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Au Soudan, les putschistes arrêtent une militante féministe

février 3, 2022

ALERTE. Malgré l’arrestation de l’ingénieure et activiste Ameera Osman, les militants prodémocratie refusent d’obtempérer face à aux intimidations.

Ce n’est pas la première fois que ce salon bourgeois de l’est de Khartoum est pris d’assaut. En 2019 déjà, à quelques semaines de la chute du dictateur Omar el-Béchir, les forces de l’ordre avaient fait irruption dans cette vaste pièce abritant trois jeux de fauteuils et une table basse respectivement en velours framboise, en tissu or et café, et en bois et toile fleurie. À l’époque, ils recherchaient Amani Osman. L’avocate s’était d’abord échappée, avant d’être rattrapée puis enfermée durant trente-huit jours. Ce 22 février, sa sœur benjamine, Ameera Osman, qui vit, comme toute la famille, sous ce même toit, n’a pas eu cette chance. Il était 23 h 30 lorsqu’une trentaine d’hommes se sont introduits par la porte arrière de la demeure. Ameera Osman se déplace en outre avec difficulté depuis que sa colonne vertébrale a été touchée lors d’un éboulement de façade, il y a cinq ans.

Cette ingénieure en informatique de 40 ans est bien connue des services de renseignements soudanais (GIS). Sous l’ancien régime, elle avait été interpellée car elle portait un pantalon ou encore refusait de mettre le voile, alors obligatoire. Membre du Parti communiste, elle est par ailleurs active au sein du comité de résistance de son quartier et a pris la tête, en avril dernier, du mouvement Non à l’oppression des femmes. Cette nouvelle incarcération intervient dans un contexte de reprise en main du pouvoir par les militaires depuis le coup d’État du 25 octobre. Une situation encore aggravée par la restauration, fin décembre, des pleins pouvoirs du GIS.

Un lieu de détention inconnu 

Amani Osman a assisté, impuissante, à l’invasion de la horde d’hommes, au visage dissimulé par une écharpe. Certains étaient armés de kalachnikovs, de pistolets et de tuyaux de canalisation en guise de bâtons – dont un, oublié, se dresse au milieu des plantes vertes et services à café décoratifs du séjour familial. « Ils se sont présentés comme la brigade des stupéfiants. Ils ont dit qu’ils emmenaient Ameera pour l’interroger et qu’elle rentrerait après », rapporte sa sœur aînée, qui ne croit pas, un instant, à ces explications douteuses. Elle s’empresse d’alerter, sur les réseaux sociaux, ses compatriotes, engagés pour beaucoup dans une fervente lutte contre les putschistes.

Amani Osman, ses proches et ses collègues du barreau sont ensuite baladés entre plusieurs postes de police de la capitale. L’ingénieure semble finalement localisée à la prison pour femmes d’Omdourman, ville voisine de la capitale. Mais impossible, une fois sur place, de voir la détenue. « Les services de sécurité ont fini par nous assurer qu’elle n’était pas avec eux et qu’elle était peut-être retenue par les Forces de soutien rapide [puissante milice dirigée par le vice-président du Conseil souverain, NDLR] ou par les militaires. Ils ont toutefois refusé de signer un papier officiel pour l’attester, poursuit l’avocate. Les autorités veulent faire peur aux femmes et les décourager de protester contre ce régime. Leur message s’adresse à toutes les femmes car tout le monde connaît Ameera ! »

Une tentative vaine de museler les femmes 

« Elle était toujours en tête des cortèges, même avec ses béquilles », assure Ihsan Fagiri, l’ex-présidente de Non à l’oppression des femmes, également passée par la case prison sous el-Béchir. À travers l’arrestation de son amie, cette médecin dénonce « un nouveau type de violence qui vise à terroriser les femmes pour les empêcher de sortir et de faire entendre leur voix. » Pas question d’obtempérer pour autant. Ce 2 février, une bonne soixantaine de femmes de tout âge, accompagnées de quelques hommes, se sont en effet réunies devant les locaux du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme pour réclamer la libération d’Ameera Osman et des dizaines d’autres détenus politiques.

