Le Sénat et l’Assemblée nationale ont approuvé, au cours de leur session ordinaire respective qui s’est achevée le 11 avril, à Brazzaville, les lois visant le relèvement de l’âge de la retraite pour les policiers, gendarmes et militaires.
Parmi les textes adoptés, il y a la loi modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°7-2011 du 2 mars 2011portant statut spécial des personnels de la police nationale, notamment son article 97. En effet, le nouvel article 97 allonge de cinq ans les limites d’âge et de temps de service pour l’admission à la retraite de toutes les catégories des personnels de la police nationale.
Selon le nouveau texte, l’âge de départ pour la retraite des personnels de police sera désormais de 55 ans pour les sous-officiers subalternes; 58 ans pour les sous-officiers supérieurs ; 60 ans pour les officiers subalternes ; 65 ans pour les officiers supérieurs et 70 ans pour les officiers généraux.
Les deux chambres du Parlement ont également adopté la loi modifiant et complétant certaines dispositions de l’article 98 de la loi n° 10-2021 du 27 janvier 2021 portant statut général des militaires et des gendarmes. L’article 98 nouveau allonge aussi de cinq ans les limites d’âge et de temps de service pour l’admission à la retraite de toutes les catégories des personnels de l’armée et de la gendarmerie.
L’âge de départ pour la retraite des militaires et gendarmes sera désormais de 50 ans pour les militaires du rang ; 55 ans pour les sous-officiers subalternes ; 58 ans pour les sous-officiers supérieurs ; 60 ans pour les officiers subalternes ; 65 ans pour les officiers supérieurs ; 70 ans pour les officiers généraux.
Il est 14 h 48. Les journalistes s’agglutinent devant la tribune presse au premier étage de l’Assemblée nationale. En entrant, les places sont rapidement prises. Certains sont debout, calepin et stylo à la main. Alors que les presque 577 députés prennent place dans l’hémicycle, l’ambiance devient de plus en plus pesante.
À 14 h 51, les téléphones bipent. Élisabeth Borne a tranché. L’arme pour faire passer la réforme des retraites sera le 49.3 ; il n’y aura pas de vote. De grandes affiches blanches sont apposées sur les pupitres des députés de la Nupes. Le ton monte.
À 15 heures, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet entre dans l’enceinte, monte au perchoir et s’installe devant la représentation nationale. « Madame la Présidente ! » annonce le personnel de l’Assemblée, en référence à son arrivée. Les élus se lèvent et les huées agitent l’hémicycle.
Poing levé
Surplombant les députés, Yaël Braun-Pivet prend immédiatement la parole. « La séance est suspendue », clame-t-elle… Pour cause, aucun membre du gouvernement n’est présent. Les huées reprennent. À 15 h 06, la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne fait son entrée, sous le vacarme des députés de l’opposition. La présidente de la chambre basse s’exclame : « La parole est à la Première ministre. »
À 15 h 09, Élisabeth Borne se lève de son siège et monte les marches qui la séparent de la tribune. Les regards se braquent sur la gauche de l’hémicycle. Les députés de la Nupes, debout, déclenchent en chœur La Marseillaise, poing levé et munis de leur affiche « Démocratie » et « 64 ans, c’est non ». Leurs voix résonnent dans toute l’enceinte.
La Première ministre, seule devant les micros, attend patiemment. En vain. Les élus du Rassemblement national, qui s’étaient tus jusque-là, se joignent à leurs collègues lors du deuxième chant. Depuis le haut de l’hémicycle, la scène est surréaliste. À 15 h 11, dans un brouhaha incessant, Yaël Braun-Pivet annonce une nouvelle suspension de séance pour deux minutes.
À 15 h 13, la séance reprend. Les chants tout autant, sans les membres du RN, qui accompagnent l’opposé de l’hémicycle en tapant sur leurs pupitres. « Parce que je suis attachée à un modèle social… », entend-on en fond, depuis la tribune presse, sans connaître les tenants et les aboutissants de la phrase.
Élisabeth Borne entame un discours qui devient rapidement inaudible. Pas plus d’une quarantaine d’élus de la majorité applaudissent en continu la cheffe du gouvernement. Les soutiens sont faibles, qu’ils viennent des élus du MoDem, d’Horizons, voire de Renaissance. Les Républicains ne font pas plus de bruit.
À l’inverse, les députés du Rassemblement national appellent la Première ministre à la démission. Par des gestes de la main, Yaël Braun-Pivet tente de les calmer. Sans succès. Seule dans son couloir, Élisabeth Borne poursuit et termine son discours. Malgré un spectacle sans précédent, les minutes se suivent et se ressemblent.
À 15 h 19, les députés de la Nupes se lèvent et quittent l’hémicycle, en hurlant « Démocratie ! ». Moins d’une minute plus tard, la cheffe du gouvernement, stoïque, finit son allocution, rabat ses feuilles et descend de son pupitre. Depuis l’hémicycle, ni la presse, ni le public, ni même les élus n’ont distingué plus de deux phrases de son allocution. L’ambiance retombe. Les députés quittent tour à tour l’enceinte.
Les députés ont repris en la modifiant une proposition de la sénatrice centriste Valérie Létard, votée également à l’unanimité par la chambre haute en octobre en première lecture. Députés et sénateurs devraient s’accorder sans difficulté sur un texte final en vue d’une adoption définitive dans les semaines qui viennent, puis d’une promulgation dans un délai maximal de neuf mois.
L’amendement de Sandrine Rousseau adopté contre l’avis du gouvernement
Avec cette aide, « le premier départ » du foyer ne doit plus être « un faux départ », a souligné la ministre Isabelle Rome, chargée de l’égalité femmes-hommes. Car actuellement, des victimes sous « emprise ou dépendantes financièrement n’ont parfois pas d’autres choix que de revenir à la case départ, dans ce huis clos avec leurs agresseurs », a-t-elle déploré.
