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Situation sécuritaire à l’Est : le processus de paix de Luanda au menu des entretiens entre Tshisekedi et Lourenço

mars 20, 2023

Vingt-quatre heures après l’approbation à l’unanimité par le Parlement angolais de l’envoi d’un contingent militaire à l’est de la République démocratique du Congo, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a rencontré, le 18 mars, à Luanda son homologue João Lourenço.

La rencontre en tête-à-tête pendant plus de deux heures au Palais présidentiel de la Cidade Alta a permis aux présidents Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et Joâo Lourenço  d’évaluer le processus de paix dit de Luanda que ce dernier en qualité de médiateur désigné par l’Union africaine. A ce titre, le président angolais avait reçu le mandat de ses pairs au cours de la dernière assemblée générale annuelle de l’Union africaine de notifier aux rebelles terroristes du M23, appuyés par le Rwanda, toutes les décisions et recommandations les concernant, notamment l’arrêt des hostilités, leur cantonnement ainsi que leur retrait du territoire congolais.

Les deux chefs d’Etat n’ont pas communiqué sur les détails de leur entretien à huis clos. Toutefois, dans leur entourage respectif, l’on affirme que les détails opérationnels du contingent angolais de cinq cents combattants ainsi que la suite du processus ont été largement évoqués. Les unités spéciales des Forces armées angolaises (FAA), rappele-t-on, sont très redoutées pour leur combativité. Appelées en renfort en 1998 dans le cadre de la Communauté de développement de l’Afrique australe, elles avaient réussi à mettre en déroute les troupes rwandaises qui avaient attaqué la ville de Kinshasa après leurs raids sur la base de Kitona. Cette fois, les FAA sont sollicitées pour une mission de maintien de la paix dans le processus de cantonnement des éléments terroristes du M23 et leurs alliés du RDF. Après cette visite éclair de quelques heures à Luanda, le président Félix Tshisekedi a regagné Kinshasa en début de soirée.

Avec Adiac-Congo par Alain Diasso

Le Parlement angolais a voté l’envoi de 500 soldats en RDC

mars 18, 2023

Après l’échec du cessez-le-feu entre les FARDC et le M23, que Luanda avait contribué à négocier, les députés angolais ont donné le feu vert à la mission d’un contingent en RDC.

Des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en patrouille en octobre 2018 en RDC. © afp.com – JOHN WESSELS

Le Parlement angolais a donné le feu vert, vendredi 17 mars, à l’envoi d’environ 500 soldats en RDC, après que le dernier cessez-le-feu   annoncé entre les FARDC et le M23, que Luanda avait contribué à négocier, n’a pas été respecté, la semaine dernière. Les députés ont formellement approuvé, par un vote à l’unanimité lors d’une session extraordinaire retransmise en direct à la télévision, la décision annoncée samedi par la présidence.

« La mission des forces armées angolaises n’impliquera pas d’opérations de combat », a déclaré le ministre d’État et chef de la Maison de sécurité, le général Francisco Furtado, après le vote. Il s’agit « uniquement de superviser le processus de dissolution, de désarmement et de réintégration des forces du M23 », a-t-il poursuivi.

Rôle de médiateur

L’Angola joue un rôle de médiateur dans le conflit qui oppose les force armées de la RDC et le M23. Les soldats angolais ne viennent pas « pour attaquer, mais pour vérifier comment les choses se passent », a assuré en début de semaine le chef de la diplomatie congolaise. Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, est attendu ce samedi à Luanda pour une visite de travail, selon la présidence angolaise.

Ce vote intervient alors que des rebelles du M23 se sont retirés ces derniers jours de plusieurs localités de l’est de la RDC, selon des sources civiles et militaires constatant prudemment une accalmie dans les combats.

