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Alassane Ouattara, Macky Sall et Aziz Akhannouch attendus à Abidjan pour l’Africa CEO Forum 2023

mai 10, 2023

Les 5 et 6 juin prochain, l’Africa CEO Forum organise son sommet annuel dans la capitale économique ivoirienne. Objectif : définir une riposte africaine aux crises mondiales.

Lors de l’édition 2016 de l’Africa CEO Forum, à l’hôtel Sofitel Ivoire d’Abidjan. © Eric Larrayadieu pour JA

L’Afrique est-elle condamnée à subir les crises nées loin d’elle ? C’est à cette question que les participants de l’édition 2023 du sommet annuel de l’Africa CEO Forum (ACF)*, organisé les 5 et 6 juin prochain à Abidjan, sont appelés à répondre avec, en ligne de mire, la recherche des solutions destinées à bâtir une riposte globale valable pour l’ensemble des principaux acteurs économiques.

Dans un contexte d’incertitude et de prolifération des crises à l’échelle mondiale, la construction d’économies africaines autonomes, résilientes et prospères sera, cette année plus que jamais, une priorité pour le plus grand rassemblement annuel du secteur privé en Afrique.

ENI, Transnet, Allianz Africa

Ainsi, autour du thème « Réussir malgré les crises – de 300 à 3 000 : comment accélérer l’émergence de la prochaine génération de champions africains », plus de 1 800 chefs d’entreprise et de gouvernement sont attendus pour engager une réflexion de fond sur deux défis majeurs de la souveraineté économique du continent. D’abord, la réhabilitation de « l’État stratège », à même d’identifier et d’encourager les grandes priorités de croissance du continent pour qu’il s’insère au mieux dans les chaînes de valeur mondiales. Puis le soutien aux grandes entreprises, qui constituent le fer de lance de la compétitivité future des économies africaines.

L’idée est de créer les conditions d’un dialogue qui permette la mise en place de politiques publiques favorables à l’émergence d’une nouvelle génération d’entreprises africaines réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard de dollars. Si le continent veut limiter l’effet des crises exogènes, la multiplication des champions africains apparaît comme une nécessité absolue.

Parmi les personnalités confirmées pour ce nouveau rendez-vous figurent les chefs d’État ivoirien Alassane Ouattara et sénégalais Macky Sall ; Aziz Akhannouch, le chef du gouvernement marocain ; Makhtar Diop, directeur général de la Société financière internationale (SFI ou IFC, groupe Banque mondiale, coorganisateur de l’événement) ; et de nombreux dirigeants de grandes entreprises tels que Claudio Descalzi, CEO d’ENI, Portia Derby, CEO de Transnet, Kuseni Dlamini, président de Massmart Holdings, Delphine Traoré, directrice générale d’Allianz Africa, Samaila Zubairu, PDG d’Africa Finance Corporation, Hassanein Hiridjee, CEO du Groupe Axian, Karim Beguir, CEO d’Instadeep, Jérôme Hénique, CEO d’Orange Afrique et Moyen-Orient, Hardy Pemhiwa, CEO de Cassava Technologies, Richard Bielle, PDG de CFAO, Jacques Vermeulen, directeur général de Coca-Cola Beverages Africa, ainsi que de nombreux autres décideurs venus de tout le continent et du monde entier.

Objectif : 3 000 champions africains

Fédérant les acteurs qui façonnent une Afrique souveraine, compétitive, en mesure de transformer les crises en opportunités, l’Africa CEO Forum se penchera sur de nombreuses thématiques clés : la conduite d’une transition énergétique adaptée au continent, l’impact local des mines ou de l’agro-industrie, le développement de voix africaines sur les grands sujets globaux, l’adaptation des entreprises à la crise inflationniste… Tous les grands secteurs seront couverts, avec plusieurs temps forts consacrés aux femmes dirigeantes, aux entreprises familiales et aux start-up. Une cinquantaine de sociétés innovantes ayant collectivement levé plus de 1 milliard de dollars sont attendues à l’événement.

« La persistance de l’état de crise auquel nous faisons face met en évidence la nécessité de construire un environnement économique propice à l’émergence d’une nouvelle génération de champions africains, symboles de résilience et d’innovation dans les secteurs fondamentaux, de l’agroalimentaire à l’énergie en passant par l’intelligence artificielle. De 300 champions aujourd’hui, nous estimons que ce nombre devrait être porté à 3 000 pour véritablement transformer le continent. Porter la voix d’une Afrique digne et souveraine sur la scène internationale, en suscitant des synergies entre public et privé, sera, une fois encore, le cœur de notre mission », a déclaré Amir Ben Yahmed, président de l’Africa CEO Forum et CEO de Jeune Afrique Media Group.

