C’était l’appel de la dernière chance. La décision du Tribunal administratif du sport, si elle réduit la sanction prononcée initialement à l’encontre du désormais ex-président de la Confédération africaine de football (CAF), empêche Ahmad Ahmad de briguer un second mandat à la tête de l’instance.
Le 8 mars, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a suspendu pour deux ans Ahmad Ahmad, le président de la Confédération africaine de football (CAF), suspension assortie d’une amende de 50 000 Francs suisses (45 000 euros). Il est reconnu coupable d’« acceptation et distribution de cadeaux et autres avantages » et d’« abus de pouvoir » (articles 20 et 25 du code déontologique de la Fifa) ainsi que de « détournement de fonds » – (article 28 du code d’éthique de la Fifa).
Ahmad Ahmad avait fait appel devant le TAS de la décision de la commission d’éthique du 19 novembre dernier qui l’avait condamné à cinq ans de suspension de toute activité relative au football, nationale ou internationale, et l’avait condamné à 200 000 francs suisses (185 000 euros) d’amende. La justice interne de la Fifa estimait qu’il avait manqué à son devoir de loyauté, accordé des cadeaux et d’autres avantages, géré des fonds de manière inappropriée et abusé de sa fonction de président de la CAF.
« L’enquête sur le comportement de M. Ahmad au poste de président de la CAF entre 2017 et 2019 a porté sur diverses questions liées à la gouvernance de la CAF, dont l’organisation et le financement d’un pèlerinage à La Mecque, ses accointances avec l’entreprise d’équipement sportif Tactical Steel et d’autres activités », précisait alors la chambre de jugement de la Commission d’éthique.
La confirmation de cette suspension – bien que réduite de cinq à deux ans – l’empêche donc définitivement de briguer un second mandat à la tête de la CAF et ouvre la voie à une élection du milliardaire sud-africain Patrice Motsepe, derrière lequel se sont rangés tous les autres candidats.
La Confédération africaine de football (CAF) connaîtra son nouveau président le 12 mars. Dernier rebondissement dans une campagne qui n’en manque pas : le retour d’Ahmad Ahmad, un temps écarté pour des soupçons de détournements de fonds.
Cette fois, le processus électoral pour la présidence de la Confédération africaine de football (CAF) est vraiment lancé. Dès le mois de décembre, cinq candidats – Ahmad Ahmad (Madagascar), Ahmed Yahya (Mauritanie), Augustin Senghor (Sénégal), Jacques Anouma (Côte d’Ivoire), Patrice Motsepe (Afrique du Sud) – avaient adressé leur dossier à la CAF. Puis ils n’ont été plus que quatre, après que la suspension d’Ahmad par la Fifa en novembre, notamment pour abus de pouvoir et détournement de fonds, a poussé la Commission de gouvernance de la CAF à rejeter la candidature de l’insulaire, le 8 janvier.
Mais depuis le 29 janvier, le Malgache est revenu dans la course, à la faveur du verdict rendu par le Tribunal arbitral du sport (TAS), devant lequel il avait interjeté appel de sa suspension. Le TAS ne l’a pas blanchi des soupçons qui pèsent contre lui, mais a jugé que, dans l’attente de son jugement sur le fond le président sortant de la CAF pouvait reprendre ses fonctions. Et accessoirement relancer sa campagne… Le surlendemain, Ahmad Ahmad a donc repris son fauteuil de président de la CAF au Congolais Constant Omari, qui avait été chargé d’assurer l’intérim.
Ahmad de retour… pour l’instant
Le TAS examinera de nouveau le cas de l’insulaire à partir du 2 mars prochain, dans le cadre d’une procédure rapide, et a promis de rendre sa décision « avant le 12 mars ». « Cela signifie, en creux, que quelques jours avant l’élection, il pourrait être mis hors course », résume un de ses proches. Cela n’a l’a pas empêché de se rendre au Cameroun, où il a notamment assisté à la finale du Championnat d’Afrique des nations (CHAN), le 7 février, et de planifier des déplacements de campagne.