En 2012, le groupe rebelle s’est brièvement emparé de Goma avant d’être chassé par une offensive conjointe des forces du Congo et de l’ONU. Mais les combats ont repris fin 2021 après que le M23 a accusé le gouvernement de Kinshasa de ne pas respecter son engagement d’intégrer ses combattants à l’armée régulière. Plusieurs pays de la région ont déployé une force conjointe visant à stabiliser la zone.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

L’Angola va envoyer des troupes en RDC après l’échec du cessez-le-feu

mars 12, 2023

L’Angola a annoncé le 11 mars que Luanda allait envoyer une unité militaire en RDC, après l’échec du cessez-le-feu qu’il avait contribué à négocier entre les troupes gouvernementales et les rebelles du M23.

Sur cette photo d’archive prise le 23 mai 2021, un convoi funéraire parcourt la route de Beni à la frontière ougandaise, à 80 kilomètres à l’Est, au nord-est de la RDC © ALEXIS HUGUET / AFP

« L’objectif principal de cette unité est de sécuriser les zones où sont stationnés les membres du M23 » dans l’est du pays « et de protéger » l’équipe chargée de surveiller le respect du cessez-le-feu, a déclaré la présidence angolaise dans un communiqué.

L’est de la RDC, frontalier notamment du Rwanda, est le théâtre d’une flambée de violence depuis que les rebelles du M23 ont repris les armes fin 2021, et se sont emparés de pans entiers du territoire. La RDC et des experts de l’ONU accusent le Rwanda de soutenir le groupe armé, une affirmation démentie par Kigali.

Échec du cessez-le-feu

Si plusieurs pays de la région ont déployé une force conjointe visant à stabiliser la zone, l’Angola joue un rôle de médiateur dans ce conflit. Mais le dernier cessez-le-feu qu’il avait négocié a été rompu mardi, le jour même où il devait entrer en vigueur.

Luanda a précisé que sa décision d’envoyer une unité militaire a été prise après des consultations avec Kinshasa, et ajouté que les Nations unies et d’autres dirigeants de la région en ont été informés.

Violents combats

Le déploiement de ces troupes doit être approuvé par le Parlement angolais, où le parti au pouvoir possède une majorité confortable. Aucun détail sur la taille de l’unité qui sera envoyée en RDC n’a été donné dans l’immédiat.

Cette décision intervient alors que de violents combats ont été rapportés à l’est de la RDC, près de la grande ville de Goma, de plus en plus menacée par la rébellion du M23, qui s’en était déjà emparée brièvement en 2012.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Macron en Afrique centrale : qui m’aime me reçoive

février 24, 2023

Boudé dans certains pays sahéliens, le président français effectue, début mars, une tournée dans quatre pays d’Afrique centrale.

© Glez

« C’est dans l’affliction qu’on compte ses vrais amis », affirme une pensée populaire qui rassérène peut-être Emmanuel Macron, dont l’effigie est maltraitée dans certaines manifestations africaines « antipolitique française ». Quoi qu’il en soit, « les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », susurre certainement la statue gaulliste du Commandeur à l’oreille de son successeur réélu en 2022.

Alors que la liste des pays francophones francophiles se réduit comme peau de chagrin, le chef de l’État français a choisi minutieusement les destinations de sa nouvelle tournée africaine, prévue du 1er au 5 mars. Histoire de respirer quelque peu, loin de l’Hexagone qui malmène son projet de réforme des retraites.

Tremplin gabonais

« Respirer », c’est justement le mot-clé des prochaines escapades macroniennes : l’invocation du sort de la planète sera l’occasion de prendre de la hauteur vis-à-vis des retraits, ici ou là, de militaires français. Comme indiqué ce jeudi 23 février par l’Élysée, le One Forest Summit consacré à la préservation et à la valorisation des forêts du bassin du fleuve Congo fera du larron français un Gabonais d’adoption, les 1er et 2 mars à Libreville. La cause est indiscutable, la zone en question représentant, avec 220 millions d’hectares boisés, le deuxième massif forestier et le deuxième poumon écologique de la planète après l’Amazonie. En Afrique comme en Amérique latine ou en Asie du Sud-Est, ces forêts souffrent de la surexploitation agricole et industrielle ou de la production pétrolière.

