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La justice russe condamne Alexeï Navalny à 9 ans de prison

mars 22, 2022

L’opposant le plus célèbre de Russie, Alexeï Navalny, a été condamné mardi à 9 ans de prison pour « escroquerie » et « outrage à magistrat ».

L’opposant russe Alexei Navalny a été reconnu coupable d’escroquerie et d’outrage à magistrat mardi, par un tribunal russe.© KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

Une juge russe – Margarita Kotova – a reconnu mardi 22 mars Alexeï Navalny coupable d’« escroquerie » et d’outrage à magistrat, avant qu’un verdict ne soit finalement prononcé dans l’après-midi. Alexeï Navalny a écopé de neuf ans de prison. À cela s’ajoutent une peine d’un an et demi de liberté surveillée et une amende de 1,2 million de roubles, soit environ 10 000 euros au taux du jour, alors que le détracteur du Kremlin est déjà emprisonné depuis plus d’un an.

Il devra purger sa peine dans une « colonie pénitentiaire de régime sévère », ce qui signifie que ses conditions de détention vont devenir plus strictes. Le charismatique militant anticorruption et ancien avocat, âgé de 45 ans, était jugé depuis mi-février derrière les murs de sa colonie pénitentiaire, à 100 kilomètres à l’est de Moscou, dans un tribunal improvisé. Alexeï Navalny était accusé d’avoir détourné des millions de roubles de dons versés à ses organisations de lutte contre la corruption et d’« outrage au tribunal » au cours d’un précédent procès.

« Poutine a peur de la vérité »

Après le verdict, Alexeï Navalny a affirmé qu’il poursuivrait son combat contre le Kremlin, estimant que Vladimir Poutine a « peur de la vérité ». « La lutte contre la censure, amener la vérité aux habitants de la Russie, reste notre priorité », a-t-il expliqué. Ses avocats ont par ailleurs été arrêtés devant la colonie pénitentiaire dans laquelle il avait été condamné quelques minutes auparavant au motif, semble-t-il, qu’ils gênaient la circulation automobile devant la prison en parlant avec la presse.

En août 2020, il était tombé gravement malade en Sibérie, victime d’un empoisonnement à un agent neurotoxique commandité, selon lui, par le président russe en personne. Le Kremlin dément, mais les autorités russes n’ont jamais enquêté sur cette tentative d’assassinat présumée. Dès son retour en Russie en janvier 2021, après cinq mois de convalescence, il a été arrêté puis condamné à deux ans et demi de prison pour une affaire de « fraudes » remontant à 2014 et impliquant l’entreprise française Yves Rocher.

En juin 2021, ses organisations, qui militaient depuis des années dans toute la Russie, sont désignées « extrémistes » et interdites sur-le-champ, poussant à l’exil de nombreux militants pour éviter des poursuites. D’autres ont depuis été arrêtés et risquent de lourdes peines de prison. Cette répression inlassable, qui s’est accompagnée de l’interdiction des derniers médias et ONG critiques du Kremlin, a suscité un tollé dans les pays occidentaux et des sanctions contre Moscou.

15 000 opposants à la guerre en Ukraine interpellés en Russie

Même depuis sa colonie pénitentiaire, Alexeï Navalny continue de transmettre des messages fustigeant le pouvoir de Vladimir Poutine. Depuis l’offensive en Ukraine, il s’est fermement prononcé contre les combats. Il n’a cessé d’appeler à manifester contre le conflit malgré les risques encourus, les autorités ayant encore renforcé leur arsenal juridique, avec de lourdes peines de prison à la clé, pour étouffer toute critique de l’armée russe. Malgré tout, plus de 15 000 personnes ont été interpellées en Russie en près d’un mois pour avoir manifesté contre l’offensive, selon l’ONG spécialisée OVD-Info.

Parallèlement, le pouvoir russe a aussi renforcé son emprise sur la diffusion d’informations sur le conflit, en bloquant en Russie l’accès à des dizaines de médias locaux et étrangers. Lundi, la justice russe a également interdit les populaires réseaux sociaux américains Instagram et Facebook, accusés, comme Navalny, « d’extrémisme ». Ceux-ci sont déjà bloqués en Russie, tout comme Twitter et TikTok.

Avec Le Point

Le prix Sakharov du Parlement européen décerné à Alexeï Navalny

octobre 20, 2021

Ce choix a immédiatement été salué par le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, sur fond de tensions entre la Russie et les Occidentaux.