Entre deux slogans, Malk Ihssan, une étudiante en faculté d’ingénierie, explique que ses « amis sont dans les prisons du général Burhane [principal auteur du coup d’État, NDLR], sans aucune raison ». Nous demandons leur libération car ce ne sont pas des criminels. Ils sont simplement descendus dans la rue pour réclamer la liberté et un gouvernement civil. » « Ainsi que la justice pour le Soudan, complète sa cadette, Minatallah Ihssan. Les militaires ne peuvent pas nous empêcher de continuer à manifester. »

Une militante historique 

À quelques mètres des deux jeunes femmes, Faisal Salih, l’ancien ministre de la Culture et de l’Information, devenu conseiller de l’ex-Premier ministre Abdallah Hamdok jusqu’au coup d’État, confirme : « Les militaires pensent que cela va nous décourager, mais nous n’arrêterons pas. » Lui-même détenu pendant un mois après le putsch, il s’est surtout déplacé pour soutenir son amie de longue date. « C’est une femme très forte et très engagée dans la défense des droits de l’homme. Nous avons travaillé ensemble pour de nombreux événements, des ateliers, des manifestations, énumère Faisal Salih. L’arrestation d’Ameera constitue une flagrante violation des droits de l’homme. Elle n’a fait qu’utiliser ses droits civiques et des moyens pacifiques pour réclamer la démocratie. Elle n’a jamais entretenu de lien avec une organisation violente et mérite, par conséquent, d’être traitée de manière équitable. » Or son état de santé, tout comme la réputation des services de sécurité, tristement célèbres pour perpétrer mauvais traitements, torture et viols, inquiète les proches d’Ameera Osman. 

De son côté, l’ONG britannique Redress appelle « les experts des Nations unies à intervenir de toute urgence en faveur d’une éminente militante soudanaise des droits des femmes ». En attendant, les petits-neveux et nièces de l’activiste restent traumatisés par le rapt nocturne qui a fait remonter les amers souvenirs hérités de la dictature. « Les enfants ont peur. Maintenant, nous fermons systématiquement la porte d’entrée et ils me supplient de ne plus sortir », raconte Amani Osman. En cet après-midi du 2 février, tous avaient malgré tout quitté leur coquet salon afin de réclamer justice pour cette icône de la lutte pour les droits des Soudanaises.

Avec Le Point par sa correspondante à Khartoum, Augustine Passilly

France/Tentative de vol au Quai Branly : 1000 euros d’amende pour l’activiste congolais

octobre 14, 2020

Emery Mwazulu Diyabanza a tenté de s’emparer le 12 juin dernier d’un poteau funéraire en dénonciation du «pillage» culturel de l’Afrique. Le militant condamné, ce mercredi, pour «vol aggravé» va faire appel.

Le militant congolais Emery Mwazulu Diyabanza a été condamné mercredi à 1000 euros d’amende pour avoir tenté de s’emparer en juin dernier au musée du quai Branly d’un poteau funéraire d’origine tchadienne pour dénoncer le «pillage» culturel de l’Afrique.

Initialement poursuivi pour «tentative de vol», il a finalement été condamné par le tribunal correctionnel de Paris pour «vol aggravé». Trois autres militants jugés avec lui ont été condamnés à des peines d’amende avec sursis de 250, 750 et 1.000 euros, un quatrième relaxé. L’activiste congolais a annoncé qu’il allait faire appel.

Les avocats des militants panafricains, Me Calvin job et Me Hakim Chergui ont estimé «décevante» la décision du tribunal. «Alors même que toutes les parties au procès avaient relevé l’absence d’intention réelle de voler la statuette, cette décision revient à traiter en vulgaires resquilleurs des militants d’une cause politique et, de la sorte, à confondre un simulacre de vol et une tentative de vol», ont-ils déploré.

Pour eux, ce jugement «répond à la violence de l’occultation de l’Histoire coloniale par le refus assumé de regarder en face le caractère politique d’une action indubitablement militanteEn ce sens, déni sur déni, à la cécité politique vient s’adjoindre, fidèle au continuum colonial, la cécité judiciaire», ont souligné les deux avocats.

