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Afghanistan: les talibans interdisent aux filles d’accéder à l’université

décembre 20, 2022
Afghanistan: les talibans interdisent aux filles d'acceder a l'universite
Afghanistan: les talibans interdisent aux filles d’accéder à l’université© AFP/Archives/OMER ABRAR

Les autorités talibanes ont annoncé mardi que les universités afghanes étaient désormais interdites aux filles, déjà privées d’enseignement secondaire en Afghanistan depuis l’accession au pouvoir des fondamentalistes islamistes, restreignant encore un peu plus leurs libertés, malgré les condamnations internationales.

« Vous êtes tous informés de l’entrée en vigueur de l’ordre mentionné qui suspend l’éducation des femmes jusqu’à nouvel ordre », a indiqué dans une lettre adressée à toutes les universités gouvernementales et privées du pays, le ministre de l’Enseignement supérieur, Neda Mohammad Nadeem.

Le porte-parole du ministère, Ziaullah Hashimi, qui a tweeté la lettre, a également confirmé l’ordre de fermeture des facultés aux filles pour une durée indéterminée, auprès de l’AFP. Aucune explication n’a été fournie pour le moment pour justifier cette décision.

Les universités sont fermées en raison des vacances d’hiver et devraient rouvrir leurs portes en mars.

« Non seulement moi, mais tous mes amis sont sans voix. Nous n’avons pas de mots pour exprimer nos sentiments. Tout le monde pense à l’avenir inconnu qui l’attend », a réagi Madina, une étudiante sous couvert d’anonymat.

« L’espoir nous a été enlevé. Ils ont enterré nos rêves », a commenté désespérée l’étudiante auprès de l’AFP.

Après la prise de contrôle du pays par les talibans en août 2021, les universités ont été contraintes de mettre en oeuvre de nouvelles règles, notamment pour séparer filles et garçons pendant les heures de classe.

La gente féminine était autorisée à recevoir des cours, mais seulement s’ils étaient enseignés par des femmes ou des hommes âgés.

« Condamnées chaque jour »

Cette nouvelle interdiction intervient moins de trois mois après que des milliers de filles et de femmes ont passé les examens d’entrée à l’université dans tout le pays.

Nombre d’entre elles aspiraient à choisir entre des carrières d’ingénieur ou de médecin, bien que privées d’accès aux écoles secondaires.

A leur retour au pouvoir après 20 ans de guerre avec les Américains et le forces de l’Otan, les talibans avaient promis de se montrer plus souples, mais ils sont largement revenus à l’interprétation ultra-rigoriste de l’islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001).

Entre les deux règnes des talibans, les filles ont été autorisées à aller à l’école et les femmes ont pu chercher un emploi dans tous les secteurs, même si le pays est resté socialement conservateur.

Mais depuis seize mois, les mesures liberticides se sont multipliées en particulier à l’encontre des femmes qui ont été progressivement écartées de la vie publique et exclues des collèges et lycées.

« Nous sommes condamnées, chaque jour. Alors que nous espérions progresser, on nous met à l’écart de la société », a déploré mardi Reha, une autre étudiante.

Dans une volte-face inattendue, le 23 mars les talibans avaient refermé les écoles secondaires quelques heures à peine après leur réouverture annoncée de longue date. Le chef suprême des talibans, Haibatullah Akhundzada, est lui-même intervenu dans cette décision, selon un haut responsable taliban.

Divers membres du pouvoir avaient déclaré qu’il n’y avait pas assez d’enseignants ou d’argent mais aussi que les écoles rouvriraient une fois qu’un programme d’enseignement islamique aurait été élaboré.

En dépit de leur exclusion des collèges et lycées, à Kaboul, de nombreuses jeunes femmes s’étaient déplacées début décembre pour passer leur examen de fin d’études secondaires, nécessaire pour pouvoir prétendre rentrer à l’université, avaient constaté des journalistes de l’AFP.

« Aucun fondement religieux »

En plus d’être privées d’étudier, les femmes sont également bannies de la plupart des emplois publics ou payées une misère pour rester à la maison.

Elles n’ont pas le droit non plus de voyager sans être accompagnées d’un parent masculin et doivent se couvrir d’une burqa ou d’un hijab lorsqu’elles sortent de chez elles.

En novembre, les talibans leur ont également interdit d’entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics.

Les manifestations de femmes contre ces mesures, qui rassemblent rarement plus d’une quarantaine de personnes, sont devenues risquées. De nombreuses manifestantes ont été arrêtées et les journalistes sont de plus en plus empêchés de couvrir ces rassemblements.

« Les nouvelles restrictions étendues à l’éducation des femmes en Afghanistan sont tragiques », a dénoncé l’ex ministre des finances sous l’ancien gouvernement, Omar Zakhilwal.

« Cette interdiction n’a aucun fondement religieux, culturel ou logistique. Il s’agit non seulement d’une grave violation des droits des femmes à l’éducation, mais aussi d’une profonde anomalie pour notre pays ! », a-t-il ajouté dans son tweet.

La communauté internationale a lié la reconnaissance du régime taliban et l’aide humanitaire ainsi que financière, dont l’Afghanistan a absolument besoin, au respect par les talibans des droits humains, en particulier ceux des femmes à être éduquées et à travailler.

