Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, englué depuis des mois dans un scandale lié à la découverte d’argent dans son canapé, est dédouané par un rapport préliminaire ayant fuité dans la presse. Mais une enquête de la police reste en cours.
Le porte-parole du président Ramaphosa, Vincent Magwenya, a confirmé samedi 11 mars que le président avait reçu le rapport, mais sans en commenter le contenu. « Nous prenons note du rapport. Comme indiqué précédemment, nous réitérons que le président n’a participé à aucun acte répréhensible », dit-il dans un communiqué.
Le rapport, s’il exonère le président, souligne que le chef de l’unité de protection présidentielle, à qui Cyril Ramaphosa avait signalé le vol, avait agi de manière inappropriée, en enquêtant directement sur l’affaire au lieu de la signaler à la police, selon des extraits publiés par plusieurs médias.
Si ce rapport est une bonne nouvelle pour le président sud-africain, une enquête policière reste cependant toujours en cours. L’homme d’affaires soudanais Hazim Mustafa, qui a raconté être l’acheteur des buffles en question, n’aurait pas déclaré cette forte somme d’espèces à la douane, comme l’exige la loi, à son arrivée en Afrique du Sud.
Ce scandale, qui a éclaté en juin, ternit l’image du président qui avait promis d’éradiquer la corruption en arrivant au pouvoir. Et qui risque de continuer à le gêner s’il brigue un second mandat l’an prochain.
Alors que Pretoria ménage Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, des manœuvres navales vont avoir lieu avec la Russie et la Chine au large de Durban. La communauté internationale s’inquiète.
Le 17 février, l’armée sud-africaine se préparait à des exercices navals avec la Russie et la Chine, au large de ses côtes dans l’océan Indien. Ces manœuvres controversées suscitent l’ « inquiétude » sur la scène internationale dans le contexte de la guerre en Ukraine. Pretoria les a qualifiées d’occasion de « partager des compétences et des connaissances opérationnelles ».
« La frégate russe est arrivée à Durban. Le bateau chinois arrivera plus tard. Nous sommes en phase de préparation, la manœuvre principale aura lieu le 22 février », a indiqué une source militaire. Les opérations impliquant plus de 350 militaires sud-africains doivent se poursuivre jusqu’au 27 février au large de Durban (Sud-Est), plus grand port d’Afrique australe, et de Richards Bay, quelque 180 km plus au nord.
Position neutre
L’Afrique du Sud a adopté une position neutre depuis le début de l’invasion russe en Ukraine il y a près d’un an, refusant de se joindre aux appels occidentaux à condamner Moscou. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en visite à Pretoria le mois dernier, avait évoqué des « choses irritantes » à propos des relations entre l’Afrique du Sud et la Russie. Interrogée sur ces manœuvres militaires conjointes, la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a elle exprimé « l’inquiétude des États-Unis ».
La ministre des Affaires étrangères sud-africaine, Naledi Pandor, avait de son côté déclaré à l’issue d’une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov, en visite à Pretoria en janvier, que « tous les pays effectuent des exercices militaires avec leurs amis ».
« Ce bateau va naviguer vers la Mer Noire et participer à l’invasion de l’Ukraine », a averti Kobus Marais, membre du parti d’opposition Alliance démocratique (DA), mettant en garde contre le risque pour l’Afrique du Sud d’être considérée comme « complice de crimes de guerre ».
La frégate militaire russe « Admiral Gorshkov » a accosté lundi 13 février au Cap en vue d’exercices navals conjoints au large des côtes sud-africaines, a indiqué le consulat général de Russie en Afrique du Sud, qui a annoncé en janvier accueillir à partir de vendredi et pendant dix jours les Marines chinoise et russe pour un « exercice multilatéral » destiné à « renforcer les relations » entre les trois pays.
Neutralité
Ces entraînements conjoints surviennent peu après la visite, fin janvier à Pretoria, du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, donnant le coup d’envoi d’une année riche en coopérations entre les deux pays.
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine le 24 février, Pretoria a adopté une position neutre, refusant de se joindre aux appels occidentaux à condamner Moscou.