Membres de l’association panafricaine Unité Dignité Courage, ces cinq militants s’étaient emparés le 12 juin dernier d’un poteau funéraire Sara (Tchad) du XIXe siècle en l’arrachant de son socle au musée du quai Branly. Emery Mwazulu Diyabanza avait pris l’objet dans ses bras en criant: «on le ramène à la maison.»

Reconnaissant le caractère «militant» de cette action, le président du tribunal a expliqué mercredi en rendant son jugement que ce mode opératoire devait être «découragé». «Vous disposez d’autres moyens pour attirer l’attention de la classe politique et du public» sur la question des restitutions des œuvres africaines, a-t-il ajouté.

Le parquet avait requis à l’audience 1.000 euros d’amende contre l’activiste. «La légitimité d’aller chercher ce qui nous appartient ne revient pas aux juges d’un gouvernement prévaricateur», a commenté Emery Mwazulu Diyabanza en sortant de la salle d’audience. «Nous continuerons le combat avec tous les moyens dont nous disposons. Nous ne sommes pas dissuadés», a-t-il prévenu.

Le militant congolais n’en a pas fini avec la justice. Quelques semaines après le coup d’éclat du musée du quai Branly, il s’était emparé d’un objet en ivoire au musée des arts africains de Marseille puis avait tenté d’emporter une sculpture du Congo dans un musée néerlandais. Il doit être jugé à Marseille le 17 novembre prochain et en janvier aux Pays-Bas pour ces actions.

Par Le Figaro avec AFP

Chine: l’instigatrice du mouvement «Me too» arrêtée

octobre 25, 2019

 

L’activiste féministe, a été incarcérée le 17 octobre pour avoir «troublé l’ordre public», selon ses proches. Elle était dans la ligne de mire des autorités depuis sa participation à une manifestation à Hongkong.

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L’activiste féministe Sophia Huang Xueqin. Capture d’écran YouTube

Sophia Huang Xueqin n’est plus joignable depuis une semaine, selon ses proches, rongés d’inquiétude. La jeune femme de 32 ans, qui avait lancé un timide mouvement contre les violences sexuelles au travail, en Chine, croupit au centre de détention du district de Baiyun, à Canton, dans le sud du pays depuis son arrestation le 17 octobre, selon le South China Morning Post. Plus que ses activités féministes, c’est sa participation aux manifestations pro-démocratie à Hongkong, qui l’aurait conduit sous les verrous. L’activiste est accusée «de soulever des controverses, et causer des troubles» une formule vague employée par le régime policier pour museler les voix dissonantes sur un dossier jugé ultra-sensible par Pékin. «Elle l’a bien cherché parce qu’elle a franchi la ligne rouge politique!» accuse un internaute sur Weibo, le tweeter chinois.

La jeune cantonaise avait participé à une manifestation en juin dans l’ancienne colonie britannique, contre le projet de loi d’extradition judiciaire vers la Chine continentale qui a déclenché une crise politique sans précédent, toujours pas réglé après cinq mois de manifestations. L’ancienne journaliste avait raconté son expérience en publiant des articles en ligne sur un sujet considéré comme tabou par le régime, craignant que la contestation ne contamine la jeunesse continentale. Un post de trop. La police débarque alors chez sa famille à Canton pour lui demander de presser la jeune femme, à l’étranger de cesser ses activités dans le territoire semi-autonome, confie-t-elle en juin dans une interview au Wall Street Journal. Dès son retour au bercail le mois suivant, les autorités confisquent ses papiers, lui interdisant de quitter le pays et de retourner à Hongkong ou la jeune femme comptait poursuivre ses études cette année. «Les féministes commencent à soutenir l’indépendance de Hongkong, à la demande de ceux qui les ont financés» accuse un internaute «patriote», reprenant la ligne officielle du Parti qui voit la main des États-Unis derrière les manifestations.