Les Nations unies sont « profondément préoccupées » a déclaré mardi Ramiz Alakbarov, représentant spécial adjoint du chef de l’ONU pour l’Afghanistan.

« L’éducation est un droit humain fondamental. Une porte fermée à l’éducation des femmes est une porte fermée à l’avenir de l’Afghanistan », a-t-il tweeté.

Par Radio-Canada

Les talibans révèlent la tombe de leur fondateur, le mollah Omar

novembre 6, 2022

Le mollah Omar repose dans une simple tombe blanche protegee par une cage en fer verte.
Le mollah Omar repose dans une simple tombe blanche protégée par une cage en fer verte. © Taliban Government / AFP

La mort du mollah Omar, en 2013, ainsi que son lieu d’inhumation avaient été gardés secrets pendant des années. Les talibans ont finalement révélé la sépulture de leur fondateur, dimanche 6 novembre en Afghanistan. Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a ainsi indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) que de hauts dirigeants du mouvement ont assisté à une cérémonie sur sa tombe dans la ville d’Omarzo, située dans la province de Zabul (est). 

En fuite après la chute du premier régime des talibans fin 2001, renversé par une coalition militaire menée par les États-Unis, le mollah Omar est mort en 2013, dans la clandestinité, sans que les détails soient connus – une disparition que les islamistes ont longtemps cachée, ne l’annonçant officiellement qu’en 2015. « Comme beaucoup d’ennemis étaient présents et que le pays était occupé, pour éviter d’endommager la tombe, elle a été gardée secrète », a déclaré Zabihullah Mujahid. « Seuls les membres de la famille proche connaissaient l’endroit ».

Les photos publiées par les autorités montrent des dirigeants talibans réunis autour d’une simple tombe blanche protégée par une cage en fer verte. « Maintenant que la décision a été prise (…) il n’y a plus de problème pour que les gens visitent la tombe », a déclaré le porte-parole.

Le fondateur du mouvement taliban

Le mollah Omar, mort à environ 55 ans, avait fondé en 1993 les talibans, qui en s’emparant du pouvoir en 1996, après plusieurs années de guerre civile, avaient instauré un régime fondé sur une interprétation stricte de la charia.

Cette cérémonie intervient au lendemain d’informations sur les médias sociaux rapportant que la tombe du héros de la résistance afghane Ahmad Shah Massoud (1953-2001) aurait été vandalisée. Des responsables talibans locaux ont démenti. Ahmad Shah Massoud a un héritage mitigé dans le pays, où il est salué par la population afghane pour avoir mené la résistance contre l’occupation soviétique (1979-1989), mais détesté par les talibans qu’il a combattus après leur première prise de pouvoir. Il sera assassiné dans un attentat attribué au groupe jihadiste Al-Qaïda deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

La tombe de Massoud se situe dans un mausolée de granit et de marbre surplombant la vallée de Panchir, dans le nord-est de l’Afghanistan. Elle est habituellement gardée par un peloton de combattants talibans depuis leur prise de contrôle du pays en août 2021. Des habitants ont indiqué qu’un contingent de combattants talibans nouvellement arrivé avait brisé la pierre tombale. « Les nouvelles forces venues des provinces du Helmand et de Kandahar (sud) ont détruit la pierre tombale du héros national », a déclaré un résident à l’AFP.

Le responsable de l’Information et de la Culture de la province, Nasrullah Malakzada, a nié que le tombeau ait été endommagé et diffusé une vidéo censée le montrer intact. Cependant, le clip ne montre pas la structure entière. Une autre vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre, elle, une partie endommagée. Les demandes de journalistes pour vérifier sur place l’état de la tombe ont été refusées par Nasrullah Malakzada. Interrogé par la presse, le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a déclaré que personne n’avait le droit « d’insulter » les morts. « Auparavant, nous avions puni ceux qui avaient commis de tels actes », a-t-il déclaré. « Cette affaire fera également l’objet d’une enquête et les mesures nécessaires seront prises. »

Les talibans ont repris le pouvoir en août 2021, mettant en déroute les forces gouvernementales et actant le retrait des forces de la coalition dirigée par les États-Unis, après 20 ans d’occupation.

Par Le Point avec AFP

Afghanistan: au moins 20 morts dans un attentat touchant des étudiantes et la communauté hazara

septembre 30, 2022
Afghanistan: au moins 20 morts dans un attentat touchant des etudiantes et la communaute hazara
Afghanistan: au moins 20 morts dans un attentat touchant des étudiantes et la communauté hazara© AFP/STR

Au moins 20 personnes, en majorité des filles, ont été tuées vendredi à Kaboul dans un attentat suicide contre un centre de formation d’étudiants situé dans un quartier abritant la communauté minoritaire hazara.

« Les étudiants se préparaient à un examen lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser », a expliqué Khalid Zadran, porte-parole de la police afghane. Vingt personnes sont décédées et 27 autres ont été blessées, a ajouté cette source dans la soirée.

La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a elle indiqué à l’AFP que, « selon les informations dont elle disposait, au moins 24 personnes avaient été tuées et 36 blessées ». Ces chiffres pourraient augmenter, a-t-elle prévenue.