Le tremplin gabonais pendant l’excursion de Macron permettra à celui-ci de renforcer d’autres liens bilatéraux dans la sphère de l’Afrique centrale, où les influences de la Chine et de la Russie vont grandissantes, même si les signes de rapprochement sont moins ostentatoires qu’en Centrafrique. Trois pays se sont ainsi ajoutés au rendez-vous de Libreville. Par ordre de proximité traditionnelle avec la France : le Congo, le 2 mars, habitué du pré carré françafricain houspillé ; la RDC, les 3 et 4 mars, nation francophone mais ancienne colonie belge ; l’Angola, le 2 mars, au titre de l’expansion diplomatique en terres lusophones, cette fois autour d’un partenariat de production franco-angolais en matière agricole.

Les forêts du bassin du fleuve Congo cacheront-elles l’arbre du désamour entre la France et les siamois malo-burkinabè ? Emmanuel Macron aura beau jeu de rappeler qu’il était en Afrique de l’Ouest en juillet dernier – CamerounBénin et Guinée-Bissau –, que l’Afrique est bien l’une des priorités désignées de son second quinquennat et qu’il annonça son intérêt pour les pays non-francophones du continent, bien avant le désaveu des opérations Barkhane ou Sabre.

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Coupe africaine de la confédération : les Diables noirs vont découdre à Luanda avec le DCMP

février 16, 2023

Après avoir réussi leur première sortie, les Diables noirs du Congo-Brazzaville doivent enchaîner, le 19 février, face au Daring Club Motema Pembe (DCMP) de Kinshasa, à Luanda en Angola, pour conserver la première place du groupe qu’ils occupent grâce à leur brillante victoire (3-0 ) face à Rivers united FC. 

Les Diables noirs doivent donner le meilleur d’eux-mêmes pour conserver la tête du groupe /Adiac

DCMP-Diables noirs est une autre paire de manche.  La rencontre qui  se jouera au stade du 11novembre à Luanda, en Angola, comptera pour la deuxième journée  de la phase de groupes de la Coupe africaine de la Confédération. Le Stade des martyrs de Kinshasa n’étant  pas homologué, le DCMP a choisi de recevoir ses adversaires en Angola pour bénéficier de la présence d’une forme communauté de la République démocratique du Congo.

C’est donc une confrontation qui aura une saveur particulière pour Barthélémy Ngatsono, l’actuel entraîneur du club multidisciplinaire, les Diables noirs, remercié récemment de DCMP de Kinshasa pour insuffisance de résultats, alors qu’il avait réussi à le qualifier dans cette  phase de groupes. « Nous allons corriger nos erreurs et consolider notre avantage en travaillant par rapport à l’adversaire. Tous les matches ne se ressemblent pas. Le DCMP n’est pas le Rivers united. Je connais les joueurs du DCMP mais plus leur façon de jouer parce que c’est l’entraîneur qui donne sa philosophie de jeu. Ils en  ont déjà changé deux après moi. C’est une très bonne équipe. Quand je l’entraînais, on a réussi à se qualifier  de belle manière. Il faudra que nous prenions toutes les dispositions pour que nous puissions déjà nous mettre à l’abri. Un bon résultat nous permettra de faire un pas important vers les quarts de finale », a expliqué Barthélémy Ngatsono, le coach des Diables noirs.

Une confrontation très attendue

Les Diables noirs arrivent à ce niveau de la compétition pour la première fois en 72 ans d’existence. Ils livreront leur plus grand match test face au  DCMP qui  a déjà remporté cette compétition, sous l’appellation de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupes, en 1994. « C’est une jeune équipe. La majorité de nos joueurs n’a pas encore fait la haute compétition » , avouait Ngatsono dans la foulée de leur victoire face à Rivers united.

