En visite au Ghana en mars, la vice-présidente américaine Kamala Harris avait déjà promis 100 millions de dollars sur 10 ans pour aider ces pays à lutter contre la menace jihadiste venue du Sahel.
Des responsables du département d’État américain ont indiqué le 7 avril à l’AFP que les États-Unis préparent une aide à long terme pour la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo, menacés par une extension des violences jihadistes du Sahel aux régions côtières d’Afrique de l’Ouest.
« C’est un sujet de préoccupation pour nous en raison des capacités des gouvernements en place qui n’ont jamais été confrontées à une telle menace », a déclaré Michael Heath, secrétaire d’État adjoint chargé de l’Afrique de l’Ouest, rentré récemment d’un voyage dans la région afin d’évaluer les besoins. Nous essayons de voir de quels outils ils ont besoin. »
S’agissant du groupe Wagner, « ils ne sont pas encore présents dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest mais nous savons qu’ils recherchent des occasions de profiter de l’instabilité partout où ils la trouvent », a-t-il indiqué.
Ottawa acceptera-t-il de financer la modernisation des équipes chargées de protéger les opérations humanitaires dans les pays à haut risque? Un ancien policier canadien tente de se faire convaincant.
Gilles Michaud est le secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU. Photo: ONU
Dans un lieu tenu secret à Kaboul, peu après le retour au pouvoir des talibans, Gilles Michaud se trouve en face d’un homme dont la capture lui vaudrait une prime de 10 millions $ US.
Ancien haut gradé de la GRC et expert dans la lutte contre le terrorisme, Gilles Michaud est plutôt sur place, en ce jour de 2021, pour parlementer avec Sirajuddin Haqqani, le ministre de l’Intérieur afghan.
Son objectif : obtenir des garanties de sécurité pour les travailleurs de l’ONU en Afghanistan. Des promesses sont faites, un accord est conclu et Sirajuddin Haqqani quitte rapidement les lieux. Il craint une attaque de missile des États-Unis, qui le considèrent comme un terroriste.
Un avis de recherche du FBI contre Sirajuddin Haqqani. Une récompense de 10 millions $ US est offerte pour toute information qui mènera à son arrestation. Photo : FBI
Gilles Michaud est moins nerveux après le départ d’Haqqani : il a réussi à négocier la sécurité de son équipe, qui pourra continuer à travailler sur le territoire contrôlé par les talibans deux semaines après le départ précipité des troupes américaines.
Depuis 2019, ce natif de Saint-Léonard, au Nouveau-Brunswick, est le secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU. Dans ce rôle, il est responsable de la protection de centaines de milliers d’employés onusiens et de leurs familles, d’édifices répartis aux quatre coins du globe et de dizaines de milliards de dollars en aide humanitaire destinée à des zones à haut risque.
Gilles Michaud pose pour une photo au siège de l’ONU à New York. Photo : Radio-Canada/Simon Lasalle
Il a opéré une transition rapide entre sa carrière de plus de 30 ans dans la police fédérale et son travail à l’étranger.
« Les criminels, j’avais tendance à vouloir les mettre en prison. Maintenant, je dois faire affaire avec eux, car ils ont le pouvoir d’accorder des accès à nos partenaires humanitaires. »— Une citation de Gilles Michaud, secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU
Comme il le raconte dans une longue entrevue à Radio-Canada, sa tâche déjà délicate et difficile ne fait que se complexifier ces jours-ci. Les crises humanitaires se multiplient et éclatent non plus en succession mais simultanément.
La guerre en Ukraine, l’instabilité en Afghanistan, la sécheresse en Somalie, les conflits armés en Éthiopie et au Congo, le désordre à Haïti : tous ces problèmes tombaient sous la gouverne de l’ONU au moment où la Turquie et la Syrie ont été frappées par une séries de séismes catastrophiques en février.
Nombre de déploiements d’urgence du Département de la sécurité de l’ONU
2020
54
2021
56
2022
90
Source : Organisation des Nations unies ICI Radio-Canada
Cette succession de crises, Gilles Michaud la gère avec un budget annuel de 300 millions $ US qui stagne malgré la hausse des besoins. Avec l’inflation, la situation devient intenable.
Depuis quelques semaines, il fait des démarches auprès de pays donateurs potentiels pour leur demander des contributions spéciales (ou extrabudgétaires) afin de moderniser ses équipes.
Sa priorité : créer une unité d’intervention rapide qui pourra se déplacer rapidement vers les zones les plus à risque du monde et permettre une meilleure intervention des équipes de l’ONU.
Gilles Michaud à bord d’un aéronef. Photo : Organisation des Nations Unies (ONU)
Gilles Michaud en parle au gouvernement canadien depuis novembre dernier. Il aimerait une première injection de 10 millions $ US de la part d’Ottawa pour mettre son programme de réforme en œuvre, ce qui lui permettrait ensuite de convaincre d’autres pays de participer à ses projets spéciaux, d’une valeur de 15 millions $ US sur deux ans.
Les discussions avec le Canada sont positives, mais pendant que ses équipes se démènent sur le terrain, la réponse se fait attendre.
Le gouvernement est réceptif aux demandes, mais il est toujours en [réflexion] à Ottawa. Donc, je n’ai aucune nouvelle à savoir si, oui ou non, il va être en mesure de m’épauler, explique-t-il. Le message principal, c’est qu’aucun programme humanitaire ne peut être réalisé sans sécurité.
Travail essentiel
Le Département de la sûreté et de la sécurité de l’ONU (connu sous le sigle UNDSS) a été créé un an après l’attentat-suicide commis à Bagdad en 2003, qui avait tué 22 personnes, y compris son représentant en Irak, Sergio Vieira de Mello.
Le travail de l’ONU demeure dangereux à ce jour : chaque année, des centaines d’employés sont victimes d’accidents, se font voler ou attaquer, enlever ou tuer. Cinq employés de l’ONU sont gardés en otages au Yémen depuis l’an dernier. En 2019, trois travailleurs onusiens sont morts à Benghazi, en Libye, quand leur véhicule a explosé.
