Posts Tagged ‘Assimi Goïta’

La junte malienne reporte sine die le référendum constitutionnel

mars 10, 2023

Au Mali, le gouvernement d’Assimi Goïta a officialisé ce vendredi le report du vote de consultation sur le projet de nouvelle Constitution qui devait avoir lieu le 19 mars, tout en assurant que des élections auront lieu en février 2024 pour permettre le retour des civils au pouvoir.

Le leader de la junte malienne, Assimi Goïta, le 22 septembre 2022, à Bamako. © OUSMANE MAKAVELI / AFP

« La date du référendum prévu le 19 mars 2023 […] connaîtra un léger report », a déclaré ce vendredi 10 mars, dans un communiqué lu devant la presse, le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement. Il n’a pas précisé de nouvelle échéance. Le report de ce référendum ne faisait guère de doute depuis quelque temps.

Le projet de Constitution présenté comme final n’a été remis au chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, que le 27 février. Et quasi aucune disposition n’a été prise sur le terrain pour la tenue du référendum. Avec ce report, les militaires manquent à la première échéance d’un calendrier de consultations et de réformes qu’ils ont eux-mêmes communiqué et qui doit aboutir à des élections en février 2024 en vue d’un retour des civils aux affaires. Le référendum constitutionnel en est la première étape.

Céder la place en mars 2024

Le colonel Maïga a minimisé la portée de ce contretemps. « Le chronogramme est un outil de planification », a-t-il déclaré devant les journalistes. « La date butoir reste la date que nous avons pu négocier avec la Cedeao [la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] et le chef de l’État tient fermement au respect de cette date » de 2024, a-t-il affirmé.

Le calendrier élaboré par le gouvernement de transition et son engagement à céder la place en mars 2024 après des élections en février avaient convaincu la Cedeao, en juillet 2022, de lever un lourd régime de sanctions commerciales et financières infligé au Mali. La Cedeao, confrontée depuis le premier putsch des colonels maliens, en août 2020, à une série de coups d’État dans la sous-région, avait pris ces mesures de rétorsion en janvier 2022, quand les militaires avaient envisagé de se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq ans.

« La nouvelle date du référendum sera fixée après concertation avec l’autorité indépendante de gestion des élections et l’ensemble des acteurs du processus électoral », dit le communiqué gouvernemental, justifiant le report par le temps nécessaire à l’installation de représentations de l’organe de gestion des élections à travers le territoire, et par la volonté de vulgariser le texte constitutionnel. Cette Constitution est un élément clé du vaste chantier de réformes invoqué par les militaires pour justifier de continuer à gouverner jusqu’en 2024.

Le coup d’État, un « crime imprescriptible »

Le projet renforce notablement le pouvoir du président. Dans la nouvelle Constitution, c’est le président qui « détermine la politique de la nation », et non plus le gouvernement. La pression exercée par la Cedeao pour que les colonels ne se présentent pas aux élections n’a pas dissipé les spéculations sur les intentions du colonel Assimi Goïta en 2024.

Le projet de Constitution affirme que le Mali est une « République indépendante, souveraine, unitaire, indivisible, démocratique, laïque et sociale », alors que des imams contestent le principe de laïcité et ont appelé les fidèles à s’y opposer. Le projet proclame tout coup d’État « crime imprescriptible ». Mais les putschistes de 2020, qui ont récidivé en 2021 pour consolider leur emprise, seraient à l’abri puisque les faits antérieurs à la promulgation de la Constitution seraient couverts par des lois d’amnistie.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Mali : Bamako gracie les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet

janvier 7, 2023

Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, a gracié vendredi les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet et condamnés par la justice malienne, après des mois de tensions entre Bamako et Abidjan.

Des soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de mercenaires, puis inculpés mi-août de « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et écroués. Trois d’entre eux, des femmes, avaient été libérées à la mi-septembre.

Le 30 décembre, la justice malienne avait condamné ces femmes à la peine de mort par contumace, et les 46 soldats toujours détenus à vingt ans de réclusion criminelle.

« Le colonel Assimi Goïta, président de la transition, chef de l’Etat, a accordé sa grâce avec remise totale de peines aux 49 Ivoiriens condamnés par la justice malienne », selon un communiqué diffusé vendredi soir par le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga.

