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L’ambassadeur d’Algérie en France de retour à son poste

mars 30, 2023

Rappelé à Alger pour consultations en février suite à l’affaire Amira Bouraoui, Saïd Moussi a regagné son poste à l’ambassade dans un contexte de détente entre les deux pays.

Saïd Moussi, ambassadeur d’Algérie en France. © Ambassade d’Algérie en France

L’ambassadeur d’Algérie en France, Saïd Moussi, a regagné ses bureaux à Paris, mercredi 29 mars, cinquante jours après son rappel à Alger pour consultations à la suite de l’affaire de l’opposante franco-algérienne Amira Bouraoui, dont l’arrivée en France via la Tunisie a provoqué une crise diplomatique entre les deux pays.

Le retour du diplomate algérien à son poste est le deuxième signe de l’amorce d’un dégel des relations entre Paris et Alger après l’échange téléphonique, vendredi 24 mars, entre le président Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune. Alors qu’ils ne s’étaient plus parlés depuis le début de la crise, les deux chefs d’État ont renoué le contact pour, d’abord, s’expliquer sur les circonstances de l’arrivée en France de cette gynécologue de 46 ans, et pour relancer des relations que Tebboune a qualifiées de « fluctuantes ».

Cette reprise de fonctions devrait permettre de renouer les contacts à tous les niveaux entre responsables français et algériens, après une quasi-rupture intervenue suite à la crise. Les autorités françaises attendent maintenant que le gouvernement algérien lève la suspension de la délivrance des laissez-passer consulaires, une mesure prise dans la foulée du rappel de Saïd Moussi. Ces documents délivrés par les consulats d’Algérie en France sont indispensables pour permettre la reconduite à la frontière des ressortissants algériens frappés d’une mesure d’expulsion du territoire français.

De son côté, Paris a nommé, mercredi 22 mars, Stéphane Romatet au poste d’ambassadeur de France en Algérie pour remplacer François Gouyette, dont la mission s’achève à la fin du mois de juillet prochain. Ambassadeur de France en Égypte, Romatet est actuellement directeur du Centre de crise et de soutien au Quai d’Orsay.

La visite de Tebboune conditionnée à l’actualité française

Dans les prochains jours, les deux parties devraient également reprendre contact pour préparer la visite d’État du président Abdelmadjid Tebboune en France, prévue les 2 et 3 mai, même si ces dates ne sont pas encore officiellement confirmées par Paris et Alger. Si la perspective de cette visite a été évoquée au cours de l’échange téléphonique entre Macron et Tebboune, son maintien aux dates convenues dépend de plusieurs paramètres. C’est qu’il ne reste quasiment qu’un mois aux deux parties pour organiser dans les moindres détails cette visite d’État dont le protocole, le cérémonial, le décorum obéissent à des règles. Un mois suffira-t-il à tout boucler ? Voire.

Le maintien de la visite aux dates prévues dépend aussi, pour partie, de la mobilisation contre la réforme des retraites, des mouvements de grève et des manifestations qui drainent des dizaines de milliers de personnes à Paris et en province une à deux fois par semaine depuis le début du mois de février. Dans le cas où ce mouvement de contestation durerait jusqu’au mois de mai prochain, le maintien de la visite du président algérien deviendrait hypothétique. À l’image de celle du roi d’Angleterre, Charles III, prévue du 26 au 29 mars, et qui a été reportée à la demande de l’Élysée en raison du climat social tendu.

Pour recevoir le chef de l’État algérien, Paris a prévu une parade au Champs-Élysées, ainsi qu’un survol de chasseurs de l’armée de l’air. Un hommage solennel à l’émir Abdelkader, figure de la résistance algérienne à la conquête française et prisonnier au château d’Amboise de 1848 à 1852, est envisagé dans le cadre du travail de réconciliation des mémoires.

Avec Jeune Afrique par Farid Alilat

Algérie-Affaire Amira Bouraoui : le président Tebboune rappelle son ambassadeur en France

février 8, 2023

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décidé de rappeler « pour consultations » son ambassadeur à Paris, à la suite de « l’exfiltration » de la militante et journaliste Amira Bouraoui.

La journaliste et militante Amira Bouraoui en juillet 2020 après avoir été libérée de la prison de Tipasa, à 70 km d’Alger. © RYAD KRAMDI / AFP.