Le résultat obtenu lors de  la première journée par le  DCMP ( 0-0) face à Asec Mimosas, à Abidjan, témoigne  comment ce très attendu DCMP-Diables noirs sera âprement disputé. Les Brazzavillois le savent très bien, les  Kinois ont dans un coin de leur tête qu’en cas de victoire, ils prendront  la tête du groupe B. L’enjeu dans ce groupe est de taille puisque le club ivoirien vise aussi cette première place en affrontant Rivers united. A domicile, les Nigérians  n’ont plus droit à l’erreur après leur défaite à Brazzaville. Ils pourront relancer leurs chances en signant leur première victoire.

Dans le groupe A,  Saint Eloi Lupopo  recevra à Ndola, en Zambie, Marumo Gallant. Les Sud-Africains avaient battu Al  Akhdar sport club (4-1) pendant que  Lupopo s’inclinait (0-3) face à  USM d’Alger.  Dans le groupe C, Future football club jouera contre Pyramids FC puis le FRA du Rabat sera aux prises à Asko. Lors de la première journée, Asko et Future FC avaient fait jeu égal (1-1), tout comme Pyramids et FAR (2-2).

Tout Puissant Mazembe, vainqueur du Real de Bamako (3-1), sera reçu par Young Africans qui s’est incliné lors de la première journée (0-2) devant Monastir. Cette dernière formation jouera face au Real de Bamako.

En Ligue africaine des champions, l’AS Vita club de Kinshasa  jouera ses matches à domicile  en commençant par celui  contre Petro de Luanda, ce  samedi pour le compte de la deuxième journée  au stade Alphonse-Masamba-Débat.

Avec Adiac-Congo par James Golden Eloué

La Russie, en opération séduction en Afrique, fustige l' »Occident colonial »

janvier 25, 2023
La Russie, en operation seduction en Afrique, fustige l'"Occident colonial"
La Russie, en opération séduction en Afrique, fustige l' »Occident colonial »© Ministère des Affaires étrangères russe/AFP/Handout

La Russie a fustigé mercredi les « tactiques coloniales » de l’Occident pour faire « pression sur les continents en développement », saluant la « position équilibrée » de l’Angola qui s’est longtemps abstenu de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine.

Plusieurs États africains se sont abstenus en mars 2022 lors du vote d’une résolution de l’ONU exigeant « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». L’Angola a voté pour la première fois en octobre pour condamner Moscou.

« La Russie apprécie la position équilibrée de l’Angola aux Nations unies », a déclaré à la presse le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, à l’issue d’une rencontre à Luanda avec son homologue angolais Tete Antonio et le président Joao Lourenco.

Dénonçant les « pressions illégales des Etats-Unis et ses alliés », le chef de la diplomatie russe a ajouté que « l’Occident utilise les mêmes tactiques coloniales que par le passé pour exploiter les continents en développement ».

Ancien mouvement de libération à mouvance marxiste, le parti historique au pouvoir en Angola (MPLA, Mouvement populaire pour la libération de l’Angola) entretient des liens historiques avec la Russie, même si l’Angola a par la suite renforcé ses liens avec les États-Unis.

L’Afrique est redevenue un champ de bataille d’influence politique et économique, notamment depuis le début du conflit en Ukraine, il y a près d’un an.

M. Lavrov est en visite pour la seconde fois en six mois sur le continent. Avant l’Angola, il s’est rendu en Afrique du Sud et en Eswatini.

Son voyage coïncide avec une tournée africaine de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, s’est par ailleurs rendu ce mois-ci en Éthiopie, au Gabon, en Angola, au Bénin et en Égypte.

Avec Le Point par AFP

Angola : Isabel dos Santos sous le coup d’un mandat d’arrêt international

novembre 19, 2022

Interpol a émis le 18 novembre un mandat d’arrêt contre la fille de l’ancien président angolais, décédé en juillet. Une information démentie par les avocats d’Isabel dos Santos.

La femme d’affaires angolaise Isabel dos Santos, à Maia, dans le nord du Portugal, le 5 février 2018. © MIGUEL RIOPA/AFP

L’Organisation internationale de police criminelle, Interpol, a émis le 18 novembre un mandat d’arrêt international à l’encontre de la milliardaire angolaise et fille de l’ancien président José Eduardo dos Santos, décédé en juillet, selon l’agence de presse portugaise Lusa.

