L’ONG demande à la Fifa de verser 440 millions de dollars aux migrants « maltraités » afin de « réparer les dommages », notamment les accidents de travail.
Jeudi 19 mai, l’ONG Amnesty International a demandé à la Fifa de verser une compensation d’au moins 440 millions de dollars aux ouvriers migrants « maltraités » au Qatar, pays hôte du Mondial 2022 de football, accusé de ne pas suffisamment respecter leurs droits.
Soutenue par d’autres organisations de défense des droits humains, la demande d’Amnesty intervient à la suite de critiques répétées contre la lenteur de l’instance dirigeante du football à réagir contre les mauvaises conditions de travail des ouvriers qui ont afflué sur les chantiers liés au Mondial dans le riche État du Golfe. « La Fifa devrait consacrer au moins 440 millions de dollars (environ 418 millions d’euros) à la réparation des dommages subis par les centaines de milliers de travailleurs migrants victimes de violations des droits humains au Qatar pendant les préparatifs de la Coupe du monde 2022 », a déclaré l’ONG dans un communiqué.
Selon Amnesty, cette somme, qui correspond à la dotation que se partageront les 32 équipes participantes, est le « minimum nécessaire » pour indemniser les travailleurs et les protéger de futurs abus. L’organisation cite notamment les salaires impayés, le paiement de frais de recrutement « illégaux » et « exorbitants » ainsi que les dommages causés par les accidents du travail. L’ONG basée à Londres a exhorté la Fifa à « travailler avec le Qatar » pour mettre en place un programme de réparation complet avec la participation des ouvriers, des syndicats, de l’Organisation internationale du travail (OIT) et la société civile.
Les réformes sociales du Qatar
Depuis 2010, date à laquelle la Fifa a attribué le Mondial 2022 au Qatar, une « litanie d’abus » entache les préparatifs sans que l’instance n’ait exigé « la moindre amélioration des conditions de travail », selon Amnesty. L’ONG a néanmoins salué les réformes sociales décidées par le Qatar depuis 2018 et l’amélioration des conditions sur les chantiers officiels de la Coupe du monde initiée en 2014. Mais selon l’ONG, ces règles ne sont pas toujours respectées et les abus persistent.
Dans un commentaire envoyé à l’Agence France-Presse, la Fifa a dit « procéder actuellement à l’évaluation de la proposition d’Amnesty » et d’autres ONG, affirmant qu’elle « implique un large éventail d’infrastructures publiques construites (au Qatar) depuis 2010 qui ne sont pas nécessairement liées à la Coupe du monde ». Critiqué depuis qu’il s’est vu attribuer le premier Mondial de football dans un pays arabe, le Qatar a mené d’importantes réformes, abolissant le système de parrainage faisant des salariés des quasi propriétés de leur employeur et instaurant un salaire minimum horaire. Le pays rejette fermement les bilans des morts sur les chantiers avancés par des médias internationaux.
Dans un rapport publié le 1er février, l’ONG Amnesty International dénonce l’existence d’un système d’apartheid progressivement mis en place par Israël à l’encontre de ses citoyens arabes. Des accusations que rejette l’État hébreu, qui qualifie le rapport d’« antisémite ».
C’est une publication qui va certainement relancer les débats sur l’éternel conflit israélo-palestinien. Le 1er février, l’ONG des droits de l’Homme Amnesty International a rendu sa copie sur la situation humanitaire en Israël. Fruit d’une « analyse juridique et d’une enquête de terrain minutieuses » de quatre ans, le rapport de 280 pages fait état d’une situation de discrimination organisée et institutionnalisée à l’encontre des populations palestiniennes, et décrit un système d’apartheid.
Généralement utilisé pour qualifier le régime politique et institutionnel sud-africain de 1948 à 1991, « apartheid » est un terme afrikaans qui signifie « séparation ». Il est défini par le Larousse comme « un système d’oppression et de domination d’un groupe racial sur un autre, institutionnalisé à travers des lois, des politiques et des pratiques discriminatoires ».
Ce crime, reconnu par le droit international, se fonde sur des critères bien définis. Il existe d’ailleurs une Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 30 novembre 1973.
Face aux accusations formulées par l’ONG, le ministère israélien des Affaires étrangères s’est fendu d’un communiqué dénonçant le caractère « antisémite » du rapport. Le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, a également qualifié Amnesty International d’« organisation de propagande ».