Le déminage en profondeur, les mains tendues, petits pas et autres tentatives d’apaisement n’ont pas suffi : rien n’y fait, les tensions sont toujours vives entre Alger et Paris.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décidé ce 8 février de rappeler « pour consultations » son ambassadeur en France, à la suite de « l’exfiltration » de la militante et journaliste Amira Bouraoui via la Tunisie, lundi soir, a annoncé la présidence dans un communiqué.

Soulignant que l’Algérie a, via une note officielle, « protesté fermement contre l’exfiltration clandestine et illégale d’une ressortissante algérienne » vers la France, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné le rappel en consultations de l’ambassadeur d’Algérie en France, Saïd Moussi, avec effet immédiat », a précisé la présidence. 

Par Jeune Afrique avec AFP

CAN U-17: le Congo dans un groupe relevé

février 1, 2023

La Confédération africaine de football a procédé, le 1er février,  au tirage au sort de la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) des moins de 17 ans qui aura lieu du 29 avril au 19 mai de cette année,  en Algérie. 

Les U-17 congolais/DR

La compétition mettra aux prises, pour la première fois, douze sélections reparties dans trois poules de quatre. Elle est qualificative à la phase finale de la Coupe du monde qui aura lieu  du 10 novembre au 2 décembre, au  Pérou.

Les Diables rouges du Congo qui retrouvent à  la CAN après douze ans d’absence sont logés dans le groupe A relevé avec l’Algérie pays organisateur, le Sénégal et la Somalie. C’est pour la première fois que  le Congo va en découdre avec  les adversaires cités  dans une phase finale de la CAN de la catégorie.

Pour leur première participation en 2011, au Rwanda, le Congo avait respectivement croisé dans la phase du groupe la Côte d’Ivoire, la Gambie et le Mali. Il avait  terminé sur la troisième marche du podium et s’était qualifié pour la Coupe du monde. En 2013, au Maroc,  les Diables rouges  étaient  derniers de  leur groupe et éliminés après avoir affronté de nouveau la Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Ghana.

Depuis,  plus rien,  le  Congo ne s’est plus aligné dans la course  à la qualification à la Coupe du monde.  Cette année, en  Algérie,  les Diables rouges nourrissent  l’ambition de se qualifier pour la prochaine Coupe du monde.

Outre le Congo,  le Nigeria partage le groupe B avec pour adversaires le Maroc, l’Afrique du Sud et la Zambie. Le groupe C  a pour tête de liste le  Cameroun (tenant du titre en 2019 l’édition 2021 ayant été reportée à cause de la pandémie du covid 19) . Le  Mali, le Burkina Faso et le Sud Soudan complètent le carré.

Avec Adiac-Congo par James Golden Eloué

Russie-Ukraine : des eurodéputés veulent sanctionner Alger

novembre 22, 2022

Dix-sept députés européens demandent à Ursula von der Leyen et à l’Union européenne de réviser l’Accord d’association avec l’Algérie, au motif qu’elle apporterait un « soutien politique, logistique et financier » à la Russie dans la guerre contre l’Ukraine.

Des hélicoptères MI-26 de l’armée algérienne, de fabrication russe, lors de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, à Alger le 5 juillet 2022. © NurPhoto via AFP

Alors que la date de la visite prochaine du président Tebboune à Moscou n’est toujours pas annoncée, les autorités algériennes subissent de nouvelles pressions concernant leurs relations étroites avec la Fédération de Russie. Dix-sept eurodéputés ont adressé, le mercredi 16 novembre, une lettre à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, afin de demander la révision de l’Accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie, signé en 2002 et entré en vigueur en 2005.

Emmenés par Andrius Kubilius, ancien Premier ministre de la République de Lituanie et président du Groupe du PPE (Parti populaire européen – démocrates-chrétiens), les députés s’inquiètent des liens de plus en plus étroits entre la Russie et l’Algérie, liens qui, selon eux, se traduisent par « un soutien politique, logistique et financier de l’agression de l’Ukraine par Poutine ».

Les 17 députés signataires (élus de Lituanie, France, Danemark, Estonie, Suède, Bulgarie, Finlande, Pologne, Hongrie et Slovaquie) énumèrent ainsi les éléments qui attestent du soutien supposé de l’Algérie à la guerre que Vladimir Poutine mène en Ukraine.

