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Centrafrique: Bozizé pleure en sango

décembre 27, 2012
François Bozizé

François Bozizé

La politique ne se porte pas comme les oreilles qui ne se voient jamais sur les deux côtés de la tête. Or en politique, il faut chercher à regarder partout. Voir ce qui va et ne va pas. La négligence peut être fatale.

Face à une rébellion du Séléka décidée et tenace qui progresse et occupe déjà 80% du territoire depuis le 10 décembre, le régime du général François Bozizé chancelle. Il n’a pas pu voir le danger à temps. Il a sous-estimé cette avancée comme beaucoup de Chefs d’États africains qui sont tombés par simple orgueil. En sa qualité de chef suprême des armées, cela est une faute grave de la gestion d’une république dont la stabilité était menacée.

Plongé dans le rêve du soutien de son ancien ami et allié Idriss Déby qui l’avait aidé en 2003. En dix ans de règne, il n’a pas organisé son armée, devenue sous équipée et incontrôlée. Il a reposé sa confiance cette fois-ci sur l’intervention des militaires de la Fomac(Force multinationale d’Afrique centrale); il a oublié entre négociations et le temps de l’arrivée de la force tampon, le décalage fait parfois défaut. Durant cette période, de nombreux enjeux se passent, dont il faut avoir la pleine maîtrise. La politique, en ce moment-là, demande une haute diplomatie.

Persuadé par la lenteur des opérations d’intervention, se retourner vers son armée constitue une grande honte, car personne ne peut aller mourir pour un régime qui n’a pas su motiver les hommes de troupes. Ils ne peuvent pas être efficaces sur le terrain.

Dès lors dans un discours à la nation, François Bozizé a parlé en sango, la langue nationale pour demander à ses cousins Français et Américains de pouvoir l’aider d’arrêter la progression de la rébellion du Séléka : « Nous demandons à nos cousins français et aux Etats Unis d’Amérique qui sont des grandes puissances, de nous aider à faire reculer les rebelles à leur base initiale de façon à permettre la tenue du dialogue à Libreville pour résoudre la crise actuelle ». Triste appel lancé aux cousins blancs, resté lettre morte. Lamentable, pitoyable et regrettable…Quels conseillers a-t-il pour tenir de tels propos d’une familiarité indigne ? Pour un Général habitué des coups d’État, c’est inconcevable et très grave.

Or, il y a peu, hier, des manifestants pro-Bozizé ont attaqué les symboles de la France en violant l’intégrité territoriale de l’Ambassade de France jusqu’à déchirer le drapeau, paisible et innocent, qui flottait dans l’enceinte de la représentation diplomatique. Bien avant, les mêmes manifestants ont fait un sit-in à l’ambassade des États-Unis. Pour les Occidentaux cette attitude permissive, dans un pays gouverné où existe une police chargée de veiller aux troubles d’ordre public, à la protection des édifices nationaux et internationaux et à l’organisation des manifestations, ce dérapage – surtout celui de l’ancienne puissance coloniale – est un acte fâcheux pouvant entraîner des conséquences diplomatiques. La raison d’État va classer cette violence dans l’action des groupes incontrôlés. Mais l’appréciation n’est pas de bon goût dans les chancelleries. Cela laisse planer une culpabilité laxiste du pouvoir central de n’avoir pas stoppé cette progression de personnes.

Si les États-Unis et l’Onu ont demandé à leur personnel non essentiel de quitter le pays et d’interdire aux Américains de partir en séjour en Centrafrique. Il y a souvent anguille sous roche. L’avenir n’est plus sécuritaire, il faut chercher un havre de paix. Et la réponse de François Hollande depuis Rungis ne s’est pas fait attendre devant les pleurs de Bozizé : La France est en Centrafrique pour ses ressortissants et non pas pour protéger un régime. Une manière de rompre avec les vieilles méthodes classiques de la Françafrique. Les problèmes internes des États doivent se régler sans immixtion.

Qui va vite essuyer les larmes de Bozizé et lui apporter la consolation la plus sécuritaire et la garantie la plus souhaitée?

Bernard NKOUNKOU

Sénégal : Marième Faye Sall, nouvelle première dame

mars 26, 2012

Avec la victoire de Macky Sall contre Abdoulaye Wade au second  tour de la présidentielle, le Sénégal change de président mais aussi de première  dame. Et, pour la première fois dans l’histoire du pays, c’est une Sénégalaise  « pur jus », Marième Faye Sall, qui occupe le poste. Portrait.

