C’est grâce à une médiation du président gabonais Ali Bongo Ondimba que Juan Rémy Quignolot a été autorisé à rentrer en France en attendant son procès.
Un Français arrêté il y a deux ans en Centrafrique et accusé d’espionnage a été évacué vers Paris pour raisons de santé, où il est arrivé dimanche 21 mai au matin, la justice centrafricaine précisant qu’il devra revenir à Bangui pour son procès.
Juan Rémy Quignolot, 57 ans, un ancien militaire, avait passé 16 mois en détention préventive à Bangui avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire, le 22 septembre 2022, l’accusation invoquant déjà des raisons de santé.
« Nous l’avons accueilli ce matin à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle », a annoncé sa sœur Caroline Quignolot. « Il est parti le 18 mai de Bangui et a transité par le Gabon », dont le président, Ali Bongo Ondimba, a été le « médiateur » entre Paris et Bangui et « a joué un rôle important dans sa libération », a-t-elle assuré.
Arsenal militaire
« Nous sommes immensément soulagés. Mon frère est très éprouvé physiquement et doit se reposer », a-t-elle conclu. Juan Rémy Quignolot avait été arrêté le 10 mai 2021 à son domicile de Bangui. Des photos avaient immédiatement fuité dans les réseaux sociaux et la presse locale le montrant les mains liées dans le dos, un imposant arsenal militaire à ses pieds, saisi chez lui selon l’accusation.
La France avait aussitôt dénoncé « une instrumentalisation manifeste » dont elle accusait implicitement la Russie. Un procès devant une Cour criminelle de Bangui pour « espionnage et « détention illégale d’armes et munitions de guerre » avait été audiencé puis ajourné plusieurs fois, Juan Rémy Quignolot ne se présentant pas pour « raisons de santé ».
Travaux forcés
Citant un rapport médical « faisant clairement ressortir » que « son état de santé ne cesse de se dégrader » et « risque d’être préjudiciable à la vie de l’accusé », le président de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel, Laurent Ouambita, a « autorisé sa sortie du territoire national » dans une ordonnance datée du 17 mai. Le juge précise que « l’accusé pourra se présenter devant la Cour criminelle (…) dès l’amélioration de son état de santé ». Il encourt les travaux forcés à perpétuité.
Juan Rémy Quignolot avait travaillé pour plusieurs organisations en Centrafrique comme garde du corps, selon des sources humanitaires. « Et fait un court passage dans l’armée française dans sa jeunesse », selon une source diplomatique. Ce père de quatre enfants est un « sergent de l’armée française à la retraite », assure le juge Ouambita dans son ordonnance.
Son retour en France intervient alors que les relations entre Bangui et Paris, profondément détériorées depuis 2018 et l’arrivée massive en Centrafrique de mercenaires du groupe russe Wagner, se sont timidement réchauffées après une rencontre entre Emmanuel Macron et Faustin-Archange Touadéra à Libreville début mars, sur « facilitation » du Gabon. L’ambassadeur centrafricain à Paris, Flavien Mbata, avait évoqué la volonté de son pays de « retisser les liens de confiance » avec la France.
Le président américain a réuni le 14 décembre à la Maison-Blanche les dirigeants de six pays africains où se tiendront l’an prochain des élections présidentielles, que les États-Unis suivront de près.
Le Gabonais Ali Bongo Ondimba, le Nigérian Muhammadu Buhari, le Libérien George Weah, le Sierra-Léonais Julius Maada Bio, le Malgache Andry Rajoelina et le Congolais Félix Tshisekedi avaient été conviés, a fait savoir la Maison blanche. Chacun de leur pays organise l’an prochain une élection présidentielle, et les États-Unis seront attentifs à ce que celles-ci soient « libres, justes et crédibles », avait déjà averti le 12 décembre le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, ajoutant qu’il ne s’agit toutefois pas de « tirer la sonnette d’alarme ou de dire que nous avons des inquiétudes et des solutions ».