Alger s’abstient encore à l’ONU

Alger s’est, tout d’abord, abstenu de voter la résolution de l’ONU du 2 mars 2022 qui « exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». Elle n’a pas non plus, ajoutent les signataires, voté le 7 avril la décision de L’Assemblée générale des Nations unies de suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme (CDH). Le 12 octobre, l’Algérie s’est encore une fois abstenue de voter la résolution sur l’annexion « illégale » de quatre régions ukrainiennes par la Russie. Pour les 17 eurodéputés, toutes ces abstentions sont des signes qu’Alger soutient « les aspirations géopolitiques de la Russie ».

À l’appui de leur demande, les signataires de la pétition indiquent aussi que l’Algérie compte « parmi les quatre premiers acheteurs d’armes russes dans le monde, avec notamment un contrat d’armement de plus de 7 milliards de dollars en 2021 » (6 milliards d’euros à cette date) et que « ce transfert militaire a fait de l’Algérie le troisième plus grand bénéficiaire d’armes russes dans le monde ». Tout afflux d’argent à la Russie ne peut que renforcer sa machine de guerre en Ukraine, ajoutent les signataires.

Pour les 17 députés européens, l’Algérie apporte ainsi son soutien financier à l’agression contre l’Ukraine, ce qui constitue une violation de l’article 2 de l’Accord d’association de 2005, qui stipule que « le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l’homme, tels qu’énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, inspire les politiques internes et internationales des parties et constitue un élément essentiel du présent accord ».

Les signataires exhortent en conséquence l’UE à prendre des mesures pour s’assurer que ses partenaires ne soient pas tentés de financer le gouvernement russe par l’achat d’équipements militaires. Ils demandent également que l’Union européenne réclame à l’Algérie la signature et la ratification du traité sur le commerce des armes, qui réglemente le commerce international des armes classiques (entré en vigueur le 24 décembre 2014).

Un contrat qui n’existe pas

Problème : en appuyant leur démonstration sur l’existence d’un contrat d’achat d’armements de 7 milliards de dollars signé avec Moscou en 2021, les 17 députés européens reprennent en fait une vieille information déjà utilisée par le sénateur républicain Marc Rubio, ancien candidat à l’investiture de son parti face à Donald Trump, au mois de septembre. Un mois plus tard, un groupe de 27 élus du Congrès reprenaient à leur compte le même argument pour demander au secrétaire d’État Antony Blinken de prendre des sanctions contre certains responsables algériens qu’ils accusaient d’achats massifs d’armes auprès de la Russie.

Or Alger et Moscou n’ont paraphé, en 2021, aucun contrat d’armement de 7 milliards de dollars. Le montant total des exportations d’équipements de la Russie vers l’Algérie pour cette année-là étaient de 985 millions de dollars, selon un rapport conjoncturel du Service fédéral des douanes russe rendu public en septembre 2021. Et de 2 milliards de dollars en 2020. Si la Russie reste bien le principal fournisseur en armement de l’Algérie, jamais les deux pays n’ont signé un montant d’une telle ampleur en une année.

Après des années de négociations, Vladimir Poutine avait par ailleurs accepté, en mars 2006, de convertir la dette militaire de 4,5 milliards de dollars que l’Algérie avait contractée auprès de l’URSS dans les années 1960 et 1970. En échange, Alger avait accepté de signer un contrat de 3,5 milliards de dollars comprenant l’achat de différents équipements militaires, dont 28 chasseurs Sukhoi SU-30 MKI, 40 chasseurs MiG-29 SMT, 8 groupes de missiles antiaériens S-300 PMU et 40 chars T-90.

Avec Jeune Afrique par Farid Alilat

Ligue arabe : l’Algérie refuse de laisser l’absence de Mohammed VI gâcher « son » sommet

octobre 31, 2022

Le 1er novembre s’ouvre le 31e sommet de la Ligue arabe, sans le souverain marocain qui a finalement renoncé à y participer. En retrait depuis plusieurs années, Alger compte malgré tout faire son grand retour sur le devant de la scène diplomatique régionale.