Selon un étudiant sur place au moment de l’explosion, « la plupart des victimes sont des filles ». Environ 600 étudiants, se trouvaient dans une classe de ce centre de formation préparant aux examens universitaires.

« Peu de garçons ont été touchés car ils se trouvaient à l’arrière de la classe et le kamikaze est entré par la porte avant où les filles étaient assises », a déclaré un autre étudiant Ali Irfani.

Ce rescapé a dit avoir d’abord entendu des coups de feu. Le kamikaze a abattu deux gardiens avant de pénétrer dans la classe, a-t-il précisé.

« Il y a eu une forte explosion puis le chaos, de nombreux étudiants, garçons et filles, ont essayé de s’échapper du bâtiment », a raconté à l’AFP un commerçant requérant l’anonymat. « C’était une scène horrible. Tout le monde était si effrayé ».

« De nombreux élèves ont reçu des éclats à la tête, au cou et dans les yeux », a également raconté un habitant Asadullah Jahangir, qui a aidé à transporter les victimes vers les hôpitaux.

Le toit de la salle de la classe s’est effondré, les portes et les fenêtres ont été brisées par le souffle de l’explosion.

Cet attentat qui vise une nouvelle fois le secteur de l’éducation s’est produit dans le quartier de Dasht-e-Barchi, (ouest de Kaboul), une zone à prédominance musulmane chiite où vit la communauté minoritaire hazara.

L’éducation est une question extrêmement sensible dans ce pays à majorité sunnite, les talibans empêchant de nombreuses filles de reprendre l’enseignement secondaire (collège et lycée). Les étudiantes sont en revanche admises à l’université, mais leur nombre devrait se réduire avec les années, faute d’avoir été au collège et lycée.

Le groupe État islamique (EI) –autre groupe sunnite opposé également à l’éducation des filles et principale menace du régime taliban– , a revendiqué plusieurs attentats ces derniers mois. Celui de vendredi n’a pas été revendiqué.

Dans la matinée les familles ont afflué dans les différents hôpitaux en pleurs, à la recherche de leurs proches. Des listes des personnes décédées ou blessées ont été accrochées à l’entrée des établissements.

« Honteux »

« Nous ne l’avons pas trouvée ici », s’est inquiétée une jeune femme cherchant sa sœur de 19 ans dans l’un d’eux. « Nous l’appelons mais elle ne répond pas », se désespérait-elle.

« Attaquer des cibles civiles prouve la cruauté inhumaine de l’ennemi et son absence de normes morales », a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Abdul Nafy Takor.

Le 20 avril dernier, au moins six personnes avaient été tuées et 24 blessées dans deux explosions ayant frappé une école pour garçons dans ce même quartier de l’ouest de la capitale.

Dasht-e-Barchi a été lourdement frappé ces dernières années et depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021. Plusieurs attaques ont été revendiquées par l’EI-K, la branche régionale du groupe jihadiste Etat islamique, qui considère les hazaras comme hérétiques.

En mai 2021, une série d’explosions s’était également produite devant un établissement scolaire pour filles de ce même quartier, faisant 85 morts, en majorité des lycéennes, et plus de 300 blessés.

L’EI, qui avait déjà revendiqué un attentat en octobre 2020 contre un centre de formation (24 morts) dans la même zone, est fortement soupçonné d’avoir mené cette attaque.

Les talibans sont également accusés de s’en prendre aux hazaras comme lors de leur première gouvernance (1996 à 2001). Leur retour au pouvoir a mis fin à 20 ans de guerre et a entraîné une réduction significative de la violence, mais la sécurité a commencé à se détériorer au cours des derniers mois.

« L’attaque contre l’éducation des Hazaras et des chiites doit cesser. Arrêtez les attaques contre l’avenir de l’Afghanistan, arrêtez les crimes internationaux », a tweeté le rapporteur spécial de l’ONU sur l’Afghanistan, Richard Bennett.

L’attentat est « un rappel honteux de l’inaptitude et de l’échec total des talibans » à protéger la population afghane, s’est indignée l’ONG Amnesty international.

« Une fois de plus, les terroristes prennent pour cible des civils innocents » a tweeté l’Union européenne condamnant « un nouveau crime odieux ».

Par Le Point avec AFP

Afghanistan: 2 employés de l’ambassade russe et 4 Afghans tués dans un attentat revendiqué par l’EI à Kaboul

septembre 5, 2022
Afghanistan: 2 employes de l'ambassade russe et 4 Afghans tues dans un attentat revendique par l'EI a Kaboul
Afghanistan: 2 employés de l’ambassade russe et 4 Afghans tués dans un attentat revendiqué par l’EI à Kaboul© AFP/Wakil KOHSAR

Deux employés de l’ambassade russe à Kaboul et quatre Afghans ont été tués lundi aux abords du bâtiment dans un attentat suicide revendiqué par le groupe État islamique, première attaque contre une représentation diplomatique depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021.

« A 10h50 heures locales (06H20 GMT), à proximité immédiate de l’ambassade russe à Kaboul, un combattant non-identifié a déclenché un engin explosif. Deux employés de la mission diplomatique ont été tués dans l’attaque », a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué.

