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Congo-Diaspora: Alain Mabanckou se brûle les ailes

avril 16, 2022

Tel Icare mort après avoir volé trop près du Soleil alors qu’il s’échappait du labyrinthe avec des ailes créées par son père avec de la cire et des plumes, monsieur Alain Mabanckou vient de se confronter à la triste réalité : l’on ne peut pas faire semblant tout le temps car la réalité nous rattrape toujours. 

S’il était un ami, j’aurai titré : « Alain Mabanckou, l’ami perdu à jamais. » 

On le voyait vociférer à juste raison contre la dictature du Congo-Brazzaville. Mais, nous avons aussi oublié que tout homme a un prix. Quel a été celui de monsieur Alain Mabanckou ? Seul lui sait et c’est là notre drame de céder au chant des sirènes. 

L’on pensait qu’il était des nôtres dans cette lutte de libération du Congo-Brazzaville contre la dictature qui sévit au Congo-Brazzaville. Avez-vous oublié dans ce pays que le deuxième Président de la République Alphonse Massamba-Débat n’a pas de sépulture, évaporé dans la nature ? Avez-vous oublié ces assassinats de masse des Congolais par des Congolais au petit matin avec des cours révolutionnaires réactionnaires ? Avez-vous oublié les 353 disparus du Beach de Brazzaville ? Avez-vous oublié l’emprisonnement arbitraire pour atteinte à la sureté de l’État du général Jean-Marie Michel Mokoko et du ministre André Okombi Salissa, candidats à l’élection présidentielle du 20 mars 2016 ? Avez-vous oublié tout simplement la misère que vit le peuple congolais dans le déshonneur depuis des lustres ? C’est vrai que l’éloignement éloigne les sentiments et que la Californie n’est pas à côté du Congo-Brazzaville en Afrique, mais aux États-Unis en Amérique du Nord.  

Après son rendez-vous en juin 2016 avec François Hollande, Président de la France, à qui il reprochait ‘‘le long silence du président français’‘ concernant l‘élection présidentielle de mars 2016 au Congo-Brazzaville, monsieur Alain Mabanckou se mura dans le silence, ne dit aucun mot à ce sujet, alors qu’il était perçu par nombreux d’entre nous comme l’un des possibles leaders pouvant porter les revendications du peuple congolais au niveau international afin qu’une solution soit trouvée pour mettre fin à la misère et au cauchemar que subissaient et continuent à subir ce peuple autrefois vaillant. Il avait accès aux médias et aux puissants de ce monde. L’on peut comprendre le secret des conversations. Mais ici, c’est un silence de cathédrale et glacial auquel les Congolaises et les Congolais avaient eu droit. Je ne puis penser que ce fut du mépris. 

François Hollande est ce Président socialiste français qui a mis un frein et une fin à notre volonté de démocratie au Congo-Brazzaville en déclarant : « Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre ». Ainsi, il avait trahi l’esprit de son discours de Dakar (Sénégal) vu comme une mise en garde pour les dirigeants africains tentés de se maintenir au pouvoir « en violant l’ordre constitutionnel ». 

Nous avons tous oublié que monsieur Alain Mabanckou n’était qu’un universitaire et pas un intellectuel engagé qui ne peut se renier tel une girouette qui indique la direction du vent. Ce n’est pas la girouette qui change mais le vent.  

Mais quel mauvais vent a pris monsieur Alain Mabanckou pour aller faire l’éloge de madame Belinda Ayessa, l’une des nombreuses concubines de monsieur Denis Sassou Nguesso et fille de monsieur Firmin Ayessa le vice-premier ministre de la République du Congo, également chargé de la fonction publique, de la réforme de l’État, du travail et de la sécurité sociale depuis août 2017. 

Madame Belinda Ayessa est la directrice du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, un esclavagiste, alors que rien dans ce pays ne met en valeur par ce pouvoir tyrannique certains de nos anciens Présidents de la république. Tout un paradoxe.  