Si le dirigeant malgache pourrait être stoppé dans son élan par la décision du TAS, ce n’est pas le cas des quatre autres postulants, qui multiplient les voyages aux quatre coins du continent. Définitivement admissibles depuis la fin du mois de janvier, après que la CAF a procédé à quelques vérifications supplémentaires, Motsepe et Yahya n’ont pas attendu le feu vert donné par la Fifa pour quadriller l’Afrique. Le premier a été aperçu en Guinée, où il a notamment été reçu par le président Alpha Condé, et l’ensemble des fédérations d’Afrique australe, au nombre de quatorze, ont décidé de lui apporter leur soutien.
Mais un dirigeant d’une fédération ouest-africaine prévient que le vent peut tourner rapidement. « Le soutien du lundi n’est pas forcément celui du mardi. Les tractations ne font que commencer, prévient-il. Et maintenant qu’Ahmad est revenu dans le jeu, allez savoir si cela ne va pas encore inciter certaines fédérations à changer de champion. »
Il en veut notamment pour preuve les rumeurs de retournement du Bénin, qui circulent dans le petit monde du football africain. Si le ministre béninois des Sports, Oswald Homeky, a officiellement annoncé fin novembre que son pays accordait son parrainage à Jacques Anouma, notre source affirme en effet que Cotonou pourrait finalement apporter son soutien à Patrice Motsepe. Un proche d’Anouma a d’ailleurs confirmé à Jeune Afrique avoir eu vent de cette possible volte-face.
AHMAD A ENCORE PAS MAL DE PARTISANS. MAIS IL NE SAIT PAS ENCORE S’IL POURRA ALLER AU BOUT
Pour convaincre les présidents des fédérations de voter pour eux le 12 mars, les candidats multiplient les déplacements. Normalement à leurs frais, puisque la CAF n’alloue aucun budget pour le financement des campagnes. « Les candidats puisent certes dans leurs réserves personnelles, mais on sait aussi qu’il y a des donateurs, qui s’efforcent de rester très discrets, précise un proche d’un candidat. Les États peuvent aussi participer au financement. Anouma, Senghor, Yahya et Motsepe ont respectivement reçu le soutien officiel des présidences ivoirienne, sénégalaise, mauritanienne et sud-africaine. Une campagne, ça coûte cher. »
Motsepe et Yahya favoris ?
Pendant que chacun défend son programme, le petit jeu des pronostics s’emballe, et son intensité va augmenter à l’approche de l’élection. « Il est difficile de dire aujourd’hui qui est vraiment le mieux placé. Ahmad a encore pas mal de partisans. Son problème, c’est qu’il ne sait pas encore s’il pourra aller au bout. Cela pourrait refroidir ceux qui le soutiendraient. Imaginez que le 8 ou le 9 mars, le TAS juge qu’il ne peut pas se présenter, ses soutiens se retrouveraient alors dans une position assez inconfortable, estime un ancien membre de la CAF, qui suit de près le dossier. Aujourd’hui, on entend dire que Yahya et Motsepe sont perçus comme légèrement favoris, mais ce n’est pas si évident que cela. Disons que Gianni Infantino, le président de la Fifa, semble davantage pencher pour eux ».
Car Infantino, dans un souci de – supposée – neutralité, se garde bien d’afficher sa préférence. La Fifa est en effet régulièrement taxée d’ingérence dans les affaires du football africain, une attitude qui crispe de nombreuses fédérations. C’est en effet sa commission technique qui a validé le 26 janvier dernier les dossiers de Motsepe et Yahya, avant même la CAF, qui devait les auditionner deux jours plus tard au Caire. Les deux candidats ont bien effectué le voyage en Égypte, mais sans craindre une seule seconde que leurs candidatures ne soient remises en cause. Yahya avait d’ailleurs twitté, juste après l’annonce de la FIFA, sa satisfaction d’être définitivement candidat.
