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« Ici, notre vie s’améliore un peu chaque jour », témoigne une famille afghane au Canada

août 15, 2022

Il y a un an, les talibans prenaient Kaboul, une prise du pouvoir rapide qui a surpris bien des observateurs.

Le père et ses deux enfants traversent une rue résidentielle.

En raison de la barrière linguistique au Québec, la famille a dû déménager en Ontario. Photo : Radio-Canada/Yanik Dumont Baron

L’arrivée des intégristes au pouvoir en Afghanistan a provoqué un exode. Dans la foulée, plus de 17 200 personnes ont trouvé refuge au Canada. Où en sont-ils un an plus tard? Suivi, avec l’une des familles qui avait choisi de s’installer au Québec, avant de déménager en Ontario.

L’accueil est toujours aussi chaleureux chez cette jeune famille d’Afghans, une rare constante dans une année marquée par les nombreux changements.

Abdullah nous reçoit avec le sourire. Un nom d’emprunt choisi dans l’espoir de protéger ses proches restés en Afghanistan. Ces proches pour qui rien ne s’est amélioré en un an.

La femme d’Abdulah, Maheen (aussi un nom d’emprunt), nous rejoint, verres de limonade à la main. Les enfants font du bruit dans la pièce à côté, une chambre où des matelas sont posés par terre.

L’appartement n’est pas vraiment plus meublé qu’à l’hiver dernier : une petite table à manger, des électroménagers, des lits. Aussi, du matériel acheté neuf, modique, grâce au gouvernement québécois.

Différence notable dans l’appartement, une télévision tient maintenant compagnie au divan. La famille possède aussi des vêtements d’hiver et un peu plus de jouets qu’à son arrivée au Canada.

Pour nous, c’est bon, le Canada. Abdullah assure n’avoir aucun regret, même s’il est à plus de 10 000 kilomètres de ses parents, de ses amis, de sa culture. Même s’il ne sait pas quand il les prendra de nouveau dans ses bras.

Pas de regret, même si un an après un saut dans l’inconnu, la famille se retrouve en quelque sorte à la case départ. Elle a déménagé en Ontario, à 700 kilomètres de la ville québécoise où elle comptait d’abord refaire sa vie.

Pourquoi nous avons quitté Sherbrooke? C’est pour le travail, explique Abdullah. Un choix pragmatique, qu’il justifie dans un anglais assez précis pour bien se faire comprendre.

Obstacles linguistiques…

La famille d’Abdullah, 32 ans, et de Maheen, 28 ans, a fait beaucoup de chemin depuis qu’elle a quitté Kaboul avec deux sacs à dos. Le couple fuyait, une fillette de 7 ans à la main, un bambin de 4 ans dans les bras.

En 12 petits mois, la famille s’est déracinée, a dû apprendre à naviguer dans la bureaucratie canadienne, à composer avec l’hiver québécois. La COVID a bousculé leurs plans, l’isolement a parfois pesé lourd.

Tenter de comprendre pourquoi ils ont quitté ce Québec qui leur a ouvert les bras, c’est devoir se placer dans les souliers d’étrangers à la recherche de repères dans une société bien différente de la leur.

Malgré la volonté d’Abdullah, l’apprentissage du français s’est avéré un obstacle trop difficile à surmonter. Avant de travailler comme cuisinier, il lui fallait d’abord apprendre la langue, mais aussi le vocabulaire propre à la restauration.

Ça m’aurait pris trop de temps, lance le père de famille, désireux de gagner la vie de sa famille sans les aides gouvernementales. Et puis, il n’y a pas assez d’hôtels et de restaurants à Sherbrooke pour espérer décrocher un poste.

Le couple s’est bien fait offrir des classes de francisation à temps plein l’hiver dernier, mais c’était sans le service de garde requis pour le plus petit. Abdullah est donc resté à la maison avec son fils de 4 ans.

Maheen a entrepris une session de cours au pavillon 2 du Cégep de Sherbrooke, sans interprète à ses côtés, elle qui ne parle pratiquement pas d’anglais.

Elle ne pouvait pas communiquer avec les autres élèves, déplore Abdullah. Personne ne parlait le dari en classe. Elle ne pouvait qu’écouter le français, sans trop savoir de quoi on parlait.

Après quelques absences liées à la COVID et à l’appendicite de l’aînée, Maheen a été contrainte d’abandonner ses cours, sans maîtriser suffisamment le français pour échanger avec des étrangers.

… et obstacles culturels

En choisissant l’Ontario, Abdullah et Maheen ont rejoint la moitié des Afghans installés au pays dans la dernière année. Environ un quart de ces 17 200 arrivants ont quant à eux préféré l’Alberta.

Le Québec n’en accueille que 630, soit environ 3 % de tous ceux qui sont arrivés au cours de la dernière année. Par courriel, le ministère chargé de leur accueil souligne que le Québec était prêt à accueillir plus de familles.

Abdullah et Maheen ont aussi éprouvé de la difficulté à nouer des amitiés. Des relations importantes pour mieux décrypter les codes de la société. Autour d’eux, il y avait surtout des gens qui s’installaient aussi au Québec.

Abdullah et Maheem étaient bien en contact avec l’organisme d’accueil désigné par la province pour les accompagner. Les premières démarches ont été utiles, mais le personnel était débordé pour répondre aux questions du quotidien.

La famille a bien songé à déménager en banlieue de Montréal, où sont installés plusieurs Afghans, mais la banlieue de Toronto s’est imposée, un peu par hasard, grâce à l’appel inattendu d’un ami d’enfance.

Je leur montre les centres commerciaux, les meilleurs parcs. Kasim, ce vieil ami retrouvé, prend soin de la famille comme si c’était la sienne. Il leur offre des conseils et leur explique les lois.

La liste des questions est variée : comment obtenir une première carte de crédit? Les assurances pour une voiture? Dans quelle école envoyer les enfants? Quand les inscrire?

Kasim fait de son mieux pour répondre, offre un petit boulot à Abdullah et prépare même les sorties du dimanche en famille.

C’est pour les distraire, pour leur faire oublier un peu ce qu’ils ont laissé derrière. C’est difficile d’aller à l’aéroport et de tout quitter si soudainement. De laisser ses parents, ses frères et sœurs pour un pays qu’on ne connaît pas, explique Kasim.

Aimez-vous le poisson, Monsieur Yanik? Discrètement depuis plusieurs minutes, Abdullah prépare un repas pour les invités. C’est sa façon d’accueillir le journaliste, mais aussi de remercier son ami.

Une assiette de poisson accompagné de légumes.

Abdullah a préparé du poisson pour l’occasion. Photo :Radio-Canada /Yanik Dumont Baron

« Ça ira très bien pour leurs enfants »

Maheen a aussi noué des amitiés. Des musulmanes rencontrées au parc du quartier, avec qui elle peut échanger en farsi ou en dari. Les enfants jouent, les femmes s’appuient, s’entraident.

Sabina, dans la cinquantaine, s’est installée en Ontario il y a une dizaine d’années. Ses enfants sont grands. Elle a pris Maheen sous son aile, un peu comme cette mère aujourd’hui trop loin.

D’abord, la langue. Sans langue, il n’y aura pas de vie ici. Sabina a été claire avec sa protégée. Il lui faut rapidement apprendre l’anglais afin de se débrouiller sans son mari et de pouvoir étudier.