« L’Afrique a la capacité et la volonté de sortir plus forte de la vague de défis économiques mondiaux. Pour y parvenir, il faudra une coopération et une collaboration entre les secteurs privé et public du continent. L’IFC continuera à soutenir l’Afrique et à l’aider à tirer parti de ses atouts pour lutter contre le changement climatique, renforcer la sécurité alimentaire et favoriser une croissance durable et inclusive », a déclaré Makhtar Diop, directeur général de la SFI.

Par Jeune Afrique

* Fondé en 2012 par Jeune Afrique Media Group, Africa CEO Forum est la plateforme de référence des dirigeants des plus grandes entreprises africaines et internationales, des investisseurs internationaux, des responsables de multinationales, des chefs d’État, des ministres et des représentants des principales institutions financières actives sur le continent.

Côte d’Ivoire : Ouattara, Bédié et Gbagbo réunis pour une rencontre historique

juillet 14, 2022

Le président Alassane Ouattara a reçu ses deux prédécesseurs ce jeudi 14 juillet. Un rendez-vous de « réconciliation » et « d’apaisement » destiné à devenir le premier d’une série.

Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, le 14 juillet 2022. © DR / Aïssatou Diallo

Accolades, sourires et complicité… C’est dans une atmosphère détendue qu’Alassane Ouattara a accueilli Laurent Gbagbo à presque 17 heures locales puis, quelques minutes plus tard, Henri Konan Bédié, sur le perron du petit palais de la présidence. Un moment historique : les trois hommes qui ne s’étaient pas revus depuis l’élection présidentielle de 2010 et la crise qui s’en est suivie.

Ils ont échangé en tête-à-tête pendant plus d’une heure. « Nous avons eu une très bonne séance de travail », a déclaré Alassane Ouattara au sortir des discussions, avant de laisser la parole au benjamin des trois, Laurent Gbagbo, qui s’est exprimé en leur nom à tous.

Décrispations

« La rencontre de ce jour a été une rencontre de retrouvailles pour renouer le contact et échanger dans la vérité sur toutes les grandes questions. Le président de la République et ses deux prédécesseurs ont exprimé leur volonté de faire de cette première rencontre un levier de la décrispation du climat politique et social en Côte d’Ivoire », a dit l’ancien président (2000-2011).

« Les uns et les autres considèrent que c’est une réunion extraordinaire. Mais on doit considérer qu’elle est ordinaire et qu’elle sera régulière. Chaque fois que mes prédécesseurs auront le temps de reprendre ces échanges, je leur ferai appel pour recueillir leur avis et recommandations. Je trouve que ce sera une bonne chose pour la nation d’entendre et d’écouter mes prédécesseurs, leur connaissance du pays, leur expérience et le poids politique qu’ils représentent. Nous auront l’occasion de nous revoir régulièrement », a pour sa part ajouté Alassane Ouattara.

Fraternelle

Cette rencontre des trois piliers de la scène politique, prévue de longue date, avait été reportée pour des questions de calendrier. Elle était l’une des propositions issues du dialogue politique, dans la perspective des élections locales qui se tiendront en 2023 et de la présidentielle de 2025.

Ces derniers mois, Gbagbo et Bédié se sont vus à plusieurs reprises depuis le retour du premier en Côte d’Ivoire le 17 juin 2021 après son acquittement définitif par la Cour pénale internationale. Plusieurs coups de fils entre Ouattara et Bédié ont également permis d’apaiser les tensions entre les deux hommes depuis la crise électorale de 2020.

Un an plus tôt, le 27 juillet 2021, Ouattara avait rencontré Gbagbo lors d’une rencontre « fraternelle ». Ils s’étaient alors engagés à œuvrer pour la réconciliation.