Le texte précise que ces soldats avaient été condamnés pour « crimes d’attentat et de complot contre le gouvernement, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ou de défense intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle et collective ayant pour but de troubler l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».

Bamako a accusé ces soldats ivoiriens d’avoir voyagé sous de fausses identités et avec des armes sans que les autorités n’aient été informées. Depuis juillet, la Côte d’Ivoire exigeait la libération de ses soldats en niant catégoriquement qu’ils aient été des « mercenaires », affirmant qu’ils étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Minusma.

La junte malienne a érigé cette affaire en manifestation de la souveraineté dont elle dit avoir fait un principe cardinal vis-à-vis de la France, poussée vers la sortie, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et même de la mission de stabilisation de l’ONU (Minusma).

La grâce a été accordée une semaine après une visite à Bamako d’une délégation officielle ivoirienne, qui a rencontré les autorités maliennes dans une ambiance « fraternelle ». Le ministre ivoirien de la Défense avait alors assuré que l’affaire était « en voie de résolution ».

La grâce vient « conforter la dynamique créée » par l’accord signé ce jour-là par les deux pays pour promouvoir « la paix » et le « renforcement des relations d’amitié, de fraternité et de bon voisinage » entre eux, souligne le communiqué malien.

Début décembre, les dirigeants des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avaient fixé un ultimatum à la junte malienne, exigeant qu’elle libère avant le 1er janvier les 46 soldats ivoiriens toujours détenus, sous peine de sanctions.

La junte malienne a laissé passer ce délai. Dans son discours de fin d’année, le chef de la junte malienne n’avait pas mentionné les soldats ivoiriens. Au même moment, le président ivoirien, Alassane Ouattara, avait lui promis à ses concitoyens que les soldats incarcérés regagneraient « bientôt le sol ivoirien ».

Mercredi, le président en exercice de la Cédéao s’était montré conciliant, assurant qu’il n’y aurait pas de sanctions contre le Mali dans l’immédiat malgré l’expiration de l’ultimatum, pour laisser la médiation togolaise travailler à la libération des 46 militaires ivoiriens.

Le président togolais, Faure Gnassingbé, était pendant ce temps en visite à Bamako, où « il a plaidé la grâce présidentielle », avait indiqué à l’AFP un responsable de la présidence malienne.

Dans ce dossier, l’ONU avait reconnu des « dysfonctionnements » dans une note adressée au gouvernement malien et admis que « certaines mesures n’ont pas été suivies ».

La présidence ivoirienne avait elle aussi reconnu en septembre « des manquements et des incompréhensions« , propos volontiers considérés du côté malien comme les excuses qu’il réclamait.

Mais les rapports s’étaient à nouveau tendus une semaine plus tard quand la junte avait ouvertement lié la libération des 46 soldats restants à l’extradition de personnalités maliennes vivant en Côte d’Ivoire.

Adiac-Congo par Julia Ndeko avec AFP

Burkina Faso-Mali : Ibrahim Traoré à Bamako pour rencontrer Assimi Goïta

novembre 2, 2022

Le président burkinabè a réservé son premier voyage à l’étranger au Mali. Avec son homologue, il doit échanger sur la lutte contre les groupes jihadistes et les partenariats avec l’étranger.

Le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte burkinabè, à Ouagadougou, le 15 octobre 2022, lors du 35e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara. © Olympia de Maismont / AFP.

Le chef de la junte malienne, le capitaine Ibrahim Traoré, se rend ce 2 novembre à Bamako, son premier déplacement à l’étranger depuis sa prise de pouvoir il y a un mois. Un communiqué du ministère malien des Affaires étrangères précise que cette « visite d’amitié et de travail » durera deux heures quarante (de 15 h locales à 17 h 40).

Le capitaine Traoré va s’entretenir avec son homologue, le Malien Assimi Goïta. « Il sera principalement question de la lutte contre le terrorisme », précise une source officielle burkinabè.