« Que ce soit la Fifa qui valide deux dossiers mis en stand-by par la CAF avant même que celle-ci ne se prononce, ce n’est pas normal », peste ce même proche d’un des candidats. En 2017, Gianni Infantino avait discrètement appuyé Ahmad face au Camerounais Issa Hayatou, certain de pouvoir contrôler le Malgache. Aujourd’hui, les deux hommes se vouent une inimitié profonde. Et comme le dit ironiquement un dirigeant africain, « avoir l’appui d’Infantino, ce n’est pas forcément un gage de succès… »
Le président sortant de la Confédération africaine de football a été condamné à l’interdiction d’exercer toute activité relative au football pour cinq ans par la chambre de jugement de la Commission d’éthique indépendante de la Fifa. Ahmad Ahmad est notamment accusé de détournements de fonds.
Cela faisait plusieurs semaines que la menace d’une suspension par la Fifa planait au-dessus de la tête d’Ahmad Ahmad. La décision est tombée sous la forme d’un communiqué publié sur le site de la Fédération internationale de football association (Fifa). Le Malgache Ahmad Ahmad, président sortant de la Confédération africaine de football (CAF) et vice-président de la Fifa, est suspendu pour une période de cinq ans de toute activité liée au football professionnel.
La chambre de jugement de la Commission d’éthique indépendante « a jugé Ahmad Ahmad coupable d’avoir enfreint les articles 15 (Devoir de loyauté), 20 (Acceptation et distribution de cadeaux ou autres avantages) et 25 (Abus de pouvoir) de l’édition 2020 du Code d’éthique de la Fifa, ainsi que l’article 28 (Détournement de fonds) de son édition 2018 », détaille la Fifa.
Ahmad Ahmad a « manqué à son devoir de loyauté »
« L’enquête sur le comportement de M. Ahmad au poste de président de la CAF entre 2017 et 2019 a porté sur diverses questions liées à la gouvernance de la CAF, dont l’organisation et le financement d’un pèlerinage à La Mecque, ses accointances avec l’entreprise d’équipement sportif Tactical Steel et d’autres activités », précise le communiqué de la chambre de jugement de la Commission d’éthique, qui affirme avoir « établi » qu’Ahmad Ahmad « avait manqué à son devoir de loyauté, accordé des cadeaux et d’autres avantages, géré des fonds de manière inappropriée et abusé de sa fonction de président de la CAF. »
Il devra en outre verser une amende de 200 000 francs suisses (185 000 euros). Contacté par mail, le service de presse de la FIFA n’a pas répondu à nos sollicitations.
Il avait été entendu pendant plusieurs heures, la semaine dernière, par la Commission d’éthique via une visioconférence. La décision de sa suspension lui a été immédiatement notifiée, avec effet immédiat. D’ici soixante jours, il recevra l’intégralité des motivations de la sanction.
À partir de ce 23 novembre 2020, il n’est donc plus le président de la CAF. Selon les statuts de celle-ci, c’est le premier vice-président, le Congolais Constant Omari qui dirige désormais l’instance. Ce sera le cas jusqu’en mars prochain, date de l’élection du président de la CAF, et qui aura lieu à Rabat.
Élu président de la CAF en 2017, Ahmad Ahmad est candidat à un second mandat à la tête du football africain. Face à lui, quatre candidats s’étaient jusqu’à présent déclarés : l’Ivoirien Jacques Anouma, le Sud-Africain Patrice Motsepe, le Mauritanien Ahmed Yahya et le Sénégalais Augustin Senghor. Leurs dossiers seront examinés par les instances compétentes de la CAF, lesquelles communiqueront la liste des candidats autorisés à se présenter.
Ahmad Ahmad fera-t-il appel ?
Ahmad Ahmad, qui se remet de sa contamination au Covid-19 depuis son fief de Mahajanga, à Madagascar, « va bien », a assuré l’un de ses proches à Jeune Afrique. Avec ses avocats, il décidera dans les prochains jours s’il fait appel ou non de la décision de la Fifa. Un seul recours s’ouvre à lui : devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Mais un éventuel appel n’est pas suspensif.
Ahmad, qui a décidé de garder le silence dans un premier temps, pourrait également communiquer à court terme, après avoir consulté sa garde rapprochée.
La CAF, face à cette situation inédite, s’est rapidement fendue d’un communiqué expliquant « prendre acte de cette décision qui met Ahmad Ahmad en position de ne plus pouvoir exercer ses responsabilités », s’inquiétant au passage « des conséquences sur sa réputation de cette longue procédure. » L’instance du football africain a néanmoins décider de maintenir le calendrier de l’ensemble de ses activités et programmes.