Les drapeaux des pays de la Ligue arabe au CIC qui accueille le sommet des chefs d’État de la Ligue à Alger, le 1er novembre 2022. © Fethi Belaid / AFP

La dernière fois que l’Algérie a accueilli un sommet des chefs d’État arabes est si lointaine que peu d’Algériens s’en souviennent. C’était en mars 2005. À l’époque, le président Abdelaziz Bouteflika était au sommet de sa puissance – et en bonne santé – et l’Algérie tournait la page de la décennie noire. La Syrie de Bachar al-Assad était un pays stable et fréquentable, le colonel Kadhafi régnait en maître absolu de la Libye et, en Égypte et en Tunisie, Hosni Moubarak et Zine el-Abidine Ben Ali paraissaient promis à des règnes à perpétuité. Dix-sept ans après ce conclave durant lequel Bouteflika avait fait miroiter au roi Mohammed VI la possibilité de rouvrir leur frontière commune fermée depuis août 1994 avant de tourner casaque, l’Algérie accueille à nouveau, les 1er et 2 novembre, un sommet de la Ligue arabe dans un contexte national, régional et international totalement bouleversé.

Date particulière

À Alger, Abdelmadjid Tebboune a succédé au vieux président Bouteflika, chassé du pouvoir par le Hirak en 2019. Les printemps arabes ont emporté avec eux Moubarak, Ben Ali et Kadhafi, et aboli les présidences à vie. En guerre depuis dix ans, la Syrie est tombée dans les bras de la Russie et reste bannie de la Ligue arabe, tandis que la Libye peine à sortir du chaos dans lequel l’a plongée la chute du fantasque guide. L’ennemi juré, Israël, a normalisé des relations avec les monarchies du Golfe ainsi qu’avec le Maroc, dont les relations avec l’Algérie sont rompues depuis août 2021.

C’est dans ce contexte chamboulé que chefs d’État et monarques arabes se retrouvent ce 1er novembre à Alger, au somptueux Centre international des conférences (CIC) Abdelatif Rahal, situé dans la station balnéaire du Club des Pins. Que ce 31e sommet s’ouvre le jour où l’Algérie célèbre le 68e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance de 1954 contribue à conférer à cet événement un caractère très particulier.

Retour de la diplomatie algérienne

Au-delà de l’ordre du jour, le premier enjeu de ce sommet est la participation des chefs d’État. Depuis des mois, les Algériens n’ont pas ménagé leurs efforts pour convaincre les dirigeants arabes de venir à Alger. Jamais depuis son retour à la tête de la diplomatie en juin 2020, Ramtane Lamamra n’a autant voyagé à travers le monde pour obtenir des accords de participation. « La présence de tous est indispensable afin de prendre des décisions nécessaires pour relancer la coopération entre les pays arabes », confiait le ministre à deux semaines de l’ouverture du sommet.

CERTAINES ABSENCES NE DOIVENT PAS OCCULTER LA FORTE PARTICIPATION

En dépit de l’absence du roi du Maroc, Mohammed VI, et de certains monarques du Golfe, comme celle de l’émir du Koweït ou encore du prince héritier saoudien Mohammad Ben Salman qui s’est excusé pour sa défection auprès du président Tebboune en invoquant des raisons de santé, les Algériens insistent sur le nombre de participants. « L’absence du prince saoudien n’est pas diplomatique, insiste un diplomate algérien. Elle a été comprise à Alger. De plus, l’émir du Qatar sera bien présent. Certaines absences ne doivent pas occulter la forte participation. »

Ce 31e sommet de la Ligue arabe marque sans conteste le retour de la diplomatie algérienne sur la scène internationale. C’est d’autant plus vrai que Bouteflika avait brillé par son absence à tous les sommets arabes et africains depuis qu’un AVC l’avait cloué sur un fauteuil roulant, en 2013. Une situation qui avait provoqué la paralysie – voire le délitement – de l’appareil diplomatique algérien. « L’ancien président du Sénat, Abdelkader Bensalah, qui représentait l’Algérie dans les grands rendez-vous internationaux pour pallier l’absence de Bouteflika, évitait même de rencontrer ses homologues étrangers, se rappelle un ancien ambassadeur. C’est dire combien l’effacement de notre diplomatie a réduit l’influence de l’Algérie sur la scène internationale. »

Premier grand rendez-vous

Si ce 31e sommet reste celui de la Ligue arabe, il n’en demeure pas moins qu’il est le sommet algérien du monde arabe, se plaisent à dire les Algériens. Il est d’abord le premier grand rendez-vous international auquel participe Abdelmadjid Tebboune. C’est que, depuis son élection en décembre 2019, le chef de l’État algérien a peu voyagé, aussi bien à l’étranger que dans le pays. « L’enjeu de ce sommet est aussi de reprendre la place laissée vide par la maladie, et l’éclipse de son prédécesseur », avance notre diplomate.