Avec Jeune Afrique

Côte d’Ivoire – Un trafiquant de cocaïne s’évade : poudre blanche et poudre d’escampette

juin 21, 2022

Le détenu Mohamed Tambedou s’est échappé, le 16 juin, de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. En passant par la grande porte…

© Damien Glez

Drogue et évasion seraient-elles les deux mamelles d’un feuilleton judiciaire ivoirien désormais bien rodé ? C’est un communiqué daté du 19 juin et rédigé par le ministère de la Justice et des Droits de l’homme qui annonce l’évasion effarante du détenu Mohamed Tambedou, le 16 juin dernier, de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Ce jeudi, le Franco-Sénégalais de 39 ans, condamné à 10 ans d’emprisonnement pour des faits de trafic international de drogue, obtient des agents pénitentiaires Sakaridja Koné et Lacina Koné et de l’agent du service social Zeba Koné un document illicite de la prison pour effectuer une présumée opération bancaire à l’extérieur, en violation des procédures et des règles de sécurité en vigueur…

S’estimant suffisamment prudents, les trois agents extraient le prisonnier de sa cellule, mais décident de ne pas le lâcher d’une semelle. Sauf que quelques heures plus tard, ils reviennent à la Maca sans lui, expliquant que celui-ci est parvenu à s’échapper après avoir conduit ses accompagnateurs dans une résidence de la Zone 4. Les trois naïfs sont immédiatement soumis à une procédure pour complicité d’évasion…

La cocaïne à la une de la presse

Drogue et évasion ? Les échappées belles parsèment l’histoire carcérale contemporaine de la Côte d’Ivoire. Il y a 10 ans déjà, le gouvernement ivoirien révoquait deux directeurs de prison – dont celui de la Maca –, après l’évasion de 240 détenus en quelques mois, notamment au cours d’évasions collectives.

Quant aux affaires de drogue, elles font la une de la presse ivoirienne, après de nombreuses saisies récentes de cocaïne et l’arrestation de présumés trafiquants. Des étrangers, mais aussi un haut responsable ivoirien de la police criminelle, des hommes d’affaires exerçant dans le milieu de la pâtisserie et de la boulangerie, du bâtiment, de l’hôtellerie ou encore de la sécurité privée. Dans la conclusion du communiqué annonçant l’évasion récente du trafiquant franco-sénégalais, le ministère de la Justice et des Droits de l’homme a tenu à préciser que « contrairement aux informations relayées sur les réseaux sociaux, Tambedou Mohamed ne figure pas au nombre des personnes interpellées dans le cadre de la procédure ouverte à la suite de la découverte de l’importante quantité de cocaïne à Abidjan et à San Pedro, lesquelles demeurent en détention ». Rassurant 

Avec Jeune Afrique par Damien Glez

Risque de pénurie de blé en Afrique: le président ivoirien s’en préoccupe

juin 15, 2022

Le président ivoirien, Alassane Ouattara, s’est dit préoccupé par la poussée inflationniste et le risque de pénurie de plusieurs produits comme le blé en Afrique.

« Nous sommes préoccupés, c’est le moins que je puisse dire, par le ralentissement de la croissance mondiale et la disponibilité pour l’Afrique de certains produits comme le blé, les engrais et bien sûr par la poussée inflationniste », a déclaré le chef de l’Etat ivoirien, à l’ouverture de l’Africa CEO Forum, sommet économique réunissant 1 500 chefs d’entreprises et décideurs politiques à Abidjan. 

Il a notamment cité l’exemple de l’Inde qui a interdit les exportations de blé mi-mai.

« Une telle situation inflationniste pousse les gouvernements et les entreprises à réévaluer leur dépendance aux réseaux internationaux. C’est réellement une remise en cause de la mondialisation et de la notion du commerce mondial. Cette situation a été accentuée par la crise en Ukraine », a-t-il ajouté. 

Avant même la guerre en Ukraine, l’insécurité alimentaire s’était accentuée dans le monde en raison des conflits, des crises climatiques et économiques. Mais le conflit russo-ukrainien a aggravé la crise, les deux pays assurant à eux seuls 30% du commerce mondial de blé. Et avec la guerre, les prix de l’énergie, des aliments et des métaux ont flambé. 

« Cette convergence des crises offre au continent africain une occasion unique d’opérer les changements structurels nécessaires à la transformation de nos économies », a de son côté affirmé Makthar Diop, directeur général de la Société financière internationale, une branche de la Banque mondiale. 

L’Africa CEO Forum doit notamment mettre l’accent sur la souveraineté économique du continent africain. 

Avec Adiac-Congo d’après AFP

Côte d’Ivoire : une centaine de personnalités attendues à Abidjan pour la COP15

mai 7, 2022

Ce 9 mai s’ouvre la 15e Conférence des Nations unies sur la désertification et la sècheresse. Une trentaine de chefs d’État doivent lancer « L’appel d’Abidjan » pour mettre d’urgence en œuvre des solutions concrètes face à ces menaces.