Le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur, Abdul Nafy Takor, a confirmé dans un tweet la mort des deux employés de l’ambassade russe et ajouté que « quatre compatriotes civils » avaient été tués et « plusieurs autres blessés ».

Il avait affirmé plus tôt à l’AFP que le kamikaze avait été abattu par des gardes talibans à l’ambassade de Russie « avant d’avoir pu atteindre sa cible ».

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué l’attaque, dans un communiqué publié sur Telegram. Un combattant de l’EI a « actionné sa ceinture explosive lors d’un rassemblement auquel assistaient des employés russes » près de l’ambassade, a indiqué le groupe.

Comme lors des récentes attaques que les talibans ont tenté de minimiser, un important dispositif de sécurité a rapidement bouclé la zone et empêché les médias de filmer à proximité.

« On parle là d’un attentat terroriste. C’est inacceptable », a rapidement condamné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Des mesures immédiates ont été prises pour renforcer la sécurité autour de l’ambassade, située sur l’une des principales routes de Kaboul menant à l’ancien Parlement, a indiqué à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

« Faiblesse » du renseignement

« Les moyens des services de renseignement et de contre-espionnage afghans ont été utilisés », a ajouté M. Lavrov, appelant à punir les auteurs de l’attaque « dès que possible ».

Le ministère afghan des Affaires étrangères a de son côté précisé qu’une enquête avait été ouverte. Les autorités « ne permettront pas aux ennemis de saboter les relations entre les deux pays par des actions aussi négatives », a-t-il ajouté.

La Russie est l’un des rares pays à avoir maintenu son ambassade ouverte après la reprise du pouvoir par les talibans en août 2021, sans toutefois avoir reconnu leur gouvernement.

L’attaque de lundi montre la « faiblesse du gouvernement en matière de collecte de renseignements », selon l’analyste afghan spécialisé dans la sécurité, Hekmatullah Hekmat, interrogé par l’AFP.

« Le gouvernement a la responsabilité d’assurer la sécurité des missions étrangères. S’il ne peut pas empêcher de telles attaques au cœur de Kaboul, alors il ne peut pas assurer la sécurité dans les campagnes », a-t-il estimé.

Le Secrétaire général de l’ONU a « fermement » condamné l’attentat et exprimé ses condoléances aux familles.

La mission des Nations unies en Afghanistan, qui a condamné l’attaque, a souligné dans un tweet, « la nécessité pour les autorités de prendre des mesures pour assurer la sécurité de la population et des missions diplomatiques ».

La violence a largement diminué depuis le retour au pouvoir des talibans l’année dernière, mais plusieurs attentats à la bombe – visant notamment des communautés minoritaires – ont secoué le pays ces derniers mois, dont beaucoup ont été revendiqués par l’EI.

Série d’attentats de l’EI

Vendredi, une énorme explosion a secoué l’une des plus grandes mosquées d’Hérat, dans l’ouest de l’Afghanistan, tuant 18 personnes dont son influent imam, Mujib ur Rahman Ansari.

L’imam, qui avait appelé à la décapitation de ceux qui commettraient le moindre « acte » contre le gouvernement, est le deuxième religieux pro-taliban à être tué dans une explosion en moins d’un mois, après l’attentat suicide du 11 août visant Rahimullah Haqqani dans sa madrassa à Kaboul.

Plusieurs mosquées du pays ont été prises pour cible cette année, certaines dans des attaques revendiquées par l’EI.

Une série d’attentats à la bombe a surtout frappé le pays fin avril, pendant le mois sacré de ramadan, et fin mai, dans lesquels des dizaines de personnes ont trouvé la mort.

L’EI a principalement visé des communautés minoritaires telles que les chiites, les soufis et les sikhs, mais s’en est aussi pris aux talibans.

Les responsables talibans assurent régulièrement qu’ils maîtrisent la sécurité dans le pays. Les spécialistes considèrent pourtant que l’EI, un autre groupe sunnite mais avec lequel ils entretiennent une profonde inimitié et des divergences idéologiques, reste la principale menace à leur régime.

Pra Le Point avec AFP

Afghanistan : un an après, les talibans paradent pour fêter le retrait des troupes étrangères

août 31, 2022
Afghanistan : un an apres, les talibans paradent pour feter le retrait des troupes etrangeres
Afghanistan : un an après, les talibans paradent pour fêter le retrait des troupes étrangères© AFP/Wakil KOHSAR

Chants de victoire et défilé militaire avec les équipements abandonnés par les soldats étrangers : les talibans ont célébré mercredi le premier anniversaire du retrait d’Afghanistan des forces de la coalitions, dirigées par les Etats-Unis, et leur retour au pouvoir après 20 ans de guerre.

Les habitants de Kaboul ont préféré rester chez eux en ce jour décrété férié par le régime, mais des centaines de ses partisans se sont réunis sur la place Massoud, près de l’ancienne ambassade américaine, et ont circulé en voiture dans les rues adjacentes munis de drapeaux blancs sur lesquels est écrit la proclamation de foi islamique.

