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Bob Marley inspire-t-il toujours les artistes africains ?

mai 9, 2021
Les Guinéens célèbrent le 20e anniversaire de la mort de Bob Marley, le 11 mai 2001.

Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, principaux disciples de l’icône rasta, sont les baobabs reggae qui cachent une forêt musicale qui a énormément évolué.

Bob Marley inspire-t-il encore les artistes africains ? Si on regarde les hits qui passent en boucle sur Trace Africa, la question peut paraître incongrue. Le reggae n’y est quasiment plus présent, balayé par des genres urbains plus récents : hip-hop, afrobeats, coupé-décalé, RnB…

De la Côte d’Ivoire…

On peut bien citer les maîtres ivoiriens du domaine, mais on parlait déjà d’eux pour les 30 ans de la mort de l’icône rasta. Bien sûr, Alpha Blondy confie lui-même en entretien (en parlant de lui à la troisième personne) : « Alpha Blondy a pu faire son travail de chanteur parce que Bob Marley a existé. Bob Marley est un soleil, Alpha Blondy n’est qu’une petite étoile dans le ciel du reggae. »

La star ivoirienne a repris certains titres à sa manière (comme « J’ai tué le commissaire », adaptation un peu paresseuse de « I shot the sheriff »). Il a été jusqu’à enregistrer avec les Wailers au studio originel Tuff Gong de Kinston, notamment le titre « Yitshak Rabin »… Un symbole pour celui qui a toujours clamé son amour pour le maître et son message d’espoir anti-raciste. Via sa radio Alpha Blondy FM, créée en 2015, le chanteur et ambassadeur de l’ONU continue de mettre en avant les ténors et les jeunes pousses du reggae.

LES MUSULMANS PENSENT À MAHOMET TOUS LES JOURS, NOUS ON PENSE À BOB MARLEY

L’autre grand pilier du reggae ivoirien, et ancien rival d’Alpha Blondy, est évidemment Tiken Jah Fakoly, longtemps auréolé par son exil. « Les musulmans pensent à Mahomet tous les jours, nous on pense à Bob Marley », expliquait-il dans un entretien au HuffPost. Il raconte que c’est un anglophone, venu du Ghana, qui lui a expliqué le message du Jamaïcain, dans lequel il s’est totalement retrouvé, se lançant dès lors dans une carrière de chanteur.

Il a repris plusieurs titres de son idole (« War », « Get up, stand up »…), sa manière d’être sur scène (les petits sauts à pieds joints qui contrastent avec sa carrure de géant), et sa mission : éveiller les consciences. Lui aussi a créé une radio, Radio libre Fakoly, aux couleurs sonores jamaïcaines.

D’autres Ivoiriens reprennent l’héritage du grand Bob : Ismaël Isaac, Beta Simon, Serge Kassi, Kajeem… tous nés dans les années 1960.

…au Sénégal et à la Guinée

Hors de la Côte d’Ivoire, le reggae compte encore quelques résistants. Par exemple Meta Dia, au Sénégal, qui après un bref début rap a été conquis par le reggae lors d’un passage à New York. Il est toujours en tournée avec son groupe The Cornerstones et qui a pu collaborer avec Damian Marley, l’un des fils les plus talentueux de Bob Marley.

Puppa Lëk Sèn, également originaire de Dakar, est passé lui aussi du rap (hardcore) à des influences plus reggae, revendiquant une inspiration de Marcus Garvey (militant considéré comme un prophète par les rastas) et Bob Marely, bien sûr. Son style, le « kanasou » est un mélange de reggae, de reggae dancehall et d’afro-beat.

Il faut aussi compter sur Mohamed Mouctar Soumah, alias Takana Zion. Le Guinéen a encore lâché un album en 2019, Human Supremacy. Sur le disque précédent, Good life, il invitait en featuring Bunny Wailer, membre fondateur des Wailers, mort le 2 mars dernier.

Reggae vieillissant

Cet alignement de noms démontre que le reggae est toujours vivant en Afrique… mais aussi vieillissant. En dix ans d’entretiens de musiciens issus du continent, on n’en a jamais rencontré un de moins de 30 ans citant spontanément Bob Marley ; à l’inverse d’un Fela, copié constamment par les chanteurs nigerians, et notamment Burna Boy. L’image cool et non-violente de l’icône rasta, moins adaptée à la période, y est sans doute pour beaucoup. C’est également une question de mode : le reggae roots a été supplanté jusqu’en Jamaïque par des genres plus musclés, du ragga au hip-hop.