Ce choix a immediatement ete salue par le secretaire general de l'Otan, Jens Stoltenberg, sur fond de tensions entre la Russie et les Occidentaux.
Ce choix a immédiatement été salué par le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, sur fond de tensions entre la Russie et les Occidentaux.© KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

« Il a combattu sans répit la corruption du régime de Vladimir Poutine. Cela lui a coûté sa liberté et presque sa vie. » Ces mots ont été rédigés sur Twitter, mercredi 20 octobre, par le président du Parlement européen, David Sassoli, qui a également réitéré l’appel de l’institution à « la libération immédiate » d’Alexeï Navalny, opposant russe emprisonné. Le même jour, le Parlement européen lui a décerné le prix Sakharov 2021 de défense des droits de l’homme et de la liberté de pensée.

Le choix d’Alexeï Navalny a immédiatement été salué par le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, sur fond de tensions entre la Russie et les Occidentaux.

Il avait failli mourir empoisonné

Ce prix est « la reconnaissance du rôle important qu’il a joué depuis de nombreuses années pour défendre les valeurs de la démocratie et être une voix forte en Russie », a dit le chef de l’Alliance atlantique devant la presse à Bruxelles. La candidature d’Alexeï Navalny était soutenue par le PPE (droite), principal groupe politique du Parlement européen, et le groupe centriste Renew, troisième force politique. De leur côté, les groupes S & D (gauche) et écologistes avaient proposé d’honorer les femmes afghanes se battant pour l’égalité et leur liberté face au régime des talibans.

Principal opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny est incarcéré pour fraude dans une affaire largement considérée comme relevant de la répression politique. Il avait failli mourir empoisonné en août 2020, ce que les Occidentaux ont attribué aux services russes. Moscou a nié toute implication. Navalny avait été soigné en Allemagne, ce qui avait tendu les relations entre Berlin et Moscou, puis il avait été emprisonné dès son retour en Russie.

Un prix « pour la liberté de l’esprit »

Après l’intellectuel ouïgour Ilham Tohti, condamné à la prison à vie en Chine pour « séparatisme », lauréat en 2019, le prix portant le nom du grand dissident de l’URSS Andreï Sakharov avait été attribué en 2020 à « l’opposition démocratique » au président Alexandre Loukachenko en Biélorussie et reçu par sa cheffe de file Svetlana Tikhanovskaïa. Lancé en 1988, le prix Sakharov « pour la liberté de l’esprit » récompense chaque année des personnes ou organisations défendant les droits de l’homme et les libertés fondamentales. Il est doté d’une somme de 50 000 euros.

Par Le Point avec AFP

Empoisonnement de Navalny: Londres et Washington sanctionnent des hauts responsables russes

août 20, 2021
Empoisonnement de Navalny: Londres et Washington sanctionnent des hauts responsables russes
Empoisonnement de Navalny: Londres et Washington sanctionnent des hauts responsables russes© Instagram account @navalny/AFP/Archives/Handout

Londres et Washington ont annoncé vendredi de nouvelles sanctions contre des hauts responsables des services de sécurité russes pour leur rôle présumé dans l’empoisonnement de l’opposant au Kremlin Alexeï Navalny, survenu il y a exactement un an à bord d’un avion en Sibérie.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a ciblé sept personnes, identifiées comme étant membres des services de sécurité russes (FSB). Ces individus sont frappés par des interdictions de voyager et par le gel de leurs avoirs, des mesures « prises aux côtés de nos alliés américains », a-t-il précisé dans un communiqué.

Le Trésor américain a, lui, indiqué dans un communiqué distinct que neuf hauts responsables et deux laboratoires scientifiques étaient visées au total par cette troisième vague de sanctions américaines.

Le département d’État américain a désigné « deux laboratoires scientifiques du ministère russe de la Défense qui se sont engagés dans des activités visant à développer les capacités d’armes chimiques de la Russie« , a expliqué le Trésor.

Parallèlement, le secrétaire d’Etat américain a annoncé son intention de bloquer la propriété de deux navires russes et sanctionner deux autres ressortissants russes impliqués dans le projet de gazoduc Nord Stream 2.

« Avec l’action d’aujourd’hui, l’administration a désormais sanctionné 7 personnes et identifié 16 de leurs navires comme des biens bloqués », détaille-t-il.

M. Blinken rappelle l’opposition de principe des Etats-Unis au gazoduc Nord Stream 2.

Les gouvernements américain et allemand avaient annoncé le 21 juillet un accord pour clore leur dispute au sujet du gazoduc controversé. Le projet peut se poursuivre mais il n’empêche pas d’éventuelles sanctions contre la Russie si Moscou utilise ce projet pour « commettre des actes agressifs à l’égard de l’Ukraine« .