Accusations récurrentes
Loin de se démonter, Amnesty International affirme que les critères justifiant l’utilisation du terme d’apartheid sont réunis. L’ONG cite, entre autres, une loi votée en 2018 par la Knesset – le Parlement israélien – définissant Israël comme l’« État-nation du peuple juif » et octroyant aux Israéliens de confession juive toute une série de privilèges dont ne bénéficient pas leurs concitoyens arabes. Adoptée à 62 voix contre 55, cette loi fait notamment de l’hébreu la seule langue officielle d’Israël, un statut partagé auparavant avec l’arabe.
Pour le journaliste et historien Dominique Vidal, connu pour ses prises de position en faveur de la cause palestinienne, cette loi tranche définitivement la question. « Il s’agit d’une loi d’apartheid gravée dans le marbre. Ce n’est pas un hasard si les ONG ont commencé à employer cette formule à partir de ce moment-là », explique-t-il, avant d’ajouter qu’il existe « toute une série de législations discriminatoires mises en œuvre légalement et votées par la Knesset ».
« Ce qu’il y a de douloureux dans l’affaire, c’est que la discrimination est définie comme étant raciale, relève Henry Laurens, professeur au Collège de France et auteur de La Question de Palestine (éditions Fayard). Pour les Israéliens et ceux qui s’identifient avec Israël, c’est inacceptable au vu de la Shoah et de toute l’histoire de l’antisémitisme. »
CE MOT PROVOQUE AUSSITÔT DES POLÉMIQUES QUI OCCULTENT UNE RÉALITÉ ÉVIDENTE FONDÉE SUR L’OPPRESSION
« On est par ailleurs dans l’impossibilité de définir ce qui est “racial” poursuit le professeur. Le terme peut renvoyer à deux caractérisations distinctes : soit un ensemble de traits communs, comme la couleur de peau, soit une communauté culturelle et historique. Or on ne peut pas définir les Arabes par des caractères somatiques, puisqu’ils ont pour la plupart des traits de Méditerranéens physiquement parlant. Il s’agit plutôt d’une catégorie ethno-culturelle. »
Le poids d’un mot
Le rapport établit par ailleurs une distinction entre les territoires palestiniens occupés (TPO) et le territoire israélien, pointant des violations plus importantes dans les TPO. Pour Dominique Vidal, cette distinction a bien lieu d’être : « Dans les territoires occupés, il existe deux législations, une pour les colons israéliens, une autre pour le reste des citoyens. En Israël, la situation est plus complexe. Les citoyens arabes ont le droit de vote, peuvent être élus, constituer des partis politiques, ou participer, comme c’est le cas actuellement, à des gouvernements. » Jusqu’ici, l’État hébreu a souvent justifié ces mesures par la volonté d’assurer sa propre sécurité, rappelle le rapport.
De son côté, Jean-Paul Chagnollaud, directeur de l’Institut de recherches et d’études Méditerranée Moyen-Orient (Iremmo) et spécialiste de la question palestinienne, parle d’une utilisation contre-productive du concept et évoque un « piège des mots », sans pour autant contester la réalité décrite par les différents rapports.
« Dans mes conférences ou dans mes interventions, je n’utilise jamais cette formule, car elle provoque aussitôt des polémiques qui viennent occulter une réalité pourtant évidente fondée sur l’oppression, la discrimination et la domination.
Ce qui compte, au-delà des symboles et des mots étendards, c’est la réalité qui, elle, est incontestable », analyse le chercheur, avant de prendre à son tour l’exemple de la loi de 2018 qui, selon lui, « soumet et assujettit légalement les 20 % d’Arabes présents sur le territoire à la souveraineté du peuple juif ».
AU DÉBUT DE 2022, LE MINISTRE ISRAÉLIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DÉNONÇAIT DÉJÀ « D’INTENSES CAMPAGNES CONTRE ISRAËL »
Si le rapport d’Amnesty International a rencontré un écho médiatique certain, rien n’indique que l’emploi choc du terme d’« apartheid » ne fasse pour autant bouger les lignes. Plusieurs organisations internationales, à l’instar de Human Rights Watch, et parfois même israéliennes, telles que B’tselem, ont déjà dénoncé les exactions commises par l’État hébreu à l’encontre des populations palestiniennes et utilisé le mot de « apartheid ».
Au début de 2022, le ministre israélien des Affaires étrangères dénonçait déjà « d’intenses campagnes contre Israël » et avait même prédit l’utilisation du terme d’« apartheid » pour qualifier l’État d’Israël, au moment où, du Maroc à Abou Dhabi, Tel-Aviv tente de renforcer son influence dans le monde arabe, parallèlement à sa volonté d’obtenir le statut d’observateur au sein de l’Union africaine, qui ne fait pas l’unanimité.