Outre leur proximité géographique, leur frontière commune, les deux pays sont en effet dans des situations similaires. Tous deux sont dirigés par des soldats putschistes, qui ont pris le pouvoir en promettant de battre les groupes jihadistes.

Russie ou France

Pour y parvenir, les méthodes diffèrent pour l’instant. Bamako a rompu avec la France, dont les derniers soldats, opérant au sein de l’opération Barkhane, ont quitté le pays, s’est tourné et s’est tourné vers la Russie, notamment vers le groupe de mercenaires russes Wagner, pour l’aider à combattre les groupes terroristes.

Depuis le coup d’État du 24 janvier du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, renversé huit mois plus tard par le capitaine Ibrahim Traoré, le Burkina Faso, lui, n’a pas coupé les liens avec l’armée française qui a continué à participer aux côtés de l’armée burkinabè à la lutte anti-jihadiste. Néanmoins, les interrogations sur la politique future du nouveau président de la transition en la matière sont nombreuses.

À plusieurs reprises à Ouagadougou, des soutiens de la junte militaire ont manifesté en brandissant des drapeaux russes, s’en prenant à des intérêts français et réclamant le départ des quelque 400 soldats des forces spéciales françaises présents dans le pays.

« Peut-être qu’avec la nouvelle donne [sécuritaire] nous réexaminerons nos rapports avec la Russie pour voir s’il faut la renforcer dans un secteur ou pas, s’il faut la réorienter dans l’intérêt du Burkina Faso et dans le respect de sa souveraineté », a déclaré le 30 octobre le nouveau Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tembèla. Mais, a-t-il averti, « ce n’est pas à la rue de nous dire de faire ceci ou cela ».

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Mali : le régime d’Assimi Goïta pose ses conditions pour renouer avec Paris

octobre 25, 2022

Tout en maintenant ses accusations contre la France, que Bamako accuse d’avoir violé l’espace aérien malien, Abdoulaye Diop, le diplomate en chef de la transition, a soutenu lors du 8e Forum international de Dakar que le pays « n’a de problème à traiter avec aucun partenaire », tant que ce n’est pas pour se faire « dicter des solutions ».

Le ministre malien des Affaires étrangères, Adboulaye Diop, à Moscou, en mai 2022. © Yuri Kadobnov / Pool / AFP.

Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a indiqué ce 25 octobre que Bamako posait comme condition à une restauration des relations avec la France le respect de sa « souveraineté » et de ses « choix stratégiques ».

« Le Mali a souhaité que notre souveraineté soit respectée, que nos choix stratégiques et nos choix de partenaires soient respectés, et que les intérêts vitaux des Maliens soient pris en compte », a-t-il affirmé au 8e Forum international de Dakar, conférence sur la sécurité et la paix en Afrique, pour expliquer la brutale dégradation des relations entre les deux pays qui a conduit le 15 août au départ des dernières troupes de l’opération Barkhane.

« Si ces éléments sont observés, le Mali n’a de problème à traiter avec aucun partenaire, y compris la France », a-t-il assuré à des journalistes après une intervention publique au Forum. « Ce qui est important, c’est vraiment que nos partenaires viennent dans l’état d’esprit de travailler avec nous pour des solutions, ne viennent pas nous dicter des solutions », a-t-il par ailleurs déclaré. Reconnaissant qu’« il ne faut pas jeter l’anathème sur les gens », il a reconnu que le régime putschiste a « [sa] propre part de responsabilité » : « Nous avons failli par rapport à l’intégration du continent, nous avons failli par rapport au renforcement de la coopération entre nous, nous avons failli par rapport à notre responsabilité pour assurer notre propre sécurité et je crois que nous ne pouvons pas faire assumer ça par d’autres. »

Session spéciale du Conseil de sécurité

Interrogé sur ses accusations contre la France dans une lettre adressée en août au Conseil de sécurité de l’ONU, dénonçant notamment des « violations répétitives et fréquentes » de l’espace aérien malien par les forces françaises. Il y écrivait que les autorités maliennes disposaient « de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions », des accusations catégoriquement démenties par la France.