Une vache coincée dans les eaux boueuses du barrage asséché de Mabwematema, à 20 km au nord de Zvishavane, au Zimbabwe, le 25 décembre 2019. © ZINYANGE AUNTONY/AFP

Une centaine de personnes, dont une trentaine de chefs d’État, sont attendues autour d’Alassane Ouattara ce lundi 9 mai à Abidjan pour participer à la COP15. Pendant une dizaine de jours, la quinzième Conférence des Nations unies sur la désertification et la sècheresse va réunir des experts et des hommes politiques issus de 196 pays pour tenter d’élaborer des solutions face à l’appauvrissement des sols cultivables.

Parmi eux, Muhammadu Buhari, le président nigérian, qui s’entretiendra avec son homologue ivoirien. Les deux hommes doivent notamment évoquer les similarités entre la COP15 et le projet de grande muraille verte lancé par la BAD.

Cette initiative soutenue par le président français, Emmanuel Macron, vise à mutualiser les investissements en vue de planter des arbres et différents végétaux sur une bande de 8 000 km à travers le Sahara et le Sahel. Une initiative qui, outre lutter contre la désertification, doit créer 10 millions d’emplois dans la région.

L’impact sur les femmes

Cette COP se penchera sur l’impact des crises des « quatre C » – climatique, Covid-19, conflits et coups d’État – sur l’avancée de la désertification et, surtout, sur leur rôle dans la baisse de la productivité en milieu rural.

Un accent particulier sera mis sur les femmes et les jeunes. Dominique Ouattara, la première dame ivoirienne, présidera un caucus sur le genre et sera entourée de femmes influentes, telle Tarja Halonen, ancienne dirigeante de la Finlande. Selon Abou Bamba, président de la COP15 désertification, les femmes sont en effet particulièrement touchées par la dégradation des sols : « 75 % des productions vivrières sont le fait des femmes. Le but de ce caucus sera de lancer une série de mesures en s’appuyant sur l’expérience de Dominique Ouattara pour relever le niveau de vie des femmes en milieu rural. »

Un « appel d’Abidjan » face à l’urgence

« L’appel d’Abidjan » doit être lancé durant cet événement, qui va faire de la Côte d’Ivoire un laboratoire de solutions au problème de la désertification. « L’idée de l’appel d’Abidjan est de s’inspirer des modèles australien, marocain ou israélien. Ils ont réussi à devenir autosuffisants malgré l’aridité de leur climat grâce à des prouesses technologiques », poursuit Abou Bamba. Un engagement à contrer l’avancement de la désertification d’ici cinq à dix ans doit être pris collectivement par les participants. Le but : parvenir à mobiliser un à deux milliards de dollars.

Il y a urgence : dans le monde, 41 % des terres sont menacées de désertification. Un taux qui atteint environ 45 % en Afrique, particulièrement touchée, dont 55 % présentent un risque très élevé. Le Sahel, le désert du Kalahari, en Afrique australe, et la Corne de l’Afrique sont les premières zones affectées mais tous les États sont concernés. En Côte d’Ivoire, un dixième des terres se sont dégradées entre 2000 et 2011, essentiellement à cause de l’agriculture intensive.

Avec Jeune Afrique par Baudelaire Mieu – à Abidjan

Côte d’Ivoire : décès de Grégoire Touvoly Bi Zogbo, ex-chef d’état-major particulier de Gbagbo

mai 4, 2022

Général de gendarmerie, un temps proche d’Hamed Bakayoko et d’Alain-Richard Donwahi, il avait été l’un des premiers hauts gradés à faire allégeance à Alassane Ouattara en 2011.

Grégoire Touvoly Bi Zogbo, ancien chef d’état-major particulier de Gbagbo © DR

Chef d’état-major particulier de Laurent Gbagbo jusqu’en 2010, le général de gendarmerie Grégoire Touvoly Bi Zogbo, 76 ans, est décédé dans l’après-midi du 2 mai dans une clinique d’Abidjan. « Il se portait bien mais avait subitement commencé à souffrir de difficultés respiratoires fin avril, alors qu’il se trouvait dans sa résidence d’Abidjan. Il s’est éteint quelques jours plus tard, après avoir été transporté dans un établissement hospitalier », a confirmé à Jeune Afrique une source familiale qui a requis l’anonymat.

Nommé au poste de chef d’état-major particulier en octobre 2005, sous la présidence de Laurent Gbagbo, le général Touvoly a occupé cette fonction jusqu’à la chute de celui-ci, début 2011. Cette année-là, il a été parmi les premiers hauts gradés à faire allégeance à Alassane Ouattara – une promptitude qui lui a permis de ne jamais être inquiété.

