Les Forces démocratiques alliées, affiliées au groupe État islamique, ont mené des attaques simultanées contre trois villages d’Ituri. Au moins quinze personnes ont été tuées, selon un bilan provisoire.
Une semaine après avoir tué au moins 23 personnes dans le Nord-Kivu, les Forces démocratiques alliées (ADF) ont de nouveau frappé dans l’est de la RDC. Des attaques contre trois villages d’Ituri, attribuées aux milices affiliées au groupe État islamique (Daesh), ont fait au moins 15 morts le 29 janvier, a-t-on appris de sources locales. Un attentat à la bombe dans une église pentecôtiste du Nord-Kivu, également attribué aux ADF, avait fait au moins 14 morts le 15 janvier.
« Il y a eu des attaques simultanées ce dimanche de 04 h à 05 h dans 3 villages sur le tronçon Komanda-Luna en chefferie de Walese Vonkutu », a relaté Dieudonné Malangai, acteur de la société civile de cette chefferie en territoire d’Irumu. « Au village Manyala, nous avons retrouvé sept corps […], à Ofay, il y a huit morts dont sept femmes », a-t-il précisé, soulignant que ce bilan était provisoire.
Une source humanitaire a confirmé sept morts à Manyala et « au moins huit » à Ofay. Ils « ont aussi attaqué le village Bandibese, mais ils ont trouvé une résistance des militaires qui sont intervenus et donc là, il n’y a eu aucun civil tué », a également précisé Dieudonné Malangai.
État de siège
Pour tenter de stopper les violences, le gouvernement a placé en mai 2021 le Nord-Kivu et l’Ituri en « état de siège », une mesure exceptionnelle qui a remplacé les administrateurs civils par des policiers et militaires. Depuis la fin de 2021, une opération conjointe entre les armées congolaise et ougandaise cible par ailleurs les ADF en territoire congolais. Mais les violences continuent. Actifs dans ces deux provinces et considérés comme l’un des groupes armés les plus meurtriers de l’est de la RDC, les ADF sont présentés par le groupe jihadiste État islamique comme sa branche en Afrique centrale.
De nombreux autres groupes armés écument également ces deux provinces, notamment la milice communautaire Codeco en Ituri. Celle-ci est accusée d’avoir tendu le 27 janvier à l’armée congolaise une embuscade qui, selon l’armée, a tué cinq soldats dont deux colonels. La force de l’ONU en RDC, la Monusco, a évoqué de son côté 15 militaires tués, une source sécuritaire établissant le bilan, sous couvert d’anonymat, à 17 morts.
La Russie a accusé lundi l’Ukraine d’attaquer son territoire, notamment en lançant un drone contre une base aérienne en territoire russe, à des centaines de kilomètres du front, deuxième opération du genre ce mois-ci. Les services de sécurité russes (FSB) ont aussi affirmé avoir « éliminé » des « saboteurs » ukrainiens qui tentaient d’entrer depuis l’Ukraine dans la région russe de Briansk.
Les autorités ukrainiennes n’ont fait aucun commentaire, comme à leur habitude, sur ces deux incidents. Selon les agences de presse russes, un drone ukrainien a été abattu alors qu’il s’approchait, dans la nuit, de la base d’Engels dans la région de Saratov, soit à quelque 600 km de l’Ukraine.
« À la suite de la chute de l’épave du drone, trois techniciens russes qui se trouvaient sur l’aérodrome ont été mortellement blessés », selon l’agence TASS citant le ministère de la Défense. Ce bilan de trois soldats tués a été confirmé par le gouverneur régional, Roman Boussarguine, sur son compte Telegram.
Quatre saboteurs ukrainiens éliminés
Le 6 décembre, cette même base d’Engels, qui abrite des bombardiers stratégiques russes, avait été visée par des drones ukrainiens, selon Moscou, témoignant de la capacité de certains appareils ukrainiens à tromper les défenses antiaériennes russes. Le FSB a aussi affirmé lundi qu’un groupe de « saboteurs » ukrainiens avait tenté de pénétrer dimanche en territoire russe, dans la région de Briansk, frontalière de l’Ukraine, en possession d’armes et explosifs.
« À l’issue d’affrontements armés le 25 décembre, quatre saboteurs ont été éliminés », a indiqué le FSB, qui a également la charge de la protection des frontières. Une vidéo, diffusée par l’agence de presse Ria-Novosti et attribuée au FSB, montre des cadavres ensanglantés, entourés d’armes et vêtus de tenues de camouflage hivernal. L’Agence France-Presse n’a pas été en mesure de confirmer ces informations de source indépendante. Ces derniers mois, la Russie a accusé Kiev de nombreuses attaques contre des sites militaires et des infrastructures importantes.