Dans son intervention devant le Forum de Dakar, Abdoulaye Diop a affirmé que son pays attendait la session spéciale qu’il réclame pour produire les preuves des accusations contre Paris. « Le Mali n’est pas un enfant, nous sommes membres des Nations unies, nous connaissons les règles. Nous avons demandé une session spéciale pour pouvoir discuter de cette question », a-t-il dit. « Ceux qui sont en face, de quoi ils ont peur ? Si on n’a pas de preuves, qu’on convoque la session », a lancé le chef de la diplomatie malienne.

Par Jeune Afrique avec AFP

Côte d’Ivoire – soldats détenus au Mali : Laurent Gbagbo en appelle à Assimi Goïta

octobre 18, 2022

L’ancien président ivoirien, chef du PPA-CI qui fête son premier anniversaire, demande aussi au Togolais Faure Essozimna Gnassingbé de « redoubler d’efforts » pour obtenir la libération des 46 soldats encore détenus à Bamako. Et estime qu’Alassane Ouattara porte « la plus grande responsabilité ».

L’ancien président ivoirien et chef du PPA-CI, Laurent Gbagbo, lors du premier anniversaire de son parti, à Abidjan, le 17 octobre 2022. © Issouf Sanogo / AFP

L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, a demandé lundi au chef de la junte au pouvoir au Mali, le colonel Assimi Goïta, de faire la preuve de « sa fraternité d’armes » envers les 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis le 10 juillet dernier.

« Il faut demander au président Assimi Goïta de penser à sa fraternité d’armes avec ceux qui sont en prison là-bas, que certains appellent des soldats et d’autres des mercenaires », a-t-il déclaré en marge d’une cérémonie célébrant le premier anniversaire de sa formation politique, le Parti des peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI).

Pique adressée à Ouattara

Il a également lancé un appel « au président togolais Faure [Essozimna] Gnassingbé », qui joue le rôle de médiateur entre la Côte d’Ivoire et le Mali, le priant de « redoubler d’efforts ». Il a annoncé que son parti allait bientôt envoyer des délégations en Guinée, au Burkina et au Mali, trois pays où des militaires ont pris le pouvoir après avoir perpétrés des coups d’État.

Laurent Gbagbo a cependant rappelé que les soldats avaient été envoyés au Mali par la Côte d’Ivoire et, selon lui, « c’est celui qui envoie qui a la plus grande responsabilité […] si cela tourne au vinaigre ».

Blocage sur le lieu où seront remis les soldats

Abidjan et l’ONU affirment que les soldats ivoiriens arrêtés devaient participer à la sécurité du contingent allemand des Casques bleus au Mali, mais les autorités maliennes les a présentés comme des « mercenaires » venus attenter à la sûreté de l’État. Au début d’octobre, le président ivoirien, Alassane Ouattara, s’était montré optimiste quant à l’issue de ce conflit diplomatique.

« Les choses évoluent bien […]. Nous pensons que, très rapidement, nous aurons sans doute un heureux aboutissement », avait dit le chef de l’État ivoirien à l’issue d’une rencontre avec son homologue bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalò, qui préside actuellement la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Il avait rencontré la veille à Abidjan le président togolais mais, selon nos informations, un point de blocage restait à résoudre : le lieu où seront remis les soldats.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Mali : Assimi Goïta reçoit le projet de nouvelle Constitution

octobre 12, 2022

Le président de la transition malienne, Assimi Goïta, a reçu mardi 11 octobre un projet de nouvelle Constitution, censé être soumis à référendum en mars 2023.8

Le président de la transition au Mali, le colonel Assimi Goïta, le 21 juin 2022. © Présidence Mali.

C’est avec deux mois de retard que cet « avant-projet de Constitution » a été remis mardi à Assimi Goïta. Le 10 juin, les militaires au pouvoir avaient donné deux mois à une commission spécialement créée par décret, mais ce délai avait finalement été prolongé, a fait savoir le président de la commission, Fousseyni Samaké.

Le texte, qui n’a pas été rendu public, doit désormais être examiné en Conseil des ministres et par l’organe tenant lieu de Parlement. Il est censé être soumis à référendum en mars 2023.