Les députés ont soutenu un amendement du gouvernement pour pouvoir verser cette aide sous forme de don et pas seulement d’un prêt sans intérêt comme l’avait voté le Sénat. Ce soutien financier sera conditionné à une ordonnance de protection, un dépôt de plainte ou un signalement adressé au procureur de la République. Au moins une partie devra être versée dans un délai de trois jours. Lorsque l’aide sera attribuée sous forme de prêt, son remboursement sera à la charge de la personne reconnue coupable de violence le cas échéant, avec une peine complémentaire « d’obligation de remboursement ».
Contre l’avis du gouvernement, l’Assemblée a adopté un amendement de l’écologiste Sandrine Rousseau pour créer une loi pluriannuelle des financements destinés à la lutte contre les violences faites aux femmes. Son sort est toutefois incertain durant la suite de la navette parlementaire.
122 femmes tuées par leur conjoint en 2021
Inspirée d’une expérimentation dans le département du Nord, la proposition de loi a reçu un soutien unanime. Les députés du Rassemblement national avaient au départ tenté de la reprendre dans leur niche parlementaire, une journée dédiée à leurs textes le 12 janvier.
Mais la conférence des présidents de l’Assemblée, qui réunit présidente de l’Assemblée, chefs de file des groupes politiques et des commissions notamment, a décidé d’inscrire ce sujet transpartisan lors d’une « semaine de l’Assemblée », débutée ce lundi. Le RN ne s’y est pas opposé. Un député RN, Emmanuel Taché de la Pagerie en était co-rapporteur, avec l’élue du groupe indépendant Liot Béatrice Descamps.
Massata Samb et Mamadou Niang étaient recherchés depuis le 3 décembre pour s’en être pris physiquement à une élue de la majorité. Ils ont été interrogés par la police judiciaire.
Les deux députés membres du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR, opposition), qui avaient agressé physiquement une élue de la majorité à l’Assemblée nationale le 1er décembre, ont été placés le 13 décembre au matin en garde à vue pour « coups et blessures volontaires et menaces de mort », et interrogés par la Division des investigations criminelles (DIC), a indiqué un responsable de la police sénégalaise.
Recherchés depuis le 3 décembre, Massata Samb a giflé la parlementaire Amy Ndiaye, tandis que Mamadou Niang lui a donné un coup de pied dans le ventre le 1er décembre lors du vote du budget du ministère de la Justice. Amy Ndiaye, maire de la commune de Gniby (centre), était enceinte et avait dû être admise dans un établissement hospitalier, selon des députés du parti au pouvoir.
« Propos irrespectueux »
L’opposition a accusé Amy Ndiaye d’avoir tenu des « propos irrespectueux » contre le chef de leur parti, Serigne Moustapha Sy, très influent au Sénégal, lors d’une intervention à l’Assemblée où elle affirmait que ce dernier ne tenait pas sa parole et manquait de respect au président Macky Sall, selon des propos diffusés par les médias. Le camp présidentiel a perdu la majorité absolue qu’il détenait à l’issue des élections législatives de juillet, qui ont donné un quasi-équilibre des forces à l’Assemblée.
La police a été saisie par le Parquet à la suite d’un courrier du président de l’Assemblée nationale exigeant des poursuites contre les deux députés, avait indiqué l’avocat d’Amy Ndiaye.
La scène – largement condamnée au Sénégal – est survenue pendant la campagne annuelle internationale « Seize jours d’activisme contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles », soutenue par l’ONU.
Le verdict rendu public dans le cadre du second tour des élections législatives des 26 et 31 juillet dernier par la Cour constitutionnelle a rétabli Léonce Alban Oscar Kakydans ses droits. Le candidat indépendant a été élu député avec 67,48% contre 32, 52% pour la candidate du Parti congolais du travail (PCT), Gaétane Princesse Line Mouangassa.
1- Le député élu Alban Kaky / Adiac
Alors qu’elle siégeait à l’hémicycle depuis plus d’un mois, Gaétane Princesse Line Mouangassa va devoir laisser la place à Léonce Alban Oscar Kaky, le député régulièrement élu, selon le verdict de la Cour constitutionnelle. Donnée vainqueur par le ministère de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et du Développement local lors des résultats proclamés le 2 août dernier, la candidate du PCT n’était pas la vraie élue. Le juge du contentieux électoral, qui a recompté les voix obtenues par chaque candidat dans 31 des 37 bureaux de vote, a attribué la victoire au candidat indépendant qui a eu 2670 voix contre 1287 pour son challenger, sur les 3957 votants.
Une décision qui rétablit Léonce Kaky dans ses droits. « Je suis en larmes, je crois que c’est une histoire que nous avons écrite, parce que nous avons travaillé pendant plus de cinq ans dans le quartier. Il était difficile pour nous, il y a quelque temps, de pouvoir imaginer l’erreur matérielle du ministère en charge des élections. La Cour constitutionnelle, qui est la plus haute institution judiciaire de notre pays, a analysé et pris une décision qui nous rétablit dans nos droits », a-t-il déclaré.
Il s’est, par ailleurs, félicité de cette décision de la Cour constitutionnelle qui est un message qui traversera, d’après lui, les frontières. « Cela montre un exemple qu’il est possible de croire et d’espérer que la Cour, lorsqu’il y a vraiment des éléments de preuves, peut prendre la décision », a poursuivi le député élu de Makélékélé 3.
Pour l’avocat de Léonce Kaky, Me Edme Gildas Kombila, cette décision est l’expression de la démocratie. « La démocratie s’est exprimée ce matin parce qu’on a toujours pensé que la loi ne pouvait pas être dite dans notre pays. Mais, aujourd’hui, vous avez la preuve. C’est le résultat d’un effort, d’une croyance, parce que mon client avait cru à cette élection et je pense que c’est la manifestation de la démocratie », s’est-elle réjouie.
