Manifestantes féministes lors de la célébration de la Journée nationale de la femme à Tunis, le 13 août 2018.
Quinze ans après la parution de « King Kong Théorie » de Virginie Despentes, l’auteure franco-tunisienne Inès Orchani livre son propre manifeste féministe, résolument tourné vers l’Afrique. Entretien.
« De l’insulte “nègre” Césaire a fait la “négritude”. Du “gazellage” je m’apprête à faire Gazelle Théorie », annonce d’emblée Inès Orchani. Dans un essai où l’arabe se mêle au français, cette romancière, poétesse et traductrice franco-tunisienne déconstruit méticuleusement la métaphore qui compare depuis des siècles la femme à l’animal des steppes pour nourrir un imaginaire sexuel.
De Tunis, où elle est née en 1976, à Paris, où elle est venue étudier à l’âge de 18 ans et où elle enseigne la littérature comparée à la Sorbonne Nouvelle, elle observe les croyances et les injonctions qui pèsent sur les femmes – mais aussi sur les hommes. Un manifeste pour une société non-genrée, émancipée des rapports de force.
Dans un style parfois lyrique et toujours libérateur, sur un registre aussi intime qu’universel, Inès Orchani lève les tabous qui entourent la maternité, les mutilations génitales, les règles ou encore la nuit de noces. Donnant matière à réfléchir, et l’élan pour s’affranchir. Rencontre au cimetière parisien du Montparnasse, au pied de la tombe de Simone de Beauvoir, non loin de celles de Marguerite Duras et de la philosophe Sarah Kofman, avec celle qui s’est donné pour mission, il y a vingt ans, de traduire en français leurs consœurs arabes, May Ziadé et Nawal Saawadi.
Jeune Afrique : Le titre de votre livre fait référence à King Kong Théorie de l’écrivaine française Virginie Despentes. À son sujet, et au sujet de Bourdieu, vous dites que vous écrivez « à partir d’eux, mais non loin ». Qu’est-ce que cela signifie ?
Inès Orchani : J’ai un problème avec la notion de filiation, même en littérature. Je préfère l’idée d’auteurs qui seraient comme des îles qui communiqueraient entre elles. Et j’ai énormément de respect pour Virginie Despentes, je ne suis pas sûre qu’elle voudrait qu’on la considère comme la mère d’un nouveau féminisme. Je pense aussi que Bourdieu se voyait plus comme un éclaireur que comme un père spirituel ayant des disciples.
C’EST COMME SI, À LA MÉNOPAUSE, LES FEMMES ACQUÉRAIENT UNE PUISSANCE QUI ÉTAIT JUSQUE-LÀ CELLE DES HOMMES
Quelles sont les féministes africaines qui vous ont inspirée ?
L’une des premières que j’ai rencontrée est Mariama Bâ, quand j’avais une quinzaine d’années. Elle m’a emmenée vers d’autres féministes masculins, et notamment, au moment où je quittais la Tunisie pour la France, vers Cheikh Hamidou Kane, qui repense le rapport entre identité, genre et religion dans L’Aventure ambiguë. Je suis encore à ce croisement vingt-cinq ans plus tard. Est-on femme de la même façon dans les différentes cultures ?
Quels troubles naissent dans le genre quand on en a deux ? Et quand j’ai enfin lu des féministes femmes arabophones, dont May Ziadé et Nawal Saadawi, cela a été une expérience de perfection : tout d’un coup, cette langue arabe qui était pour moi celle de la religion, et donc celle des hommes, disait la liberté, et celle-ci était dite par des femmes. La langue était manipulée comme je ne l’avais jamais entendue.
Sydonie Ghayeb pour JA
Vous avez observé qu’à Paris, les femmes se désespèrent d’avoir 50 ans, mais qu’à Tunis, on s’en réjouit. Pourquoi cette différence ?
À la ménopause, les femmes tunisiennes sont débarrassées d’un certain nombre d’injonctions : « sois belle, maquille-toi, procrée ». C’est comme si elles envoyaient balader tout ça, soit parce qu’elles ont rempli une partie du contrat social, elles ont eu des enfants, soit elles ne l’ont pas rempli mais elles ne sont plus en âge de le faire. C’est comme si elles acquéraient une puissance qui était jusque-là celle des hommes. Nawal Saadawi dit même qu’à partir de ce moment-là, elle s’est vue l’égale absolue des hommes. Elle a pu par exemple manifester place Tahrir, en Égypte, sans avoir peur des hommes, parce qu’elle n’était plus un objet féminin.
Dans ce livre, vous remettez en question beaucoup de tabous qui entourent les règles, les mutilations génitales, la nuit de noces ou encore l’accouchement. Est-ce plus stigmatisant d’en parler en Afrique et dans le monde arabe qu’ailleurs ?
Je ne crois pas, j’ai même l’impression qu’un féminisme-monde émerge depuis deux ou trois ans. Que les féminismes communiquent. Ce qui a été plus difficile, c’est de parler de ces sujets en arabe, d’aller chercher les mots pour dire « vulve », « clitoris ». Ils existent mais ils sont souvent imagés. Et ils ne s’écrivent pas, ils se chuchotent… Le défi était de pouvoir parler aussi librement en français et en arabe. Je ne voulais pas libérer ma parole que dans une seule langue.