Il en avait aussi profité pour dénoncer la création par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies d’une commission d’enquête permanente visant à enquêter sur les violations des droits de l’Homme en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Nouveau gouvernement, peu de changement
L’arrivée d’un nouveau gouvernement en juin 2021, succédant à celui nationaliste et très conservateur de Benyamin Netanyahou, n’a pourtant suscité que peu d’espoirs de changement chez les défenseurs de la cause palestinienne. Interrogés sur le sujet, les trois spécialistes sont unanimes : il ne devrait pas y avoir d’inflexion dans la politique conduite par Israël depuis l’effondrement du processus de paix il y a une vingtaine d’années.
Jean-Paul Chagnollaud et Dominique Vidal pointent enfin une « radicalisation » de la classe politique israélienne à l’œuvre depuis le début des années 2000. Le gouvernement de Naftali Bennett s’inscrit selon eux dans la même dynamique.
« Naftali Bennett n’est arrivé que récemment à la tête du pays, mais il était déjà un acteur important des orientations prises avec d’autres personnalités comme Avigdor Lieberman [une des figures du nationalisme identitaire israélien]. Il n’y a donc aucune raison de penser qu’il y aura un quelconque revirement idéologique concernant la direction suivie par les autorités israéliennes », conclut Jean-Paul Chagnollaud.
Avec Jeune Afrique par Rym Bousmid et Soufiane Khabbachi
BEYROUTH (Reuters) – Des réfugiés syriens rentrés dans leur pays ont été torturés et placés en détention par les services de sécurité syriens et ont pour certains d’entre eux disparu, rapporte mercredi Amnesty International en appelant à éviter les expulsions et retours forcés de Syriens qui ont fui à l’étranger.
Dans un rapport publié mardi, l’organisation dit avoir documenté 66 cas de violations graves des droits de l’homme commises par les services de sécurité syriens sur des réfugiés entre mi-2017 et 2021, y compris contre des enfants victimes de viols.
Le rapport est publié au moment où de plus en plus de pays qui ont accueilli des réfugiés syriens, y compris des pays européens comme le Danemark, ont commencé à revoir le régime de protection dont ils bénéficiaient et envisagent de les renvoyer en Syrie.
« Quiconque prétend que la Syrie est désormais sûre ferme délibérément les yeux sur l’horreur de la réalité sur le terrain, créant une situation où les réfugiés craignent pour leur vie », écrit Amnesty International dans le rapport.
Le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies a également appelé à ne pas renvoyer de force les Syriens dans leur pays. Le Conseil européen et le Parlement européen ont de leur côté estimé que les conditions ne sont pas réunies pour que les réfugiés puissent rentrer librement dans leur pays.
Les autorités syriennes nient toutes représailles contre leurs ressortissants. Le président Bachar al Assad affirme au contraire que des millions de réfugiés syriens subissent des « pressions et intimidations » pour rester dans les pays qui les hébergent en contrepartie d’une aide internationale.
Avec Reuters par (Maha El Dahan, version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)
L’organisation de défense des droits humains, qui a contribué à la vaste enquête d’un consortium de médias sur le logiciel espion Pegasus, exige un renforcement des règles et des contrôles dans le secteur de la cybersurveillance.
La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, le 6 avril 2021 à Paris. CHRISTOPHE ENA / AP
Pour Amnesty International, les révélations sur le logiciel d’espionnage Pegasus mettent en évidence « une crise des droits humains mondiale ». L’organisation non gouvernementale (ONG) a demandé, samedi 24 juillet, qu’un moratoire soit « immédiatement instauré » sur la vente et l’utilisation des technologies de surveillance, avant la mise en place d’un cadre réglementaire « respectueux des droits humains ».
Dans un communiqué, l’organisation alerte sur « les effets dévastateurs sur les droits humains partout dans le monde d’un secteur de la cybersurveillance peu réglementé ». Les informations données par Le Monde et seize autres médias, réunis au sein d’un consortium coordonné par Forbidden Stories, « montrent clairement les dangers et les préjudices auxquels sont exposées les personnes illégalement prises pour cibles », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, citée dans ce communiqué.about:blankclose
La société israélienne NSO, qui a conçu le logiciel, « est une entreprise parmi d’autres. Il s’agit d’un secteur dangereux qui opère depuis trop longtemps à la limite de la légalité », déplore l’ONG. « Il est absolument urgent que soient renforcés la réglementation du secteur de la cybersurveillance (…) et le contrôle de ce secteur très opaque », estime-t-elle.