Nombre d’incidents ayant impliqué des employés de l’ONU en 2021
Incidents violents ou accidents
1652
Crimes
882
Cas d’intimidation ou de harcèlement
386
Enlèvements
9
Décès
7
ICI Radio-Canada
Toutefois, les incidents particulièrement graves se font relativement rares depuis quelques années. Dans ce contexte, le besoin de financer des services de sécurité semble parfois plus difficile à justifier.
Habituellement, on va investir en sécurité lorsqu’il y a des incidents. […] Lorsqu’il n’y a aucun incident, on ne reconnaît pas le travail de prévention qui est fait en matière de sécurité, explique Gilles Michaud.
Malgré tout, M. Michaud s’est fait quelques alliés dans sa quête de financement additionnel. Le fait d’être canadien, dit-il, lui permet de tisser facilement des liens partout où il se trouve.
Gilles Michaud au Nigeria Photo : Organisation des Nations Unies (ONU)
À partir du moment où tu te présentes comme représentant des Nations unies, c’est une chose. Mais aussitôt qu’ils apprennent que tu es canadien, ça semble être autre chose, ça semble ouvrir les portes, raconte Gilles Michaud.
Joyce Msuya, sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires, en témoigne. Native de la Tanzanie, elle a fréquenté l’Université d’Ottawa.
Même si ses propres programmes d’aide humanitaire requièrent constamment des injections de fonds supplémentaires, elle n’hésite pas à appuyer les demandes de financement de l’UNDSS.
Joyce Msuya, sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires de l’ONU, prend la parole lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies le mardi 29 mars 2022. Photo: AP/John Minchillo
Il faut deux mains pour applaudir. Les travailleurs humanitaires travaillent en étroite collaboration avec les équipes du Département de la sécurité, qui est dirigé par Gilles, dit-elle en entrevue. Le critère le plus fondamental pour livrer de l’aide humanitaire n’importe où dans le monde, non seulement pour l’ONU mais aussi pour les organisations non gouvernementales, c’est la sécurité.
Selon son expérience dans des pays comme le Yémen et la Somalie, les équipes de sécurité de l’ONU sont sous-représentées sur le terrain et requièrent plus de ressources.
Les besoins d’aide humanitaire destinée aux populations nécessiteuses connaissent une hausse fulgurante. L’ONU prévoit dépenser 51,5 milliards $ US pour aider 230 millions de personnes vulnérables dans 70 pays cette année.
Les équipes de l’ONU sur le terrain prennent des risques au quotidien, mais elles ne peuvent pas faire fi des dangers qui les guettent. Sans l’apport des équipes de l’UNDSS – qui coordonnent la sécurité avec d’autres agences et d’autres organisations, qui font des évaluations de risque et qui négocient des accès avec les pouvoirs en place –, l’aide humanitaire risque de s’immobiliser.
Florence Poussin est directrice adjointe de la Division des opérations régionales de l’ONU à New York. Photo : Radio-Canada/Simon Lasalle
« La crise, c’est notre quotidien. On ne peut pas nous-mêmes être en crise pour répondre aux crises. Donc, on a besoin d’avoir une certaine sérénité dans la gestion de la crise et, donc, une capacité à répondre à ces crises, une capacité qui soit permanente et non pas une capacité qui soit uniquement liée à une crise, à une mobilisation de fonds pour une crise. »— Une citation de Florence Poussin, directrice adjointe des opérations régionales, UNDSS
Au-delà de la force de frappe
Pour assurer la sécurité des déploiements humanitaires, l’ONU doit sans cesse négocier avec des parties belligérantes.
En Ukraine, par exemple, les équipes de l’UNDSS discutent tant avec Moscou qu’avec Kiev pour déterminer les moments où les combats vont cesser chaque jour afin d’acheminer l’aide aux populations déplacées.
Afin de convaincre toutes les parties de son impartialité, l’ONU ne reçoit aucune information des divers services de renseignement de ses États membres.
Toutefois, cette situation expose les travailleurs de l’ONU aux dangers locaux, surtout dans un contexte de manque de financement.
Ma crainte, c’est que les équipes de l’ONU ne puissent plus aller sur le terrain où elles sont supposées être, qu’elles soient présentes dans un pays mais prises dans un bunker, car la situation est trop dangereuse, ce qui ne répond pas à notre mandat, affirme Esther Kuisch Laroche, directrice des partenariats au sein de l’UNDSS.
Esther Kuisch Laroche pose pour une photo au siège de l’ONU à New York. Radio-Canada/Simon Lasalle
En tout, l’ONU est active dans 125 pays, dont 40 sont qualifiés de lieux à haut risque. Assurer la sécurité dans ces pays va au-delà de la présence de gardes armés.
L’accent est maintenant mis sur la connaissance des particularités locales, sur la diplomatie avec les autorités en place (y compris des groupes armés et terroristes) et sur la coordination avec les différentes agences humanitaires, y compris les organisations non gouvernementales.
Ce n’est pas seulement des gardes ou des clôtures, des barricades et des fusils. Lorsqu’on parle de sécurité, ce qu’on veut vraiment dire, c’est la planification, c’est de l’analyse du contexte, c’est d’être sûrs qu’on a des plans pour être capables de livrer les programmes, explique Gilles Michaud.
Richard Gowan, un expert en affaires internationales au sein de l’International Crisis Group, rappelle que l’ONU est souvent seule dans les pays en crise.
Il y a des endroits comme la Syrie et l’Afghanistan où il n’y a pas de forces de l’OTAN et aucunes troupes occidentales en grand nombre sur le terrain. Les agences humanitaires y sont, par contre, et, dans ces endroits, on laisse l’ONU s’occuper de gens qui, bien franchement, ont ni plus ni moins été abandonnés, affirme-t-il.