Trois recours en réformation ont été jugés non fondés et rejetés par la Cour présidée par Auguste Iloki. Il s’agit des recours du candidat indépendant Alain Jérôme Tati Loutard contre Christian Ernest Makosso du PCT, dans la circonscription électorale unique de Tchiamba-Nzassi, dans le département de Pointe-Noire ; de Dominique Poumba, candidat indépendant contre Juste Jerslin Lalissini Bikindou du PCT à Moutamba, dans le département du Niari ; de Jean Bonard Moussodia de l’Union des démocrates humanistes contre Aimé Hydevert Mouagni à Moungali 1. Auguste Iloki et les autres membres de la Cour ont estimé que ces dossiers manquent de preuves pertinentes.
2- Gaétane Princesse Line Mouangassa en écharpe à l’Assemblée nationale/Adiac
Le recours en annulation du candidat indépendant Barthelemy Omer Kimfoko-Kaya contre Jean Sibali du PCT, dans la circonscription électorale unique de Kingoué, dans le département de la Bouenza, a, quant à lui, été jugé irrecevable.
Lors de la session inaugurale de la nouvelle législature française, le député du Rassemblement national José Gonzalez a tenu sur l’Algérie des propos qui font polémique.
Pour l’opposition de gauche, « la dédiabolisation du Rassemblement national (RN) a pris fin dès la première séance ».
Ce 28 juin se tenait la séance inaugurale de la nouvelle Assemblée nationale française issue des urnes. Comme le veut le règlement, c’est le doyen de l’hémicycle qui a présidé la première séance avant que les députés ne procèdent à l’élection du président de l’Assemblée. Cette tâche a échu à José Gonzalez, un député RN de 79 ans.
Son discours inaugural, qui n’a pourtant duré que cinq minutes, n’est pas passé inaperçu. Plusieurs propos tenus par ce pied-noir né à Oran en 1943 ont créé la polémique.
Arrivé à Marseille en 1962 à l’âge de 19 ans, José Gonzalez a notamment expliqué avoir été « arraché à sa terre natale » : « J’y ai laissé une partie de ma France et beaucoup d’amis. […] Mon âme est à jamais meurtrie. »
La politique mémorielle de Macron ? Une « erreur monumentale »
À sa sortie de l’hémicycle, face aux micros et aux caméras, cet ancien retraité et contrôleur d’exploration à l’aéroport de Marseille en a remis une couche. Interrogé plus en détail sur son rapport à l’Algérie, il a affirmé qu’il n’était « pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes ou non », invoquant au passage « des crimes d’un côté comme de l’autre ».
« Venez avec moi en Algérie dans le Djebel, je vais vous trouver beaucoup d’Algériens qui vont vous demander “quand est-ce que les Français reviennent ?” », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : « J’ai applaudi de Gaulle en 1958 quand il a clamé “vive l’Algérie Française !” » J’ai compris après qu’il ne fallait plus applaudir. »
Le député nouvellement élu a ensuite directement mis en cause la politique mémorielle d’Emmanuel Macron à l’égard de l’Algérie, qu’il a qualifiée d’« erreur monumentale ».
« En expliquant à nos jeunes issus d’Afrique du Nord qu’on a commis des crimes contre l’humanité contre leurs parents, comment voulez-vous qu’ils se comportent avec nous et nous respectent ? », a-t-il déploré.
Au sein de l’opposition, les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir. La présidente du groupe La France Insoumise (LFI), Mathilde Panot, a qualifié cette déclaration d’« apologie de l’Algérie française et des crimes de la colonisation ». Le chef du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a affirmé avoir été « assez gêné » par la tonalité de cette intervention.
Jean-Marie Le Pen a apprécié
En réponse, José Gonzalez a déclaré avoir fait preuve de prudence et s’être contenté d’« évoquer son cas personnel ».
Pour Louis Alliot, maire RN de Perpignan et cadre du parti, « le discours de Monsieur Gonzalez faisait référence à sa vie en Algérie, qui était sa terre natale, et où il a enterré ses grands-parents ».
Selon Lorrain de Saint Affrique, ancien attaché de presse du président français Valéry Giscard d’Estaing et ex-conseiller de Jean-Marie Le Pen, ce dernier a particulièrement apprécié le discours du doyen de l’Assemblée, et compte bien appeler José Gonzalez pour le féliciter et éventuellement le rencontrer. Lorrain de Saint Affrique, récemment rallié au parti Reconquête ! d’Éric Zemmour, a salué un discours « d’un équilibre et d’une finesse remarquables ».
Militant de longue date du Front national, auquel il a adhéré en 1978 sous la présidence de Jean-Marie Le Pen, José Gonzalez a été élu député de la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône en récoltant 60 % des voix au second tour face à une candidate de gauche.
Auparavant, il a exercé plusieurs mandats locaux dans la commune d’Allauch (Bouches-du-Rhône), et a été un temps gestionnaire d’auto-école.
À l’issue du scrutin des 12 et 19 juin qui a largement rebattu la composition de la représentation nationale, de nouvelles figures originaires du continent font leur entrée au Palais Bourbon, incarnant un peu plus la diversité de la société française.
En 2017, Emmanuel Macron promettait « des visages, ceux de la France réelle, […] la France de tous les visages, de toutes les couleurs », lançant dans la course aux législatives un panel de candidats aux parcours professionnels, aux origines socio-économiques et géographiques variés.
Cinq ans plus tard, alors que la nouvelle composition de l’hémicycle consacre une poussée historique du Rassemblement national de Marine Le Pen et voit Emmanuel Macron perdre la majorité absolue, de nouveaux visages font leur apparition. Des profils qui viennent renforcer l’envie de diversité de certains électeurs. En témoigne l’élection de Rachel Keke, femme de chambre franco-ivoirienne qui s’est imposée dans la 7e circonscription du Val-de-Marne. Ou celle du diplomate franco-tunisien Karim Ben Cheïkh dans la 9e circonscription des Français de l’étranger.