Alerter les plus hautes sphères politiques
Introduit dans un smartphone, le logiciel Pegasus permet d’en récupérer les messages, photos, contacts, et d’activer à distance les micros. Les organisations Forbidden Stories et Amnesty International ont obtenu une liste de 50 000 numéros de téléphone, sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour être potentiellement surveillés. Elles l’ont partagée avec les 17 rédactions qui ont révélé son existence dimanche.
La liste des cibles potentielles comprend les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise, d’après l’analyse du consortium – qui en a localisé beaucoup au Maroc, en Arabie saoudite ou encore au Mexique.
Le Monde et Radio France, partenaires du projet, ont révélé qu’une ligne de téléphone d’Emmanuel Macron faisait partie des « numéros sélectionnés par un service de sécurité de l’Etat marocain (…) pour un potentiel piratage ». Les activistes d’Amnesty International espèrent que « le fait que de hauts responsables politiques aient eux-mêmes été pris dans les filets des technologies de surveillance » permettra d’« alerter enfin les Etats du monde entier sur l’impérieuse nécessité de réagir en réglementant ce secteur ».
En France, un conseil de défense a « permis d’avoir un point d’étape » sur la présence des téléphones d’Emmanuel Macron parmi les cibles potentielles, selon l’Elysée, ajoutant qu’« un certain nombre de protocoles de sécurité ont été réajustés ».
Le roi du Maroc Mohammed VI (à droite) et le prince Moulay Rachid au Palais royal de Casablanca, le 17 mars 2015. FADEL SENNA / AFP
Les secousses continuaient d’ébranler certains Etats, jeudi 22 juillet, à la suite des révélations sur le logiciel Pegasus faites par un consortium de dix-sept rédactions, parmi lesquelles Le Monde. Le Maroc, accusé d’avoir eu recours au logiciel d’espionnage, a décidé d’attaquer en diffamation Amnesty International et Forbidden Stories, les deux associations à l’origine des révélations sur les clients de ce logiciel conçu par la société israélienne NSO Group, devant le tribunal correctionnel de Paris.
De son côté, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a réuni un conseil de défense exceptionnel consacré à l’affaire Pegasus et à la cybersécurité. Le Parlement israélien a mis en place une commission d’enquête, tandis qu’en Hongrie, le parquet de Budapest a ouvert une enquête sur « le recueil potentiel non autorisé d’informations confidentielles ».
Le Maroc attaque « Forbidden Stories » et Amnesty international
Accusé d’avoir eu recours au logiciel d’espionnage Pegasus, le royaume du Maroc et son ambassadeur en France, Chakib Benmoussa, ont décidé d’attaquer en diffamation Amnesty International et Forbidden Stories devant le tribunal correctionnel de Paris, a annoncé jeudi son avocat, Olivier Baratelli. Une première audience procédurale est prévue le 8 octobre, mais le procès ne devrait pas avoir lieu avant environ deux ans.
« L’Etat marocain entend immédiatement saisir la justice française car il souhaite que toute la lumière soit faite sur les allégations mensongères de ces deux organisations qui avancent des éléments sans la moindre preuve concrète et démontrée », accuse Me Baratelli, déplorant un « procès d’intention médiatique, infondé et visiblement créé de toutes pièces pour déstabiliser la relation diplomatique profonde entre le Maroc et la France ». Le royaume chérifien « entend ne pas laisser impunis les multiples mensonges et les fake news propagés ces derniers jours ».
Rabat a menacé mercredi d’« opter pour une démarche judiciaire, au Maroc et à l’international contre toute partie reprenant à son compte ces allégations fallacieuses ». Parallèlement, le parquet général marocain a annoncé mercredi « l’ouverture d’une enquête judiciaire sur ces fausses allégations et accusations ».
Emmanuel Macron convoque un conseil de défense « exceptionnel »
En France, Emmanuel Macron a convoqué, jeudi matin, un conseil de défense exceptionnel consacré à l’affaire Pegasus et à la question de la cybersécurité. Cette réunion a « permis d’avoir un point d’étape » sur les investigations portant sur la présence des téléphones d’Emmanuel Macron parmi les cibles potentielles du logiciel espion, selon le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, interrogé sur BFM-TV.
« Un certain nombre de protocoles de sécurité ont été réajustés, notamment autour du président de la République. Par ailleurs, l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information a commencé à proposer aux personnes qui pourraient avoir été ciblées par une attaque un accompagnement technique », a-t-il ajouté.