Richard Gowan est expert en affaires internationales au sein de l’International Crisis Group. Radio-Canada/Simon Lasalle
Vers une augmentation des budgets
À long terme, Gilles Michaud cherche à obtenir une augmentation permanente de ses budgets. Pour y arriver, il a commencé par proposer des projets d’une valeur de 15 millions $ US sur une période de deux ans : de meilleurs services psychologiques pour ses équipes, la modernisation des outils informatiques pour mieux communiquer avec les équipes déployées et pour savoir qui est où en tout temps, de même que son projet d’unité de réponse rapide.
Il a approché le gouvernement canadien en novembre dernier, car il voulait donner à Ottawa un droit de premier refus. Selon lui, l’investissement supplémentaire dans l’UNDSS serait une forme de police d’assurance pour garantir la livraison de 52 milliards $ US en aide humanitaire prévue pour 2023.
Étant canadien, je me suis tourné vers le Canada, explique-t-il. Lorsqu’on regarde les contributions qui sont requises par rapport à la demande, c’est vraiment une contribution qui est minime, et je crois que le Canada aura une occasion ici d’avoir un impact majeur en investissant peu au sein de mon département.
Le ministère des Affaires mondiales a indiqué qu’il examine la demande de l’ONU.
Son mandat de cinq ans se terminant l’an prochain, Gilles Michaud n’est pas des plus patients. Il n’est pas entré en fonction avec le mandat de réformer son département, mais l’idée s’est imposée depuis 2019.
Tandis qu’il attend des réponses de la part des pays donateurs potentiels, Gilles Michaud continue ses visites sur le terrain.
Après une carrière dans la police fédérale au Canada, cet homme de 57 ans est exposé quotidiennement à la réalité que vivent des millions de personnes qui dépendent de l’aide humanitaire dans des pays qu’il n’aurait jamais cru visiter de sa vie.
« Ce qui me marque le plus, c’est de voir à quel point ils ont besoin des Nations unies pour leur venir en aide. »— Une citation de Gilles Michaud, secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU
On parle d’aide qui est vraiment de base, de leur fournir de l’eau, de la nourriture, des couvertures, vraiment des besoins de base. Voir les enfants, les femmes, les familles qui sont séparées à cause des déplacements, c’est toujours touchant, raconte-t-il.
Gilles Michaud souligne qu’il autorise des missions dangereuses presque chaque jour. Il rend aussi hommage au personnel onusien et aux membres des ONG qui œuvrent dans des conditions souvent périlleuses.
Il y a tellement de gens qui sont dans le besoin qu’on se doit de prendre des risques, parce qu’on parle vraiment de prendre des risques pour sauver des vies tous les jours, dit-il.
Le Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies
Protection
180 000 employés et leurs familles dans 131 pays, dont 40 zones à risque très élevé
L’Ukraine a appelé mardi les pays membres de l’Otan réunis à Bucarest à accélérer la livraison d’armes et d’équipements électriques afin d’aider le pays meurtri par plus de neuf mois de guerre à faire face aux dommages causés à son infrastructure énergétique par les bombardements russes.
« La dernière fois, j’avais dit trois mots: des armes, des armes, des armes. Cette fois, j’ai trois autres mots: plus vite, plus vite et plus vite », a lancé le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, peu avant une rencontre avec le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.
Quels sont les besoins ukrainiens les plus pressants ? Des générateurs et des missiles Patriots de défense aérienne, a-t-il martelé.
Le président russe Vladimir Poutine veut utiliser l’hiver comme « une arme de guerre » contre l’Ukraine avec des « attaques délibérées » contre des infrastructures civiles pour priver le pays de chauffage, d’électricité et d’eau, avait dénoncé dans la journée le secrétaire général de l’Alliance atlantique en accueillant cette réunion de deux jours des chefs de la diplomatie de l’Otan dans l’immense palais qui abrite le parlement roumain.
L’objectif du Kremlin est d' »infliger autant de souffrances que possible aux civils ukrainiens pour essayer de briser leur engagement, leur unité dans la lutte contre l’invasion russe », a-t-il poursuivi.
Une réunion du G7 élargi, tenue sous présidence allemande en marge de l’Otan, a pour sa part plaidé la mobilisation face à la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine.
Arrivé lundi soir à Bucarest, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a annoncé une aide financière de 53 millions de dollars, qui s’ajoute à une autre enveloppe de 55 millions déjà débloquée pour l’achat de générateurs, afin de venir en aide à l’Ukraine.
Cette somme servira à acheter des équipements électriques (des transformateurs notamment), qui seront « rapidement » livrés à l’Ukraine, a-t-on précisé de source américaine.
Au total, l’administration Biden a budgété 1,1 milliard de dollars pour l’énergie en Ukraine et en Moldavie.
L’aide américaine s’inscrit dans la perspective d’une conférence internationale des bailleurs de fonds en « soutien à la résistance civile ukrainienne », qui se tiendra le 13 décembre en France.
« Envoyons des chars »
La Russie s’est engagée début octobre dans une campagne de frappes de missiles massives visant l’infrastructure énergétique de l’Ukraine. Selon des chiffres cités par le gouvernement ukrainien, entre 25 à 30 % de cette infrastructure a été endommagée.
« Ce que font les Russes, c’est de cibler spécifiquement des stations de transformation à haut voltage », et pas seulement les centrales électriques elles-mêmes, afin de perturber toute la chaîne énergétique, de la production à la distribution, a expliqué un responsable américain.
Pour le chef de l’Otan, qui a réitéré la politique de la « porte ouverte » de l’alliance à l’égard de l’Ukraine, « le message de nous tous sera qu’il nous faut en faire plus » pour aider Kiev, y compris en matière de défense aérienne.
« La Russie échoue sur le champ de bataille. En réponse, ils s’en prennent à des cibles civiles, à des villes car ils ne peuvent pas gagner des territoires », a-t-il ajouté.