« Complice de crimes de guerre »
Le consulat russe au Cap a posté ce lundi 13 février sur son compte Twitter une photo du navire dans le port de la ville côtière, précisant qu’il est en route pour Durban (sud-est). Plus de 350 militaires sud-africains doivent participer aux entraînements prévus notamment au large du plus grand port de la région.
Ces exercices militaires ont été critiqués de façon virulente par l’opposition. « Ce bateau va naviguer vers la mer Noire et participer à l’invasion de l’Ukraine », a déclaré à l’AFP Kobus Marais, membre du premier parti d’opposition (DA, Alliance démocratique) qui siège au Parlement. « L’Afrique du Sud pourrait facilement être considérée comme complice de ces crimes de guerre », a-t-il mis en garde, reprochant au gouvernement sud-africain de se laisser « entraîner dans la propagande de la Russie ».
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, en visite à Pretoria le mois dernier, avait évoqué des « choses irritantes » à propos des relations étroites entre l’Afrique du Sud et la Russie en pleine guerre en Ukraine.
Après une année 2022 catastrophique marquée par plus de 200 jours de délestages, les coupures de courant se poursuivent et fragilisent le chef de l’État. Au point qu’il a dû annuler son voyage à Davos.
Les Sud-Africains ne voient pas la lumière au bout du tunnel. Ils ont traversé une sombre année 2022, marquée par plus de 200 jours de coupures de courant. Et ce record pourrait être battu en 2023. Eskom, l’entreprise publique d’électricité, parle pudiquement de « délestages », autrement dit : une interruption localisée et temporaire de la distribution électrique pour protéger le réseau quand la demande excède la production. Après des années de mauvaise gestion, de corruption, de sabotages et de décisions politiques inadéquates, Eskom se révèle tout bonnement incapable de produire de l’électricité de manière continue.
Ce qui était exceptionnel – être privé d’électricité dix heures par jour – est devenu la norme. Effarés par cette déliquescence, les Sud-Africains commencent à se mobiliser pour montrer à Cyril Ramaphosa, leur président, de quel bois ils se chauffent. De violentes manifestations ont éclaté dans plusieurs townships. Ailleurs, des organisations de la société civile battent le pavé pour relayer le ras-le-bol de la population. Ce fut le cas, le 20 janvier, à Pretoria. Une autre marche est prévue, le 2 février, à Midrand (au nord de Johannesbourg), devant les locaux d’Eskom.
L’opposition devrait rassembler les plus gros cortèges. Ce 25 janvier, l’Alliance démocratique (DA) invite « tous les Sud-Africains à faire entendre leur colère contre la destruction, par l’ANC, de [leurs] infrastructures énergétiques et de [leur] économie. » Nombreux sont ceux qui ont rejoint la marche qui est en cours devant Luthuli House, le quartier général du parti, à Johannesburg, que la DA décrit comme « une scène de crime. »
Chasse à l’homme
Pour l’Alliance démocratique, le coupable, c’est l’ANC. Pour l’ANC, le responsable, c’est la direction d’Eskom. Et pour Eskom, l’ennemi, c’est le crime organisé, qui sabote et pille ses infrastructures. Les suspects sont très nombreux, aussi les accusations fusent dans tous les sens. L’hebdomadaire Mail&Guardian a publié une galerie de portraits sous la forme d’un avis de recherche, titré : « Les assassins d’Eskom. » Parmi les 24 personnalités citées, figurent les trois derniers chefs de l’État, des ministres, d’anciens dirigeants d’Eskom et les frères Gupta – une fratrie d’hommes d’affaires indiens accusée d’avoir pris le contrôle d’Eskom avec la bénédiction de l’ancien président, Jacob Zuma.
Les 24 personnalités composent une photo de famille : celle de l’ANC depuis vingt ans. « Cette crise est un match de foot qui se joue au sein de l’ANC, où chacun se renvoie la balle », dénonce Narend Singh, chef des parlementaires de l’Inkatha Freedom Party (IFP), quatrième force politique du pays. Ses partisans manifesteront le 3 février à Durban, dans le KwaZulu-Natal, fief de l’IFP. Dans cette province riche en électeurs, le parti zoulou est un concurrent direct de l’ANC. Lors des scrutins locaux, en 2021, l’IFP y a progressé de 5 points, recueillant 24,29% des voix, contre 41,40% à l’ANC.