Jeune Afrique a ainsi recensé, de manière non exhaustive, 17 députés « d’origine africaine », qu’ils soient binationaux, nés en Afrique ou nés en France de parents Africains. Dix d’entre eux sont issus des rangs d’Ensemble !, la coalition de La République en marche (246 députés au total) et sept de la coalition de gauche, la Nupes (142 députés au total). Jeune Afrique dresse la liste des personnalités les plus marquantes de la nouvelle assemblée.
Ceux qui arrivent
Rachel Keke (Nupes)
Cette Franco-Ivoirienne de 49 ans, native d’Abobo, un quartier populaire d’Abidjan en Côte D’Ivoire, s’est faite connaître pour son combat contre le groupe hôtelier Accor. Entre 2019 et 2021, elle incarne le visage et la voix des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles qui mènent une grève historique de deux ans afin d’exiger de meilleures conditions de travail.
Élue dans le Val-de-Marne sous l’étendard de la Nupes, cette insoumise a battu l’ancienne ministre déléguée chargée des Sports Roxana Maracineanu (LREM). Se définissant volontiers comme une guerrière, Rachel Keke entend représenter « les invisibles » et les « essentiels ».
Karim Ben Cheïkh (Nupes)
Karim Ben Cheikh
Également candidat de la Nupes, ce Franco-Tunisien de 45 ans s’est distingué en défaisant l’ancienne ministre de l’Égalité hommes-femmes, Élisabeth Moreno, originaire du Cap Vert.
Ce diplomate de carrière est le seul candidat de la gauche à avoir remporté l’adhésion des Français expatriés – neuf circonscriptions des Français de l’étranger sur onze sont tombées dans l’escarcelle de la majorité présidentielle. « Vous avez exprimé un choix clair pour la justice sociale et la défense de nos services publics », a réagi le député de la 9e circonscription des Français de l’étranger, qui comprend le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest.
Nadège Abomangoli (Nupes)
Nadège Abomangoli
Ce 19 juin, cette native du Congo Brazzaville de 46 ans, candidate de la Nupes, a fait tomber le député sortant Les Républicains (LR) Alain Ramadier à Aulnay-sous-Bois et Bondy (10e circonscription de Seine-Saint-Denis – 93).
Cette ancienne militante de SOS Racisme a été collaboratrice parlementaire entre 2013 et 2015. Nadège Abomangoli a également siégé au Conseil régional d’Île-de-France entre 2010 et 2015, alors qu’elle était encartée au Parti socialiste avant de rejoindre La France insoumise (LFI).
Carlos Martens Bilongo (Nupes)
Carlos Martens Bilongo
Autre insoumis faisant son entrée dans l’hémicycle : Carlos Martens Bilongo, élu à Villiers-le-Bel dans le Val-d’Oise face au candidat MoDem François Pupponi, avec 61,72 % des suffrages.
Cet enseignant en économie de 31 ans, né en France de parents congolais (RDC) et angolais, est très actif dans le milieu associatif, notamment via une structure qui propose aux enfants de tous les milieux des activités sportives et culturels accessibles.
Farida Amrani (Nupes)
Farida Amrani
Née au Maroc en 1976, arrivée en France à l’âge de deux ans, cette candidate de la Nupes a été élue dans la 1ère circonscription de l’Essone au terme d’une bataille qu’elle mène de longue date.
Battue aux législatives de 2017 par Manuel Valls, qui l’accuse alors de complaisance avec les islamistes, Farida Amrani soupçonne l’ancien Premier ministre de tricherie. Lorsque ce dernier démissionne afin de se lancer à l’assaut de la mairie de Barcelone, elle tente de lui succéder à l’occasion de l’élection législative partielle de novembre 2018. Elle est alors défaite par Francis Chouat, candidat soutenu par Emmanuel Macron. À 45 ans, cette conseillère municipale a pris sa revanche en battant le candidat LREM avec près de 60 % des voix.
Ceux qui partent
Saïd Ahamada, (LREM – Ensemble !)
Comme de nombreux députés sortants de la majorité, Saïd Ahmada a fait les frais de la sanction électorale infligée au camp présidentiel lors de ces législatives. Député des quartiers nord de Marseille, entré dans l’hémicycle en 2017 sous les couleurs de La République en marche, il a été évincé dès le 12 juin au profit du Rassemblement national (RN) et de la Nupes.
Né à Saint-Denis de la Réunion, celui qui fut porte-parole de son groupe parlementaire entre 2019 et 2020 est d’origine comorienne.
Laetitia Avia, (LREM – Ensemble !)
Figure de la diversité nouvelle de l’hémicycle en 2017, cette avocate de 36 ans est née en France de parents togolais et a été naturalisée à l’âge de 12 ans. Cette ancienne membre de la Commission des lois ainsi que des groupes d’amitié France-Ghana et France-Canada n’a obtenu que 45,92 % des voix face à la candidate écologiste de la Nupes Éva Sas, dans la 8e circonscription de Paris.
Brahim Hammouche (MoDem – Ensemble !)
Élu en Moselle en 2017, ce natif de Smaoun, en Algérie, n’a lui non plus pas réussi à dépasser le premier tour du scrutin. Médecin-psychiatre de formation, il cède son siège d’élu LREM à Laurent Jacobelli du Rassemblement national.
Jean-François Mbaye (LREM – Ensemble !)
Ce natif de Dakar, au Sénégal, a été largement battu lors du 2e tour du scrutin par la candidate de la Nupes Clémence Guetté (64,2 % des voix) dans la 2ème circonscription du Val-de-Marne. Il avait été élu en 2017 dans les rangs de la majorité présidentielle.