Respecté par les officiers

Grégoire Touvoly Bi Zogbo était un proche d’Hamed Bakayoko, l’ancien Premier ministre décédé en mars 2021, mais aussi d’Alain-Richard Donwahi, ministre des Eaux et forêts jusqu’au dernier remaniement. Il était apparu en public au côté d’Alassane Ouattara en septembre 2020 lors d’une visite dans sa région de Sinfra, dans le centre du pays. Le président ne tarissait pas d’éloges sur ce général soucieux des valeurs républicaines, qui passait son temps entre sa résidence d’Abidjan et Sinfra depuis qu’il avait fait valoir ses droits à la retraite.

EN 2004, IL A SAUVÉ GUILLAUME SORO LORS D’UNE EMBUSCADE À LA RTI

Affable et discret, cet officier de la maréchaussée a occupé, de 2000 à 2005, en pleine rébellion armée, les fonctions de commandant supérieur de la gendarmerie. Il était considéré comme un homme de dialogue et de consensus, et dénotait dans l’entourage de Laurent Gbagbo. Respecté par ses hommes et par les officiers ivoiriens, il conseillait parfois l’actuel patron de la gendarmerie, Alexandre Apalo Toure.

Lors du putsch manqué de septembre 2002, sa résidence abidjanaise avait été attaquée par les insurgés. Mais cela ne l’a pas empêché, deux ans plus tard, de sauver Guillaume Soro lorsque le chef des rebelles, devenu ministre de la Communication, est tombé dans une embuscade lors d’une visite des locaux de la RTI. Selon plusieurs témoins, c’est Grégoire Touvoly Bi Zogbo qui a alors dépêché une escouade de gendarmerie, appuyée par un char, pour lui porter secours.

Avec Jeune Afrique par Baudelaire Mieu – à Abidjan

Abidjan : les Shawarmamas, ces Sisyphes des tropiques

janvier 9, 2022
Dans les rues d’Abidjan. © Bruno Levy pour JA

En uniforme vert, chapeau de paille et bottes de plastique, ces femmes âgées balaient sans relâche les routes de la ville sous le soleil écrasant.

« La route précède le développement », disait Houphouët-Boigny. « Tout commence par la route », clament les pontes du FMI. Alors, imaginez une ville planifiée par des houphouëtistes passés par le FMI. Abidjan grandit, grossit, s’étire et s’étale en de larges et belles routes. Des balafres noir macadam sillonnent la ville dans tous les sens. Le développement ne doit pas être loin. Alors on chouchoute nos routes. On les confie aux Shawarmamas.

JE LES SURNOMME LES SHAWARMAMAS PARCE QU’ELLES CUISENT, CHAUFFÉES AU-DESSUS PAR LE SOLEIL ET EN DESSOUS PAR LE GOUDRON

Quand on circule en ville, il est impossible de ne pas remarquer cette armée de femmes âgées sur les grands boulevards. Consciencieusement, elles balaient le sable venu des plages où elles ne mettent jamais les pieds. Dans l’étuve tropicale géante, elles sont recouvertes, jusqu’aux phalanges gantées : uniforme vert, chapeau de paille et bottes de plastique. Je les surnomme les Shawarmamas parce qu’elles cuisent, chauffées au-dessus par le soleil et en dessous par le goudron. Sisyphes modernes des tropiques, elles passent et repassent sur le même ouvrage parce que cette ville est pauvre en beaucoup de choses, mais pas en sable.

L’état permanent d’embouteillage obligeant à rouler au pas, les Shawarmamas profitent pleinement des gaz d’échappement. Elles sont gracieusement servies par des camions antédiluviens comme par des berlines dernier cri ou encore des « france-aurevoir », vieilles voitures importées d’Europe qui se refont une vie en voie de développement sur les routes africaines.

AU MOINDRE RALENTISSEMENT, LES ROUTES SE TRANSFORMENT EN MARCHÉS BITUMÉS

Les Shawarmamas sont les témoins silencieux du commerce florissant des embouteilleurs et embouteilleuses. Car à Abidjan, au moindre ralentissement, les routes pour lesquelles le pays s’endette sur les marchés financiers se transforment en marchés bitumés. Vendeurs et vendeuses apparaissent d’on ne sait où et se précipitent entre les voitures. Des légions d’enfants et de très jeunes adultes. Personne ne s’étonne qu’ils ne soient pas en classe, encore moins qu’ils « travaillent » à leur âge.

Du sachet d’eau fraîche à l’électroménager, de l’artisanat local à la chinoiserie bancale, faire ses courses révèle tout son sens en ces lieux et circonstances. Abidjan roads mall ! Mouvement commercial par vitres interposées. L’argent circule au sens propre.