« Le président de la République suit au plus près ce dossier et prend cette affaire très au sérieux », avait souligné dans la matinée M. Attal sur France Inter. L’enquête sur Pegasus a révélé qu’un numéro du chef de l’Etat figurait dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l’Etat marocain pour un potentiel piratage. « C’est une affaire qui, si ce qui a été révélé est confirmé et avéré, est très grave », a-t-il redit.
« Les téléphones [du président] sont changés régulièrement. Il y a un certain nombre de paramètres de sécurité qui protègent, qui sont changés très régulièrement. Il y a des protections qui sont faites », a assuré le porte-parole, interrogé sur une possible négligence au sommet de l’Etat. Gabriel Attal a par ailleurs affirmé qu’il fallait « protéger les autres [personnes visées], les secteurs public et économique » du pays, rappelant qu’un plan de « 100 millions d’euros » avait été lancé depuis un an pour « équiper nos hôpitaux et aider nos collectivités locales » à faire face aux cyberattaques.
Israël ouvre une enquête parlementaire
Le Parlement israélien a mis en place une commission pour enquêter sur des allégations selon lesquelles le logiciel d’espionnage Pegasus a été utilisé à « mauvais escient » par certains Etats pour espionner des personnalités, a annoncé jeudi un député israélien.
« La défense a désigné une commission composée d’un certain nombre de groupes », a déclaré à la radio militaire Ram Ben-Barak, à la tête de la commission des affaires étrangères et de la défense du Parlement israélien. « A l’issue de l’enquête (…) nous évaluerons si nous devons apporter des corrections », a ajouté le député centriste et ancien directeur adjoint du Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens.
Le logiciel Pegasus, conçu par la société israélienne de cybersécurité NSO, est au cœur d’un scandale mondial d’espionnage qui a poussé l’ONG Reporters sans frontières à réclamer un moratoire sur ses ventes, et la chancelière allemande Angela Merkel, notamment, à demander plus de restrictions sur la vente de ces systèmes.
En Hongrie, la justice lance une enquête après plusieurs plaintes
A la suite de plusieurs plaintes, le parquet de Budapest a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête sur « le recueillement potentiel non autorisé d’informations confidentielles ». L’enquête vise à établir les faits et à déterminer si un crime et, le cas échéant, lequel, a été commis, a-t-il précisé.
Cette affaire suscite beaucoup d’émotion dans ce pays d’Europe centrale, régulièrement accusé par les organisations internationales de saper l’Etat de droit depuis le retour au pouvoir du souverainiste Viktor Orban en 2010. L’opposition libérale, les représentants des journalistes et des avocats ont réclamé une enquête indépendante.
De son côté, le gouvernement a dénoncé, par la voix de son porte-parole, Zoltan Kovacs, « un groupe de médias de gauche » proférant « des affirmations non fondées », « gobées par le reste de la presse », qui « suivrait le troupeau ».
Angela Merkel demande plus de restrictions sur la vente de logiciels espions
La chancelière allemande, Angela Merkel, a quant à elle demandé, jeudi, plus de restrictions sur la vente de logiciels espions de type Pegasus. « Il est important » que de tels logiciels « n’arrivent pas entre de mauvaises mains » et « il ne faudrait pas vendre ces logiciels à des pays où la surveillance des opérations [d’écoute] par la justice n’est peut-être pas garantie », a déclaré Mme Merkel.
La haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, avait également réclamé, lundi, une meilleure « réglementation » des technologies de surveillance et de leur transfert, voyant un « besoin urgent » à assurer leur « strict contrôle et autorisation ».
Le Maroc attaque en diffamation Amnesty et Forbidden Stories, deux associations à l’origine des révélations sur les clients de Pegasus, devant le tribunal correctionnel de Paris, a annoncé, ce jeudi 22 juillet, son avocat dans un communiqué. Le pays est en effet accusé d’avoir eu recours à ce logiciel d’espionnage. « Le royaume du Maroc et son ambassadeur en France, Chakib Benmoussa, ont mandaté maître Olivier Baratelli pour délivrer, dès aujourd’hui, deux citations directes en diffamation » contre les associations.
Une première audience procédurale est prévue le 8 octobre devant la chambre spécialisée en droit de la presse, mais le procès ne devrait pas avoir lieu avant environ deux ans. « L’État marocain entend immédiatement saisir la justice française, car il souhaite que toute la lumière soit faite sur les allégations mensongères de ces deux organisations qui avancent des éléments sans la moindre preuve concrète et démontrée », accuse maître Baratelli.