TOUTE PRISE DE POUVOIR QUI N’EST PAS DISCUTÉE, RÉGULIÈREMENT REMISE EN QUESTION, ME PARAÎT DANGEREUSE
Ce féminisme-monde n’est-il pas compromis par les oppositions entre différents courants, qui semblent parfois irréconciliables ?
J’ai été marquée par une manifestation des Femen à Tunis. Les féministes tunisiennes focalisaient sur leurs seins nus, disaient : « C’est une honte ». Je me suis interrogée : « Comment des femmes si libres peuvent se concentrer sur cet aspect ? » Et par ailleurs, il m’a semblé que parfois quand une femme voilée prend la parole en France, on ne voit que son voile et elle devient inaudible. Pour l’instant, je ne cherche pas à réconcilier ces deux féminismes mais je voudrais qu’ils comprennent pourquoi ils n’arrivent pas à dialoguer. Si l’on doit être en désaccord, il faut au moins savoir pourquoi, pour qu’il n’y ait pas de malentendus.
Vous écrivez : « nous, femmes arabes, symbolisons tous les opprimés au nom du patriarcat ». C’est-à-dire, plus que les autres femmes ?
En réalité, j’écris cela simplement d’où je parle. Je pense que Simone de Beauvoir, petite bourgeoise du XIVe arrondissement de Paris, a aussi eu des souffrances. Mais parfois je m’exprime de façon plus lyrique, plus spontanée. Je crois que j’ai voulu me donner du courage. Qui suis-je pour parler au nom de ces femmes-là ? J’ai alors pensé à Césaire, il n’était pas né en Afrique et pourtant il a parlé de négritude, il s’est approprié une expérience du monde qu’il a chanté dans Cahier d’un retour au pays natal et je me suis dit que j’allais me mettre dans cette énergie et me donner le droit de me dire que je représente les femmes arabes.
Pour vous, le patriarcat est une convention. Il serait arrivé « par accident ». Est-ce que le pouvoir aurait pu échoir dans les mains des femmes ?
Oui, d’ailleurs des cultures matriarcales ont sans doute déjà existé dans l’histoire. Selon les archéologues, les premières déesses étaient féminines et il y avait un culte de l’utérus dans les grottes préhistoriques. Mais toute prise de pouvoir qui n’est pas discutée, régulièrement remise en question, me paraît dangereuse. Ce que j’essaye de faire avec Gazelle Théorie, ce n’est pas de renverser le patriarcat pour installer un matriarcat. Je suis pour une neutralisation des rapports de force, je ne veux plus que l’un ait de l’emprise sur l’autre. Tout le monde y gagnerait, y compris les patriarches.
Avec « Une histoire d’amour et de désir », présenté en clôture de la Semaine de la critique à Cannes, la réalisatrice tunisienne s’intéresse à « la première fois », du côté masculin. Rencontre sur la Croisette.
En 2015, son premier long métrage, le trépidant « À peine j’ouvre les yeux », sur le vécu de la jeunesse tunisienne lors des dernières années du règne de Ben Ali, a connu le succès en France comme en Tunisie et dans bien d’autres pays. Aujourd’hui, Leyla Bouzid vient pour la première fois au festival de Cannes pour présenter « Une Histoire d’amour et de désir ». Qui aura l’honneur d’être projeté en clôture de la Semaine de la critique, la plus ancienne des sections « parallèles » de la manifestation avec ses soixante ans d’existence.PUBLICITÉ
Ce second film de la cinéaste tunisienne, une femme qui vient de dépasser le milieu de la trentaine, que l’on pourrait croire frêle mais dont l’énergie et la détermination en imposent, ne risque pas de passer inaperçu. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que son auteure n’a pas eu peur de s’attaquer à un sujet rarement abordé au cinéma en général et dans les cinématographies arabes en particulier. Les spectateurs pourront s’en rendre compte en France début septembre et en Tunisie à l’automne, date prévue de sa sortie en salles.
Le film raconte en effet comment un jeune homme, l’étudiant français d’origine algérienne Ahmed, est attiré par une jeune femme, la Tunisienne Farah, juste arrivée à Paris. Tous deux fréquentent les bancs de la Sorbonne où ils ont choisi, elle volontairement et lui par erreur, un cours de littérature arabe qui se trouve consacré aux écrits érotiques du XIIe siècle. Comme son titre ne le cache pas, le récit convoque largement autant le désir que l’amour éprouvés par les deux tourtereaux et ne tente pas d’esquiver la rencontre des corps. Qui ne se produit pas très rapidement puisque le timide Ahmed, déjà choqué au début par ce qu’on lui enseigne, fait tout pour tenir à distance une envie de passer à l’acte qu’il pense interdite par sa culture malgré les encouragements de celle qu’il convoite, une femme libérée.
La fragilité des hommes, leur difficulté à affronter « la première fois » en matière sexuelle, voilà un sujet peu traité sur les écrans. A fortiori par une femme cinéaste qui réussit à opposer au fameux « male gaze » (regard masculin) sur la sexualité féminine, un classique dans le septième art, une sorte de « female gaze » sur la sexualité et le désir masculins. Mais le film, jamais vulgaire, jamais simpliste, permet de croiser d’autres thèmes. En témoignent les réponses à nos questions de Leyla Bouzid, rencontrée au bord de l’eau sur la Croisette à la veille de la projection « officielle » de son film.