Pour autant la culture reggae continue d’imprégner les sociétés africaines. D’abord parce que les albums de Marley étaient généralement écoutés par les parents des jeunes artistes d’aujourd’hui, même les plus inattendus : le rappeur hardcore d’origine congolaise Kalash Criminel a ainsi été bercé par les hits du chanteurs.

Ensuite parce que le mouvement rastafari propose une grille de lecture du monde suffisamment large pour rester valable aujourd’hui. Babylone pouvant être assimilé tour-à-tour à l’État africain corrompu, au capitalisme, ou à l’Occident prédateur. Il n’est à ce titre pas étonnant que le mouvement burkinabè du Balai citoyen ait été fondé par un rappeur (Smockey) et un chanteur reggae, Sams’K Le Jah.

Avec Jeune Afrique par Léo Pajon

Côte d’Ivoire : sur Alpha Blondy FM, « surtout pas de politique ! »

juillet 24, 2015

    Au studio d'Alpha Blondy FM © Sia Kambou/AFP


Au studio d’Alpha Blondy FM © Sia Kambou/AFP

La radio lancée par le reggaeman en 2014 se veut thérapeutique : rien que du bon son, de l’humour et de la bonne humeur. Reportage. On évite les sujets qui fâchent.

Créer une radio. Un vieux rêve enfin réalisé par le pape du reggae ivoirien, actuellement en tournée mondiale. Pour faire visiter les locaux d’Alpha Blondy FM 97.9, « la fréquence qui fait sourire le bon Dieu », Mohamed Haidara, son président, reçoit au deuxième étage du centre commercial Peace and Unity Center, à Abidjan. Le bâtiment, encore en travaux, est situé dans le quartier de Riviera 3, près de la maison du chanteur, ronde, colorée et surmontée d’une statue de Cupidon pointant son arc vers le ciel.

Une porte tapissée ouvre sur une large pièce qui sert à la fois de salle d’attente, de rendez-vous et de montage. Au mur, une photo, datée de la fin des années 1980, d’Alpha Blondy au côté de l’ancien président Félix Houphouët-Boigny, puis une autre de sa grand-mère, la même qui figure sur la pochette de son dernier album, Positive Energy. « Nos bureaux seront bientôt disponibles », précise le longiligne Mohamed Haidara, qui connaît le reggaeman depuis les bancs du lycée de Korhogo. Il a également été son premier manager, avant de diriger Alpha Blondy FM en 2014, à bientôt 60 ans.

Un credo simple: du bon son et de la bonne humeur

L’idée a germé dès les premiers succès de la longue carrière d’Alpha Blondy, âgé aujourd’hui de 62 ans. C’est notamment grâce à l’aide logistique du programmateur français Christophe Nény qu’elle a vu le jour en mars 2014. Aujourd’hui, une quinzaine de salariés font tourner la machine : l’humoriste Digbeu Cravate, la rappeuse Nash ou encore le reggaeman Kajeem… La plupart des animateurs sont des personnalités connues en Côte d’Ivoire et rodées au monde radiophonique.

Le credo est simple : du bon son et de la bonne humeur. « Nous diffusons de l’humour, de la musique, surtout pas de politique ! Un peu sur le modèle français de Rire & Chansons. Les Ivoiriens ont besoin de se regarder autrement et de sourire. Cette radio est thérapeutique pour la Côte d’Ivoire, et culturelle, puisque nous diffusons toutes les musiques », précise Alpha Blondy.

Guy Constant Niza, animateur de Bonjour l’Afrique, émission programmée chaque jour de 7 heures à 10 heures, acquiesce : « Nous évitons de parler des sujets sensibles. » Au lancement, l’ambition était légèrement différente. « Dans mes premières émissions, il y avait de l’information et des rubriques précises. Mais nous nous sommes rapidement rendu compte que, sur les sujets sensibles, le temps du débat débordait souvent », concède l’animateur de la matinale.

La star engagée du reggae se mue en conteur

Alpha Blondy n’intervient en personne que dans une seule émission. Tous les soirs de la semaine, de 21 heures à 23 heures, dans L’Amour du livre, il fait la lecture de ses ouvrages de référence. D’Allah n’est pas obligé, de l’Ivoirien Ahmadou Kourouma, à Une vie de boy, du Camerounais Ferdinand Oyono, en passant par L’Enfant noir, du Guinéen Camara Laye, et Le monde s’effondre, du Nigérian Chinua Achebe. Engagée de longue date pour le changement social, la star du reggae se mue en conteur pour inciter les jeunes à aimer les livres. « Je veux susciter l’envie de ceux qui n’aiment pas lire. L’Afrique, c’est la culture de l’oralité », explique le chanteur.