Ruissellement

Alors les Shawarmamas se courbent, passent le balai avec plus de vigueur. Pas seulement parce qu’un superviseur tranquillement assis à l’ombre les observe, mais parce qu’elles sont pleines de l’espoir que la route chérie fasse ruisseler un jour sur elles autre chose que des litres de sueur. L’espoir est tout ce qui reste à qui concède déjà tant en dignité à passer la journée à balayer une route qu’un camion-balai peut nettoyer en quelques minutes. Elles ne sont pas dupes. Elles savent que leur travail permet à quelqu’un d’engranger une meilleure marge bénéficiaire tout en clamant que lui, au moins, « offre » un emploi « à des centaines de nos mères ». Elles ont peu de choix pour éviter que leurs enfants ne finissent comme ceux avec qui elles partagent la chaussée.

Peut-être qu’à force de balayer les routes, c’est l’ensemble du pays qui va devenir propre. Rester digne, s’accrocher à la symbolique. Quand la route aura définitivement mené au bonheur, peut-être se souviendra-t-on qu’un jour, à Abidjan, les camions-balais étaient des Shawarmamas.

Gauz

Avec Jeune Afrique par Gauz

Écrivain ivoirien, auteur de « Debout payé » (2014), « Camarade papa » (2018), et « Black Manoo » (2020).

Le jour où Papa Wemba est mort sur scène, par A’Salfo

décembre 26, 2021
Papa Wemba sur la scène du Femua, à Abidjan, le 24 avril 2016 © AFP

Le 24 avril 2016, l’icône de la musique congolaise s’effondre en plein concert, à Abidjan. Organisateur du festival où il se produisait, Salif Traoré, dit A’Salfo, du groupe Magic System, était aux premières loges.

Quelques heures avant qu’il ne monte sur scène, je suis passé voir Papa Wemba dans sa loge. J’avais l’impression de voir un footballeur qui s’apprêtait à entrer sur le terrain. Il était en train de s’échauffer, alternant les étirements et les mouvements de fitness. Il était en pleine forme et me l’avait dit : il était très heureux d’être à l’affiche du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua). Quand je le lui avais proposé quelques mois plus tôt, il n’avait pas hésité. Il avait même révélé sa présence plus tôt que prévu, alors que nous souhaitions entretenir le suspense. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas chanté à Abidjan !

Papa, c’était notre idole, la superstar de cette édition. Alors ce 24 avril, il était bien sûr le dernier à monter sur scène. La nuit était avancée quand il a commencé à chanter, avec sa grande veste blanche et noire et son haut chapeau rouge. Un super show avec ses danseuses, comme toujours. Moi, j’étais juste derrière la scène, dans une loge, j’entendais tout. La rumba, sa voix incroyable, la clameur du public. On était heureux.

« Rien, sinon le silence »

Il était près de 5h30 du matin, j’étais en interview avec un journaliste. Je me souviens qu’il venait de me demander quel bilan je tirais de cette édition du Femua. C’était comme prémonitoire, car je lui avais dit : « Je ne peux pas répondre tant que ce n’est pas fini ». Quelques instant plus tard, la musique s’est coupée. Un étrange silence s’est installé. Il y avait 10 000 personnes, des techniciens, des danseurs, un chanteur, mais c’est comme si tout à coup, il n’y avait plus personne. Rien, sinon le silence.

Quelqu’un – je ne sais même plus qui tant ces instants sont confus – m’a dit : « Il y a un problème ». J’ai accouru sur scène. J’ai vu Papa Wemba allongé par terre, avec l’équipe médicale autour de lui. Le médecin m’a dit qu’ils l’évacuaient. Ils l’ont installé dans l’ambulance, que j’ai suivie avec ma voiture jusqu’à l’hôpital de l’Hôtel Dieu de Treichville.

TOUT S’EST EFFONDRÉ AUTOUR DE MOI, J’AI EU L’IMPRESSION DE CHAVIRER

L’attente a débuté. C’était dur, mais je pensais que c’était un petit malaise, un coup de fatigue. Je ne pouvais imaginer que quelque chose de grave était en train de se passer. Dans le hall de l’hôpital, j’étais avec Cornely Malongi, le manager de Papa Wemba, et Bazoumana Coulibaly, collaborateur de Hamed Bakayoko, alors ministre de l’Intérieur, qui était ce soir-là au concert, quand un médecin est arrivé. Il était 6h30 du matin. Il m’a appelé et on s’est tous levés, mais il a insisté : il voulait me voir seul.