Les Etats-Unis déplorent que Nord Stream passe par la mer Baltique, mais pas par l’Ukraine, menaçant de priver ce pays d’une partie des revenus perçus sur le transit, mais aussi d’un moyen de pression sur Moscou.

Les sanctions annoncées vendredi par le Royaume-Uni dans l’affaire Navalny sont les secondes après celles annoncées en octobre 2020 contre six responsables, dont le patron du FSB Alexandre Bortnikov et l’un des responsables de l’administration présidentielle Sergueï Kirienko, en lien avec cet empoisonnement.

Les individus sanctionnés cette fois-ci « sont directement responsables de la préparation ou de l’exécution de l’attaque contre M. Navalny à Tomsk le 20 août 2020 ».

Parmi eux, trois agents présumés du FSB, Alexeï Alexandrov, Vladimir Panyaev et Ivan Vladimirovich Ossipov qui, selon Londres, étaient présents à Tomsk au moment de l’empoisonnement de Navalny. Quatre membres de haut rang du FSB dont un général et un colonel sont aussi visés.

Empoisonné par un agent neurotoxique du groupe Novitchok, une substance conçue par des spécialistes soviétiques à des fins militaires, Alexeï Navalny avait été deux jours dans le coma dans un hôpital sibérien avant d’être transféré à Berlin pour y être soigné.

L’opposant de 45 ans est emprisonné en Russie, où il est revenu en janvier 2021.

Dans une déclaration conjointe, Londres et Washington « appellent la Russie à se conformer pleinement à la Convention sur les armes chimiques (CAC), y compris à ses obligations de déclarer et de démanteler son programme d’armes chimiques. »

Les deux alliés « regrettent que les autorités russes n’aient pas mené d’enquête et n’aient pas expliqué de manière crédible l’utilisation d’une arme chimique contre M. Navalny sur le territoire russe ».

Par Le Point avec AFP

Affaire Navalny : les États-Unis comptent encore sanctionner la Russie

juin 20, 2021

Le conseiller de Joe Biden à la sécurité nationale a annoncé ce dimanche que les États-Unis « préparaient » de nouvelles sanctions contre Moscou.

Alexei Navalny est incarcere en Russie depuis le mois de janvier.
Alexeï Navalny est incarcéré en Russie depuis le mois de janvier.© VASILY MAXIMOV / AFP

Les échanges constructifs et apaisés (tout du moins en apparence) entre Joe Biden et Vladimir Poutine semblent déjà bien loin. Le 16 juin, les deux chefs d’État n’ont que très peu évoqué le cas de l’opposant au Kremlin Alexeï Navalny. Mais les États-Unis, toujours soucieux de son état de santé et de son avenir, ont annoncé dimanche « préparer » de nouvelles sanctions contre Moscou, qu’ils accusent d’avoir empoisonné Alexeï Navalny, a annoncé Jake Sullivan, conseiller de Joe Biden à la sécurité nationale.

« Nous sommes en train de préparer une autre série de sanctions à appliquer dans cette situation », a-t-il indiqué à la chaîne américaine CNN, quatre jours après le sommet à Genève entre le président américain et son homologue russe Vladimir Poutine.

Biden a mis Poutine en garde

Alexeï Navalny, à la tête de la principale formation d’opposition à Poutine, avait été transféré dans le coma dans un hôpital de Berlin en août 2020 après un empoisonnement en Russie qu’il impute au Kremlin. Il est resté près de six mois en convalescence en Allemagne et a été arrêté à son retour en Russie en janvier. Il est depuis incarcéré et Washington exige sa libération. « Nous avons déjà sanctionné la Russie pour l’empoisonnement d’Alexeï Navalny », a assuré Jake Sullivan dimanche. « Nous ne l’avons pas fait seuls, nous avons rallié nos alliés dans un effort collectif pour (sanctionner) l’utilisation d’un agent chimique contre un de leurs citoyens sur le sol russe. »

Le 2 mars, quelques jours après l’incarcération d’Alexeï Navalny dans une colonie pénitentiaire à l’est de Moscou, Washington avait sanctionné sept hauts responsables russes. Il s’agissait des premières sanctions prises à l’encontre de la Russie par Joe Biden depuis son arrivée à la Maison-Blanche fin janvier.