Arrivé en France en 1998 pour ses études, Jean-François Mbaye est le petit-fils d’une ancienne conseillère municipale de l’île de Gorée, dans la capitale sénégalaise.
Patrice Anato (LREM – Ensemble !)
Élu dans la 3e circonscription de Seine-Saint-Denis, ce Franco-Togolais né à Lomé en 1976 perd son siège au profit du candidat LFI (Nupes) Thomas Portes. Ce juriste, qui a rejoint LREM en 2016, s’était porté candidat à la présidence de son groupe parlementaire, face à François de Rugy et Christophe Castaner.
Ceux qui restent
Danièle Obono (Nupes)
À 41 ans, elle fait partie des rares députés élus dès le premier tour des élections législatives. Elle entame ainsi son deuxième mandat pour la 17e circonscription de Paris. Née à Libreville au Gabon, elle arrive en France à l’âge de onze ans. Elle a notamment largement soutenu la candidature de Rachel Keke.
Mohamed Laqhila (MoDem – Ensemble !)
Né à Oulmès, au Maroc, en 1959, ce député de la majorité présidentielle conserve son siège en tant qu’élu de la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône. Cet expert-comptable et commissaire aux comptes est membre du groupe d’amitié France-Maroc, lequel comptait plusieurs députés franco-marocains, comme Fiona Lazaar (non-réélue), Nadia Hai (réélue) ou encore Mustapha Laabid (ex-député LREM démissionnaire, poursuivi pour abus de confiance)
Huguette Tiegna (LREM – Ensemble !)
Cette députée de la majorité, née en 1982 à Bangassogo au Burkina Faso et arrivée en France en 2009, rempile pour un second mandat. Élue dans la 2e circonscription du Lot, elle doit sa carrière politique à une rencontre en 2015 avec Emmanuel Macron qui, à l’époque où il était encore ministre de l’Économie, a visité les locaux de la start-up où elle travaillait.
Amélia Lakrafi (LREM – Ensemble !)
Réélue par les Français de la 10e circonscription de l’étranger, la député de 44 ans continuera de défendre les projets de l’exécutif à l’Assemblée nationale. Née à Casablanca, au Maroc, elle représente les citoyens français établis dans quarante-neuf pays répartis entre l’Est et le Sud du continent africain et le Moyen-Orient.
Avec Jeune Afrique par Manon Laplace et Olivier Marbot
Pendant deux ans, elle a été le porte-voix de la grève contre le groupe hôtelier Accor. Le 19 juin, cette Franco-Ivoirienne à la détermination sans faille, candidate aux élections législatives françaises sous les couleurs du parti de Jean-Luc Mélenchon, a été élue députée.
177. C’est le nombre de voix qui sépare Rachel Kéké de son opposante, l’ancienne ministre des Sports d’Emmanuel Macron, Roxana Maracineanu, lors du second tour des élections législatives. Dans une confrontation aux allures de duel entre David et Goliath, c’est finalement l’outsider qui l’a emporté dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, avec 50,3 % des suffrages. Quelques jours avant cette élection, Jeune Afrique avait rencontré cette Franco-Ivoirienne qui, à 48 ans, cumule les casquettes*.
En plus de son emploi de femme de chambre et des obligations parentales qu’impose l’éducation de cinq enfants, Rachel Kéké, qui habite à Chevilly-Larue, en région parisienne, s’est lancée jeudi 19 mai dans la course aux législatives des 12 et 19 juin. « Je suis une guerrière. Des batailles, j’en ai déjà menées. Je suis prête pour celle-là », garantit-elle au téléphone, sur le seuil du collège de sa benjamine, où elle a rendez-vous.
Investie par La France insoumise (LFI), la formation de Jean-Luc Mélenchon, pour représenter la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), la coalition de gauche, dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, cette représentante de la société civile n’est pas une inconnue. Entre 2019 et 2021, elle fut la voix et le visage des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles, sis dans le 17e arrondissement de Paris. Des employées en sous-traitance devenues célèbres en France pour avoir mené la grève la plus longue de l’histoire de l’hôtellerie.
Deux ans de bataille
« La sous-traitance est trop souvent utilisée pour priver les travailleurs de leurs droits. Nos conditions de travail étaient tellement pénibles que ça nous a poussées à nous syndiquer et à faire grève », se rappelle l’ex-porte-parole des grévistes. La lutte durera vingt-deux mois, un record. « Les syndicats nous avaient prévenues : un groupe comme Accor ne plie pas facilement. On s’attendait à devoir se battre quelques semaines ou quelques mois », s’amuse-t-elle.
Il faudra finalement près de deux ans, donc, avant d’obtenir gain de cause. Et qu’importent la fatigue, le mépris, les intimidations et les insultes, à l’époque, Rachel Kéké n’entend rien céder. « J’ai tout vu dans cette lutte. On nous a infantilisées, humiliées, insultées. Souvent, on a douté, mais on n’a jamais baissé les bras. » Il faut dire que, pour elle, l’abandon n’est pas une option. « Je tiens ça de ma mère », assure-t-elle, évoquant le souvenir de celle qui, pour nourrir ses sept enfants, était vendeuse de vêtements sur le marché d’Adjamé, à Abobo.
C’est dans cette commune du nord d’Abidjan que Rachel Kéké grandit, puis met au monde son fils aîné, avant de rejoindre Paris à l’âge de 26 ans. Du métissage de son quartier d’origine, où cohabitaient « Ivoiriens, Maliens, Sénégalais, Guinéens, catholiques et musulmans », elle dit retenir la chaleur et la tolérance. La pugnacité aussi, « obligatoire » pour une famille modeste.
