ans, l’ancien haut responsable devra purger au moins 12 ans de prison, la législation algérienne ne prévoyant que l’exécution de la peine la plus lourde prononcée à l’épuisement des procédures de recours.

975 millions d’euros

Dans l’affaire pour laquelle il a été acquitté, Abdelmalek Sellal comparaissait pour avoir signé en décembre 2015 une dérogation autorisant la reprise des travaux, onze ans après leur lancement, d’un hôtel cinq étoiles de 14 étages dans le centre-ville de Bejaïa pour un coût estimé à 4 millions de dollars.

ABDELMALEK SELLAL A ÉCOPÉ DE DOUZE ANS DE PRISON DANS L’AFFAIRE DES USINES DE MONTAGE D’AUTOMOBILES

L’ex-Premier ministre avait ainsi passé outre l’opposition de la protection civile et de la Direction de l’énergie de cette wilaya qui mettaient en garde contre la proximité de la bâtisse avec un pipeline plongeant dans le terminal du port pétrolier de la ville.

Selon son chef de cabinet de l’époque Mustapha Rahiel, condamné lui à trois ans de prison dans cette affaire, « l’intervention du premier ministère dans ce projet local à l’époque s’inscrivait plutôt dans le cadre des facilités accordées aux investisseurs pour créer de nouveaux emplois ».

Le tribunal de Sidi M’hamed n’a pas été convaincu par les preuves justifiant les charges retenues contre Sellal durant l’instruction et a donc prononcé son acquittement.

En janvier 2021, Abdelmalek Sellal a écopé de douze ans de prison dans l’affaire des usines de montage d’automobiles. L’ex-Premier ministre était accusé d’avoir octroyé des avantages financiers et fiscaux aux hommes d’affaires alors proches du pouvoir pour la construction de ces unités. Un projet qui aura coûté au Trésor public la bagatelle de 128 milliards de dinars (975 millions d’euros), selon les chiffres officiels.

Dans le deuxième volet de ce procès, l’ancien Premier ministre était poursuivi en tant que directeur de campagne de Boutefilka. Sept milliards de dinars (52 millions d’euros), ainsi qu’une vingtaine de bons de caisse ont été récupérés par les services de sécurité.

Selon l’enquête, le clan présidentiel se serait livré à un véritable racket d’hommes d’affaires pour financer la campagne pour le cinquième mandat de Bouteflika.

Haddad, Tahkout et les autres

Dans le dossier de l’ex-président du Forum des chefs d’entreprise, Ali Haddad, poursuivi pour dilapidation de deniers publics et corruption dans la conclusion de marchés publics, Sellal a également écopé de 12 ans de prison.

Sellal a comparu en tant qu’accusé lors du procès de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, poursuivi pour corruption et perception d’avantages indus accordés par d’ex-hauts fonctionnaires de l’État, dont un crédit bancaire de 27 milliards de dinars (171,7 millions d’euros) pour la création de son usine de montage de voitures Hyundai. L’ex-Premier ministre a été condamné dans cette affaire, en janvier 2021, à une peine de cinq ans de prison.

Abdelmalek Sellal a également été reconnu coupable de complicité avec Hamid Melzi, ex-Directeur général de la résidence d’État « Sahel », surnommée « la boîte noire » du régime Bouteflika, et condamné pour « blanchiment d’argent et de transferts de fonds issus de revenus criminels » et « d’incitation de fonctionnaires à l’abus de fonction », ainsi que de « conclusion  de marchés en dehors des réglementations en vigueur ».

J’AI TRAVAILLÉ PENDANT 46 ANS POUR LE COMPTE DE L’ÉTAT, C’EST NORMAL D’AVOIR UNE MAISON ET UNE VOITURE », S’EST-IL JUSTIFIÉ POUR TENTER DE SENSIBILISER LA COUR

Son implication est particulièrement pointée dans la conclusion d’un marché pour l’acquisition de 380 chalets destinés aux résidents du Club des Pins en favorisant une entreprise chinoise, pourtant classée troisième lors de  l’appel d’offres. Le préjudice causé au Trésor public est de l’ordre de 3 milliards de dinars (19 millions d’euros). Abdelmalek Sellal a été condamné en septembre, dans cette affaire, à cinq ans de prison.

Difficultés à s’exprimer

Enfin, le 30 novembre 2020, l’ex-Premier ministre a écopé de cinq nouvelles années de prison pour « octroi de privilèges injustifiés » à une filiale du groupe Condor causant un préjudice financier à l’État de l’ordre de 140 millions de dinars. En tout, Abdelmalek Sellal a donc été condamné à 39 ans de prison.

Au fil des audiences ininterrompues durant trois ans, l’ancien bras droit d’Abdelaziz Bouteflika a semblé de plus en plus amaigri, flottant dans ses costumes invariablement sombres.

Tantôt il clamait d’une voix fébrile qu’il n’était que le coordinateur de l’action du gouvernement pour la bonne exécution du programme présidentiel, réclamant la présence à la barre de l’ex-président Bouteflika, tantôt il priait le magistrat de reconsidérer son jugement et de le « laisser rentrer chez lui, mourir tranquillement ». Il a souvent éprouvé des difficultés à s’exprimer et a demandé à plusieurs reprises l’autorisation de ne pas être présent à l’audience.