« Mort à l’Amérique ! Mort aux occupants ! Vive la liberté ! », ont-ils scandé pendant que les officiels avaient rendez-vous pour une cérémonie sur l’ancienne base aérienne de Bagram, le centre névralgique des forces américaines pendant la guerre.

« Le drapeau de l’islam flotte haut. Nous sommes heureux de vivre sous la bannière de l’islam », a déclaré à l’AFP Shah Ahmad Omari, un combattant taliban.

Le régime des talibans, qui ont largement imposé depuis leur retour au pouvoir l’interprétation ultra-rigoriste de l’islam ayant caractérisé leur premier règne entre 1996 et 2001, avec en particulier d’importantes restrictions imposées aux femmes, n’a encore été reconnu par aucun pays.

Dans les rues de la capitale, les nouveaux maîtres de l’Afghanistan ont tendu des bannières célébrant les victoires contre trois puissances, l’Empire britannique et l’ancienne Union soviétique ayant également perdu des guerres en Afghanistan.

« Depuis que les Américains sont partis, il n’y a plus de guerre et cela nous rend heureux », a dit à l’AFP Naseer Ahmad Safi, un commerçant de Kaboul.

« Les affaires étaient bonnes lorsque les forces étrangères étaient présentes, mais elles vont encore s’améliorer. Cela fait seulement un an que l’Émirat islamique existe », a-t-il insisté.

Défilé militaire

Dans un communiqué, le gouvernement a proclamé que ce jour marquait le premier anniversaire de « la libération du pays de l’occupation américaine ». « Tant de moudjahidine (« combattants du régime ») ont été blessés, tant d’enfants sont devenus orphelins et tant de femmes sont devenues veuves », a-t-il écrit.

Sur l’aérodrome de Bagram où un défilé militaire avait été organisé dans la matinée par les autorités, des groupes de combattants talibans en tunique traditionnelle et portant des grenades dans le dos, ont défilé devant la foule, selon des images diffusées par la télévision d’Etat.

Les médias étrangers n’étaient pas autorisés à y entrer.

Quelques minutes plus tard, des dizaines de véhicules militaires, dont des blindés comme les Humvee américains, saisis pendant la guerre ou abandonnés par les troupes étrangères au moment de leur retrait chaotique en août 2021, ont été exhibés.

Le 30 août 2021, une minute avant minuit, le dernier soldat américain partait de l’aéroport de Kaboul, avec 24 heures d’avance sur la date butoir fixée par le président Joe Biden pour le retrait du contingent américain.

Ce départ a mis fin à la plus longue intervention militaire des Etats-Unis, déclenchée en réaction à l’attaque du 11 septembre 2001 à New York.

« Beaucoup de peine »

La guerre a coûté la vie à plus de 2.400 soldats américains et à plus de 3.500 des autres pays de l’Otan, selon l’armée américaine. Des dizaines de milliers d’Afghans ont aussi péri, victimes des combats et des attentats meurtriers commis par les talibans.

Malgré la fierté de ces derniers d’avoir reconquis le pouvoir, leur pays de 38 millions d’habitants doit faire face à l’une des pires crises humanitaires sur la planète, selon les Nations unies.

La situation n’a fait qu’empirer quand les versements de milliards de dollars d’aide étrangère, qui avaient soutenu l’économie afghane pendant des décennies, ont été soudainement interrompus après le retrait des Etats-Unis.

Les épreuves des Afghans, en particulier des femmes, se sont accrues.

Les écoles secondaires pour les filles ont été fermées dans de nombreuses provinces et les femmes exclues de nombreux emplois publics. Elles ont également reçu l’ordre de se couvrir entièrement en public, idéalement avec une burqa, le voile intégral.

« Je n’ai aucun bon souvenir de l’année écoulée. Je dois réfléchir à deux fois à ce que je vais porter avant de sortir pour éviter d’être frappée par les talibans », a raconté Marwa Naseem, une habitante de Kaboul.

« Cela me fait également beaucoup de peine que les filles ne puissent pas aller à l’école, alors que cela fait partie d’une vie normale. Les talibans n’utilisent la religion que pour empêcher les femmes de progresser », a-t-elle déploré.

Avec Le Point avec AFP

Le président Joe Biden annonce l’élimination d’Ayman Al-Zawahiri

août 2, 2022
Oussama ben Laden et Ayman Al-Zawahiri.

Ayman Al-Zawahiri (à droite) en compagnie d’Oussama ben Laden Photo : Getty Images/Visual News

« Samedi, sur mon ordre, le chef d’Al-Qaïda a été tué en Afghanistan, à Kaboul », a confirmé lundi le président américain Joe Biden dans une déclaration diffusée depuis la Maison-Blanche.

Au cours de son allocution, M. Biden a précisé qu’aucun membre de la famille d’Ayman Al-Zawahiri n’a été blessé et qu’aucun civil n’a été blessé ou tué.

Justice a été rendue et ce dirigeant terroriste n’est plus, a ajouté M. Biden.

Des responsables américains avaient affirmé auparavant que la CIA avait mené une frappe de drone à Kaboul au cours de la fin de semaine. Les médias américains, citant des sources ayant requis l’anonymat, avaient indiqué que le successeur d’Oussama ben Laden avait été tué dans cette opération.