Jeune Afrique : Le premier film sélectionné à la Mostra de Venise, le second, aujourd’hui, dans le plus grand festival de cinéma du monde, à Cannes. Un pas de plus ?
Leyla Bouzid : Il ne faut pas comparer. Cette année, à cause de la pandémie, Cannes est un festival très particulier, celui de la reprise du cinéma. Avec beaucoup plus de films que d’habitude. Et une grande attente de la part des réalisateurs. Pour ma part, le film aurait pu être prêt, même si cela aurait supposé de le terminer dans un délai très, très court, pour Cannes 2020, si le festival avait eu lieu. Et donc pour Venise 2020. Mais j’ai décidé d’attendre. Ce film a été tourné en France et son contenu, la résonance de son sujet, ont à voir avec ce qui se passe dans la société française. Donc j’avais envie que sa première projection se passe dans un festival français. Et Cannes, avec son aura, avec la présence massive des médias français, était évidemment l’idéal. Mais Venise, qui a été un tremplin pour « À peine j’ouvre les yeux », a été une expérience très belle.
C’EST JUSTEMENT LE FAIT DE POUVOIR FAIRE CE QUE JE VOULAIS QUI COMPTAIT
On dit souvent qu’on est surtout attendu au tournant avec le second film. Plus question d’indulgence, surtout si le premier a eu du succès. De quoi vous inquiéter ?
Je me suis surtout beaucoup interrogée au tout début de l’écriture du projet : est-ce que les Tunisiens allaient me reprocher de faire un film qui se passe en France, et en langue française ? Par ailleurs, d’aucuns avaient l’air de penser que proposer un portrait intime d’un jeune homme maghrébin après mon premier film, cela manquait d’ampleur. Ces réactions ne m’ont pas paru justifiées. De toute façon, le succès d’ »À peine j’ouvre les yeux » n’avait pas été immense. Le résultat – 100 000 entrées en France, 50 000 en Tunisie, une sortie dans une vingtaine de territoires, 45 prix gagnés ici et là – n’était pas écrasant. Mais c’était une belle carte de visite, qui a permis que l’on s’intéresse à la suite et qu’on la finance. Alors, même si certains se sont dit : « Quoi ! elle peut faire ce qu’elle veut et elle fait ça ! », c’est justement le fait de pouvoir faire ce que je voulais qui comptait.
Était-il nécessaire pour vous de faire un film très différent du premier, aussi bien s’agissant du sujet – la Sorbonne, la littérature du XIIe siècle, on est loin de la jeunesse survoltée sous Ben Ali – que la façon de le traiter, beaucoup plus sage, y compris d’un point de vue esthétique ?
Il s’agit quand même, dans les deux cas, d’un récit d’émancipation. Mais j’avais en effet conscience de devoir aller, avec ce film très différent, vers une mise en scène plus formelle, plus esthétique, pour raconter l’histoire de ce jeune garçon. Dans « À peine j’ouvre les yeux », le film déployait une énergie très forte, celle de la jeunesse, là, ce qu’il y avait à déployer, c’était la sensualité. Donc plus de caméra à l’épaule, mais un cinéma autre, avec un travail plus important sur la couleur, et surtout sur la musique puisque j’ai fait là appel à une musique originale.
Une musique surprenante, très contemporaine…
L’idée de cette musique instrumentale, parfois dissonante, était très présente, je ne sais pas pourquoi, dans ma tête. J’avais demandé, au départ, à un ami saxophoniste un morceau particulier qu’on devait entendre quand les personnages se croisent dans la rue. Ce morceau, qu’on entend dans le film, m’a saisie, il m’a semblé être comme une voix d’Ahmed, quelque chose qui émanerait de lui. Alors j’ai voulu qu’on le décline pour créer une bande originale et cela a été très fructueux : j’ai l’impression que la musique est une sorte de double d’Ahmed, l’expression de son intériorité. Je ne sais pas si lui écouterait cette musique, mais en tout cas elle parle de lui.
J’AI ENVIE D’INVITER CES JEUNES-LÀ À L’AMOUR ET AU DÉSIR
Autre grande différence avec le premier film, il n’est pas question de politique…
Oui … et non. L’ancrage politique d’ »À peine j’ouvre les yeux » était direct puisqu’on évoquait les années Ben Ali. Et j’avais écrit ce film à la fin de mes études, habitée par l’énergie de la révolution de 2011. Avec l’envie de filmer une Tunisie qui n’avait guère été représentée, celle des dernières années avant cette révolution. Là je filme autre chose, un garçon qui s’éveille à l’amour et au désir. Et je pense en vérité que c’est encore plus politique – filmer est d’ailleurs toujours politique. Filmer le corps de l’homme dit arabe, le désir d’un jeune homme certes français mais qui se revendique d’origine maghrébine, de cette culture, quoi de plus politique? J’ai envie d’inviter ces jeunes-là à l’amour et au désir.