La montre de Papa Wemba

On s’est mis à l’écart, il a glissé la main dans la poche de sa tunique blanche et il en a sorti la montre de Papa Wemba. J’entends encore ses mots. Il m’a dit : « C’est fini. Le Vieux a décidé de quitter cette terre à Abidjan. » Tout s’est effondré autour de moi, j’ai eu l’impression de chavirer. La demi-heure qui a suivi a été très longue. Je ne pouvais rien dire à personne, il fallait que je prévienne les autorités et la famille. J’ai essayé d’appeler le ministre de la Culture, Maurice Bandaman, mais il n’a pas répondu. J’ai tenté de joindre Hamed Bakayoko, qui était un fan de musique, il n’a pas décroché. Tout le monde dormait.

« Hamed » a été le premier à me rappeler, quelques minutes plus tard. Il m’a rassuré, m’a dit que le président Ouattara allait prévenir Joseph Kabila, le chef de l’État congolais. On a appelé les proches de Papa Wemba, et puis très vite, il a fallu préparer un communiqué. C’était un dimanche matin, les gens allaient se réveiller et tout le monde allait s’interroger. Avec Aby Raoul, le maire de la commune de Marcory, le journaliste Claudy Siar et Serge Fattoh, l’animateur du Femua, on a pesé chaque mot. À 11 h pile, on l’a annoncé : Papa Wemba, le baobab de la rumba, est mort. À y repenser, j’en ai encore la chair de poule. »

Avec Jeune Afrique par Anna Sylvestre-Treiner

Côte d’Ivoire: Retour de Simone Gbagbo à Abidjan après son séjour à Kinshasa

octobre 24, 2021

Avec ConseilsEdo

De la Nouvelle-Orléans à Abidjan, retour aux origines du twerk

octobre 24, 2021
B’ ATTITUDE – TWERK au FGO BARBARA, à Paris, organisé par Patricia Badin. © François Grivelet pour JA

Popularisée par les clips, parfois jugée pornographique, ce phénomène puise pourtant ses origines dans les danses afro-descendantes ancestrales et prône surtout la libération du corps.

« Faites sauter la fesse comme une crêpe ! Est-ce qu’on est venus là pour s’asseoir et cacher notre postérieur ou pour le montrer ? », encourage l’énergique Patricia Badin, 49 ans, professeure de twerk au Centre FGO Barbara situé dans le cosmopolite quartier parisien de Barbès. Micro-shorts, brassières à paillettes, genouillères glissées sous des chaussettes hautes, baskets aux pieds… L’armada de danseuses a enfilé la tenue de rigueur pour twister et jerker. Le terme « twerk » est en effet une contraction de « twist » et « jerk », deux danses américaines nées dans les années 1960, qui aurait été employé pour la première fois dans le morceau « Do the jibelee all » (1993) signé DJ Jubilee, rappeur originaire de la Nouvelle-Orléans.

S’approprier les clichés

Face au miroir, trois rangées sont formées derrière la Guadeloupéenne d’origine, qui enseigne la discipline depuis 2015. Les premières pulsations d’afrobeats retentissent. Sur le tempo, les popotins vibrent, rebondissent, ondoient, créent des secousses. Le champ des possibles de la danse des fesses semble infini. Une ronde humaine se dessine au beau milieu de la salle. Chaque danseur est alors invité à improviser au centre du cercle, à se laisser porter par les vibrations des percussions dans un freestyle. Les yeux fermés, Patricia Badin ouvre le bal au sol, accroupie, sur le ventre, le dos. Mais seules les fesses tremblent. Le spectacle prend des allures de transe africaine.

« Le twerk est une danse d’isolation. On fait bouger séparément les fesses ou le bassin. Le reste du corps est statique, décortique la danseuse. Ici, il n’y pas de chorégraphies comme dans les clips de musique urbaine que l’on voit sur YouTube, avertit-elle. Le but est de lâcher-prise et de faire circuler l’énergie ». Bientôt, la pro du « booty shake » (tremblement de fesses) – autre appellation du twerk – prend appui sur ses bras et monte en équilibre sur la tête, les hanches toujours actives.

ON A TOUJOURS VU DES FEMMES AFRICAINES SE RÉUNIR DANS LES VILLAGES ET REMUER LES FESSES EN PAGNE

Sourires XXL accrochés aux lèvres des participantes, énergie collective, applaudissements… La bienveillance qui émane de la séance a de quoi stimuler les plus réfractaires. Chacune se lance à son tour dans un enchaînement libre d’acrobaties – semi-grand écart latéral inclus –, au croisement entre la gymnastique et les chorégraphies de pom-pom girls.

