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États-Unis: Une gynécologue visée par la justice pour avoir aidé une fillette à avorter après un viol

juillet 14, 2022
La législature d'État, à Indianapolis.

Le gouverneur républicain de l’Indiana, Eric Holcomb, a convoqué rapidement la législature pour prononcer l’interdiction de l’avortement après six semaines de grossesse. Photo : AP/Michael Conroy

Les autorités de l’Indiana ont annoncé enquêter sur une gynécologue qui a aidé une fillette de dix ans à avorter après un viol, un dossier qui cristallise les débats sur la volte-face de la Cour suprême des États-Unis.

La docteure Caitlin Bernard a rapporté, début juillet, à plusieurs médias avoir reçu la petite fille à Indianapolis après avoir été contactée par un confrère d’Ohio.

Dans cet État du Nord, voisin de l’Indiana, la décision de la Cour suprême, le 24 juin, de ne plus garantir le droit à interrompre une grossesse, a immédiatement permis l’entrée en vigueur d’une loi interdisant d’avorter après six semaines de grossesse.

Or la fillette, violée en mai par un homme qui a été arrêté mardi, avait dépassé ce terme. Elle s’est donc rendue dans l’Indiana, où les IVG restent légales jusqu’à 21 semaines de grossesse.

Mais les responsables de l’État, à majorité républicaine, sont hostiles au droit à l’avortement et envisagent d’interdire à leur tour la procédure.

Une foule de manifestants pro-avortement avec des pancartes.

Des militants pour le droit à l’avortement se sont rassemblés devant la législature d’État, à Indianapolis, au lendemain de l’annulation du jugement Roe c. Wade. Photo: AP/AJ Mast

En attendant, le procureur général de l’État s’en est pris mercredi soir à la Dre Bernard, l’accusant de ne pas avoir signalé aux autorités le dossier de la fillette, comme la loi locale l’y oblige en matière de pédophilie.

Nous avons cette militante pro-avortement, qui se prétend docteure, et qui est connue pour ne pas effectuer les signalements requis, a déclaré Todd Rokita sur la chaîne Fox News.

Donc, nous rassemblons les informations, les preuves, et nous allons nous battre jusqu’au bout, a-t-il poursuivi en menaçant de révoquer sa licence professionnelle si elle ne nous a pas informés.

Cette affaire tragique avait été citée vendredi par le président démocrate Joe Biden pour décrier l’arrêt de la Cour suprême.

« Dix ans! Violée, enceinte de six semaines, déjà traumatisée et désormais obligée de se rendre dans un autre État! »— Une citation de  Joe Biden, président des États-Unis

Mais jusqu’à l’arrestation du suspect, la presse conservatrice et plusieurs responsables de l’Ohio avaient émis des doutes sur la véracité du drame.

Désormais, les opposants à l’avortement reprochent aux défenseurs de ce droit d’utiliser la fillette pour promouvoir leur cause et imputent ses malheurs à la politique migratoire de Joe Biden, son agresseur étant un immigré guatémaltèque en situation irrégulière.

Cette situation horrible a été causée par des marxistes, des socialistes et ceux à la Maison-Blanche qui plaident pour une frontière sans loi, a ainsi lancé mercredi le procureur général de l’Indiana.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

États-Unis: Premier État à avoir criminalisé l’avortement, le Missouri entre la fierté et le choc

juin 27, 2022
L'oratoire St. Francis de Sales, à St. Louis, au Missouri.

Le Missouri est le premier État à avoir interdit l’avortement. Photo: Radio-Canada

Le procureur général du Missouri Eric Schmitt était prêt. La loi était écrite depuis quelques semaines déjà et lorsque la décision de la Cour suprême est tombée, il n’a eu qu’à apposer sa signature pour que l’avortement devienne illégal au Missouri. L’État est ainsi devenu le premier à légiférer contre l’avortement après le jugement du plus haut tribunal américain.

Ils écoutent la messe.

Des centaines de fidèles se réunissent chaque semaine à l’oratoire St. Francis de Sales de Saint Louis. Photo : Radio-Canada

À l’oratoire St. Francis de Sales dans la ville de Saint Louis, la décision de criminaliser l’avortement fait l’unanimité. L’église accueille tous les dimanches la communauté de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, une société de la mouvance catholique traditionaliste. La messe y est célébrée en latin et des centaines de fidèles y assistent chaque semaine.

Originaire de la France, Pierre Dumain est vicaire depuis quatre ans dans cette paroisse du sud de la ville. Il partage et enseigne ses valeurs pro-vie avec les jeunes de sa communauté. Et ses convictions, dit-il, vont au-delà de la tradition religieuse. Il y a le cinquième commandement : « Tu ne tueras pas », mais ce n’est pas parce que je suis catholique que je ne tue pas. Un athée ne tue pas un être humain. Un embryon est un être humain, donc on ne le tue pas explique-t-il.

