
Selon des sources concordantes, des frappes aériennes françaises ont pris pour cible un « centre de commandement » d’Aqmi à Tombouctou. Les États-Unis ont par ailleurs annoncé l’envoi d’équipement et de personnel pour soutenir l’intervention franco-malienne de reconquête du nord.
Affaiblir Aqmi, la frange la plus radicale des jihadistes avec laquelle aucune négociation n’est possible : c’est vraisemblablement l’objectif actuel de l’intervention franco-malienne au Nord-Mali. À Tombouctou, où le chef de la principale katiba d’Aqmi au Mali, Abou Zeid, avait ses quartiers, un « centre de commandement » de la nébuleuse salafiste a été visé mardi 23 janvier par un raid aérien français, selon des sources concordantes françaises.
Niger : Issoufou chef de guerre
« Cette guerre, nous la gagnerons », a lancé mardi 23 janvier le président du Niger, Mahamadou Issoufou, devant le contingent de soldats nigériens qui doit, aux côtés des troupes tchadiennes, rejoindre à terme la zone de Gao, dans le Nord malien tenu par des islamistes armés.
« Les forces armés nigériennes en général et votre contingent en particulier ont les ressources physiques, intellectuelles et morales pour venir à bout de l’ennemi. Cette guerre, nous la gagnerons », a déclaré le président nigérien au bataillon qui intégrera la force africaine en cours de déploiement, la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) qui devrait compter à terme près de 6 000 hommes, dont 2 000 Tchadiens.
Fort de 500 hommes, le contingent nigérien, qui a été formé durant un mois par des experts français, est cantonné à Ouallam, à une centaine de km au nord de Niamey, dans une région proche de la frontière malienne. « Nous allons nous prépositionner dans la zone de Gao. Nous n’attendons que le signal de la Misma. Dès qu’elle donne le top, nous partons », a expliqué sous couvert de l’anonymat un officier, sans précision sur la date du départ.
Selon une source sécuritaire nigérienne, les 200 militaires tchadiens présents depuis plusieurs jours au Niger ont commencé depuis environ 48 heures à quitter la base militaire de l’aéroport de Niamey où ils étaient cantonnés et à rejoindre un camp de la gendarmerie en périphérie de la capitale. Ce second camp est situé sur la route menant à Ouallam.
« Aqmi a été délibérément visé lors de cette attaque », explique une source proche du gouvernement français. Lundi, le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l’état-major des armées françaises, s’était borné à confirmer des frappes aériennes françaises « à la périphérie » de Tombouctou.
Et la France, qu’on pensait tout d’abord isolée sur le terrain, a continué de recevoir des soutiens de ses partenaires. Après de nombreux états africains et occidentaux, dont dernièrement la Grande-Bretagne, les États-Unis sont rentrés dans la danse. « À la demande du gouvernement français, nous avons commencé à affréter par les airs de l’équipement et du personnel de la France vers le Mali », a indiqué un porte-parole de l’armée américaine, sans rentrer dans les détails.
Un mois pour Gao et Tombouctou ?
Washington fournissait déjà une aide en matière de renseignements à l’intervention française, avait annoncé la semaine dernière qu’elle mettrait prochainement à la disposition de la France des avions de transports, mais avait exclu l’envoi de troupes. Actuellement, plus de 2 150 soldats français sont déjà déployés au Mali pour combattre les groupes islamistes armés, un chiffre qui va augmenter dans les prochains jours. Et le chef d’état-major de l’armée malienne, général Ibrahima Dahirou Dembélé, a estimé que la « libération » de deux des principales villes dans le nord du Mali, Gao et Tombouctou, pourrait « ne pas prendre plus d’un mois ».
« Notre objectif est la libération totale des régions du nord du Mali. Si les appuis sont conséquents, cela ne dépassera pas plus d’un mois pour Gao et Tombouctou, a-t-il déclaré sur Radio France Internationale (RFI). Mardi matin, des soldats maliens parcouraient les rues de Diabali, à 400 km au nord de Bamako, comme ils l’avaient fait la nuit précédente, a constaté un journaliste de l’AFP.
L’armée malienne aux avant-postes
Comme annoncé, les soldats français, qui avaient aidé lundi les Maliens à reprendre Diabali tombée au mains des islamistes le 14 janvier, se sont retirés de la localité dans la soirée. L’armée française semble réticente à stationner dans les villes : une fois reprises aux islamistes, elle préfère en laisser le contrôle à l’armée malienne. C’est aussi le cas à Douentza, (800 km de Bamako), contrôlée depuis septembre par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), également reprise lundi par une colonne franco-malienne.
Plusieurs sources ont fait état d’un repli des islamistes vers Kidal (extrême nord-est), à 1 500 km de Bamako, près de la frontière algérienne. Quant à Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), principale organisation islamique d’un pays à 90% musulman, il a estimé que l’intervention de la France n’était « pas une agression contre l’islam ».
Jeuneafrique.com avec AFP