Ce 1er novembre, le président algérien pourra aussi mesurer le chemin parcouru depuis son accession au pouvoir. Le 1er novembre 2020, Tebboune était hospitalisé dans une clinique en Allemagne, où il avait été admis dans un état grave après avoir été contaminé au Covid-19. De son propre aveu, il doit la vie aux médecins allemands, auxquels il n’a pas manqué de manifester ses remerciements et sa gratitude. Une chose est sûre : ce 31e sommet de la Ligue arabe ne ressemblera pas aux autres.

Avec Jeune Afrique par Farid Alilat – Envoyé spécial à Alger 

Algérie-France : un député français nostalgique de la colonisation crée la polémique

juin 29, 2022

Lors de la session inaugurale de la nouvelle législature française, le député du Rassemblement national José Gonzalez a tenu sur l’Algérie des propos qui font polémique.

Le député RN José Gonzalez, à l’Assemblée nationale française, le 28 juin 2022. © ARTHUR NICHOLAS ORCHARD/Hans Lucas via AFP

Pour l’opposition de gauche, « la dédiabolisation du Rassemblement national (RN) a pris fin dès la première séance ».

Ce 28 juin se tenait la séance inaugurale de la nouvelle Assemblée nationale française issue des urnes. Comme le veut le règlement, c’est le doyen de l’hémicycle qui a présidé la première séance avant que les députés ne procèdent à l’élection du président de l’Assemblée. Cette tâche a échu à José Gonzalez, un député RN de 79 ans.

Son discours inaugural, qui n’a pourtant duré que cinq minutes, n’est pas passé inaperçu. Plusieurs propos tenus par ce pied-noir né à Oran en 1943 ont créé la polémique.

Arrivé à Marseille en 1962 à l’âge de 19 ans, José Gonzalez a notamment expliqué avoir été « arraché à sa terre natale » : « J’y ai laissé une partie de ma France et beaucoup d’amis. […] Mon âme est à jamais meurtrie. »

La politique mémorielle de Macron ? Une « erreur monumentale »

À sa sortie de l’hémicycle, face aux micros et aux caméras, cet ancien retraité et contrôleur d’exploration à l’aéroport de Marseille en a remis une couche. Interrogé plus en détail sur son rapport à l’Algérie, il a affirmé qu’il n’était « pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes ou non », invoquant au passage « des crimes d’un côté comme de l’autre ».

« Venez avec moi en Algérie dans le Djebel, je vais vous trouver beaucoup d’Algériens qui vont vous demander “quand est-ce que les Français reviennent ?” », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter : « J’ai applaudi de Gaulle en 1958 quand il a clamé “vive l’Algérie Française !” » J’ai compris après qu’il ne fallait plus applaudir. »

Le député nouvellement élu a ensuite directement mis en cause la politique mémorielle d’Emmanuel Macron à l’égard de l’Algérie, qu’il a qualifiée d’« erreur monumentale ».

« En expliquant à nos jeunes issus d’Afrique du Nord qu’on a commis des crimes contre l’humanité contre leurs parents, comment voulez-vous qu’ils se comportent avec nous et nous respectent ? », a-t-il déploré.

Au sein de l’opposition, les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir. La présidente du groupe La France Insoumise (LFI), Mathilde Panot, a qualifié cette déclaration d’« apologie de l’Algérie française et des crimes de la colonisation ». Le chef du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a affirmé avoir été « assez gêné » par la tonalité de cette intervention.

Jean-Marie Le Pen a apprécié

En réponse, José Gonzalez a déclaré avoir fait preuve de prudence et s’être contenté d’« évoquer son cas personnel ».

Pour Louis Alliot, maire RN de Perpignan et cadre du parti, « le discours de Monsieur Gonzalez faisait référence à sa vie en Algérie, qui était sa terre natale, et où il a enterré ses grands-parents ».