NON SEULEMENT VOUS DÉTRUISEZ L’ÉCONOMIE, MAIS VOUS METTEZ LA PRESSION SUR LES CONSOMMATEURS
En plus d’un front social, un front judiciaire s’est ouvert contre le gouvernement. Avec une coalition de petits partis et de syndicats, l’Alliance démocratique attaque en justice la décision, prise par une autorité de régulation, d’augmenter le prix de l’électricité de plus de 18% pour l’exercice 2023-2024. « Non seulement vous détruisez l’économie, mais vous mettez la pression sur le consommateur, dont la facture a doublé en quatre ans, et ce pour un service défaillant », tonne Mmusi Maimane, leader du parti Build One South Africa (BOSA).
Depuis cette annonce, Cyril Ramaphosa appelle également Eskom à ne pas appliquer la hausse des tarifs. Sentant le vent tourner, il joue la carte du président du peuple. Il a ainsi annulé sa participation au Forum économique mondial de Davos pour se consacrer à la gestion de cette crise. L’annonce de son désistement a fait grand bruit, et à dessein. Le chef de l’État n’en est pas à sa première annulation. En septembre 2022, il avait renoncé à se rendre de Londres à New York, où il devait participer à la session de l’Assemblée générale des Nations unies, et était rentré au pays sitôt après les obsèques de la reine Elizabeth II. En 2019, il avait écourté une visite en Égypte pour voler au secours du réseau électrique sud-africain.
Ces changements de programme n’impressionnent nullement l’opposition. « Le président a montré son incapacité à s’attaquer à nos problèmes et à les résoudre. Il ne faut donc voir dans l’annulation de son voyage à Davos qu’un coup de communication », tacle Mmusi Maimane. Le chef de l’État a mis ces jours à profit pour consulter tous azimuts des experts et des responsables politiques. « Des réunions au cours desquelles il présente de grands plans stratégiques qui n’aboutissent jamais », fustige Ghaleb Cachalia, un parlementaire DA chargé des questions liées aux entreprises publiques.
Plans d’urgence
S’adresser à la nation ? Déjà fait. Pas plus tard qu’en juillet 2022, lors d’une énième série de délestages. Le président avait alors dévoilé un plan d’action censé sauver Eskom. Les mesures d’urgence prévoient une hausse du budget de maintenance pour réparer des centrales vieillissantes, le recrutement de personnels compétents, des achats d’électricité à des opérateurs privés et à des pays voisins, ou encore l’accélération des projets en matière d’énergies renouvelables. « Nous n’avons pas besoin de nouveaux plans », a commenté Cyril Ramaphosa, le 21 janvier, à l’issue d’une réunion du Comité national de la crise énergétique. « Le plan d’action énergétique trace clairement la voie d’une sortie de crise », assure-t-il.
En quinze années de délestages, les Sud-Africains ont appris à se méfier de l’optimisme présidentiel. En 2015, qui a dit : « D’ici à 18 mois ou deux ans, vous oublierez que nous avons eu des problèmes avec Eskom et l’électricité » ? Cyril Ramaphosa quand il était vice-président ! La citation fait régulièrement le tour des réseaux sociaux. Selon Eskom, il faudra au moins deux ans pour rétablir des capacités de production suffisantes. Et, en attendant, les délestages continueront…
NOUS PENSIONS ÊTRE LES ÉTATS-UNIS. NOUS NE SOMMES QU’UN PAYS DU TIERS MONDE
Les Sud-Africains vivent la crise énergétique comme un déclassement indigne de leur économie, pourtant la plus développée du continent. « Nous pensions être les États-Unis ; nous ne sommes qu’un pays du Tiers monde », avait résumé un agent de sécurité rencontré lors d’un reportage dans une entreprise de métallurgie. Un journaliste s’est même amusé à demander à la plateforme ChatGPT de réécrire les paroles de l’hymne national en y incluant une allusion aux délestages. L’intelligence artificielle a créé un couplet plutôt optimiste : « Nous ne sommes pas dans le noir, nous pouvons encore espérer / Le courant reviendra, il suffit de patienter / Nous serons capable de cuisiner et de regarder la TV. » Ce nouvel hymne pourrait faire vibrer le public d’un stade. Encore faudrait-il que ses lumières ne soit pas coupées…
Avec Jeune Afrique par Romain Chanson – à Johannesburg
Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid, prévoit de se réunir une nouvelle fois lundi matin pour discuter de l’avenir du président Cyril Ramaphosa, entaché par un scandale.
