
Deux femmes tentent de quitter la ville de Kramatorsk, en Ukraine. Photo : Getty Images/Fadel Senna
Au 45e jour de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, dix couloirs humanitaires d’évacuation des civils des régions assiégées ont été acceptés pour la journée de samedi, selon Kiev.
La vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk, qui en fait l’annonce, a précisé qu’un de ces couloirs humanitaires concerne Marioupol, dans le sud-est du pays.
Plusieurs tentatives pour acheminer des fournitures à Marioupol et pour évacuer des civils ont échoué. Russes et Ukrainiens se rejettent la responsabilité de ces échecs.
Plus à l’est, le gouverneur de la région de Louhansk, Serhiy Gaidai, a réitéré le besoin urgent d’évacuer les civils encore coincés dans cette zone.
Quelque 30 % de la population civile éparpillée dans diverses localités un peu partout sur le territoire a demandé à être évacuée, selon M. Gaidai.
Les opérations d’évacuation interrompues à partir de la gare de Kramatorsk, endommagée lors d’une frappe de missiles vendredi, se poursuivront par d’autres stations dans l’est du pays, a assuré la compagnie ferroviaire d’État ukrainienne.
Quatre trains sont prévus au départ de la ville voisine de Sloviansk en direction de l’ouest du pays, selon la compagnie de chemins de fer.

Parmi la dizaine de corridors humanitaires annoncés, l’un d’eux concerne la ville de Marioupol. Photo : AP/Alexei Alenxandrov
Ces évacuations doivent également avoir lieu depuis Pokrovsk, dans la région de Donetsk, et de Novozolotarivka, dans la région de Lougansk.
D’autres trains locaux sont aussi prévus, mais leur horaire exact n’a pas été annoncé pour des raisons de sécurité.
Les opérations d’évacuation ont également lieu par route. Des minibus et des camionnettes viennent récupérer des dizaines de rescapés du bombardement de Kramatorsk, qui ont passé la nuit dans une église protestante du centre-ville, non loin de la gare, ont signalé des journalistes de l’Agence France-PresseAFP.
Par ailleurs, d’autres évacuations se poursuivent discrètement vers les territoires prorusses.
Des convois de voitures passent chaque jour vers le nord sous contrôle de l’armée russe avec l’accord tacite des soldats ukrainiens aux derniers postes de contrôle, selon un journaliste de l’Agence France-PresseAFP.
On va là-bas, car nous y avons de la famille. On trouve de la nourriture, c’est calme, il n’y a pas de problème
, a confié un trentenaire qui se préparait à passer avec sa famille.
N’ont-ils pas peur des troupes russes? Il y a des bons et des méchants de tous les côtés
, a-t-il répondu.
Peur et angoisse à Kramatorsk
Le bombardement de la gare de Kramatorsk est une source d’angoisse pour la Dre Joanne Liu, qui était présente sur les lieux il y a quelques jours avec Médecins sans frontières (MSF).
Selon un dernier bilan officiel des autorités régionales, 52 personnes ont été tuées et 109 blessées dans le bombardement qui a visé vendredi matin cette gare bondée, principal centre des évacuations en cours dans le Donbass sous contrôle ukrainien.
On a évacué 57 personnes [de Kramatorsk] dans deux transferts
, a-t-elle indiqué dans une entrevue à 24/60 depuis Dnipro.
La région demeure sous la menace d’une offensive russe majeure et imminente.
Sur le front, les opérations russes continuent de se concentrer sur la région du Donbass, sur Marioupol et sur Mykolaïv, soutenues par des lancers en Ukraine de missiles de croisière par les forces navales
, selon le ministère britannique de la Défense.
Les ambitions russes d’établir un couloir entre la Crimée et le Donbass continuent d’être contrecarrées par la résistance ukrainienne
, ajoute la même source.

Un soldat ukrainien, debout sur le toit d’un véhicule blindé de transport de troupes, brandit le drapeau national ukrainien à Hostomel. Photo : Getty Images/Alexey Furman
L’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW) abonde dans ce sens.
Les forces ukrainiennes continuent de repousser quotidiennement les assauts russes dans les districts de Donetsk et de Lougansk
, dit-il, évoquant des attaques russes au sud d’Izyoum, vers Slovyansk et vers Barvinkove, mais sans prise de territoires supplémentaires.
Selon des sources militaires occidentales, il resterait encore 3000 soldats ukrainiens à l’intérieur de la ville de Marioupol, en position défensive, notamment dans une usine sidérurgique équipée de profonds souterrains.
L’Ukraine s’attend à ce que la Russie intensifie ses attaques dans l’est et dans le sud du pays après avoir retiré ses troupes des zones situées au nord de la capitale, Kiev. Les États-Unis ont indiqué au cours de la semaine que Moscou prévoyait déployer des dizaines de milliers de soldats dans l’est de l’Ukraine.
Dépôts de munitions détruits
Les forces russes ont détruit un dépôt de munitions sur la base aérienne de Myrhorod, dans le centre de l’Ukraine, a indiqué samedi l’agence de presse Interfax en citant le ministère russe de la Défense.
Un avion de chasse MiG-29 et un hélicoptère Mi-8 de l’armée de l’air ukrainienne ont également été détruits lors de l’attaque de la base située de la région de Poltava, a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.
M. Konachenkov a ajouté qu’un autre dépôt de munitions a aussi été détruit près de la ville de Novomoskovsk, dans la région de Dnipro, dans le centre-est de l’Ukraine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que Kiev était toujours prêt
à mener des pourparlers avec la Russie.
Nous sommes prêts à nous battre et à chercher parallèlement des voies diplomatiques pour arrêter cette guerre
, a-t-il assuré lors d’une conférence de presse avec le chancelier autrichien Karl Nehammer, en visite à Kiev et à Boutcha, une petite ville proche de la capitale.
Avec Radio-Canada