L’attaque au camion piégé qui avait partiellement détruit le pont de Crimée, reliant cette péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014 au territoire russe, avait constitué début octobre un camouflet pour le Kremlin, qui enchaînait aussi les revers sur le champ de bataille. Kiev n’a jamais confirmé son implication dans l’explosion sur ce viaduc, mais celle-ci a conduit Vladimir Poutine à multiplier les frappes contre l’infrastructure énergétique ukrainienne. Aujourd’hui, des millions de civils doivent vivre, en plein hiver, avec seulement quelques heures d’électricité par jour. Une large part de la population est aussi confrontée à des coupures de chauffage urbain et d’eau courante.
Exclure la Russie de l’ONU
C’est dans ce contexte que l’Ukraine a appelé lundi à l’exclusion de la Russie de l’ONU. « L’Ukraine appelle les États membres de l’ONU […] à priver la Fédération de Russie de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et à l’exclure de l’ONU dans son ensemble », a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Dimanche, le président russe Vladimir Poutine avait une fois encore cherché à justifier son offensive militaire contre l’Ukraine qui dure depuis plus de 10 mois au prix de lourdes pertes. Selon lui, l’Occident se servait de l’Ukraine comme d’une tête de pont pour menacer la Russie. « Tout est basé sur la politique de nos adversaires géopolitiques, qui vise à diviser la Russie, la Russie historique », a dénoncé Vladimir Poutine, assurant vouloir « unir le peuple russe » qui comprend selon lui les Ukrainiens.
Selon lui, l’armée russe « agit dans la bonne direction », malgré un automne catastrophique pour Moscou, qui a vu des contre-offensives ukrainiennes reprendre au nord, à l’est et au sud des territoires occupés par les forces russes. Les Ukrainiens ont surpris la Russie en résistant avec acharnement depuis 10 mois à l’armée russe. Les forces ukrainiennes ont aussi pu enchaîner les succès militaires depuis septembre grâce à une aide militaire et financière croissante de l’Occident.
Faute de trêve pour les fêtes de fin d’année, bombardements et combats se poursuivaient toujours en Ukraine. Ces derniers jours, la ville de Kherson, reconquise le 11 novembre par l’armée ukrainienne, a été particulièrement visée, avec notamment le bombardement samedi du centre-ville qui a provoqué la mort de dix personnes.
Selon la présidence ukrainienne, des localités des alentours ont été frappées dimanche, mais sans faire de morts. Revenant sur le bilan sanglant à Kherson, M. Zelensky a souligné que les Ukrainiens devaient « être conscient[s] » que la Russie s’efforçait de leur imposer une fin d’année « sombre et difficile ».
Le président congolais Félix Tshisekedi a fustigé samedi 10 décembre des « velléités expansionnistes du Rwanda », qu’il a de nouveau accusé de soutenir le M23.
« L’année 2022 a été le témoin de la résurgence des velléités expansionnistes du Rwanda sous couvert du M23 », a déclaré le chef de l’État lors de son discours sur l’état de la nation prononcé devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès.
La RDC est victime d’une « agression sans équivoque par le Rwanda », a-t-il insisté. Depuis près de 30 ans, l’est congolais est en proie aux violences en raison de la présence de nombreux groupes armés « dans l’indifférence quasi totale de la communauté internationale », a estimé Félix Tshisekedi.
Massacre
Le M23 (« Mouvement du 23 mars ») a repris les armes en fin d’année dernière et conquis de larges portions d’un territoire du nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Depuis, la RDC accuse son voisin rwandais de soutenir le M23, ce qu’ont établi des experts de l’ONU. Mais Kigali dément, accusant en retour Kinshasa de collusion avec les FDLR, un mouvement constitué par certains auteurs du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.
Une enquête préliminaire de l’ONU rendue publique jeudi impute un massacre d’au moins 131 civils (dont 17 femmes et 12 enfants), au M23. Selon cette enquête, les victimes ont été exécutées arbitrairement par balle ou à l’arme blanche fin novembre à Kishishe et Bambo, deux villages dans l’est de la RDC.
Élection
Les relations déjà conflictuelles entre la RDC et le Rwanda se sont dégradées. Parmi les différentes initiatives diplomatiques lancées pour tenter de résoudre cette crise, un sommet organisé le 23 novembre à Luanda avait décidé d’un cessez-le-feu le 25 au soir, suivi deux jours plus tard d’un retrait du M23 des zones conquises. Faute de quoi, la force régionale est-africaine en cours de déploiement dans le Nord-Kivu interviendrait pour déloger les rebelles. Mais jusqu’à présent, ces derniers gardent les positions conquises.