Juste avant le sommet russo-américain à Genève le 16 juin, le président Joe Biden avait aussi lancé un avertissement au sujet de l’opposant. La mort de Navalny « ne ferait que détériorer les relations avec le reste du monde. Et avec moi », avait-il dit. Lors de leur rencontre mercredi, Joe Biden et Vladimir Poutine ont affiché leur volonté d’apaiser les tensions, tout en restant avares d’annonces concrètes. Sur le sort de l’opposant Alexeï Navalny, Vladimir Poutine a simplement déclaré : « Cet homme savait qu’il violait la loi en vigueur en Russie. »

Par Le Point avec AFP

Russie: Navalny entame une grève de la faim pour réclamer des soins

mars 31, 2021

RUSSIE: NAVALNY ENTAME UNE GRÈVE DE LA FAIM POUR RÉCLAMER DES SOINS

© Reuters/MAXIM SHEMETOV 

MOSCOU (Reuters) – L’opposant russe Alexeï Navalny a annoncé mercredi avoir entamé une grève de la faim dans le but de convaincre le centre pénitentiaire où il est détenu, à l’est de Moscou, de lui fournir des soins médicaux adaptés pour soigner ce qu’il a décrit comme des douleurs aiguës au dos et aux jambes.

L’état de santé d’Alexeï Navalny inquiète depuis que le principal détracteur du Kremlin a déclaré la semaine dernière être réveillé chaque heure de la nuit par le personnel pénitentiaire, une privation de sommeil qu’il qualifie de torture.

Dans une lettre manuscrite adressée à l’administration de la prison que ses avocats ont relayée via les réseaux sociaux mercredi, l’opposant déclare que ses demandes quotidiennes pour qu’un médecin de son choix vienne l’examiner ont été ignorées, de même qu’un traitement médical adapté à ses douleurs.

« J’ai réellement besoin d’un médecin. Chaque détenu a le droit (légal) de convier un spécialiste pour l’examiner, et de le consulter. Moi aussi, j’ai ce droit, et je suis innocent », écrit Alexeï Navalny.

« Je demande qu’un médecin soit autorisé à me voir. Jusqu’à ce que cela se produise, je déclare une grève de la faim », ajoute-t-il dans la lettre.

Aucun commentaire n’a été obtenu dans l’immédiat auprès de la colonie pénitentiaire IK-2, située à une centaine de kilomètres à l’est de Moscou.

L’administration pénitentiaire, qui a examiné Alexeï Navalny la semaine dernière, l’a déclaré dans un état de santé « satisfaisant ».

Dans un communiqué relayé mercredi par l’agence de presse Interfax, l’administration pénitentiaire de la région de Vladimir a déclaré qu’Alexeï Navalny recevait tous les soins médicaux appropriés à son état de santé actuel.

Le Kremlin n’a pas communiqué sur la question, estimant qu’il s’agissait d’une affaire concernant seulement l’administration pénitentiaire.

Alexeï Navalny, 44 ans, a déclaré en début de semaine s’attendre à être placé en isolement, alors qu’il purge depuis février une peine de 32 mois d’emprisonnement pour violation de sa liberté conditionnelle.

Avec Reuters par Anton Zverev et Andrew Osborn  (version française Jean Terzian, édité par Jean-Stéphane Brosse)

Russie : plus de 2000 arrestations dans le pays

janvier 23, 2021

La police a arrêté samedi plus de 2000 personnes dans toute la Russie lors de rassemblements dans des dizaines de villes à l’appel de l’opposant Alexeï Navalny pour exiger sa libération.

Des agents des forces de l'ordre se tiennent devant les participants au cours d'un rassemblement en soutien au leader de l'opposition russe Alexeï Navalny, à Saint-Pétersbourg.

© ANTON VAGANOV/Reuters Des agents des forces de l’ordre se tiennent devant les participants au cours d’un rassemblement en soutien au leader de l’opposition russe Alexeï Navalny, à Saint-Pétersbourg.

Dans la foule de plus de 20 000 personnes rassemblées au centre-ville de Moscou, des journalistes de l’AFP ont assisté à de violentes arrestations et à des heurts entre policiers et manifestants.

Ioulia Navalnaïa, l’épouse de l’opposant russe Alexeï Navalny, a annoncé avoir été interpellée par la police à Moscou pendant la manifestation de soutien à son mari incarcéré. «Excusez la mauvaise qualité [de la photo], la lumière est mauvaise dans le fourgon cellulaire», a-t-elle ironisé sur sa page Instagram, diffusant un autoportrait pris dans un véhicule de police.

Cette contestation s’organise à quelques mois des législatives prévues à l’automne, sur fond de chute de popularité du parti au pouvoir Russie unie.