Les premières années ce n’est pas facile, admet-elle, estimant que ça va leur prendre une dizaine d’années pour apprendre l’anglais, pour se trouver un bon travail.

Pour les parents, ça ne sera pas facile, poursuit-elle. Mais ça ira très bien pour leurs enfants. C’est bien plus sûr que l’Afghanistan. Pour ça, c’est bien le Canada.

Des femmes discutent dans un parc près de jeux pour enfants.

La communauté canado-afghane est tissée serrée.

Photo : Radio-Canada /Yanik Dumont Baron

Ces amitiés, c’est bien sûr une bouffée d’oxygène pour Maheen, qui se retrouvait isolée à Sherbrooke. En banlieue de Toronto, elle rayonne.

Les enfants, eux, ont aussi bien hâte de nouer des amitiés à l’école. L’aînée de 8 ans a particulièrement envie d’inviter des amis à la maison pour jouer à des jeux vidéo.

Abdullah, lui, maîtrise assez l’anglais pour passer tout de suite à la prochaine étape. Il caresse un rêve, celui d’ouvrir un bon restaurant, de mêler la cuisine afghane avec la cuisine d’ici.

Il n’a pas pensé au décor, je suivrai les conseils de ma femme, dit-il. Ce restaurant, c’est mon objectif. J’ai besoin d’un but. Sinon, je ne sais pas trop ce que je ferais de mes journées.

Ce projet, c’est aussi une façon d’oublier ce quotidien parfois frustrant. C’est un peu de baume sur cette plaie ouverte par l’absence des proches et la distance d’avec sa terre natale.

On s’ennuie autant que lors des premiers jours, confie Abdullah, qui leur envoie un peu d’argent chaque mois. Il appelle souvent ses parents ou ceux de Maheen.

On a décidé que nous étions Canadiens, que c’était notre pays maintenant. Ici, notre vie s’améliore un peu chaque jour, alors qu’en Afghanistan, ça ne fait qu’empirer.

Avec Radio-Canada par Yanik Dumont Baron

Des Afghans sceptiques sur la mort à Kaboul du chef d’Al-Qaïda

août 2, 2022
Des Afghans sceptiques sur la mort a Kaboul du chef d'Al-Qaida
Des Afghans sceptiques sur la mort à Kaboul du chef d’Al-Qaïda© AFP/-

Tué sur son balcon en plein Kaboul par une frappe de drone ? Des Afghans doutaient mardi de l’annonce de la mort du chef d’Al-Qaïda, caché pendant des mois parmi eux au cœur de la capitale afghane.

« Je ne pense pas que ce soit vrai. C’est juste de la propagande », assure Fahim Shah, 66 ans, un habitant de Kaboul.

La mort d’Ayman al-Zawahiri, l’un des terroristes les plus recherchés au monde et pour lequel les Etats-Unis promettaient 25 millions de dollars pour tout renseignement permettant de le retrouver, a été annoncée lundi en direct à la télévision par le président américain Joe Biden.

Dimanche matin, heure afghane, « sur mes ordres, les Etats-Unis ont mené à bien une frappe aérienne sur Kaboul, en Afghanistan, qui a tué l’émir d’Al-Qaïda », a-t-il lancé lors d’une courte allocution depuis la Maison Blanche.

Une attaque au drone, avec deux missiles, sans aucune présence militaire au sol ni aucune autre victime qu’al-Zawahiri, et sans dégâts importants, a précisé un responsable américain.

« Nous avons connu une telle propagande dans le passé et il n’y a rien eu (de vrai). En réalité, je ne pense pas qu’il ait été tué ici », ajoute Fahim Shah, interrogé par l’AFP.

Abdul Kabir, un autre résident de Kaboul, a bien entendu l’explosion causée par la frappe, dimanche peu après 06H15. Mais, sceptique, il demande aux États-Unis de fournir des preuves pour étayer leur affirmation selon laquelle c’est Zawahiri qui a été tué.

« Ils devraient montrer au monde qu’ils ont tué cet homme et en produire la preuve », dit-il.

-« Attaque aérienne »-

« Ils pourraient avoir tué quelqu’un d’autre et avoir annoncé qu’il s’agissait du chef d’Al-Qaïda (…) Il y a de nombreux autres endroits où il pourrait se cacher, au Pakistan ou même en Irak », suggère-t-il.

Selon les américains, Ayman al-Zawahiri vivait dans une maison de trois étages située à Sherpur, un quartier aisé du centre de la capitale afghane, où plusieurs villas sont occupées par des responsables et des commandants talibans de haut rang.

Il a été tué alors qu’il se trouvait sur son balcon, là où il avait été repéré à de nombreuses reprises, et pour de longs moments.

Dimanche, le ministre afghan de l’Intérieur avait démenti les informations faisant état d’une frappe de drone à Kaboul, indiquant à l’AFP qu’une roquette avait touché « une maison vide » de la capitale.

Mais mardi matin, tôt, le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid a tweeté qu’une « attaque aérienne » avait été menée à l’aide de « drones américains ».

Mohammad Bilal, étudiant, pense lui aussi peu probable que le chef d’Al-Qaïda vive à Kaboul.

« C’est un groupe terroriste et je ne pense pas qu’ils enverraient leur chef en Afghanistan », estime le jeune homme.

« Les chefs de la plupart des groupes terroristes, y compris les talibans, vivaient soit au Pakistan, soit aux Émirats arabes unis lorsqu’ils étaient en conflit avec les anciennes forces afghanes », rappelle-t-il.

En revanche, pour Freshta, une femme au foyer qui croit à la mort du chef d’Al-Qaïda, le fait « de savoir qu’il vivait ici » à Kaboul est « choquant », dit-elle, en refusant de donner son nom.

Critique du gouvernement taliban, un commerçant du centre de la capitale, qui n’a pas non plus souhaité être identifié, estime que la porosité des frontières Afghanes rend facile l’entrée dans le pays pour des groupes terroristes.

« Nous n’avons pas de gouvernement. Nous sommes incapables de nous protéger, de protéger notre sol et nos propriétés », a-t-il commenté.

Par Le Point avec AFP

Canada-Réfugiés afghans : des ONG attendent encore une stratégie claire du gouvernement

décembre 13, 2021
Sahil et Wendy, dans une cuisine, discutant.

Ehsanullah Sahil, un réfugié afghan, a été parrainé par un groupe de Canadiens, dont Wendy Long (à droite). Il est arrivé en décembre et s’installe maintenant dans la région du Niagara, en Ontario. Photo: Radio-Canada/Michael Aitkens

Des organismes et individus qui œuvrent à faire venir des réfugiés afghans au pays lancent un cri du cœur : le gouvernement, disent-ils, doit passer à la vitesse supérieure. Un message qui s’accompagne d’idées pour accélérer le processus.

Un peu plus de 4000 Afghans ont rejoint le Canada sur les 40 000 que le gouvernement Trudeau s’est engagé à accueillir.

Parmi ceux qui sont récemment arrivés, un groupe d’environ 250 Afghans parrainés par le privé a atterri à l’aéroport Pearson de Toronto début décembre. Ehsanullah Sahil, nouvellement résident de Niagara Falls en Ontario, était dans cet avion.

Dans son cas, le périple aura duré huit ans. Le jeune homme de 33 ans a travaillé comme interprète pour les Canadiens et les Américains, jusqu’à ce qu’il soit contraint de fuir l’Afghanistan pour sa sécurité.