Félix Tshisekedi a, par ailleurs, affirmé que l’année 2023 sera essentiellement électorale. La présidentielle est fixée au 20 décembre 2023, et le président congolais a déjà exprimé son intention de se représenter.
« Le respect des cycles électoraux demeure une exigence pour la consolidation de notre jeune démocratie encore fragile, a-t-il dit. Le gouvernement, tout en restant ouvert à l’accompagnement des partenaires (…), finance à 100% l’organisation des élections ».
Deux bases aériennes russes, situées dans le centre du pays, ont été lundi la cible de drones ukrainiens qui ont fait trois morts, a affirmé le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Lundi matin, « le régime de Kiev […] a tenté d’effectuer des frappes avec des drones de conception soviétique sur la base aérienne de Diaguilevo dans la région de Riazan et celle d’Enguels dans la région de Saratov », indique le texte.
Si ces « drones à réaction » ont été interceptés par les systèmes russes de défense antiaérienne, leurs débris sont tombés sur le territoire des bases aériennes attaquées en y provoquant des explosions et endommageant « légèrement » deux avions, selon le communiqué.
Trois morts
Trois militaires russes « ont été mortellement blessés » dans ces attaques et quatre autres ont été hospitalisés, selon la même source. Malgré ces attaques, « une frappe massive effectuée avec des armes de haute précision » à environ 12 heures lundi a visé des sites militaires ukrainiens et des infrastructures énergétiques liées aux forces ukrainiennes, précise le communiqué, en ajoutant que 17 cibles au total ont été touchées.
Un rapport d’experts missionnés par les Nations unies, transmis au Conseil de sécurité, affirme que l’armée rwandaise est intervenue dans l’est de la RDC, directement et en soutien à des groupes armés, depuis novembre 2021.
L’armée rwandaise a « lancé des interventions militaires contre des groupes armés congolais et des positions des Forces armées congolaises » depuis novembre 2021 et jusqu’en juin 2022, selon ce rapport transmis au Conseil de sécurité. Les experts indiquent que Kigali a également « fourni des renforts de troupes au M23 pour des opérations spécifiques, en particulier lorsque celles-ci visaient à s’emparer de villes et de zones stratégiques ». Les auteurs du rapport affirme avoir des preuves de l’implication directe du Rwanda « unilatéralement ou conjointement avec les combattants du M23 » dans l’est de la RDC.
Le M23, pour « Mouvement du 23 mars », ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013, a repris les armes en fin d’année dernière pour demander l’application d’un accord signé avec Kinshasa. Depuis fin mars, la fréquence et l’intensité des combats ont augmenté drastiquement et le M23 s’est emparé de pans du territoire de Rutshuru, jusqu’à une dizaines de kilomètres au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.
« Pas de doute », pour Tshisekedi
Les autorités congolaises accusent Kigali de soutenir ces rebelles, tandis que le Rwanda n’a cessé de démentir son implication. « Il n’y a pas de doute, le Rwanda a soutenu le M23 pour venir agresser la RDC », avait notamment affirmé Félix Tshisekedi, début juin. Le président rwandais Paul Kagame dénonce pour sa part une coopération entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Dans un entretien accordé à Jeune Afrique en juin dernier, Vincent Biruta, le ministre rwandais des Affaires étrangères, avait notamment affirmé que ces accusations relevait « d’un agenda politique intérieur » à la RDC et considéré que « le Rwanda sert de bouc émissaire ».
À la mi-juillet, des attaques d’une ampleur inédite ont frappé le pays, qui tente depuis de revoir son dispositif sécuritaire pour contenir la menace venue du Nord.
Ce 15 juillet, Faure Essozimna Gnassingbé assiste à un combat de lutte traditionnelle Evala dans sa ville natale de Kara lorsque, au milieu de la bataille, il doit se précipiter sur un autre front. Le président est attendu à Mandouri, dans la région des Savanes, frontalière avec le Burkina Faso, pour constater les dégâts d’une nouvelle attaque menée durant la nuit précédente par des groupes armés.
Sur place, des éléments des forces de défense et de sécurité déployés dans la zone rendent compte au chef de l’État de ces heures qui ont fait une vingtaine de morts. « En ces moments d’affliction, je réaffirme ma détermination à lutter contre le terrorisme, afin de protéger nos populations et garantir la paix et la quiétude », déclare-t-il alors. Face au péril jihadiste qui ne cesse de se faire plus pressant, le président joue la carte de la proximité et du patriotisme.