Liste controversée
Soucieux de relancer la relation avec les pays africains, où Chine et Russie avancent leurs pions, Joe Biden reçoit depuis le 13 décembre à Washington 49 dirigeants du continent. Un sommet au format similaire s’était déroulé en 2014 sous la présidence de Barack Obama.
« Quand l’Afrique réussit, les États-Unis réussissent. Le monde entier réussit », a affirmé le président américain le 14 décembre dans un discours au cours duquel il a égrené une série d’investissements. Il entend dégager 55 milliards de dollars pour l’Afrique d’ici à trois ans dans des domaines aussi variés que le numérique, les infrastructures, la santé ou la transition énergétique.
La liste des invités à la Maison blanche a toutefois suscité des critiques en raison de la présence de dirigeants accusés de mener chez eux des politiques répressives. Et ce alors que les États-Unis n’avaient pas voulu convier, lors d’un précédent grand sommet organisé avec l’Amérique latine, Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, invoquant les droits humains et la défense des libertés.
« Nous appliquons le même barème en matière de droits humains dans le monde entier », s’est défendu Jake Sullivan, interrogé le 12 décembre à ce sujet, indiquant que la liste des invités avait été décidée avec l’Union africaine (UA). Il avait assuré que la démocratie et la lutte contre la corruption feraient partie des sujets abordés.
Le 12 novembre, à Libreville, le président gabonais a été réinstallé Grand maître lors d’une assemblée où de nombreuses délégations maçonniques africaines, européennes et nord-américaines étaient présentes.
Les 11 et 12 novembre, à Libreville, l’assemblée générale de la Grande Loge du Gabon a été marquée par la présence continue d’Ali Bongo Ondimba (ABO). En sa qualité de Grand maître, le président gabonais a reçu, le vendredi 11 dans la soirée, les chefs des nombreuses délégations étrangères, dont Andreï Bogdanov, Grand maître de la Grande Loge de Russie.
Le lendemain, au cours du rituel, qui s’est déroulé au temple entre 10 heures et 14 heures, ABO a été réinstallé Grand maître, pour un mandat de cinq ans, par Jean-Pierre Rollet, le Grand maître de la Grande loge nationale française (GNLF).
Deux nominations clés
Le chef de l’État gabonais a nommé et installé Lin Mombo pro-Grand maître et Michel Mboussou député Grand maître (numéro deux). Le premier est l’époux de Marie-Madeleine Mborantsuo, la présidente du Conseil constitutionnel ; le second est celui de Lucie Milebou, la présidente du Sénat.
Une douzaine de Grandes loges africaines (Bénin, Cameroun, Congo, Ghana, Liberia, Mozambique, Nigeria, Sénégal, Togo) avaient envoyé une délégation, menée en général par leur Grand maître : l’homme d’affaires et ex-ministre Alain Roger Coeffé pour le Burkina Faso, l’avocat Sylvère Koyo pour la Côte d’Ivoire, et l’ex-ministre des Affaires étrangères Abdoul Kabèlè Camara pour la Guinée.
En plus des Frères français, russes, turcs et brésiliens, des Nord-Américains, venus du Québec (Canada) et des États-Unis, avaient fait le déplacement. Ce dernier pays était représenté par la Grande Loge de l’État de Virginie et par la Grande Loge du district de Columbia (Washington DC), en la personne du député Grand maître RWB Annas F. Kamara, d’origine sierra-léonaise, qui sera installé Grand maître en décembre.
Le soir, le traditionnel « dîner des dames » a été donné en l’honneur des participants et de leurs épouses, à l’hôtel Nomad.
Suprême conseil
Par ailleurs, en juillet dernier, un Suprême conseil a été institué au Gabon. Chargé de diriger le « rite écossais ancien accepté », il regroupe les Frères appartenant aux degrés les plus élevés (4 à 33) – la Grande Loge réunissant, pour sa part, les grades 1 à 3 (apprentis, compagnons et maîtres). Maixent Accrombessi, l’ancien directeur de cabinet du chef de l’État gabonais, est le Souverain grand commandeur de ce Suprême conseil. Jean-Denis Amoussou, ancien conseiller à la présidence, est, lui, son secrétaire général.
