Le feu des explosions s’est éteint
Au cœur fumant de Lac-Mégantic
Dans les nôtres brûle encore la faim
De ceux qui n’ont pas de sépulture
Au milieu des cendres cadavériques
Qui ravivent nos terribles brûlures
Nous entendons joyeux le rire d’un restaurant
S’étranglant au son du grand bruit
Qui fracasse les heures profondes de la nuit
Faisant chavirer la respiration sereine d’un enfant
Qui appelle au secours les bras confiants
D’une maman qu’il ne verra plus jamais
Happée par la mort du train du Lac-MMA
Le feu du roussi à nos portes sent déjà mauvais
Il respire la froideur mortelle qui désormais
S’installera dans les souvenirs atroces d’une bourgade
Jadis paisible aujourd’hui marquée hantée hagarde
Par l’énigme insoluble d’un destin insoutenable
Qui bascule et sombre dans les flammes effroyables
De l’horreur des corps calcinés figés pillés
Par le feu lames hurlant dans le ciel enfumé
O cruel destin irréversible mort inattendue
Comme une voleuse dans nos vies s’est engouffrée
Semant tristesse désolation telles des ravageuses crues
D’une mousson indomptable qui rage et s’en va
Portant sur ses ailes de l’enfer la vie à peine éclose
D’un cocon qui prend son inéluctable pose
D’un futur papillon qui ne verra jamais éclore la rose
Les larmes perlent encore sur les sentiers ravinés
Des joues creuses de chagrin ravagées de peine de misère
Le cœur bourdonne du long blues de la vie déchirée
Il sursaute surpris dans l’espoir de trouver encore
Une pépite de vie dans le cœur principal d’une artère
Qui égrène et fourrage dans les noms chéris de nos trésors
Le cœur bourdonne du long blues de la vie déchirée
Comme une vapeur évanescente dans le feu de l’aurore…
Marie-Léontine Tsibinda