Arrivé en Indonésie en 2014, il a passé plusieurs années dans un camp de détention – un bâtiment conçu pour accueillir 150 personnes, mais où le double s’entassait, confie-t-il, et d’où il n’avait le droit de sortir qu’une à deux fois par année. Beaucoup de mes amis ont eu des problèmes mentaux, sont tombés malades.

C’est à travers les médias sociaux qu’il entre en contact avec des Canadiens qui deviendront ses parrains. Parmi eux, Wendy Long, fondatrice du groupe Afghan-Canadian Interpreters qui, depuis 2017 déjà, avant la création des programmes d’immigration et humanitaire spéciaux, travaillait à relocaliser des Afghans.

Sahil est un des premiers interprètes pour qui j’ai pu faire quelque chose de concret, dit-elle.

Sahil, assis dans le salon d'une maison.

Ehsanullah Sahil est arrivé au Canada début décembre, parmi un groupe d’environ 250 Afghans parrainés par le privé. Photo: Radio-Canada/Michael Aitkens

L’ex-interprète a appris le mois dernier seulement, dans un mélange de joie et de confusion qu’il peine à décrire, qu’il s’envolerait enfin pour le Canada. Après huit ans à être sans emploi, à ne plus être traité comme un être humain, à ne pas pouvoir voyager, j’étais vraiment heureux.

Mais aujourd’hui, alors qu’il commence une nouvelle vie, il pense aussi à tous ses compatriotes restés derrière.

Je demande humblement au gouvernement canadien d’aider les gens qui sont en danger en Afghanistan le plus vite possible.

« Il n’y a plus le temps pour remplir les papiers, les formulaires, attendre. Parce que si on vous attrape, votre vie est finie. » – Une citation de  Ehsanullah Sahil

Mission inachevée

Même si nous avons réussi à déplacer certaines personnes, il y a des milliers de demandeurs qui sont bloqués en Afghanistan et que nous avons l’obligation d’aider, martèle Eleanor Taylor, vétérane et directrice de programmes pour l’ONG canadienne Aman Lara.

Aman Lara travaille de concert avec un réseau d’organismes et d’individus. Ensemble, ils partagent une base de données des gens à aider. Il y a 13 000 personnes dans notre système. Et parmi ceux qui ont tenté de faire une demande pour venir au Canada, 60 % de ceux qui ont engagé la procédure par courriel n’ont toujours pas été invités à remplir les formulaires, n’ont toujours pas reçu de réponse, fait remarquer Mme Taylor.

Eleanor Taylor portant un casque d'écoute, dans un bureau, en vidéoconférence.

Eleanor Taylor, de l’organisme canadien Aman Lara, mis sur pied pour protéger et évacuer des Afghans vulnérables Photo: Zoom

Et le défi, poursuit-elle, c’est que parmi ceux qui ont réussi à faire une demande, environ 40 % ont un passeport. Or ce document se révèle essentiel pour sortir du pays actuellement, notamment par la voie principale du Pakistan, qui l’exige.

Dans ce contexte le Canada doit trouver d’autres méthodes pour ces gens, estime Wendy Long, qui pense que l’affrètement de vols sur place doit à nouveau être considéré. La France vient de sortir quelques centaines de gens d’Afghanistan. J’espère que le Canada pourrait prendre des leçons.

Un réseau d’ONG

Le parcours reste aussi semé d’embûches pour ceux qui ont réussi à rejoindre un pays tiers. L’ONG Journalistes pour les droits humains a, de son côté, une liste de quelque 500 journalistes afghans vulnérables, dont environ 300 ont été évacués vers un autre État.

Pour l’instant, nous avons décidé de mettre une pause sur nos mouvements parce que ce n’est pas du tout clair ce qui va se passer avec ces gens quand ils seront dans un pays tiers, lance la directrice générale, Rachel Pulfer.

C’est là que la participation d’organismes comme le sien pourrait davantage être mise à profit, selon elle.

Elle explique qu’en vertu du système actuel, les personnes qui ont trouvé abri en dehors de l’Afghanistan doivent être recommandés, principalement par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, pour être réinstallés au Canada, ce qui prend plusieurs années.

Or, elle propose que les ONG qui sont déjà en lien avec des Afghans sur le terrain puissent elles aussi être considérées comme des agences de recommandation et ainsi valider rapidement leur statut.

Rachel Pulfer, assise devant un bureau.

Rachel Pulfer, Journaliste pour les droits humains (JDH). Photo: Radio-Canada/PierreI-Olivier Bernatchez

Il y a les ONG comme Rainbow Railroad, qui travaille avec les communautés LGBTQ, comme Afghan Women’s Organization, qui travaille avec les leaders qui sont des femmes, il y a les anciens combattants. C’est toutes des parties de la population qui sont les priorités du gouvernement. Donc, pourquoi ne pas utiliser leur savoir-faire pour faire avancer les Afghans qui sont encore dans une situation de danger.

« Les listes que nous avons sont toutes créées par des Canadiens qui ont travaillé avec [les gens] là-bas. »-Une citation de  Rachel Pulfer

Corey Levine, spécialiste des droits de la personne qui a notamment travaillé avec des groupes de femmes en Afghanistan, va jusqu’à suggérer que tous les Afghans soient déclarés comme des réfugiés prima facie, ce qui leur permettrait de bénéficier d’une protection internationale sans se soumettre au processus de détermination individuelle du statut, selon le Haut Commissariat des Nations Unies sur les réfugiésHCR.

Dans tous les cas, il s’agit d’envoyer le signal aux pays tiers que le Canada est sérieux, ajoute Wendy Long. Donner des garanties à ces gouvernements (comme le Pakistan) que les gens qui sont invités par le Canada, qui passent par ces pays, vont venir au Canada assez vite. Et c’est ça, la diplomatie.

Contacté par Radio-Canada, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté CanadaIRCC souligne que l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) se concentre actuellement sur la protection humanitaire dans la régionEt nous prévoyons que les recommandations commenceront en 2022.

Il est important de se rappeler que le HCR a besoin de temps pour identifier et contrôler les réfugiés avant de recommander leurs cas au gouvernement du Canada pour réinstallation. C’est ainsi que le HCR travaille avec tous les pays d’accueil des réfugiés, note une porte-parole.

Le rôle du parrainage privé

Le modèle proposé par les organismes comme Journalistes pour les droits humainsJDH impliquerait aussi davantage le parrainage privé.

Le système de parrainage est une fabrique canadienne depuis plus de 40 ans, rappelle Corey Levine, qui pourrait être encore plus efficace avec certaines adaptations, selon elle, pour le rendre moins onéreux, moins long et moins bureaucratique.

C’est une méthode qui a été utilisée avec les Syriens alors pourquoi pas les Afghans, renchérit Wendy Long.

Wendy Long, portant des lunettes, assise à l'intérieur d'une maison.

Wendy Long, fondatrice du groupe Afghan-Canadian Interpreters. Photo: Radio-Canada/Michael Aitkens

En faisant un parrainage, vous avez une relation avec la personne qui vient ici au Canada avant qu’elle vienne. Non seulement ça, mais par exemple Sahil est venu avec sa résidence permanente. La journée d’après on a pu prendre son numéro d’assurance sociale, il peut travailler, on a ouvert un compte de banque. Au lieu d’avoir quelqu’un dans nos hôtels pendant 4 mois où ils ne peuvent rien faire.