Les obsèques de la souveraine britannique auront lieu à Londres, dans la matinée du 19 septembre. Et beaucoup de présidents africains seront présents à cet événement mondial.
Les funérailles d’État d’Elizabeth II, les premières depuis la mort de Winston Churchill en 1965, auront lieu à 10 h GMT ce 19 septembre à l’abbaye de Westminster, avant que la reine ne soit inhumée lors d’une cérémonie privée à la chapelle Saint-Georges du château de Windsor.
Près de 2 000 invités sont attendus à ces obsèques, retransmises dans le monde entier : des membres de la royauté, mais aussi environ 500 dignitaires étrangers, dont de nombreux présidents et ministres.
Ceux qui feront le déplacement…
Un certain nombre de chefs d’État africains, dont beaucoup ont rendu publics leurs messages de condoléances, seront présents. Parmi eux, selon les informations de Jeune Afrique,Paul Kagame, Denis Sassou-Nguesso, Macky Sall – également président en exercice de l’Union africaine – et Azali Assoumani (lequel sera accompagné de son épouse).
Ali Bongo Ondimba (dont le pays, le Gabon, a intégré fin juin le Commonwealth), Cyril Ramaphosa, Nana Akufo-Addo et William Ruto, tout juste élu à la tête du Kenya, se déplaceront également afin de rendre un dernier hommage à la reine, décédée le 8 septembre en Écosse à l’âge de 96 ans. Des rois ont par ailleurs été invités, dont le souverain des Ashanti, Otumfuo Nana Osei Tutu II, et celui du Lesotho, Letsie III.
… et les grands absents
Parmi les absents : Félix Tshisekedi, Alassane Ouattara, Patrice Talon, Ismaïl Omar Guelleh et Faustin-Archange Touadéra, qui, pour la plupart, se rendront directement à New York pour assister à l’Assemblée générale des Nations unies, dont les débats s’ouvrent le 20 septembre.
La délégation ivoirienne sera conduite par Abdourahmane Cissé, le secrétaire général de la présidence ; Paul Biya et Umaro Sissoco Embaló seront, de leur côté, représentés par leur Premiers ministres respectifs, Joseph Dion Ngute et Nuno Gomes Nabiam ; Félix Tshisekedi par le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso; Muhammadu Buhari par son vice-président, Yemi Osinbajo, et George Weah par son ambassadrice au Royaume-Uni, Gurly Gibson Schwarz.Le roi Mohammed VI, comme le veut la tradition, devrait envoyer son frère, le prince Moulay Rachid, ou son fils, Moulay El Hassan. Les rois du Maroc n’assistent en effet jamais à des obsèques.
Quant aux chefs d’État des transitions au Mali, en Guinée et au Tchad, il y a très peu de chances qu’ils fassent le voyage. À titre d’exemple, Mamadi Doumbouya n’a pas quitté Conakry depuis le 5 septembre 2021, jour où il a renversé Alpha Condé. Enfin, contrairement à ce qu’énonce une lettre faussement attribuée à Buckingham Palace, selon l’ambassade du Royaume-Uni au Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa a bien été invité aux funérailles. Il sera représenté par son ministre des Affaires étrangères, Frederick Shava.
Ike Ngouoni Aila Oyouomi a été condamné, le mardi 26 juillet, à huit ans de réclusion pour détournement de fonds publics. L’ancien porte-parole du président Ali Bongo Ondimba avait été arrêté en 2019 dans le cadre d’une opération anti-corruption, qui a également touché l’ex-ministre Brice Laccruche Alihanga.
La Cour criminelle spéciale a condamné, le mardi 26 juillet, Ike Ngouoni Aila Oyouomi à huit ans de prison ferme pour détournement de fonds publics. L’ancien porte-parole de la présidence a été reconnu coupable de faits s’étant déroulés entre 2017 et 2019 et écope également d’une amende de 50 millions de francs CFA, ainsi que d’une autre de 5 milliards, au titre de dommages et intérêts, à verser à l’État gabonais.