« Toute Constitution sera objet de critiques »

Le président de la commission a semblé devancer les polémiques, prévenant Assimi Goïta « que toute Constitution sera objet de contestations, de critiques et de controverses », a rapporté dans un communiqué la présidence. Il a assuré que le projet avait été rédigé après « consultation des forces vives de la Nation ».

Le président de la transition, qui s’est engagé sous la pression à organiser des élections en février 2024 et à céder la place en mars de la même année, a déclaré que l’« espoir commun d’une démocratie rénovée, ainsi que d’un État mieux organisé et à la hauteur des défis nationaux et internationaux, repose sur cet avant-projet », selon ses services.

Les acteurs politiques maliens s’accordent de longue date sur la nécessité d’une réforme constitutionnelle, tant l’actuel texte fondamental, datant de 1992, passe pour un facteur de la crise politique.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Mali – Soldats ivoiriens détenus : Bamako rejette l’intervention de la Cedeao

septembre 16, 2022

Alors que la Côte d’Ivoire vient de hausser le ton contre le Mali et demande une réunion d’urgence de la Cedeao au sujet de ses 46 militaires toujours retenus, Bamako affirme n’être « nullement concerné ».

Assimi Goïta, en août 2022, à Bamako. © AP/SIPA

Ce mercredi, la Côte d’Ivoire avait dénoncé « le chantage inacceptable » de la junte malienne dans le dossier des soldats détenus depuis deux mois au Mali et exigeait leur libération « sans délai ». La réaction de Bamako ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué, les autorités maliennes font part de leur « très grande préoccupation » et « profonde stupéfaction ».

L’affaire est « purement judiciaire et bilatérale », affirme Bamako, qui conditionne la libération de ces 46 militaires – trois militaires femmes ont été libérées le 4 septembre -, inculpés en août pour « tentative d’atteinte extérieure à la sécurité de l’État », à l’extradition de personnalités maliennes vivant sur le sol ivoirien.

Le Togo « unique cadre » de médiation

Le Mali rejette en bloc l’intervention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) que sollicite Abidjan dans ce dossier. La Côte d’Ivoire réclame en effet la tenue « dans les meilleurs délais d’une réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement », réunion qui pourrait se tenir en marge de la 77e Assemblée de l’ONU, dont les débats débuteront le 20 septembre à New York.

Bamako maintient que le Togo, pays médiateur depuis le début de cette crise, reste l’« unique cadre de règlement du dossier » et affirme n’être « nullement concerné par cette procédure devant l’instance communautaire ». Elle « met en garde [Abidjan] contre toute instrumentalisation de la Cedeao pour se soustraire de [sa] responsabilité vis-à-vis du Mali. »

Alassane Ouattara doit s’entretenir avec le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, lors de son séjour à New York. Les deux hommes ont déjà eu l’occasion d’échanger par téléphone à propos de ce dossier le 7 septembre, selon les informations de Jeune Afrique.

António Guterres devrait demander la libération des soldats avant l’ouverture des débats de l’Assemblée générale. Cette requête sera directement adressée au chef de la junte, Assimi Goïta.

Avec Jeune Afrique par Florence Richard

Soldats ivoiriens détenus : Bamako réclame Karim Keïta et Tiéman Hubert Coulibaly

septembre 10, 2022

Le président de la transition malienne, Assimi Goïta, a ouvertement lié la remise en liberté des 46 soldats ivoiriens interpellés le 10 juillet à Bamako à l’extradition de personnalités maliennes vivant en Côte d’Ivoire, dont le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.

Le colonel Assimi Goïta, le 19 janvier 2022. © Présidence Mali

Alors que les autorités insistaient jusqu’alors publiquement sur un traitement « judiciaire » du dossier par la justice malienne, le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a parlé, le vendredi 9 septembre, de nécessaire « contrepartie », confirmant des informations selon lesquelles l’extradition de personnalités maliennes faisait partie de la discussion sur le sort des soldats ivoiriens.

Au « moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, [elle] continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice », a souligné Assimi Goïta lors d’une rencontre avec le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, le vendredi 9 septembre, selon un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

Accusations de mercenariat

« Ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali. D’où la nécessité d’une solution durable à l’opposé d’une solution à sens unique qui consisterait à accéder à la demande ivoirienne sans contrepartie pour le Mali », a-t-il déclaré. Il s’agit notamment de Karim Keïta, le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta renversé par les colonels en 2020, et de Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous Keïta.