Vous dites : un film sur l’émancipation sensuelle d’un jeune homme. Mais il y a deux personnages principaux. Et le plus fort, celui qui permet cette émancipation, c’est Farah, la femme. En le caricaturant, on pourrait résumer le film ainsi : une heure et demi pour voir une femme décoincer un homme arabe…
Si on considère l’intérêt porté aux personnages, la mise en scène, on est en permanence avec Ahmed, qui est de tous les plans. On n’est jamais dans le point de vue de Farah. Même si celle-ci joue un rôle moteur, c’est Ahmed qui porte la problématique du film. Et si vous voulez résumer le film comme vous le faites, pourquoi pas. Mais en fait, je crois que ce n’est pas seulement Farah en tant que femme qui fait évoluer Ahmed, c’est aussi grâce à des textes, ceux de la littérature, grâce à sa découverte de la langue arabe à laquelle il va avoir accès en demandant à son père de lui traduire un poème. L’éducation sentimentale et charnelle d’Ahmed ne passe donc pas que par Farah, cette tunisienne belle, intimidante et sensuelle.
JE VOULAIS FILMER LA BANLIEUE COMME UN SIMPLE LIEU D’HABITATION, UN LIEU NON CONFLICTUEL, UN REFUGE POUR AHMED
La très libre Farah, est-ce Leyla Bouzid ? On se pose d’autant plus la question que dans votre premier film, il y avait également une Farah…
On m’a plusieurs fois posé la question. Même ma mère m’a demandé si je mettais au monde une fille, si je comptais l’appeler Farah. Mais non, ce n’est pas un prénom particulier pour moi. Si ce n’est que Farah, cela veut dire joie et cela correspond au personnage dans mes deux films. Alors, s’agit-il quand même d’une sorte d’alter ego ? Possible, mais ce n’est pas moi. J’aurais peut-être voulu être comme cela, mais je ne suis pas aussi fonceuse. Et je n’ai pas rencontré d’Ahmed au cours de ma vie.
La part d’autobiographie est-elle donc très réduite, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer ?
En effet. Même si je me suis inspirée de moments de ma vie. J’ai commencé par des études à la Sorbonne, j’ai rencontré beaucoup d’amis d’origine algérienne, et nombreux étaient ceux qui étaient timides. Mais sans que cela implique des relations amoureuses. Cela m’a surtout permis de me documenter, notamment sur les questions liées à l’identité maghrébine. Mais, même au-delà de la culture arabe, je voulais m’intéresser aux premiers émois d’un garçon, à cette « première fois » qui ne va pas de soi pour tant de jeunes hommes, un sujet très peu représenté au cinéma. Ou alors seulement sous forme de comédie, genre « 40 ans et toujours puceau ». Alors même que le thème de la virginité féminine a été rabâché avec tout son lot de clichés. La fragilité masculine, la difficulté des hommes à répondre à leur assignation à la virilité, à être des moteurs dans les relations amoureuses, leur non-certitude par rapport aux émotions, il me semblait important d’en rendre compte.
Même si Ahmed habite chez ses parents algériens hors de Paris, on a l’impression de voir une sorte d’anti-film de banlieue au sens habituel du terme. Une volonté de se démarquer du genre ?
Je voulais filmer la banlieue comme un simple lieu d’habitation, un lieu non conflictuel, qui est un refuge pour Ahmed. Notamment en la filmant avec une caméra qui est posée, avec des travellings, que ce soit à l’extérieur ou dans l’espace de la maison. Car ce lieu ne charrie pas de grandes interrogations pour le personnage, c’est à Paris qu’il n’est pas à l’aise, qu’il cherche sa place, qu’il est fébrile.
Une opposition Paris-Banlieue. Il y a aussi une opposition France-Tunisie : paradoxalement, c’est la Tunisienne à peine arrivée du Maghreb qui est libérée et le Français, le Franco-Algérien, qui ne l’est pas du tout. Une façon d’aller à l’inverse de l’idée reçue à ce sujet ?
Je voulais montrer le fossé qui existe entre ces deux types de personnages. Ceux qui arrivent de Tunisie pour poursuivre leurs études en France sont probablement d’une classe sociale un peu bourgeoise, ou en tout cas de la classe moyenne supérieure. Ils n’ont pas de problèmes d’identité. Et ils se trouvent en face de ceux qu’on appelle les deuxième ou troisième génération d’origine maghrébine, coupés malgré eux de la culture arabe, dont l’identité s’est fabriquée, le plus souvent en opposition, même pas au sein de la famille mais au lycée et dans le climat qui règne en France autour de l’identité arabe. Du coup, la façon dont ces Français d’origine maghrébine revendiquent leur identité ne correspond pas du tout à ce que vit la jeunesse arabe dans les pays arabes.
Un problème d’identité, sur fond d’ignorance mémorielle comme le soulignait le rapport Stora, difficile à surmonter, donc ? Surtout pour un jeune homme d’origine algérienne ?