Marième Faye Sall ne lit pas les journaux, mais elle sait que  l’ex-« presse du Palais » (pro-Wade) la compare déjà à Simone Gbagbo.  Devenue nouvelle première dame du Sénégal, l’épouse de Macky Sall serait une « femme de pouvoir », une pieuse qui pousserait son mari à la  radicalité. Les ressemblances physiques entre l’une et l’autre font que le  rapprochement est tentant.

Viviane Wade, le meilleur atout de Karim ?

Macky Sall n’était pas encore né quand Viviane Wade, née Vert, en  1932, à  Besançon (France), a rencontré Abdoulaye Wade. Elle avait  20 ans. Depuis,  elle n’a cessé de le soutenir, dans l’opposition comme  au Palais. Les anciens  collaborateurs de Wade la décrivent comme une  femme de pouvoir qui a pris  l’ascendant sur le président sortant.  « Comme leurs deux enfants – leur fils, Karim, et leur fille,  Sindiély -, elle joue un rôle  important », indique un ancien ami de la  famille. « Viviane est une  femme discrète et simple », poursuit-il. Avec  son association Éducation  Santé, créée en 2000 après la victoire  d’Abdoulaye, elle s’est fait adopter par  les Sénégalais. « Mais le  pouvoir l’a changée. Elle a perdu le sens des  réalités. C’est elle qui  soutient depuis le début l’ascension de  Karim. »

Cette influence se limite à la sphère privée – ce qui n’est pas rien,   après quarante-neuf années de mariage. Au Palais, elle ne joue pas à la   vice-présidente. Certes, elle a parcouru le pays avec son mari ces  dernières  semaines. Lors des meetings, elle était au premier rang.  « Mais elle ne  participe à aucune de nos réunions », assure un membre de  l’équipe de  campagne. En 2007, elle avait parcouru le pays en long et en large. À l’époque,   les femmes des ministres lui avaient proposé de l’aider dans sa  mission, mais  elle avait refusé. À leur tête, une certaine Marième Faye  Sall. Macky Sall  était alors le directeur de campagne de Wade, et les  deux femmes, qui se vouent  encore aujourd’hui un respect mutuel, étaient  amies.

Celui entre Viviane Wade, l’épouse du président sortant, et Dominique Ouattara l’est aussi. Toutes  deux sont françaises, blanches, blondes, et on leur prête des amitiés dans  certains milieux d’affaires franco-africains. Mais le Sénégal n’est pas la Côte d’Ivoire

Contrairement à sa réputation, Marième Faye Sall, la quarantaine (elle refuse  de donner son âge), n’a que peu de prise sur son mari. Du moins en politique.  Selon un ami du couple, « c’est une femme au foyer dévouée. Elle ne  s’écrase pas à la maison, mais ne joue pas non plus les intruses en  dehors ». Lorsqu’elle a rencontré Macky en 1992, à Diourbel, cette Sérère  née à Saint-Louis n’était qu’une lycéenne. Trois ans plus tard, enceinte, elle  laisse tomber ses études pour se consacrer à sa famille.

Certes, elle a, selon ses proches, « un caractère bien trempé » et « n’hésite pas à se dresser quand elle flaire les mauvais coups ». Lorsque son mari était Premier ministre, de 2004 à 2007, elle n’a pas laissé que  de bons souvenirs – elle avait la réputation de faire et défaire les carrières.  Mais elle a retenu la leçon, affirme son entourage. Aujourd’hui, elle reste à  bonne distance de la politique. Jamais elle n’a participé à une réunion de  l’Alliance pour la République (APR), le parti créé par Sall en 2008, pas plus  qu’elle ne s’est impliquée dans la campagne électorale. « Elle est très  proche de son mari, mais n’a aucun pouvoir sur lui, résume un ami. Ils discutent  comme un couple peut le faire, mais il ne la suit pas toujours. » C’est un  détail pour elle, mais, après l’élection de son époux le 25 mars, au second tour de  la présidentielle, elle est désormais la première Sénégalaise « pur  jus » à prendre les clés du Palais. La femme de Senghor était une  Française, celle de Diouf une métisse, celle de Wade est, elle aussi, française  (voir encadré).

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