Selon Lorrain de Saint Affrique, ancien attaché de presse du président français Valéry Giscard d’Estaing et ex-conseiller de Jean-Marie Le Pen, ce dernier a particulièrement apprécié le discours du doyen de l’Assemblée, et compte bien appeler José Gonzalez pour le féliciter et éventuellement le rencontrer. Lorrain de Saint Affrique, récemment rallié au parti Reconquête ! d’Éric Zemmour, a salué un discours « d’un équilibre et d’une finesse remarquables ».

Militant de longue date du Front national, auquel il a adhéré en 1978 sous la présidence de Jean-Marie Le Pen, José Gonzalez a été élu député de la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône en récoltant 60 % des voix au second tour face à une candidate de gauche.

Auparavant, il a exercé plusieurs mandats locaux dans la commune d’Allauch (Bouches-du-Rhône), et a été un temps gestionnaire d’auto-école.

Avec Jeune Afrique par Soufiane Khabbachi

Sahara : l’Algérie suspend le traité d’amitié avec l’Espagne

juin 8, 2022

En réaction au soutien de Madrid au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, la présidence algérienne suspend, avec effet immédiat, le traité d’amitié signé en octobre 2002 avec l’Espagne.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune. © RYAD KRAMDI/AFP

Le torchon brûle entre Alger et Madrid. Les autorités algériennes ont annoncé, ce 8 juin, la suspension « immédiate » du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qu’elle a conclu le 8 octobre 2002 avec le royaume d’Espagne. À l’origine de cette brouille, la décision de Madrid de soutenir le plan du Maroc pour le Sahara occidental.

« Revirement injustifiable »

« Les autorités espagnoles se sont engagées dans une campagne tendant à justifier la position qu’elles ont adoptée sur le Sahara occidental en violation de leurs obligations juridique, morale et politique de puissance administrante du territoire qui pèsent sur le royaume d’Espagne jusqu’à ce que la décolonisation du Sahara occidental soit déclarée accomplie par les Nations unies », a indiqué le communiqué de la présidence, repris par l’agence officielle APS.

« Ces mêmes autorités, qui assument la responsabilité d’un revirement injustifiable de leur position depuis les annonces du 18 mars 2022 par lesquelles le gouvernement espagnol actuel a apporté son plein soutien à la formule illégale et illégitime de l’autonomie interne préconisée par la puissance occupante, s’emploient à promouvoir un fait accompli colonial en usant d’arguments fallacieux », a ajouté le communiqué.

« Cette attitude du gouvernement espagnol s’inscrit en violation de la légalité internationale que lui impose son statut de puissance administrante et aux efforts des Nations unies et du nouvel envoyé personnel du secrétaire général et contribue directement à la dégradation de la situation au Sahara occidental et dans la région », poursuit la présidence de la République.

« En conséquence, l’Algérie a décidé de procéder à la suspension immédiate du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qu’elle a conclu le 8 octobre 2002 avec le royaume d’Espagne et qui encadrait jusqu’ici le développement des relations entre les deux pays. »

Le 19 mars, moins de vingt-quatre heures après l’annonce du soutien du gouvernement espagnol au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, l’ambassadeur d’Algérie en Espagne, Saïd Moussi, a été immédiatement rappelé à Alger.

Avec Jeune Afrique

Algérie-France : le général de Gaulle a été informé du massacre du 17 octobre 1961

juin 8, 2022

Des archives inédites de la présidence française révèlent que de Gaulle avait été informé de l’ampleur de la répression, sur ordre de Maurice Papon, des manifestations du 17 octobre 1961. Un crime d’État resté impuni qui a fait entre 200 et 300 morts.

Des Algériens arrêtés lors de la manifestation du 17 octobre 1961, à Paris. © UPI/AFP

Le général de Gaulle n’ignorait rien du massacre du 17 octobre 1961 qui a fait plusieurs dizaines de victimes parmi les Algériens au cours d’une manifestation pacifique à Paris sauvagement réprimée par la police.

Selon les archives déclassifiées citées par le site d’information Mediapart, le président de la République a été informé de l’ampleur du massacre et s’en est indigné, demandant même que toute la lumière soit faite. Mais le général de Gaulle n’a pas pris de sanction contre le préfet de police de Paris, Maurice Papon, principal responsable de cette tuerie.