Dialogue
Juste après l’attaque, le 18 juillet, Faure Essozimna Gnassingbé a convié une quinzaine de ministres, notamment le général Yark Damehane (Sécurité et Protection civile), Essozimna Marguerite Gnakadè (Armées) et Sani Yaya (Économie et Finances), autour de la Première ministre Victoire Tomégah-Dogbé pour une série d’échanges avec les différentes couches sociales de la région des Savanes. Avant de présider lui-même un dialogue à Dapaong.
Sous une tente, debout et d’un ton rassurant, il s’est fait chef de guerre et à appeler à une alliance nationale face aux terroristes. « Le pire n’est jamais sûr dans ce domaine », a-t-il clamé. « Aucune mort, aucune vie n’est banale. Pour nous, c’est un drame, une tragédie, des morts de trop », a-t-il poursuivi.
Coopération avec les pays voisins
Alors que les groupes armés frappent de plus en plus les pays côtiers, le gouvernement vient d’annoncer des mesures urgentes dans certaines préfectures ou cantons de la région du Nord. Le bataillon d’intervention rapide (BIR) de Sokodé a été déplacé vers une base de Dapaong et a été pourvu de drones d’attaques turcs TB2, quand certains postes avancés ont vu leurs effectifs renforcés. Une coopération accrue avec le Burkina Faso et le Ghana en matière de renseignement a également été mise en place.
Le chef d’état-major togolais, le général Dadja Maganawé, a assuré que rien ne saurait faire fléchir l’armée, déterminée « à poursuivre la mission de défense du territoire ». Reste à savoir si elle peut réussir à éliminer une menace que les autres pays confrontés au même péril ont bien du mal à contenir.
Alors que des affrontements entre l’armée et les combattants du M23 se déroulent désormais à une vingtaine de kilomètres de Goma, le chef de la diplomatie congolaise a clairement pointé du doigt la responsabilité de Kigali. Le Rwanda dément toute action militaire en RDC.
L’inquiétude monte à Goma. « J’ai peur, je crains que le M23 arrive, il faut que l’armée repousse les rebelles », s’inquiète auprès de l’AFP Charlotte Kavira, vendeuse d’une trentaine d’années, à l’instar de nombreux habitants de la ville de l’Est de la RDC, où des renforts policiers sont visibles aux carrefours stratégiques. D’autres restent cependant confiants et poursuivent leurs activités, comme Muinguko Tulinabo, motard, qui considère que « la guerre est encore loin ».
« Des soupçons se cristallisent sur un soutien qu’aurait reçu le M23 de la part du Rwanda », déclarait mercredi soir le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, au sortir d’une réunion de crise autour du Premier ministre.
À cause de la situation sécuritaire, le président congolais Félix Tshisekedi a annulé sa venue au sommet de l’Union africaine à Malabo, qui s’ouvre ce vendredi 27 mai pour deux jours. Mais hier, depuis la Guinée équatoriale, son chef de la diplomatie, Christophe Lutundula, n’a pas mâché ses mots : « le Rwanda, je le dis sans hésitation, a attaqué le camp de Rumangabo », importante base des forces armées de RDC (FARDC) à une quarantaine de km au nord de Goma. Selon des sources locales, des combats se sont poursuivis jeudi 26 mai aux abords de ce camp, qui abrite le quartier général du parc national des Virunga, célèbre pour ses gorilles de montagne.
« Le M23 est soutenu par le Rwanda »
« Le M23 soutenu par le Rwanda a attaqué les troupes internationales » de l’ONU, a poursuivi le ministre, selon une vidéo mise en ligne par ses services. « C’est le summum de l’outrecuidance, nous ne pouvons pas rester indifférents, nous ne pouvons pas ne rien dire », a-t-il ajouté.
L’armée congolaise avait auparavant affirmé que « plus de 20 obus » venus de « l’Est » étaient tombés en territoire congolais, où des effets militaires dont les rebelles du M23 ne sont pas censés être équipés avaient par ailleurs été découverts. Elle ajoutait avoir demandé une enquête au Mécanisme de vérification conjoint élargi (MCVE), un organisme régional qui surveille et mène des enquêtes sur les incidents de sécurité dans la région des Grands Lacs.
Ancienne rébellion tutsi, le M23, pour « Mouvement du 23 mars », avait brièvement occupé Goma fin 2012 avant d’être vaincu l’année suivante par l’armée congolaise. Il est réapparu en fin d’année dernière, en reprochant aux autorités de Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.
