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Huile et farine de poisson : quand l’Europe affame l’Afrique de l’Ouest

juin 4, 2021
Une flottille de pirogues sénégalaises accueille l’Arctic Sunrise de Greenpeace qui inventorie les dégâts de la surpêche en Afrique

Greenpeace Afrique dénonce les entreprises et les grandes enseignes européennes qui pillent les eaux poissonneuses d’Afrique de l’Ouest pour nourrir les saumons d’élevage ou améliorer le taux en protéines de la nourriture pour chiens et chats.

Généralement soucieux de développement durable et de commerce équitable, les consommateurs européens le savent-ils ? Lorsqu’ils achètent de la truite, du saumon, du porc, et même des aliments qui viendront nourrir leur animal domestique, il existe une forte probabilité qu’ils contribuent, malgré eux, à l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest, en privant les populations locales d’une de leurs ressources les plus précieuses : le poisson.

De nombreuses enseignes célèbres sont concernées : en France (Carrefour, Auchan, Leclerc, Système U, Monoprix, Groupe Casino), en Allemagne (Aldi Süd, Lidl, Kaufland, Rewe, Metro AG, Edeka), en Espagne (Lidl España) ou encore au Royaume-Uni (Tesco, Lidl, Aldi)…

Les ONG tirent le signal d’alarme

En cause, la production exponentielle – destinée principalement aux marchés européen et asiatique – de l’huile et de la farine de poisson, au risque d’assécher les côtes ouest-africaines. Dans un rapport qui vient d’être publié (Nourrir le monstre. Comment les industries européennes de l’aquaculture et de l’alimentation animale volent la nourriture des communautés d’Afrique de l’Ouest), les ONG Greenpeace et Changing Markets tirent le signal d’alarme.

« Priver des millions d’habitants d’Afrique de l’Ouest de la source de protéines la plus fondamentale afin de nourrir les animaux ou de produire des compléments alimentaires, des cosmétiques et des produits alimentaires pour animaux de compagnie est une pratique honteuse et un mépris flagrant des lois locales et internationales », s’indigne le Dr Ibrahima Cissé, responsable de campagne à Greenpeace Afrique. Il s’en explique à JA.

Jeune Afrique Votre organisation est mobilisée sur les enjeux liés à la surpêche. Quels sont les principaux enseignements contenus dans ce rapport ?

Dr Ibrahima Cissé : Il s’inscrit dans une campagne de plaidoyers menée de longue date par Greenpeace pour dénoncer les manquements constatés dans le secteur de la pêche. C’est la troisième année consécutive que nous publions un rapport sur cette question, mais un phénomène est venu s’ajouter à la situation qui fait de la sous-région une sorte de no man’s land des océans, car c’est une zone très productive qui attire énormément de bateaux et qui est exposée à une activité de pêche illicite intense.

Cette surexploitation des ressources halieutiques se répercute sur les populations qui vivent de la pêche, provoquant des problèmes d’emploi et d’insécurité alimentaire. L’essor pris par l’industrie de la farine et de l’huile de poisson est donc, en quelque sorte, la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les usines qui transforment ces produits utilisent en effet des poissons destinés à l’alimentation des populations locales pour en faire un produit destiné aux poissons élevés en aquaculture en Europe ou en Asie, mais aussi au bétail, à la volaille, aux animaux de compagnie. Et, plus marginalement, à l’industrie pharmaceutique.

Ibrahima Cissé : « L’essor de l’industrie de la farine et de l’huile de poisson utilisent des espèces destinées à l’alimentation des populations locales. »

Une pratique honteuse

Pourquoi l’huile et la farine de poisson sont-elles utilisées pour nourrir d’autres animaux, du porc au saumon ?

D’un côté, on extrait les lipides pour obtenir de l’huile. De l’autre, on assèche l’animal pour en faire de la farine. Ce sont des ingrédients nutritifs très riches. L’huile, par exemple, est riche en oméga 3. Généralement, il faut compter quatre à cinq kilos de poissons frais pour obtenir un kilo de farine et de l’huile. Cette dernière est notamment utilisée pour fabriquer les gélules d’oméga 3 ou pour divers produits issus de l’industrie pharmaceutique. Quant à la farine, elle est utilisée traditionnellement dans l’aquaculture, mais aussi pour nourrir la volaille et le bétail, car elle est très protéinée.

Depuis quand cette industrie constitue-t-elle une menace pour les populations ouest-africaines ?

Auparavant, l’huile et la farine étaient extraites des déchets des poissons pêchés, dont les filets étaient réservés à l’alimentation. Or, depuis une dizaine d’années, on utilise le poisson frais pour les produire. Les usines spécialisées dans cette activité sont passées de quelques unités à une cinquantaine au total dans les trois pays concernés. Et au lieu de travailler à partir des déchets, comme auparavant, elles s’approvisionnent désormais en poissons frais.

Des femmes sénégalaises transformatrices, du marché aux poissons de Mantulaye Dieye, à Cayar.

La sardinelle et le bonga dans les filets

Elles ciblent en particulier la sardinelle et le bonga, qui sont les plus accessibles aux populations. Les femmes de la sous-région ont l’habitude de les transformer en les salant et en les séchant pour produire du poisson fumé.