Manifestations fortement réprimées

Les premières manifestations samedi dans l’Extrême-Orient russe et en Sibérie, notamment à Vladivostok, Khabarovsk, Novossibirsk et Tchita, ont fait face à d’importants effectifs de police. Et par endroits, la répression a été brutale.

Plus d’une heure avant le début officiel du rassemblement prévu à 11 h dans le centre de Moscou, les forces antiémeutes ont arrêté et enfermé dans des fourgons cellulaires plusieurs dizaines de personnes, selon des journalistes de l’AFP.

La police a notamment interpellé Lyubov Sobol, une proche amie d’Alexeï Navalny, selon ce qu’a observé un reporter de Reuters.

Des images vidéo montrent par ailleurs des policiers en train de courir après des manifestants dans les rues de Khabarovsk, la plus grande ville de l’Extrême-Orient russe, alors que les températures avoisinaient les -14 degrés Celsius. Il était possible d’entendre les manifestants scander : «Bandits!»

Les forces de l’ordre moscovites avaient promis vendredi de «réprimer sans délai» tout rassemblement non autorisé. En outre, la mairie a jugé «inacceptable» toute manifestation à cause de la pandémie de COVID-19.

Des agents des forces de l'ordre emportent un homme lors d'un rassemblement de soutien au leader de l'opposition russe Alexeï Navalny.

© MAXIM SHEMETOV/Reuters Des agents des forces de l’ordre emportent un homme lors d’un rassemblement de soutien au leader de l’opposition russe Alexeï Navalny.

D’autres images vidéo montrent des policiers attrapant un manifestant par le bras et la jambe et le transportant dans un van, à Yakoutsk, en Sibérie, la ville la plus froide de Russie, où le mercure est descendu ce samedi à -52 degrés Celsius. 

Des interruptions ont affecté les réseaux téléphoniques et Internet samedi, selon le site de surveillance downdetector.ru. Il d’agit d’une tactique parfois utilisée par les autorités pour rendre les communications et le partage de vidéos entre manifestants plus compliqués.

Arrestations près de la prison de Matrosskaïa Tichina 

La police de Moscou a interpellé samedi soir des manifestants qui se rassemblaient aux abords de la prison de Matrosskaïa Tichina, où est détenu l’opposant russe Alexeï Navalny, selon un journaliste de l’AFP.

Certains des protestataires ont été frappés à coups de matraque, et des centaines de personnes se sont rassemblées en scandant «liberté» non loin du centre de détention du nord de la capitale russe.

La police bloque une rue de Moscou non loin de la prison de Matrosskaïa Tichina, où est détenu le leader de l'opposition Alexeï Navalny.

© VASILY MAXIMOV/afp via getty images La police bloque une rue de Moscou non loin de la prison de Matrosskaïa Tichina, où est détenu le leader de l’opposition Alexeï Navalny.

De nombreux manifestants sont ensuite partis en courant face à la charge des policiers, déployés en grand nombre près de la prison, selon le journaliste de l’AFP.

À Saint-Pétersbourg aussi, les premiers protestataires sortaient dans la rue. «J’aurais honte de rester à la maison. J’ai besoin de parler, j’ai besoin d’exprimer ma position», confie Galina Fedosseva, 50 ans.

À Iakoutsk, au sud du cercle polaire, une centaine de protestataires ont bravé le froid extrême en manifestant par -50 degrés Celsius.

Les arrestations ont été particulièrement violentes à Vladivostok, port russe sur l’océan Pacifique, où la police antiémeute a pourchassé les manifestants et les a frappés avec des matraques, selon une vidéo de l’AFP.

La police russe avait déjà interpellé cette semaine, en amont des mobilisations, des alliés de premier plan d’Alexeï Navalny, dont deux ont été condamnés vendredi à de courtes peines de prison.

Le leader de l'opposition russe Alexeï Navalny est escorté par des officiers de police après une audience au tribunal, à Khimki, près de Moscou, le 18 janvier 2021.

© EVGENY FELDMAN/MEDUZA/Reuters Le leader de l’opposition russe Alexeï Navalny est escorté par des officiers de police après une audience au tribunal, à Khimki, près de Moscou, le 18 janvier 2021.

Appel à la protestation sur les réseaux sociaux

Placé en détention jusqu’au 15 février au moins et visé par plusieurs procédures judiciaires, Alexeï Navalny, 44 ans, a été appréhendé le 17 janvier, dès son retour d’Allemagne, après cinq mois de convalescence à la suite d’un empoisonnement présumé dont il accuse le Kremlin.