Une décision qui « ne rend pas compte de la réalité des faits »
Le procureur avait requis une peine de quinze années de réclusion à l’encontre d’Ike Ngouoni Aila Oyouomi. Il avait aussi sollicité une condamnation à dix années de prison (dont cinq années de sursis) pour Sandy Ntsame Obame, l’ancienne assistante du porte-parole, jugée en même temps que ce dernier. Celle-ci a été condamnée à cinq années d’emprisonnement avec sursis et retrouve donc la liberté.
Ike Ngouoni Aila Oyouomi, qui a déjà passé trois ans derrière les barreaux, doit quant à lui encore s’acquitter de cinq ans de réclusion. Une décision « qui ne rend pas compte de la réalité des faits », a dénoncé à la fin du procès son avocat, Me Anges Kévin Nzigou.
Ce dernier a cherché à convaincre le tribunal que les fonds prétendument détournés n’étaient pas publics mais avaient été mis à disposition du cabinet du chef de l’État pour les activités politiques – et donc privées – d’Ali Bongo Ondimba. En vain. Il devrait toutefois présenter une plaidoirie similaire lors du prochain procès de son autre client, Brice Laccruche Alihanga.
Intervenant le 2 novembre en marge de la COP26 dans le cadre du panel de haut niveau sur les forêts et l’utilisation des terres organisé par le gouvernement britannique, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est livré à un véritable plaidoyer sur la prise en compte des atouts naturels dont regorge son pays dans le processus d’atténuation des émissions des gaz à effet de serre, actuellement au cœur d’un enjeu planétaire.
Félix Tshisekedi, Joe Biden et Ali Bongo à la COP 26
Au cours du panel auquel d’autres chefs d’Etat africains ont pris part, Félix Tshisekedi a lancé un appel à l’unissons à tous les leaders mondiaux pour la sauvegarde des ressources naturelles de son pays dont la contribution à l’effort de lutte contre le réchauffement climatique s’avère très capitale. « La République démocratique du Congo, mon pays, avec ses massifs forestiers, ses tourbières et ses ressources en eau et en minerais stratégiques se présente comme un pays solution à la crise climatique », a-t-il déclaré, du haut de la tribune de ce panel en présence du président américain, Joe Biden, du Premier ministre Johnson (UK) et du président Ali Bongo également invités. Il a poursuivi en appelant les leaders et les décideurs du monde entier « à agir ensemble, main dans la main afin que nous puissions protéger ce patrimoine naturel essentiel à la survie de l’humanité ».
Le président Tshisekedi a, par ailleurs, livré un vibrant plaidoyer pour la préservation du bassin du Congo. A ce sujet, une dizaine de pays et le Fonds Bezos pour la terre ont manifesté leur engagement à l’égard du bassin du Congo en annonçant une contribution collective d’au moins $1.5 milliard de financement entre 2021 et 2025. Ce fonds, rappelons-le, vise à soutenir les efforts menés par les pays du bassin du Congo pour protéger et maintenir les forêts de cette région, les tourbières et les autres réserves de carbone essentielles pour la planète.
Pays vaste situé au cœur de l’Afrique, la RDC, en tant que deuxième poumon mondial, regorge de nombreux atouts, dont la planète pourrait en tirer une meilleure partie dans sa lutte contre le changement climatique. C’est ainsi que dans son intervention, le président de la République a présenté la RDC comme « pays solution » à la crise climatique qui touche la planète terre.
L’ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba a comparu cette semaine devant le tribunal correctionnel de Libreville. Il était jugé pour obtention de document administratif sur la base d’une fausse déclaration. Verdict ce 29 octobre.