Plusieurs hypothèses sont désormais ouvertes. « Soit Ahmad Ahmad fait appel devant le TAS, sachant que la procédure peut se révéler longue, afin de pouvoir être candidat. Soit il décide de ne pas faire appel et de rentrer à Madagascar, expose le dirigeant d’une fédération africaine, contacté par JA. Il faut rappeler qu’il avait beaucoup réfléchi, et même hésité, avant d’annoncer sa candidature à un second mandat. Il s’est décidé parce qu’il est soutenu par de nombreuses fédérations. Il ne faut pas exclure qu’il accepte la sanction et se retire du monde du football. »
Un autre dirigeant de fédération, partisan d’Ahmad Ahmad, résume un sentiment assez largement répandu parmi les partisans de président de la CAF qui vient d’être suspendu : « Gianni Infantino (le président de la FIFA, ndlr) ne souhaitait pas qu’Ahmad soit candidat à sa réélection, car les relations entre les deux hommes sont très tendues. Il ne veut plus de lui à la tête du football africain. Cette sanction de la Commission d’éthique n’arrive pas par hasard… »
Les tensions au sein de l’instance étaient devenus récurrentes ces derniers mois. Licencié en avril 2019, le secrétaire général de la CAF, Amr Fahmy, avait ainsi envoyé une lettre à la Fifa dans laquelle il accusait Ahmad Ahmad de corruption et de harcèlement sexuel à l’encontre de plusieurs salariées de la Confédération.
La garde à vue à l’Office de lutte contre la corruption de la police judiciaire française d’Ahmad Ahmad, président de la Confédération africaine de football (CAF) interpellé jeudi à Paris, a été levée sans poursuites, a annoncé vendredi le procureur de Marseille.
Ahmad Ahmad avait été interpellé dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille le 28 mai, notamment pour association de malfaiteurs, corruption, abus de confiance et faux et usage de faux, a précisé le procureur Xavier Tarabeux.
Selon nos informations, le président de la Confédération africaine de football (CAF) Ahmad Ahmad a été interpellé ce jeudi matin dans un hôtel à Paris, où il séjournait pour assister au congrès de la Fifa.
Ahmad Ahmad a été interpellé ce jeudi matin vers 8h30 à l’hôtel de Berri, à Paris, pour être entendu par les services de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), a appris Jeune Afrique. Selon nos informations, cette interpellation serait liée au contrat rompu unilatéralement par la CAF avec l’équipementier allemand Puma pour s’engager avec la société Tactical Steel, basée à La Seyne-sur-Mer.
Une signature de contrat qui, selon l’ex-secrétaire général de l’instance continentale Amr Fahmy, aurait été favorisée par la proximité entre Ahmad Ahmad et un des dirigeants de l’entreprise française, et dont le surcoût atteindrait 830 000 dollars (739 000 euros). « Toutes les décisions ont été prises de manière collégiale » et « transparente », s’était défendu mi-avril le patron du foot africain.
L’arrestation intervient alors qu’Ahmad Ahmad se trouvait à Paris pour assister au congrès de la Fifa, qui a abouti à la réélection du président Gianni Infantino.
Mercredi soir, la CAF a pris la décision de faire rejouer la finale retour de la Ligue des champions africaine, après l’interruption controversée du match pour un problème lié à l’assistance vidéo à l’arbitrage. Une vive polémique s’en est suivie, les Tunisiens de l’Espérance sportive de Tunis, déclarés vainqueurs mais déchus de fait du quatrième titre continental de leur histoire, ayant annoncé leur intention de saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Yaoundé – La visite du président Paul Biya dans le Sud-Ouest anglophone du Cameroun en conflit n’est « pas confirmée », selon une source proche de la présidence à Yaoundé où est arrivé mardi le président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad Ahmad.
Lundi, une source proche du ministère de la Communication avait annoncé à l’AFP la visite mardi du président Biya dans la capitale de la région du Sud-Ouest, Buea, où se font entendre des coups de feu quotidiennement.