Un « procès d’intention médiatique, infondé et visiblement créé de toutes pièces »
« L’État marocain considère faire face à une nouvelle affaire de liste et que le passé a largement démontré qu’il était aisé de tirer des conclusions mensongères de telles pratiques », ajoute l’avocat, déplorant un « procès d’intention médiatique, infondé et visiblement créé de toutes pièces pour déstabiliser la relation diplomatique profonde entre le Maroc et la France ».
Le royaume chérifien « entend ne pas laisser impunis les multiples mensonges et les fake news propagés ces derniers jours ». Dès lundi, le gouvernement marocain s’était défendu en démentant avoir acquis des « logiciels informatiques pour infiltrer des appareils de communication ».
Pegasus : Abdellatif Hammouchi, l’espion marocain qui embarrasse la FranceRabat a ensuite menacé, mercredi, d’« opter pour une démarche judiciaire, au Maroc et à l’international contre toute partie reprenant à son compte ces allégations fallacieuses ». Parallèlement, le parquet général marocain a annoncé, mercredi, « l’ouverture d’une enquête judiciaire sur ces fausses allégations et accusations ».
Les deux associations ont obtenu une liste de 50 000 numéros de téléphone
Introduit dans un smartphone, ce logiciel – conçu par la société israélienne NSO – permet d’en récupérer les messages, photos, contacts, et d’activer à distances les micros. Les organisations Forbidden Stories et Amnesty International ont obtenu une liste de 50 000 numéros de téléphone, sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour être potentiellement surveillés, et l’ont partagée avec un consortium de 17 médias qui ont révélé son existence dimanche.
La liste des cibles potentielles comprend les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise, d’après l’analyse du consortium – qui en a localisé beaucoup au Maroc, en Arabie saoudite ou encore au Mexique.
Mardi, Le Monde et Radio France, membres du consortium, ont révélé qu’une ligne de téléphone du président français faisait partie des « numéros sélectionnés par un service de sécurité de l’État marocain […] pour un potentiel piratage ».
L’ancien Premier ministre Édouard Philippe, 14 membres du gouvernement, dont Jean-Yves Le Drian et Gérald Darmanin, ainsi que d’anciens ministres et des responsables politiques figurent également sur cette liste, selon ces médias.
L’ONG dénonce les politiques européennes de retour forcé de migrants vers la Libye, où ils sont enfermés dans des centres de détention où des violences sont commises en toute impunité.
Des migrants secourus attendent devant un bateau des gardes-côtes dans la ville de Khoms, dans le nord-ouest de la Libye, le 1er octobre 2019. HAZEM AHMED / AP
Amnesty international a dénoncé le traitement « atroce » subi par des migrants interceptés en Méditerranée et envoyés de force dans des centres de détention en Libye, avec l’aide « honteuse » des Européens, dans un rapport publié jeudi 15 juillet.
Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est devenue une voie privilégiée pour des dizaines de milliers de migrants, qui tentent de rejoindre l’Europe par la mer au risque de leur vie.
Les agences des Nations unies et les organisations non gouvernementales (ONG) opérant en Méditerranée dénoncent régulièrement les politiques européennes de retour forcé de migrants vers la Libye, où ils sont enfermés dans des centres de détention, dans des conditions très dures.about:
Dans son rapport, Amnesty International affirme qu’à la fin de 2020 la direction libyenne de lutte contre les migrations illégales (DCIM, dépendant du ministère de l’intérieur) a « légitimé » ces violations des droits humains en prenant le contrôle de deux centres de détention gérés par des milices, où des centaines de réfugiés et de migrants ont fait l’objet de disparitions forcées au cours de ces dernières années.
Torture, violences sexuelles, travail forcé
Dans l’un de ces centres, des témoins ont fait état de viols sur des femmes par des gardiens. Ces derniers les forçaient à avoir des relations sexuelles « en échange de nourriture ou de leur liberté », selon l’ONG.
« Ce rapport effroyable jette une nouvelle lumière sur les souffrances des personnes interceptées en mer et renvoyées en Libye, où elles sont immédiatement détenues arbitrairement et systématiquement soumises à des actes de torture, des violences sexuelles, au travail forcé et à d’autres formes d’exploitation, en toute impunité », a indiqué Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « Dans le même temps, les autorités libyennes ont récompensé ceux qui étaient (…) soupçonnés d’avoir commis de telles violations avec (…) des promotions », a-t-elle ajouté.