Le président des États-Unis, Joe Biden.

« Justice a été rendue et ce dirigeant terroriste n’est plus », a déclaré le président des États-Unis, Joe Biden, à propos d’Ayman Al-Zawahiri, le chef d’Al-Quaïda. Photo : Reuters

Plus tôt, le porte-parole des talibans avait indiqué que les États-Unis avaient mené une frappe de drone sur une résidence à Kaboul sans donner de détails.

Zabihullah Mujahid, porte-parole des talibans, a déclaré dans un communiqué que son gouvernement condamnait fermement cette opération. Il l’a qualifiée de violation des principes internationaux et de l’accord de 2020 sur le retrait des troupes américaines d’Afghanistan.

Plusieurs attaques à son actif

Ayman Al-Zawahiri, un médecin égyptien qui était dans la haute hiérarchie de l’organisation terroriste, a participé à la coordination des attaques du 11 septembre 2001.

Héritant en 2011 d’une organisation affaiblie, Ayman Al-Zawahiri, 71 ans, avait dû pour survivre multiplier les franchises et les allégeances de circonstances, de la péninsule arabique au Maghreb, de la Somalie à l’Afghanistan, en Syrie et en Irak.

Le département d’État offrait jusqu’à 25 millions de dollars américains de récompense pour toute information conduisant à l’arrestation ou la condamnation du chef d’Al-Qaïda.

Avec d’autres hauts responsables de l’organisation terroriste, Al-Zawahiri aurait organisé l’attaque du 12 octobre 2000 contre le navire USS Cole au Yémen, qui a entraîné la mort de 17 marines américains.

Par ailleurs, il a été inculpé aux États-Unis pour son rôle dans les attentats du 7 août 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, où 224 personnes ont été tuées.

Oussama ben Laden et Ayman Al-Zawahiri avaient échappé aux forces américaines lorsque celles-ci avaient envahi l’Afghanistan à la fin de l’année 2001, après les attentats du 11 Septembre.

Oussama ben Laden a été tué en 2011 par les forces spéciales américaines au Pakistan.

Avec Radio-Canada

Afghanistan: des militantes féministes dénoncent la répression croissante des talibans

janvier 20, 2022
Afghanistan: des militantes feministes denoncent la repression croissante des talibans
Afghanistan: des militantes féministes dénoncent la répression croissante des talibans© AFP/Wakil KOHSAR

Des militantes féministes afghanes ont expliqué jeudi à l’AFP devoir se cacher pour préserver leur sécurité et ont dénoncé la répression croissante des talibans, quelques jours après la dispersion d’une de leurs manifestations avec des sprays lacrymogènes.

Au moins une participante de la manifestation de dimanche a été arrêtée mercredi soir, selon quatre militantes, qui assurent que leur mouvement est visé par une série de descentes policières et craignent pour leur propre sécurité.

Une autre manifestante a posté sur les réseaux sociaux une vidéo d’elle en panique mercredi soir, en affirmant que des combattants talibans frappaient à sa porte.

Les deux militantes restaient introuvables jeudi. Contacté par l’AFP, un porte-parole du gouvernement taliban n’a fait aucun commentaire.

Si les talibans assurent s’être modernisés depuis leur précédent règne entre 1996 et 2001, ils ont progressivement exclu les femmes de la vie publique depuis leur retour au pouvoir en août, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale.

Les femmes restent ainsi largement exclues des emplois publics, ne sont pas autorisées à faire de longs trajets sans être accompagnées par un homme de leur famille, et les écoles secondaires pour filles restent pour la plupart fermées.

La vidéo publiée sur les réseaux sociaux « a provoqué beaucoup d’affolement », a confié une militante, qui souhaite rester anonyme.

Une autre militante a raconté à l’AFP que des talibans se sont rendus à son domicile mercredi, mais n’ont pas pu la trouver car elle était dehors avec un proche.

« Nous ne pouvons pas rester chez nous, même la nuit », a dénoncé une autre manifestante, sous couvert d’anonymat.

Ces militantes, qui manifestent régulièrement dans Kaboul et sont très actives sur les réseaux sociaux, changeaient déjà régulièrement de numéros de téléphone. Depuis la manifestation de dimanche, certaines s’astreignent à changer quotidiennement de domicile.

Ce jour-là, des combattants talibans ont aspergées une vingtaine de manifestantes avec des aérosols lacrymogènes et certaines assurent avoir été suivies.

Après ce rassemblement, Human Rights Watch a dénoncé la « répression violente » de l’opposition. Cela « marque une intensification alarmante et illégale des efforts pour empêcher les manifestations pacifiques et la liberté d’expression en Afghanistan« , a estimé l’ONG américaine mardi.

D’autres signaux suggèrent un durcissement du régime actuel: plusieurs journalistes afghans ont été arrêtés ces derniers mois et un professeur d’université ouvertement critique envers le pouvoir a été emprisonné quatre jours début janvier. Il a été relâché après une campagne sur les réseaux sociaux réclamant sa libération.