Le tout-puissant Comité exécutif national (NEC) à la tête du parti s’était déjà très brièvement retrouvé vendredi à Johannesburg, avant d’expliquer à la presse vouloir d’abord examiner de plus près les faits dans l’affaire visant le président.
Il devait se réunir de nouveau dimanche à la mi-journée, avait annoncé le parti dans un communiqué matinal. Cette réunion a finalement été repoussée à lundi matin, ont confirmé à l’AFP plusieurs sources politiques.
Depuis juin, M. Ramaphosa est gêné par le dévoilement d’un cambriolage en février 2020 dans l’une de ses luxueuses propriétés, qui a révélé la présence de 580.000 dollars en liquide camouflés sous les coussins d’un canapé.
Le président, qui a amassé une immense fortune avant de revenir à la politique et qui se passionne pour le bétail, prétend que ces sommes sont liées à la vente de vingt buffles à un homme d’affaire soudanais.
La plainte déposée en juin par un opposant politique n’a pas donné lieu à ce jour à des poursuites, l’enquête de police se poursuit.
Mais une commission parlementaire a estimé mercredi qu’il « a pu commettre » des actes contraires à la loi et la Constitution, ouvrant la voie à une procédure de destitution qui pourrait être votée mardi au Parlement.
Majoritaire au Parlement depuis 1994, l’ANC, un parti plombé par la corruption et une guerre de factions, choisit le chef de l’Etat depuis l’avènement de la démocratie sud-africaine.
Dans un état « stable », Janusz Walus est détenu depuis 1993 à Pretoria, mais doit bénéficier avant le 1er décembre d’une remise en liberté conditionnelle. Une décision de justice qui a provoqué un tollé.
Il devait être libéré dans les tout prochains jours : l’assassin de la figure de la lutte anti-apartheid Chris Hani, tué en 1993 lors des délicates négociations pour les premières élections démocratiques en Afrique du Sud, a été poignardé en prison ce mardi 29 novembre. « Janusz Walus a été poignardé » au cours de l’après-midi dans la prison de la capitale Pretoria où il était détenu, a déclaré un porte-parole des services pénitentiaires. Dans un état « stable », il reçoit actuellement « les soins nécessaires », a précisé l’administration dans un communiqué. Selon les premières constatations, Janusz Walus a été poignardé par un autre détenu. Une enquête doit être ouverte.
Aujourd’hui âgé de 69 ans, l’immigré polonais lié à l’extrême-droite blanche afrikaner devait être libéré au plus tard jeudi 1er décembre, après avoir passé une trentaine d’années derrière les barreaux. Après plusieurs refus, la Cour constitutionnelle lui a accordé la semaine dernière la liberté conditionnelle.
Plusieurs dizaines de personnes scandalisées par cette décision de justice avaient manifesté le 26 novembre à Johannesburg. Des responsables du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) et du Parti communiste sud-africain (SACP), qui avaient appelé au rassemblement, ont clamé devant les médias : « Il a assassiné notre héros. » Une nouvelle manifestation était prévue le 30 novembre.
« Meurtrier non repenti »
Les parlementaires de l’ANC ont promis ce mardi « de renforcer la loi sur la liberté conditionnelle ». « Nous sommes attristés de voir que le meurtrier non repenti du héros de notre lutte va être libéré », a écrit le groupe dans un communiqué.
Leader communiste noir et haut responsable de la branche armée de l’ANC, Chris Hani avait été tué de quatre balles à bout portant dans l’allée de son garage, le 10 avril 1993. Il avait 50 ans. Quelques minutes après les coups de feu à Boksburg, à l’est de Johannesburg, un suspect avait été arrêté : Janusz Walus. Dans sa voiture, la police avait découvert l’arme du crime et sur sa chemise, des traces de sang. Son complice qui a fourni l’arme, Clive Derby-Lewis, avait été arrêté peu après.