« Cette tactique de cibler l’infrastructure civile, de l’énergie, est évidemment conçue pour essayer d’obtenir la soumission des Ukrainiens en les gelant », a dit pour sa part le ministre britannique James Cleverly. « Je ne pense pas que cela réussira ».
Mais l’inquiétude grandit quant à la possibilité de soutenir ces efforts à long terme alors que les stocks commencent à s’épuiser.
« Restons calmes et envoyons des chars », a lancé le Lituanien Gabrielius Landsbergis.
L’UE a pour sa part demandé à actionner le mécanisme de protection civile pour livrer quelque 500 générateurs à l’Ukraine ainsi que 2.000 tentes adaptées aux conditions hivernales, fruit d’une coopération entre 17 Etats membres.
La France a contribué de son côté via 100 générateurs arrivés au hub européen de Suceava, en Roumanie, qui seront remis prochainement à l’Ukraine, a-t-on indiqué de source française.
La Roumanie, ainsi que la Moldavie voisine, a été durement impactée par la guerre en Ukraine et plus de 2 millions de personnes y ont transité en fuyant ce pays. Bucarest accueille à ce jour près de 86.000 réfugiés.
Outre la guerre en Ukraine, les ministres de l’Otan ont fait un point d’étape sur l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’organisation, déjà ratifiée par 28 des 30 pays membres mais qui reste suspendue au feu vert de la Turquie et de la Hongrie.
Les ministres finlandais, suédois et turc se sont rencontrés mardi à Bucarest, en marge de la réunion, mais sans conclusion notable, le Turc Mevlut Cavusoglu se contentant dans un tweet d’assurer avoir fait part des « attentes » d’Ankara.
La Turquie bloque depuis mai l’entrée des deux pays nordiques dans l’Alliance atlantique, liant leur adhésion à leur lutte contre les mouvements kurdes et leurs partisans sur leur sol.
L’annonce était fortement pressentie, elle est désormais officielle. Le président américain Joe Biden a annoncé mercredi 24 août une nouvelle aide militaire à l’Ukraine de près de trois milliards de dollars au moment où le pays, qui combat depuis six mois l’invasion russe, marque le jour de son indépendance.
« Les États-Unis d’Amérique sont déterminés à soutenir le peuple ukrainien au moment où il continue la lutte pour défendre sa souveraineté. Dans le cadre de cet engagement, je suis fier d’annoncer notre plus grande tranche d’assistance sécuritaire à ce jour : environ 2,98 milliards de dollars d’armes et d’équipement », a affirmé Joe Biden dans un communiqué.
Il s’agit de la plus grosse enveloppe d’aide militaire américaine depuis le début de la guerre et permettra à Kiev d’acquérir de nouvelles armes ou de financer des formations ou opérations. L’argent provient d’un fonds du Pentagone qui peut être utilisé pour des opérations immédiates ou pour l’acquisition d’armements. Cette enveloppe est différente d’un autre fonds qui permet au président Joe Biden d’ordonner le transfert immédiat à l’Ukraine d’armes, matériel et équipements à partir des stocks existants.
Vendredi dernier, le Pentagone avait annoncé une tranche d’aide militaire à l’Ukraine provenant de ce fonds, pour un montant de 775 millions de dollars. Cette nouvelle tranche d’aide comprenait notamment des missiles supplémentaires pour les systèmes américains d’artillerie de précision Himars, qui ont « changé la donne sur le champ de bataille », avait indiqué une haute responsable du ministère américain de la Défense.
Le Congrès américain a débloqué jeudi une gigantesque enveloppe de 40 milliards de dollars pour l’Ukraine, au moment où le Pentagone met en garde contre un conflit de longue durée.
Au sein de ce grand paquet d’aide: 6 milliards de dollars pour permettre à l’Ukraine de s’équiper en véhicules blindés et de renforcer sa défense anti-aérienne.
« Nous continuons à penser que ce conflit va durer », a indiqué jeudi à la presse un haut responsable du ministère américain de la Défense.
Les chefs d’état-major américain et russe, le même jour, se sont parlé au téléphone, pour la première fois depuis le début de l’invasion russe.
« Les Russes ont encore à leur disposition une part importante des capacités qu’ils avaient amassées depuis l’automne » aux frontières, a-t-il souligné, estimant que l’armée russe parvenait à renforcer son contrôle sur le Donbass et le sud du pays.
La colossale enveloppe du Congrès prévoit par ailleurs près de 9 milliards de dollars pour assurer entre autres « la continuité des institutions démocratiques ukrainiennes », ainsi qu’un large volet humanitaire.
Plus que de la « charité »
« Les mesures d’aide à l’Ukraine sont bien plus que de la simple charité », a assuré le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell.
« Quand il s’agit de Poutine, on choisit soit de payer maintenant, ou de le payer plus tard », a argué le sénateur républicain Lindsey Graham, pas vraiment connu pour soutenir les politiques de Joe Biden.
Fait rare dans un Congrès si habitué aux querelles politiques: ces 40 milliards de dollars de dépenses – l’équivalent du PIB du Cameroun en 2020 — ont bénéficié d’un très large soutien transpartisan.
Le projet de loi, déjà validé par les élus de la Chambre la semaine dernière, n’a plus qu’à être ratifié par le président Joe Biden, qui réclamait depuis plusieurs semaines un vote rapide, sous peine de voir s’assécher l’aide à l’Ukraine.
Ce dernier, en route pour une tournée en Asie, a « applaudi » dans un communiqué ce vote du Congrès, qui « envoie au monde le message (…) que les Etats-Unis se tiennent aux côtés du peuple ukrainien ».
Son administration, en attendant cette nouvelle arrivée massive de fonds, a validé jeudi un nouveau volet d’assistance militaire pour un montant de 100 millions de dollars, portant à 3,9 milliards au total l’aide déjà apportée par les Etats-Unis, sous forme d’armement et d’équipement.
Au-delà de cet effort financier et logistique massif, les Etats-Unis continuent à déployer toute leur puissance diplomatique pour serrer toujours plus les rangs occidentaux face à Moscou.