L’ONG a appelé les autorités libyennes à fermer « immédiatement » ces centres de détention. Elle a, par ailleurs, dénoncé « la complicité des Etats européens, qui continuent honteusement d’aider les garde-côtes libyens à capturer des personnes en mer et à les renvoyer de force dans l’enfer de la détention en Libye ».
Les Etats européens « doivent suspendre leur coopération sur les migrations et les contrôles des frontières avec la Libye », et aider « de façon urgente des milliers de personnes coincées là-bas et ayant besoin d’être protégées », a indiqué Amnesty.
Amnesty International s’est dit mercredi 19 février «extrêmement préoccupé» par l’interpellation en Mauritanie de deux célèbres féministes et militantes des droits humains, accusées aux côtés de 12 autres personnes de porter préjudice à l’unité nationale et au caractère religieux de cette république islamique d’Afrique de l’Ouest.
Une source judiciaire à Nouakchott a confirmé à l’AFP l’arrestation la semaine dernière de 14 personnes, dont quatre ont été remises en liberté mais restent poursuivies.
Lors d’une audience mardi devant un tribunal de Nouakchott, le procureur a renvoyé leurs dossiers à la sûreté de l’État, chargée de «clarifier et d’approfondir certains aspects de l’enquête», selon cette source.
Dans un volet du dossier, l’audience a surtout porté sur la laïcité que prôneraient certains des prévenus, membres présumés de l’Alliance pour la refondation de l’État mauritanien (Arem), un mouvement créé en début d’année à Paris. Son manifeste fondateur prône un «divorce avec les vieilles pratiques de mauvaise gouvernance, d’injustice et d’impunité».
Les militantes de l’Arem sont «soupçonnées de porter préjudice à l’unité nationale, à la cohésion sociale, et à la religion, alors que la Mauritanie est une république islamique», selon la source judiciaire.
Parmi les personnes poursuivies figurent deux personnalités connues depuis des années pour leur défense des droits humains, en particulier des femmes, Aminetou Mint El Moctar et Mekfoula Mint Brahim, a confirmé à l’AFP François Patuel, chercheur à Amnesty pour l’Afrique de l’Ouest.
Aminetou Mint El Moctar est la deuxième vice-présidente de l’Arem, selon le manifeste de l’association. Elle a été remise en liberté sous contrôle judiciaire, a indiqué Amnesty International.
Mekfoula Mint Brahim, lauréate du Prix Franco-Allemand des droits de l’Homme en 2018 et décorée de la Légion d’honneur française en décembre, a également été remise en liberté conditionnelle, selon l’ONG. «Sans tabou, elle soutient le mouvement de la jeunesse mauritanienne en faveur de la laïcité et de la liberté d’orientation sexuelle», peut-on lire à son propos sur le site de l’ambassade de France en Mauritanie. Elle avait été interpellée pour avoir accueilli dans son auberge une réunion de l’Arem, dont elle se défend d’être membre, selon une source judiciaire. «Nous savons qu’elle est poursuivie pour avoir hébergé une réunion sans avoir notifié les autorités. Pour les autres personnes arrêtées, les chefs d’inculpation ne sont pas clairs», a dit M. Patuel, disant ignorer de qui il s’agit exactement. Un autre volet de l’affaire concerne trois personnes «prises en flagrant délit de distribution de copies de la Bible», selon une source proche du dossier.
Après l’arrivée au pouvoir en août d’un nouveau président, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Amnesty avait appelé le pouvoir à «mettre fin au harcèlement judiciaire dont font l’objet les défenseurs des droits humains», a rappelé M. Patuel. «Nous réitérons cet appel et nous demandons la libération immédiate de ces personnes si elles sont uniquement poursuivies pour avoir exercé leur liberté d’expression et de rassemblement».
VIE PRIVEE – « L’extraction des données » est « incompatible » avec la notion de vie privée, explique l’ONG
Le réseau social Facebook et le géant Google épinglés par Amnesty International. L’ONG a vivement critiqué ce mercredi dans un rapport le modèle économique « fondé sur la surveillance » des géants du net, le qualifiant de « menace systémique pour les droits humains ».
Leurs services en ligne gratuits sont devenus indispensables à des milliards de personnes. Mais les données personnelles collectées par ce biais sont utilisées pour des publicités ciblées, menaçant ainsi les libertés d’opinion et d’expression. « Leur contrôle insidieux de nos vies numériques sape le fondement même de la vie privée et c’est l’un des défis majeurs de notre époque en termes de droits humains », a déclaré Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty, cité dans un communiqué.