La voix des invisibles
Cet héritage, la candidate LFI souhaite le mettre au service des « essentiels ». Ces femmes et ces hommes « invisibles » qui ont « tenu la France » à bout de bras quand tout le pays se confinait face à l’épidémie de coronavirus. Juste avant son élection à l’Assemblée nationale, Rachel Kéké nous confiait vouloir être la voix des « femmes de ménage, des éboueurs, des aides à domicile, des profs mal payés, des agents de sécurité… » « Les hommes et les femmes politiques ne savent pas comment nous vivons. Si nous ne sommes pas à l’Assemblée nationale pour plaider notre propre cause, qui le fera ? » demande celle qui brûle d’obtenir « une rencontre avec le ministre du Travail ».
« Ce qui domine dans certains quartiers, au-delà de la “désespérance”, c’est un problème de confiance. Les gens ont le sentiment d’être systématiquement trahis par ceux qu’ils élisent », renchérit Hadi Issahnane, élu LFI à la mairie de Chevilly-Larue et membre de l’équipe de campagne de Rachel Kéké. La meilleure manière pour rétablir la confiance est de donner des responsabilités à des gens qui n’ont pas de plan de carrière politique. Comme Rachel. Ce sont les luttes qui se sont imposées à elle qui l’ont menée là où elle est. »
Mépris de classe
Si elle reconnaît volontiers que l’idée de faire de la politique lui a d’abord semblé « bizarre », Rachel Kéké l’assure, le challenge « ne [lui] fait pas peur ». Mastodontes de l’hôtellerie, députés, journalistes parfois « méprisants »… Personne n’a réussi à l’intimider. « Elle s’adresse à un PDG de multinationale comme elle s’adresserait à un passant », résume Hadi Issahnane. « [C’est une très bonne chose] si elle fait vibrer les colonnes du Palais Bourbon », abondait Alexis Corbière, début mai, sur un plateau de La Chaîne parlementaire (LCP). La journaliste qui faisait face à ce dirigeant de LFI lui avait alors demandé si Rachel Kéké avait « été formée », au cas où elle entrerait à l’Assemblée.
« C’est méprisant, mais c’est elle qui se ridiculise. On veut me former pour que j’apprenne le prix du kilo de riz ? » ironise l’intéressée. « Il y a eu et il y aura toujours quelques réflexes de classe, des gens qui diront : “Elle est femme de chambre, sait-elle ce qu’est un projet de loi ?” déplore Issahnane Hadi. Mais Rachel parle du concret : la paye, l’école, la souffrance des gens d’en bas. Elle est capable d’aller chercher les classes populaires, les abstentionnistes et tous ceux qui ne se sentent pas représentés. »
« Fière d’être ivoirienne »
Son franc-parler, Rachel Kéké dit le puiser, là encore, dans ses racines ivoiriennes. « Ma famille est de l’ethnie bété. Chez nous, quand c’est bleu, c’est bleu, quand c’est rouge, c’est rouge. Pas d’hypocrisie : on dit les choses comme on les pense et on ne tourne pas autour du pot », revendique-t-elle. « J’ai beaucoup d’admiration pour les femmes comme l’ancienne première dame Simone Gbagbo [épouse du président Laurent Gbagbo, d’origine bété], elle n’a pas peur, elle assume », assure-t-elle.
Tirée de ses origines ou de ses luttes de militante et de cheffe de famille monoparentale, sa détermination lui vaut aujourd’hui d’être appelée à la rescousse par de nombreux mouvements sociaux, de Marseille à Rotterdam en passant par Genève ou la Belgique. Mais avec l’exposition politique viendront quelques coups, prédit-elle. « Je m’attends à être attaquée, mais j’ai l’habitude. Quand on est noire et femme de chambre, on sait se défendre seule », se targue-t-elle, évoquant les injures racistes de certains clients de l’hôtel, à propos desquelles ses responsables « n’ont jamais rien fait ».
Craint-elle les xénophobes et ceux qui agitent à tout-va la question identitaire et la peur du « grand remplacement » ? « C’est derrière nous », veut croire l’aspirante députée. « Éric Zemmour a fait son cinéma sur l’immigration, il a eu 7 % à la présidentielle. Le Pen père n’a jamais réussi à être élu et, pour l’instant, sa fille non plus. Aujourd’hui, il faut que la France se réconcilie pour [que l’on puisse] vivre ensemble », dit-elle. Pour cela, elle entend faire entrer « un peu plus de diversité à l’Assemblée nationale et y apporter les luttes menées jusqu’ici à la porte de l’hôtel Ibis », sans rien renier de son identité. « Je suis fière d’être ivoirienne et je suis fière d’être noire. Je suis fière d’être française aussi. Et c’est ici que je vais me battre jusqu’à ma mort. » Désormais, Rachel Kéké pourra ajouter une corde à son arc, et non des moindres : celle de députée.
Avec Jeune Afrique par Manon Laplace
(*) Nous republions cet article, initialement paru le 26 mai 2022, au lendemain de l’élection de Rachel Kéké, dimanche 19 juin.
Pendant deux ans, elle a été le porte-voix de la grève contre le groupe hôtelier Accor. Les 12 et 19 juin, cette Franco-Ivoirienne à la détermination sans faille représentera le parti de Jean-Luc Mélenchon lors des législatives françaises.
Rachel Kéké est une femme occupée. À quarante-huit ans, l’infatigable Franco-Ivoirienne cumule les casquettes. En plus de son emploi de femme de chambre et des obligations parentales qu’impose l’éducation de cinq enfants, cette habitante de Chevilly-Larue, en région parisienne, s’est lancée ce jeudi 19 mai dans la course aux législatives des 12 et 19 juin. « Je suis une guerrière. Des batailles, j’en ai déjà menées. Je suis prête pour celle-là », garantit-elle au téléphone, sur le seuil du collège de sa benjamine, où elle a rendez-vous.