Collaboration et volonté

Selon ces intervenants, tous ces éléments – régler les enjeux administratifs, entretenir des liens diplomatiques, noliser des vols, collaborer avec les ONG, moderniser le système de parrainage – sont à la portée d’Ottawa.

Vendredi, près d’une vingtaine d’organisations afghanes-canadiennes ont aussi écrit une lettre ouverte au gouvernement qui contient une série de recommandations face à cette crise, entre autres la nomination d’un ambassadeur extraordinaire pour l’Afghanistan.

On a vu le gouvernement avancer de façon beaucoup plus adroite pendant la crise syrienne de 2015. Des milliers de Syriens ont été amenés au Canada en 100 jours, souligne Corey Levine.

Corey Levine, dans un bureau, en vidéoconférence.

Corey Levine, spécialiste en droits de la personne. Photo: Zoom

Nos partenaires du gouvernement travaillent très fort, mais de façon compartimentée. Il n’y a pas une agence qui repose au-dessus de ce projet. Il nous faut une construction organisationnelle qui permet d’appliquer tout le poids du gouvernement à ce problème, évalue Eleanor Taylor.

Je pense qu’il y a des choses qu’on peut faire s’il y a une volonté. Ça, c’est la chose qui est importante maintenant, conclut Rachel Pulfer, qui se dit par ailleurs inspirée par l’implication de la société civile jusqu’ici.

Le gouvernement, lui, assure qu’il reste déterminé à remplir ses engagements. Le pays accueillera un mélange de réfugiés pris en charge par le gouvernement, de réfugiés parrainés par le secteur privé et de personnes qui viennent au Canada par l’entremise de programmes de réunification familiale, rappelle une porte-parole d’IRCC.

Le Canada dit aussi qu’il continue de travailler avec toutes sortes de partenaires, y compris les pays voisins et alliés de la région, et qu’il s’engage à appuyer les Nations unies dans la coordination d’une intervention humanitaire internationale.

Avec Radio-Canada

Canada: Des réfugiés afghans logés dans des hôtels se plaignent des conditions

novembre 2, 2021

Dans le stationnement d’un hôtel situé non loin de l’aéroport Pearson de Toronto, plusieurs réfugiés afghans fouillent dans des boîtes et des sacs de vêtements donnés.

Sardar Khan Shinwari vit dans une chambre d'hôtel près de l'aéroport Pearson avec sa femme et ses quatre enfants.

© Eduardo Lima/La Presse canadienne Sardar Khan Shinwari vit dans une chambre d’hôtel près de l’aéroport Pearson avec sa femme et ses quatre enfants.

Ils cherchent des manteaux d’hiver et des chaussures qui pourraient convenir à leurs enfants, ainsi que des vêtements adaptés à la saison pour eux-mêmes. Beaucoup d’entre eux n’ont pas d’argent. De plus, ils n’ont toujours pas reçu de paiements de soutien du gouvernement fédéral.

Une agence a été chargée de s’occuper d’eux en attendant qu’ils soient installés dans un logement plus permanent. Cependant, les réfugiés affirment que nombre de leurs besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits de manière adéquate.

Nous n’avons pas assez de vêtements, pas assez de bottes», déclare Sardar Khan Shinwari, qui vit dans une chambre d’hôtel avec sa femme et ses quatre enfants depuis la mi-octobre.

En ce moment, mes bottes sont des 11, et je porte du 8», explique-t-il.

M. Shinwari fait partie des quelque 770 réfugiés afghans actuellement logés dans deux hôtels près de l’aéroport.

Sa famille a terminé la quarantaine obligatoire en raison de la pandémie, mais ils restent à l’hôtel et dépendent de l’agence. Ils attendent que le gouvernement fédéral traite leurs demandes et délivre leurs cartes de résidence permanente.

Ils n’ont rien»

Les employés du gouvernement leur ont fourni quelques vêtements à l’aéroport, mais ils étaient mal ajustés, dit M. Shinwari.

Le fait de vivre à l’hôtel pendant une longue période signifie également que la famille n’a pas accès à une buanderie ou à sa propre cuisine.

De plus, en raison de la situation géographique de l’hôtel, il n’y a pas d’épicerie à proximité ou de terrains de jeux pour les enfants.

Nous faisons la lessive dans la douche parce qu’il n’y a pas de machine à laver», explique cet homme de 30 ans, ancien interprète des Forces armées canadiennes, qui a réussi à passer les postes de contrôle talibans au Pakistan avant de s’envoler avec sa famille vers Toronto.

Autour de nous, il n’y a que immeubles et stationnements. Où pouvons-nous aller?»

La nourriture fournie n’est pas non plus idéale, en particulier pour ses enfants, selon M. Shinwari. De plus, il affirme que l’agence n’a pas fourni de fournitures adéquates pour son bébé d’un mois.

Yasmin Noori, une résidente de Toronto qui distribue des vêtements qui proviennent de dons des Torontois, affirme que les nouveaux arrivants ont besoin de vêtements d’hiver ainsi que de jouets et de poussettes pour leurs enfants.

Ils n’ont rien», dit-elle. J’ai vu les gens porter des vêtements (d’été) avec des pantoufles, je me sentais si mal parce que le temps était si froid.»

Asadullah Rahimi, un réfugié afghan qui séjourne également dans l’un des hôtels avec sa femme et ses six enfants, affirme que le fait de ne pas savoir quand l’agence leur trouvera un logement exacerbe les problèmes.

Personne ne nou demande : « Où voulez-vous aller? De quoi avez-vous besoin? De quoi vous manque-t-il? À quels problèmes faites-vous face? »», dit-il.

Un porte-parole du ministre fédéral de l’Immigration affirme que le processus de choix d’un lieu d’établissement définitif pour les réfugiés implique généralement des entretiens avant leur arrivée au Canada pour discuter de leurs options, mais cela ne s’est pas produit dans ces cas.

Compte tenu de la nature rapide et volatile de leur fuite d’Afghanistan, cette entrevue avant le départ n’était pas possible», déclare Alexander Cohen.

Le gouvernement cherche à aider les nouveaux arrivants afghans à s’installer dans des zones où ils ont de la famille, des amis ou un soutien communautaire, dit-il.

Des travailleurs sociaux plus expérimentés

M. Cohen ajoute que du personnel du ministère a été envoyé dans les hôtels accueillant des réfugiés afghans, mais que ce sont les travailleurs de l’agence qui traitent directement avec les nouveaux arrivants.

Le directeur général de Polycultural, l’agence chargée de fournir des services aux nouveaux arrivants afghans, affirme que la capacité de son organisation à fournir des services en personne dans les hôtels est limitée en raison de la pandémie, mais il affirme que l’agence donne suite aux préoccupations soulevées.

Nous continuons à prendre en compte toutes les réactions. Les gens appellent ça des plaintes, nous appelons ça des retours d’information, et nous essayons de rendre tout le monde heureux», déclare Marwan Ismail. Nous sommes là pour aider les gens.»

M. Ismail indique que son organisation a récemment signé un accord pour fournir des services de buanderie aux nouveaux arrivants afghans et qu’elle prendra en compte la taille des gens afin de leur fournir des vêtements adéquats.

L’organisation a également changé de fournisseur de services de restauration huit fois au cours des deux derniers mois à la suite de plaintes, dit-il, notant qu’il peut être difficile de fournir des repas qui satisfont des centaines de personnes.