Monsieur Alain Mabanckou fait l’éloge de madame Belinda Ayessa en la tutoyant depuis la Californie, lors d’une vidéo postée sur les réseaux sociaux qui devait peut-être rester du domaine privé. Hélas ! Ceci traduit une proximité entre les deux car ce qui se ressemble s’assemble. Bien que madame Belinda Ayessa ait reçu en visite à Brazzaville les jeunes et les professeurs congolais qui enseignent la littérature, « l’imaginaire congolais », monsieur Alain Mabanckou promet de faire ce travail, lequel, ensemble avec madame Belinda Ayessa. Il a par ailleurs invité cette dernière à aller expliquer, parler du travail qu’elle fait au Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza à son université de Californie à Los Angeles (communément désignée par l’acronyme UCLA, ou University of California, Los Angeles), notamment au département d’histoire et même au département des civilisations. En plus, monsieur Alain Mabanckou est en spiritualité mais aussi du côté du cœur avec Belinda Ayessa et ses hôtes. Mais, cette fois-ci ce n’est pas le cœur de monsieur Alain Mabanckou qui nous tracasse mais son cerveau. 

Monsieur Alain Mabanckou est celui qui avait critiqué le ministre de la Culture du Congo-Brazzaville au salon du livre à Paris en disant « Qu’il vit dans un pays qui n’a pas de culture. Les plus grands écrivains son là-bas, mais dont la politique culturelle est l’une des plus désastreuses que je n’ai jamais vue dans l’espace du continent africain et l’histoire retiendra cela … » Cette critique faisait suite à l’absence d’images sur la télévision congolaise de la leçon inaugurale de monsieur Alain Mabanckou au Collège de France le jeudi 17 mars 2016. C’était son ego qui était atteint. Avait-il oublié que chaque média a sa ligne éditoriale ? 

Si l’on comprend bien maintenant au Congo-Brazzaville, la culture est incarnée par madame Belinda Ayessa à travers laquelle il s’adresse à la jeunesse congolaise. Quelle lubie ! À la jeunesse congolaise de savoir que tout ce qui brille n’est pas de l’or, mais parfois c’est du toc. 

Monsieur Alain Mabanckou, vous avez tant fait rêver la jeunesse congolaise qui se retrouve aujourd’hui orpheline à cause de vos errements. 

Oui monsieur Alain Mabanckou, chacun de nous a le droit d’avoir ses amies et ses amis. Mais dans le contexte du Congo-Brazzaville et selon votre parcours antérieur, comprenez que nous soyons surpris par cette proximité avec « votre très très chère Belinda Ayessa » qui est l’incarnation même du pouvoir dictatorial du Congo-Brazzaville que nous avons tous jadis combattu.  

À l’attention de madame Belinda Ayessa, tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. 

Ce n’est pas une immixtion dans la vie privée de monsieur Alain Mabanckou qui est par ailleurs un personnage public. 

Pour certains d’entre nous, monsieur Denis Sassou Nguesso serait-il devenu un despote éclairé ? À cette allure, il ne restera plus qu’à écrire un livre à sa gloire. Serait-ce la prochaine étape ? 

N’est pas un intellectuel engagé qui veut, car la cohérence de la pensée et de l’action est un élément structurant de la vision que l’on se fait de sa société et du monde environnant.  

Monsieur Alain Mabanckou, votre aura a pâti et vôtre étoile a pâli. « La petite vérole », vous nous manquerez. 

Le peuple congolais ne renoncera jamais à son désir de liberté, à sa dignité, malgré le départ des petits couteaux. 

C’est Victor Hugo poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français qui disait « Fidèle à l’engagement que j’ai pris vis-à-vis de ma conscience, je partagerai jusqu’au bout l’exil de la liberté. Quand la liberté rentrera, je rentrerai. Victor Hugo, déclaration du refus de l’amnistie, 18 août 1859.  

N’est pas Victor Hugo qui veut, personnalité politique et un intellectuel engagé qui a joué un rôle majeur dans l’histoire du XIXe siècle. 

« On peut tout fuir, sauf sa conscience. » écrivait Stefan Zweig. 

Alain Mabanckou est maintenant seul face à sa conscience. 

Adieu l’étoile filante qui va se consumer dans le cosmos de la platitude. 

Avec Congo-liberty.com par Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

Prix littéraire : Alain Mabanckou désigné juge au Booker prize

janvier 13, 2022

Le romancier, poète et professeur, Alain Mabanckou, figure parmi les cinq juges nommés cette année au prestigieux prix britannique.

 

1- Alain Mabanckou/ DR

L’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou intègre le jury du Booker Prize 2022 aux côtés de l’historien de la culture, écrivain et diffuseur de l’art écossais, Neil MacGregor; de l’universitaire et animatrice Shahidha Bari; de l’historienne Helen Castor et du romancier et critique, John Harrison. Il aura pour mission de désigner le meilleur roman de langue anglaise paru entre le 1er octobre 2021 et le 30 septembre 2022.