Son appel à manifester, après son incarcération, a été accompagné d’une enquête vidéo de deux heures dans laquelle il accuse Vladimir Poutine de s’être fait bâtir pour un milliard d’euros (1,6 milliard de dollars canadiens) une fastueuse demeure sur un immense terrain privé sur les rives de la mer Noire.

Selon Alexeï Navalny, cette propriété appartient à Vladimir Poutine et sa construction a coûté 1,3 milliard de dollars américains (1,6 milliard de dollars canadiens) grâce à un système de corruption élaboré avec la complicité des proches du président russe.

© YouTube/Navalny Life/Associated Press Selon Alexeï Navalny, cette propriété appartient à Vladimir Poutine et sa construction a coûté 1,3 milliard de dollars américains (1,6 milliard de dollars canadiens) grâce à un système de corruption élaboré avec la complicité des proches du président russe.

Les autorités rejettent l’ensemble des accusations d’empoisonnement et de corruption, qualifiant l’opposant et son entourage «d’escrocs» à la solde des Occidentaux.

La vidéo a néanmoins eu un succès énorme et a été visionnée près de 67 millions de fois depuis mardi sur YouTube.

Dès l’arrestation de l’opposant, condamnée par les puissances occidentales, des milliers d’appels à la protestation ont été relayés sur les réseaux sociaux, où il jouit d’une visibilité importante, alors qu’il est largement ignoré des grands médias d’État russes.

Le gendarme russe des télécommunications Roskomnadzor a menacé d’amendes les plateformes TikTok et VKontakte (VK), l’équivalent russe de Facebook.

Une enquête a été ouverte pour «incitation à des actes illégaux auprès de mineurs» et le ministère de l’Éducation a appelé les parents à «empêcher» leurs enfants de manifester.

Les pays occidentaux condamnent

Les Nations unies ainsi que les pays occidentaux ont condamné la détention d’Alexeï Navalny et demandé sa libération immédiate. Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne devraient débattre, lundi à Bruxelles, de nouvelles sanctions économiques à l’encontre de la Russie. 

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a quant à lui déploré «les détentions massives» et «l’usage disproportionné de la force» au cours des manifestations.

«Nous discuterons lundi des prochaines étapes avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE», a-t-il ajouté dans un tweet.

Les législateurs européens ont déjà adopté, jeudi, une résolution demandant à l’Union européenne l’arrêt de la construction du gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne, en réponse à l’arrestation de Navalny.

Avec  CBC/Radio-Canada 

Un tribunal russe ordonne l’incarcération de Navalny jusqu’au 15 février

janvier 18, 2021

L’opposant politique, de retour à Moscou, a été interpellé dimanche dès son arrivée par le service pénitentiaire russe

Un tribunal russe a ordonné lundi 18 janvier le placement en détention de l’opposant Alexeï Navalny pour 30 jours à compter de son arrestation controversée la veille, à son arrivée à Moscou, après cinq mois de convalescence.

«Alexeï Navalny est placé en détention pour 30 jours, jusqu’au 15 février», a indiqué son avocat Vadim Kobzev sur Twitter. Les services pénitentiaires russes ont arrêté dimanche Alexeï Navalny, à qui ils reprochent d’avoir violé les conditions d’une peine de prison avec sursis dont il a écopé en 2014.

Empoisonné par un agent innervant de type Novitchok et tombé dans le coma, l’opposant politique russe était en convalescence depuis 5 mois en Allemagne. Jeudi 14 janvier, le FSIN avait affirmé sa volonté d’arrêter Navalany alors que ce dernier avait annoncé son retour. «Le service fédéral des prisons russes est obligé de prendre toutes les mesures nécessaires pour arrêter le contrevenant Alexeï Navalny, dans l’attente d’une décision du tribunal de remplacer sa peine avec sursis par une peine (de prison) ferme», est-il écrit dans un communiqué.

Après l’annonce du tribunal russe, Alexeï Navalny a appelé les Russes à «sortir dans la rue» pour contrer le pouvoir. «Ce que ces bandits (au pouvoir) craignent le plus, vous le savez, c’est que les gens descendent dans la rue (…) alors n’ayez pas peur, descendez dans la rue, pas pour moi mais pour vous-même, pour votre avenir», a-t-il dit dans une vidéo filmée dans la salle d’audience et diffusée sur les réseaux sociaux.