Tabou dans la société

Sophia Huang Xueqin s’était fait connaître en révélant plusieurs cas de harcèlement sexuel en Chine, levant un tabou dans la société, relayant dans le pays le plus peuplé du monde, le mouvement #Metoo lancé aux États-Unis. Elle avait répondu à des interviews de médias étrangers sur ce sujet délicat, recevant de nombreux soutiens de femmes chinoises, libérant la parole.

Son arrestation semble s’inscrire dans la grande reprise en main en cours à Hongkong contre les manifestants, dont plus de 2300 ont été arrêtés depuis le début du mouvement, selon la police. Dans l’ancienne colonie britannique, les accusés ont droit à une protection judiciaire en vertu du concept «un pays deux systèmes». Un luxe dont ne bénéficie pas Sophia Huang Xueqin, ni les nombreuses voix dissonantes qui «disparaissent» régulièrement dans les cachots de la seconde puissance mondiale, dans l’indifférence de l’opinion chinoise, étroitement encadrée par les censeurs. «Si on continue à rester silencieux, on devient complice» rappelle néanmoins un rare post favorable à la jeune femme, reprenant le mot d’ordre de «Metoo».

Le Figaro.fr par Sébastien Falletti, Correspondant à Pékin

Esclavage en Mauritanie: Biran Dah Abeid répond à Mohamed Abdelaziz

décembre 6, 2017

Dans un quartier de Nouakchott, en Mauritanie, en 2006. © SCHALK VAN ZUYDAM/AP/SIPA

C’est « par dépit » que ceux qui « ne sont plus aux commandes » de la Mauritanie « veulent réveiller la question de l’esclavage », affirmait début décembre le président Mohamed Ould Abdelaziz. Nommément visé, l’activiste mauritanien Biram Dah Abeid lui répond.

Le 2 décembre, devant la presse, dans la ville de Tichit, aux confins du désert, le président mauritanien s’en prenait aux activistes de la lutte contre l’esclavage et ses séquelles, non sans désigner ma modeste personne. D’après lui, nous serions des affabulateurs en mal de salaire, mus par la seule motivation du ventre. Plutôt que de prolonger une vieille polémique avec les pouvoirs mauritaniens et leur inclination au déni, je préfère retenir du propos de Mohamed Ould Abdelaziz une phrase révélatrice de la fidélité de l’homme aux intérêts historiques de son groupe, le monde des maîtres : « Nous agissons avec l’esclavage comme pour le vol ou le terrorisme : nous avons des textes pour combattre ces délits et ces crimes, mais ils continuent à être commis et nous améliorons nos lois en conséquence chaque fois que nous le pouvons. »

À quel bouc-émissaire devrait-on imputer la persistance de l’esclavage chez nous ?

Faut-il rappeler à l’auteur de ces mots qu’en vertu de la législation de notre pays, l’esclavage relève d’une catégorie imprescriptible : le « crime contre l’humanité » ? Ainsi cette tentative de relativisation comparée marque-t-elle le désir de banaliser l’héritage de siècles d’oppression par une ethnie, sous couvert de religion.

Au demeurant, sur la récente vente de migrants dans une pétaudière du Maghreb, Ould Abdelaziz recourt à l’inversion habituelle de culpabilité : « Il n’y a plus d’État en Libye par la faute de l’Occident, qui a bombardé le pays et contribué à l’assassinat de son président. »

En admettant un instant ce raccourci commode, à quel bouc-émissaire devrait-on imputer la persistance de l’esclavage chez nous ? Au complot sioniste ? À la colonisation française ? Aux francs-maçons ? Aux Illuminati? Ou à l’éternel impérialisme ?

Non, hélas ! Les noirs mauritaniens, depuis des temps immémoriaux, naissaient et mourraient sans rien connaître de la vie si ce n’est la condition de serviteur docile, vendable, et corvéable à merci. Au moins le président mauritanien ne congédie-t-il pas cet aspect incontesté de notre mémoire, ce dont je lui reconnais le mérite.

Le sort des descendants d’esclaves

Les fils et petits-fils d’esclaves endurent des discriminations et des inégalités que seule leur naissance peut expliquer

Au détour d’une autre citation, Mohamed Ould Abdelaziz identifie le sort des descendants d’esclaves à celui des Africains-Américains, non sans les qualifier au passage de « minorité ». Le choix du terme justifie le reste du propos.