On m’a demandé pourquoi je n’avais pas choisi un Tunisien pour le rôle du jeune homme. Il fallait en effet qu’Ahmed soit d’origine algérienne et non pas tunisienne. L’Algérie et la France portent en elles une histoire plus douloureuse et plus complexe. De plus, avec les années noires, les personnes immigrées venues d’Algérie ont été souvent complètement coupées de leur pays d’origine, au point de ne plus vouloir jamais y retourner, comme le père d’Ahmed. D’où des problèmes de transmission, une absence de mémoire, de discours sur ce qui s’est passé. Ce qui rejoint effectivement la problématique du rapport Stora. Quand je suis arrivé en France, j’ai découvert qu’on n’étudiait quasiment pas, ou très, très peu, la période la colonisation dans les cours d’histoire. Alors qu’en Tunisie, c’est pendant trois ans au programme. Je ne vois pas comment on pourrait résoudre en France les problèmes liés aux immigrations africaines si on continue à ignorer tout un pan de l’histoire. La guerre d’Algérie, bien sûr, mais aussi tout le reste doit être mis au programme, pendant au moins une année.
JE CRAIGNAIS QUE L’ON M’ACCUSE DE TRAHISON AVEC CE FILM
Votre film, construit autour de la sensualité mais qui évoque et montre aussi des rapports charnels et en particulier le corps des hommes, pourra-t-il être vu en Tunisie et dans le monde arabe sans susciter de polémiques ?
Je n’en sais rien. J’ai simplement essayé d’aller au plus juste, et au plus près de mon sujet. Sans aucune volonté de provoquer. Et au cœur du film, il y a surtout cette culture arabe du moyen-âge qui est une culture de la sensualité. Le distributeur tunisien qui a déjà vu le film avec son équipe et quelques autres m’a paru enthousiaste, sans s’interroger outre-mesure. Et tous m’ont dit que mon film était extrêmement tunisien. Ce qui m’a fait très plaisir puisque je craignais, je vous l’ai dit, qu’on m’accuse de trahison avec ce film.
Un film, surtout avec le personnage de Farah, qui participe d’un combat féministe à l’heure de Me too ?
En fait, il y a quelque chose de marrant à ce sujet. Dès mes premiers courts métrages, pendant les débats, on me disait toujours : « Leyla Bouzid, vous êtes féministe ! » Mais c’était alors sinon une insulte, du moins un mot réducteur et en quelque sorte une accusation. Aujourd’hui, c’est le contraire. On ne peut plus ne pas être féministe, il faut le revendiquer. Dans les deux cas, ce n’est pas ma manière d’aborder les choses. J’essaye, je viens de le dire, d’être simplement au plus juste vis à vis du sujet que je veux aborder au cinéma. D’échapper aux clichés. La revendication féministe, je ne sais pas trop quoi en faire en fin de compte.
Vous faites un film qui prône une certaine libération des mœurs alors même que cela ne semble pas être ce qui a le vent en poupe dans le monde arabe où l’influence des islamistes ne se dément pas…
Peut-être. Mais moi, notamment en accompagnant la sortie d’« À peine j’ouvre les yeux », je me suis rendue compte que je ne parlais pas seulement dans ce film de la jeunesse tunisienne énergique et qui veut s’émanciper. En Égypte, au Liban et ailleurs, j’ai vu des jeunes qui sont eux aussi dans la modernité, très connectés. Seulement, dans les pays arabes, ces jeunes, contrairement à ceux qui prônent l’autre dynamique, n’ont pas la parole.
Faudra-t-il encore attendre six ans pour voir votre prochain film ?
J’ai cette fois un projet assez avancé, une histoire qui se passera en Tunisie, à Sousse. Un sujet plus frontalement politique et différent des deux premiers. Il n’y aura pas de femme dans l’histoire ! (rire) Tout devrait aller cette fois plus vite, le film existera si tout va bien d’ici à deux ou trois ans. Depuis la sortie de mon premier film, il y a eu la pandémie qui m’a fait perdre un an et puis j’ai été maman. Un vrai problème pour une femme réalisatrice. Ce qui heureusement n’a fait que ralentir les choses, sans les arrêter comme cela aurait pu être le cas.
«Abricot», «massage», «mesquin»… Nous utilisons ces termes au quotidien sans nous douter de la richesse de leur histoire. Le Figaro vous propose de la (re)découvrir.
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Nous sommes loin de nous imaginer l’origine des mots que nous employons au quotidien. Des mots en apparence absolument banals, parfaitement ordinaires. «Moustache», par exemple! Le terme vient de l’italien mostacchio, lui-même issu du grec byzantin mustakhion, diminutif de mustac, «lèvre supérieure». Il y a le mot «robe» aussi. Emprunté au germain rouba, «butin» d’où «vêtement dont on a dépouillé quelqu’un», précise Le Trésor de la langue française.
Ainsi, au fil des siècles, c’est tout naturellement que des mots arabes ont, peu à peu, intégré les colonnes de nos dictionnaires. L’éminent lexicologue Jean Pruvost retrace le voyage de ces mots jusque dans le vocabulaire français dans son éclairant ouvrage Nos ancêtres les Arabes, ce que notre langue leur doit (JC Lattès). Florilège.