La chanteuse américaine Miley Cyrus, à qui on a prêté à tort l’invention du genre depuis sa prestation explicitement lubrique sur la scène des Music Video Awards en 2013, peut aller se rhabiller. « On a toujours vu des femmes africaines se réunir dans les villages et remuer les fesses en pagne, notamment lors de rites de passage pour signifier qu’elles sont fertiles, raconte celle qui a fait des démonstrations de twerk jusqu’à l’École des Sables, à Toubab Dialao, au Sénégal, ou encore dans des institutions comme le Palais de Tokyo.

Jugée indécente et pornographique, la danse twerk véhiculerait une image dégradante de la femme. Pour l’artiste plasticienne Aïda Bruyère, « ces danses sont une manière pour les personnes vivant dans les ghettos de s’approprier les clichés que les Blancs racistes leur attribuaient, comme le fait d’être hypersexualisées, d’être des sauvages », explique-t-elle dans son livre Bootyzine (2018), réunissant des images d’archives de Patricia Badin.

Sororité et acceptation de soi

Si le mot a fait son entrée dans le dictionnaire d’Oxford au mitan des années 2010, la définition peut faire tiquer : « Une danse sexuellement provocante, composée de mouvements de poussée de fesses et de hanches en squats ». Le twerking repose pourtant sur le principe de sororité et d’acceptation de soi. « Ma mère ne dansait pas en poom poom short ni à quatre pattes, rit Patricia. Mais je l’ai toujours vue remuer les hanches et les fesses. Cette manière de bouger fait partie de nos gestes depuis toujours, chez tous les Afro-descendants. »

Même son de cloche du côté de la chanteuse africaine-américaine Lizzo. « Les femmes noires ont porté ces danses à travers la traite négrière transatlantique », a-t-elle soutenu lors d’une conférence TED intitulée L’histoire noire du twerk. Comment cette danse m’a enseigné l’estime de soi en août 2021.

« Du “ring shout” (rituel ecclésiastique) aux hanches de Ma Rainey et Bessie Smith quand elles chantaient le blues, en passant par le “bounce” (danse des fesses à la Nouvelle-Orléans) et la danse de la banane de Josephine Baker (…), les Noirs portent les origines de cette danse dans leur ADN, dans leur sang, dans leurs os. On a fait du twerk le phénomène culturel mondial qu’il est aujourd’hui. »

Les deux femmes sont également d’accord pour affirmer que le twerk puise ses racines en Afrique et serait un dérivé du mapouka, une danse ivoirienne née dans les années 1990 et ayant fait l’objet d’une censure par le Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA). Une interdiction qui a largement participé à la diffusion de la pratique un peu partout sur le continent et ailleurs.

Mais cette paternité africaine reste difficile à prouver, estime le chorégraphe franco-camerounais James Carlès, pour qui le mouvement est né au début des années 2000 à Harlem. « Le twerk est en effet arrivé après le mapouka, mais l’influence de ce style est beaucoup plus visible dans le coupé-décalé, observe-t-il. Ce que l’on peut noter, c’est que les esclaves ont toujours conservé les danses dans leur corps pour sauver leur âme. Donc, dans l’histoire de la danse afro aux États-Unis, il y a toujours eu un retour à l’Afrique. On peut donc voir dans le twerk l’influence de la communauté ivoirienne installée à Harlem ou une mémoire des corps – ou les deux. »

Pour le danseur, il existe un continuum dans toutes les danses afro-descendantes qui s’explique par le fait d’appartenir à une communauté tout en exprimant sa singularité. « En Europe, on ne comprend pas toujours ce rapport à la danse très communautarisant, mais il fascine. On retrouve cette récurrence dans le funk et le blues, et dans le twerk aussi. Ce sont des danses qui ont participé à se réapproprier son corps et sa sexualité ». Ce qui explique le succès du twerk en dehors des frontières de l’Afrique, notamment à l’heure de la troisième génération féministe et du mouvement #MeToo.

En quête de reconnaissance

Le twerk n’est pour le moment reconnu par aucune fédération, à la différence par exemple du pole dance en France. Si la pratique se démocratise un peu partout en Europe à travers des cours et des stages, elle reste encore largement associée au lap dance. On la retrouve néanmoins sous des latitudes incongrues, jusque dans les capitales des pays scandinaves, dans le cadre de formations spécialisées.

Avec jeune Afrique par Eva Sauphie