Là encore, le chef de l’État lance un message aux siens : la communauté arabo-berbère, au sein de laquelle fleurissent pourtant des attitudes de solidarité admirable avec les victimes du racisme et de l’exclusion. Il leur adresse un avertissement autant qu’il les incite à faire corps autour de lui.

La légèreté de l’assertion trouve pourtant, dans l’animation de nos rues, un démenti sans appel. L’observateur, même distrait, sait combien la démographie de la Mauritanie consacre une majorité – exponentielle – de noirs. Et pourtant, leur concours à l’exercice du pouvoir, leur participation à l’économie globale, à la banque, à la fonction publique, au commandement des forces armées et de sécurité ou encore au magistère religieux n’atteint même pas 5%.

 Discriminations et inégalités persistantes

Peu importe le refus des juges de traiter les dizaines de cas d’esclavage en instance d’instruction ou d’anéantir les plaintes d’un revers de non-lieu ! Les fils et petits-fils d’esclaves endurent des discriminations et des inégalités que seule leur naissance peut expliquer. Cette différence de destin justifie notre acharnement à lutter.

Au lieu de s’emmurer dans un repli défensif, devant une cause fatalement désignée à la victoire, Mohamed Ould Abdelaziz devrait nous tendre la main pour, ensemble, reconstruire la Mauritanie, trait d’union entre les « deux Afrique », sur des bases saines.

Pour l’heure, favorisé par ses propres atermoiements et son laxisme, l’extrémisme religieux menace de transformer le pays en base arrière du jihad sahélo-saharien. Bientôt, au terme de deux mandats caractérisés par l’imprudence et le risque, notre président, fourbu, aura besoin de consensus, et non de rallonger la liste déjà longue de ses adversaires.

Jeuneafrique.compar Biram Dah AbeidBiram, militant anti-esclavagiste mauritanien, fondateur de IRA Mauritanie (Initiative de résurgence pour le mouvement abolitionniste).

 

Thaïlande: un activiste mis au vert par l’armée avant la crémation du roi

octobre 25, 2017

Une Thaïlandaise tient un portrait du roi défunt Bhumibol Adulyadej, le 25 octobre 2017 à Bangkok / © AFP / Anthony WALLACE

Un activiste qui envisageait de mener une provocation symbolique jeudi, jour de la crémation du roi de Thaïlande, a été exfiltré hors de Bangkok par les militaires, a dénoncé une ONG mercredi, alors que des milliers de Thaïlandais affluaient déjà sur le site de la cérémonie.

L’ONG respectée Thai Lawyers for Human Rights dénonce une descente de militaires survenue mardi au domicile d’Ekachai Hongkangwan à Bangkok, lui donnant le choix entre « faire un tour du côté de Kanchanaburi (localité de l’ouest de la Thaïlande) ou rester dans une baraque militaire ».

Mercredi, Ekachai « était détenu à Kanchanaburi », a précisé l’AFP l’avocat Anon Numpa, de Thai Lawyers for Human Rights, qui a pu lui parler. Il se trouve dans un hôtel, sous surveillance militaire, et est tenu d’y rester jusqu’au 27 octobre.

« Il n’a pas été mis en examen, mais les militaires ont dit qu’il avait été emmené pour le bon déroulement de la cérémonie de crémation royale », a ajouté l’avocat Anon Numpa.

Aucun commentaire n’a pu être obtenu auprès des autorités, comme c’est souvent le cas avec le régime militaire ultra-royaliste au pouvoir depuis un coup d’Etat en 2014. Il est coutumier des détentions de plusieurs jours des détracteurs du régime.

Il est reproché à Ekachai un post sur Facebook la semaine dernière, dans lequel il disait qu’il porterait jeudi une chemise rouge, une allusion au mouvement des Chemises rouges, favorable à l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra et à sa soeur Yingluck, dont les gouvernements ont été démis par des coups d’Etat militaires en 2006 et 2014.