Les mots savoureux
Le sucre que nous versons sur nos fraises, l’abricotque nous engloutissons, le chocolat que nous dégustons. Nos assiettes sont remplies de mots arabes jusqu’à la tasse de café que nous avalons. Mais aussi, plus étonnant, les sorbets que nous léchons. «C’est une sorte de boisson agréable qui nous vient du Levant», ainsi que le définit Richelet en 1680. Dix ans plus tard, on trouve le mot dans le Dictionnaire universel de Furetière: «Sorbet. s. m. Breuvage qui est fort ordinaire chez les Turcs, auxquels le vin est deffendu. Il est composé de sucre et de chair de citron». «Sorbet», donc, vient de charbat, qui désigne une boisson. À l’origine, nous le trouvons sous la forme de chourba, un terme en arabe populaire qui, par l’intermédiaire du turc, a donné chorbet. Puis, enfin, sorbetto en italien. Le mot fait son entrée en langue française en 1544, au cours de la Renaissance. Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle, en 1782 exactement, que le «sorbet» désigne une «liqueur explicitement destinée à être convertie en glace».
Et qu’en est-il des épinards? Ce mets a fait grimacer plus d’un enfant… Ainsi que le raconte Jean Pruvost, «lorsque cette plante fut introduite par les Arabes en Espagne, il s’agissait de mettre en valeur ses vertus thérapeutiques». Puis, son utilisation devint culinaire. Rappelons néanmoins que le terme vient de l’arabe oriental asfanah, issu du persan, «puis à l’arabe d’Andalousie, isbinâkh, que l’on retrouve en latin médiéval spinachium mais aussi en espagnol, espinaca».
La mousseline, enfin. Seriez-vous étonné d’apprendre que ce mot nous vient de la ville de… Mossoul? «Au bord du Tigre, cette cité faisait entre autres commerce d’une toile très fine de coton ou de laine, qui, en transitant par l’Italie, mossolino, passa en français à la fin du XIIIe siècle, donnant naissance au mosulin, drap d’or et de soie fabriqué à Mossoul». Au milieu du XIIe siècle, et vraisemblablement par attraction avec le mot «mousse», mosulin donna «mousseline» désignant une «toile de coton délicate». Peu à peu, l’autre nom de la pâte à base de gomme adragante, additionnée de jus de citron, fut «mousseline». «C’est par assimilation que vinrent ensuite les brioches, les pommes dites mousselines, brioches ou purées très légères».
Les mots du corps
Qui n’a jamais réclamé à son cher et tendre un massage après une longue journée de travail? Sans doute serez-vous surpris de savoir que le mot nous vient de l’arabe massa, «toucher, palper». Terme qui donna le verbe «masser» attesté en français dès 1779. Il faut attendre le XIXe siècle pour que le «massage» apparaisse, notamment dans les ouvrages de médecine. Au XXe siècle, le «massage» prend une «dimension vitale». Ainsi parle-t-on, dès les années 1970, de «massage cardiaque».
Il existe un terme un peu moins doux et certainement plus familier: «niquer». Relativement récent, «il fait son entrée en 1890 en venant du sabir d’Afrique du Nord i-nik, ‘‘il fait l’amour’’, en partant de l’arabe nak, de même sens», précise Jean Pruvost. C’est par le biais de l’argot militaire que le terme a été introduit en langue française au sens de «posséder charnellement». Lorsque les militaires se faisaient inviter par les prostituées du pays, il n’était pas rare d’entendre la formule «faire nik-nik». À ne pas confondre avec l’expression «faire la nique» qui signifie»se moquer, mépriser».
Les mots des états d’âme
Il vous est sans doute déjà arrivé de qualifier quelqu’un de «maboul». Comprendre: «fou», «cinglé», «inconscient». Le terme est issu de la langue arabe d’Algérie: mabbhul signifie à l’origine «idiot». Le mot transite par l’argot d’Afrique en 1830, raconte Jean Pruvost et prend «un essor certain en langue française, immortalisé dans la poésie française, au point d’en avoir fait oublier leur origine».
Le «miskin» que nous entendons dans la bouche des plus jeunes est un mot arabe duquel vient l’adjectif «mesquin». À l’origine, miskin veut d’abord dire «être pauvre». Le mot voyage ensuite en Italie et devient meschino, avant de s’orthographier, en ancien français, meschin. Il signifie alors «jeune homme, serviteur». C’est lorsque «meschin» disparaît que «mesquin» prend davantage d’ampleur «avec tout d’abord l’idée de petitesse et de médiocrité, puis à partir du milieu du XVIIe siècle, celle d’avarice, témoignant d’une parcimonie déplaisante». En 1635 apparaît «mesquinerie» qui signifie «absence de grandeur, de générosité».
Nombreux sommes-nous à «avoir le cafard», parfois. «Cafard» vient de l’arabe kâfir, «infidèle, incroyant» puis «converti à une autre religion que la religion musulmane». Ergo, la notion d’hypocrite, remarque Jean Pruvost. Si le mot a pris un sens encore plus péjoratif, c’est en raison de «sa finale assimilée au suffixe populaire -ard, et le mot devint au XIXe siècle synonyme familier de ‘‘mouchard’’, notamment dans le vocabulaire des écoliers.
Rabat – Une émission en arabe de France 24 a été annulée par les autorités au Maroc, faute d’autorisation de tournage dans le pays, où la chaîne d’information reste normalement accréditée, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
L’émission « Hadith al Awassim », prévue vendredi dernier et qui devait être consacrée au mouvement de contestation populaire dans le nord du pays, « n’a pas formulé à l’avance de demande d’autorisation de tournage, en violation de la procédure habituelle », a déclaré à l’AFP un responsable au ministère de la Communication, Abdelilah Tahani.