D’après la même source, citant un document officiel, le mandat d’Interpol a été délivré après que le parquet angolais a demandé à l’agence de « localiser, arrêter » et extrader dos Santos.

Détournements de fonds publics

Interpol et le ministère public n’ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires de ReutersLusa, citant le même document, a déclaré qu’Isabel dos Santos, 49 ans, était recherchée pour divers délits, dont des détournements de fonds présumés, fraude, trafic d’influence et blanchiment d’argent.

Elle fait l’objet d’accusations de corruption depuis des années, notamment des allégations en 2020 de l’Angola, selon lesquelles elle et son mari Sindika Dokolo, décédé en octobre 2020, auraient détourné près d’un milliard de dollars de fonds publics auprès de sociétés dans lesquelles ils avaient acquis des participations sous la présidence de son père, notamment le géant pétrolier Sonangol.

Isabel dos Santos, qui a nié à plusieurs reprises tout acte répréhensible, a aussitôt démenti l’existence d’un mandat d’arrêt à son encontre. « Les avocats d’Isabel dos Santos ont consulté la base de données d’Interpol et constaté qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle, une quelconque référence à l’émission d’un mandat », a-t-elle fait savoir via un communiqué.

Si des procédures judiciaires contre elle et contre des sociétés dans lesquelles elle a des intérêts sont ouvertes au Portugal et en Angola depuis près de trois ans, celles-ci n’ont pas donné lieu jusqu’ici à une mise en examen, a ajouté la femme d’affaires, affirmant avoir toujours été disponible vis-à-vis des autorités pour apporter les éclaircissements nécessaires.

40 ans au pouvoir

Selon les informations de l’agence Lusa, le mandat d’arrêt mentionne que la femme d’affaires se trouve souvent au Portugal, au Royaume-Uni et aux Émirats arabes unis.

Son père, José Eduardo dos Santos, est décédé en juillet dernier et a dirigé l’Angola pendant près de quatre décennies, jusqu’en 2017. Son successeur, João Lourenço, réélu en août pour un second mandat, a lancé une série de réformes promettant notamment de mettre fin à la corruption et au détournement de fonds publics.

Par Jeune Afrique (Avec Reuters)

Le président angolais Joao Lourenço investi pour un second mandat

septembre 15, 2022
Le president angolais Joao Lourenco investi pour un second mandat
Le président angolais Joao Lourenço investi pour un second mandat© AFP/Archives/Julio PACHECO NTELA

Le président Joao Lourenço s’est engagé jeudi à être « le président de tous les Angolais » lors de son investiture pour un second mandat à Luanda, une cérémonie placée sous haute surveillance policière après des élections dont les résultats ont été contestés par l’opposition.

Le pays a tenu le 24 août le scrutin le plus disputé de son histoire. Il n’y a pas d’élection présidentielle en Angola et la tête de liste du parti vainqueur aux législatives devient automatiquement chef de l’Etat.

Le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), au pouvoir depuis l’indépendance du Portugal en 1975, a remporté les élections avec 51,17 % des voix, le plus bas score qu’il ait jamais enregistré.

Le premier parti d’opposition, l’Union nationale pour l’indépendance (Unita), qui a rassemblé 43,95 % des suffrages selon la commission électorale, clame avoir remporté le scrutin, selon son propre comptage. Son recours a toutefois été rejeté au début du mois par le tribunal constitutionnel, considérant qu’aucun élément ne permettait de remettre en cause les résultats. Le parti avait évoqué l’organisation de « manifestations pacifiques ».

Jeudi, la place de la République, lieu historique de la capitale angolaise ouverte sur l’Atlantique, était bordée par un important cordon de sécurité, ont constaté des journalistes de l’AFP.

