Posts Tagged ‘Audifax Ndabitoreye’

Burundi: arrestation surréaliste d’un opposant devant diplomates et caméras

mai 7, 2015

Burundi: arrestation surréaliste d'un opposant devant diplomates et caméras
Burundi: arrestation surréaliste d’un opposant devant diplomates et caméras © AFP

La scène est surréaliste. Après plus d’une heure de face-à-face tendu, Audifax Ndabitoreye, figure de la contestation contre un troisième mandat du président burundais, se livre finalement, bras levés et théâtral, aux policiers venus l’arrêter.

En envoyant des policiers s’emparer de lui de force, devant micros et caméras, dans le hall de l’hôtel Panoramic de Bujumbura où il rencontrait les chefs des diplomaties est-africaines venus aider le Burundi à sortir de la crise, les autorités burundaises pourraient bien avoir terni un peu plus leur image.

Tout a commencé dans l’après-midi.

Avec d’autres dirigeants de l’opposition et de la société civile, M. Ndabitoreye, candidat indépendant déclaré à la présidentielle du 26 juin, participe au 1er étage de l’hôtel à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’EAC (Communauté est-africaine). Dans le hall où il est momentanément descendu, des hommes en civil tentent soudain de s’emparer de lui, selon des témoins, journalistes et membres du personnel.

Cris, échauffourées, début de panique. Raté: M. Ndabitoreye s’extrait et parvient à remonter au premier étage. Les policiers en civil, vraisemblablement membres des services de renseignements, vont attendre à l’extérieur.

La réunion terminée, le ministre tanzanien des Affaires étrangères, Bernard Membe, qui la présidait, s’arrête quelques minutes sur le perron de l’hôtel, face à la presse, en quittant l’hôtel. Audifax Ndabitoreye est juste derrière lui. « Je viens avec vous », dit-il au ministre.

Mais la sécurité emmène précipitamment M. Membe vers sa voiture. M. Ndabitoreye abandonné, les policiers se jettent sur lui, bousculant membres des délégations et journalistes.

– Mouvement de panique –

Encore raté. Dans la cohue, l’opposant parvient à rentrer dans l’hôtel, protégé par une barrière de caméras. « Je vous accuse, vous êtes corrompus! Je vous accuse, vous êtes des tueurs! », hurle-t-il, échevelé, aux policiers.

Pendant plusieurs minutes, les injures pleuvent sur la police et le régime du président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, dont l’annonce d’une candidature à un troisième mandat – inconstitutionnelle, selon ses adversaires – a déclenché des manifestations violemment réprimées depuis une dizaine de jours.

« Plus jamais nous ne serons des esclaves de Nkurunziza! », continue-t-il de crier.

M. Ndabitoreye se retranche au fond de l’hôtel. Soudain, nouveaux cris, nouveau mouvement de panique. Des policiers tentent d’entrer par une porte latérale, que des employés s’empressent de verrouiller devant leur nez.

Sur le perron, Jacques Bigirimana, chef d’un parti d’opposition, parlemente avec la police. « Ce n’est pas l’endroit adéquat » pour cette arrestation, explique-t-il. « Nous sommes venus ici à l’invitation de la communauté internationale et il était convenu qu’à la sortie personne ne serait arrêté ».

L’ambassadeur des Pays-Bas à Bujumbura, Jolke Oppewal, est là, M. Ndabitoreye possédant la nationalité néerlandaise. Il se fait montrer le mandat d’arrêt. Emis par le parquet général de Bujumbura, le document, raturé, demande l’arrestation de M. Ndabitoreye pour « insurrection », sans autre détail.

« Je vous informe que cet homme est citoyen néerlandais et que mon pays suivra cette affaire de près », déclare l’ambassadeur aux policiers. Flottement, attente. . . l’opposant multiplie les interviews et les policiers font le pied de grue. « Je suis déçu que le ministre (tanzanien) qui avait promis de me protéger n’ait pu le faire », dit-il, il « m’avait promis que je sortirais libre » de l’hôtel.

Puis, après 18H00, après avoir embrassé sa femme, en larmes, et donné l’accolade à des proches et amis, il remet sa veste, se recoiffe et sort de l’hôtel. « Nous avons entamé une marche (. . . ) jusqu’à la victoire », lance-t-il avec emphase, les bras levés, avant d’entrer dans la voiture de police.

Devant l’hôtel, une trentaine de partisans, alertés par les radios, l’applaudissent quand le véhicule sort en trombe. « Ce pays est pourri! », lâche un automobiliste.

Jeuneafrique.com

Burundi: une figure de la contestation arrêtée pour insurrection

mai 6, 2015

Bujumbura (Burundi) – Une figure du mouvement d’opposition à un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza a été arrêtée pour insurrection mercredi à Bujumbura, a constaté un journaliste de l’AFP, qui a vu le mandat d’amener.

Ce poids lourd de la société civile burundaise, Audifax Ndabitoreye, est détenteur de la double nationalité burundaise et néerlandaise.

Il avait donné mardi une interview dans laquelle il appelait à manifester contre un troisième mandat du chef de l’Etat.

Il avait participé mercredi à une réunion avec les ministres des Affaires étrangères des pays de la Communauté d’Afrique de l’Est (Tanzanie, Kenya, Ouganda, Burundi, Rwanda) venus préparer un sommet le 13 mai en Tanzanie pour désamorcer la crise burundaise.

Le ministre tanzanien des Affaires étrangères, Bernard Membe, avait pourtant garanti que personne ne serait arrêté à l’issue de cette réunion.

Présent au moment de l’arrestation de M. Ndabitoreye, l’ambassadeur des Pays-Bas, Jolke Oppenwal, a signifié à la police que le militant était un citoyen néerlandais et que son pays suivrait cette affaire de près.

Les Pays-Bas sont un partenaire essentiel du Burundi: ils forment la police et sont l’un des premiers financiers du processus électoral.

Pierre Nkurunziza a été désigné le 25 avril par son parti, le Cndd-FDD, candidat à la présidentielle du 26 juin.

Le chef de l’Etat sortant a déjà été élu en 2005 et réélu en 2010.

Ses opposants jugent un troisième mandat anticonstitutionnel, ce que son camp réfute. La Cour constitutionnelle burundaise, jugée inféodée au pouvoir par les contestataires, a donné raison au chef de l’Etat mardi.

Les manifestationsn, qui ont démarré au lendemain de l’investiture de M. Nkurunziza, ont été émaillées de heurts parfois violents avec la police, qui a arrêté depuis le début quelque 600 manifestants qualifiés de terroristes par le pouvoir. Les violences ont fait 14 morts.

Romandie.com avec(©AFP / 06 mai 2015 19h16)