Exécutions, noyades, lynchages

Mardi 17 octobre 1961, cinq mois avant la fin de la guerre d’Algérie, plus de 30 000 Algériens manifestent pacifiquement contre le couvre-feu imposé le 4 octobre aux « musulmans d’Algérie » et contre la répression organisée par le préfet de police Maurice Papon.

La réaction de la police sera d’une brutalité inouïe. Exécutions, noyades, lynchages… La répression fera officiellement 3 morts. Mais selon d’autres sources, le bilan de ces violences qui se sont poursuivies tout au long de la nuit du 17 octobre ont fait entre 200 et 300 morts.

Dans les archives déclassifiées, Mediapart a ainsi retrouvé une note datée du 28 octobre 1961, rédigée par Bernard Tricot, conseiller du général de Gaulle pour les affaires algériennes, dans laquelle il indique au président que ces manifestations ont fait 54 morts. « Les uns auraient été noyés, les autres étranglés, d’autres encore abattus par balles, explique Bernard Tricot. Les instructions judiciaires ont été ouvertes. Il est malheureusement probable que ces enquêtes pourront aboutir à mettre en cause certains fonctionnaires de police. »

Le 6 novembre, le même fonctionnaire adresse une seconde note dans laquelle il expose une « question d’ordre gouvernemental » et fait part de « la découverte dans la région parisienne, depuis le 22 octobre, des cadavres d’un certain nombre de Musulmans algériens ».

Au président de la République, le conseiller pour les affaires algériennes écrit encore qu’il a besoin de « savoir si on se bornera à laisser les affaires suivre leur cours, auquel cas il est probable qu’elles s’enliseront, ou si le ministre de la Justice [Bernard Chenot], ainsi que le ministre de l’Intérieur [Roger Frey] doivent faire savoir aux magistrats et officiers de la police judiciaire compétente que le gouvernement tient à ce que la lumière soit faite ».

Il poursuit : « Il importe beaucoup, semble-t-il, que le gouvernement prenne dans cette affaire une position qui, tout en cherchant à éviter le plus possible le scandale, montre à tous les intéressés que certaines choses ne doivent pas être faites et qu’on ne les laisse pas faire. »

« Il faut poursuivre les coupables »

Réponse manuscrite du général de Gaulle retrouvée dans les archives déclassifiées : « Il faut faire la lumière et poursuivre les coupables. Il faut que le ministre de l’Intérieur prenne vis-à-vis de la police une attitude d’“autorité”, qu’il ne prend pas, et qui, d’ailleurs, n’exclut nullement, bien au contraire, la “protection”. »

Mais aucune mesure ne sera prise contre les policiers et responsables qui ont ordonné et couvert ce massacre. Les poursuites judiciaires, pourtant encouragées par le président de Gaulle, ont été abandonnées en mars 1962 à la suite de la promulgation d’une loi d’amnistie portant sur tous les crimes et délits « en relation avec les événements d’Algérie ».

Les ministres de l’Intérieur et de la Justice, ainsi que le préfet Maurice Papon ont été maintenus dans leurs fonctions. Ce dernier, qui a toujours nié les violences policières, a été condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour son rôle dans la déportation de juifs entre 1942 et 1944.

Il faudra attendre octobre 2021 pour que la présidence française reconnaisse pour la première fois que « près de 12 000 Algériens furent arrêtés et transférés dans des centres de tri au stade de Coubertin, au Palais des sports et dans d’autres lieux. Outre de nombreux blessés, plusieurs dizaines furent tués, leurs corps jetés dans la Seine ». Dans un communiqué, le président Emmanuel Macron a évoqué des « crimes inexcusables » commis « sous l’autorité de Maurice Papon ».

Par Jeune Afrique avec AFP

Algérie: le frère de l’ex-président Bouteflika condamné à huit ans de prison

juin 7, 2022

Saïd Bouteflika, frère cadet du défunt ex-président Abdelaziz Bouteflika, déjà en détention pour d’autres affaires, a été condamné lundi à huit ans de prison ferme pour des faits de corruption, selon les médias.

Saïd Bouteflika, frère de l’ex-chef de l’État algérien et ancien conseiller à la présidence. © FAROUK BATICHE/AFP

Saïd Bouteflika, le frère cadet de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika a été condamné ce lundi 6 juin à huit ans de prison ferme. Son co-accusé, l’ancien patron des patrons Ali Haddad, également condamné dans plusieurs affaires, a écopé de quatre ans de prison ferme. Les deux hommes doivent aussi verser des amendes au Trésor public. Le parquet avait requis dix ans ferme contre Saïd Bouteflika, 64 ans, et Ali Haddad, 57 ans, qui ont comparu devant le tribunal de Sidi M’hamed à Alger pour « trafic d’influence », « abus de fonction », « blanchiment d’argent » et « non déclaration de biens ».

