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Canicule : comment éviter le coup de chaud

juillet 17, 2022

Que se passe-t-il dans notre corps lors d’une exposition prolongée à des températures trop élevées ? Éléments de réponse avant le prochain épisode.

Une vague de chaleur arrive sur la France, avec des températures qui vont frôler les 40 °C. Les personnes âgées et les enfants peuvent y être particulièrement vulnérables… mais on oublie souvent que ces affections liées à la chaleur peuvent survenir même chez une personne jeune et en bonne santé, bien hydratée. Il suffit que la chaleur soit plus forte que ce que le corps peut supporter.

Le coup de chaleur (hyperthermie) survient lorsque la capacité de notre corps à dissiper la chaleur est dépassée et qu’il n’arrive plus à se refroidir. Cela peut être dû à un exercice intense comme à la température élevée de l’environnement, au fait d’être dans une ambiance chaude (voiture fermée, etc.) Pour contrer la surchauffe, nous augmentons notre production de sueur et les petits vaisseaux sanguins de notre peau se dilatent pour faire remonter la chaleur à sa surface afin de l’évacuer. Une ambiance chaude et humide atténue toutefois son efficacité.

Que se passe-t-il dans notre corps lors d’une exposition prolongée à des températures trop élevées ?

Voici les étapes de ce « malaise thermique » et ce qui amplifie le risque d’en être la victime. Les crampes sont le premier stade de ce processus, suivies de l’épuisement et, finalement, survient le coup de chaleur proprement dit.

Plusieurs niveaux de risque : léger, modéré, grave

Le coup de chaleur peut être grave et entraîner des lésions cérébrales, un coma et la mort s’il n’est pas pris en charge. Il se caractérise par une augmentation considérable de la température du corps, qui peut alors s’élever à plus de 40 °C.

Les personnes atteintes d’hyperthermie deviennent peu à peu confuses, irritables, voire agressives, ont des maux de tête, des vertiges et parfois des hallucinations. Leur peau est rougie, elles ressentent une soif intense. Elles peuvent avoir des difficultés à marcher, des tremblements musculaires, un pouls supérieur à 130 battements par minute, souffrir de nausées et respirer plus vite que la normale.

Cette constellation de symptômes peut donner l’impression d’une prise de cocaïne ou d’une réaction à un médicament comme l’aspirine, à une infection ou à un sevrage alcoolique.

Quels symptômes ?

Toute victime d’un coup de chaleur doit voir sa température corporelle abaisser immédiatement. Pour ce faire, elle doit être placée à l’ombre, déshabillée, et de l’eau, chaude de préférence, peut être pulvérisée sur son corps avec un ventilateur dirigé vers elle. L’eau chaude est utilisée pour éviter de provoquer des frissons, qui sont un mécanisme du corps pour générer de la chaleur.

Le refroidissement doit être interrompu lorsque la température corporelle revient autour de 39 °C afin d’éviter le passage à un état hypothermique, c’est-à-dire lorsque la température centrale du corps devient trop basse. Presque toutes les personnes atteintes d’un coup de chaleur sont admises à l’hôpital pour surveiller les électrolytes dans le sang (sodium, potassium…) et leur niveau d’hydratation, ainsi que pour évaluer d’autres risques de problèmes, tels que le dysfonctionnement d’un organe.

Les autres atteintes dues à la chaleur ne sont pas aussi lourdes. Elles peuvent, par exemple, se limiter à des crampes de chaleur : des contractions douloureuses des grands groupes musculaires (jambes, ventre…) qui résultent de la pratique inappropriée d’une activité physique intense dans la chaleur et d’une hydratation insuffisante. Les crampes de chaleur n’affectent pas nos capacités mentales et ne font pas trop monter notre température.

La consommation d’alcool, la fatigue et le fait d’être malade avant de faire de l’exercice augmentent le risque de souffrir de crampes et d’autres effets secondaires liés à la chaleur. Il n’y a pas de traitement spécifique, hormis se reposer, se mettre dans un environnement frais et revenir à une hydratation adéquate. Si la déshydratation était importante, le recours à une perfusion intraveineuse peut être envisagé.

