Posts Tagged ‘Amhara’

Éthiopie : nouvelle flambée de violences interethniques en Amhara

avril 24, 2021
Une patrouille de l’armée éthiopienne à Addis-Abeba, le 26 novembre 2020. Photo d’illustration.

De nouvelles violences interethniques dans la région éthiopienne de l’Amhara (nord-ouest) ont fait des dizaines de victimes et déplacé des dizaines de milliers d’habitants.

Cette dernière flambée de violence avive un peu plus les craintes sur le climat dans lequel sont censées se dérouler les élections nationales du 5 juin dans la région Amhara, dominée par le groupe ethnique éponyme.

Les violences, qui ont débuté la semaine dernière, se sont concentrées dans deux divisions administratives de la région, la zone Shoa Nord (ou Shewa Nord) et celle d’Oromo, cette dernière étant majoritairement peuplée d’Oromo, le principal groupe ethnique du pays.

Envoi de troupes

Les administrateurs des deux zones ont jusqu’à présent refusé de donner des bilans précis. Mais le médiateur en chef de l’Éthiopie, Endale Haile, a indiqué vendredi, après s’être rendu sur place, que 200 personnes pourraient avoir été tuées dans ces affrontements. « On peut dire sans crainte de se tromper que plus de 100 personnes sont mortes. L’estimation va jusqu’à 200 » victimes, a-t-il déclaré, précisant que ces données étaient « fondées sur les informations de déplacés ».

Selon lui, plus de 250 000 personnes ont été déplacées par les violences dans la région de Shoa Nord et plus de 75 000 dans la zone spéciale d’Oromo. Les chiffres du médiateur en chef n’ont pas pu être confirmés de source indépendante. En mars, de précédentes violences dans cette même région avaient fait plus de 300 morts et 50 000 déplacés.

Les causes demeurent floues. Des responsables amhara ont évoqué l’implication du groupe rebelle de l’Armée de libération oromo, mais ce dernier a démenti être présent dans cette zone. Dimanche, l’armée éthiopienne a annoncé l’envoi de troupes pour tenter de restaurer la paix. Le médiateur en chef a rapporté que la situation était calme lors de sa visite jeudi et vendredi. « Il faut à présent l’intervention des politiques, des pères religieux et des chefs coutumiers pour réconcilier les populations », a-t-il estimé.

Manifestations

Les informations faisant état d’Amhara pris pour cibles dans ces violences ont déclenché ces derniers jours des manifestations de colère dans plusieurs villes de la région. Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs de sommation pour disperser les manifestants à Bahir Dar, la capitale de la région.

Ces violences interethniques ternissent le mandat du Premier ministre Abiy Ahmed, arrivé au pouvoir en 2018 après d’importantes manifestations antigouvernementales portées notamment par la jeunesse oromo et amhara. Les analystes redoutent que les élections législatives et municipales prévues le 5 juin accroissent l’insécurité dans le pays, alors que l’Éthiopie est déjà engagée dans le conflit dans le Tigré.

Par Jeune Afrique avec AFP

Éthiopie: Le pouvoir réprime dans le sang les manifestations du week-end

août 8, 2016

Le gouvernement éthiopien a réprimé dans le sang les manifestations antigouvernementales du week-end, les forces de sécurité tuant plusieurs dizaines de personnes dans les régions Oromo (centre et ouest) et Amhara (nord). Amnesty International évoque près de 100 tués.

L’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a fait état lundi de près de 100 morts et plusieurs centaines de blessés. Amnesty accuse les forces de sécurité d’avoir tiré à balles réelles sur des « manifestants pacifiques ».

Pour Merera Gudina, figure de l’opposition éthiopienne et président du Congrès du Peuple Oromo, « entre 48 et 50 manifestants ont été tués dans la région Oromo ». « Ce bilan pourrait être beaucoup plus élevé, car il y a de nombreux blessés » par balle, a-t-il ajouté.

Une source diplomatique en poste à Addis Abeba a pour sa part rapporté un bilan provisoire de 49 morts pour les deux régions, Oromo et Amhara. Selon cette source, au moins 22 personnes ont été tuées dans la région Oromo, dont 15 dans la seule localité de Nekempte.

Le gouvernement éthiopien n’a pour le moment divulgué aucun bilan. Vendredi, le Premier ministre éthiopien Haile Mariam Dessalegn avait annoncé l’interdiction des manifestations « qui menacent l’unité du pays ». Il avait autorisé la police à utiliser tous les moyens nécessaires pour les empêcher.

Règne sans partage
Ces manifestations, aux motivations conjoncturelles différentes, ont en commun la critique croissante d’un appareil d’Etat essentiellement aux mains de responsables issus de la région du Tigré (nord). Ces derniers, à la tête du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), avaient chassé du pouvoir le dictateur Mengistu Haile Mariam en 1991.

Ils forment depuis l’ossature de la coalition qui règne sans partage sur le pays. Depuis la fin 2015, la région Oromo, qui englobe la capitale Addis Abeba, est le théâtre de manifestations sporadiques, violemment réprimées par les autorités.

Les manifestations dans la région Amhara ont débuté ces dernières semaines, mais ont très rapidement mobilisé beaucoup de monde. Dans les deux cas, le pouvoir a régulièrement accusé des forces étrangères, Erythrée en tête, et des « groupes terroristes », d’être à l’origine de ces mouvements de protestation.

Réseaux internet bloqué
Samedi, de nouvelles manifestations se sont déroulées dans la région Oromo, y compris dans la capitale Addis Abeba habituellement épargnée. Et dimanche, ce fut au tour de la région Amhara. Ensemble, les deux régions abritent un peu plus de 60% de la population éthiopienne qui compte près de 100 millions d’habitants.

Les autorités éthiopiennes ont bloqué samedi le réseau internet dans l’ensemble du pays ainsi qu’une partie des réseaux téléphoniques. Le réseau internet était de nouveau accessible lundi matin dans la capitale.

Violemment dispersés
A Addis Abeba, environ 500 manifestants oromo s’étaient rassemblés samedi matin sur Meskel Square, la place centrale de la capitale, les mains croisées au-dessus de la tête en signe de défiance. Ils ont été violemment dispersés, et pour certains arrêtés et embarqués dans des pick-up de la police.

Ailleurs dans la région, la répression a été plus sanglante. Dans la localité de Nekempte, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur la foule.

Le lendemain, elles ont usé de la même violence dans la région Amhara. Selon Amnesty, au moins 30 manifestants ont été tués dimanche dans la seule ville de Bahir Dar (nord), la capitale régionale où plusieurs milliers de personnes avaient pris part à la manifestation.

Romandie.com avec(ats / 08.08.2016 20h15)