Entièrement financée par la Fondation Alpha Blondy, la radio est actuellement en pourparlers avec plusieurs gros annonceurs, dont Orange, pour poursuivre son développement. Le studio d’enregistrement vient de recevoir des équipements vidéo pour que les émissions puissent aussi être regardées. Quant au grand hall d’entrée, il sera bientôt transformé pour accueillir des concerts en direct et des émissions ouvertes au public.

Jeuneafrique.com par Vincent Duhem – envoyé spécial

Les 50 qui font la Côte d’Ivoire

octobre 30, 2011

Dans son n°2651/52 en kiosque du 30 octobre au 13 novembre, Jeune Afrique dresse le portrait des cinquante personnalités jouant un rôle de premier plan dans la refondation du pays. Pas de doute, la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara se met en place.

Depuis la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril dernier, tout change en Côte d’Ivoire. Le style est à la rupture. Au-delà de l’inévitable valse dans les ministères, des disgrâces prononcées, des exils forcés et des poursuites judiciaires lancées contre les barons de l’ancien régime, de nouvelles figures apparaissent.

Autour du chef de l’État, Alassane Ouattara, des décideurs politiques incarnent l’alternance, d’autres assurent une certaine forme de continuité. Le dosage est subtil et ne doit rien au hasard. Guillaume Soro, Charles Konan Banny et Henri Konan Bédié sont toujours là, mais des ministres – comme Anne Désirée Ouloto en charge de la Salubrité urbaine – ou des militaires – à l’image du nouveau chef d’état-major, Soumaïla Bakayoko – montent en puissance. La famille emmenée notamment par l’épouse, Dominique Ouattara, est également aux avants-postes.

Il n’y avait pas de suspense, il n’y a pas eu de surprise. La communauté internationale a eu beau dénoncer des irrégularités, le président sortant a été confortablement réélu, le 9 octobre, à la tête du pays. Déjà divisée, l’opposition est désormais laminée.

Du côté des barons de l’économie et des leaders d’opinion

Dans la sphère économique, les « big boss » à la stature incontestable ont su rebondir : Jean Kacou Diagou, Jean-Louis Billon, Bernard Koné Dossongui…D’autres personnalités, plus neuves, ont en charge la relance de la filière café-cacao, du port d’Abidjan ou bien encore de la Petroci.

Et puis, la Côte d’Ivoire a la chance d’avoir des sportifs, des artistes, des journalistes, des intellectuels et des leaders associatifs qui pratiquent, non sans un certain talent, le dépassement de soi pour aller vers l’autre. Didier Drogba, Magic System, Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, Venance Konan, Jacqueline Mariam Dao-Gabala…sont d’infatigables militants de la paix. La réconciliation nationale dans un pays profondément meurtri relève de la catharsis.
À ces cinquante-là de ne pas décevoir.

Retrouvez la sélection de Jeune Afrique et les 50 portraits des Ivoiriens incontournables, dans l’édition du 30 octobre (numéro double, en vente deux semaines).

Jeuneafrique.com par Philippe Perdrix

Lire  » Les 50 qui font la Côte d’Ivoire » dans J.A. n°2651/52, en kiosque du 30 octobre au 13 novembre 2011.
(Édition Afrique Subsaharienne)

Alpha Blondy dit ses vérités: « Le pouvoir Ouattara est plein d’espoirs »

juillet 28, 2011

Entre deux concerts en France et en Angleterre, Alpha Blondy, la star mondiale du Reggae, a bien voulu s’ouvrir au quotidien Le Patriote. Dans cet entretien, il parle sans détours de la chute de Gbagbo, de l’avènement d’Alassane Ouattara au pouvoir, de sa réconciliation avec Tiken Jah Facoly, de Blé Goudé et édicte les conditions d’une vraie réconciliation en Côte d’Ivoire.

Le Patriote : Vous êtes en ce moment en tournée en Europe, notamment en France. Comment se passe les choses ?

Alpha Blondy : Super bien.

LP: Etes-vous en bonne santé ? Les Ivoiriens ont eu très peur après votre dernier malaise sur scène…

A. B. : J’ai été « réparé ». On m’a mis un ressort dans l’artère coronaire. Je suis devenu un « rasta bionic », l’homme qui valait 300 € TTC !