De nombreux Angolais ont décidé de rester chez eux et les rues de Luanda sont restées étrangement calmes, les habituels vendeurs de rue étant disséminés ici et là. Une vingtaine de chars de l’armée étaient stationnés sur un carrefour proche de la place.

Quelque 15.000 Angolais, strictement sélectionnés, étaient invités à la cérémonie à laquelle une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, dont le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, devaient participer.

Dans sa prestation de serment, Joao Lourenco, 68 ans, a promis des augmentations de salaires ainsi qu’une meilleure rémunération des forces armées, recueillant les applaudissements.

Il a également promis de s’attaquer au chômage des jeunes, part grandissante de la population moins attachée au MPLA que ses aînés et dont une partie a été séduite par l’opposition au dernier scrutin.

Peu de changement

Emmenée par le charismatique Adalberto Costa Junior, 60 ans, l’Unita a gagné du terrain sur des promesses de réformes, de lutte contre la pauvreté et la corruption.

L’opposant n’était pas présent à la cérémonie jeudi. La veille, il avait indiqué que son parti accepterait que ses parlementaires soient investis, tout en promettant des manifestations dans les semaines à venir.

A l’issue des élections, quatre des 16 membres de la Commission électorale n’ont pas signé les résultats. Les observateurs étrangers venus d’Afrique ont fait part de « préoccupations » concernant les listes électorales.

Riche en ressources naturelles, l’Angola est l’un des pays les plus pauvres et les plus inégalitaires au monde. La manne pétrolière n’a enrichi qu’une élite proche de l’ancien président et mentor de M. Lourenço à l’héritage controversé, José Eduardo dos Santos. Mort en Espagne en juillet, ce dernier a été enterré en pleine semaine électorale.

M. Lourenço avait surpris une fois élu en 2017, en limogeant de nombreux dirigeants d’institutions et d’entreprises ainsi que des chefs de l’appareil sécuritaire, visant les proches de dos Santos et notamment sa fille Isabel.

Beaucoup jugent toutefois que cette campagne a été sélective et politiquement motivée. Le clan dos Santos a dénoncé une « chasse aux sorcières ».

Selon certains analystes, il y a eu peu de changement depuis l’accession au pouvoir de M. Lourenço, notamment au regard du « respect des droits humains et des libertés fondamentales », estime Borges Nhamirre de l’Institute for Security Studies de Pretoria

L’opposition avait déjà contesté, sans obtenir gain de cause, les résultats des élections en 2017.

Le MPLA à perdu la majorité des deux tiers au Parlement, qui lui permettait jusqu’ici de passer des lois sans le soutien d’un autre parti, avec 124 sièges sur 220.

Esperança Maria da Costa, 61 ans, biologiste et professeure d’université, devient la première femme vice-présidente du pays.

Par Le Point avec AFP

L’Angola vote pour choisir un président, le scrutin s’annonce serré

août 24, 2022
L'Angola vote pour choisir un president, le scrutin s'annonce serre
L’Angola vote pour choisir un président, le scrutin s’annonce serré© AFP/JOHN WESSELS

Les Angolais sont aux urnes mercredi pour des élections législatives qui décideront du prochain président, un scrutin annoncé comme le plus serré de l’histoire du pays, entre le parti au pouvoir depuis l’indépendance et une opposition qui promet d’enrayer pauvreté et corruption.

Ancien parti unique tout-puissant, à la tête du pays depuis 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) est en perte de vitesse mais reste favori pour ce scrutin, selon les pronostics. Le président sortant Joao Lourenço, 68 ans, brigue un second mandat.

Mais la domination du parti devrait être sérieusement entamée par une opposition revigorée ces dernières années par un leader, Adalberto Costa Junior, 60 ans. Surnommé « ACJ », il est à la tête de l’ancien mouvement nationaliste rebelle devenu parti, l’Unita.

Réputé bon orateur, il incarne pour certains cet espoir de « changement » réclamé par la rue, dans un pays riche en ressources naturelles mais plongé dans de grandes difficultés économiques. Inflation galopante, sécheresse sévère, chômage et vie chère nourrissent un ras-le-bol grandissant.