À l’époque, de délicates négociations avec le pouvoir blanc en vue des premières élections démocratiques dans le pays étaient en cours. L’assassinat avait exacerbé les tensions raciales et provoqué de violentes émeutes dans les townships d’une Afrique du Sud secouée par les derniers soubresauts du régime raciste. Dans un vibrant discours télévisé, Nelson Mandela avait appelé au calme.
Janusz Walus, silhouette élancée et yeux clairs, avait par la suite été condamné à mort. À l’abolition de la peine capitale, avec l’avènement de la démocratie en 1994, sa peine avait été commuée en réclusion à perpétuité. Il était éligible à la liberté conditionnelle depuis une vingtaine d’années, mais toutes ses demandes avaient été rejetées.
Un « jugement diabolique »
Dans la nuit du 26 au 27 novembre, le mémorial érigé en l’honneur de Chris Hani dans le cimetière de Boksburg, où il est enterré, a par ailleurs été vandalisé. « Un des piliers est gravement endommagé. Un côté s’est effondré et le système d’éclairage a été dérobé », a fait savoir Zweli Dlamini, porte-parole de la ville. Le monument est constitué de quatre colonnes symbolisant les piliers de la lutte contre le pouvoir blanc menée par l’ANC. Le parti s’est dit « profondément attristé par le vandalisme et la profanation » du monument. Une enquête a été ouverte pour vol et vandalisme.
La mort de Chris Hani, au Panthéon des héros de la lutte anti-apartheid, est commémorée chaque année en Afrique du Sud. Sa famille s’est toujours opposée avec véhémence à la remise en liberté de son assassin. Après l’annonce de la libération anticipée de Janusz Walus, la veuve de Chris Hani a dénoncé un « jugement diabolique ».
Le ministère de l’Intérieur a précisé lundi que Janusz Walus a l’obligation de rester sur le territoire sud-africain dans le cadre de sa liberté conditionnelle et n’est pas autorisé à retourner en Pologne compte tenu du « crime odieux commis ».
La libération conditionnelle de l’ex-président sud-africain l’an dernier pour raison de santé est contraire à la loi, a estimé lundi 21 novembre une cour d’appel.
Jacob Zuma, 80 ans, avait été condamné en juin 2021 pour avoir obstinément refusé de témoigner devant une commission chargée d’enquêter sur la corruption sous sa présidence (2009-2018).
Son incarcération le mois suivant avait déclenché une vague sans précédent de violences et pillages, dans un contexte socio-économique tendu, faisant 350 morts. Deux mois après, il avait été libéré pour raisons de santé et placé sous contrôle judiciaire.
Mais la Cour suprême d’appel « estime que la libération conditionnelle pour raison médicale de M. Zuma était contraire à la loi », dans une décision dont l’AFP a obtenu copie.
Opacité
Le responsable des services pénitentiaires avait accordé la liberté conditionnelle contre l’avis du comité médical de l’institution. Les experts médicaux avaient estimé que Jacob Zuma « ne remplit pas les conditions requises ».
L’état de santé de l’ex-président reste opaque. Selon les multiples rapports médicaux cités dans la décision de la cour d’appel, il souffre de problèmes liés à la pression artérielle, un taux élevé de glycémie ainsi que de lésions graves au côlon.
Le responsable des services pénitentiaires n’était pas fondé à aller à l’encontre de l’avis du comité de médecins, selon la cour d’appel. En conséquence, « M. Zuma, selon la loi, n’a pas fini de purger sa peine. Il doit retourner au centre correctionnel d’Escourt » (KwaZulu-Natal, sud-est).
Conférence de l’ANC
Cette décision intervient alors que les autorités pénitentiaires ont annoncé le mois dernier la fin de peine de Jacob Zuma, qui est apparu en public plusieurs fois, dansant et chantant devant ses partisans.À LIREAfrique du Sud : Jacob Zuma, son livre, son business
Il reste perçu, malgré les scandales, comme le plus grand rival politique de l’actuel président Cyril Ramaphosa. À moins d’un mois de la conférence de l’ANC, échéance cruciale pour l’avenir de Cyril Ramaphosa à la tête du pays, Jacob Zuma a plusieurs fois tenté de le déstabiliser en mettant en doute sa probité.