LP: Vous avez récemment scellé, en France, la réconciliation avec votre jeune frère, Tiken Jah. Cette réconciliation était-elle sincère ou obéissait-elle à une forme de publicité?

A. B. : C’est une réconciliation sincère et vraie. Nous n’avons pas besoin de profiter du malheur des Ivoiriens pour faire un simulacre de réconciliation, juste pour une pub. En ce qui me concerne, je crois que l’homme qui pardonne ou qui demande pardon, comprend qu’il y a une vérité plus grande que lui.

LP. : Au fond, qu’est ce qui vous opposait fondamentalement

A. B. : Je vous réponds par la même phrase de Jean-Paul II, «l’homme qui pardonne ou qui demande pardon comprend qu’il y a une vérité plus grande que lui».

LP: Pouvez-vous rassurer les Ivoiriens que la page est définitivement tournée?

A. B. : Oui, cette page appartient au passé.

LP: Depuis le 11 avril 2011, le pouvoir issu des urnes s’est installé. Comment jugez-vous ses premiers pas du nouveau locataire du Palais présidentiel ?

A. B. : Les premiers pas de ce nouveau pouvoir sont plein d’espoirs. Et les Ivoiriens ont compris qu’ils doivent tous aider les nouvelles autorités à construire une paix durable.

LP: Vous aviez prévenu la guerre à travers vos chansons. Elle est malheureusement arrivée. Pour vous, que doivent faire les Ivoiriens pour ne pas connaître de nouvelles tragédies ?

A. B. : Bannir à jamais le concept d’ivoirité, qui est à l’origine aussi bien de la crise ivoirienne avant les élections que de la crise postélectorale. La Côte d’Ivoire appartient à tous ses enfants, sans distinction tribale ou religieuse et personne n’a le droit de prétendre qu’il est plus Ivoirien que son prochain, parce qu’en Côte d’Ivoire, on se connait par cœur. Les concepts néo-négro-nazi tels que « Ivoirien de souche multiséculaire », « Ivoirien d’origine » et « Ivoirien de circonstance » ont mis le feu au pays. Ce n’est pas ainsi que nous bâtirons une nation.

Quant à ceux qui prétendent se référer à la Constitution, je voudrais leur rappeler que la Constitution doit être revisitée, parce que, en son état actuel, notre constitution est illégale et anticonstitutionnelle ; elle est née d’un référendum après le coup d’Etat du général Robert Gueï (paix à son âme). Vous conviendrez avec moi qu’un coup d’Etat est un acte anti-démocratique et anticonstitutionnel ; de ce fait, une constitution née de cet acte ne peut être qu’illégale, anti-démocratique et anticonstitutionnelle.
Nous devons donc respecter la voix des urnes et bannir la voix des armes. C’est ainsi que nous deviendrons un vrai modèle de démocratie dans la sous-région. N’acceptons plus jamais un coup d’Etat.

LP: Selon vous, quelles sont les conditions pour la réconciliation nationale ?

A. B. : Se pardonner et réparer les injustices. Reconnaître qu’on a offensé quelqu’un, c’est le commencement du pardon. Ne pas faire ce que nous reprochons à ceux qui nous ont offensés.

LP: Vous avez soutenu un moment le président Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur l’homme ?

A. B. : Pendant ma mission onusienne et ma mission comme Ambassadeur de la CEDEAO, j’ai tout fait à mon modeste niveau pour que monsieur Gbagbo mette fin à ce concept d’ivoirité. En vain. Je suis revenu à la charge en lui disant que le tandem Gbagbo-Soro était le tandem qui pouvait mettre fin à la crise militaro-politique, qu’il suffisait de donner des papiers aux Ivoiriens qui le demandent pour que les esprits soient désarmés, parce qu’on ne pouvait pas demander aux Forces nouvelles de désarmer quand la raison qui les a poussées à s’armer n’a pas été réglée.

Malheureusement, durant la campagne électorale, on parlait de «désinfecter la liste électorale» et, comme par hasard, tous les fraudeurs avaient des noms à consonance nordique… Comme si la fraude était génétique! La suite, vous la connaissez : on a supprimé les voix des électeurs de Bouaké, Korhogo, Boundiali, etc… Je n’ai pas compris l’entêtement suicidaire de Laurent Gbagbo. Tous ces morts pour rien ! Dieu merci, il n’a pas été tué.

LP: Avez-vous des nouvelles de Charles Blé Goudé, qui vous fréquentait par le passé?