« Nous avons du pétrole, des diamants, mais les gens n’ont pas de travail », lance à l’AFP Manuel Antonio Teca, 27 ans, sans emploi. L’Angola est le 2e producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne.

Il faisait partie de la foule d’électeurs aux urnes tôt le matin, des files de femmes vêtus de tissus africains et d’hommes tenant religieusement un petit bulletin plié entre leurs mains. Mais le flot s’est tari dès le milieu de journée.

« C’est un jour historique », a déclaré l’opposant après avoir déposé son bulletin dans un quartier populaire de Luanda. L’outsider a mené sa campagne sur des promesses de réformes, de lutte contre la pauvreté et contre la corruption.

Charismatique, il séduit notamment une jeunesse urbaine moins attachée au MPLA et qui hérite d’un pays miné par des décennies de corruption sous la présidence de José Eduardo dos Santos (1979-2017). Les 10 à 24 ans représentent un tiers de la population, selon des données des Nations unies.

Mort le mois dernier en Espagne, l’ancien chef d’Etat est accusé d’avoir détourné des milliards au profit de sa famille et de ses proches. Il doit être enterré dimanche.

« Le résultat semble devoir être plus serré que jamais », prédit Justin Pearce, spécialiste de histoire angolaise à l’Université Stellenbosch en Afrique du Sud.

« Vraie démocratie »

Les 13.200 bureaux de vote sont ouverts jusqu’à 18H00 (17H00 GMT) pour les 14,7 millions d’inscrits. Le candidat du parti vainqueur aux législatives sera investi chef d’Etat. Aucun incident n’a été signalé à ce stade.

Avec un parti au pouvoir qui a la main sur le processus électoral et les médias publics, l’opposition et une partie de l’opinion publique s’interrogent sur des possibilités de fraudes.

« Nous ne sommes pas un pays démocratique », regrette Alberto Bernardo Muxibo, qui se présente à l’AFP comme un militant. « Le gouvernement opprime le peuple ».

Dans la matinée, M. Lourenço a déposé son bulletin dans une université de Luanda. Habituellement discret et peu à l’aise sur les estrades, l’ancien général a sobrement promis « la victoire ».

En 2017, sous l’étiquette de dauphin de dos Santos, il l’avait emporté après une confortable victoire du MPLA à 61 % des voix. Pur produit du parti nourri au marxisme-léninisme, il s’est affranchi du système en lançant, à la surprise générale, une vaste campagne anti-corruption, écartant des postes clefs les proches de son ancien mentor.

Il a mené des réformes ambitieuses, saluées à l’étranger, pour sortir de la dépendance au pétrole et privatiser les entreprises publiques. Et sa gestion de la dette du pays « a été remarquable », juge Marisa Lourenco, analyste indépendante basée à Johannesburg.

Mais pour une grande partie des 33 millions d’Angolais, rien n’a vraiment changé. « Vingt ans que le pays est en paix et nous sommes toujours pauvres », lâche Lindo, un électricien de 27 ans qui habite Luanda.

Malgré dix ans de croissance après la fin de la guerre civile en 2002, l’Angola reste un des pays les plus pauvres du continent.

Par Le Point avec AFP

Angola : la bataille autour de l’enterrement de José Eduardo dos Santos se poursuit

août 17, 2022

Depuis le décès de l’ancien chef de l’État le 8 juillet à Barcelone, en Espagne, les membres de sa famille se livrent une bataille juridique pour déterminer où il sera inhumé. Le tribunal de Barcelone a tranché, ce mercredi 17 août, en faveur de la dernière épouse du défunt, dont la dépouille sera rapatriée en Angola.

