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Royaume-Uni: Concert géant et pluie de vedettes pour fêter Élisabeth II à Londres

juin 4, 2022
Adam Lambert sur scène avec Brian May, le guitariste de Queen.

« C’est merveilleux d’être de retour», a confié le guitariste de Queen, Brian May, sur la BBC. Photo : Reuters/Hannah Mckay

Une pléiade de vedettes, dont le légendaire groupe britannique Queen, ont enflammé les foules samedi à Londres lors d’un concert géant organisé pour célébrer les 70 ans de règne historiques de la reine Élisabeth II, mais en l’absence de la souveraine, fatiguée.

Rod Stewart, Alicia Keys, Andrea Bocelli, Duran Duran : après la pompe et le recueillement, les plus grands noms de la scène pop-rock ou classique ont défilé sur scène, devant les grilles du palais de Buckingham, pour ce spectacle qui clôturait le troisième et avant-dernier jour des festivités du jubilé de platine de la souveraine de 96 ans, à la longévité inégalée au Royaume-Uni.

Queen et Adam Lambert ont lancé la soirée avec les chansons We Will Rock You puis Don’t Stop Me Now devant 22 000 spectateurs, dont 10 000 tirés au sort et 5000 travailleurs clés de la pandémie, qui agitaient des drapeaux de l’Union Jack.

Dans le public se trouvaient aussi plusieurs membres de la famille royale, y compris le prince héritier Charles et son fils William, venu avec sa femme Kate et deux de leurs jeunes enfants, George et Charlotte.

C’est merveilleux d’être de retour, a confié le guitariste de Queen, Brian May, sur la BBC, 20 ans après avoir marqué les esprits en interprétant l’hymne national God Save the Queen perché sur le toit du palais pour le jubilé d’or de la souveraine.

Nous voulons apporter de la joie […] après tout le malheur que nous avons vécu, a confié le batteur Roger Taylor.Un homme est photographié devant la scène du palais de Buckingham.

Près de 22 000 spectateurs se sont rassemblés devant le palais de Buckingham pour assister au spectacle samedi soir à Londres. Photo: AP/Frank Augstein

Toutefois, la vraie vedette de la soirée, Élisabeth II, était absente en raison de sa santé fragile. Elle a préféré regarder le concert à la télévision, retransmis en direct sur la BBC.

Aimée pour son sens du devoir comme pour son humour pince-sans-rire, elle a toutefois fait une apparition surprise dans une courte vidéo humoristique diffusée avant le coup d’envoi, où elle prend le thé avec l’ours Paddington, maladroite icône de la littérature enfantine britannique.

Joyeux jubilé, madame, et merci, pour tout, lui dit-il. C’est très gentil, répond-elle en sortant de son inséparable sac à main une tartine à la confiture d’orange dont raffole son invité avant de taper le rythme de We Will Rock You sur sa tasse de porcelaine avec sa cuillère d’argent.

Pourtant passionnée de courses, Élisabeth II avait déjà renoncé à se rendre samedi aux célèbres courses hippiques du derby d’Epsom, à 30 km de Londres, qu’elle n’a manquées que très rarement. Elle y a été représentée par sa fille, la princesse Anne.

Vendredi, elle avait déjà manqué le service religieux à la cathédrale Saint-Paul, car elle avait souffert d’inconfort au premier jour des célébrations jeudi, quand elle était apparue au balcon du palais de Buckingham, radieuse mais frêle, en s’appuyant sur une canne, pour la parade militaire.

Parmi les absents samedi figuraient aussi le prince Harry et son épouse Meghan, venus de Californie pour participer au jubilé mais qui avaient choisi de fêter dans l’intimité le premier anniversaire de leur fille Lilibet, que la reine aurait rencontrée pour la première fois.

Moment historique pour les Britanniques

La diva américaine Diana Ross, 78 ans, absolument ravie d’avoir été invitée à se produire pour une occasion aussi importante, a clos cette soirée de deux heures et demie qui célébrait la contribution du Royaume-Uni et des pays du Commonwealth à la musique, à l’environnement, au sport et à la comédie musicale au cours des 70 dernières années.

Joyeuse parenthèse d’unité patriotique dans la crise du coût de la vie, les fêtes du jubilé durent jusqu’à dimanche, à la faveur d’un long week-end férié de quatre jours.Un homme drapé du drapeau britannique enlace une femme habillée en reine Élisabeth II dans une foule à Londres.

Des milliers de spectateurs se sont rassemblés à Londres pour le concert géant qui a souligné le jubilé de platine de la reine Élisabeth II devant le palais de Buckingham. Photo: AP/Frank Augstein

Jusqu’à présent, les conditions météorologiques ont coopéré. Cependant, on attend de la pluie dimanche, alors que sont prévus des dizaines de milliers de déjeuners en plein air entre voisins.