 Auteur de nombreux romans, essais et recueils de poésie, Alain Mabanckou, double finaliste du Man Booker Prize International en 2015 et 2017, fait la fierté de l’Afrique et de son pays natal, le Congo.  Il a remporté le prix Renaudot en 2006 pour son roman Mémoires de porc-épic (Seuil). Son roman Verre cassé a été classé par le Guardian parmi les dix meilleurs livres du XXIe siècle.

Enseignant aux Etats-Unis et chroniqueur à L’Obs, le Franco-Congolais dirige depuis 2021 la collection « Points Poésie » de la Maison poche.  Il est l’un des romanciers les plus connus de France, ses travaux sont publiés principalement en français.

Outre la littérature, Alain Mabanckou fait aussi du cinéma. Une exclusivité à suivre le 18 janvier à 21h10 sur France 2 (et plus tard sur TV5), le documentaire « Noirs en France » qu’Aurélia Perreau et Alain Mabanckou ont écrit et dont il est également le narrateur. « Il s’agit de ma première expérience d’écriture de documentaire long métrage. Et aussi de la narration », a-t-il dit sur sa page Facebook.

Des félicitations viennent de partout. « Bravo, vous faites la fierté de l’Afrique. C’est un honneur pour le pays. En contrepartie, nous vous témoignons notre soutien indéfectible. C’est l’Afrique et le Congo qui gagnent. Félicitation à notre pèlerin », écrit-on sur différentes pages Facebook

Alain Mabanckou, surnommé « le Beckett africain », a grandi à Pointe-Noire, en République du Congo, et a étudié le droit à Brazzaville et à Paris.

2-Les cinq juges nommés pour le Booker prize /DR

Le Booker Prize récompense chaque année le meilleur roman original écrit en anglais et verse au vainqueur un chèque de 50 000 livres (environ 55 000 euros). En 2021, le prix a récompensé le Sud-Africain Damon Galgut pour son roman « The promise ».

Le prix Booker a été créé en 1968, l’un des plus importants prix littéraires remis annuellement. Seuls les romans de fiction rédigés en anglais sont susceptibles d’être primés  et  doivent avoir été écrits par un auteur vivant.

Avec Adiac-Congo par Rosalie Bindika

Élection présidentielle Congo 2021 : Alain Mabankou appelle à un scrutin apaisé

mars 18, 2021

À quelques jours du 1er tour de l’élection présidentielle au Congo, l’écrivain congolais, Alain Mabankou, appelle ses compatriotes au calme et les invite à aller voter le 21 mars.

Capture d'écran, Alain Mabanckou à l'adresse de ses compatriotes à propos de l'élection présidentielle 2021 au Congo

Photo : Capture d’écran, Alain Mabanckou à l’adresse de ses compatriotes à propos de l’élection présidentielle 2021 au Congo

Par un message relayé par Ziana TV, Alain Mabankou, depuis l’étranger, s’est adressé aux Congolais. Contrairement à ses précédentes habilités rhétoriques contre le pouvoir en place, l’auteur de Black Bazar a tenu plutôt des paroles apaisantes à propos de l’élection présidentielle du 21 mars.

En substance, lélection présidentielle est un moment essentiel dans la vie d’une Nation. Il faudrait choisir un des candidats en son âme et conscience. Que ses compatriotes regardent tout autour d’eux. Ils pourront se dire qu’ils n’ont pas le choix face à des candidats tous pareils.

« Vous n’avez pas tort.  Mais il suffit de faire le jeu de la démocratie. Il faut aller voter. Il faut aller dire par l’expression de votre voix ce que vous ressentez« ,exhorte-t-il.

« En ce qui me concerne, j’ai toujours gardé une certaine indépendance et c’est peut-être cela qui pourrait faire notre attraction réciproque« ,confie l’écrivain.

« Je dirai que le constat que j’ai fait de la politique de mon pays est un constat malheureusement triste. Les mêmes personnes et les mêmes histoires qui tournent. La jeunesse qui est verrouillée. La liberté de presse qui n’existe pas. Tout cela constitue de vrais chantiers qui n’ont jamais été entamés. Mais de grâce, si vous allez voter, puisqu’il faut aller voter, faites-le dans le calme, faites-le dans la dignité; parce que le Congo est plus fort que les personnes qui  ne recherchent que le pouvoir. Le Congo restera. Les hommes passeront.« 

Et de conclure : « Merci chers compatriotes, de vous dire, que tout, mais tout sera toujours inférieur par rapport à l’honneur et à la valeur du Congo-Brazzaville.