L’organisation a été confrontée à des difficultés avec certains employés, selon M. Ismail. Elle a engagé 35 personnes parlant le pachto et le dari, les deux principales langues parlées en Afghanistan, mais beaucoup d’entre elles n’ont pas suffisamment d’expérience en matière de travail social, dit-il.

Nous étions pressés parce que tout s’est passé très vite à Kaboul», dit-il, faisant référence à la prise de pouvoir rapide des talibans dans le pays. Des travailleurs sociaux plus expérimentés sont maintenant embauchés pour fournir de meilleurs services, dit-il.

Ottawa s’est engagé à accueillir 40 000 réfugiés afghans. À ce jour, l’accueil de près de 9500 personnes a été approuvé et 3260 sont maintenant au Canada.  

Par CBC/Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne

Canada: Le premier ministre Justin Trudeau rencontre des réfugiés afghans

octobre 10, 2021

OTTAWA — Le premier ministre fédéral Justin Trudeau a amorcé le week-end de l’Action de grâce en rencontrant une famille de réfugiés afghans qui est récemment arrivée au pays.

© Fournis par La Presse Canadienne

Obaidullah Rahimi a été engagé à l’ambassade du Canada à Kaboul en 2008. L’an dernier, il est devenu employé à temps plein.

M. Rahimi est arrivé au Canada avec sa femme, sa fille de trois ans et un bébé âgé d’un mois et demi.

«C’est l’essence même de l’Action de grâce. Nous songeons à quel point nous sommes chanceux», a affirmé M. Trudeau lors de sa rencontre avec M. Rahimi à Ottawa samedi.

Le premier ministre a rencontré la famille dans une maison où des bénévoles ont préparé des paniers-cadeaux pour les réfugiés afghans. M. Trudeau en a enveloppé un.

M. Rahimi a raconté au premier ministre qu’il aimait son travail à l’ambassade canadienne. Il juge que les Canadiens sont très amicaux et se dit heureux d’être au pays.

«Merci, merci de nous avoir accueillis ici et merci pour tout ce que vous avez fait», a-t-il exprimé.

Le Canada a accueilli plus de 1000 réfugiés afghans. Le Canada s’est engagé à en recevoir 40 000, à la suite de la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans au cours de l’été.

M. Trudeau a déclaré que les Canadiens étaient heureux que Obaidullah Rahimi et sa famille soient en sécurité.

«Nous sommes heureux de vous amener ici pour la prochaine étape de votre vie», a déclaré le premier ministre.

«C’est une chose importante d’être là pour plusieurs de vos compatriotes qui ont souffert et qui ont maintenant subi un revers avec les talibans  —  une chose terrible, mais nous continuerons à travailler ensemble pour un avenir meilleur», a-t-il ajouté.

Pour une famille afghane à Calgary, il y a de quoi être reconnaissant, même si elle n’a pas l’habitude de célébrer l’Action de grâce.

M. Azatullah a dit que les 13 membres de sa famille ont emménagé dans un logement permanent vendredi, après être restés dans un logement temporaire depuis leur arrivée au Canada il y a un mois et demi. Il a demandé que son nom de famille ne soit pas utilisé, car certains membres de sa famille sont encore en Afghanistan. 

«Nous apprécions le gouvernement du Canada qui nous a aidés dans une période très difficile», a-t-il déclaré lors d’une entrevue samedi. Il apprécie également les organisations et les personnes qui ont aidé sa famille à trouver un logement et lui ont fourni des informations sur la vie au Canada. 

Sa famille est venue au Canada parce que son défunt frère travaillait à l’ambassade, a-t-il dit. M. Azatullah a été accompagné au Canada par sa mère, sa belle-sœur et les enfants de ses frères et sœurs. 

Il s’inquiète pour ses deux frères, sa sœur et sa belle-sœur qui sont toujours en Afghanistan et espère les faire venir au Canada également. Trois des neveux qui l’ont accompagné au Canada sont venus sans leur mère, a-t-il ajouté.

Malgré tout, il est plein d’espoir pour son avenir au Canada et, bien que l’Action de grâce soit tranquille cette année, il a dit qu’il prévoyait de célébrer la fête l’année prochaine.

«Je me sens bien ici».

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Avec La Presse Canadienne

Note aux lecteurs: Dans une version précédente, La Presse Canadienne écrivait erronément que le Canada s’était engagé à en recevoir 20 000 réfugiés afghans. En réalité, le nombre s’élève à 40 000.

Un entrepreneur dépense 50 000 $ pour aider les réfugiés afghans au Canada

septembre 12, 2021

 

© Fournis par La Presse Canadienne

OTTAWA — Un promoteur immobilier de Toronto qui a travaillé sans relâche pour aider des centaines de personnes fuyant les talibans à s’installer au Canada – dépensant 50 000 $ pour leur acheter des produits de base – a été salué comme un «excellent exemple de compassion canadienne» par le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marco Mendicino.

Wais Habibzai, qui a fui l’Afghanistan au Canada en 1992 après que sa maison a été détruite par une roquette, a lancé une campagne pour aider à fournir des vêtements et d’autres produits essentiels aux réfugiés qui ont fui Kaboul.

Environ un millier de réfugiés reçoivent de la nourriture et sont logés par le gouvernement alors qu’ils se préparent à refaire leur vie au Canada, a déclaré M. Habibzai. Il a cependant noté que les réfugiés, isolés dans plusieurs hôtels de Toronto, manquaient de nombreux produits essentiels, notamment des sous-vêtements propres, des téléphones et des biberons.

Beaucoup de réfugiés sont arrivés avec seulement leurs vêtements sur leur dos et M. Habibzai leur a acheté de l’habillement dans un magasin à grande surface.

L’homme d’affaires a transformé les salles de conférence des hôtels où sont logés des réfugiés en entrepôts de vêtements et de produits de première nécessité, recrutant des dizaines de bénévoles qui agissent comme traducteurs et de personnes qui contribuent au fonds d’aide.

Il se rend quotidiennement dans les magasins locaux pour acheter des sous-vêtements, des chaussures, des jeans et des chemises, des biberons, du lait maternisé et des produits d’hygiène personnelle. Il a également acheté du chocolat, des bonbons et des jouets pour les enfants, ainsi que des tapis de prière et des hijabs pour certaines femmes plus âgées.

M. Habibzai, qui est âgé de 40 ans, s’est dit ravi de voir de jeunes réfugiés, arrivés en tenue traditionnelle afghane, se promener dans les hôtels de Toronto «comme de vrais Canadiens» en jeans et t-shirts arborant le drapeau canadien.

«Certains sont venus avec (des vêtements traditionnels). Le lendemain, ils portaient les chaussures, les t-shirts et les jeans que je leur avais donnés. Je suis allé chez Walmart et je leur ai acheté des t-shirts avec le drapeau du Canada. Ils ont adoré. Ils se promenaient comme de vrais Canadiens», a-t-il déclaré.

«Les adolescents âgés de 20 à 22 ans – ils veulent être modernes.»

Le ministre Mendicino a affirmé que l’accueil des Afghans «ne serait pas possible sans la générosité de Wais et de tant d’autres comme lui».

«Alors que les réfugiés afghans cherchaient à se mettre à l’abri des persécutions et de la guerre, le Canada est intervenu. Et alors que les réfugiés commencent maintenant une nouvelle vie au Canada, les Canadiens se mobilisent. Peu incarnent cet esprit mieux que Wais Habibzai. Wais est un excellent exemple de la compassion canadienne», a-t-il déclaré.