La farine est majoritairement exportée vers l’Asie, et l’huile vers l’Europe. Les femmes transformatrices se retrouvent privées de travail, car elles ne peuvent pas concurrencer ces usines. Un demi-million de tonnes de poissons sont aujourd’hui transformées en farine et en huile destinées à l’exportation alors que les populations, de leur côté, souffrent d’un problème d’accès à la nourriture. Au lieu de penser à l’alimentation des humains, on privilégie l’alimentation d’animaux d’élevage hors d’Afrique.

Quels sont les principaux pays qui alimentent ce commerce dérivé de la pêche ?

La Chine est un gros importateur de farine de poisson. Les pays de l’Union européenne importent beaucoup d’huile de poisson, à travers un réseau opaque sur lequel nous avons enquêté pendant environ dix-huit mois. Le fruit de cette investigation est présenté dans ce rapport.

LA CHINE EST UN GROS IMPORTATEUR DE FARINE DE POISSON. LES PAYS DE L’UNION EUROPÉENNE IMPORTENT BEAUCOUP D’HUILE DE POISSON

Pourquoi les espèces de poissons que vous avez citées sont-elles particulièrement recherchées en vue de produire l’huile et la farine ?

D’abord, parce que, en matière de quantité, ce sont les plus disponibles. Ce qu’on appelle les petits pélagiques ont un taux de reproduction rapide, ils ne s’éloignent pas trop de la côte, ils sont donc faciles à pêcher. Et puis ils coûtent moins cher que d’autres espèces.

Votre rapport établit qu’en Europe, une large part de cette production sert à nourrir des animaux d’élevage…

L’huile et la farine sont utilisées comme intrants dans la fabrication du produit final qui servira à nourrir les poissons élevés en aquaculture, dont les saumons. Mais on les trouve également dans les aliments destinés aux porcs, aux poulets et aussi aux animaux de compagnie comme les chiens et les chats.

Le rapport entre l’apport nutritif élevé de ces aliments et leur faible coût les rend attractifs pour ceux qui fabriquent ces produits pour animaux.

Votre rapport cible particulièrement la côte ouest-africaine, de la Mauritanie au Sénégal en passant par la Gambie. Est-ce la seule région du continent concernée ?

Cette zone, qui se situe à l’intersection de plusieurs courants marins, est particulièrement poissonneuse. C’est ce qui fait qu’on y trouve une forte concentration de bateaux de pêche étrangers. Nous avons ciblé ces trois pays, mais en Afrique de l’Ouest le phénomène se prolonge jusqu’au Nigeria.

Des négociations régulières ont eu lieu, ces dernières années, entre les pays africains du littoral et l’Union européenne afin de fixer des quotas, et de limiter ainsi les effets de la surpêche. N’y a-t-il pas de garde-fous efficaces face à la situation que vous dénoncez ?

Certes, il existe des accords de pêche. Dans l’un d’eux, récent, signé avec le Sénégal, les pays de l’Union européenne sont censés cibler majoritairement le thon. Mais il existe aussi des brèches, en Mauritanie notamment. Des entreprises chinoises, turques ou autres s’installent sur place et y pratiquent la transformation avant d’exporter le produit fini. Il nous a été difficile de retracer cette chaîne d’exportation d’huile et de farine qui se retrouve in fine dans les aliments fabriqués par de grandes enseignes européennes.

Une chaîne d’intermédiaires traçable

Vous désignez clairement un certain nombre d’opérateurs à l’origine de ce commerce, ainsi que les grandes enseignes qui écoulent ces produits dans leurs hypermarchés…

Oui, on finit par y parvenir. Si Olvea, Lidl ou Leclerc achètent du poisson chez un producteur d’aquaculture basé en Europe, et que ce dernier s’approvisionne en huile de poisson chez un importateur basé en Espagne ou en France, lequel a lui-même importé son huile depuis la Mauritanie à bord d’un tanker qui l’a livrée à une usine de retraitement qui l’a vendue à son tour à un fabricant d’aliments pour animaux, il est possible de retracer cette chaîne. Mais cela nécessite un long temps d’enquête car le processus est opaque.

Quelles sont les répercussions de ce commerce pour les communautés de pêcheurs ?

Au Sénégal, au cours des derniers mois, on a commencé à voir des pêcheurs manifester face à l’assèchement de cette ressource. Il y a également la gestion des stocks partagés. Quand un pays laisse faire cette pratique, les répercussions se font sentir sur toute la sous-région. Les pays doivent donc gérer cette question en commun.

Il faut en revenir à une production de ces produits dérivés ajustée aux déchets des usines de transformation. Or, aujourd’hui, si l’on prend l’exemple du Sénégal, le nombre d’usines est largement supérieur à la capacité de production à partir des déchets. Mécaniquement, elles s’approvisionnent donc en poissons frais.

Les usines de farine et d’huile de poisson menacent la sécurité alimentaire, ainsi que les moyens de subsistance et les emplois de millions de personnes en Afrique de l’Ouest

Les autorités ouest-africaines sont-elles demeurées trop passives ?

Leur réaction s’est avérée trop timide au regard de l’ampleur du problème. Il s’agit d’une urgence qui appelle des mesures drastiques. Quand une usine investit 7 milliards de F CFA, comme à Cayar, au Sénégal, il est évident que ce n’est pas pour se contenter de traiter les déchets de poissons.