C’est une nouvelle étape dans la descente aux enfers que Brice Laccruche Alihanga (BLA) a entamée voici deux ans, quasiment jour pour jour. Le 7 novembre 2019, le directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba, l’homme qui avait régenté Libreville alors que le chef de l’État était en convalescence, tombait de son piédestal : limogé de son poste, il était nommé à un fantoche ministère « chargé du suivi de la stratégie des investissements humains et des objectifs de développement durable ».
Dans le viseur des autorités, il avait vu l’étau se resserrer, à mesure que la confiance d’Ali Bongo Ondimba et de son fils Noureddin disparaissait. Le 3 décembre, il était arrêté, soupçonné, entre autres, de détournements de fonds publics et de blanchiment d’argent en relation avec le secteur pétrolier et la Gabon Oil Company. Le début de sa vie à l’isolement, au sein de la prison centrale de Libreville.
Multiples chefs d’accusation
Depuis, BLA – un acronyme qui faisait encore trembler Libreville voici trois ans – attend le verdict de la justice, tout en essayant d’obtenir une libération provisoire que différentes cours lui ont tour à tour refusée. Parfois découragé, il a tenté de se suicider le 21 mai 2020, après six mois de privation de liberté, s’entaillant les veines avec ce qu’il avait trouvé à portée de main. Néanmoins combattif, il a voulu mettre en place une stratégie de défense avec ses avocats gabonais Anges Kevin Nzigou et Jean-Paul Moubembé.
Présenté au procureur le 23 avril 2021, il lui avait été signifié un autre chef d’accusation : obtention de document administratif sur la base d’une fausse déclaration. Selon l’accusation, Brice Laccruche Alihanga se serait fait établir en 2004 un certificat de nationalité précisant qu’il était gabonais d’origine. Or BLA est né en France en 1980. Ses parents, Norbert Fargeon et Elizabeth Dupont, sont français. Et s’ils vivaient à Libreville depuis 1976, ils avaient préféré que leur enfant voie le jour à Marseille.
Des faits présumés de détournement toujours en instruction
Ce sont ces accusations d’obtention frauduleuse qui étaient examinées ce mardi 26 octobre par le tribunal correctionnel de Libreville. Devant la cour, Brice Laccruche Alihanga a reconnu les faits et le procureur a ensuite requis cinq ans de prison ferme et cinq millions de francs CFA d’amende, la peine maximale prévue par la législation gabonaise. Sa défense, qui a jusqu’au bout tenté de contester la compétence du tribunal mais a été déboutée par la Cour de cassation en septembre, espère obtenir la clémence du juge après avoir choisi de plaider coupable.
Le verdict dans ce volet de l’affaire BLA est attendu ce vendredi 29 octobre et pourrait ensuite donner lieu à un appel, selon la sévérité de la peine. Mais un autre épisode judiciaire pourrait surtout suivre ce premier acte, puisque les accusations de détournements de fonds publics et de blanchiment d’argent – émises depuis décembre 2019, dès l’arrestation de l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba – sont toujours en cours d’instruction.
« Le dossier est vide, même après deux ans d’enquête », déplore Me Anges Kevin Nzigou, contacté par Jeune Afrique. Selon nos informations, la dernière audition de Brice Laccruche Alihanga devant le juge d’instruction chargé de ce pan de l’enquête a eu lieu en mai dernier et les charges n’ont pas été abandonnées depuis. L’ancien administrateur-directeur général de Gabon Oil Company, Christian Patrichi Tanasa, ainsi que l’ex-collaborateur de BLA à la présidence, Ike Ngouoni Aila Oyouomi, sont également toujours en détention en lien avec ce dossier.
L’annonce a été fait ce lundi 13 septembre dans un communiqué publié à l’issue du conseil des ministres. Le fils d’Ali Bongo Ondimba était l’un des hommes les plus puissants du palais du Bord de mer.
L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre, à Libreville. Noureddin Bongo Valentin, l’influent fils du chef de l’État Ali Bongo Ondimba, a été remercié de son poste de coordinateur général des affaires présidentielles, ce lundi 13 septembre. L’annonce a été faite lors du conseil des ministres qui s’est tenu le jour même par visioconférence à Libreville. Noureddin Bongo Valentin est « remis à la disposition de son administration d’origine », précise le communiqué publié en fin de journée.