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma

 

« Monsieur Mabanckou, vous détournez l’objet de la francophonie pour un combat personnel »

février 4, 2018

 

Le doctorant Bertrand Ollivier déplore le refus de l’écrivain de participer aux travaux sur la langue française

L’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, à Paris, le 6 juillet 2015. Crédits : JOËL SAGET/AFP

Tribune. Cher Monsieur Mabanckou, vous détournez l’objet de la francophonie pour un combat personnel. En amoureux des mots, d’où qu’ils viennent, et en admirateur de votre prose, j’ai sincèrement regretté que vous refusiez de participer aux travaux de réflexion sur la langue française auxquels le président Macron vous avait invité. Je l’ai d’autant plus regretté que je vous suis un fidèle lecteur et que je partage un grand nombre de vos opinions.

Alors, certes, c’est votre droit le plus entier. Mais laissez-moi déplorer que vous n’ayez pas daigné quitter votre soleil californien pour faire valoir vos pensées et vos réflexions de manière plus étayée, en terre francophone, au service du riche et fort estimable débat que vous auriez pu initier à cette occasion.

Pour justifier votre décision, dans la lettre ouverte à Emmanuel Macron publiée le 15 janvier sur le site de L’Obs, vous accusez insidieusement le président français d’observer un silence complice vis-à-vis des manquements aux rappels démocratiques que se devrait de formuler l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à l’encontre de quelques pays africains. Vous reprochez en quelque sorte à un jeune président élu de ne pas s’immiscer dans la conduite des décisions d’une organisation internationale indépendante forte de 84 Etats membres. N’est-ce pas, pourtant, ce que les farouches dénonciateurs de la Françafrique attendent ? Vous-même indiquez que « la Francophonie est malheureusement encore perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies ».

Trouver un consensus

Vos propos sont la dernière preuve, s’il en était besoin, que le président français – qu’il s’exprime dans un cadre bilatéral ou sous couvert du multilatéralisme de la francophonie – ne dispose que d’une très faible marge de critique avant de se voir affublé d’une étiquette néocoloniale qui nuirait à l’ensemble de ses rapports avec les pays d’Afrique et, par ricochet, à la langue française, celle-là même que vous portez si haut. Vous mettez également en cause les accointances de la Francophonie institutionnelle avec quelques despotes africains.

De la sorte, vous mésestimez les avancées en matière de démocratisation des régimes depuis la signature des déclarations de Bamako (2000) et de Saint-Boniface (2006). Certes, les progrès sont lents, trop lents, comme toujours avec les organisations intergouvernementales. Mais comment ne pourraient-ils pas l’être lorsqu’il s’agit de trouver un consensus commun en matière démocratique entre le Canada, la République démocratique du Congo, le Cambodge et des dizaines d’Etat aux cultures antagonistes dans le respect de leurs souverainetés propres ?

Paradoxalement, vos propos prêtent à l’OIF des pouvoirs et une influence dont, par nature, elle ne dispose pas. En revanche, ils soulèvent bien la question lancinante des limites de l’universalité pour une telle organisation. Au nom de la langue française, vous appelez le président Macron à lancer des appels à la liberté aux jeunes Africains. Mais la France, éprise de son universalisme, drapée dans le linceul de sa liberté, forte de son arrogance, n’a que trop cherché à diffuser ses valeurs au sein de pays n’ayant ni son histoire, ni sa culture, ni ses ressources, au nom de principes moraux qu’elle qualifiait d’intangibles.

A l’heure où des exemples récents nous montrent que de simples changements de dirigeants ne constituent en rien la garantie d’une démocratisation des régimes, comment le président Macron pourrait-il se hasarder à lancer des appels aveugles au changement de régime qui pourrait avoir un arrière-goût d’anarchie, ou pire, comme en Libye ? Ces changements de régime, qui s’imposent de toute évidence dans certains pays, doivent résulter de mouvements populaires et massifs, à l’instar de celui qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir burkinabé en 2014, et en aucun cas d’appels extérieurs.