A. B. : Les nouvelles que j’ai ne sont pas bonnes ; malgré les interviews sur RFI et la vidéo que j’ai vue et écoutée, j’ai des doutes. Je doute que Blé Goudé soit vivant. Je suis comme Saint Thomas : je ne crois que ce que je vois. Le jour où je verrai Blé Goudé en chair et en os, alors là, je croirai, je pourrai l’engueuler et lui dire qu’il aurait dû m’écouter pour éviter tous ces morts et toutes ces larmes. Et des fois, quand je pense à tous ces morts et à Blé Goudé lui-même mort, je ne peux m’empêcher de pleurer.

LP Quels sont vos rapports avec le Président Ouattara, le Premier ministre Guillaume Soro et l’ancien Président Bédié?

A. B. : Nos rapports sont excellents, c’est pour cela que leur légitimité républicaine m’amène à leur emboîter le pas dans le processus de réconciliation nationale. La pacification de la Côte d’Ivoire est l’affaire de tous, et pas seulement des politiques.

LP: Où en êtes-vous avec le projet de caravane pour l’unité nationale?

A. B. : Nos équipes sont à l’œuvre, mais pour le moment, je ne peux pas m’avancer sur le sujet.

LP: Vous avez mis sur le marché un nouvel opus, baptisé « Vision ». Comment se comporte-t-il sur le marché et pourquoi avez-vous choisi cette appellation de « Vision »?

A. B. : Vision se comporte très bien. A l’heure où je vous parle, Vision est disque d’or. J’ai choisi cette appellation parce que la bataille d’Abidjan était visible de loin, même pour un aveugle. Il suffisait de lire les journaux Ivoiriens pour savoir que le « gban-gban » était inévitable.

LP: A quand votre retour au pays?

A. B. : Je serai au pays en août, inch’Allah!

LP: Comment contribuerez-vous à ramener la paix et la concorde en Côte d’Ivoire?

A. B. : Comme je l’ai toujours fait, à travers mes chansons, à travers mes interviews et mes concerts. Et par la grâce de Dieu, j’espère que mes messages de paix, d’unité et d’amour ne tomberont pas dans des oreilles de sourds.

Le Patriote par Bakary Nimaga

Alpha Blondy, à sa sortie d’audience avec le Chef de l’Etat: « Je ne veux pas d’une réconciliation hypocrite »

juin 7, 2011

C’est un homme qui a déjà balayé devant sa propre maison, avant de songer à balayer devant celle des autres. Lui, c’est la star ivoirienne du Reggae, Alpha Blondy.

Sortant d’une audience à lui accordée hier, par le président de la République, au palais du Plateau, l’artiste a été sans détour. « Je ne veux pas d’une réconciliation empreinte d’hypocrisie. Car, la réconciliation ne veut pas dire qu’il faut laisser prospérer l’impunité. J’ai appelé Serges Kassy, je lui ai dit que la rumeur court que tu as distribué des armes. Si c’est le cas, appelle tous tes amis qui ont posé ce genre d’actes et vous demandez pardon d’abord. Car, je ne veux pas avoir dans ma caravane des gens qui n’ont pas imploré le pardon du peuple.» Le disant, Jagger répondait à la question de savoir si Gadji Céli et autres artistes se réclamant proches de LMP de Laurent Gbagbo, seraient associés au projet de caravane de la réconciliation qu’Alpha Blondy entend conduire sous les auspices du chef de l’Etat.

Parlant des relations entre lui et Tiken Jah Fakoly, l’artiste dit avoir fumé, déjà, le calumet de la paix avec son « jeune frère »: « Tiken m’a appelé, mais j’ai raccroché. Mais, le grand frère Alassane m’a dit de tout laisser tomber. Désormais, je pardonne tout à Tiken, j’efface de mon cœur toutes les blessures, je suis son aîné, les Ivoiriens ont besoin de vivre ensemble. Les petites querelles entre Tiken et Alpha n’apporteront rien au bien- être des uns et des autres.»

Au sujet des relations France-Côte d’Ivoire, Jagger salue l’action de l’armée française sous le mandat onusien : « Si Licorne et l’ONUCI n’avaient pas appliqué la Résolution de l’ONU, ce serait un génocide comme au Rwanda.»

Pour la réussite de la caravane, Alpha dit être en contact avec Tiken Jah, A’Salfo, Monique Séka, Beta Simon et bien d’autres stars ivoiriennes.

Le Patriote JAD