Nous avons déjà sonné l’alerte, aussi bien pour le Sénégal que pour la Gambie ou la Mauritanie. Il faut savoir que ces usines créent un nombre d’emplois dérisoire. De plus, elles polluent et créent une concurrence déloyale avec le secteur traditionnel de la transformation, qui, lui, génère de l’emploi et nourrit les populations. Si l’on reste sans réagir, cette industrie aboutira à épuiser les ressources halieutiques de la sous-région. Puis ces opérateurs plieront bagage et iront voir ailleurs.

Les consommateurs européens ont-ils un moyen de savoir, lorsqu’ils consomment du saumon ou achètent des aliments pour chats, que leur mode d’élevage ou de production a créé des ravages dans les régions africaines d’où proviennent l’huile et la farine de poisson ?

Les étiquettes ne permettent pas de retracer cet historique. C’est pourquoi le rapport que nous avons publié vient combler un vide et contribue à plus de transparence sur cette question. Nous avons cité les entreprises concernées, en espérant que cela les incitera à se désengager de ce commerce et que l’Union européenne prendra  la mesure du problème et adoptera des mesures adaptées.

Quant aux consommateurs, ce travail, surtout s’il est relayé par la presse, leur permettra de savoir qu’il est préférable de consommer du poisson plutôt que de se procurer des gélules d’oméga 3 en pharmacie.

Avec Jeune Afrique par Mehdi Ba

Crise au Mali: sommet extraordinaire de l’Afrique de l’Ouest lundi 27 juillet

juillet 23, 2020

 

Un sommet extraordinaire de l’Afrique de l’Ouest se tiendra lundi 27 juillet, a annoncé jeudi soir le chef de l’Etat nigérien et président en exercice de la Cédéao, Mahamadou Issoufou, à l’issue d’une journée de pourparlers à Bamako qui n’ont pas résolu la crise que traverse le Mali depuis juin.

«Nous avons décidé de faire un compte-rendu à l’ensemble des chefs d’Etat de la Cédéao dans le cadre d’un sommet extraordinaire qui est convoqué pour le lundi» 27 juillet, a déclaré à la presse Mahamadou Issoufou, ajoutant que des «mesures fortes pour accompagner le Mali» seront prises à lors de ce sommet qui se déroulera par visio-conférence.

Par Le Figaro avec AFP

Accord entre la France et huit pays d’Afrique de l’Ouest pour réformer le franc CFA

décembre 21, 2019

Le franc CFA va changer de nom pour s’appeler l’«Eco», ont annoncé ce samedi le président Macron et son homologue ivoirien, Alassane Ouattara.

Une réforme du franc CFA a été annoncée samedi.
Une réforme du franc CFA a été annoncée samedi. Reuters

L’histoire retiendra que le franc CFA est mort le 21 décembre 2019 à Abidjan. Samedi, au second jour de sa visite en Côte d’Ivoire, Emmanuel Macron et le président ivoirien Alassane Ouattara ont annoncé ensemble «une vaste réforme» de cette monnaie commune à huit pays de l’Union monétaire l’Afrique de l’ouest (Uemoa). «Le franc CFA a été un outil de développement de notre économie et il fallait effectuer des réformes. C’est une décision prise en toute souveraineté», a expliqué Alassane Ouattara. Les changements seront profonds sur trois points. Le premier, le plus simple et le plus symbolique, est un changement de nom. Les deux autres tiennent à deux modifications techniques mais d’une portée bien réelle.

«Le CFA était perçu comme de vestige de la Françafrique», a affirmé Emmanuel Macron. Le franc CFA était en effet de plus en plus contesté dans les opinions publiques africaines, au point de devenir une sorte de symbole d’une relation inavouable entre Paris et ces anciennes colonies. Les gouvernements africains, longtemps rétifs aux changements ont finalement accéléré en constatant que le ressentiment, nourri par les réseaux sociaux, débordait largement les milieux marginaux où il était confiné.

«Machine à fantasmes»

Le nom «Franc CFA» concentre les rancœurs. L’acronyme «CFA» porte le poids du passé de ce billet lancé pour la première fois en 1945, en pleine «splendeur» coloniale. Le «CFA» n’est certes plus «Colonies françaises d’Afrique» comme alors mais «Communauté financière d’Afrique». Mais l’habillage, léger, laissait un gout amer, près de 60 ans après les indépendances. La future monnaie adoptera très probable le nom d’Eco, un choix fait en début d’année par les chefs d’état de l’Uemoa.

Les deux autres annoncent concernent le fonctionnement complexe du désormais défunt CFA. Ce dernier bénéficie d’une parité fixe avec l’Euro (depuis qu’il a remplacé le franc français) et d’une garantie de la banque de France. En échange, la Banque centrale d’Afrique de l’Ouest (BCAO) devait obligatoirement placer 50% de ses réserves de change sur un compte d’opération géré par le Trésors français. Les sommes consignées étaient de 15 milliards d’euros en 2015. Ce compte d’opération sera supprimé, et la BCAO désormais libre de placer ses réserves où elle le souhaite et du montant qu’elle le souhaite.