Les principaux organes ne sont que très peu affectés

L’épuisement dû à la chaleur est une atteinte modérée impliquant une déshydratation et une hyperthermie mineure : la température du corps s’élève, mais reste alors généralement inférieure à 40 °C. Les personnes touchées peuvent avoir des nausées, des vomissements, des vertiges, des signes de déshydratation – et de la fatigue, donc. Les fonctions cérébrales ne sont pas affectées.

Le traitement est le même que pour les crampes et le pronostic est excellent, car les principaux organes ne sont que très peu affectés. Il peut être préférable d’être examiné par un médecin, sans que cela entraîne forcément une hospitalisation.

Notre système de refroidissement

Notre corps fonctionne au mieux avec une température interne de 37 °C. Pour maintenir une température constante, il utilise divers mécanismes homéostatiques. En cas de froid, les frissons lui servent ainsi à générer de la chaleur.

En cas de chaleur, notre corps doit dissiper cette dernière pour rester dans sa zone optimale de fonctionnement. Pour se refroidir, il utilise la respiration, la conduction, la convection, la transpiration et l’évaporation et le rayonnement. Selon la température, la zone du corps, si nous pratiquons de l’exercice ou pas, le taux de chaleur évacué varie beaucoup.

La conduction implique un contact physique direct avec des objets plus froids. Un exemple serait de prendre entre vos mains un verre d’eau glacée. Mais ce mécanisme ne vaut, en moyenne, que pour 2 à 3 % de la chaleur que nous perdons. La convection, qui représente environ entre 10 et 20 % de la perte de chaleur, implique le transfert de la chaleur à l’air ou l’eau autour de nous. Notamment lorsque nous utilisons un ventilateur pour brasser de l’air frais, que nous prenons une douche froide, etc.

Environ 30 % de notre perte de chaleur provient de l’évaporation. Nous avons pour cela recours à la transpiration, mais d’autres animaux disposent de mécanismes différents : les chiens halètent, les kangourous lèchent leurs avant-bras, etc.

Le rayonnement est notre moyen le plus important de perdre de la chaleur. Il transfère la chaleur de notre corps sous forme d’ondes électromagnétiques et peut représenter environ 40 % de la perte de chaleur. Malheureusement, dès que la température ambiante dépasse 35 °C, le rayonnement perd en efficacité.

Tous ces mécanismes régulateurs peuvent être influencés par d’autres facteurs, notamment l’humidité, nos vêtements, notre hydratation, etc.

Prévenir le coup de chaud

Des recherches ont été menées sur les facteurs génétiques qui prédisposent certaines personnes à être plus vulnérables à la chaleur. Certains médicaments semblent aider à prévenir ces effets lors de tests sur des animaux. Mais la clé pour lutter contre la hausse de la température et ses conséquences est la prévention.

Réduisez au minimum vos activités intenses par temps chaud, adaptez votre environnement en restant dans des bâtiments climatisés ou bien aérés, baissez stores et volets, utilisez des ventilateurs, hydratez-vous et limitez votre consommation d’alcool et de médicaments.

Les nourrissons, les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies chroniques ne peuvent pas forcément moduler leur exposition à la chaleur aussi bien que les autres, et doivent prendre des précautions particulières.

Les athlètes doivent également être conscients des risques qu’ils courent à pratiquer dans ces conditions.

Par conséquent, les jours de grande chaleur, prenez une bouteille d’eau glacée, dirigez-vous vers un environnement intérieur frais et optez pour une activité calme si vous voulez éviter d’être victime de la chaleur.

*Professeur assistant aux urgences, université d’Arizona

Avec Le Point par Par Brian Drummond par The Conversation France

Mondiaux d’athlétisme : ces Africains qui peuvent faire la différence sur le sprint

juillet 16, 2022

PRONOSTICS. À Eugene aux États-Unis, où commencent les Championnats du monde d’athlétisme, certains athlètes africains pourraient véritablement donner le tempo.

Le Kenyan Ferdinand Omanyala, champion d'Afrique du 100 m.
Le Kényan Ferdinand Omanyala, champion d’Afrique du 100 m.© TONY KARUMBA / AFP

Alors que le continent africain est reconnu pour ses coureurs de fond et de demi-fond, des talents émergent sur le sprint mondial. De quoi créer des surprises ? L’avenir nous le dira.