«Trahison », «corrompu » : à l’approche d’un congrès de l’ANC crucial pour la présidentielle de 2024, l’ex-président Jacob Zuma a sévèrement attaqué son successeur Cyril Ramaphosa.
« Le président est corrompu », « il a commis une trahison », a accusé l’ancien chef de l’État Jacob Zuma samedi 22 octobre dans sa première réaction à des allégations selon lesquelles le président Cyril Ramaphosa serait impliqué dans une obscure affaire de cambriolage.
« Aucun président ne devrait gérer des affaires privées quand il est en fonctions », a poursuivi, lors d’une conférence de presse à Johannesburg, celui qui fut lui-même contraint à la démission en 2018 tant il était englué dans des scandales et accusations de corruption.
Une commission indépendante a été constituée en septembre par le Parlement sud-africain pour enquêter sur cette affaire de cambriolage qui gêne depuis plusieurs mois le président Ramaphosa, accusé de blanchiment et corruption. Les résultats de l’enquête pourraient conduire à un éventuel vote au Parlement pour sa destitution.
Quatre millions de dollars
Cyril Ramaphosa est accusé d’avoir dissimulé à la police et au fisc un cambriolage datant de 2020 dans une de ses propriétés, au cours duquel d’importantes sommes en espèces ont été trouvées, cachées dans du mobilier.
Une enquête a été ouverte après une plainte déposée en juin par l’ancien chef du renseignement sud-africain, Arthur Fraser. Selon ce dernier, des cambrioleurs se sont introduits dans une ferme appartenant au président à Phala Phala, dans le Nord-Est du pays, et y ont dérobé quatre millions de dollars (4,08 millions d’euros) en numéraire.
La plainte accuse Cyril Ramaphosa d’avoir dissimulé à la police le cambriolage et au fisc l’argent trouvé sur place, ainsi que d’avoir organisé l’enlèvement et l’interrogatoire des voleurs, puis de les avoir soudoyés pour qu’ils gardent le silence.
Pression à l’approche du congrès de l’ANC
Cyril Ramaphosa dénonce une manœuvre politique, nie les allégations d’enlèvement et de corruption, remet en cause le montant du vol évoqué et soutient que l’argent provenait de la vente de bétail.
Mais l’affaire met le président dans la tourmente, alors que l’ANC doit prochainement décider de le présenter ou non comme candidat pour un second mandat à la présidentielle de 2024.
Jacob Zuma a déclaré que la conférence de l’ANC en décembre « va devoir traiter de ce cas » et décider si le président peut rester ou pas. « Beaucoup disent que le président a échoué », a-t-il poursuivi.
Un autre ancien chef de l’État, Thabo Mbeki, a aussi déploré la situation de l’ANC avant le congrès de décembre. « Notre président est sous forte pression (…) à propos de l’affaire de la ferme de Phala Phala », a-t-il dit lors d’une réunion distincte à Johannesburg.
L’ancien président Zuma, condamné à quinze mois de prison ferme pour avoir obstinément refusé de répondre à une commission enquêtant sur la corruption, a quant à lui fini de purger sa peine au début du mois. Il a été libéré pour raisons de santé et placé sous contrôle judiciaire.
Samedi, il a qualifié son incarcération « d’illégale » et a fustigé les magistrats. « Le fait est que la plus haute juridiction de ce pays a violé la loi, a-t-il dit. Il faut nous assurer que les juges ne se transforment pas en politiciens. »
Du vivant de Nelson Mandela, qui avait passé 27 ans en prison avant de devenir le premier président de la jeune démocratie sud-africaine libérée de ses lois racistes, ses échanges avec la reine Elizabeth II étaient empreints de beaucoup de chaleur. C’est ce qui ressort du communiqué, cité par l’AFP, de la Fondation Mandela réagissant à la disparition à 96 ans de celle qui a été le souverain du Royaume-Uni pendant 70 ans. Et de décrire une proximité à travers un privilège rare qui apparaissait lors de leurs échanges.