Dans une déclaration de sa porte-parole Yolande Makolo, transmise à l’AFP, le gouvernement rwandais a réfuté les accusations congolaises. « Alors qu’il serait légitime que le Rwanda réponde aux attaques répétées des FARDC sur son territoire, il n’est pas impliqué dans les combats en cours », affirme Kigali, en qualifiant ces affrontements de « conflit intra-congolais ».
Les relations historiquement compliquées entre Kinshasa et Kigali s’étaient apaisées après l’arrivée au pouvoir, début 2019, de Félix Tshisekedi. Mais la résurgence du M23 a ravivé les tensions.
Depuis mardi, un nouveau front a été ouvert, lorsque des combats ont éclaté autour de Kibumba, à une vingtaine de km au nord de Goma, provoquant de nouveaux déplacements de populations et la coupure de la RN4, axe vital pour l’approvisionnement de la ville. La région de Kibumba était calme jeudi 26 mai, mais la route demeurait fermée.
Dans la ville, la tension était montée d’un cran la veille lorsqu’un haut responsable de la police, le général François-Xavier Aba van Ang, a encouragé les habitants à préparer leurs machettes pour se défendre. « La guerre contre l’ennemi doit devenir populaire », disait-il en lingala lors d’une parade de policiers.
Des organisations de défense des droits humains se sont émues de ces propos dans cette région ultrasensible. Sur Twitter, le porte-parole du gouvernement a lui aussi estimé que « le recours aux machettes, au discours de la haine, à la stigmatisation, est extrêmement dangereux et à bannir ».
Carl Girouard témoigne à son procès. (Archives) Photo : Illustration HBÉ
Carl Girouard, l’auteur des violentes attaques au sabre dans le Vieux-Québec en octobre 2020, a été déclaré coupable de meurtres au premier degré, vendredi.
Le jury qui avait commencé ses délibérations lundi vient de rendre son verdict, au palais de justice de Québec.
Carl Girouard est coupable des meurtres de François Duchesne, 56 ans et Suzanne Clermont, 61 ans.
Vendredi peu avant 14 h, l’accusé est arrivé dans la salle d’audience la tête haute. Avant de s’adresser à son avocat, il a balayé la salle du regard.
Une quarantaine de personnes étaient présentes dans la salle pour ce verdict très attendu. Lisa Mahmoud est la seule victime sur place. Elle avait témoigné lors du procès.
Lisa Mahmoud, le 19 avril 2022 au palais de justice de Québec (archives) Photo : Radio-Canada/Sylvain Roy Roussel
À l’énoncé du verdict, Carl Girouard a relevé la tête et jeté un coup d’œil furtif vers les 11 jurés.
Le jeune homme de 26 ans est automatiquement condamné à la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle. Il est également coupable de cinq tentatives de meurtre, après s’en être pris à des passants, le soir du 31 octobre 2020.
Avant de faire les observations sur la peine, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a demandé d’attendre la décision la semaine prochaine dans la cause du tueur de la grande mosquée, Alexandre Bissonnette.
Carl Girouard est entouré de policiers, dans le local d’admission de la détention au SPVQ, peu après son arrestation. (Archives) Photo : Radio-Canada/Capture d’écran/Vidéo fournie par le Service de la Police de la Ville de Québec
La maladie mentale au cœur des débats
Carl Girouard avait admis être l’auteur des attaques, tout en présentant une défense de non-responsabilité criminelle, en raison de troubles mentaux.
Le jury n’a donc pas adhéré aux arguments de son avocat qui avait présenté le témoignage du psychiatre Gilles Chamberland. Ce dernier avait diagnostiqué chez l’accusé une schizophrénie qui l’aurait entraîné dans un délire, l’empêchant de faire la différence entre le bien et le mal.
La poursuite avait répliqué avec les témoignages de deux experts, dont celui du psychiatre Sylvain Faucher.
Ce témoignage semble avoir convaincu le jury que l’accusé était pleinement conscient de ses actes, lorsqu’il a commis ses crimes.
Les policiers de la Ville de Québec ont procédé à l’arrestation de Carl Girouard dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, tout prêt de l’Espace 400e. (Archives) Photo : Reuters/Steve Jolicoeur
Lors du procès, Carl Girouard a témoigné s’être débattu avec ses deux personnalités, avant de passer à l’acte.
Il avait raconté s’être senti investi d’une mission pour changer le monde pour le mieux. Selon son récit, il devait créer un chaos pour faire un Nouveau Monde.
Le résident de Sainte-Thérèse avait commencé à élaborer ce plan six ans plus tôt.