Investie par La France insoumise (LFI), la formation de Jean-Luc Mélenchon, pour représenter la NUPES, la coalition de gauche, dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, cette représentante de la société civile n’est pas une inconnue. Entre 2019 et 2021, elle fût la voix et le visage des femmes de chambres de l’hôtel Ibis Batignolles, sis dans le 17e arrondissement de Paris. Des employées en sous-traitance devenues célèbres en France pour avoir mené la grève la plus longue de l’histoire de l’hôtellerie.
Deux ans de bataille
« La sous-traitance est trop souvent utilisée pour priver les travailleurs de leurs droits. Nos conditions de travail étaient tellement pénibles que ça nous a poussé à nous syndiquer et à faire grève », se rappelle l’ex-porte-parole des grévistes. La lutte durera vingt-deux mois, un record. « Les syndicats nous avaient prévenues : un groupe comme Accor ne plie pas facilement. On s’attendait à devoir se battre quelques semaines ou quelques mois », s’amuse-t-elle.
Il faudra finalement près de deux ans, donc, avant d’obtenir gain de cause. Et qu’importe la fatigue, le mépris, les intimidations et les insultes, à l’époque, Rachel Kéké n’entend rien céder. « J’ai tout vu dans cette lutte. On nous a infantilisées, humiliées, insultées. Souvent, on a douté, mais on n’a jamais baissé les bras. » Il faut dire que pour elle, l’abandon n’est pas une option. « Je tiens ça de ma mère », assure-t-elle, évoquant le souvenir de celle qui, pour nourrir ses sept enfants, était vendeuse de vêtements sur le marché d’Adjamé, à Abobo.
C’est dans cette commune du nord d’Abidjan que Rachel Kéké grandit, puis met au monde son fils aîné, avant de rejoindre Paris à l’âge de 26 ans. Du métissage de son quartier d’origine, où cohabitaient « Ivoiriens, Maliens, Sénégalais, Guinéens, Catholiques et Musulmans », elle dit retenir la chaleur et la tolérance. La pugnacité aussi, « obligatoire » pour une famille modeste.
La voix des invisibles
Cet héritage, la candidate LFI souhaite le mettre au service des « essentiels ». Ces femmes et ces hommes « invisibles » qui ont « tenu la France » à bout de bras quand tout le pays se confinait face à l’épidémie de coronavirus. Si elle décroche un siège à l’Assemblée nationale, Rachel Kéké entend être la voix des « femmes de ménages, des éboueurs, des aides à domicile, des profs mal payés, des agents de sécurité… ». « Les hommes et les femmes politiques ne savent pas comment nous vivons. Si nous ne sommes pas à l’Assemblée nationale pour plaider notre propre cause, qui le fera ? », demande celle qui trépigne d’obtenir « une rencontre avec le ministre du Travail ».
« Ce qui domine dans certains quartiers, au-delà de la “désespérance”, c’est un problème de confiance. Les gens ont le sentiment d’être systématiquement trahis par ceux qu’ils élisent », renchérit Hadi Issahnane, élu LFI à la mairie de Chevilly-Larue et membre de l’équipe de campagne de Rachel Kéké. La meilleure manière pour rétablir la confiance est de mettre aux responsabilités des gens pour qui la politique n’est pas un plan de carrière. Rachel incarne cela. Ce sont les luttes qui se sont imposées à elle qui l’ont menée là où elle est. »
Mépris de classe
Si elle reconnaît volontiers que l’idée de faire de la politique lui a d’abord semblé « bizarre », Rachel Kéké l’assure : le challenge « ne [lui] fait pas peur ». Mastodontes de l’hôtellerie, députés, journalistes parfois « méprisants »… Personne n’a réussi à l’intimider. « Elle s’adresse à un PDG de multinationale comme elle s’adresserait à un passant », résume Hadi Issahnane. « [C’est une très bonne chose] si elle fait vibrer les colonnes du Palais Bourbon », abondait Alexis Corbière, début mai, sur un plateau de La Chaîne parlementaire (LCP). La journaliste qui faisait face à ce dirigeant de LFI lui avait alors demandé si Rachel Kéké avait « été formée », au cas où elle entrerait à l’Assemblée.
« C’est méprisant, mais c’est elle qui se ridiculise. On veut me former pour que j’apprenne le prix du kilo de riz ? » ironise l’intéressée. « Il y a eu et il y aura toujours quelques réflexes de classe, des gens qui diront : “Elle est femme de chambre, sait-elle ce qu’est un projet de loi ?” déplore Issahnane Hadi. Mais Rachel parle du concret : la paye, l’école, la souffrance des gens d’en bas. Elle est capable d’aller chercher les classes populaires, les abstentionnistes et tous ceux qui ne se sentent pas représentés. »
« Fière d’être ivoirienne »
Son franc-parler, Rachel Kéké dit, là encore, le puiser dans ses racines ivoiriennes. « Ma famille est de l’ethnie bété. Chez nous, quand c’est bleu, c’est bleu, quand c’est rouge, c’est rouge. Pas d’hypocrisie : on dit les choses comme on les pense et on ne tourne pas autour du pot », revendique-t-elle. « J’ai beaucoup d’admiration pour les femmes comme l’ancienne première dame Simone Gbagbo [épouse du président Laurent Gbagbo, d’origine bété], elle n’a pas peur, elle assume », énumère-t-elle.
Tirée de ses origines ou de ses luttes de militante et de cheffe de famille monoparentale, sa détermination lui vaut aujourd’hui d’être appelée à la rescousse par de nombreux mouvements sociaux, de Marseille à Rotterdam en passant par Genève ou la Belgique. Mais avec l’exposition politique viendront quelques coups, prédit-elle. « Je m’attends à être attaquée, mais j’ai l’habitude. Quand on est noire et femme de chambre, on sait se défendre seule », se targue-t-elle, évoquant les injures racistes de certains clients de l’hôtel, face auxquelles ses responsables « n’ont jamais rien fait ».