Un levier du multilinguisme

Mais vous me conduisez, Monsieur Mabanckou, sur des terrains glissants j’en conviens. Je voulais simplement vous parler de la langue française. En usant d’un prétexte politique pour refuser de contribuer aux réflexions engagées, vous détournez l’objet même de la francophonie – celui de notre langue dont il nous faut repenser le lien – pour un combat personnel à l’égard de quelques potentats que le temps et les sociétés civiles se chargeront de remplacer bien plus vite que ne pourraient le faire quelques valeureux communiqués de la Francophonie ou de l’Elysée.

Pourquoi ne pas tenter de dépassionner les débats politiques autour de cette langue. Certes, j’entends Alexandre Najjar lorsqu’il dit que « le culturel devient fatalement politique », mais tâchons collectivement de faire du français l’arène d’un dialogue interculturel apaisé, un contrepoids face à la globalisation dévorante, un levier du multilinguisme, un outil de compréhension des cultures africaines, arabes, berbères, nord-américaines, océaniques et européennes. Etendons l’art de la palabre en Europe et développons la parenté à plaisanterie dans le Maghreb. Comme le dit Leïla Sebbar, « une famille politique, c’est quoi, lorsque la famille naturelle, côté père, côté mère, est à ce point oubliée dans la parole quotidienne ? ». Le quotidien francophone, ses usages et ses expressions, ses pratiques et ses évolutions à travers les cinq continents, voilà la source d’un projet francophone porteur auquel vous pourriez insuffler mille idées.

Il est certes fort louable que votre décision s’inscrive en solidarité avec les jeunesses de pays africains en mal d’élections. Mais, malheureusement, en agissant ainsi, c’est l’ensemble de la communauté francophone mondiale que vous privez de vos lumières. C’est la place du précieux fil noir qui relie le roman francophone à ses histoires et racines multiples que vous amenuisez. C’est la parole de tous ces formidables auteurs nés hors de France, injustement méconnus, que vous n’amplifiez pas. C’est, finalement, cet imaginaire monde dont vous parlez, si vaste, si riche, fertile terrain de la nécessaire fusion des univers littéraires francophone et français, que vous refusez de partager. Indubitablement, vous manquerez à ces réflexions. Je vous prie de croire, cher Monsieur Mabanckou, en mes considérations les plus respectueuses.

Lemonde.fr par Bertrand Ollivier est doctorant au Centre Thucydide de l’université Paris-II Panthéon-Assas

Francophonie, langue française: lettre ouverte à Emmanuel Macron

janvier 15, 2018

Mabanck

Le président de la République a proposé à Alain Mabanckou de contribuer aux « travaux de réflexion » qu’il souhaite « engager autour de la langue française et de la Francophonie ». L’auteur de « Verre cassé » lui répond.

Monsieur le Président,

Dans votre discours du 28 novembre à l’université de Ouagadougou, puis dans un courrier officiel que vous m’avez adressé le 13 décembre, vous m’avez proposé de «contribuer aux travaux de réflexion que vous souhaitez engager autour de la langue française et de la Francophonie.»

Au XIXème siècle, lorsque le mot «francophonie» avait été conçu par le géographe Onésime Reclus, il s’agissait alors, dans son esprit, de créer un ensemble plus vaste, pour ne pas dire de se lancer dans une véritable expansion coloniale. D’ailleurs, dans son ouvrage «Lâchons l’Asie, prenons l’Afrique» (1904), dans le dessein de «pérenniser» la grandeur de la France il se posait deux questions fondamentales: «Où renaître ? Comment durer ?»

Qu’est-ce qui a changé de nos jours ? La Francophonie est malheureusement encore perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies. Repenser la Francophonie ce n’est pas seulement «protéger» la langue française qui, du reste n’est pas du tout menacée comme on a tendance à le proclamer dans un élan d’auto-flagellation propre à la France. La culture et la langue françaises gardent leur prestige sur le plan mondial.

Les meilleurs spécialistes de la littérature française du Moyen-Âge sont américains. Les étudiants d’Amérique du Nord sont plus sensibilisés aux lettres francophones que leurs camarades français. La plupart des universités américaines créent et financent sans l’aide de la France des départements de littérature française et d’études francophones. Les écrivains qui ne sont pas nés en France et qui écrivent en français sont pour la plupart traduits en anglais: Ahmadou Kourouma, Anna Moï, Boualem Sansal, Tierno Monénembo, Abdourahman Waberi, Ken Bugul, Véronique Tadjo, Tahar Ben Jelloun, Aminata Sow Fall, Mariama Bâ, etc. La littérature française ne peut plus se contenter de la définition étriquée qui, à la longue, a fini par la marginaliser alors même que ses tentacules ne cessent de croître grâce à l’émergence d’un imaginaire-monde en français.