« Il y a des préparatifs en cours, la tribune de la place des fêtes a été réfectionnée », a indiqué mardi matin une source proche des autorités locales de Buea.
Dans les deux régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les combats entre l’armée et des séparatistes armés sont quotidiens. Ces derniers revendiquent l’indépendance du Cameroun anglophone vis-à-vis de Yaoundé.
Ils ont menacé de s’en prendre à toute personne qui voterait dimanche au scrutin présidentiel à un tour.
Lundi, pour le premier anniversaire de la proclamation symbolique de l’indépendance des régions anglophones, le 1er octobre 2017, un couvre-feu a été mis en place dans la plupart des grandes villes de la zone.
Les rues de Buea et Bamenda, les deux capitales régionales, étaient vides hormis les patrouilles de l’armée, selon des témoins.
Mardi, le président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad Ahmad, a été reçu par Paul Biya au palais présidentiel à Yaoundé.
Le Cameroun doit accueillir la Coupe d’afrique des Nations (CAN) en 2019, mais des retards dans l’organisation ont soulevé des polémiques sur la capacité du pays à boucler les préparatifs de la compétition en temps et en heure.
« La CAF n’a pas de plan B, la CAF n’a jamais réfléchi à un retrait de la CAN au Cameroun », a déclaré M. Ahmad à sa sortie d’audience avec Paul Biya.
« C’est le Cameroun qui accueille cette compétition, c’est le Cameroun qui pourra nous dire demain +On est prêts+ (ou) +Ah non, donnez nous le temps, on n’est pas prêts+, ça dépend du Cameroun », a-t-il ajouté face à la presse.
Dimanche, neuf candidats – dont Paul Biya – s’affronteront dans les urnes pour briguer la présidence du Cameroun, dans un contexte sécuritaire tendu avec les attaques persistantes des jihadistes de Boko Haram dans le nord du pays, et le conflit armé dans les régions anglophones.
Occupé à préparer les matchs amicaux en Égypte contre la Libye (24 mars) et les Pharaons (28 mars), Claude Le Roy, le sélectionneur du Togo, a pris quelques minutes pour revenir sur la défaite historique d’Issa Hayatou le 16 mars, lors de l’élection du président de la CAF.
Claude Le Roy : Je n’y croyais pas trop, même si j’avais cru comprendre qu’Ahmad Ahmad, que je ne connais pas, était soutenu par Gianni Infantino, le président de la FIFA, lequel voulait se débarrasser de Hayatou. Je m’attendais à une victoire serrée de ce dernier. Je crois qu’il n’avait pas vraiment préparé cette élection, et qu’il n’a pas été très conseillé. Ses proches n’avaient semble-t-il pas pris la mesure de l’activisme du camp adverse. Je regrette que Hayatou, que j’ai connu au Cameroun quand j’étais le sélectionneur des Lions – il a été notamment Secrétaire général puis président de la fédération – ne soit pas parti de lui-même. Cela aurait été mieux pour lui que d’endurer une lourde défaite.
Hayatou a fait progresser le foot africain de manière évidente
Quel bilan faites-vous de l’action d’Issa Hayatou à la tête de la CAF ?
Beaucoup de choses ont été faites. Le nombre de places pour l’Afrique en phase finale de Coupe du Monde, le format de la CAN et des compétitions de club, la création du CHAN notamment. La CAF est en bonne santé financière, parce qu’il a su attirer des sponsors importants. En presque trente ans de présence, il a fait progresser le foot africain de manière évidente. Tout le monde, même ses détracteurs, peuvent s’en rendre compte. Mais j’attends du nouveau président qu’il agisse, car tout n’a pas été fait par le passé.
À quoi pensez-vous plus précisément ?
Il y a des choses urgentes à mettre en place. Notamment s’attaquer au problème de l’âge des joueurs, dans certains pays. Au niveau international, l’Afrique est capable de gagner des titres chez les jeunes, mais pas chez les seniors. Il y a quelque chose qui ne va pas. Autre urgence : obliger les clubs de Division 1 en Afrique à avoir au moins deux équipes de jeunes engagées dans des championnats de jeunes. Il faut aussi mettre l’accent sur la formation des entraîneurs. On nous parle de Florent Ibenge (RD Congo) ou d’Aliou Cissé (Sénégal), mais ils ont été formés en France. Je sais que toutes ces politiques ont un coût, mais la progression du football africain passera par là.