«Et en tant que réfugié lui-même, il incarne le « cycle intergénérationnel d’immigration » du Canada où chaque génération de nouveaux arrivants accueille la suivante», a ajouté le ministre.

Le ministère de l’Immigration affirme avoir aidé 3700 personnes évacuées, dont des citoyens canadiens et des résidents permanents, à fuir l’Afghanistan, récemment tombé aux mains des talibans. Il a cependant été critiqué pour ne pas en avoir aidé suffisamment à s’échapper et son programme spécial d’immigration a été en proie à des problèmes bureaucratiques et techniques.

M. Habibzai visite chaque jour des hôtels où logent des réfugiés pour s’enquérir de ce dont ils ont besoin. Il a recruté de la famille et des amis afghans pour traduire et a amassé des milliers de dollars pour compléter les 50 000 $ qu’il a lui-même dépensés.

«J’ai dit: « Donnez-moi une liste de ce dont vous avez besoin. Je vais aller l’acheter: des couches, du lait, vous n’avez qu’à le dire. » Un homme a répondu: « Je n’ai qu’une seule paire de sous-vêtements ». Ils demandaient toujours des produits comme celui-ci », a-t-il expliqué.

Il a déclaré que les réfugiés qui avaient laissé leur famille derrière eux voulaient savoir désespérément s’ils étaient en sécurité, mais n’avaient souvent aucun moyen de les joindre.

M. Habibzai leur a acheté des téléphones cellulaires et des cartes SIM, ainsi que des chargeurs adaptés aux prises canadiennes, afin qu’ils puissent rester en contact avec des parents et des amis qui se cachent des talibans.

Il a également proposé de loger plusieurs familles dans ses logements vacants sans leur facturer de loyer pendant un an. Mais il a mentionné que de nombreux nouveaux arrivants ont de l’argent et sont bien éduqués.

L’homme d’affaires de Toronto, dont le père était directeur d’une chaîne de télévision nationale afghane et ancien diplomate, a été contraint de fuir l’Afghanistan après que les moudjahidines – des combattants religieux qui ont combattu l’occupation russe, évoluant en talibans – ont détruit sa maison avec un lance-roquettes.

Il est arrivé au Canada en 1992, à l’âge de 14 ans, et a déclaré que son expérience en tant que nouvel immigrant l’avait motivé à aider les Afghans en fuite. Il veut «redonner» au pays qui l’a accueilli, car il se souvient à quel point cela a été «difficile» pour lui d’arriver au Canada «sans rien».

«Mon père a dû quitter son travail, et depuis que notre maison a été détruite par le lance-roquettes, a-t-il raconté, c’était très difficile pour mon père de trouver un appartement (au Canada) parce qu’il n’avait pas de crédit, pas de travail et son anglais n’était pas bon. C’était dur. Mon père était un homme fort. Il voulait travailler, quoi qu’il en coûte, quoi qu’il arrive, même s’il a été diplomate pendant des années.»

Finalement, son père a accepté un poste de gérant d’un dépanneur. M. Habibzai a quant à lui fondé sa propre société immobilière, achetant sa première maison à l’âge de 18 ans et la vendant pour financer ses frais universitaires. Il construit maintenant des maisons à Toronto et dirige une société immobilière ainsi que des entreprises technologiques en Afghanistan.

«Aujourd’hui, je construis des maisons et, grâce au Canada, j’ai fait mes études ici. Mon frère a joué au soccer professionnellement pour Équipe Canada, a-t-il déclaré. Tout est grâce à ce beau pays. Et je veux redonner.»

«Je leur dis: « Écoutez, je ne suis personne. Je ne suis que ce jeune homme d’affaires d’origine afghane. Je suis venu ici, comme vous, avec même pas 20 $ en poche, sans rien. Mais le Canada est le pays des opportunités: vous pouvez être quelqu’un.»

Avec Marie Woolf, La Presse Canadienne

L’Ouganda et le Rwanda accueillent des réfugiés afghans

août 25, 2021

ACCORD. Les deux pays d’Afrique de l’Est ont accepté, à la demande des États-Unis, d’accueillir des réfugiés fuyant l’Afghanistan.

Kampala n'a pas donne plus de details sur l'identite des evacues
Kampala n’a pas donné plus de détails sur l’identité des évacués© UGANDA BROADCASTING CORPORATION / AFP

L’avion en provenance d’Afghanistan a atterri ce mercredi 25 août à l’aéroport international d’Entebbe, en Ouganda, avec, à son bord, un premier groupe de 51 Afghans. Au total, ce pays d’Afrique de l’Est doit accueillir pour une durée temporaire 2 000 Afghans en fuite depuis la prise du pouvoir par les talibans. Kampala précise bien que c’est « à la demande des États-Unis », a indiqué le ministère ougandais des Affaires étrangères.

Cet accueil, a souligné le ministère, se fait à la demande des États-Unis d’accueillir temporairement des ressortissants afghans « à risque » et d’autres personnes en transit vers les États-Unis et d’autres destinations dans le monde.

L’ambassade des États-Unis à Kampala a remercié l’Ouganda pour sa « générosité et son hospitalité envers ces communautés ». « Le gouvernement de l’Ouganda et le peuple ougandais ont une longue tradition d’accueil des réfugiés et d’autres communautés dans le besoin », a affirmé l’ambassade sur Twitter.

Accord avec les États-Unis

L’Ouganda accueille une des plus grandes populations de réfugiés au monde – près de 1,5 million, selon les Nations unies –, principalement en provenance du Soudan du Sud et de la République démocratique du Congo voisins. La plupart vivent dans de vastes camps de réfugiés dans le nord du pays, mais 81 000 réfugiés vivent dans la capitale, Kampala. « À l’heure actuelle, nous avons plus de 1,6 million de réfugiés ici en Ouganda. Ainsi, lorsque nous avons reçu la demande, et d’un point de vue moral, nous ne pouvions pas refuser, car nous devons soutenir l’humanité », a répondu le ministre ougandais des Technologies de l’information et de la Communication, Chris Baryomunsi, aux critiques adressées au gouvernement, après l’officialisation de la décision. En effet, de nombreux Ougandais craignent que l’arrivée de ces réfugiés afghans – dont des femmes, des hommes et des enfants – puisse attirer l’attention de groupes terroristes internationaux, tels qu’Al-Qaïda, l’État islamique et surtout Al-Shabab en Somalie vers l’Ouganda et déstabiliser le pays.

L’Ouganda est depuis longtemps un allié des États-Unis, en particulier sur les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme dans la sous-région. Mais certains militants et opposants au président Yoweri Museveni, qui a été réélu en janvier dernier, affirment que cet accord avec Washington se fait au mépris des violations des droits de l’homme et de mauvaise gouvernance dans un pays qui n’a jamais connu d’alternance politique. Pour eux, leur pays est loin d’être exemplaire.

Des pays qui ont une tradition d’accueil des réfugiés

Non loin, au Rwanda, voisin, plusieurs dizaines d’écolières afghanes, leurs enseignants et le personnel de leur internat pour filles en Afghanistan étaient en cours d’évacuation vers le Rwanda, ont annoncé, mardi, la fondatrice de l’institution et Kigali.