« Incompatible » avec la vie privée
« Google et Facebook ont progressivement rogné le respect de notre vie privée. Aujourd’hui nous sommes piégés. Soit nous nous soumettons à cette vaste machine de surveillance – où nos données sont facilement utilisées pour nous manipuler et nous influencer – soit nous renonçons aux avantages du monde numérique », a-t-il ajouté.
« L’extraction et l’analyse des données personnelles, dans des proportions aussi gigantesques, sont incompatibles avec les différentes facettes du droit à la vie privée, notamment la liberté de ne pas subir d’intrusion dans nos vies privées, le droit de contrôler les informations nous concernant et le droit à un espace nous permettant d’exprimer librement nos identités », écrit Amnesty.
Une « arme puissante » entre de « mauvaises mains »
Selon l’ONG, « la vaste architecture publicitaire de Google et Facebook est une arme puissante entre de mauvaises mains », car « elle peut être détournée à des fins politiques » et « laisse le champ libre à toutes sortes de nouvelles stratégies publicitaires aux relents d’exploitation, comme le fait de s’en prendre à des personnes vulnérables qui luttent contre la maladie, les troubles mentaux ou l’addiction ». L’ONG appelle donc les gouvernements à « agir de toute urgence », en faisant notamment « appliquer des lois solides sur la protection des données et en réglementant efficacement les activités des géants de la technologie ».
Facebook s’est défendu contre ce qu’il a qualifié d’inexactitudes dans le rapport. « Le modèle économique de Facebook n’est pas, comme le suggère votre synthèse, axé sur la collecte de données des personnes », a dit le groupe en réponse à un résumé du rapport d’Amnesty. « Comme vous le relevez de manière correcte, nous ne vendons pas des données, nous vendons des publicités ».
Mark Zuckerberg en appelle aux gouvernants
Le patron et cofondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a appelé les gouvernements à davantage de régulation sur la gestion des données personnelles, au lieu de laisser des compagnies privées prendre des décisions cruciales concernant par exemple les limites de la liberté d’expression.
En septembre, le géant des réseaux sociaux a dit avoir suspendu « des dizaines de milliers » d’applications posant potentiellement un risque en termes de respect de la vie privée de ses utilisateurs. Cette mesure avait été prise à la suite d’une enquête en réponse au scandale dit de Cambridge Analytica. En 2018, un lanceur d’alerte avait révélé que cette entreprise britannique avait mené des campagnes de manipulation massives, via des applications tierces sur Facebook, pour influencer les électeurs américains et britanniques. Google n’a de son côté pas répondu à des sollicitations sur le sujet.
Plusieurs dirigeants de l’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International vont quitter l’organisation ces prochains mois après une enquête externe révélant un environnement de travail «toxique», a indiqué l’ONG à l’AFP, confirmant des informations de presse.
Le secrétaire général de l’ONG, Kumi Naidoo, a annoncé début mai au personnel que cinq des sept membres de la direction générale d’Amnesty quitteraient l’organisation d’ici octobre prochain, a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’ONG basée à Londres. Une équipe de transition prendra le relais avant la mise en place d’une nouvelle équipe dirigeante, réduite à quatre membres.
Cette réorganisation fait suite à la publication, fin janvier, d’un rapport indépendant commandé après le suicide de deux employés de l’ONG en trois mois. Roz McGregor, une Britannique de 28 ans qui effectuait un stage rémunéré au bureau d’Amnesty à Genève, s’est suicidée au début de l’été 2018, quelques semaines après Gaëtan Mootoo, 65 ans, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest retrouvé mort le 26 mai 2018 dans les locaux parisiens de l’ONG.
Le rapport du groupe KonTerra, basé sur une enquête menée auprès du personnel, avait révélé que celui-ci était souvent soumis à des niveaux de stress très importants et avait identifié des «failles dans la culture organisationnelle et le management» comme étant les «principales causes» du mal-être du personnel. «L’environnement de travail est souvent décrit comme toxique», soulignait le rapport. «Il est profondément troublant de lire des témoignages évoquant une culture du secret et de la méfiance, où la discrimination, l’intimidation et les abus de pouvoir ont été tolérés», avait réagi fin janvier M. Naidoo, devenu secrétaire général en août 2018, jugeant qu’il était «temps de réagir».
De son côté, la Direction générale avait assumé une «responsabilité collective».
Selon le quotidien The Times, des employés ont exprimé leur colère face aux indemnités de licenciement «généreuses» perçues par les cinq dirigeants partants. Le porte-parole de l’ONG a de son côté affirmé à l’AFP que ces derniers étaient éligibles à des indemnités de licenciement «moins favorables» que celles offertes à d’autres membres du personnel.