Que l’État aide, d’accord, mais dans des proportions moindres qu’actuellement
Quelles sont les autres urgences ?
Développer un professionnalisme à l’africaine. Ainsi, cela évitera à des milliers de jeunes africains de tenter de rejoindre l’Europe ou l’Asie, et parfois au péril de leur vie, pour gagner trois francs six sous. Si on leur propose des bonnes conditions de travail dans leur pays, avec un contrat type, ils resteront. Pas tous, mais beaucoup. Il y a aussi quelque chose qui n’est pas viable : à 90 %, les sélections nationales dépendent totalement de l’État, y compris dans des pays comme le Sénégal ou la RD Congo. Ce n’est pas normal. Les fédérations doivent pouvoir trouver des sponsors. Que l’État aide, d’accord, mais dans des proportions moindres qu’actuellement. Il n’est pas normal que des sélections nationales ne puissent pas s’engager dans des qualifications pour la CAN ou la Coupe du Monde car elles on ne leur donne pas les moyens de se déplacer.
Le malgache Ahmad Ahmad, nouveau président de la CAF
Issa Hayatou a été battu ! Président de la Confédération africaine de football (CAF) depuis 1988, le Camerounais n’effectuera pas un huitième mandat. Le mandat de trop ! C’est le (très inconnu) Malgache, Ahmad Ahmad (notre photo), qui a été élu président de la CAF, ce jeudi, 16 mars, à Addis Abeba (Ethiopie). Une journée noire pour Issa Hayatou et le football camerounais dont les autorités l’avaient, fortement, soutenu dans cette entreprise (à risque).
Ahmad Ahmad (qui craignait la fraude à tort) devrait féliciter Hayatou d’avoir rendu le vote transparent, ce qui lui a permis de gagner à la régulière, sans tricherie. Lui qui criait au hold up certain ! Il a, en effet, obtenu les suffrages de 34 des 54 fédérations africaines votantes lors du scrutin, Issa Hayatou obtenant les 20 autres voix, selon les résultats officiels communiqués à l’Assemblée générale de la CAF.
Ancien ministre malgache des Sports puis de la Pêche, Ahmad Ahmad, nouveau président de la Confédération africaine de football (CAF), est présenté comme un homme plutôt discret. Mais efficace…
Lors de ces multiples rencontres avec les hautes sphères du continent africain, notamment durant la CAN au Gabon juste après l’annonce de sa candidature, puis lors de ses déplacements dans plusieurs pays, ce membre de l’éthnie Sakalava, de confession musulmane, avait réussi à faire adhérer à son projet les quatorze fédérations de la Cosafa (Afrique australe). D’autres leur ont depuis emboîté le pas.
Sur l’échiquier du football africain, Madagascar fait partie des pays dont on parle peu. La sélection nationale n’a jamais participé à aucune compétition internationale, ses clubs passent rarement plus d’un tour lors des coupes d’Afrique, et même s’il n’est jamais simple d’aller jouer au stade Mahamasina d’Antananarivo – l’Égypte, le Sénégal, la RD Congo et le Nigeria y ont laissé des plumes dans un passé plus ou moins récent – le football de la Grande Île fait rarement parler de lui.
« Nous avons tout de même été champions d’Afrique de beach soccer en 2015, et nous avions obtenu l’organisation de la CAN 2017 des moins de 17 ans, jusqu’à ce que la CAF nous la retire, pour des motifs (retards dans les travaux au stade de Mahamasina) que nous contestons », nous avait rappelé Ahmad Ahmad au mois de février.
Des soutiens de la FIFA
Les nouvelles autorités de la FIFA auront joué un rôle déterminant pour faire abattre celui qui était considéré comme le dernier dinosaure du football mondial, après la chute du Suisse, Sepp Blatter et du Français, Michel Platini.