Par Le Figaro avec AFP

Allemagne: L’hôpital de Berlin publie les détails de l’empoisonnement de Navalny au Novitchok

décembre 23, 2020

Les médecins berlinois qui ont soigné Alexeï Navalny ont rendu publics mercredi 23 décembre les détails cliniques de son empoisonnement au Novitchok, l’opposant russe se félicitant de la publication de cette «preuve» médicale que réclamait Moscou depuis des mois.

«Un empoisonnement grave avec un inhibiteur de la cholinestérase a été diagnostiqué à la Charité», expliquent les scientifiques dans cet article de quatre pages paru dans la revue The Lancet qui retrace pour la première fois les symptômes déclenchés par l’agent neurotoxique du groupe Novitchok mis au point par l’URSS dans les années 1980. «La vérification de l’implication d’un agent Novitchok (…) n’a été réalisée que plusieurs jours après avoir établi le diagnostic d’empoisonnement (…) et n’a pas affecté les décisions thérapeutiques», poursuivent-ils.

Selon l’article publié avec le consentement de M. Navalny, l’opposant russe est, après l’apparition de ses premiers symptômes, tombé dans le coma, son rythme cardiaque a fortement ralenti et la température de son corps est tombée jusqu’à 33,5 degrés Celsius. «Son bon état de santé avant l’empoisonnement a probablement favorisé son rétablissement», expliquent les scientifiques, contredisant les conclusions des médecins russes qui ont un temps mis en cause l’hygiène de vie et l’état de santé générale de M. Navalny.

Critique féroce du régime de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny est tombé gravement malade le 20 août à bord d’un avion en Sibérie, pendant qu’il était en campagne électorale pour des scrutins locaux et régionaux. Après avoir été soigné dans un hôpital sibérien, il avait été transféré à l’hôpital berlinois de la Charité d’où il est sorti quelques semaines plus tard.

Depuis, il accuse les services secrets russes d’avoir été derrière la tentative de l’assassiner, des allégations jugées «délirantes» par Moscou qui niait toujours jusqu’ici qu’il ait été empoisonné, faute d’avoir eu accès à des preuves d’intoxication. M. Navalny a d’ailleurs réagi mercredi avec ironie à ce sujet sur son compte Facebook : «Le plus important est que Vladimir Poutine soit soulagé. À chaque conférence de presse, il s’exclamait en agitant les mains ‘quand donc les Allemands nous fourniront-ils leurs données ?’ (…) Ça n’a plus d’importance maintenant, les données médicales sont désormais publiées et disponibles pour le monde entier».

Par Le Figaro avec AFP

L’opposant russe Alexeï Navalny condamné à 30 jours de prison

août 27, 2018

L’opposant numéro un du Kremlin Alexeï Navalny (à gauche) sort d’un commissariat de police de Moscou le après avoir été interpellé le 25 août 2018n / © AFP / Maxim ZMEYEV

Le principal opposant au Kremlin Alexeï Navalny a été condamné lundi à Moscou à 30 jours de détention pour une manifestation non autorisée en janvier, à deux semaines d’une vague de manifestations annoncée contre un projet de réforme des retraites.

M. Navalny « est reconnu coupable de violation de la loi en vertu de l’article 20.2 du Code pénal (violations répétées des dispositions sur l’organisation de manifestations publiques) et condamné à 30 jours de détention administrative », a déclaré le juge Alexeï Stekliev.

Samedi, l’opposant avait été arrêté devant son domicile moscovite et conduit à un poste de police, puis à l’hôpital, pour une fracture du doigt infligée au moment de son arrestation.

« C’est une procédure étrange avec un seul objectif : m’empêcher de participer aux préparatifs de la vague de protestation nationale contre la hausse de l’âge du départ à la retraite », s’est défendu M. Navalny au cours de l’audience.

Son interpellation a eu lieu dans le cadre du dossier ouvert après la manifestation du 28 janvier, pendant laquelle l’opposant avait appelé à boycotter l’élection présidentielle du 18 mars. Aucun procès n’avait eu lieu à l’époque.

« En tant que citoyen russe, j’ai bien évidemment le droit d’organiser, de participer et d’appeler à des manifestations. Je le fais et continuerai de le faire », a-t-il ajouté.

« Nous ferons appel », a pour sa part réagi Ivan Jdanov, un avocat du Fonds de lutte contre la corruption, une organisation dirigée par M. Navalny.

Me Jdanov a par ailleurs affirmé devant la presse que l’équipe de l’opposant poursuivrait l’organisation de manifestations contre la réforme des retraites.