Le jury était composé de 7 femmes et 4 hommes, un membre ayant été exclu au début des procédures après avoir contracté la COVID-19.
De nouvelles attaques ont été lancées sur la capitale ukrainienne à la suite du naufrage du Moskva.
Des frappes russes ont détruit un atelier de production de missiles sol-air dans l’usine Vizar, en banlieue de Kiev. Photo : AFP via Getty Images/Fadel Senna
Au lendemain du naufrage de son vaisseau amiral dans la mer Noire, la Russie a annoncé vendredi sa volonté d’intensifier ses attaques sur Kiev après avoir accusé l’Ukraine de bombarder des villages sur son territoire.
Le nombre et l’ampleur des frappes de missiles sur des sites de Kiev vont augmenter en riposte à toutes les attaques terroristes et aux sabotages menés en territoire russe par le régime nationaliste de Kiev, a indiqué le ministère russe de la Défense.
Ce ministère a déjà annoncé la destruction d’un atelier de production de missiles sol-air dans l’usine Vizar, en banlieue de Kiev. Cette usine fabriquait des missiles Neptune comme ceux que l’armée ukrainienne dit avoir utilisés pour détruire le croiseur russe Moskva.
Un peu plus tôt, les autorités régionales ukrainiennes ont fait état d’explosions survenues au cours de la nuit au sud-ouest de Kiev, dans le district de Vassylkiv.
Nous sommes parfaitement conscients qu’on ne nous pardonnera pas l’attaque du Moskva, a déclaré Natalia Goumeniouk, porte-parole du commandement militaire de la région sud de l’Ukraine.
Le croiseur russe Moskva lors d’une répétition en vue de la parade du jour de la Marine russe dans le port de Sébastopol, en Crimée, en juillet 2017. Photo: Reuters/ Pavel Rebrov
Nous sommes conscients que les attaques contre nous vont s’intensifier, que l’ennemi va se venger, qu’il y aura des attaques de missiles et des bombardements d’artillerie. Nous sommes prêts à les contrer.
Selon Mme Goumeniouk, aucun membre de l’équipage du croiseur russe n’a pu être sauvé.
Ce navire lance-missiles de 186 mètres de longueur, qui comptait plus de 500 personnes à son bord, a coulé dans la mer Noire après avoir été touché par un missile ukrainien, selon Kiev. Moscou indique que le naufrage du Moskva serait plutôt dû à un incendie accidentel.
Nous avons observé les bateaux qui essayaient de lui venir en aide, mais même les forces de la nature ont été du côté de l’Ukraine, car une tempête a empêché de sauver le bateau et d’évacuer l’équipage, a affirmé Natalia Goumeniouk.
La perte de ce navire est un coup dur porté à la flotte russe dans la région, a déclaré le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Elle aura des conséquences sur les capacités de combat de la marine de guerre russe, le Moskva étant un élément clé de ses efforts pour établir une domination navale en mer Noire.
Il s’agit d’un des plus importants revers de la Russie depuis le début de son opération militaire spéciale en Ukraine.
La frappe « n’a pas seulement touché le bateau », selon Mme Goumeniouk, « elle a touché les ambitions impériales de l’ennemi ».
Le président Volodymyr Zelensky a enfoncé le clou en affirmant, dans un message vidéo, que les navires russes ne peuvent qu’aller au fond.
Villages russes bombardés
Par ailleurs, la Russie affirme que l’Ukraine a bombardé des villages russes frontaliers, des accusations balayées par le camp adverse. Selon les Ukrainiens, ce sont les services secrets russes qui mènent des attaques terroristes dans la région frontalière pour alimenter l’hystérie anti-ukrainienne.
Le Comité d’enquête russe a affirmé que deux hélicoptères ukrainiens équipés d’armes lourdes étaient entrés en Russie et avaient procédé à au moins six frappes sur des immeubles d’habitation dans le village de Klimovo, dans la région de Briansk.
Sept personnes, dont un bébé, ont été blessées à des degrés divers, selon ces accusations russes, dont le bien-fondé est impossible à vérifier de manière indépendante.
La Russie a également affirmé vendredi avoir tué une trentaine de mercenaires polonais dans une frappe menée dans le nord-est de l’Ukraine dans un contexte de vives tensions entre Moscou et Varsovie.
En conséquence de cette frappe, un détachement de mercenaires d’une compagnie militaire privée polonaise […] a été liquidé dans le village d’Izioumske, dans la région de Kharkiv. Jusqu’à 30 mercenaires polonais ont été éliminés, a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.