Ferdinand Omanyala (26 ans, Kenya, 100 m H)

Nouvel homme fort du sprint africain, Omanyala avait fait sensation en 2021 avec un nouveau record d’Afrique et un temps de 9’77 réalisé lors du meeting de Nairobi, le plaçant alors à la 8e place des meilleures performances mondiales de l’histoire. Toutefois, ses chances de médaille ont été sérieusement compromises par ses difficultés d’obtention de visa pour les États-Unis. Alors que sa situation s’est décantée ces dernières heures, Omanyala devrait arriver à Eugene à moins de trois heures du premier tour du 100 m, 2 h 40 plus précisément. En prenant en compte les différentes formalités à l’entrée sur le territoire américain, sa présence lors de la première course est très incertaine.

Akani Simbine (28 ans, Afrique du Sud, 100 m H)

Ancien recordman d’Afrique (9’84), Simbine est toujours à la recherche de sa première médaille dans une compétition mondiale. Cinquième aux Jeux de Rio, puis aux Championnats du monde de Londres et de Doha, avant de finir 4e aux Jeux olympiques de Tokyo, cette année est l’opportunité pour lui de réaliser un pas de plus. Toutefois, avec un meilleur temps de la saison à 10’02 lors du meeting de Stockholm comptant pour la Diamond League, il devra sans aucun doute élever son niveau de jeu pour accrocher une place sur le podium.

Joseph Paul Amoah incarne la relève du sprint ghanéen, après la génération des années 1960 et 1970.© JAVIER SORIANO / AFP

Benjamin Azamati (24 ans) et Joseph Paul Amoah (25 ans) (Ghana, 100 m H, relai 4 x 100 m)

Sur la courbe ascendante depuis sa première course sous les 10 secondes, le sprinteur ghanéen Benjamin Azamati a amélioré le record de son pays en passant de 9’97 à 9’90. Il avait également atteint les 9’86, non homologué en raison d’un vent trop favorable. Il s’est également distingué en s’imposant lors du meeting de Charléty. En compagnie de son compatriote Joseph Paul Amoah, qui a réalisé 9’94 sur 100 m, le Ghana tentera de continuer sa marche en avant sur le relais 4 x 100 m, pour lequel il réalise des progrès notables ces dernières années. À noter que tous deux ont participé aux tournois NCAA et ne seront pas dépaysés par la tenue de ces Championnats du monde en Oregon.

À LIRE AUSSIJO de Tokyo : ces sprinteurs africains qui pourraient créer la surprise

Letsile Tebogo (19 ans, Botswana, 100 m – 200 m H)

Champion du monde sur 100 m et médaillé d’argent sur 200 m chez les juniors en 2021, Tebogo a réussi son entrée dans la cour des grands en remportant son premier titre de champion d’Afrique sur 200 m il y a quelques semaines aux îles Maurice. Avec un record personnel à 9’96, s’il est prématuré d’ambitionner une médaille cette année, il pourrait faire parler de lui dans les années à venir et cette édition des championnats pourrait lui permettre de se faire connaître.

Le Botswanéen Letsile Tebogo, 18 ans, s’est emparé à Gaborone du record du monde juniors du 100 m avec un chrono de 9 sec 96/100e (vent: +1,9 m/s), améliorant d’1/100e le précédent record de l’Américain Trayvon Bromell datant de 2014.© SIMON MAINA / AFP

Joseph Fahnbulleh (20 ans Liberia, 100 m – 200 m H)

Après une participation aux Jeux olympiques de Tokyo, dans laquelle Fahnbulleh avait accédé à la finale grâce à un temps qualificatif de 19’99, le jeune sprinteur libérien a continué sa progression. Élu athlète de l’année en NCAA, le tournoi américain universitaire, Fahnbulleh a réalisé le doublé sur 100 m et 200 m et se présentera sur les deux disciplines. Néanmoins, étant plus adapté au demi-tour de piste, il présente logiquement plus de chances sur 200 m où il a réalisé son record personnel avec un temps de 19’83 pour remporter le tournoi universitaire. Évoluer quasiment à domicile pourrait augmenter ses chances de performance dans ces Championnats du monde.