En voyage, en Afrique, le mois dernier, le nouveau président de la FIFA, l’Italo-Suisse, Gianni Infantino, avait, clairement, appelé à voter contre la réélection d’Issa Hayatou à la présidence de la CAF, militant pour le renouvellement de l’appareil dirigeant de la CAF. Il en a été de même pour la secrétaire générale de la FIFA, la Sénégalaise, Fatma Samba Diouf Samoura, qui, de son côté, aurait mobilisé les fédérations de l’Afrique de l’Ouest à commencer par celles du Sénégal et de la Côte d’Ivoire.
Certaines, comme Djibouti, l’avaient annoncé publiquement. Les dix-neuf autres (Ahmad s’est largement imposé par 34 voix contre 20) ont préféré l’intimité offerte par le secret du vote pour valider leur choix. « Je pense que certains ont voté pour Ahmad car ils voulaient qu’Hayatou s’en aille. Non pas que son bilan soit mauvais, car il a fait passer le football africain dans l’ère de la modernité. Mais il s’agissait plus d’une question de personne. Sept mandats, c’est énorme. Et le management d’Hayatou dérangeait, même parmi ses soutiens. Mais des fédérations ont aussi voté pour Ahmad car elles adhèrent à son projet.
Des soupçons de corruption, pas de preuves
Ahmad, qui a fait son apparition dans l’organigramme de la CAF lors du Congrès de Marrakech en mars 2013, en tant que membre du Comité exécutif représentant la zone Sud, avait déjà créée une surprise de taille, en écartant le Sud-Africain Dany Jordaan, président du comité d’organisation de la Coupe du monde 2010.
« Il est discret, mais efficace. Il sait avancer ses pions intelligemment. C’est un politique. Il a été nommé sénateur par le chef de l’État, lequel lui a accordé son soutien lorsqu’il a décidé d’être candidat contre Hayatou. Il ne fait pas d’esbroufe. Ahmad est un homme de réseaux. À la CAF, il a tissé de bonnes relations avec les fédérations d’Afrique australe. En Afrique de l’Ouest également, il a des appuis », poursuit notre source.
Dans son pays, le nouveau président de la CAF a été plusieurs fois cité par la presse locale dans une affaire de trafic de crabes lorsqu’il détenait le portefeuille de la Pêche (en 2015). Et le Sunday Times, sans apporter de preuves, avait évoqué une possible corruption du malgache par le Qatar lors de l’attribution de la Coupe du monde 2022 au petit émirat. « L’argent du Qatar était destiné à la fédération malgache pour organiser l’élection du président, au développement du football dans mon pays. Mais en aucun cas à acheter ma voix », nous avait assuré Ahmad quelques semaines avant son élection à Addis Abeba.
Quel avenir pour Issa Hayatou ?
Un malheur ne venant jamais seul, Issa Hayatou risque de souffrir dans l’avenir, des enquêtes diverses devant être diligentées pour s’assurer de la régularité des contrats de sponsoring signés lors des compétitions internationales, et si ceux-ci n’ont pas fait l’objet de rétro commissions. Les nouvelles autorités de la FIFA entendent, en effet, y voir clair.
Le Camerounais Issa Hayatou, en poste depuis près de 30 ans, cède sa place au Malgache Ahmad Ahmad. Celui-ci a été élu mercredi président de la Confédération africaine de football pour un mandat de quatre ans, lors d’une assemblée générale à Addis Abeba.
À 57 ans, Ahmad Ahmad, le président de la fédération malgache, a été a été élu président de la CAF avec 14 voix d’avance sur Issa Hayatou, qui dirige l’instance depuis 1988, lors d’un congrès de l’instance à Addis Abeba, jeudi 16 mars.
L’unique rival du patron de football depuis plus de trente ans, candidat à un 8e mandat, avait profité de sa présence à Libreville le 13 janvier, à la veille du coup d’envoi de la CAN 2017, pour annoncer officiellement sa décision de se porter candidat.
Sa candidature avait obtenu quelques jours plus tard le soutien des présidents des 14 fédérations de la Cosafa (Conseil des fédérations d’Afrique australe), une position qui avait crispé les relations entre la CAF et la Cosafa.