Le républicain Donald Trump lors d’un rassemblement partisan en Arizona, en prévision des élections de mi-mandat, le 9 octobre 2022 Photo : Reuters/Brian Snyder
Le comité du Congrès enquêtant sur le rôle de Donald Trump dans l’assaut du Capitole, survenu le 6 janvier 2021, a voté jeudi à l’unanimité pour citer l’ancien président à comparaître devant ses membres, parce qu’« il est tenu de répondre de ses actes », selon son chef.
Le milliardaire républicain se pliera-t-il à la convocation? Il ne l’a pas dit dans sa première réaction à la nouvelle, mais il a vivement dénoncé les élus.
Pourquoi le comité ne m’a-t-il pas demandé de témoigner il y a des mois? Pourquoi ont-ils attendu jusqu’à la toute fin, jusqu’aux derniers moments de leur dernière réunion? Parce que la commission est un FIASCO total qui n’a servi qu’à diviser davantage notre pays
, a-t-il écrit sur son réseau social Truth Social.
Plus tôt, le comité avait voté à l’unanimité pour l’assigner à comparaître.
Donald Trump est la personne au centre de l’histoire, de ce qui s’est passé le 6 janvier. Nous voulons donc l’entendre
, a déclaré son président Bennie Thompson lors d’une audience publique. Il doit rendre des comptes. Il est tenu de répondre de ses actes
, a-t-il ajouté.
Mais il s’agit aussi pour le comité de faire tout ce qu’il peut pour raconter l’histoire la plus complète possible et fournir des recommandations afin d’aider à garantir que rien de semblable au 6 janvier ne se reproduise à l’avenir
, a-t-il poursuivi.
La mission du comité, composé de sept démocrates et de deux républicains, est de faire la lumière sur le comportement du président avant, pendant et après l’attaque du Capitole, qui avait choqué dans le monde entier.
Ce jour-là, le 6 janvier 2021, des partisans de Donald Trump avaient pris d’assaut le siège du Congrès pour essayer d’empêcher les élus de certifier la victoire de son rival démocrate, Joe Biden. Le milliardaire continue de soutenir contre toute évidence que le scrutin lui a été volé
.

Des partisans de Donald Trump tentent de franchir une barrière policière, le mercredi 6 janvier 2021, au Capitole à Washington. Photo : AP/Julio Coertez
Une victoire prévue « bien à l’avance », malgré le vote
Jeudi, avant son annonce choc, le comité avait déroulé le fil des événements tel que dessiné par ses investigations, montrant que l’ex-président avait prévu bien à l’avance
de se déclarer victorieux à l’élection de 2020, avant même que les résultats ne soient connus.
Son intention était claire, ignorer l’État de droit et rester au pouvoir
, a souligné le républicain Adam Kinzinger.
L’élue démocrate Zoe Lofgren a évoqué un plan prémédité du président pour déclarer sa victoire, quel qu’ait été le vrai résultat
. Son discours de victoire a été planifié bien à l’avance, avant que les votes n’aient été comptés
, a-t-elle ajouté.
À l’appui de leurs dires, les élus ont projeté plusieurs vidéos de l’ex-président, de certains de ses proches ou d’anciens employés de la Maison-Blanche.
Sur des images tournées juste avant la présidentielle de 2020 par une équipe danoise pour un documentaire, on peut entendre Roger Stone, allié de longue date de l’ex-président républicain, dire qu’il n’en a que faire du vote.
Que le vote aille se faire foutre, allons directement à la violence
, lance-t-il.

Roger Stone est un allié de longue date du président américain Donald Trump. Photo : Reuters/Leah Millis
M. Stone, qui n’a pas été inculpé en lien avec le 6 janvier, a contesté l’authenticité des vidéos, affirmant qu’elles avaient été manipulées.
Le comité a également refait jouer un enregistrement d’un appel de Donald Trump à Brad Raffensperger, le secrétaire d’État de Georgie, dans lequel l’ex-président dit avoir besoin
de quelque 11 000 bulletins de vote à son nom – un nombre suffisant pour battre son rival Joe Biden dans cet État du Sud.
Le comité a aussi dévoilé des éléments provenant de centaines de milliers de pages fournies par le Secret Service, la police d’élite chargée de la protection rapprochée des hautes personnalités de l’État. Les élus veulent comprendre pourquoi certains SMS d’agents, envoyés le jour de l’assaut, ont été effacés.
Les documents confirment des éléments présentés lors de précédentes auditions, selon lesquels M. Trump a enflammé la foule de ses partisans bien qu’il ait été informé du potentiel de violence, a indiqué l’élu Adam Schiff.
Rapport attendu
Depuis sa création, le comité a interrogé plus d’un millier de témoins, dont deux enfants de Donald Trump, et épluché des dizaines de milliers de documents.
Le rapport d’enquête doit être rendu public d’ici la fin de l’année, mais probablement pas avant les élections parlementaires du 8 novembre qui détermineront le parti appelé à contrôler le Congrès pour le reste du mandat du président Biden.
Des membres du panel ont ouvertement suggéré que le secrétaire à la Justice, Merrick Garland, devrait inculper Donald Trump en lien avec l’attaque du Capitole. Le comité lui-même n’a pas dit officiellement s’il allait recommander des renvois devant la justice.
Radio-Canada par Agence France-Presse