Luxolo Adams (26 ans, Afrique du Sud)

Avec un temps de 19’82 réalisé au meeting de Paris, l’athlète sud-africain est descendu sous la barre des vingt secondes pour la première fois de sa carrière. Âgé de 26 ans, Adams, médaillé de bronze aux Championnats d’Afrique de 2018, a une trajectoire de late bloomer, signifiant l’éclosion tardive. Véritable inconnue de la compétition, à voir s’il saura élever son niveau de jeu et améliorer son record pour se faire une place dans la discussion.

Wayde Van Niekerk (30 ans, Afrique du Sud, 400 m H)

Après des années très difficiles, le recordman du monde du 400 m, champion olympique à Rio et champion du monde à Londres, se remet progressivement de la terrible blessure aux ligaments qu’il a contractée alors qu’il jouait un match de rugby et qui l’a éloigné des pistes entre 2017 et 2020. Pour son retour à la compétition internationale, il avait logiquement été éliminé en demi-finales des Jeux de Tokyo, avec un temps de plus de 45 secondes, loin de son meilleur niveau. Dans la quête d’un retour à un niveau conforme à ses standards, ces Championnats du monde sont une chance pour lui de continuer sa progression. Avec un record de la saison en 44’58 réalisé il y a quelques jours, accrocher une place en finale serait déjà une première victoire.

Le Sud-Africain Wayde Van Niekerk, recordman du monde et champion olympique en 2016.© JAVIER SORIANO / AFP

Marie José Ta Lou (33 ans, Côte d’Ivoire, 100 m F)

La double championne d’Afrique, médaillée de bronze à Doha et d’argent (sur 100 m et 200 m) aux mondiaux de Londres, court encore après son premier sacre dans un tournoi mondial. Faisant face à la domination grandissante des sprinteuses jamaïcaines, la tâche devient de plus en plus âpre. N’étant pas descendue sous les onze secondes, elle réserve sans doute le meilleur pour la compétition, d’autant plus que son record personnel 10’78 (avec un vent légèrement défavorable) remonte aux tours qualificatifs des Jeux olympiques.

Au sommet de sa carrière, elle a d’ailleurs exprimé sa pensée par rapport aux soucis rencontrés par ses collègues, notamment ceux venant d’Afrique quant à l’attribution de visas : « En tant qu’athlète, vous travaillez dur pour être qualifié pour les Championnats du monde, et après vous avez un problème de visa… » a-t-elle écrit sur ses réseaux sociaux. Comment veulent-ils que les athlètes soient performants ? Une situation qui ne leur permet pas d’arriver sur un pied d’égalité dans la compétition. L’athlète gambienne Gina Bass, championne d’Afrique sur 100 m, se retrouve dans cette situation, pour ne citer qu’elle.

Flavour Ofili (19 ans, Nigeria, 200 m F)

Détentrice de la 4e performance mondiale de l’année sur 200 m avec un temps de 21’96, réalisée lors du tournoi NCAA, la sprinteuse nigériane de LSU, considérée comme un grand espoir du continent, a une opportunité de remporter sa première médaille intercontinentale chez les séniors. Alors qu’elle devait prendre part aux Jeux olympiques l’an passé, un non-respect des procédures pré-olympiques de test antidopage de la part de la fédération nigériane a abouti à la disqualification de 10 athlètes, dont elle.

Tobi Amusan (25 ans, Nigeria, 100 m haies F)

Aux pieds du podium aux Championnats du monde de Doha, puis aux Jeux olympiques de Tokyo, Amusan a conservé une régularité lui permettant d’espérer franchir ce cap. Si la championne portoricaine Jasmine Camacho-Quinn semble dominer la discipline sans partage, la compétition pour le podium fait rage sur le 100 m haies. Avec la troisième meilleure performance de l’année (12’42), également son record personnel, réalisée au meeting de Charléty, la coureuse nigériane peut légitimement espérer enrichir son palmarès après l’or récolté aux Championnats d’Afrique (2018 et 2022), les Jeux africains (2019).

La Nigériane Tobi Amusan, récente recordwoman d’Afrique (12.41).© MICHELE MARAVIGLIA / NurPhoto via AFP

Les Namibiennes Christine Mboma et Béatrice Masilingi absentes

Malheureusement, les forfaits des deux sensations namibiennes Christine Mboma et Béatrice Masilingi viennent réduire les possibilités africaines de médaille. Avec une performance de 21’87 réalisée en avril passé, Mboma détient la troisième meilleure performance mondiale de l’année et semblait la plus apte à bouleverser les pronostics annonçant un duel entre les Jamaïcaines Elaine Thompson-Hebrah, Fraser Pryce, la détentrice de la meilleure performance mondiale de l’année Shericka Jackon (21’55), et l’Américaine Abby Steiner (21’77).

Avec Le Point par Abdoulaye A. Sall

Dopage: du sel et du Nescafé pour truquer les résultats

décembre 9, 2016

Le juriste Richard McLaren a détaillé les méthodes qui permettaient aux athlètes russes de contourner les contrôles antidopage.

Richard McLaren a détaillé les pratiques pour fausser les résultats utilisés par des athlètes russes.

Richard McLaren a détaillé les pratiques pour fausser les résultats utilisés par des athlètes russes. Image: AFP

Le rapport McLaren, sur le système de dopage institutionnalisé en Russie, met en lumière une méthode artisanale, à base de sel et de Nescafé pour fausser les résultats des contrôles effectués en amont des JO de Londres en 2012.

Cette manipulation originale concerne les échantillons prélevés avant les JO 2012 et ensuite conservés, en vue d’une éventuelle réanalyse, par le laboratoire de Moscou, alors dirigé par le Dr. Rodtchenkov.

Le 27 septembre 2012, après la tenue des JO, M. Rodtchenkov reçoit l’ordre de l’AMA d’envoyer un certain nombre d’échantillons vers le Laboratoire de Lausanne (Suisse).

Retrouver l’apparence de l’échantillon B

«Cela inquiétait M. Rodtchenkov car il savait qu’ils étaient sales et qu’ils se révèleraient positifs» alors que le laboratoire avait spécifié qu’ils étaient négatifs dans le système informatique ADAMS de l’Agence mondiale antidopage.

«Le Dr Rodtchenkov savait que 10 de ces échantillons étaient sales, mais quand le laboratoire (de Moscou) a voulu les remplacer (par des urines propres) ils se sont aperçus qu’ils ne disposaient d’urine propre que pour 8 de ces athlètes».

«Le Dr Rodchenkov a remplacé les urines sales de huit athlètes. Puis il a modifié les échantillons en les diluant avec de l’eau, en ajoutant du sel, du dépôt ou des granules de Nescafé si nécessaire pour retrouver la concentration et l’apparence de l’échantillon B», prélevé au moment du contrôle.

Ancien directeur du laboratoire de Moscou, le Dr Grigori Rodtchenkov a révélé en mai au New York Times l’implication des services secrets russes dans la triche organisée aux JO de Sotchi, déclenchant l’enquête menée par Richard McLaren. (afp/Le Matin)

Lematin.ch(Créé: 09.12.2016, 12h48)

Au Kenya, « les dirigeants de la fédération d’athlétisme ont volé beaucoup d’argent »

décembre 1, 2015

KENYA

Lors de l’occupation des locaux de la Fédération kényane d’athlétisme par des athlètes, à Nairobi, le 23 novembre 2015. Crédits : Noor Khamis/REUTERS
Après la Russie, la Fédération kényane subit actuellement une pression accrue de l’Agence mondiale antidopage (AMA). La commission d’éthique de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a annoncé, lundi 30 novembre, la suspension provisoire de trois responsables de la Fédération du Kenya (AK), dont son président Isaiah Kiplagat, « dans l’intérêt de l’intégrité du sport ».

Julius Ndegwa, secrétaire de l’Association des athlètes professionnels du Kenya (PAAK), est coureur de 800 m, 1 500 m et 10 000 m. Il a mené le 23 novembre, la soixantaine d’athlètes qui ont envahi et occupé les locaux de la Fédération kényane d’athlétisme, exigeant le licenciement des officiels accusés de corruption et d’encourager le dopage.

Le Kenya, vainqueur des Mondiaux d’athlétisme de Pékin, au mois d’août, est aujourd’hui menacé de suspension lors des prochains Jeux olympiques de Rio de 2016.