Nommé le 5 décembre 2019, Noureddin Bongo Valentin avait repris les rênes du palais après la chute de Brice Laccruche Alihanga, l’ancien directeur de cabinet du chef de l’État soupçonné de détournement de fonds et de blanchiment, et depuis incarcéré.
Le désormais ex-coordinateur général des affaires présidentielles avait acquis, ces deux dernières années, une influence considérable et passait pour être l’homme le plus puissant du palais du Bord de mer après son père, Ali Bongo Ondimba. Grands travaux, santé, diversification économique… Il pouvait intervenir sur tous les dossiers tandis que Jean-Yves Teale, le secrétaire général de la présidence, et Théophile Ogandaga, directeur de cabinet du chef de l’État, restaient en retrait.
« Conseiller stratégique »
En mars 2020, Noureddin Bongo Valentin avait en outre rejoint le bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), chargé de contribuer à y remettre de l’ordre dans la perspective de l’élection présidentielle de 2023.
Faut-il voir dans son éviction le signe d’une mésentente entre le fils et le père ? Il serait prématuré de l’affirmer, d’autant que Noureddin Bongo Valentin a été nommé, le 10 septembre, « conseiller stratégique » du président du PDG, Ali Bongo Ondimba. Libreville bruisse en outre de rumeurs de remaniement et cette séquence pourrait, elle aussi, réserver son lot de surprises.
Également annoncée ce lundi, la création d’un Haut-commissariat de la République, « en application des articles 47 et 52 de la Constitution ». Cet organe devra assister le chef de l’État « dans l’évaluation, le suivi [et] la mise en oeuvre de son action politique ».
Chefs d’État, intellectuels, lecteurs… Depuis le décès, le 3 mai à Paris, de Béchir Ben Yahmed, fondateur de « Jeune Afrique » et de « La Revue », les messages saluant sa mémoire se multiplient.
Béchir Ben Yahmed, fondateur et patron historique de Jeune Afrique, s’est éteint lundi à l’âge de 93 ans à l’hôpital parisien Lariboisière. Depuis l’annonce du décès de ce témoin privilégié des soubresauts de l’Afrique et du Moyen-Orient, les hommages affluent. Qu’ils soient chefs d’États, Premiers ministres, journalistes ou lecteurs émus, les témoignages de respect et d’estime se multiplient, publics comme privés.
L’un de ses amis les plus chers et les plus fidèles, Alassane Ouattara – le journaliste considérait être pour l’Ivoirien « une sorte de frère aîné » – a été l’un des premiers à réagir. « C’est avec une immense tristesse que j’apprends le décès de mon aîné Béchir Ben Yahmed, un ami depuis une quarantaine d’années, un grand intellectuel, un excellent journaliste et un infatigable entrepreneur », s’est ainsi ému le président.
Son Premier ministre, Patrick Achi, a évoqué un « homme du dialogue des cultures, des continents et des hommes ». « Créatif, généreux, exigeant, il avait le génie de la presse », a-t-il ajouté.
« C’est une certaine Afrique qui s’en est allée »
Peu après l’annonce du décès de BBY, c’est un autre chef d’État, fraîchement élu, qui a été parmi les premiers à saluer la mémoire du fondateur de JA. « C’est une certaine Afrique qui s’en est ainsi allée, à travers ce grand témoin de notre histoire, a écrit le président du Niger, Mohamed Bazoum. Mes condoléances attristées à l’équipe de Jeune Afrique. Je suis convaincu qu’elle saura porter très haut le flambeau de cette belle aventure. » Son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, lui a emboîté le pas, rendant hommage à « un géant ». Un terme également employé par Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine.
« Je salue la mémoire d’un pionnier qui a mis sa plume au service du continent », a écrit pour sa part le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré. BBY a été un acteur de la lutte pour la cause du tiers-monde, l’indépendance des pays africains, l’État de droit et la démocratie. » Le président sénégalais, Macky Sall, a quant à lui fait part de sa peine, insistant sur le « parcours exceptionnel » du fondateur de Jeune Afrique.