Tous les deux, nous avions eu à cet effet un échange à la Foire du livre de Francfort en octobre dernier, et je vous avais signifié publiquement mon désaccord quant à votre discours d’ouverture dans lequel vous n’aviez cité aucun auteur d’expression française venu d’ailleurs, vous contentant de porter au pinacle Goethe et Gérard de Nerval et d’affirmer que «l’Allemagne accueillait la France et la Francophonie», comme si la France n’était pas un pays francophone!

Dois-je rappeler aussi que le grand reproche qu’on adresse à la Francophonie «institutionnelle» est qu’elle n’a jamais pointé du doigt en Afrique les régimes autocratiques, les élections truquées, le manque de liberté d’expression, tout cela orchestré par des monarques qui s’expriment et assujettissent leurs populations en français? Ces despotes s’accrochent au pouvoir en bidouillant les constitutions (rédigées en français) sans pour autant susciter l’indignation de tous les gouvernements qui ont précédé votre arrivée à la tête de l’Etat.

Il est certes louable de faire un discours à Ouagadougou à la jeunesse africaine, mais il serait utile, Monsieur le Président, que vous prouviez à ces jeunes gens que vous êtes d’une autre génération, que vous avez tourné la page et qu’ils ont droit, ici et maintenant, à ce que la langue française couve de plus beau, de plus noble et d’inaliénable: la liberté.

Par conséquent, et en raison de ces tares que charrie la Francophonie actuelle – en particulier les accointances avec les dirigeants des républiques bananières qui décapitent les rêves de la jeunesse africaine –, j’ai le regret, tout en vous priant d’agréer l’expression de ma haute considération, de vous signifier, Monsieur le Président, que je ne participerai pas à ce projet.

Bibliobs.nouvelobs.com par Alain Mabanckou
Santa Monica, le 15 janvier 2018

Alain Mabanckou rend hommage aux lecteurs Londoniens

juillet 4, 2017

MERCI !!! Hommage aux lecteurs de Londres.

Londres: Alain Mabanckou en Conversation ce 2 juillet 2017

juillet 1, 2017

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Knowledge Centre – The British Library
96 Euston Road – London
 

Date/Time
Date(s) – 02 Juil 2017
5:00 – 6:30

Location
Knowledge Centre – The British Library

 

Mabanckou © Hermance Triay c

Alain Mabanckou en Conversation

Le prolifique poète et romancier congolais francophone discute du langage, du style et de la politique. Auteur de six volumes de poésie et de six romans, dont African Psycho, Verre cassé et Mémoires de porcépic, l’écriture de Mabanckou est riche en jeux de mots, en questions philosophiques et en humour. Rejoignez-le alors qu’il explore la langue, le style et la politique, et son parcours en tant qu’écrivain à Pointe-Noire.

Plein prix: £10.00
Membre: £10.00
Senior 60+: £8.00
Étudiant: £7.00
Chômeur/se: £7.00
Moins de 18 ans: £7.00

Évènement organisé par Africa Writes.

Plus d’info et réservation ici

France: Alain Mabanckou vous invite ce samedi 1er juillet en région parisienne

juin 30, 2017

Pour introniser sa nouvelle nationalité RDC, Alain Mabanckou vous invite ce samedi 1er juillet 2017, à 17h00, en région parisienne à Enghien-Les-Bains.

Bernard NKOUNKOU

Quand Alain Mabanckou devient par erreur écrivain de la RDC pour une conférence de l’Unesco

juin 30, 2017

Le 30 juin, jour historique de l’indépendance de la RDC, Alain Mabanckou est devenu écrivain de ce pays avec un badge portant son identité.

Invité pour participer à la Conférence-dédicace de l’Unesco, à Enghien-Les-Bains, il a accepté l’erreur commise sur une partie de son identité même s’il est devenu persona non grata dans son pays d’origine.

 

 

Bernard NKOUNKOU

Alain Mabanckou explore la diversité dans « Penser et écrire l’Afrique aujourd’hui »

avril 5, 2017

 

 

Avec La Grande Librairie