Les combats se poursuivent au Donbass
Dans la plus grande région du Donbass, celle de Donetsk, où des combats se déroulent sur toute la ligne de front, trois personnes ont été tuées et sept blessées, selon la présidence ukrainienne.
La conquête de cette ville permettrait aux Russes de consolider leurs gains territoriaux en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014, à la Crimée, annexée la même année.
L’autre région de ce bassin minier, celle de Lougansk, a été le théâtre de 24 bombardements qui ont fait deux morts et deux blessés, selon M. Zelensky.
Un militaire ukrainien prépare des tirs de roquettes à Louhansk, dans la région du Donbass. Photo : AFP via Getty Images/Anatolii Stepanov
La Russie, dont l’offensive massive annoncée dans le Donbass n’a toujours pas commencé, peine à prendre le contrôle total de Marioupol, un port stratégique de la mer d’Azov.
Des analystes estiment que le président russe Vladimir Poutine, embourbé en raison de la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans le Donbass avant le défilé militaire du 9 mai sur la place Rouge, qui marque la victoire soviétique sur les nazis en 1945.
À Borova, dans la région de Kharkiv, sept civils ont été tués et 27 blessés jeudi dans une attaque russe contre des autobus d’évacuation, selon le gouvernement ukrainien.
Une enquête a été ouverte pour violation des lois et coutumes de guerre, associée au meurtre avec préméditation, ont précisé les autorités du pays.
Nouvel échange de prisonniers
À Kherson, une région du sud de l’Ukraine qui est partiellement contrôlée par les Russes, un nouvel échange de prisonniers de guerre a eu lieu entre les deux camps.
Après des négociations tendues, nous avons réussi à conclure des accords sur un échange de prisonniers dans la région du village de Possad-Pokrovské, où quatre prisonniers de l’armée russe ont été échangés contre cinq des nôtres, a indiqué le commandement Sud de l’armée ukrainienne sur sa page Facebook.
Plusieurs échanges de militaires et de civils ont déjà eu lieu entre Ukrainiens et Russes depuis le début de l’invasion, le 24 février, sans être systématiquement confirmés par les deux parties.
Kiev a d’ailleurs annoncé jeudi que 30 Ukrainiens avaient été libérés lors d’un échange de détenus, sans préciser le nombre de soldats russes libérés en retour.
Parmi les prisonniers, le Britannique Aiden Aslin, qui est membre de l’armée ukrainienne, suscite une attention particulière. La télévision publique russe a diffusé jeudi soir des images du jeune homme, menotté et présentant une coupure au front.
Dans une entrevue accordée au Daily Telegraph, sa mère a demandé aux Russes de respecter la convention de Genève sur les prisonniers de guerre et de traiter son fils avec humanité.
Il semble déjà qu’il ait été battu. Il est temps pour le gouvernement britannique de s’impliquer pour assurer la libération d’Aiden, a-t-elle ajouté.
Selon la dernière mise à jour du Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’ONU (HCR), plus de cinq millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe.
Les gens continuent de fuir massivement l’Ukraine. Photo: Getty Images/Joe Raedle
Suspensions de médias étrangers, attaques contre la presse malienne, défense d’un journalisme « patriotique » soutenant les autorités… À Bamako, la liberté d’informer est de plus en plus menacée.
Jeudi 17 mars, les autorités maliennes ont suspendu la diffusion de RFI et de France 24 pour des reportages mettant en cause l’armée dans des exactions visant des civils. Un mois plus tôt, l’envoyé spécial de Jeune Afrique était expulsé du pays, faute de détenir une accréditation dont le gouvernement a gelé le processus d’obtention. Depuis plusieurs mois, la pression s’est accrue sur les médias travaillant au Mali. Les correspondants de France 24 et de RFI, notamment, sont dans le viseur d’organisations réputées proches de la junte au pouvoir, comme le Collectif pour la défense des militaires (CDM), qui ont publié plusieurs communiqués appelant à renvoyer ces journalistes étrangers, qualifiés de « propagandistes » au service de l’État français.
Entre communiqués incendiaires, déversements de haine sur les réseaux sociaux, convocations au ministère de la Communication ou encore appels à faire du « journalisme optimiste » œuvrant à la « reconstruction du Mali », le travail des journalistes étrangers a largement été commenté. Celui des médias maliens, beaucoup moins.