« Le 26 octobre, je mettrai une chemise rouge et ferai quelque chose d’impensable », avait écrit Ekachai sur sa page Facebook le 20 octobre, dans un pays où nul n’ose critiquer la royauté, protégée par une loi de lèse-majesté drastique.

Pendant ce temps, à Bangkok, sur le parcours du convoi funéraire du roi Bhumibol Adulyadej, qui doit sortir du palais jeudi matin, les Thaïlandais étaient déjà des milliers à se masser mercredi soir, prêts à passer la nuit sur le trottoir pour être aux premières loges.

« Je veux venir lui dire au revoir le plus près possible », explique dans la foule, protégée du soleil par une mer de parapluies noirs, Una Tontakulchanchai.

« Il a régné pendant 70 ans et a fait beaucoup pour le peuple. Je n’ai rien à lui offrir en retour si ce n’est ma loyauté », ajoute une autre Thaïlandaise, Samruan Amma.

Au moins 250.000 personnes sont attendues jeudi dans les rues de Bangkok.

De son vivant, le roi Bhumibol avait déjà un statut de demi-dieu, après des décennies de culte de la personnalité le présentant comme le père de la Nation, garant de la stabilité d’un pays marqué par de profondes divisions politiques.

Romandie.com avec(©AFP / 25 octobre 2017 14h44)                

Mali: un célèbre activiste blessé par balles à Bamako

juillet 25, 2017

Bamako – Un célèbre activiste et chroniqueur malien a lancé mardi un appel au calme, après avoir été victime dans la nuit d’une tentative d’assassinat à Bamako, la capitale du Mali.

« Maréchal Madou », Madou Kanté de son vrai nom, était au volant de sa voiture vers 01H00 du matin lorsqu’un inconnu muni d’une arme à feu l’a visé, a-t-il expliqué à l’AFP depuis l’hôpital de Bamako où il a été admis dans la nuit.

« On vient de m’enlever la balle du corps (…) J’étais dans ma voiture à Bamako quand quelqu’un m’a tiré dans la poitrine », a ajouté le jeune homme de 30 ans, connu pour dénoncer la corruption, le népotisme et d’autres travers de dirigeants politiques et religieux dans ses chroniques diffusées sur Youtube, le « Madou Ka Journal », et dans d’autres médias.

« Je voulais lancer un appel au calme. Je n’accuse pour le moment personne et je ne veux pas que des actions soient menées en mon nom. J’aime le Mali », a-t-il insisté.

« Maréchal Madou » a récemment participé à des manifestations du « non » au référendum sur le nouveau projet de Constitution qui divise les Maliens.

« L’opération est terminée et une balle a été extraite du corps de M. Kanté », a confirmé un membre du corps médical s’exprimant sous couvert d’anonymat, en précisant que le jeune homme restait « sous surveillance médicale ».

Il avait reçu dans la nuit la visite de plusieurs ministres, selon des sources proches du gouvernement et de sa famille.

Il « circulait dans sa voiture, lorsqu’on a tiré sur lui, ce qui veut dire qu’il était suivi. Mais mon sentiment est que ce n’est pas un professionnel qui a fait le coup contre le Maréchal Madou, qui défend également les droits de l’homme », a expliqué un de ses proches.

« Nous ne voulons pour le moment accuser personne sans preuve. Ces derniers temps, Maréchal Madou critiquait devant moi certains hommes de l’opposition », a déclaré à l’AFP un autre de ses proches, Oumar Diakité.

L’opposition réclame le retrait du projet de révision de la Constitution, sur laquelle la Cour constitutionnelle a demandé le 5 juillet des amendements, après le report sine die du référendum sur ce texte, initialement prévu pour le 9 juillet.

Cette révision, la première depuis 25 ans, vise notamment à mettre en oeuvre certains engagements de l’accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l’ex-rébellion à dominante touareg du Nord et prévoit la création d’un Sénat et d’une Cour des comptes. Mais ses détracteurs lui reprochent de conférer trop de pouvoirs au président.

Romandie.com avec(©AFP / 25 juillet 2017 15h39)