Par Le Point avec AFP

Une explosion aurait fait au moins 100 victimes en Afghanistan

octobre 8, 2021

KABOUL — Une centaine de personnes auraient été tuées ou blessées vendredi par une explosion dans une mosquée chiite du nord de l’Afghanistan, a indiqué un dirigeant taliban.

© Fournis par La Presse Canadienne

L’attentat n’a pas été immédiatement revendiqué. L’explosion est survenue à Kunduz, la capitale de la province du même nom, mais les militants de Daech (le groupe armé État islamique) s’en prennent de longue date à la minorité chiite en Afghanistan.

Le chef adjoint de la police de la province de Kunduz, Dost Mohammad Obaida, a dit que la majorité des victimes ont été tuées. L’attentat pourrait avoir été perpétré par un kamikaze qui s’était mêlé aux fidèles.

Il pourrait s’agir de l’attentat le plus meurtrier depuis que les forces de l’OTAN et des États-Unis sont parties d’Afghanistan à la fin du mois d’août et que les talibans ont pris le contrôle du pays. Daech a lancé plusieurs attaques meurtrières contre les talibans.

L’explosion s’est produite pendant les prières du vendredi à la mosquée Gozar-e-Sayed Abad. La prière du vendredi midi est le fait saillant de la semaine religieuse musulmane, et les mosquées sont typiquement bondées.

Des photos et des vidéos de l’attentat montrent des secouristes transportant un corps enveloppé dans une couverture de la mosquée vers une ambulance. L’escalier devant la mosquée était couvert de sang.

Avec Samya Kullab et Tameem Akhgar, The Associated Press

Afghanistan-Kaboul : Le ministère des affaires féminines, supprimé

septembre 17, 2021

Les Afghanes ne pourront plus compter sur un ministère qui avait, depuis 2001, grandement libéralisé leurs conditions de vie.

(C)Adrien Vautier / Le Pictorium/MAXPPP - Adrien Vautier / Le Pictorium - 05/09/2021  -  Afghanistan / Mazar-e Charif  -  Des jeunes talibans armes patrouillent dans la ville de Mazar-e Charif le 5 septembre. / 05/09/2021  -  Afghanistan / Mazar-e Charif  -  Armed Taliban youths patrol the city of Mazar-e Sharif on September 5. (MaxPPP TagID: maxnewsworldfive540461.jpg) [Photo via MaxPPP], (C)Adrien Vautier / Le Pictorium/MAXPPP - Adrien Vautier / Le Pictorium - 05/09/2021 - Afghanistan / Mazar-e Charif - Des jeunes talibans armes patrouillent dans la ville de Mazar-e Charif le 5 septembre. / 05/09/2021 - Afghanistan / Mazar-e Charif - Armed Taliban youths patrol the city of Mazar-e Sharif on September 5. (MaxPPP TagID: maxnewsworldfive540461.jpg) [Photo via MaxPPP]
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Clap de fin. Après vingt ans d’existence, le ministère afghan des Affaires féminines vient d’être fermé par les talibans. Ce dernier avait vu le jour en 2001, après que les talibans ont été une première fois chassés du pouvoir. Selon plusieurs témoignages locaux, les locaux désormais désaffectés accueillent à présent le ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice. Vendredi 17 septembre, des ouvriers ont même été vus en train d’installer une plaque faisant état de ce changement d’affectation.

La veille déjà, jeudi 16 septembre, plusieurs manifestations d’anciennes salariées du ministère des Affaires étrangères avaient été signalées devant leurs anciens bureaux. Désormais sans emploi, ces femmes ont tout à redouter du nouveau ministère taliban. « Personne n’entend nos femmes », s’est insurgée une internaute sur Twitter, tandis qu’un autre s’interrogeait : « Que pouvons-nous attendre d’autre de ces animaux ? »

Vingt ans après

Aucun responsable taliban n’a répondu vendredi aux demandes de commentaires de l’AFP sur cette affaire. Bien qu’ils aient insisté sur le fait qu’ils gouverneraient de manière plus modérée qu’en 1996-2001, les talibans n’ont pas autorisé la plupart des femmes à reprendre le travail. Ils ont introduit des règles concernant ce qu’elles peuvent porter à l’université. Aucune femme ne faisait partie des ministres du nouveau gouvernement taliban annoncé il y a deux semaines.

Bien que toujours marginalisées, les femmes afghanes ont acquis des droits fondamentaux ces vingt dernières années, notamment dans les villes, devenant parlementaires, juges, pilotes ou encore policières. Des centaines de milliers d’entre elles ont intégré le marché du travail – souvent par nécessité, car nombreuses sont devenues veuves ou soutiennent des maris désormais invalides après deux décennies de conflit.

Mais depuis leur retour au pouvoir le 15 août, les talibans n’ont montré aucune volonté de garantir leurs droits. Les islamistes affirment que les femmes ont reçu l’ordre de rester à la maison pour leur propre sécurité, mais qu’elles seront autorisées à travailler une fois qu’une ségrégation adéquate aura été mise en place. Pendant le premier règne des talibans, les femmes étaient largement exclues de la vie publique. Elles ne pouvaient quitter leur domicile que si elles étaient accompagnées d’un chaperon.