Les relations entre le Mali et son voisin ivoirien se sont dégradées depuis que la junte a pris, en août 2020, la tête du pays. Elles se sont encore détériorées avec l’interpellation de 49 soldats ivoiriens à leur arrivée à Bamako le 10 juillet. Trois soldates ont récemment été libérées. Les 49 soldats devaient, selon Abidjan et l’ONU, participer à la sécurité du contingent allemand des Casques Bleus au Mali. Bamako a présenté les Ivoiriens comme des mercenaires. La junte est elle-même accusée par un certain nombre de pays occidentaux de s’être assuré les services de mercenaires russes.

« Trouver une solution définitive »

Le nouveau Premier ministre malien par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, a assuré vendredi soir sur la télévision d’État que le dossier était « éminemment judiciaire ». Mais il a lui aussi évoqué dans le même propos la situation de compatriotes visés par des mandats d’arrêts et vivant en Côte d’Ivoire, qui utilisent cette dernière « comme terrain en vue d’attaquer ou de perturber la transition », la période censée précéder et préparer le retour des civils au pouvoir à Bamako.

L’affaire fait l’objet d’une médiation togolaise. La présidence malienne écrit dans son communiqué que « le Nigeria souhaite jouer sa partition dans la libération du reste [des] soldats », et « estime qu’il est temps de trouver une solution définitive à cette crise ».

Par Jeune Afrique avec AFP

Mali : libération de trois des 49 militaires ivoiriens arrêtés

septembre 4, 2022

Le président de la transition, Assimi Goïta, a accepté de libérer trois soldats féminins du groupe des 49 militaires ivoiriens accusés de mercenariat. Des médiations et discussions sont en cours pour la remise en liberté prochaine des autres détenus.

Robert Dussey et Assimi Goïta, à Bamako, le 6 septembre 2021. © Twitter Robert Dussey

« Je voudrais vous annoncer que le président de la transition […] du Mali, Assimi Goïta, a accepté […] de procéder à la libération de certains prisonniers », a déclaré samedi 3 septembre, lors d’une conférence de presse à Lomé, le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey. Le président togolais, Faure Gnassingbé, « se réjouit que le président Assimi Goïta ait accepté de libérer, en guise de geste humanitaire, trois prisonniers sur les 49 », a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agissait de « soldats féminins ».

Il s’exprimait au côté de son homologue malien, Abdoulaye Diop, et du ministre directeur de cabinet à la présidence ivoirienne, Fidèle Sarassoro. Les femmes libérées étaient également présentes, en uniforme.

Abandon des charges

Ces trois libérations avaient été annoncées un peu plus tôt dans la journée par un diplomate malien sous couvert de l’anonymat. Le procureur malien, Samba Sissoko, a précisé dans un communiqué que le magistrat en charge de l’affaire avait approuvé la libération des trois soldates et l’abandon des charges contre elles. « Les discussions sont en cours pour que, très rapidement, les autres soldats en détention puissent retrouver leur liberté totale », a poursuivi Robert Dussey.

Les 49 soldats avaient été inculpés mi-août par la justice malienne, notamment pour « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État », et formellement écroués. Plusieurs médiations, dont celle du président togolais et de leaders religieux maliens, sont en cours pour obtenir leur libération.

Le 10 juillet, 49 soldats ivoiriens en tenue militaire, mais non armés, avaient débarqué à Bamako d’un avion de la compagnie nationale Air Côte d’Ivoire, un autre appareil transportant leurs armes. Ils avaient été aussitôt interpellés et interrogés sur les raisons de leur présence au Mali, n’ayant « ni ordre de mission, ni autorisation » pour y être, selon les autorités maliennes.

Dès le lendemain, ils avaient été accusés d’être des « mercenaires » venus au Mali avec le « dessein funeste » de « briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel ». Mais Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et exige leur libération.