Une grande parade doit clôturer les célébrations en fin d’après-midi à Londres avec quelque 10 000 participants.

Elle se terminera devant le palais de Buckingham, où Ed Sheeran devrait chanter en l’honneur de la reine et du prince Philippe, son époux décédé l’an dernier, sa célèbre ballade Perfect.

Symbole de stabilité au cours d’un siècle de grands bouleversements, Élisabeth II est montée sur le trône à l’âge de 25 ans le 6 février 1952. Elle a traversé l’histoire avec une constance et un dévouement dont les Britanniques lui sont reconnaissants.

Beaucoup de participants aux fêtes du jubilé avaient conscience que c’était peut-être la dernière fois qu’ils verraient leur souveraine.

C’est notre histoire et nous ne reverrons jamais cela, car évidemment, la prochaine fois, ce sera un roi, c’est notre dernière reine. Et je pense que c’est une merveilleuse reine, a confié à l’AFP Wendy Flynn, une mère au foyer qui participait à une fête de rue à Londres.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

États-Unis/Angélique Kidjo : « Avec l’élection de Trump, ce que je redoute le plus est en train de se produire »

janvier 22, 2017

La chanteuse franco-béninoise, installée aux Etats-Unis depuis 1998, raconte sa participation à la Women’s March contre l’investiture du nouveau président américain.

Angélique Kidjo, samedi 21 janvier, à Washington, où plus de 500 000 personnes participent à la Women’s March, dont un bon nombre de femmes coiffées d’un bonnet rose, en réaction de l’investiture de Donald Trump, la veille. Crédits : DR

« It’s been a long
A long time coming
But I know
A change gonna come
Oh yes it will. »

(« A Change Gonna Come », Sam Cooke, 1963)

Me voici de retour à Washington, quatre mois jour pour jour après mon concert pour l’inauguration du National Museum of African American History and Culture (NMAAHC), premier musée américain à traiter de l’histoire de l’esclavage, de la ségrégation et des richesses culturelles qui en découlèrent. Ce jour-là, sous un beau soleil d’automne, juste après le discours du président Barack Obama, la chanteuse de soul Patti LaBelle avait offert une version pleine d’espoir de A Change Is Gonna Come, un classique du mouvement des droits civiques signé Sam Cooke. A la fin de la chanson, elle avait susurré dans le micro : « Hillary Clinton ! » et la foule avait rugi de plaisir. C’était avant le 8 novembre, triste date de l’élection de Donald Trump

En ce samedi 21 janvier, au lendemain de l’investiture, peu fêtée, de ce président républicain et milliardaire, c’est l’hiver et je suis dans la rue. Je chante pour la Women’s March, manifestation féministe gigantesque. Il y a à Washington plus de 500 000 personnes, dont un bon nombre de femmes coiffées d’un bonnet rose avec des oreilles de chat. Ce protest veut rappeler à qui veut bien l’entendre : « Nous, les femmes horrifiées par cette élection, nous sommes toujours là, notre voix ne va pas disparaître, nous ne nous soumettrons pas à la nouvelle idéologie dominante. »

Car voici que l’Amérique, une certaine Amérique, qui regarde avec cynisme vers le passé, veut construire des murs ! Des fantômes qui s’étaient tus recommencent à parler : mépris pour les femmes, pour les minorités, pour les Noirs dont l’accession à l’égalité, au succès, au pouvoir est insupportable à une fraction raciste de l’Amérique.

La scène de la Women’s March est montée au milieu d’Independence Avenue. En coulisses, je découvre, fascinée, ravie, quatre générations de militants et d’artistes rassemblés : Angela Davis et Jesse Jackson, symboles de la cause noire des années 1960, Gloria Steinem, figure de proue du féminisme américain, Alicia Keys et Janelle Monae, symboles du Girl Power de la pop contemporaine, et leurs aînées Cher et Madonna.

Dans mon cœur se réveillent les vieilles angoisses

« I was born by the river
In a little tent
Oh and just like the river
I’ve been running ever since. »

Depuis que le résultat des élections a été annoncé, dans mon cœur se réveillent les vieilles angoisses de ma jeunesse au Bénin. En ce début d’année, je viens de rentrer de mon pays natal, où j’ai fêté avec ma (nombreuse) famille les 90 ans de ma mère Yvonne, une femme qui ne fut jamais soumise et qui, à son âge, danse encore la salsa à deux heures du matin. Elle représente pour moi l’énergie, l’envie de vivre, et ce besoin viscéral de chanter qui n’a jamais quitté l’Afrique – un continent dont on ne sait pas à quelle sauce il sera mangé par l’administration Trump.