Là encore, Paris a insisté. Au fil des années, ce compte s’est transformé en une «machine à fantasmes», explique un diplomate. Les anti-CFA reprochaient à la France de s’en servir pour payer sa dette sur le dos de l’Afrique, de l’utiliser pour imposer ses entreprises et maintenir la dépendance … «C’est très grossier comme accusations mais cela nourrissait le sentiment anti-français et la défiance vis-à-vis des présidents africains», assure-t-on à l’Elysée.

Parité fixe avec l’euro conservée

Le dernier changement concerne la gouvernance. Les représentants français qui siégeaient dans trois différentes instances de la BCAO laisseront leurs sièges. Cette présence était vécue, non sans raison, comme une véritable tutelle par les nationalistes africains, et régulièrement brocardée. Selon une source proche du dossier, la reforme a été négociée pendant plus de six mois dans le plus grand secret entre les équipes d’Emmanuel Macron et d’Alassane Ouattara. Ce dernier, à la tête de la principale puissance économique de la région et président de l’Umoa, se chargeant seul du dialogue avec ses homologues africains.

Pour importante qu’elle soit, cette réforme ne touche cependant aucun des fondamentaux de la monnaie ouest-africaine. Ainsi, la parité fixe avec l’euro sera conservée toute comme sa convertibilité totale et la garantie de la Banque de France. Ni Alassane Ouattara ni Emmanuel Macron ne souhaitaient en fait toucher au socle du CFA. «C’est une demande des Etats d’Afrique. Nous avons accepté et nous les soutenons», a précisé le président français.

Au-delà de l’envie de satisfaire des opinions publiques agacées, la réforme est aussi destinée à convaincre d’autres pays africains de rejoindre l’Union monétaire. «Jusqu’alors, le lien très fort avec la France agissait comme un repoussoir, surtout dans les pays anglophones», souligne un expert. Or, le Ghana, et dans une moindre mesure le Liberia, sont les principaux candidats pour se lier au futur Eco. A terme, l’immense majorité des 15 états de la Communautés économiques des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao), l’organisation régionale, pourrait être partie prenante de l’Eco. Seul le Nigeria restera en marge. Ce géant économique, qui pèse à lui seul 60% de PIB de la Cédéao et représente près de la moitié des habitants fait encore trop peur à ses voisins. Reste qu’un élargissement de l’Eco ne pourra sans doute pas se faire sans redéfinir plus en profondeur son mode de fonctionnement, son lien à la France et à l’euro. Ce jour-là, le CFA sera totalement enterré.

Le Figao.fr par Tanguy Berthemet

Guinée : environ 300 ressortissants de pays d’Afrique de l’Ouest arrêtés

octobre 28, 2019

A Conakry, durant les manifestations, le 14 octobre 2019. © Youssouf Bah/AP/SIPA

 

Selon les sources, ces arrestations pourraient être liées à des « infiltrations de corps étrangers », alors que la Guinée traverse une crise politique, ou aux pratiques controversées d’une société de vente directe.

Mardi et mercredi, les policiers ont interpellé 141 personnes qui étaient « confinées dans des concessions » dans la périphérie de Conakry : 84 Bissau-guinéens, 46 Sénégalais, neuf Guinéens, un Burkinabé et un Gambien, a indiqué le gouvernement. D’autres opérations ont eu lieu dans plusieurs régions du pays, portant à environ 300 le nombre de personnes interpellées.

« Cette opération prouve à suffisance la récurrence d’infiltration de corps étrangers tant à Conakry que dans des grandes villes de l’intérieur du pays », estime le gouvernement, alors que la Guinée connaît une vague de manifestations contre un éventuel projet de troisième mandat attribué au président Alpha Condé qui ont fait une dizaine de morts. L’action de la police et de la gendarmerie vise à « débarrasser la Guinée des mauvaises graines qui n’ont rien à faire ici en cette période de troubles », a déclaré dimanche à l’AFP un haut responsable de la police ayant requis l’anonymat.

Pratiques controversées

Un responsable de la présidence, le lieutenant-colonel Fodé Bakary Cissé, a toutefois donné une version différente, mêlant aux questions de sécurité celle de la lutte contre les pratiques jugées douteuses d’une multinationale de la vente directe bien implantée en Afrique, Qnet. Cette société, dont le siège est à Hong-Kong, aurait attiré en Guinée des jeunes de plusieurs pays et leur aurait vendu des produits divers, à charge pour eux de les revendre à leur entourage.

« Nous nous regroupons dans une concession parce que nous sommes dans un système. Quand vous achetez un produit, l’entreprise vous demande d’écouler deux autres produits. Si vous faites cela, la société va vous accorder des avantages », a expliqué Satigui Camara, l’un de ces vendeurs.

« Tout le monde a compris qu’il ne s’agit pas d’un simple commerce en ligne », a déclaré Fodé Bakary Cissé, chef de division au secrétariat de la Présidence chargé des services spéciaux. « Les responsables de Qnet vont devoir rembourser toutes les victimes. Nous sommes en face d’une situation sécuritaire nationale et chaque citoyen doit y veiller », a-t-il ajouté.