Hommage à José Eduardo dos Santos, à Luanda, en Angola, le 11 juillet 2022. © Ampe Rogerio/EPA/EFE/MAXPPP

Le corps de l’ex-président angolais José Eduardo dos Santos sera remis à sa veuve, Ana Paula dos Santos, pour être rapatrié et inhumé en Angola, a tranché un tribunal de Barcelone dans un arrêt rendu public le 17 août. Le sort de la dépouille de l’ancien chef de l’État angolais, décédé le 8 juillet à Barcelone, est au centre d’une bataille juridique entre les différents membre de la famille dos Santos.

D’un côté, sa dernière épouse, Ana Paula, et leurs trois enfants en commun, sont favorables au rapatriement et l’inhumation en Angola de l’ancien président dans les plus plus brefs délais. De l’autre, le reste des enfants dos Santos, dont l’une de ses filles, Tchizé, sont opposés à des obsèques en Angola avant la tenue des prochaines élections générales du 24 août afin d’éviter une « récupération politique » de la cérémonie.

Illustration des tensions au sein de l’ex-famille présidentielle : Tchizé dos Santos a aussitôt fait savoir par la voix de son avocate espagnole, Carmen Varela, qu’elle allait faire appel de la décision, rendue par une juridiction pénale, tout en rappelant qu’un autre processus, celui-ci au civil, est en cours.

Dans son arrêt, daté du 16 août, le tribunal supérieur de justice de Catalogne souligne notamment, à l’appui de sa décision, que « les dépenses de logement du défunt étaient prises en charge par le gouvernement angolais » et que l’ancien chef de l’État « avait reçu des visites de responsables en Angola alors qu’il se trouvait à Barcelone ».

« Tentative d’homicide »

Jose Eduardo dos Santos, qui a dirigé l’Angola de 1979 à 2017, est décédé à l’âge de 79 ans dans une clinique de Barcelone, où il avait été hospitalisé après un arrêt cardiaque le 23 juin. Son placement en soins intensifs avait révélé de très vives tensions au sein de la famille dos Santos, notamment entre sa dernière épouse, Ana Paula, et sa fille Welwitschea « Tchizé » dos Santos (44 ans). Cette dernière avait ainsi porté plainte en Espagne quelques jours avant le décès de son père pour « tentative d’homicide ». Elle accusait le médecin personnel de son père et Ana Paula d’être responsables de la détérioration de l’état de santé de l’ancien président, et avait, par la suite, réclamé une autopsie, jugeant le décès « suspect ».

« Depuis leur séparation en 2017 et jusqu’au mois d’avril dernier, Ana Paula n’avait pas rendu visite à Barcelone » à l’ex-chef de l’État angolais, avait également assuré « Tchizé » dos Santos dans un communiqué publié par ses avocats. Elle était opposée au retour du corps de son père en Angola, affirmant qu’il souhaitait « être enterré dans l’intimité en Espagne », où il vivait depuis 2019, et non dans son pays « avec des funérailles nationales qui pourraient favoriser le gouvernement actuel » du président João Lourenço lors du scrutin du 24 août, selon un communiqué de ses avocats.

Une mort naturelle

Dans un premier temps, la justice espagnole s’était opposée à la remise du corps à la famille de l’ancien président angolais, le temps d’effectuer des analyses complémentaires à l’autopsie et d’identifier « le ou les membres de la famille » à qui remettre la dépouille. Le tribunal confirme que l’autopsie a conclu à une « mort naturelle », avec des problèmes d’ »insuffisance cardiaque » et de « surinfection pulmonaire ».

Le successeur de dos Santos à la tête de l’Angola, João Lourenço, qui est candidat à sa réélection, a décrété le mois dernier sept jours de deuil national en hommage à son prédécesseur. Mais, à son arrivée au pouvoir en 2017,  il avait surpris en lançant une vaste campagne contre la corruption visant notamment la famille dos Santos. Né dans un quartier populaire de la capitale Luanda, José Eduardo dos Santos avait mis en place une gouvernance opaque, favorisant sa famille et ses proches, et fondée sur la confusion entre ressources publiques et privées. Une autre de ses filles, Isabel dos Santos, avait été sacrée en 2013 la femme la plus riche d’Afrique.

Par Jeune Afrique avec AFP