De savoureuses anecdotes mises au jour…
La Fondation a ainsi indiqué que le héros de la lutte contre l’apartheid et la reine Elizabeth II « se parlaient fréquemment au téléphone, s’appelant par leurs prénoms respectifs en signe de respect mutuel et d’affection ». Et d’ajouter : « De son propre aveu, Nelson Mandela était un anglophile et dans les années qui ont suivi sa libération de prison, il a cultivé un lien proche avec la reine. Lui l’a reçue en Afrique du Sud et lui a rendu visite en Angleterre, ne boudant pas son plaisir à explorer le palais de Buckingham. »
Signe d’une grande complicité selon la Fondation : Madiba avait aussi affublé la reine du surnom « Motlalepula », qui signifie « venue avec la pluie ». Une manière de figer dans le temps et le fait que lors d’une visite d’État en 1995, « Elizabeth était arrivée avec des pluies torrentielles comme on n’en avait pas vu depuis longtemps dans l’ancienne colonie britannique ». Ce fait avait été raconté par Mandela deux ans plus tard lors d’un banquet pour le prince Charles, devenu aujourd’hui roi.
… avec un Mandela plein d’humour
Pendant les dernières années de sa vie, Madiba, nom clanique de Mandela, décédé en 2013 à l’âge de 95 ans, prenait un malin plaisir à « rappeler à ses interlocuteurs britanniques que l’Afrique du Sud s’était débarrassée du joug colonial ». De la même façon, l’ancien président sud-africain, saisissant toute opportunité de joie au soir d’une vie de combats, demandait avec malice à « chaque Britannique ou chaque personne s’étant rendue en Grande-Bretagne : « Et avez-vous pu rencontrer la reine ? » Avant de leur raconter ses propres anecdotes avec elle.
En conclusion de son communiqué, la Fondation Mandela a déclaré se joindre à la multitude de personnes à travers le monde touchées par la disparition de la reine pour dire à celle-ci « hamba kahle », c’est-à-dire « Partez en paix ».
Des enquêteurs congolais et sud-africains sont mobilisés pour tenter d’élucider les causes de l’incendie survenu le 5 septembre à l’aéroport de Johannesburg (Afrique du Sud). Le rapport d’enquête devra déterminer le niveau du dégât sur l’aéronef de la compagnie aérienne congolaise et certainement situer les responsabilités.
L’aéronef d’ECAir en flamme à l’aéroport O.R Tambo(Afrique du Sud)/DR
Selon un communiqué de la compagnie aérienne congolaise, Equatorial Congo Airlines (ECAir), l’appareil endommagé par les flammes est de type B737-300, immatriculé TN-AJX, stationné à l’aéroport O.R Tambo de Johannesburg. En effet, deux aéronefs de la même compagnie sont stationnés en Afrique du Sud depuis plusieurs années officiellement pour des travaux de maintenance.
L’incendie a contraint les autorités sud-africaines à fermer une des pistes de l’aéroport O.R Tambo. Au même moment, une équipe d’incendie et de sauvetage a réussi à maîtriser les flammes. Deux avions non opérationnels, dont celui d’ECAir, ont été touchés, comme l’on peut le voir dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux.
« L’incendie s’est déclaré à l’aéroport international O.R Tambo de Johannesburg en Afrique du Sud le lundi 5 septembre 2022. Un aéronef appartenant à ECAir, (…), a été touché par les flammes et a subi des dommages matériels. Un rapport d’expert sera commandité dans les tout prochains jours pour déterminer l’étendue des dommages », précise le même communiqué.
Les avions d’ECAir sont cloués au sol depuis le 10 octobre 2016, soit cinq ans après le lancement de la compagnie aérienne. Les quatre aéronefs d’ECAir sont stationnés, dont un à l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville, un en Ethiopie et deux autres en Afrique du Sud. De multiples tentatives et annonces du gouvernement n’ont pas permis de faire redécoller les avions d’ECAir. L’Etat congolais a préconisé de coopérer avec de nouveaux partenaires, tel que l’investisseur sud-africain Allegiance capital, afin de pouvoir relancer la compagnie aérienne.
Lancée en août 2012, avec l’inauguration de son premier vol entre Paris et Brazzaville, la compagnie ECAir faisait la fierté nationale du pays en matière de transport aérien. En février 2014, la compagnie inaugurait une liaison entre Brazzaville et Dubaï. Mais, en raison de ses nombreuses dettes, elle a été contrainte en octobre 2016 de cesser ses activités par l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar.