Posts Tagged ‘Audit’

France: Audit d’Orange et enquêtes ouvertes après la panne des numéros d’urgence

juin 4, 2021
Audit d'Orange et enquetes ouvertes apres la panne des numeros d'urgence
Audit d’Orange et enquêtes ouvertes après la panne des numéros d’urgence© AFP/Archives/Philippe LOPEZ

Le gouvernement a annoncé vendredi un audit du réseau et des services d’Orange après la gigantesque panne des numéros d’urgence, et la justice va enquêter sur la cause de plusieurs décès survenus lors de cet incident, dont celui d’un enfant de 28 mois en Vendée.

Un audit « de contrôle de la sécurité et de l’intégrité du réseau et des services d’Orange » va être lancé, a annoncé vendredi le ministère de l’Intérieur, qui a fermé la cellule interministérielle de crise ouverte mercredi. « Une surveillance renforcée restera cependant en place autant que nécessaire », a ajouté le ministère.

Les conclusions de cet audit, piloté par l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi), sont attendues dans un délai de deux mois. Contacté par l’AFP, Orange a indiqué qu’il « collaborera » à cet audit.

« La situation est redevenue sous contrôle au moment où je m’exprime », avait assuré dans la matinée le Premier ministre Jean Castex, après avoir présidé la cellule interministérielle de crise.

« Nous déplorons des victimes qui sont susceptibles d’avoir été causées par ce grave incident », avait ajouté Jean Castex, en précisant qu’il y en avait « quatre, sous réserve évidemment de ce que diront les enquêtes, notamment les enquêtes judiciaires qui sont ouvertes ».

Vendredi, trois décès pouvant être liés à la panne des numéros d’urgence avaient été constatés en métropole – dans le Morbihan, en Haute-Saône et en Vendée – et un autre sur l’île de la Réunion.

Mercredi soir, les numéros 15 (Samu), 17 (police), 18 (pompiers) et 112 (numéro européen unique) ont été inaccessibles ou très difficilement accessibles partout en France, forçant les personnes à renouveler leur appel ou à utiliser des lignes directes à 10 chiffres mises en place dans l’urgence par les autorités.

Enquêtes judiciaires et administratives

En Vendée, un enfant de 28 mois est décédé jeudi matin au domicile familial. Sa mère n’avait pas réussi à joindre à temps les services de secours. Le parquet de la Roche-sur-Yon a ouvert vendredi une enquête pour « recherche des causes de la mort ».

Selon le directeur de l’ARS des Pays de la Loire Jean-Jacques Coiplet, la mère de l’enfant avait tenté « pendant une heure de joindre sans succès le 18 puis le 15 » avant le premier appel reçu par le Samu à 08H21.

A Vannes, le parquet de Vannes a lui aussi ouvert une enquête, jeudi, « en recherche des causes de la mort », après le décès d’un homme de 63 ans à l’hôpital de Vannes mercredi soir.

Originaire du pays d’Auray, il est décédé d’un arrêt cardio-vasculaire après avoir été conduit à l’hôpital par sa conjointe, qui n’avait pas pu contacter les services de secours.

Un troisième cas, cette fois en Haute-Saône, a conduit le procureur de la République à ouvrir une enquête judiciaire.

Un homme de 77 ans est mort et « il est vraisemblable » que ce décès soit survenu « dans le contexte de la panne nationale des numéros d’urgence », ont indiqué vendredi l’ARS de Bourgogne-Franche-Comté et la préfecture dans un communiqué.

Enfin, sur l’île de La Réunion, un homme a « fait un arrêt cardio-respiratoire ayant entraîné son décès » mercredi soir après les tentatives vaines de son épouse de joindre le 15.

« L’absence de contact direct entre l’épouse et le Samu, du fait des problèmes de réseau, n’aura pas permis de caractériser précisément la situation médicale de la victime avant l’engagement des secours », a expliqué la préfecture jeudi dans un communiqué.

Des enquêtes administratives ont aussi été diligentées par les autorités.

De son côté, l’opérateur téléphonique Orange a lancé une enquête interne « approfondie », dont les conclusions sont attendues sous sept jours, a annoncé vendredi le groupe, dont le PDG Stéphane Richard avait présenté de « vives excuses » aux personnes touchées. M. Richard avait exclu une cyberattaque.

Enfin, l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) a réclamé une commission d’enquête parlementaire.

Par Le Point avec AFP burs-faa/gvy/db/bma

Côte d’Ivoire: les milliards envolés de la campagne cacao de 2016-2017

avril 28, 2018

 

Dans l’usine de Saf Cacao, l’un des plus grands exportateurs ivoiriens, à San Pedro. © Jessica Dimmock/VII/REDUX-REA

Le Conseil café-cacao (CCC) a perdu près de 185 milliards de FCFA lors de la campagne cacao 2016-2017, selon un audit de la filière que JA a pu consulter.

L’audit de la filière cacao effectué par KPMG avait été commandé à l’issue de la campagne 2016-2017. Les conclusions de ce document remis le 12 mars au ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader), et que JA a pu consulter, dressent un portrait particulièrement sévère de la gestion de la filière et du Conseil café-cacao (CCC), la structure publique l’encadrant, dirigée à l’époque par Massandjé Touré-Litsé.