« En Guinée comme dans d’autres pays africains, il se trouve que le modèle d’affaire de Qnet est méconnu, ce qui ouvre la brèche à des incompréhension et à l’assimilation à des modèles illégaux tels que les plans pyramidaux », s’est défendu un responsable de la société, en dénonçant une « campagne de dénigrement » orchestrée selon lui par de hauts responsables guinéens.

Par Jeune Afrique avec AFP

En Gambie, « le début d’une nouvelle ère »

avril 4, 2017

Pour Mohamed Ibn Chambas, représentant du secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest, les élections législatives du 6 avril seront un test pour la coalition au pouvoir.

A Banjul, une statue commémorant le coup d’Etat du 22 juillet 1994, par lequel Yahya Jammeh était arrivé au pouvoir, est recouverte d’un T-shirt sur lequel est inscrit « La Gambie a décidé ». Crédits : SEYLLOU/AFP

L’Afrique de l’Ouest a connu une série d’élections présidentielles et législatives qui s’est déroulée pacifiquement et, surtout, dans le respect des normes démocratiques reconnues par l’Union africaine, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et les Nations unies. Rompant définitivement avec des pratiques antidémocratiques dominées par des alternances de coups d’Etat et de pouvoirs monopolisés sans limite de temps, la région s’est lancée sereinement dans la voie du changement politique qui s’appuie sur le principe d’élections libres garantissant le choix du peuple.

Désormais, plus qu’une tendance, c’est une réalité politique, dictée par une prise de conscience des Africains – citoyens comme leaders – que l’objectif du développement ne peut être atteint que grâce à une nouvelle culture politique dont la bonne gouvernance et le respect des droits sont les points fondamentaux. Il reste, sans aucun doute, du chemin à parcourir. Cependant, personne ne peut nier ni sous-estimer les progrès enregistrés en matière de respect des processus électoraux et d’alternance politique en Afrique de l’Ouest.

Du Nigeria à la Gambie en passant par le Bénin et le Ghana, les leaders africains et les citoyens ont fait preuve d’une grande maturité politique et ont démontré un grand sens des responsabilités, qu’il faut saluer et soutenir. Au-delà de quelques incidents mineurs entre militants des différents candidats, les dix dernières élections en Afrique de l’Ouest se sont déroulées pacifiquement et sans aucune violence.

Maturité politique

L’exemple de la Gambie est significatif. Dans un pays en proie à un pouvoir autocratique depuis plus de deux décennies, la marge de manœuvre permettant un changement politique pacifique était faible.

Qui aurait pensé que l’élection présidentielle pouvait se tenir librement ? Que la commission électorale pouvait être indépendante et se permettre d’annoncer des résultats confirmant l’éviction du pouvoir en place ? Et qui aurait pu prévoir que les Gambiens allaient pacifiquement voter et attendre les premiers résultats, puis la fin de la crise politique provoquée par le refus de Yahya Jammeh de reconnaître le candidat de la coalition de l’opposition, Adama Barrow, comme le troisième président élu de la Gambie ?

Cette maturité politique et ce sens des responsabilités représentent aussi le socle de la diplomatie préventive régionale qui a aidé au départ de Yahya Jammeh et a permis une résolution pacifique de la crise. La médiation conjointe Cedeao-UA-ONU dépêchée à Banjul au lendemain du refus de M. Jammeh de quitter le pouvoir témoigne de la volonté des pays de la région et des organisations régionales de veiller au respect du cadre légal permettant des alternances politiques pacifiques. Elle témoigne aussi de la détermination de ces organisations de s’approprier les problèmes et les solutions dans une démarche préventive. L’objectif majeur est de maintenir la paix et la stabilité de la région.

L’implication personnelle des présidents du Sénégal, du Liberia, du Nigeria, du Ghana, de la Sierra Leone, de la Mauritanie et de la Guinée durant toute la crise illustre la détermination des dirigeants africains à prévenir tout risque susceptible de produire un autre conflit et à maintenir la région dans une dynamique de changement pacifique.

Diplomatie préventive

Le départ de Yahya Jammeh et l’installation au pouvoir d’Adama Barrow sans aucune violence est un succès de la diplomatie préventive régionale. C’est aussi le fruit de l’attitude exemplaire des Gambiens. Mais ce succès de la diplomatie préventive régionale ne peut être entier et efficace que si la Gambie s’engage à poursuivre le processus de changement politique en respectant les principes démocratiques.

La décision du nouveau président, Adama Barrow, de mettre en place une équipe conjointe de transition composée notamment de membres de l’ancienne administration est un signal fort de l’attachement des nouvelles autorités au processus démocratique. Et la communauté internationale, qui s’est mobilisée durant la crise post-électorale pour affirmer la primauté du droit et de la Constitution, doit aujourd’hui apporter le soutien nécessaire à la Gambie pour consolider ce changement politique et accompagner les Gambiens dans leur aspiration au développement.

C’est pour cela que, soucieux de cette nécessité, le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel a déployé, au lendemain du retour du président Barrow à Banjul, un expert en transition politique pour aider les administrations entrante et sortante à initier une transition sereine dont l’objectif est d’assurer un changement pacifique du pouvoir. Dans les prochains jours, l’équipe conjointe de transition devra rendre son rapport à Adama Barrow, ce qui marquera la fin de la période de transition et lancera le début d’une nouvelle ère, celle de l’alternance politique.