« La disparition de Béchir Ben Yahmed signe indubitablement le départ d’un serviteur passionné qui mit, des décennies entières, des compétences exceptionnelles d’intelligence, de créativité et de plaidoirie en faveur de la dignité et du bien-être de l’Afrique », a quant à lui écrit le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh.
C’est également le cas de Kaïs Saïed, le président tunisien, qui a salué « l’une des figures de proue du mouvement national tunisien qui a contribué, aussi bien par son engagement politique que par sa plume, à l’indépendance de son pays natal ».
« Béchir Ben Yahmed restera à jamais gravé dans la mémoire du monde des médias tunisiens, français et africains », écrit le chef de l’État, grand lecteur de Jeune Afrique, dont il conserve chez lui des dizaines de numéros.
Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a également rendu hommage « au nom du Royaume du Maroc », à cet homme « d’une grande lucidité et d’une grande constance de conviction, ainsi que le Maroc et les Marocains peuvent en témoigner ».
De son côté, l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Mohamed Antar Daoud, a adressé ses condoléances à la famille Ben Yahmed en saluant une figure « connue et appréciée pour ses qualités humaines et professionnelles », qui laissera « le souvenir d’un homme qui a fait siens la cause et le combat du peuple algérien pour le recouvrement de son indépendance ».
Le Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory Fofana, a lui aussi adressé une lettre de condoléances à Danielle Ben Yahmed. Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’État du Plan et du Développement et numéro deux du gouvernement béninois, ainsi qu’Olivier Boko, proche conseiller du président Patrice Talon, ont également présenté leurs hommages.
Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac, a lui écrit sa « peine » après la disparition de celui qui a « réussi à faire de Jeune Afrique un puissant outil d’analyses pour la lecture et la compréhension de l’histoire contemporaine africaine ». François Fall, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale, a pour sa part salué « un baobab qui aura contribué à l’éveil du continent ».
Le Béninois Serge Ékué, président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), ou encore le Sénégalais Makhtar Diop, à la tête de la Société financière internationale (IFC), ont également fait part de leurs condoléances.
L’Élysée salue « un homme de conviction »
La présidence française a longuement rendu hommage à une « plume alerte, dont la lucidité clinique n’épargnait aucun chef d’État, ni africain, ni français ». Emmanuel Macron a notamment salué « un homme de presse et de conviction qui a accompagné et éclairé les indépendances africaines, qui a insufflé une fraternité d’âme entre les États de ce continent, et qui a incarné la profondeur du lien indéfectible entre la France et l’Afrique ».
Les chefs d’État et ministres n’ont pas été les seuls à réagir. Personnalités politiques et intellectuels, artistes, écrivains, nombreux ont été celles et ceux qui ont adressé leurs condoléances de manière publique ou privée. C’est notamment le cas de Lakhdar Brahimi, ancien ministre algérien des Affaires étrangères, de Tiébilé Dramé, ancien ministre malien des Affaires étrangères, du Sénégalais Karim Wade, ex-ministre et fils de l’ancien président Abdoulaye Wade. « L’Afrique perd son plus grand patron de presse », s’est pour sa part ému le Congolais Moïse Katumbi, rendant hommage aux soixante années que BBY a passées « au service de l’information ».
Écrivains, cinéastes, journalistes…
La Prix Goncourt franco-marocaine Leïla Slimani, ancienne journaliste à Jeune Afrique, le peintre marocain Mehdi Qotbi, le cinéaste tunisien Férid Boughedir et l’ancien ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand, qui a collaboré à La Revue, ont également adressé leurs condoléances à la famille du défunt. « C’est grâce à Béchir Ben Yahmed et à Jeune Afrique qu’une très grande partie de ma génération est née au panafricanisme, a quant à lui écrit le philosophe camerounais Achille Mbembe. Il aura eu un impact considérable sur la formation de notre conscience historique. »
Les hommages des professionnels des médias n’ont pas manqué. De l’Ivoirien Venance Konan, directeur général de Fraternité Matin, et son confrère Noël Yao, au Marocain Mohamed Khabbachi. Ce dernier, patron du site Barlamane et ancien directeur général de la MAP, salue « le parcours du combattant » d’un homme dont « le nom résonne dans toute l’Afrique et le monde arabe ».