En plus des condamnations à des peines de prison, Abdelmalek Sellal a écopé à chaque fois d’amendes – entre 1 million et 8 millions de dinars –, assorties de la confiscation de tous ses biens. Durant sa comparution dans le cadre du procès de Hamid Melzi, il a supplié le juge de lever la saisie sur sa maison et sur le compte de sa femme malade. « J’ai travaillé pendant 46 ans pour le compte de l’État, c’est normal d’avoir une maison et une voiture », s’est-il justifié pour tenter de sensibiliser la cour.

Avec Jeune Afrique par Rania Hamdi

Mondial 2014 : « Allah akbar, Halilhodzic », quand Alger fête ses héros !

juillet 2, 2014

Les Fennecs et leur entraîneur, Vahid Halilhodzic. © AFP

Les Fennecs et leur entraîneur, Vahid Halilhodzic. © AFP

C’était le retour des héros à Alger mercredi. Les footballeurs algériens ont été accueillis dans la capitale par une foule de supporteurs et d’officiels venus les féliciter après leur parcours au Mondial brésilien, terminé par une qualification historique pour les huitièmes de finale et une résistance héroïque face à l’Allemagne.

Dans leur bus à impérial, acclamés par tout un peuple dans les rues d’Alger, on aurait presque cru les Fennecs vainqueurs de la Coupe du monde 2014. Et cela en dit long sur la performance historique qu’ils ont réalisée, ne s’inclinant que sur le fil, après prolongation en huitièmes de finale, face à l’Allemagne, l’un des grands favoris de la compétition.

Accueillis au pied de la passerelle de l’avion, les joueurs ont notamment rencontré le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a pris dans ses bras le sélectionneur Vahid Halilhodzic, en fin de contrat mais désormais adulé par les supporteurs qui demandent son maintien via des pétitions sur les réseaux sociaux. « Allah akbar, Halilhodzic », criait d’ailleurs la foule, dès l’aéroport. Un cri repris par la foule plus tard dans les rues de la capitale.

Après l’accueil ministériel, les Fennecs sont montés dans un bus à impériale, peint aux couleurs de l’équipe et frappé du nom de chaque joueur. Il a emprunté certaines des principales avenues de la ville, suivi par une foule de milliers de personnes en délire malgré la chaleur et le jeûne du ramadan.

Les principales places du centre d’Alger résonnaient du son du baroud et de musique folklorique dans l’attente des « héros ». La télévision d’État a intitulé son émission spéciale sur le retour des Verts à Alger : « Merci héros ». Après une tournée dans la capitale, l’équipe s’est rendue au ministère des Sports. Le Premier ministre devait offrir un iftar, repas de rupture du jeûne.

Jeuneafrique.com avec AFP

Bouteflika, accroché au pouvoir, malgré ses ennuis de santé

avril 12, 2014

ALGER (Algérie) – Affaibli par des ennuis de santé, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, artisan de la réconciliation après la guerre civile, brigue à l’âge de 77 ans un quatrième mandat, au risque d’apparaître comme un homme accroché au pouvoir.

Après 15 ans à la tête du pays, il détient déjà le record de longévité pour un président algérien. Sans compter les seize années passées comme ministre, presque entièrement à la tête de la diplomatie.

Entre les deux périodes, il a vécu une traversée du désert durant laquelle l’armée –qui a toujours joué un rôle majeur dans le choix du chef de l’Etat–, fit une première fois appel à lui en 1994, en pleine guerre civile, pour prendre les rênes d’un pouvoir de transition. Les discussions n’avaient pas abouti mais seront fructueuses cinq ans plus tard, le conduisant à la présidence.

A la suite d’un AVC il y a an, M. Bouteflika a été hospitalisé pendant près de trois mois à Paris. Depuis son retour mi-juillet, il ne bouge presque plus de chez lui.

Il ne s’est pas exprimé en public ces deux dernières années. Le 3 mars, lui qui jadis était un tribun hors pair, s’exprimant aussi bien en français qu’en arabe, a annoncé, d’une voix à peine audible, sa candidature en déposant son dossier au Conseil constitutionnel.

Son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, a cependant assuré cette semaine que M. Bouteflika allait de mieux en mieux.

– Artisan de la réconciliation –

Durant la campagne, il a brillé par son absence, laissant à M. Sellal et six autres responsables le soin de sillonner le pays à sa place.

Elu à la présidence en avril 1999 dans un pays en pleine guerre civile, Boutef, comme l’appellent familièrement ses compatriotes, s’est employé à rétablir la paix après un conflit ayant fait quelque 200.000 morts, selon des sources officielles.

En septembre 1999, il a obtenu un oui massif au référendum sur la loi de la Concorde civile, qui amnistie les islamistes armés n’ayant pas commis de crimes de sang et de viols et se soumettant à l’autorité de l’Etat. La loi entraînera la reddition de milliers d’islamistes.