Mais cette dernière ne peut constituer une fin en soi, tant les défis politiques, économiques et sociaux sont multiples et nécessitent un engagement politique fort de la part des nouvelles autorités.

Relance économique

Quelque 60 % des Gambiens sont touchés par la pauvreté et un tiers de la population vit avec moins de 1,25 dollar par jour. Le déficit budgétaire du pays s’est creusé, atteignant les 7 % du PIB en 2016. Dans ce contexte, la priorité du nouveau gouvernement gambien sera sans aucun doute la mise en place de plans de relance économique et le lancement des réformes structurelles. Les élections législatives du 6 avril seront quant à elles un vrai test pour la coalition au pouvoir.

La diplomatie préventive régionale a été cruciale pour sauvegarder la volonté du peuple gambien et renforcer la paix dans une région qui en a besoin. La transition politique pacifique est fondamentale pour consolider les gains de l’alternance politique par des élections libres. Les Nations unies, en coordination avec les organisations régionales, continueront de soutenir la Gambie de cette phase importante de son histoire.

Lemonde.fr par Mohamed Ibn Chambas

Mohamed Ibn Chambas est représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.

La Côte d’Ivoire, première économie d’Afrique de l’Ouest à être notée en CFA

octobre 25, 2016

Vue d’Abidjan, à moins d’une heure de Grand-Bassam via la nouvelle voie express. © Ruth McDowall

Vendredi la Côte d’Ivoire a reçu sa première notation de l’agence de notation panafricaine Bloomfield. C’est le premier pays d’Afrique de l’Ouest à recevoir une appréciation de ses fondamentaux économiques estimés en CFA, et non pas en dollars. « C’est une appréciation plus juste de la capacité réelle de crédit d’un pays », vante le patron de cette agence de notation basée à Abidjan, qui assure que d’autres États africains vont suivre.

Petite révolution dans la notation financière des États africains : l’agence de notation panafricaine Bloomfield, basée à Abidjan, a délivré vendredi 21 octobre une première note, en monnaie locale, sur la situation économique ivoirienne.

Elle a décerné à la Côte d’Ivoire la note A- (7e rang sur une échelle qui en compte 20, de AAA à D), qui place le pays à un niveau correct d’investissement, quand les agences américaines – les « Big three » – qui font autorité à l’échelle internationale (FitchMoody’s et Standard & Poor’s) ne lui accordent pas, ou alors de justesse, le statut de débiteur fiable vis-à-vis des prêteurs internationaux en dollars.

« Cette notation donne une vision beaucoup plus juste de leur capacité intrinsèque de crédit affranchie des restrictions liés aux taux de change ou aux réserves de devises », indique Stanislas Zézé, le PDG de l’agence de notation financière Bloomfield Investment, qui assure que des discussions sont en cours avec plusieurs autres États désireux d’être notés en monnaie locale.

C’est la première notation financière que l’agence délivre sur un État, celle-ci ayant déjà livré ses diagnostics sur les villes d’Abidjan et de Dakar, le secteur bancaire, ou encore les entreprises. Mieux, c’est la première notation, dite « souveraine » quand elle concerne les fondamentaux économiques d’un État, d’une agence africaine vis-à-vis d’un État africain.

Si d’autres agences de notation africaines sont en activité, à l’instar Global Credit Rating, l’agence créée en 1996 qui est basée en Afrique du Sud, Augusto au Nigeria ou Wara [West African Rating Agency] depuis Dakar, aucune ne note régulièrement les États.

La notation

Dans son évaluation de vendredi, Bloomfield justifie sa bonne appréciation de la Côte d’Ivoire par « la hausse de la consommation (+ 9% en moyenne de 2012 à 2015) et des investissements (+ 30% en moyenne entre 2012 et 2015) ». Idem pour les recettes fiscales, en hausse, qui « représentent en moyenne 58% des ressources budgétaires entre 2011 et 2015 » et devraient encore s’accroître en conséquence de « l’élargissement de l’assiette fiscale, prévue à moyen terme ».

Enfin, les taux de scolarisation, de mortalité infanto-juvénile et de pauvreté, tous en amélioration à lire Bloomfield, abondent le « risque de défaut […] faible » anticipé par l’agence de notation. Et cette dernière de conclure : « la certitude de remboursement en temps opportun, en monnaie locale, est bonne ».

Jeuneafrique.com par Benjamin Polle

Mokhtar Belmokhtar, vivant et chef d’Al-Qaïda en Afrique de l’Ouest ?

août 14, 2015

Mokhtar Belmokhtar sur une image datée du 17 janvier 2013. © AFP

Mokhtar Belmokhtar sur une image datée du 17 janvier 2013. © AFP

Dans un communiqué diffusé jeudi, Al-Mourabitoune a désigné Mokhtar Belmokhtar comme chef d' »Al-Qaïda en Afrique de l’Ouest » qui pourrait bien devenir le nouveau nom de l’organisation jihadiste si ce document est authentifié.