Les talibans ont affirmé à plusieurs reprises que leur nouveau régime serait différent de celui qu’ils ont dirigé dans les années 1990, marqué par une extrême brutalité, l’exclusion des filles des écoles, le confinement des femmes chez elles, l’interdiction de la musique et des divertissements, mais aussi les lapidations et exécutions publiques. Mais depuis leur prise de pouvoir à Kaboul le 15 août, des dizaines de milliers d’Afghans tentent désespérément de quitter leur pays, redoutant de vivre à nouveau sous leur règne.

Près de 250 adolescents, étudiants, professeurs, personnels et membres de leurs familles ont quitté l’Afghanistan pour se rendre au Rwanda et y poursuivre leurs études, a précisé Shabana Basij-Rasikh, la fondatrice de l’École privée de leadership en Afghanistan (Sola). « Tout le monde est en route, via le Qatar, vers la nation du Rwanda où nous avons l’intention de commencer un semestre à l’étranger pour l’ensemble de nos étudiants », a-t-elle déclaré sur Twitter. « Quand les circonstances sur le terrain le permettront, nous espérons rentrer chez nous en Afghanistan », a-t-elle ajouté.

À Kigali, la porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo, a confirmé cette information. « Nous souhaitons la bienvenue à la communauté Sola au Rwanda. Nous respectons leur demande de confidentialité, il n’y aura donc pas d’autres commentaires pour le moment », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Quelques jours auparavant, Basij-Rasikh a déclaré qu’elle avait brûlé les dossiers scolaires de ses élèves « pour les protéger ainsi que leurs familles ». « Mes élèves, mes collègues et moi sommes en sécurité. […] Mais, en ce moment, nombreux sont ceux qui ne se sentent pas ou se sentent de moins en moins en sécurité. Je suis brisée et dévastée pour eux », a-t-elle écrit, vendredi, sur le site Internet de l’école.

L’ONU a averti, mardi, que les droits des femmes afghanes sont une « ligne rouge » que les talibans ne doivent pas franchir. « Une ligne rouge fondamentale sera la façon dont les talibans traitent les femmes et les filles », a déclaré, mardi, la haute-commissaire Michelle Bachelet à l’ouverture d’une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme (CDH) sur l’Afghanistan. « Il incombe désormais aux talibans de traduire ces engagements en réalité. » Les talibans affirment aujourd’hui qu’ils respecteront les droits des femmes et qu’elles seront autorisées à recevoir une éducation et à travailler.

Avec Le Point avec AFP

Canada: Legault réitère son offre pour accueillir des réfugiés afghans au Québec

août 21, 2021

Le premier ministre du Québec François Legault a réitéré son intention d’aider les réfugiés afghans qui trouveront asile au Canada.

© Fournis par La Presse Canadienne

Dans un message diffusé samedi sur sa page Facebook, M. Legault a écrit que le gouvernement allait faire sa part pour accueillir des réfugiés autant que possible, «en particulier des femmes victimes de persécution».

Au début de la semaine, il avait déclaré que le Québec était prêt à accueillir un certain nombre de réfugiés afghans.

Le premier ministre n’a pas précisé comment son gouvernement compte venir en aide à ceux qui s’installeront au Québec.

Vendredi, le ministre fédéral de l’Immigration Marco Mendicino a annoncé que son ministère accélérera le processus d’évacuation et d’accueil des familles d’interprètes et des autres personnes qui ont contribué à la mission canadienne en Afghanistan.

Le premier ministre Legault a voulu consoler les militaires québécois qui ont participé à l’intervention canadienne en Afghanistan. Ceux-ci pourraient être tentés que leur présence n’ait servi à rien puisque les talibans ont repris le pouvoir, 20 ans après l’invasion du pays par les États-Unis.

«Ça ne doit vraiment pas être facile de voir la situation basculer aussi rapidement, mais en même temps, ça ne veut pas dire que vous avez fait tout ça en vain, a-t-il dit. Pendant des années, vous avez chassé les terroristes d’Al-Qaïda responsables des attentats du 11 septembre. Vous avez permis à des milliers de filles de pouvoir aller à l’école librement et d’être ambitieuses. Vous avez aidé toute une population à se libérer du joug des talibans.»

Il a ajouté que l’intervention en Afghanistan avait permis de réaliser des progrès là-bas. «C’est certain qu’on aurait souhaité des progrès plus durables, mais il reste que vos missions ont apporté beaucoup de positif pendant près de deux décennies. Vous pouvez encore être fiers de ça. Moi, en tout cas, je suis très fier de nos militaires québécois.»

C’est certain qu’on aurait souhaité des progrès plus durables, mais il reste que vos missions ont apporté beaucoup de positif pendant près de deux décennies. Vous pouvez encore être fiers de ça. Moi, en tout cas, je suis très fier de nos militaires québécois.

Le premier ministre s’est aussi dit «choqué par les images de peur et d’angoisse qui nous sont parvenues».

M. Legault dit craindre pour les conditions de vie des femmes afghanes. «Qu’on soit en accord ou pas avec l’intervention occidentale, ça fait froid dans le dos quand on pense à ce qui attend ces petites filles et ces femmes dans les mois à venir», a-t-il souligné.

Il affirme que les malheurs des Afghanes devraient convaincre notre société de défendre l’égalité entre les hommes et les femmes «avec encore plus d’énergie et de fierté».

Avec La Presse Canadienne

Deux avions d’Afghanistan sont arrivés au Canada

août 17, 2021

Les premiers réfugiés afghans fuyant les talibans depuis la chute de Kaboul commencent à arriver au Canada. Deux avions d’Afghanistan, l’un avec à son bord des diplomates et des miliaires, et l’autre, des réfugiés, ont atterri à Ottawa et à Toronto dans la nuit de lundi à mardi.

Le Canada s'est engagé à accueillir quelque 20 000 réfugiés afghans qui ont collaboré avec les Forces canadiennes (archives).

© Justin Tang/La Presse canadienne Le Canada s’est engagé à accueillir quelque 20 000 réfugiés afghans qui ont collaboré avec les Forces canadiennes (archives).

Jusqu’à maintenant, cinq vols transportant des réfugiés ont décollé d’Afghanistan depuis que le fédéral a annoncé, fin juillet, qu’il allait offrir l’asile aux Afghans qui sont menacés par les talibans pour avoir aidé le Canada.

Si le gouvernement fédéral s’est fixé comme objectif d’accueillir 20 000 de ces réfugiés, certains croient qu’il a l’obligation morale et politique d’en faire davantage.

Une bonne partie des Afghans qui sont ciblés par le rapatriement sont déjà à l’extérieur de l’Afghanistan», indique le directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’aide humanitaire, François Audet, mais un nombre important de personnes ciblées par les efforts d’évacuation canadiens sont toujours prises en Afghanistan.

Ce sont aussi celles qui se sont associées à l’effort de la société civile, et puis il y a les minorités religieuses, certaines minorités ethniques, les personnes LGBTQ, et cætera», souligne pour sa part Frédéric Mégret, professeur à la Faculté de droit de l’Université McGill.

Les deux spécialistes des questions humanitaires s’entendent pour dire que le gouvernement canadien doit en faire plus pour aider le plus d’Afghans possible, qu’ils aient collaboré ou non à la plus longue mission militaire du Canada de 2001 à 2014.

L’essentiel du fardeau de l’accueil des réfugiés est loin d’être assumé par les États-Unis ou le Canada», ajoute M. Mégret. Il est injuste que ce soit toujours les pays limitrophes, les pays les plus proches, qui n’ont rien eu à voir dans certains cas – ou relativement peu – avec l’énorme déstabilisation de l’Afghanistan» qui doivent prendre en charge le plus grand nombre de réfugiés, dénonce-t-il.