Otan
Joe Biden a accueilli avec beaucoup de solennité jeudi la Première ministre suédoise Magdalena Andersson et le président finlandais Sauli Niinistö, qui viennent d’officialiser leur demande d’adhésion à l’Otan, rompant avec leur position historique de non-alignement.
Les deux pays remplissent « tous les critères » pour adhérer à l’Otan et ont « le soutien total et complet des Etats-Unis d’Amérique », a assuré le dirigeant démocrate.
Joe Biden a annoncé saisir le Congrès pour qu’il approuve « le plus rapidement possible » cet élargissement de l’alliance atlantique, que les Etats-Unis tiennent pour un triomphe tactique face à Moscou.
La ratification devrait être une formalité: comme l’aide à l’Ukraine, l’accueil de la Finlande et de la Suède dans l’Otan fait consensus auprès des parlementaires des deux bords.
Après s’être cantonné à des armes vues comme défensives, Washington envoie désormais artillerie, hélicoptères et drones à l’armée ukrainienne, dont des soldats sont formés au maniement de ces armes aux Etats-Unis ou dans des pays tiers avant de retourner au front.
Quelque 9 milliards de dollars des fonds que le Congrès a approuvés doivent aussi permettre aux Américains de regarnir leurs propres stocks d’armement.
« Les États-Unis fournissent des renseignements sur le champ de bataille pour aider les Ukrainiens à défendre leur pays », a déclaré à l’AFP Adrienne Watson, porte-parole du NSC, dans un courriel. Photo : Getty Images/AFP/Yasuyoshi Chiba
L’aide des Occidentaux à l’Ukraine empêche la Russie d’achever « rapidement » son offensive, a déclaré Moscou, au lendemain de la publication d’un article du New York Times révélant que des renseignements américains permettaient aux forces ukrainiennes de tuer des généraux russes.
Les autorités ukrainiennes affirment avoir tué 12 généraux russes depuis le début de la guerre, le 24 février. Les renseignements fournis par les États-Unis auraient permis de cibler une bonne partie de ces généraux, selon ce que de hauts responsables américains ont révélé au New York Times mercredi. Ils n’ont cependant pas voulu préciser le nombre exact et ont voulu garder l’anonymat, partageant des informations classées secrètes.
Selon ces hauts responsables, l’administration américaine fournit en temps réel des renseignements à l’Ukraine. Elle confirme certaines cibles identifiées par les Ukrainiens et leur en offre d’autres. Elle se concentre sur le mouvement des troupes et l’emplacement du quartier général de l’armée russe, qui déménage fréquemment.
Ce flux de renseignements exploitables a eu un effet significatif sur le champ de bataille et aurait même peu de précédents dans l’histoire, ont-ils confié.
Les troupes ukrainiennes combattent les Russes notamment dans l’est du pays. Photo : Getty Images/AFP/Yasuyoshi Chiba
Les responsables ukrainiens ont combiné ces informations géographiques avec leurs propres renseignements – dont des communications interceptées qui alertent l’armée ukrainienne de la présence d’officiers supérieurs russes – pour mener des frappes d’artillerie qui ont tué des officiers russes.
Les hauts responsables interrogés par le New York Times n’ont cependant pas voulu préciser comment les Américains obtiennent ces renseignements, craignant de mettre leurs méthodes en danger. Certaines d’entre elles sont toutefois connues, comme l’utilisation de satellites classifiés et commerciaux.
En plus des renseignements, les États-Unis ont fourni à l’Ukraine des milliards de dollars d’équipements militaires livrés aux forces ukrainiennes, dont des armes antichars, des munitions et, plus récemment, des pièces d’artillerie lourde, des hélicoptères et des drones. D’autres pays de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) fournissent également des renseignements et des armes aux Ukrainiens
Rester discret pour ne pas provoquer Poutine
Le porte-parole du Pentagone, John F. Kirby, a refusé de parler des détails de ces informations. Il a cependant reconnu que les États-Unis fournissent à l’Ukraine des informations qu’elle peut utiliser pour se défendre.
Rapidement après la publication de l’article du New York Times, le Conseil de sécurité nationale américain (NSC) a cependant qualifié d’irresponsable l’affirmation selon laquelle les États-Unis aident l’Ukraine à tuer des généraux russes.
Les États-Unis fournissent des renseignements sur le champ de bataille pour aider les Ukrainiens à défendre leur pays, a déclaré à l’AFPAgence France-Presse Adrienne Watson, porte-parole du NSC, dans un courriel.
« Nous ne fournissons pas de renseignements dans l’intention de tuer des généraux russes. »— Une citation de Adrienne Watson, porte-parole du NSC
Le New York Times avait toutefois spécifié que l’administration américaine désirait rester discrète sur ce partage de renseignements, par crainte de provoquer le président russe, Vladimir Poutine, dans une escalade du conflit au-delà des frontières ukrainiennes.
Les États-Unis ont d’ailleurs tenu à préciser que plusieurs frappes ciblant des hauts placés russes sont réalisées sans renseignements américains. Plusieurs hauts responsables ont confirmé qu’ils n’avaient pas fourni l’information nécessaire pour les tirs visant le chef d’état-major russe, Valéri Guerassimov, dans l’est de l’Ukraine, durant le week-end. Les États-Unis ne se permettent pas d’offrir des renseignements sur les plus hauts dirigeants russes, ont assuré les responsables.
Le président russe Vladimir Poutine, accompagné de son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou (à gauche), et de son chef d’état-major, Valéri Guerassimov (à droite). Photo: Getty Images/AFP/Mikhail Klimentyev
L’aide occidentale empêche la Russie d’achever rapidement son offensive
L’aide militaire et en matière de renseignements des Occidentaux à l’Ukraine empêche la Russie d’achever rapidement son offensive en Ukraine, a indiqué jeudi le Kremlin, assurant néanmoins que tous ses objectifs seront remplis.
Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’OTANOrganisation du traité de l’Atlantique nord dans son ensemble partagent en permanence des données du renseignement avec les forces armées ukrainiennes. Conjuguées aux approvisionnements en armes […], ces actions ne permettent pas d’achever rapidement l’opération, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en réagissant à l’article du New York Times.
Ces actions occidentales ne sont toutefois pas en mesure d’empêcher que les objectifs de l’offensive russe en Ukraine soient atteints, a souligné le porte-parole du Kremlin.
Radio-Canada avec les informations de New York Times et Agence France-Presse
Avec cette nouvelle enveloppe, les États-Unis ont consacré 1,6 milliard de dollars ce mois-ci en aide militaire à l’Ukraine. Photo: Reuters/White House
Estimant que la guerre en Ukraine est entrée dans une phase « critique », le président des États-Unis, Joe Biden, a autorisé jeudi une aide militaire supplémentaire de 800 millions de dollars à l’Ukraine alors que la Russie consolide sa progression dans le Donbass et le sud du pays.
Joe Biden a précisé que cette nouvelle enveloppe militaire accordée aux Ukrainiens comprendra des livraisons supplémentaires de dizaines de pièces d’artillerie lourde, 144 000 obus et munitions ainsi que des drones tactiques.
Cette nouvelle vague d’aide militaire américaine aux Ukrainiens est la deuxième à être annoncée ce mois-ci par Washington qui avait déjà annoncé le 13 avril dernier l’octroi de 800 millions de dollars de matériel militaire aux forces ukrainiennes, dont des véhicules blindés, de l’artillerie et des hélicoptères.
Le président a ajouté jeudi qu’il comptait demander dès la semaine prochaine davantage d’argent au Congrès afin d’assurer un approvisionnement régulier aux Ukrainiens directement sur les lignes de front de la liberté.
Le chef de la Maison-Blanche a ajouté que les États-Unis allaient par ailleurs continuer de partager des renseignements opportuns avec les forces ukrainiennes et que les ports américains seront bientôt interdits d’accès à tous les navires affiliés à la Russie.
« Vladimir Poutine ne réussira jamais à occuper l’Ukraine. »— Une citation de Joe Biden, président des États-Unis
En ce qui a trait à la situation sur le terrain, le président des États-Unis a refusé de concéder la prise de la ville portuaire de Marioupol par les Russes. Il n’y a encore aucune preuve que Marioupol soit complètement perdue, a déclaré Joe Biden.
Des soldats américains actionnent un obusier Howitzer M777 de 155 millimètres, une arme moderne et précise dont seront bientôt équipées les forces ukrainiennes. Photo: Reuters/Andrew Burton
Aide économique supplémentaire
À ces livraisons d’armes, l’administration Biden ajoute une aide économique de 500 millions de dollars supplémentaires, a annoncé jeudi matin un responsable du trésor américain.
La secrétaire au Trésor Janet Yellen doit en faire l’annonce officielle jeudi lors d’une rencontre avec le premier ministre ukrainien Denys Shmyhal, à Washington.
Cette enveloppe s’ajoutera aux 500 millions de dollars « d’aide directe » déjà consentie à Kiev à la fin mars par les États-Unis pour permettre à l’Ukraine de maintenir le fonctionnement du gouvernement, en versant notamment les salaires et les retraites, et éviter une aggravation de la situation humanitaire en Ukraine.
De l’autre côté de l’Atlantique, le gouvernement espagnol a pour sa part annoncé l’envoi de 200 tonnes de matériel militaire à l’Ukraine.
Ce nouveau chargement d’armes et de munitions représente le double de l’aide militaire envoyée précédemment par l’Espagne aux Ukrainiens, a annoncé le premier ministre Pedro Sánchez.
Le chargement de matériel et de munition a quitté jeudi l’Espagne à bord d’un bateau à destination de la Pologne.
La première ministre du Danemark, Mette Frederiksen, qui participait avec Pedro Sánchez à une rencontre à Kiev avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a de son côté annoncé la livraison prochaine de 90 millions de dollars d’aide militaire aux Ukrainiens.
Radio Canada avec les informations de Agence France-Presse et Reuters
Des militaires canadiens attendaient de monter à bord d’un avion à Edmonton afin de s’envoler vers la Pologne, le vendredi 15 avril 2022. Photo: The Canadian Press/Jason Franson
Une centaine de soldats canadiens sont montés à bord d’un avion à destination de la Pologne vendredi pour participer à une mission « intense », mais « gratifiante » – selon les termes de leur commandant – afin d’aider les Ukrainiens fuyant l’invasion russe.
Quelque 80 soldats ont décollé d’Edmonton et 20 autres de Trenton, en Ontario. Ils offriront une aide humanitaire dans des centres d’accueil partout en Pologne, a expliqué le major Ryan Pridmore, commandant de compagnie du 3e bataillon Princess Patricia’s Canadian Light Infantry.
Ils doivent, avec une unité médicale canadienne, soutenir la force de défense territoriale polonaise dans le cadre d’une mission de deux mois.
Nos soldats sont tous extrêmement heureux d’être déployés, a-t-il déclaré. C’est pour cela que nous nous sommes entraînés. C’est pourquoi nous faisons ce travail. Nos soldats sont prêts à intervenir et à aider.
Une fois les bottes au sol, le major Pridmore s’attend à ce que les soldats soient mis directement au travail.
Nous avons des aumôniers pour fournir des services spirituels ainsi que des professionnels de la santé mentale lorsque les réfugiés arrivent dans les centres d’accueil, a affirmé le commandant, qui a déjà servi en Afghanistan et au Koweït.
Certains des autres soldats ont une formation linguistique, a-t-il ajouté.
D’après lui, le Canada est prêt à envoyer environ 50 soldats supplémentaires pour aider à la prise en charge, à la coordination et à la réinstallation des réfugiés ukrainiens en Pologne.
Nous avons une équipe en place là-bas qui prépare le terrain, donc nous n’agissons pas à l’aveuglette, mais ce sera certainement un lancement assez rapide des affaires une fois que nous serons sur le terrain.