Précédentes condamnations

Fin mai, Saïd Bouteflika avait été acquitté après avoir été condamné en octobre à deux ans de prison ferme pour « entrave à la justice ». Ali Haddad a, lui, été condamné dans d’autres affaires de corruption avec une sanction de quatre ans de prison en janvier 2021.

En novembre 2020, Ali Haddad avait été condamné en appel à douze ans de prison ferme et, dans un autre procès en appel fin mars 2020, à quatre ans de prison ferme. Ex-dirigeant de la principale organisation patronale algérienne, le Forum des chefs d’entreprises (FCE), de 2014 à mars 2019, Ali Haddad avait été arrêté à un poste-frontière entre l’Algérie et la Tunisie en possession de deux passeports et condamné en juin 2019 à six mois de prison pour détention illégale de deux documents de voyage. Les deux hommes sont aussi poursuivis dans d’autres affaires. En Algérie, les peines de prison ne sont pas cumulables. C’est la peine la plus lourde qui est imposée.

Enquêtes sur l’entourage de l’ex-président

Après la chute d’Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril 2019, sous la pression du mouvement de protestation du Hirak et de l’armée, la justice a lancé une série d’enquêtes sur des affaires impliquant des membres de son entourage. Par ailleurs, le parquet a requis lundi une peine de dix ans de prison à l’encontre de l’ex-PDG d’Ennahar, le premier groupe de médias privé algérien, Anis Rahmani, poursuivi dans une affaire de corruption, selon le site Ennaharonline.

La même peine a été requise contre l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, poursuivi dans cette même affaire pour blanchiment d’argent. De son vrai nom Mohamed Mokadem, Anis Rahmani, proche de Saïd Bouteflika, a déjà été condamné en appel en mars 2021 à trois ans de prison ferme. Il était accusé d’avoir illégalement enregistré et diffusé, en octobre 2018, une communication téléphonique qu’il avait eue avec un colonel du renseignement.

Par Jeune Afrique avec AFP

Cannes 2022 : décès de l’acteur Ahmed Benaissa, « monument » culturel en Algérie

mai 22, 2022

L’acteur et metteur en scène Ahmed Benaissa, considéré comme une grande figure du théâtre et du cinéma algérien, était à l’affiche du film « Goutte d’Or ».

Ahmed Benaïssa lors d’une répétition de la pièce « Meursault » , le 20 juillet 2015 à Avignon. © AFP ARCHIVES

Dans un message à la famille du défunt publié le 20 mai sur Facebook, la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, a regretté la perte d’un « monument » de la culture algérienne qui laissera « une empreinte indélébile dans le monde du cinéma et du théâtre algérien ».

Il est décédé vendredi à Cannes, avant la projection du film « Goutte d’or » de Clément Cogitore, dans le cadre de la semaine de la critique. « Foudroyé par un malaise », il sera rapatrié et inhumé en Algérie, selon son fils, a indiqué l’agence officielle algérienne APS.

Le célèbre écrivain algérien Kamel Daoud lui a rendu un hommage appuyé sur Twitter : « Une belle âme, un grand acteur, un homme sans haine et au talent immense », en soulignant qu’Ahmed Benaissa participait au « tournage du film Meursault contre enquête (inspiré du roman éponyme de M. Daoud, ndlr) pour l’un des deux rôles principaux ».

Riche carrière

Né en 1944 à Alger, Ahmed Benaïssa a eu une des carrières les plus riches du théâtre et du cinéma algériens, collaborant avec de nombreux réalisateurs comme Merzak Allouache ou encore Rachid Bouchareb. Comédien reconnu pour son talent exceptionnel, il avait mené de nombreux projets sur les planches du théâtre à Alger et à Oran.

Ahmed Benaissa avait dirigé le théâtre régional de Sidi Bel Abbes, non loin d’Oran, pendant la décennie noire qu’a subie le pays entre 1992 et 2002.

Par Jeune Afrique avec AFP