Les Afghans ont été nombreux à se diriger vers la frontière avec le Pakistan dans la foulée de la prise de pouvoir des talibans.

© STRINGER/Reuters Les Afghans ont été nombreux à se diriger vers la frontière avec le Pakistan dans la foulée de la prise de pouvoir des talibans.

Depuis une dizaine d’années, le gouvernement canadien a réinstallé plus de 800 interprètes et employés de soutien. Ottawa n’a pas précisé dans l’immédiat le nombre d’Afghans ramenés à bord du plus récent vol.

Des opérations complexes

Les vols en provenance de l’Afghanistan au Canada ont pu reprendre lundi, alors qu’un certain ordre régnait à l’aéroport de Kaboul, après deux jours dramatiques de chaos pendant lesquels les talibans s’emparaient de la capitale et des rênes du pays.

La situation demeure néanmoins tendue, car le nombre d’Afghans qui veulent migrer d’urgence est toujours colossal. Le plus crucial, c’est sans doute que l’aéroport tienne, parce que c’est la seule porte de sortie pour les Afghans qui veulent quitter le pays», insiste le professeur Mégret.

Difficile de savoir comment se positionne le nouveau régime taliban quant à l’exode qui se déroule dans le pays, mais la meilleure issue» serait que le gouvernement ferme l’œil sur l’émigration, croit-il.Des milliers d'Afghans ont mis le cap vers l'aéroport de Kaboul pour tenter de fuir l'Afghanistan.

© STRINGER/Reuters Des milliers d’Afghans ont mis le cap vers l’aéroport de Kaboul pour tenter de fuir l’Afghanistan.

Entre-temps, la suite des évacuations vers le Canada s’annonce excessivement complexe», estime François Audet.

L’Armée canadienne n’a pas la capacité aérienne de pouvoir rapidement faire un pont aérien», note-t-il. Il y aura sûrement des avions de l’armée, mais aussi des avions civils qui seront nolisés ou bien […] que l’armée américaine aussi puisse permettre l’évacuation dans une base limitrophe.»

D’anciens combattants canadiens et les partis d’opposition à Ottawa ont accusé le gouvernement libéral d’avoir tardé à aider les anciens interprètes au cours des derniers mois, alors qu’on savait depuis le printemps que les États-Unis allaient retirer leurs soldats d’Afghanistan.

Il est vrai que la rapidité avec laquelle les talibans ont pris le contrôle du pays en a surpris plus d’un. La crise humanitaire qui se déroule en Afghanistan s’est néanmoins imposée dans la campagne électorale fédérale déclenchée dimanche au Canada.

Le fondateur de Not Left Behind, Andrew Rusk, estime qu’au moins 2000 d’entre eux attendent d’être évacués.

Quand M. Trudeau a été interrogé lundi sur les raisons pour lesquelles son gouvernement n’avait pas agi plus tôt, il a soutenu qu’il avait commencé à travailler sur cette opération au printemps.

Avec CBC/Radio-Canada 

Washington promet d’accueillir des milliers de réfugiés afghans supplémentaires

août 2, 2021
Washington promet d'accueillir des milliers de refugies afghans supplementaires
Washington promet d’accueillir des milliers de réfugiés afghans supplémentaires© AFP/HOSHANG HASHIMI

Les Etats-Unis, déjà engagés dans une course contre la montre avant leur retrait d’Afghanistan pour évacuer les Afghans ayant travaillé pour l’armée américaine, tentent d’accueillir des milliers d’autres personnes qui risquent de subir les représailles des talibans mais le processus s’annonce complexe.

« A la lumière de la hausse de la violence de la part des talibans, le gouvernement américain travaille pour fournir à certains Afghans, y compris ceux qui ont travaillé avec les Etats-Unis, l’opportunité de bénéficier des programmes d’admission de réfugiés aux Etats-Unis », a annoncé lundi le département d’Etat dans un communiqué.

Cette décision « étend la possibilité de relocalisation permanente aux Etats-Unis à plusieurs milliers d’Afghans et aux membres de leur famille immédiate qui pourraient être en danger en raison de leur proximité avec les Américains, mais qui ne sont pas éligibles aux visas d’immigration spéciaux » actuellement octroyés à une partie des interprètes, traducteurs et autres auxiliaires afghans de l’armée américaine, a-t-il précisé.

Le président américain Joe Biden a fixé au 31 août la date butoir pour le retrait total des forces américaines d’Afghanistan, juste avant le 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 à New York et au Pentagone qui avaient déclenché leur intervention.

Mais les talibans ont lancé une offensive généralisée, faisant craindre qu’ils ne s’emparent du pouvoir au départ des forces étrangères et qu’ils ne se vengent contre les Afghans qui ont travaillé pour ces dernières.

Pour les évacuer, la diplomatie américaine a commencé à leur fournir des visas d’immigration spéciaux. Un premier groupe de 200 personnes est arrivé vendredi aux Etats Unis, sur 2.500 ayant franchi toutes les étapes pour l’obtention de ce visa et qui sont attendues dans les prochaines semaines.

D’autres, dont le processus n’est pas aussi avancé, doivent être mis à l’abri dans des bases américaines à l’étranger le temps d’attendre leur visa.

Mais quelque 20.000 Afghans ayant travaillé pour l’armée américaine ont demandé à être accueillis aux Etats-Unis, selon la Maison Blanche, et leur nombre pourrait s’élever à 100.000 selon certaines estimations si l’on compte les membres de leurs familles. Et tous ne sont pas éligibles à ces visas spéciaux.

12 à 14 mois

D’autres Afghans qui ont travaillé pour des organisations non gouvernementales ou des médias américains sont aussi menacés sans pouvoir obtenir ces visas.

Le gouvernement Biden est donc sous pression, notamment d’élus républicains comme démocrates, pour en faire davantage.

D’où l’idée de les faire bénéficier d’un des programmes d’admission des réfugiés aux Etats-Unis.

Mais ce processus est long et complexe: les candidats au statut de réfugié doivent ainsi être recommandés par leur employeur actuel ou ancien. A l’inverse des demandeurs de visas spéciaux, Washington n’a pas prévu d’évacuer ces futurs réfugiés et ils doivent quitter l’Afghanistan par leurs propres moyens.

Ce n’est qu’une fois qu’ils auront rejoint un pays tiers que leur demande commencera à être examinée, ce qui prend ensuite douze à quatorze mois.

« Nous continuons d’observer la situation sur le terrain et d’examiner toutes les options pour protéger ceux qui ont travaillé avec nous ou pour nous », a seulement dit une responsable de la diplomatie américaine à la presse.

Elle a reconnu « la difficulté pour ces gens de devoir quitter le pays par leurs propres moyens », dans une région où les voisins de l’Afghanistan sont parfois jugés proches des talibans, comme le Pakistan, ou sont des ennemis des Etats-Unis, comme l’Iran.

« Nous discutons avec les pays voisins ainsi qu’avec le HCR (Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés) pour être prêts à un éventuel afflux », a assuré un autre responsable américain. « Dans un endroit comme le Pakistan, il sera important que la frontière reste ouverte », et en Iran, ils pourront s’enregistrer « auprès du HCR », a-t-il ajouté.

Par Le Point avec AFP