Mme Freeland a évoqué un document effrayant publié sur un site Internet russe il y a 10 jours qui exposait effectivement un plan de génocide en Ukraine, qui appelait à la souffrance, à la punition des personnes qui avaient choisi à tort, selon ce document, de s’identifier comme des Ukrainiens.
Cela appelait à ce que le mot Ukraine soit effacé, a ajouté Mme Freeland, qui est également ministre des Finances du Canada.
Le ministère de la Défense nationale a indiqué dans un communiqué que les soldats travailleront également avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Ils agiront aussi comme agents de liaison avec les forces armées polonaises pour appuyer les efforts fédéraux d’octroi de la résidence temporaire aux Ukrainiens désirant travailler ou étudier au Canada.
Vendredi, certains soldats à Edmonton ont plaisanté sur leur nervosité, tandis que d’autres ont dormi dans le salon de l’aéroport avant de prendre leur vol.
J’ai été très heureux de voir que le moral était exceptionnellement élevé et, d’après mes observations, je dirais que la force opérationnelle va être très efficace en Pologne, a mentionné le lieutenant Kevin Moffat, officier des affaires publiques des Forces armées canadiennes, qui souligne que certaines personnes de l’équipe ont des racines ukrainiennes.
Le premier ministre Justin Trudeau et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mercredi à Bruxelles. Photo: AFP/Geert Vanden Wijngaert
Le Canada et l’Union européenne (UE) ont annoncé samedi le lancement d’une collecte internationale de fonds en faveur des réfugiés ukrainiens, qui culminera le 9 avril avec une « conférence des donateurs » organisée conjointement par Bruxelles et Ottawa.La campagne « Agir pour l’Ukraine » cherche à mobiliser les gouvernements, les institutions, les artistes, les entreprises et les particuliers à allouer des fonds pour soutenir les efforts humanitaires en Ukraine et dans les pays voisins, a expliqué le bureau du premier ministre canadien Justin Trudeau, dans un communiqué co-signé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Mme Von der Leyen et M. Trudeau ont indiqué répondre à l’appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky pour qu’ait lieu le 9 avril, un grand rassemblement […] sur les médias sociaux pour soutenir les personnes qui ont été forcées de fuir l’Ukraine.
L’initiative de la Commission européenne et du gouvernement canadien est effectuée en partenariat avec l’Organisation non gouvernementaleONG Global Citizen.
Elle aura pour point d’orgue […] une conférence des donateurs organisée le 9 avril par la présidente de la Commission européenne, Mme Von der Leyen, et le premier ministre Justin Trudeau, qui aura pour objectif de lever des fonds et de mobiliser un soutien plus large en faveur des réfugiés et déplacés ukrainiens.
Près de 3,8 millions de personnes ont fui l’Ukraine, majoritairement pour la Pologne, depuis l’invasion de l’armée russe le 24 février, selon l’Organisation des Nations uniesONU, qui estime à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l’intérieur de l’Ukraine.
Au total, plus de dix millions de personnes, soit plus d’un quart de la population, ont dû quitter leur foyer.
Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse
Dans un discours aux dirigeants de l’alliance transatlantique, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie d’avoir utilisé des bombes au phosphore.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a accueilli le président américain Joe Biden à son arrivée au quartier général de l’OTAN, à Bruxelles Photo : Getty Images/FP/Pool/Evan Vucci
L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est « déterminée à faire tout ce qu’elle peut » pour aider l’Ukraine à se défendre contre l’invasion russe, mais en s’assurant d’éviter toute « escalade » susceptible d’entraîner les alliés dans une « guerre totale » contre la Russie, a annoncé jeudi son secrétaire général, Jens Stoltenberg.
Nous saluons les offres concrètes [de soutien] faites par les alliés aujourd’hui, a dit Jens Stoltenberg au terme du sommet extraordinaire de l’OTAN, à Bruxelles. En même temps, nous avons la responsabilité de nous assurer qu’il n’y a pas d’escalade dans ce conflit. Ce serait encore plus dangereux et dévastateur.
Selon lui, les pays membres l’OTAN ont déjà fourni à l’Ukraine des armes antitanks, des systèmes de défense antiaérienne et des drones, ainsi que de l’aide financière et humanitaire depuis le début de l’invasion russe, il y a exactement un mois, et ils continueront de le faire. De l’aide contre de potentielles cyberattaques sera offerte.
L’alliance transatlantique va notamment fournir à l’Ukraine des équipements de protection contre les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. Il pourrait s’agir de détection, d’équipement, de protection et de soutien médical, ainsi que de formation à la contamination et à la gestion des crises, a dit M. Stoltenberg.
Nous améliorons également l’état de préparation des forces alliées, a-t-il ajouté. Le commandant suprême des forces militaires de l’Alliance, le général Walters, a activé les éléments de défense chimique, biologique, radiologique et nucléaire de l’OTAN et nos alliés déploient des moyens de défense pour renforcer les forces des groupements tactiques.
Dans un discours prononcé par visioconférence dans le cadre du sommet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie d’avoir utilisé des bombes au phosphore, selon la traduction en français fournie par son bureau. Cette accusation n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante.
« Ce matin, soit dit en passant, il y a eu des bombes au phosphore. Des adultes ont été tués à nouveau et des enfants ont été tués à nouveau. »— Une citation de Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine
Interrogé à ce sujet, M. Stoltenberg a éludé la question, se contentant de dire que l’OTAN disposait d’informations crédibles d’utilisation de force militaire contre des civils en Ukraine, ce qui pourrait constituer des crimes de guerre.
Un nouveau concept stratégique de défense présenté en juin
M. Stoltenberg a par ailleurs confirmé que quatre nouveaux groupements tactiques seront déployés sur le flanc est de l’OTAN, soit en Bulgarie, en Roumanie, en Hongrie et en Slovaquie, ce qui portera à huit le nombre de ces groupements déployés en Europe de l’Est. Les autres se trouvent en Pologne et dans les pays baltes.