« C’est la seconde fois en deux ans que les autorités interdisent cette émission qui s’apprêtait à tourner quasi clandestinement », a accusé M. Tahani.
« Aucune autre décision n’a été prise à l’encontre de France 24, qui reste une chaîne normalement accréditée au Maroc, avec un correspondant sur place », a-t-il assuré.
Interrogé par l’AFP, le correspondant francophone de France 24 a confirmé continuer à travailler normalement.
Dans un communiqué publié dans l’après-midi, France 24 s’est « étonnée de nouvelles procédures d’autorisations de tournage qui l’ont conduite à annuler l’enregistrement de son magazine mensuel au Maroc +Le Débat des Capitales+, émission hebdomadaire itinérante de France 24 en arabe ».
« France 24 a été contrainte d’annuler son tournage faute d’accréditation », ceci « malgré la livraison dans l’urgence aux autorités marocaines de tous les documents requis (…) », selon la chaîne, qui déplore « certaines rumeurs propagées autour de ce tournage annulé ».
« La loi a changé et nous n’en avons pas été informé », a également déclaré à l’AFP Marc Saikali, directeur de France 24, précisant qu’il allait demander les nouvelles accréditations. « Je ne désespère pas de trouver un moyen de nous entendre avec le Maroc, avec qui on a de nombreux partenariats », a-t-il poursuivi.
« France 24 est un média toujours accrédité auprès des autorités marocaines, et il le restera », a commenté de son côté M. Tahani.
Dans un communiqué publié en début de soirée, le ministère de la Culture et de la Communication marocain a de nouveau démenti les informations relayées au sujet d’une décision du ministère d’interdire France 24 d’exercer de façon définitive au Maroc, affirmant que ces informations « ne sont ni justes, ni précises ».
« Le correspondant de France 24 accrédité au Maroc continue d’accomplir son travail de façon normale et en toute liberté sur l’ensemble du territoire national », selon ce communiqué.
« Il se pose en revanche un problème pour France 24 en langue arabe, qui fait appel à une société prestataire de services et dont le correspondant n’est donc pas lié directement à la chaîne », a expliqué M. Tahani, critiquant par ailleurs sa couverture en arabe des manifestations dans la région d’Al-Hoceïma (nord).
« Nous avons des réserves sur cette couverture, que nous jugeons déséquilibrée et non professionnelle », a accusé ce responsable, affirmant qu’elle « porte atteinte à l’image du royaume ».
New York City – Deux passagers ont été empêchés d’embarquer mercredi à bord d’un vol Chicago-Philadelphie parce qu’ils discutaient en arabe, un incident qui témoigne de la nervosité ambiante liée aux attentats de Paris, à l’origine de faits similaires sur d’autres vols aux Etats-Unis.
Maher Khalil et Anas Ayyad, citoyens américains d’origine palestinienne, allaient monter à bord d’un vol Southwest Airlines lorsqu’un agent de la compagnie américaine leur a indiqué, en s’excusant, qu’ils ne pourraient pas embarquer parce qu’un autre passager, les ayant entendu parler arabe, avait peur de voyager avec eux.
Les deux amis ont été interrogés par le service de sécurité de l’aéroport de Chicago Midway (centre-nord) ainsi que par la police, avant d’être finalement autorisés à embarquer.
Une fois à bord, plusieurs passagers inquiets ont demandé à Maher Khalil d’ouvrir la petite boîte blanche qu’il avait en main, a-t-il raconté à la chaîne locale NBC 5 Chicago.
Du coup, j’ai partagé mon baklava (gâteau oriental) avec eux, a-t-il expliqué, avec une pointe d’ironie.
Sollicité par l’AFP, Southwest Airlines a fait état de conversations (du personnel) avec des clients qui nous ont approché durant la procédure d’embarquement, sans plus de précisions. Tous les passagers ont voyagé jusqu’à Philadelphie, où ils sont arrivés avec dix minutes de retard, a ajouté la compagnie.
Plusieurs autres incidents se sont produits ces derniers jours sur des vols intérieurs aux Etats-Unis, impliquant systématiquement des passagers originaires du Proche-Orient.
A Chicago toujours, mercredi six passagers ont été débarqués d’un autre vol Southwest pour Houston et ont dû prendre le vol suivant, selon plusieurs médias.
Selon Southwest, ces passagers auraient cherché à s’asseoir les uns à côté des autres en demandant à plusieurs personnes de se déplacer. Notre équipage n’a pas été en mesure de régler la situation sans retarder le vol, donc nous avons réservé des places à ces passagers dans un autre vol, plus tard, le même jour, a expliqué la compagnie.
En Floride (sud-est), jeudi, un appareil de la compagnie Spirit Airlines qui était en route pour Minneapolis (centre-nord) a fait demi-tour et atterri à Fort Lauderdale après qu’un passager a assuré avoir entendu le mot bombe prononcé lors d’une conversation entre deux autres passagers.
Une fois l’avion au sol, Yaniv Abotbul, Israélien d’origine, a été menotté puis interrogé durant cinq heures par la police, a affirmé le lendemain son avocat, Mark Eiglarsh, lors d’une conférence de presse.
Il a finalement été relâché, les autorités ayant établi qu’aucune menace ne pesait sur ce vol, a ajouté le conseil, qui a réclamé des excuses de Spirit et des forces de l’ordre.