« Aplanir les divergences existantes »

Lors de la conférence de presse du 3 septembre, le ministre directeur de cabinet à la présidence ivoirienne Fidèle Sarassoro est revenu sur ces interpellations. « La République de la Côte d’Ivoire déplore que des manquements et des incompréhensions aient été à l’origine de cet événement fortement regrettable », a-t-il souligné.

« La République de la Côte d’Ivoire, soucieuse de maintenir des relations de bon voisinage avec le Mali, s’engage à respecter les procédures des Nations unies ainsi que les nouvelles règles et dispositions maliennes édictées, relatives au déploiement des forces militaires au Mali », a-t-il ajouté.

LA CÔTE D’IVOIRE S’ENGAGE À POURSUIVRE LES ÉCHANGES SUR TOUS LES SUJETS D’INTÉRÊT COMMUN

Enfin, « afin d’aplanir les divergences existantes et de contribuer ainsi à la préservation de la paix et de la stabilité dans la sous-région, la République de Côte d’Ivoire s’engage à poursuivre, de manière transparente et constructive avec le Mali, les échanges et les discussions sur tous les sujets d’intérêt commun », selon lui.

Dans ce dossier, l’ONU avait reconnu des « dysfonctionnements » dans une note adressée au gouvernement malien et admis que « certaines mesures n’ont pas été suivies ».

« La Minusma note que les éléments ivoiriens ont été déployés à Sénou (Bamako) pour assurer la sécurité à la base des NSE allemands dans cette même localité, au lieu de Tombouctou (nord), où est basé le contingent ivoirien de la Minusma », est-il notamment expliqué.

Jusqu’à la libération des femmes soldates, cette affaire illustrait les tensions entre le Mali et la Côte d’Ivoire, accusée par Bamako d’avoir incité ses partenaires ouest-africains à durcir les sanctions contre les militaires maliens auteurs de deux coups d’État depuis 2020, sanctions finalement levées début juillet.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Mali : Macky Sall à Bamako pour rencontrer Assimi Goïta

août 15, 2022

Le président en exercice de l’Union africaine est attendu ce lundi matin dans la capitale malienne où il doit s’entretenir avec le chef de la junte. Une visite « d’amitié et de travail » qui intervient au lendemain de l’inculpation de 49 soldats ivoiriens par la justice malienne.

Macky Sall, président de la République du Sénégal et président en exercice de l’Union africaine. © Romain Gaillard/REA

Macky Sall, qui est attendu ce lundi matin à Bamako, y sera accueilli par Assimi Goïta. Les deux hommes doivent ensuite s’entretenir au cours d’un échange à huis clos au palais présidentiel, avant un déjeuner officiel. Le président en exercice de l’Union africaine et le président de la transition malienne ont par ailleurs prévu de tenir une conférence de presse commune à l’issue de leur rencontre.

Soldats ivoiriens

Cette « visite d’amitié et de travail », la première du président de l’Union africaine au Mali depuis la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, intervient dans un contexte tendu entre les autorités maliennes et l’organisation panafricaine. Parmi les nombreux sujets à l’ordre du jour, le cas des 49 soldats ivoiriens arrêtés le 10 juillet sera au cœur des discussions.

Le vendredi 12 août, les soldats ivoiriens, détenus depuis plus d’un mois à Bamako, ont été inculpés pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État » et placés sous mandat de dépôt. Abidjan assure qu’ils étaient en mission pour l’ONU dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et exige leur libération.

Négociations difficiles

La négociation semblait pour l’instant la voie privilégiée pour obtenir la libération de ces soldats, arrêtés à leur arrivée à l’aéroport de Bamako. Le Togo joue le rôle de médiateur entre la Côte d’Ivoire et le Mali, mais les premières négociations, le 28 juillet à Lomé, n’ont pas permis d’enregistrer de progrès.À LIRECôte d’Ivoire-Mali : la difficile médiation de l’ONU pour la libération des soldats ivoiriens

Selon une source proche des discussions engagées sous l’égide du Togo, citée par l’Agence France-Presse, « les discussions pourtant avancées ont buté sur certains points, ce qui peut expliquer ce retour judiciaire en force dans le dossier ». « La justice va continuer son travail, mais les négociations vont continuer aussi », a-t-elle ajouté.

Par Jeune Afrique avec AFP