En 1983, toute jeune encore, j’ai quitté Cotonou parce que je ne supportais plus la soumission. Mon pays subissait à l’époque une dictature marxiste inflexible. Tout citoyen devait, à tout moment, répéter : « Prêt pour la Révolution ? La lutte continue. » Tout chanteur avait l’obligation d’encenser le pouvoir en place sans qu’on lui concède un quelconque esprit critique.

Or moi, j’avais un rêve de jeune fille : parcourir les continents, affirmer la liberté des artistes, des femmes artistes en particulier, établir avec mes chansons des ponts entre les cultures, et contribuer à soigner la blessure de l’esclavage qui a tellement affecté le Bénin !

Ma musique semble avoir perdu son pouvoir

« It’s been too hard living
But I’m afraid to die
Cause I don’t know what’s up there
Beyond the sky. »

Mais avec l’élection de Donald Trump, ce que je redoute le plus au monde est en train de se produire : l’arrivée d’un monde où l’idéologie est reine, où l’on pointe toujours l’autre du doigt et où toute critique est menacée, découragée, par un tweet vengeur. Pour ma petite famille à New York, c’est comme un échec personnel. Tout ce que nous représentons, le message que porte ma musique semble avoir perdu son pouvoir. Et certains, découragés sans doute, jugent désuète et naïve l’idée que la musique peut être une arme de la tolérance, qu’elle puisse fédérer des individus de couleurs et de cultures différentes.

Lire aussi :   Angélique Kidjo : « Il faut en finir avec le mariage forcé des fillettes »

En quittant le Bénin en 1983, j’avais rejoint la France, pays des droits de l’homme. Et là aussi, lentement, la montée du Front national s’est affirmée, jusqu’à faire peur. Africaine installée aux Etats-Unis, je m’étais sentie plus libre, et aussi plus inspirée par la puissance de la musique américaine. Il y a huit ans, j’ai assisté à l’investiture du président noir Barack Obama. C’était une date historique (dont j’ai rendu compte pour Le Monde), extraordinairement symbolique pour tous ceux qui sont en capacité de reconnaître les ravages du commerce négrier et des siècles d’esclavage qui s’en sont suivis.

Pour ma fille métisse, qui avait 15 ans en 2008, c’était la plus belle promesse d’espoir dont elle pouvait rêver. Je me rappelle encore qu’à Washington, sur l’esplanade, elle serrait dans ses bras une parfaite inconnue en pleurant, tandis que Barack Obama prêtait serment. C’était un rêve américain.

Angelique Kidjo pose avec l’award du meilleur album de world music aux 58e Grammy Awards en février 2016, à Los Angeles.

Angelique Kidjo pose avec l’award du meilleur album de world music aux 58e Grammy Awards en février 2016, à Los Angeles. Crédits : Chris Pizzello / AP

Une chape de plomb qui se profile

« Then I go to my brother
And I say brother help me please
But he winds up knockin’me
Back down on my knees. »

Mais aujourd’hui, nous avons compris que l’incroyable symbole que représentait un président noir avait un prix : celui d’une réaction impitoyable qui a conduit à l’élection de Trump et au choix des membres de son gouvernement. Cette chape de plomb qui se profile à l’horizon m’a donné la force de venir chanter à la Women’s March, malgré les craintes de mon entourage. Et, alors, projetée devant une foule de centaines de milliers de personnes, entourée de certains de mes artistes et militants favoris, je me suis sentie pousser des ailes !

A Washington, ce 21 janvier vers midi, le cinéaste et militant Michael Moore vient de finir son discours, nous encourageant à appeler tous les jours le congrès, et c’est bientôt mon tour de chanter. Moi aussi, j’ai choisi d’interpréter A Change Is Gonna Come, non pas dans la version désespérée que j’avais donnée à la Philharmonie de Paris en décembre 2016, écrasée par l’élection de Trump, mais maintenant de façon résolument déterminée : en voyant cette marée de bonnets roses, je suis désormais convaincue que la régression n’est pas inéluctable.

« It’s been a long
A long time coming
But I know
A change gonna come
Oh yes it will. »Angélique Kidjo avec les artistes Madonna et Cher.

Angélique Kidjo en compagnie du pasteur Jesse Jackson.
Angélique Kidjo chante devant 500 000 personnes venues participer à la Women’s March, samedi 21 janvier, à Washington.
Angélique Kidjo en compagnie de la militante des droits de l’homme, professeur de philosophie et militante communiste, Angela Davis.
Une fan d’Hillary Clinton venue manifester son inquiétude après les propos et l’investiture du président Donald Trump.
Angélique Kidjo en compagnie de la féministe, journaliste et promotrice des droits des femmes Gloria Steinem.
Angélique Kidjo avec l’artiste Alicia Keys.
Angélique Kidjo avec les artistes Madonna et Cher.DR