Contacté par l’AFP, Spirit Airlines n’a pas donné suite.
La compagnie a été impliquée dans un autre incident, à Baltimore, mardi.
Tous les passagers d’un vol à destination de Chicago ont été invités à descendre juste après avoir embarqué, car plusieurs personnes avaient jugé suspect le comportement de trois hommes et une femme, qui regardaient notamment des vidéos sur un téléphone portable.
Interrogés, ils ont finalement été relâchés, la sécurité ayant notamment déterminé que ces passagers regardaient simplement le journal télévisé.
Gan Shmuel (Israël) – Un Arabe israélien a foncé dimanche en voiture sur un groupe de juifs avant de les attaquer au couteau et d’en blesser quatre, dans le nord d’Israël, a indiqué la police israélienne.
Selon les services de secours, une femme de 19 ans est dans un état grave, une adolescente de 14 ans est modérément blessée alors que deux hommes de 20 et 45 ans sont eux légèrement touchés.
La police a indiqué que l’auteur présumé, présenté comme un Arabe israélien de 20 ans originaire d’une ville du nord du pays, a été arrêté et qu’il n’était pas blessé.
Un photographe de l’AFP arrivé sur les lieux a vu les forces de sécurité inspecter une Fiat jaune au parebrises détruit pour s’assurer qu’elle ne contenait pas d’explosifs.
L’attaque de dimanche est la quinzième à l’arme blanche contre des juifs ou des Israéliens depuis le 3 octobre en Israël, en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est occupée et annexée.
Israël et les Territoires palestiniens sont secoués depuis le 1er octobre par une vague de violences qui a coûté la vie à 24 Palestiniens, dont sept auteurs présumés d’attaques au couteau, et quatre Israéliens.
Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres en 1948 à la création d’Israël. Ils ont la citoyenneté israélienne et représentent 17,5% de la population israélienne.
DAMAS – L’armée syrienne s’apprête à lancer l’assaut de la ville et de la province d’Alep (nord) pour reconquérir les zones contrôlées par les rebelles, a affirmé dimanche à l’AFP un responsable des services de sécurité syriens.
Cette annonce intervient après la reconquête cette semaine de l’ensemble de la région de Qousseir, ex-fief rebelle dans le centre-ouest du pays par l’armée avec l’aide déterminante du Hezbollah chiite libanais.
Il est probable que la bataille d’Alep commence soit dans les heures, soit dans les jours qui viennent, et ce en vue de récupérer les villages et les villes occupés (par les rebelles) dans la province, a indiqué la même source.
Le responsable, qui n’a pas fourni plus de précisions, a ajouté l’armée arabe syrienne est prête à exécuter sa mission dans cette province.
Des analystes avaient affirmé à l’AFP que le régime, fort de son succès à Qousseir, se préparait à l’assaut d’autres régions qui échappent à son contrôle.
Le quotidien syrien Al-Watan, proche du pouvoir, a indiqué dimanche que l’armée a commencé à se déployer à grande échelle dans la province d’Alep, en préparation à une bataille qui sera livrée à l’intérieur de la ville et dans sa périphérie.
Les rebelles avaient lancé la bataille d’Alep il y a près d’un an et depuis, des combats et des bombardements quotidiens secouent cette deuxième ville du pays et ex-capitale économique de Syrie.
Al-Watan a également ajouté que l’armée syrienne va exploiter l’expérience de Qousseir, dans la région de la Ghouta (près de Damas) et avancer dans la province de Hama (centre) contiguë à celle de Homs.
Les conséquences de la bataille de Qousseir vont (…) dessiner les contours de l’avenir politique de la Syrie, résume le journal.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) avait rapporté il y deux jours que l’armée syrienne massait des milliers de soldats dans la région d’Alep dans le but de reprendre les positions rebelles et de couper leurs approvisionnements en armes à partir de la Turquie toute proche qui les soutient.
L’ONG avait également indiqué que le Hezbollah avait envoyé des dizaines de ses cadres pour former des centaines de Syriens chiites au combat, mais pas de combattants.
Les alaouites, communauté du président Assad, sont une branche du chiisme alors que les rebelles sont dans leur grande majorité sunnites.
L’armée pourra-t-elle remporter des victoires à Alep comme à Qousseir?, s’interroge Rami Abdel Rahmane, président de l’OSDH.
Qousseir a été totalement assiégée par le Hezbollah, en raison de la proximité de la frontière libanaise, a-t-il dit.
Mais le Hezbollah n’est pas une armée et ne peut se déplacer en masse dans tout le territoire syrien, a précisé M. Abdel Rahmane.
Dans la ville de Homs, où subsistent des poches rebelles assiégées depuis un an, des militants ont exprimé la crainte qu’ils ne soient visés après Qousseir.
Nous avons essuyé cinq assauts en un an, mais Qousseir était le principal objectif. Maintenant on craint qu’ils ne tournent leur attention vers Homs, a affirmé à l’AFP via internet un militant qui se fait appeler Abou Yazan
Le siège se resserre de plus en plus, il n’y pas de porte de sortie et les provisions de nourriture que nous avons stockées s’amenuisent, affirme de son côté Abou Bilal, un autre militant.