À l’heure actuelle, a-t-il noté, plus de 100 000 militaires américaines sont présents en Europe, et 40 000 autres sont sous commandement direct de l’OTAN sur le flanc est. C’est du jamais vu.
Il a aussi réitéré que l’alliance va accroître ses efforts de dissuasion pour faire face à la nouvelle réalité engendrée par la guerre, en augmentant le niveau de préparation de ses forces terrestres, aériennes et navales. Un nouveau concept stratégique de défense devrait être adopté lors du prochain sommet, en juin, à Madrid, a-t-il dit.
Lors de ce sommet, certains pays devraient également présenter leur plan pour accroître leurs dépenses militaires, a-t-il précisé, sans les nommer. En vertu d’une entente conclue en 2014, les membres de l’alliance doivent consacrer 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires d’ici 2024.
« La sécurité, ce n’est pas gratuit. En faire plus coûtera plus. Alors les dirigeants de l’OTAN ont accepté de redoubler leurs efforts. »— Une citation de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN
Le Canada fait partie des pays qui ne respectent pas encore cet engagement, avec des dépenses militaires qui atteignent 1,4 % du PIB. Le premier ministre canadien Trudeau, qui était présent au sommet jeudi, a récemment avancé qu’il était prêt à augmenter les dépenses militaires du pays, mais sans s’engager formellement.
Zelensky a réclamé 1 % du matériel de l’OTAN
Lors de son discours aux dirigeants des pays de l’OTAN, le président Zelensky a déploré ne pas avoir eu de réponse claire de l’OTAN à la requête de l’Ukraine pour que l’organisation impose une zone d’exclusion aérienne au-dessus de son territoire, ni en ce qui concerne des demandes pour obtenir des chasseurs ou des tanks.
Le pire pendant la guerre, c’est de ne pas avoir de réponses claires aux demandes d’aide, a-t-il lancé aux dirigeants des pays de l’Alliance, après avoir indiqué qu’il souhaite obtenir 1 % des appareils qu’ils détiennent, dont 500 de leurs 20 000 chars.
« Je veux juste que vous sachiez que l’Alliance peut encore empêcher la mort d’Ukrainiens à cause des frappes russes, de l’occupation russe, en nous fournissant toutes les armes dont nous avons besoin. »— Une citation de Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine
Vous pouvez nous donner 1 % de tous vos avions, 1 % de tous vos réservoirs. 1 %! Nous ne pouvons pas simplement l’acheter. Un tel approvisionnement ne dépend directement que des décisions de l’OTAN, des décisions politiques, a plaidé M. Zelensky.
« Vous avez des milliers d’avions de chasse, mais on ne nous en a pas encore donné un. […] Vous avez au moins 20 000 chars. L’Ukraine a demandé un pourcentage, 1 %. Donnez-nous ou vendez-nous. »— Une citation de Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine
Interrogé à ce sujet, Jens Stoltenberg n’a donné aucune indication que les pays membres de l’alliance sont disposés à agir de la sorte, en réitérant simplement qu’ils feront ce qu’ils peuvent pour aider l’Ukraine à se défendre, mais en évitant une guerre totale avec la Russie. Il faut être honnête par rapport à ça, a-t-il admis.
Le mandat de Stoltenberg prolongé
Les dirigeants des pays membres de l’OTAN ont par ailleurs profité du sommet pour annoncer la prolongation du mandat de M. Stoltenberg à la tête de l’Alliance en raison de la guerre en Ukraine. L’ancien premier ministre norvégien restera ainsi en poste jusqu’au 30 septembre 2023, a-t-il lui-même annoncé sur Twitter.
« Alors que nous sommes confrontés à la plus grande crise de sécurité depuis une génération, nous sommes unis pour maintenir notre Alliance forte et nos citoyens en sécurité. »— Une citation de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN
En poste depuis 2014, le secrétaire général de l’OTAN devait originalement quitter son poste à l’automne pour prendre la tête de la banque centrale de Norvège à compter du 1er décembre. L’institution avait fait l’annonce de cette nomination le mois dernier. L’invasion russe de l’Ukraine est toutefois venue bousculer cet agenda.
Peu avant l’annonce de la décision, l’actuel premier ministre norvégien, Jonas Gahr Store, avait dit soutenir la prolongation du mandat de M. Stoltenberg. Pour la Banque de Norvège, des solutions transitoires, avec un possible intérim de la vice-présidente à la tête de l’institution, sont à l’étude, selon le gouvernement norvégien.
Le monde doit arrêter la guerre, dit Zelensky
Avant de prononcer son discours à l’OTAN, le président Zelensky a lancé un appel enflammé aux citoyens du monde entier à manifester contre l’invasion russe de son pays, un mois après le début de la guerre.
Allez-y avec des symboles ukrainiens pour défendre l’Ukraine, pour défendre la liberté, pour défendre la vie! a lancé M. Zelensky dans la nuit de mercredi à jeudi dans un message vidéo en anglais. Retrouvez-vous sur les places, dans la rue, montrez-vous et faites-vous entendre!
Exprimez-vous, manifestez depuis vos bureaux, vos maisons, vos écoles et vos universités, manifestez au nom de la paix!, a martelé le président. Le monde doit arrêter la guerre.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a soutenu dans une entrevue avec une chaîne télévisée espagnole que les Russes ne veulent rien négocier actuellement. Tout ce qu’ils veulent, c’est occuper le territoire.
La Russie veut encercler la côte jusqu’à la frontière avec la Moldavie et isoler l’Ukraine de la mer. La Russie voudra négocier seulement lorsqu’elle aura obtenu une position de force, a ajouté Josep Borrell.
M. Borrell a déclaré que l’Union européenne et ses alliés continueront à fournir une aide militaire à l’armée ukrainienne.
Par Radio-Canada avec les informations de Agence France Presse, Associated Press, BBC, Reuters et The Guardian