Accusé par ses détracteurs de n’être qu’une marionnette de l’armée, M. Bouteflika, ancien officier de l’Armée de libération nationale (ALN), avait dès son élection voulu afficher son indépendance vis-à-vis de cette puissante institution en lançant sa célèbre phrase je ne suis pas un trois-quarts de président.

Après avoir été récemment accusé dans la presse de vouloir diviser l’armée, entre d’un côté les renseignements et de l’autre l’état-major, pour mieux la contrôler, il a qualifié de fictifs les conflits au sein de cette institution.

Toujours impeccablement vêtu d’un costume trois-pièces et cravate même en pleine canicule, M. Bouteflika a été reconduit en 2004, puis en 2009 grâce à une révision de la Constitution supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels.

En 2011, alors que le Printemps arabe balayait plusieurs vieux dirigeants, il a rapidement annoncé des réformes, jugées cependant très insuffisantes par l’opposition.

Un ancien ministre, en poste de 1999 à 2002, se souvient d’un homme versatile et craint par ses collaborateurs. Il était tellement méprisant que ses chefs de gouvernement n’osaient jamais prendre la parole lors des conseils des ministres, indique-t-il.

– Ministre à 25 ans –

Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc) d’une famille originaire de Tlemcen (ouest algérien), Abdelaziz Bouteflika a rejoint dès 1956 l’ALN en lutte contre la France.

A l’indépendance, à seulement 25 ans, il est devenu ministre des Sports et du Tourisme, sous la présidence d’Ahmed Ben Bella, avant d’hériter rapidement, en 1963, du portefeuille de la diplomatie, qu’il a conservé jusqu’en 1979.

En juin 1965, il a soutenu Houari Boumediene, alors ministre de la Défense, qui a renversé Ben Bella.

S’affirmant le dauphin de M. Boumediene, dont il a prononcé en larmes l’oraison funèbre en décembre 1978, il a pourtant été écarté. Il a alors choisi l’exil à Dubaï ou encore à Genève.

M. Bouteflika est finalement revenu comme candidat à la présidence en avril 1999, et s’est retrouvé seul en lice après le retrait de six adversaires convaincus qu’il y aurait des fraudes.

Romandie.com avec(©AFP / 12 avril 2014 14h04)

Nomination d’un chef de campagne de Bouteflika et d’un Premier ministre par intérim

mars 13, 2014

ALGER – Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a chargé jeudi l’actuel ministre de l’Energie et des Mines Youcef Yousfi, 72 ans, d’assurer l’intérim du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, appelé à diriger sa campagne électorale pour le 17 avril, a rapporté l’agence APS.

Dans un communiqué de la présidence, il est également indiqué que l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, 62 ans, a été nommé ministre d’Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, en remplacement à Mohamed Moulay Guendil, appelé à d’autres fonctions, non précisées.

L’autre ancien Premier ministre et ex-secrétaire général contesté du Front de Libération National (FLN, parti présidentiel) Abdelaziz Belkhadem a également été nommé ministre d’Etat, conseiller spécial du président de la République, selon le communiqué cité par l’APS.

Ces noms circulaient depuis plusieurs jours dans les journaux mais il fallait auparavant que le Conseil constitutionnel valide les candidatures recevables pour le scrutin présidentiel.

Or le président de cette instance, Mourad Medelci, a annoncé plus tôt jeudi la liste de six présidentiables sur 12 dossiers déposés.

Parmi les candidats retenus, outre M. Bouteflika, figure l’ancien chef du gouvernement Ali Benflis, 69 ans, un homme du système et candidat malheureux en 2004, et considéré comme son principal challenger.

Les quatre autres prétendants sont la secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT, 24 députés) Louisa Hanoune, régulièrement candidate à la présidentielle, et les chefs de trois petits partis représentés à l’Assemblée nationale, Abdelaziz Belaid, Moussa Touati et Rebaïne Ali Fewzi.

La campagne électorale sera lancée officiellement le 23 mars et durera jusqu’au 13 avril.

M. Bouteflika, 77 ans, 15 ans de pouvoir, brigue un 4e mandat. Victime en avril 2013 d’un AVC, il a passé 80 jours hospitalisé en France puis a repris tout doucement ses fonctions depuis.

Il s’est rendu le 3 mars au Conseil constitutionnel et pour la première fois en deux ans, les Algériens l’ont alors entendu via la télévision publique annoncer d’une voix très faible qu’il se représentait.

L’image du président affaibli a nourri les interrogations sur sa capacité à diriger le pays et relancé de nouvelles critiques.

Après l’annonce de la candidature de M. Bouteflika par M. Sellal le 22 février, les manifestations se sont multipliées contre un quatrième mandat mais les autorités semblent déterminées à étouffer dans l’oeuf la contestation avant le scrutin du 17 avril.

La police avait empêché mercredi à Alger un rassemblement de dirigeants de partis politiques partisans du boycottage de l’élection, selon un participant.

Romandie.com avec(©AFP / 13 mars 2014 18h38)