Alexeï Navalny a prévu d’organiser des manifestations dans de nombreuses villes russes le 9 septembre – qui également le jour des élections régionales et municipales en Russie – contre ce projet de loi très impopulaire, actuellement en lecture au Parlement.

Il y est prévu d’augmenter progressivement l’âge de départ à la retraite à 63 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes, contre 55 et 60 actuellement.

M. Navalny, 42 ans, a également annoncé lundi sur son site internet que l’enregistrement de son parti « Russie du futur » avait été rejeté par le ministère de la Justice. C’est la troisième fois en six ans qu’il échoue dans ses tentatives de faire enregistrer un parti.

Dans une vidéo diffusée lundi, M. Navalny s’en est pris directement à Vladimir Poutine.

« Cet hypocrite se plaint constamment que nous ne proposions pas d’ordre du jour constructif et que nous ne fassions que manifester », a affirmé l’opposant. « Mais que pouvons-nous faire d’autre ? Il n’y a pas de médias, nous n’avons pas de partis et le système politique est gelé ».

Le 15 mai dernier, l’opposant avait été condamné pour avoir organisé une manifestation deux jours avant l’investiture de Vladimir Poutine, puis libéré après 30 jours de détention.

Romandie.com avec(©AFP / (27 août 2018 17h35)

L’opposant russe Navalny interpellé et blessé légèrement

août 25, 2018

L’opposant numéro un du Kremlin Alexeï Navalny (à gauche) sort d’un commissariat de police de Moscou le après avoir été interpellé le 25 août 2018n / © AFP / Maxim ZMEYEV

L’opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, a été interpellé samedi devant son domicile, à deux semaines de manifestations contre une réforme du système de retraites à laquelle auxquelles il avait appelé, et blessé au doigt, a annoncé sa porte-parole.

« Navalny a été arrêté par cinq policiers de l’OMON (anti-émeute, NDLR) alors même qu’il quittait Moscou pour rendre visite à sa famille », a écrit la porte-parole, Kira Iarmych, sur son compte Twitter, précisant que son téléphone portable avait été saisi.

Cette interpellation, survenue en milieu de journée, a eu lieu « sous prétexte de procédures dans le cadre du dossier ouvert à la suite de la manifestation du 28 janvier », à laquelle l’opposant avait appelé pour boycotter l’élection présidentielle, a-t-elle précisé, affirmant qu' »aucun procès n’avait eu lieu à l’époque ».

Selon la porte-parole, cela a eu lieu « dans le but unique de lui causer des problèmes avant la manifestation du 9 septembre. Pouvez-vous vous imaginer de plus grands lâches que (ceux au) pouvoir? »

Alexeï Navalny voulait organiser des manifestations dans de nombreuses villes russes le 9 septembre contre le très impopulaire projet de réforme du système de retraites.

A la suite de son interpellation, Alexeï Navalny a été brièvement hospitalisé avant d’être de nouveau emmené au poste, a-t-elle déclaré. « On lui aurait cassé le petit doigt lors de l’interpellation ».

La date du procès a été provisoirement fixée à lundi, a-t-elle précisé, et Alexeï Navalny devrait rester en détention d’ici là.

L’opposant n’a pu pour l’instant voir son avocat, les autorités invoquant des motifs de sécurité particuliers au poste de police.

« L’avocat de Navalny rédigera une plainte », a assuré sa porte-parole.

Quelques heures avant son arrestation, Alexeï Navalny avait annoncé sur son compte Twitter qu’il ferait des « annonces intéressantes » dans son émission retransmise en direct sur les réseaux sociaux et prévue à 13H00 (heure locale), à peu près l’heure à laquelle l’interpellation a eu lieu.

L’opposant a durement critiqué le projet de faire augmenter l’âge de départ à la retraite.

L’opposition inhabituelle à une mesure soutenue par le président Vladimir Poutine s’est aussi exprimée à travers une pétition en ligne demandant l’annulation de la réforme, qui a recueilli 2,9 millions de signatures.

M. Navalny a multiplié ces derniers mois les manifestations pour faire pression sur le Kremlin, après avoir été déclaré inéligible à l’élection présidentielle du 18 mars, remportée sans surprise par Vladimir Poutine.

Le 15 juin, l’opposant de 42 ans avait été arrêté pour avoir organisé une manifestation deux jours avant l’investiture de Vladimir Poutine à un quatrième mandat présidentiel, et pour avoir désobéi aux forces de l’ordre.

Il avait purgé 30 jours de détention et a été libéré le jour du début de la Coupe du monde de football en Russie.

Romandie.com avec(©AFP / (25 août 2018 19h28)