Les agents du ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice étaient connus pour avoir fouetté des femmes qui marchaient seules. Ils étaient également chargés d’appliquer strictement d’autres interprétations strictes de l’islam, telles que l’obligation d’assister aux prières et l’interdiction pour les hommes de se raser.

Par Le Point avec AFP

Afghanistan: 12 millions de dollars découverts, en pleine pénurie de liquidités

septembre 15, 2021
Afghanistan: 12 millions de dollars decouverts, en pleine penurie de liquidites
Afghanistan: 12 millions de dollars découverts, en pleine pénurie de liquidités© AFP/Hoshang Hashimi

La Banque centrale afghane a annoncé mercredi avoir retrouvé 12,3 millions de dollars chez d’anciens membres du gouvernement à l’heure où le pays, contrôlé depuis un mois par les talibans, fait face à une pénurie de liquidités.

« L’argent retrouvé venait de hauts dirigeants du précédent gouvernement, tel Amrullah Saleh (l’ex-vice-président, NDLR), et de certaines agences sécuritaires qui gardaient du liquide et de l’or dans leurs bureaux », d’après le communiqué de la Banque centrale.

« L’Emirat islamique », le nom donné à l’Afghanistan par les talibans, a selon ce texte transféré le tout « dans les caisses nationales » au nom de la « transparence » dont se targuent les islamistes, par opposition à l’ancien régime dont ils dénoncent la corruption.

Un mois après la chute de Kaboul, la population afghane reste rongée par l’inquiétude économique et la crainte qu’une nouvelle chape de plomb ne s’abatte sur elle, venant rogner les droits acquis ces vingt dernières années.

La plupart des fonctionnaires n’ont pas encore repris le travail et une grande partie d’entre eux peine à joindre les deux bouts faute d’avoir pu toucher un salaire. Pour ceux qui ont de l’argent en banque, les retraits ont été limités à environ 200 dollars par semaine et par personne pour éviter un effondrement du système bancaire.

Privé des aides de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, et des réserves de la Banque centrale gelées par Washington, le pays est en effet confronté à une pénurie de liquidités.

‘Pas de quoi manger’

Les spécialistes de transfert de fonds, comme Western Union et Moneygram, ont certes annoncé la reprise de leurs opérations, suspendues le 18 août. Mais sur le terrain, de nombreux Afghans indiquent sur leurs succursales sont à court d’argent.

Abdul Rahim, un ancien militaire, a parcouru près de 1.000 kilomètres de Faryab, dans le nord de l’Afghanistan, à Kaboul pour récupérer son salaire.

« Les succursales des banques sont fermées en province », explique-t-il à l’AFP. Mais dans la capitale, « je viens depuis trois jours à la banque, en vain, raconte-t-il. Aujourd’hui, je suis arrivé vers 10 heures du matin et il y avait déjà environ 2.000 personnes qui attendaient. »

Face au risque d’une catastrophe humanitaire, la communauté internationale s’est engagée, selon l’ONU, à verser 1,2 milliard de dollars (environ un milliard d’euros) d’aide pour les organisations humanitaires dans le pays.

Mercredi, l’Union européenne a annoncé qu’elle allait verser 100 millions d’euros supplémentaires à l’Afghanistan.

L’inquiétude reste toujours vive dans la population, avec notamment une question : les femmes seront-elles autorisées à travailler ?

« Les talibans nous ont dit de rester à la maison », souligne une employée du ministère des Télécommunications. « Il y a la sécurité certes, mais si on n’a pas de quoi manger », la situation risque de changer, prévient-elle.

L’inquiétude est grande dans le pays de revivre le scénario des années 1996-2001, lorsque les talibans gouvernaient selon une application stricte de la charia, la loi islamique.

Fuite de l’équipe de foot féminin

Les femmes n’étaient alors pas autorisées à étudier ou à travailler, il leur était également interdit de pratiquer du sport ou d’assister à un match.

Depuis leur prise de Kaboul, les islamistes ont assuré avoir changé en l’espace de vingt ans et promis que les droits des femmes seraient respectés, tout en maintenant le flou.

Face à cette incertitude, l’équipe féminine junior de football s’est réfugiée mardi au Pakistan voisin.

Seul point positif de ce tableau toujours sombre, la sécurité se serait améliorée selon plusieurs habitants après des années d’attentats et d’assassinats ciblés. « Actuellement, la situation du pays est bonne, il n’y a pas de guerre », estime l’un d’entre eux, Mohammad Ashraf.

A l’aéroport de Kaboul, théâtre de scènes de chaos fin août en marge de l’évacuation de plus de 123.000 personnes lors d’un pont aérien des Etats-Unis et leurs partenaires, l’activité reprend doucement.

Après un premier vol commercial entre Kaboul et Islamabad lundi, l’Iran a annoncé à son tour mercredi la reprise de ses vols commerciaux avec l’Afghanistan.

Sur le plan politique, la cérémonie officielle de présentation du nouveau gouvernement se fait toujours attendre.

Dévoilée début septembre, sa composition – exclusivement des caciques du premier gouvernement taliban et aucune femme – avait été accueillie fraîchement par les Etats-Unis et l’Union européenne.

Par Le Point avec AFP