Le coût de la crise

Selon le cabinet international d’expertise‐comptable, d’audit et de conseil, la crise qu’a connue la filière cacao lors de la campagne 2016-2017 a coûté 185 milliards de FCFA net (222 millions d’euros). Si « la surproduction a engendré un soutien (étatique) de 86 milliards », « la revente de contrats en défaut a entraîné un coût de 68 milliards ». Enfin, « l’utilisation des volumes de la récolte intermédiaire pour honorer des contrats de la récolte principale a conduit à un soutien de 32 milliards ».

L’audit nous apprend que le gouvernement a utilisé le fonds de stabilisation (logé dans les banques commerciales et financé depuis la campagne 2012-2013) pour compenser ces pertes. 197 milliards de FCFA y ont été prélevés. Le fonds de réserve est de son côté toujours crédité de 170 milliards de FCFA.

Un système de commercialisation déficient

On le sait, la filière cacao a été durement touchée par la soudaine chute des prix en juillet 2017. Mais selon KPMG, des « facteurs endogènes ont eu un effet catalyseur » et ont accentué ces difficultés.

Les contrats en défaut (accordés par le CCC à des exportateurs incapables de les vendre) sont particulièrement pointés du doigt. Si une bonne partie avait déjà été annulée par le CCC, l’audit de KPMG en a identifié de nouveaux. Au total, sur la campagne 2016-2017, ils représentent un volume de 220 303 tonnes de fèves pour un montant de 399 000 milliards de FCFA (608 millions d’euros). Ces contrats représentent 20 % des ventes anticipées, c’est-à-dire faites par le Conseil café-cacao avant le début de la campagne. Une fois annulés, ils ont été revendus à d’autres acheteurs mais à des prix bien moins importants, ce qui explique la perte de 68 milliards évoquées plus haut.

32 exportateurs sont concernés. 68 % d’entre eux sont membres du groupement d’intérêt économique PMIEX-Coopex (Petites et moyennes industries et des coopératives exportatrices de café-cacao), dont les conditions d’accès au marché ont été allégées afin d’ouvrir l’exportation de cacao aux Ivoiriens. À noter que Saf Cacao, dirigé par Ali Lakiss et quatrième exportateur national, fait également partie des sociétés les plus touchées avec 15 000 tonnes. 

Pour KPMG, les difficultés rencontrées pour estimer la production annuelle de cacao ont également des conséquences néfastes. Lors de la campagne 2016-2017, la Côte d’Ivoire a produit 250 000 tonnes de plus, soit un surplus de 16 %. Cette surproduction a entraîné un déséquilibre entre l’offre et la demande. Pour compenser la baisse des prix qui en a résulté et maintenir le prix bord champs destiné aux producteurs, le gouvernement a dû mettre la main à la poche.

L’audit révèle également qu’en fixant le prix de référence (destiné aux exportateurs) en fonction de la moyenne de la production des trois dernières campagnes, sans tenir compte de la hausse de la production, le CCC n’a pas anticipé les conséquences de la baisse des prix. « Ce choix a induit un coût supplémentaire de 36 milliards de FCFA », poursuit le rapport.

La gestion du CCC critiquée

Pour KPMG, la crise de la filière cacao s’explique notamment par des « dysfonctionnements dans l’application des règles de gestion des opérations commerciales et des règles de détermination de la production ». Dans le cas des contrats en défaut, le cabinet international cible deux causes : la spéculation de certains opérateurs et la mauvaise gestion du CCC. « L’absence, au niveau du Conseil, d’un suivi rigoureux des procédures d’agrément des exportateurs et d’une procédure de vérification de leur capacité à honorer leurs engagements », peut-on lire dans le rapport d’audit.

KPMG évoque également l’existence de potentiels conflits d’intérêts entre les administrateurs du CCC et la politique menée par cet organe public

Lors de ses enquêtes, KPMG a notamment remarqué que « les décisions d’agrément des exportateurs n’étaient pas toujours justifiées », que « les adjudications de volumes aux exportateurs ne sont pas corrélées avec leur capacité financière », et que « les sujets critiques et structurants ne sont pas traités en conseil d’administration, ce qui ne permet pas à cet organe de direction de jouer entièrement son rôle de pilotage et de contrôle des activités de la filière ».

KPMG évoque également l’existence de potentiels « conflits d’intérêts entre les administrateurs du CCC et la politique » menée par cet organe public. Les auditeurs s’étonnent ainsi que des exportateurs rejetés par le comité technique d’agrément apparaissent sur la liste des exportateurs agréés, publiée fin septembre 2016, et demandent dans leurs conclusions à ce que l’allocation des contrats internationaux soit mieux documentée « afin de justifier la pertinence des décisions prises par le CCC ».

Enfin, le rapport d’audit estime que le Conseil café-cacao a réagi trop tardivement pour tenter de juguler la crise. Pour les auditeurs, « la réaction tardive du Conseil lors de la crise a « crispé les opérateurs, semé le doute et finalement accentué la crise de commercialisation du cacao en Côte d’Ivoire. »

Jeuneafrique.com par – à Abidjan