Près de deux mois après avoir été donné pour mort par la Libye, le chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar fait à nouveau parler de lui. Dans un communiqué signé par Al-Mourabitoune et cité par SITE, le site de surveillance des activités jihadistes en ligne, Mokhtar Belmokhtar aurait été désigné comme émir par les membres du conseil du groupe. Selon ce même communiqué, daté du 21 juillet et diffusé le 13 août, Mokhtar Belmokhtar serait désormais à la tête « d’Al-Qaïda en Afrique de l’Ouest », qui pourrait donc être le nouveau nom d’Al-Mourabitoune.

Dissensions au sein d’Al-Mourabitoune

Cette annonce, si elle devait être confirmée, ferait taire les dissensions internes au sein de Al-Mourabitoune, né en 2013 de la fusion des « signataires par le sang » de Mokhtar Belmokhtar et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). En mai, l’un des chefs du groupe, Adnan Abou Walid Sahraoui, avait annoncé le ralliement d’Al-Mourabitoune à l’État islamique. Une position démentie quelques heures plus tard par un communiqué attribué à Mokhtar Belmokhtar. Ce dernier avait alors réaffirmé la loyauté de son groupe à Al-Qaïda.

Cette annonce intervient également alors que l’État islamique et Al-Quaïda se livrent à une intense concurrence sur le plan de la communication. Le continent africain n’y échappe pas. Début mars, le leader de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait annoncé son ralliement à l’État islamique, prêtant « allégeance au calife des musulmans », Abou Bakr al-Baghdadi.

Jeuneafrique.com

Foyers de contamination de la grippe aviaire en Afrique de l’Ouest : « C’est l’une des pires crises depuis 10 ans »

juillet 23, 2015

Des vendeurs nigérians de poulet au marché de Lagos, le 1er février 2007. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Des vendeurs nigérians de poulet au marché de Lagos, le 1er février 2007. © Sunday Alamba/AP/SIPA

 

L’épidémie de grippe aviaire en Afrique de l’Ouest inquiète l’organisation de l’Onu pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Après le Nigeria et le Burkina Faso, trois nouveaux pays ont été touchés par le virus H5N1, hautement virulent, au cours des trois derniers mois. Cartographie des foyers de contamination.

Les experts avaient vu juste : le virus H5N1 a traversé les frontières gonflant ainsi le nombre de foyers de crise de la grippe aviaire en Afrique de l’Ouest. « La situation est très inquiétante et c’était prévisible », soulève d’entrée de jeu Modou Moustafa Lo, virologiste à l’Institut sénégalais de la recherche agricole. Aujourd’hui, en plus du Nigeria et du Burkina Faso, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont infectés.

Pour l’instant, aucun décès humain lié à la grippe aviaire n’a été rapporté aux autorités en 2015. Cependant, cette épidémie ouest-africaine qui bouleverse le marché du « poulet bicyclette » risque de porter un dur coup à l’économie. Lundi, la FAO a demandé 20 millions de dollars pour l’aider à combattre les foyers du virus.

Nigeria, le pays le plus touché 

Le Nigeria jongle avec une série d’éclosions de cas de grippe aviaire sur son territoire depuis décembre dernier. À la mi-mars, la moité du pays était touchée par le virus. Depuis, la situation s’est stabilisée, selon la FAO. La grippe aviaire est toujours présente dans plus de 70 localités et en plus, trois nouveaux foyers ont été officiellement rapportés aux autorités à la mi-juillet. « C’est un pays en conflit, il est donc plus difficile de gérer les contrôles sanitaires », explique le virologiste. En moins de sept mois, 1 470 000 oiseaux ont dû être abattus.

Depuis début avril, toute l’Afrique de l’Ouest est sur en état d’alerte après que le Burkina Faso avait déclaré un début d’épidémie. Au total, 94 éclosions ont été rapportées dans six provinces sur 45. Certains pays, comme la Côte d’Ivoire et le Mali, avaient alors choisi de fermer leurs frontières à l’importation de la volaille burkinabè, ce qui n’a pas empêché le virus de voyager. Trois semaines plus tard, une éclosion a été rapportée au Niger, une autre en Côte d’Ivoire et ensuite, plus d’une dizaine au Ghana, principalement dans la région d’Accra.

Problèmes de surveillance pour éviter la contagion

L’épidémie s’étend de plus en plus en Afrique de l’Ouest, confirme la FAO.  « C’est l’une des pires crises depuis 10 ans », martèle Eran Raizman, chef du système de prévention des crises de l’organisation, en faisant référence à la première crise de grippe aviaire en 2006.

De nombreuses lacunes ont été relevées dans les systèmes de surveillance sanitaire des différents pays et conséquemment, « il devient plus difficile d’éviter la contagion », explique-t-il.

De plus, il n’existe que très peu de politiques de compensation pour les producteurs de poulets touchés par le virus de la grippe aviaire. Conséquence ? Lorsqu’ils constatent des cas anormaux de mortalité de la volaille, ils évitent d’alerter les autorités de peur qu’on ne vienne détruire leur production.

Des mesures ont été prises par la FAO au Bénin, au Togo, au Cameroun, au Mali et au Sénégal pour éviter la contagion. « La mesure la plus efficace est la prévention précoce », rappelle Eran Raizman . Cependant, « pour mettre un système de surveillance efficace en place, encore faut-il que les autorités des pays fassent preuve de plus de transparence », martèle le virologiste Modou Moustafa Lo.