La Fédération internationale d’athlétisme a suspendu le président Isaiah Kiplagat ainsi que David Okeyo, vice-président, et Joseph Kinyua, trésorier. Est-ce une victoire pour vous ?

Julius Ndegwa Absolument ! C’est une nouvelle très positive, c’est le résultat d’une lutte que nous menons depuis longtemps. Maintenant, nous allons pouvoir installer à la tête de la Fédération kényane des dirigeants propres et transparents. Nous remercions le président de l’IAAF, Sebastian Coe, qui a fait un travail formidable.

Les dirigeants suspendus ont volé de l’argent, beaucoup d’argent. David Okeyo, par exemple, est soupçonné d’avoir détourné 700 000 dollars (650 000 euros) d’un contrat de partenariat entre la Fédération kényane et Nike. On a les preuves, les reçus. Ces gens ont mis notre sport et notre pays en danger.

Vous avez occupé la semaine dernière les locaux de la Fédération kényane d’athlétisme. Au-delà de la suspension des dirigeants, qu’avez-vous obtenu ?

Le mouvement a été un succès. Nous allons soumettre un mémorandum au gouvernement avec tout ce que nous reprochons à la fédération.

Plus important encore, nous avons obtenu que les statuts de la fédération soit amendés, afin qu’ils respectent les valeurs de l’athlétisme. Il faut qu’AK se démocratise, que tous les athlètes puissent participer à l’élection de ses dirigeants. Aujourd’hui, seuls 39 membres peuvent élire son président.

L’autre problème que vous soulevez est celui du dopage. Depuis 2012, une trentaine d’athlètes kényans ont été suspendus…

Les sportifs ne sont pas innocents. Aujourd’hui, il faut que les athlètes sortent, qu’ils dénoncent le système, comme Rita Jeptoo [qui a remporté trois fois le marathon de Boston, a été suspendue pour deux ans après un contrôle positif à l’EPO]. Beaucoup d’athlètes subissent une énorme pression, ils paient beaucoup d’argent pour que la fédération les laisse tranquilles et évite les contrôles antidopage. C’est un énorme business dont personne ne parle.

Selon vous, y avait-il des athlètes dopés parmi les vainqueurs des Mondiaux de Pékin ?

Laissons les enquêteurs enquêter. Ceux qui gagnent une médaille d’or sont innocents, jusqu’à preuve du contraire. Au Kenya, nous avons énormément d’athlètes talentueux qui peuvent courir des temps incroyables sans se doper.

Nike est le sponsor officiel de l’athlétisme kényan. Comment jugez-vous son rôle dans ces affaires de dopage et de corruption ?

Je ne pense pas que Nike soit impliqué là-dedans.

Eliud Kipchoge, vainqueur des marathons de Londres et de Berlin, a traité votre mouvement de « honte totale ». Le champion Augustine Choge a déclaré qu’il était « regrettable que quelques individus qui prétendent être des athlètes se rendent eux-mêmes justice ». On ne peut pas dire que vous soyez vraiment soutenu par les stars de l’athlétisme kényan…

Deux personnes ne peuvent pas représenter 15 000 athlètes. S’ils pensent que leur argent ou leur nom peuvent venir nous diviser dans notre lutte, il vaudrait mieux qu’ils renoncent. Nous devons maintenir l’unité des athlètes. Ces gens devraient venir nous présenter leurs excuses.

Malgré la sanction qui a frappé les trois dirigeants de l’AK, le Kenya est toujours menacé d’être suspendu aux J.O. de 2016. Qu’en pensez-vous ?

Nous, les athlètes, avons joué notre rôle. C’est maintenant au gouvernement d’agir. A ceux qui veulent nous suspendre, je dis que cette décision ferait plus de mal que de bien à l’athlétisme kényan. Ceux qui vont souffrir de cette décision, ce seront les coureurs, tous ces gens talentueux et pleins d’espoir. Je dis aux dirigeants de l’athlétisme : laissez-nous une chance de nous amender, laissez-nous parler aux athlètes, aidez-nous à leur transmettre les valeurs du sport.

Lemonde.fr propos recueillis par Bruno Meyerfeld (contributeur du Monde Afrique, Nairobi)