Les anciens collaborateurs de JA ont également été nombreux à rendre hommage à Béchir Ben Yahmed : Francis Kpatindé, dans Le Monde, Pascal Airault, dans L’Opinion, Christophe Boisbouvier et Jean-Baptiste Placca, sur RFI, le Camerounais Célestin Monga, aujourd’hui enseignant à Harvard, sans oublier l’ancien rédacteur en chef de Jeune AfriqueHamid Barrada, l’une des références du journalisme au Maroc, les Sénégalais Cheikh Yérim Sow et Cécile Sow, Mohamed Selhami, fondateur de Maroc Hebdo, Guy Sitbon, Jean-Claude Hazena, Jean-Pierre Séréni…
Beaucoup de quotidiens et de sites d’information du continent également rendu hommage à Béchir Ben Yahmed, de Walf Quotidien (Sénégal) à Wakat Séra (Burkina Faso), en passant par Le Djely (Guinée) ou encore Les Dépêches de Brazzaville.
Une Cour d’appel gabonaise a refusé lundi d’entendre des opposants qui demandaient une audience sur leur demande d’examen médical du président Ali Bongo Ondimba, dix mois après son AVC.
En respectant une demande de la Cour de cassation, qui avait demandé à la Cour d’appel de se dessaisir, la justice a « enterré à jamais » l’affaire, a regretté en sortant du palais de Justice de Libreville Jean-Paul Moumbembe, avocat des dix opposants qui avaient demandé l’examen après la séance.
Victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) fin octobre, le président Ali Bongo a passé cinq mois de convalescence à l’étranger et n’a pas pris la parole en direct et en public depuis les quelques mots prononcés à son retour à Libreville fin mars.
Ce silence avait poussé dix personnalités de l’opposition, du monde syndical et de la société civile à demander cet examen médical.
Court feuilleton judiciaire
Un tribunal de première instance avait jugé cette demande irrecevable, au motif que seule la Cour constitutionnelle saisie par le gouvernement ou les deux chambres du Parlement peuvent constater l’empêchement du président à gouverner.
En son absence, les juges de la Cour d’appel ont donc renvoyé lundi le dossier devant la Cour de cassation, qui doit décider si le président gabonais peut répondre de sa santé devant la Cour.
Il s’agit d’une « reprise du cours normal de la justice », selon Tony Serge Minko Mi Ndong, avocat d’Ali Bongo Ondimba. « Soit la Cour de cassation ira dans notre sens, effectivement cela mettrait un terme à notre affaire, soit elle prend une décision contraire, et le dossier reviendra devant la Cour d’appel », a-t-il détaillé à l’AFP.
Une prudence que la partie adverse balaye: « il faut considérer que ce dossier est enterré à jamais », assène maître Moumbembe. Le collectif à l’origine de la plainte, Appel à Agir, dénonce pour sa part dans un communiqué « l’instrumentalisation de la justice ».
« Examens médicaux de routine »
Le président gabonais Ali Bongo Ondimba subit des « examens médicaux de routine » à Londres où il effectue un « séjour privé », a annoncé lundi la présidence.
« À aucun moment, la santé du président ne s’est détériorée. Au contraire (…) Ali Bongo Ondimba est en phase de recouvrement de la plénitude de ses capacités physiques », lit-on dans un communiqué de la présidence de la République gabonaise qui a ainsi démenti une information de l’agence Bloomberg qui assurait lundi que le président gabonais était hospitalisé à Londres « alors que son état se détériore », citant « des sources proches du dossier ».