Craint-elle les xénophobes et ceux qui agitent à tout-va la question identitaire et la peur du « grand remplacement » ? « C’est derrière nous », veut croire l’aspirante députée. « Éric Zemmour a fait son cinéma sur l’immigration, il a eu 7 % à la présidentielle. Le Pen père n’a jamais réussi à être élu et pour l’instant, sa fille non plus. Aujourd’hui il faut que la France se réconcilie pour vivre ensemble », dit-elle. Pour cela, elle entend faire entrer « un peu plus de diversité à l’Assemblée nationale et y apporter les luttes menées jusqu’ici à la porte de l’hôtel Ibis », sans rien renier de son identité. « Je suis fière d’être ivoirienne et je suis fière d’être noire. Je suis fière d’être française aussi. Et c’est ici que je vais me battre jusqu’à ma mort. »
Amadou Soumahoro, Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire
Elu Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire le 7 mars 2019, Amadou Soumahoro n’est pas un inconnu sur l’échiquier politique ivoirien. Ancien Secrétaire général par intérim du Rassemblement Des Républicains (RDR), de juillet 2011 à septembre 2017, le député de la circonscription électorale de Séguéla sous-préfecture, Bobi-Diarabana commune et sous-préfecture, a été également Président du directoire du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) de février 2015 à septembre 2017. Il a occupé plusieurs postes ministériels avant d’être nommé Ministre auprès du Président de la République chargé des Affaires Politiques le 4 mai 2018. De 2011 à 2015, il avait occupé le poste de Conseiller du Président de la République, ministre du Commerce Extérieur en 2002 et ministre du Commerce de 2003 à 2005. Cet homme chevronné, qui a une grande expérience professionnelle dans les domaines parlementaire et des relations internationales, va s’atteler à donner à l’Assemblée nationale toutes ses lettres de noblesse. Non seulement en bâtissant une Assemblée nationale plus forte et plus dynamique, mais aussi en exhortant les députés au renforcement de la cohésion interne et à créer les synergies nécessaires avec toutes les autres Institutions de la République.
I- EXPERIENCES PROFESSIONNELLES
4 mai 2018 – 4 mars 2019 : Ministre auprès du Président de la République chargé des Affaires Politiques
Juillet 2011 – janvier 2017 : Conseiller spécial du Président de la République en charge des Affaires Politiques
Janvier 2010 – Juin 2011 : 1er Vice-président de la Commission Electorale Indépendante (CEI)
2004 – 2005 : Président de l’Organisation Interafricaine du Cacao (OIACI)
2003 : Chef de la délégation ivoirienne à la conférence ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce à Cancun
Mars 2003 – Décembre 2005 : Ministre du Commerce
Août 2002 – Mars 2003 : Ministre du Commerce Extérieur
1986 – 1989 : Sous-directeur du commerce extérieur et négociateur national en chef auprès des organisations internationales du commerce (CNUCED et la GATI)
– Participation aux conférences ministérielles du groupe des 77 (Genève et Buenos Aires)
– Participation aux conférences des Nations Unies sur le commerce et le développement (Belgrade et Nairobi)
– 1981 à 1986 : Chef de service des organisations économiques internationales (Ministère du commerce)
II- FORMATIONS ACADEMIQUE ET PROFESSIONNELLE
1983 : Formation sur le système généralisé de préférence commerciale et pays en développement, pays développés et ceux du sud
1982 : Formation à la Chambre de commerce internationale (ICC) de Genève sur le développement des relations commerciales entre les pays en développement et ceux de l’Europe de l’Est
1979 : Diplômé de l’Institut des Relations Economiques Internationales de Paris : spécialité commerce internationale
1973-1974 : Faculté des sciences économiques de l’université d’Abidjan
1973 : Bac série B (Economie sociale) au Lycée technique d’Abidjan
III- PARCOURS POLITIQUE
Depuis le 11 décembre 2011 : Député de la circonscription de Séguéla sous-préfecture, Bobi- Diarabana commune et sous-préfecture
Février 2015 – septembre 2017 : Président du directoire du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix
Juillet 2011 à septembre 2017 : Secrétaire général par intérim du Rassemblement des Républicains (RDR)
1996 – 2013 : Maire de la commune de Séguéla
2006 : Secrétaire général adjoint du RDR et chargé des affaires politiques
23 au 25 juillet 2009 : représentant du Président Alassane Ouattara et chef de la délégation du RDR au 4e congrès ordinaire du CDP à Ouagadougou (Congrès pour le développement et le progrès)
2008 – 2010 : Directeur régional de campagne du candidat Alassane Ouattara aux élections Présidentielles, pour la région du Nord-ouest (le Denguélé, le Bafing, et le Worodougou)
2007 – 2010 : Chef de la délégation du RDR au RHDP
2002 – 2006 : Secrétaire national du RDR chargé du Worodougou
1999 – 2000 : Membre de la Commission consultative constitutionnelle et électorale (CCCE) pour l’élaboration de la constitution.
Commissaire à la COSUR et à la CNE pour l’organisation des élections
1999 : Secrétaire général adjoint par intérim du RDR, après l’arrestation de la quasi-totalité des membres de la direction du parti
1996 – 1999 : Secrétaire national chargé du commerce
1994 – 1996 : Secrétaire général adjoint chargé de la formation
1994 : Membre fondateur du RDR
1991 – 1994 : Membre du conseil municipal de la commune de Séguéla
1990 – 1993 : Membre du bureau politique du PDCI-RDA
1990 : Membre du secrétariat de la présidence du congrès du PDCI-RDA
1986 – 1990 : Secrétaire permanent du comité de coordination des activités du PDCI-RDA dans le département de Séguéla.