Depuis six mois, des centaines de milliers de volailles ont été abattues en Afrique de l’Ouest. Bien que difficiles à chiffrer pour l’instant, les pertes économiques sont évaluées à plusieurs centaines de millions de dollars.

Jeuneafrique.com par

Le médecin cubain guéri d’Ebola va retourner en Afrique de l’Ouest

décembre 29, 2014

Le médecin cubain qui avait été touché par le virus Ebola, avant d’être déclaré guéri au terme d’un traitement en Suisse, a déclaré lundi qu’il retournerait en Sierra Leone en janvier pour y poursuivre sa mission. Parallèlement un nouveau cas a été annoncé au Royaume-Uni.

« Je vais retourner dans les premiers jours de janvier » en Sierra Leone, a annoncé Felix Baez au quotidien officiel cubain Granma. Il s’est dit totalement rétabli trois semaines après son retour à Cuba.

« Je me sens très bien d’un point de vue physique et émotionnel, le rétablissement a été bon, je suis en train de me reposer en compagnie de ma famille », a assuré le médecin de 43 ans, qui apparaît sourire aux lèvres dans le journal avec sa femme et son fils de deux ans.

« Il ne pouvait en être autrement, nous le soutenons dans sa décision », a confié à Granma son épouse Vania Ferrer, également médecin. « J’ai toujours été persuadé de guérir de cette maladie, et j’avais prévenu mes compagnons: ‘ne vous inquiétez pas, je vais revenir' », a expliqué le médecin. Il a été déclaré complètement guéri après deux semaines de soins intensifs aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Il était revenu à Cuba le 6 décembre, trois semaines après avoir affiché les premiers symptômes de la maladie en Sierra Leone. Le médecin faisait partie des 165 soignants cubains déployés dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest pour enrayer la progression du virus de fièvre hémorragique.

Stade précoce
Par ailleurs, un membre du personnel médical, de retour de Sierra Leone, a été testé positif au virus de l’Ebola lundi au Royaume-Uni. Il a été placé en isolement dans le département des maladies infectieuses de l’hôpital Gartnavel, a annoncé le gouvernement d’Ecosse dans un communiqué.

Selon les autorités, le fait que le virus ait été diagnostiqué « à un stade très précoce de la maladie » signifie que le risque qu’une autre personne ait été contaminée est « considéré comme extrêmement faible ».

Plus de 7800 morts
L’épidémie de fièvre hémorragique Ebola en Afrique de l’Ouest a fait 7842 morts sur un total de 20’081 cas enregistrés dans ces trois pays, selon le bilan actualisé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publié lundi.

Romandie.com

 

Un dixième médecin meurt d’Ebola en Sierra Leone

décembre 7, 2014

Un dixième médecin meurt d'Ebola en Sierra Leone
Un dixième médecin meurt d’Ebola en Sierra Leone © AFP

Un dixième médecin est mort en Sierra Leone après avoir contracté le virus Ebola, a annoncé dimanche le gouvernement de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest.

Le docteur Aiah Solomon Konoyima s’est éteint samedi soir au centre médical Hastings, proche de la capitale Freetown, au lendemain de la mort de deux autres de ses collègues, également contaminés par le virus.

« Il avait été admis à la clinique il y a plus d’une semaine et avait été transféré au service de rétablissement car il montrait des signes positifs de guérison », a déclaré à l’AFP le responsable médical Brima Kargbo.

« Les morts répétées de nos docteurs et le mode de transmission du virus sont inquiétants et nous allons intensifier nos efforts pour endiguer l’épidémie », a-t-il ajouté.

Douze médecins au total ont contracté Ebola en Sierra Leone, dont deux seulement ont survécu, et plus d’une centaine de personnels de santé y sont morts.

L’association des jeunes docteurs du pays a exprimé la semaine dernière sa « grande préoccupation » face au phénomène, appelant le gouvernement à consacrer davantage de ressources à la lutte contre le virus Ebola.

Avant même que l’épidémie ne s’étende en mai de la Guinée à la Sierra Leone, ce pays, l’un des plus pauvres du monde, avait déjà un système de santé très faible après plus d’une décennie de guerre civile dans les années 1990.

En 2010, la Sierra Leone comptait un médecin pour 50. 000 personnes, soit à peine quelque 120 docteurs pour tout le pays.

Des centaines de personnels de santé sont morts en soignant les victimes d’Ebola dans les trois pays de la région les plus touchés, la Sierra Leone, où l’épidémie continue de s’étendre, et la Guinée et le Liberia, où elle semble se stabiliser.

Le gouvernement sierra-léonais avait annoncé samedi que deux docteurs étaient morts vendredi, l’un à la clinique Hastings, l’autre au centre médical britannique Kerry Town.

La Sierra Leone a recensé près de 1. 600 morts d’Ebola sur plus de 7. 300 cas et on assiste à une alarmante poussée du virus dans l’ouest du pays, notamment dans la capitale Freetown.

Cette fièvre hémorragique se transmet par les fluides corporels, rendant ainsi les personnels de santé particulièrement vulnérables.

L’épidémie a fait plus de 6. 000 morts en Afrique de l’Ouest en un an pour plus de 17. 000 cas, selon le dernier bilan en date de l’Organisation mondiale de la santé publié le 2 décembre.

Jeuneafrique.com avec AFP