Rédactions « à couteaux tirés »
Pourtant, dans ce climat d’intimidation, la presse locale fait face à un rétrécissement de sa liberté d’informer, menacée par des pressions qui poussent à l’auto-censure. « Au sein de la rédaction, les journalistes sont devenus beaucoup plus prudents dès qu’il s’agit de traiter un sujet portant sur la sécurité. Tout ce qui concerne l’armée malienne, qui est actuellement la question la plus délicate, suscite désormais le débat », explique un journaliste malien sous couvert d’anonymat.
SI ON N’ENCENSE PAS L’ACTION DE L’ARMÉE MALIENNE OU DE LA TRANSITION, C’EST FORCÉMENT QU’ON EST CONTRE EUX
Dans de nombreuses rédactions maliennes, le fossé s’est élargi : d’un côté, ceux qui défendent le devoir du journalisme d’informer sans parti pris et refusent de passer sous silence certains événements. De l’autre, ceux qui souhaitent encourager « la montée en puissance » de l’armée prônée par les autorités et craignent que certaines informations mettant en cause les Fama ne démoralisent les troupes dans leur lutte contre le terrorisme.
« Journalisme patriotique »
« On nous dit aujourd’hui qu’il faut prendre partie, il n’y a plus de neutralité. Certains ont le sentiment que se joue une guerre de l’information et que les journalistes maliens doivent choisir leur camp. Si on n’encense pas l’action de l’armée malienne ou de la transition, c’est forcément qu’on est contre eux », constate notre source.
Une position manichéenne et contraire à la neutralité nécessaire au métier de journaliste, qui est notamment défendue par les organisations faîtières représentant les médias dans le pays. Ainsi, la Maison de la presse, dans un communiqué publié en janvier 2022, invitait à « plus de responsabilité, de professionnalisme et surtout de patriotisme dans le traitement de l’information ». Deux mois plus tard, suite à la suspension de RFI et de France 24, l’organisation a appelé à « œuvrer à soutenir les forces armées et de sécurité dans le noble combat contre le terrorisme » quand l’Union des journalistes du Mali dénonçait « sans réserve l’acharnement des médias étrangers contre notre armée nationale dans ce contexte très difficile pour notre pays ».
IL NE FAUDRA PAS ÊTRE SURPRIS DE VOIR DES DESCENTES POLICIÈRES DANS LES RÉDACTIONS ET DES FERMETURES DE JOURNAUX MALIENS
Si elles visent plutôt les médias étrangers, ces déclarations n’en sont pas moins une menace « à peine voilée » à destination de la presse malienne, estime un autre journaliste bamakois, qui, signe des temps, a lui aussi souhaité rester anonyme. « Ce qui se passe aujourd’hui avec RFI, France 24 ou Jeune Afrique, ce n’est qu’une étape. La suivante visera les journalistes maliens », estime ce reporter qui, après dix ans de carrière, s’inquiète de l’avenir de la presse dans son pays.
« Demain, il ne faudra pas être surpris de voir des descentes policières dans les rédactions et des fermetures de journaux maliens. Il y a de quoi être pessimiste quant à l’avenir du journalisme critique dans notre pays, même s’il est objectif », anticipe-t-il.
Campagnes de haine sur les réseaux
S’il n’a pas reçu de menaces ou d’intimidations directes des autorités, ce journaliste observe les campagnes haineuses dont les journalistes maliens « à contre-courant de la tendance actuelle » font l’objet. Il pointe notamment les « vidéo-mans », des internautes anonymes qui créent et diffusent des montages vidéos, souvent diffamatoires et aux relents complotistes, ciblant la presse, l’armée française ou encore la Cedeao. « Ces vidéo-mans, que l’on soupçonne de travailler pour certaines personnalités au sommet de l’État, s’attaquent particulièrement aux journalistes qui critiquent le gouvernement. Ils mènent des campagnes dans lesquelles on est qualifiés d’apatrides, de vendus, de Maliens qui n’aiment pas leur pays », explique notre interlocuteur.
Ces intimidations ont également un effet sur les sources des journalistes qui, par crainte de représailles, sont de plus en plus nombreuses à ne plus vouloir décrocher leur téléphone. « Certains ont peur d’être enfermés pour une opinion dissidente, d’autre craignent de faire l’objet d’une cabale dans l’opinion publique », analyse notre journaliste.
Un amoncellement d’obstacles qui rendent le travail au quotidien « très difficile », nous dit-il. D’autant que s’y ajoute une pression financière déjà forte. « L’aide publique à la presse n’est plus disponible depuis près de trois ans, confie un homme de médias. Et aujourd’hui, on observe des coupes importantes dans les abonnements de certaines administrations publiques, ce qui représente une perte de revenus importante et augmente la pression sur la ligne éditoriale de certains journaux. »