« Tuer un enfant sans défense, c’est le plus grand crime. »— Une citation de  Pierre Dumain, vicaire, oratoire St. Francis de Sales

Pierre Dumain en entrevue

Pierre Dumain est vicaire depuis quatre ans à Saint Louis. Photo : Radio-Canada

Dans la communauté, les familles sont nombreuses. Au sous-sol de l’église où les fidèles se rassemblent après la messe, il n’est pas rare de croiser des familles de 6, 7 ou même 12 enfants. L’avortement, pour eux, n’est pas une option même en cas de viol.

Confronté à cette question, Pierre Dumain répond que ce n’est pas grâce à l’avortement que l’on peut combattre la culture du viol. La question d’abord, c’est pourquoi il y a des viols? Pourquoi il y a ce manque de respect pour la femme? soutient-il.

Elle est entourée d'une clôture.

Planned Parenthood était la seule clinique d’avortement de tout le Missouri. Photo : Radio-Canada

À quelques kilomètres de l’oratoire se trouve la seule clinique d’avortement de tout le Missouri. À Planned Parenthood, depuis vendredi, quiconque y pratique une interruption volontaire de grossesse s’expose à une peine de 5 à 15 ans de prison. L’avortement est devenu un crime passible de la même peine qu’un homicide volontaire.

Dorénavant, les avortements sont autorisés seulement dans les cas où la vie de la mère est en danger. La loi vise à punir les médecins qui pratiquent des avortements et non leurs patientes.

C’est un choc, lance Tania Thomas. J’avais entendu que c’était en discussion, mais je n’avais jamais pensé qu’ils prendraient les droits aux femmes, poursuit cette Québécoise qui habite la banlieue de Saint Louis depuis plus de 25 ans.

Elle craint maintenant que les élus républicains aillent plus loin. Ils pourraient très bien décider de s’en prendre ensuite au mariage entre deux personnes du même sexe ou bien les autres droits à la contraception, dit la mère de famille.

Jade et Tania Thomas

Jade et Tania Thomas, mère et fille s’inquiètent des impacts de la criminalisation de l’avortement au Missouri Photo : Radio-Canada

Sa fille, Jade, s’inquiète également. La jeune femme de 25 ans est anthropologue et termine un doctorat en médecine à l’Université Washington de Saint Louis. Ses études l’ont menée à travailler dans une clinique venant en aide à des femmes victimes de violence conjugale, et la criminalisation de l’avortement maintiendra les femmes prisonnières du cercle de la violence.

Dans des foyers où il y a de la violence conjugale, la grossesse est en quelque sorte une façon de garder les femmes prisonnières de ce modèle et plus rien ne pourra plus arrêter ça, déplore-t-elle.

« Je sens que notre futur est menacé. »— Une citation de  Jade Thomas

De retour à l’oratoire St. Francis de Sales, Pierre Dumain, lui, croit plutôt que cette décision aura un effet positif dans les États qui suivront l’exemple du Missouri. On va voir les résultats dans quelques années dans les États qui l’ont interdit et ceux qui l’autorisent. On verra que des États, où l’avortement demeurera légal, vont s’effondrer […] Sans enfant, la perte des valeurs familiales va détruire le tissu social, croit-il.

Pour l’instant, force est d’admettre que c’est le débat autour de cette loi qui menace le tissu social du Missouri.

Avec Radio-Canada par Valérie Gamache

Les Américaines pourront se faire avorter au Canada, assure la ministre Gould

mai 4, 2022
La ministre en Chambre.

La ministre de la Famille, Karina Gould, a déclaré à l’émission « Power & Politics » de CBC News Network que si des femmes américaines se rendaient au Canada pour se faire avorter, le service serait mis à leur disposition. Photo: La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick

Les Américaines pourront obtenir des services d’interruption volontaire de grossesse (IVG) au Canada si la Cour suprême des États-Unis annule l’arrêt Roe c. Wade et redonne aux États le droit d’interdire l’avortement, a déclaré mardi la ministre fédérale de la Famille, des Enfants et du Développement social, Karina Gould.

Si des femmes viennent ici et qu’elles en ont besoin, c’est certainement un service qui pourrait leur être offert, a-t-elle assuré en entrevue à l’émission Power & Politics, sur le réseau CBC News Network. Je ne vois pas pourquoi nous ne le ferions pas.

Ces propos interviennent alors que le site d’information Politico a publié lundi la copie d’un projet d’opinion rédigé par le juge conservateur Samuel Alito, un magistrat nommé par les républicains.

Cette opinion prétend qu’une majorité de juges sont prêts à annuler l’arrêt Roe c. Wade – la décision historique qui a autorisé les avortements légaux aux États-Unis – et à renvoyer la question aux législatures des États.

Le document affirme que l’arrêt de 1973 était douteux sur le plan constitutionnel et extrêmement erroné depuis le début, parce que son raisonnement était exceptionnellement faible.

L’opinion indique que la décision vieille de plusieurs décennies – qui a essentiellement conclu que le droit à la vie privée s’étend aux choix reproductifs comme l’avortement – a eu des conséquences dommageables, en divisant la nation en factions anti-avortement et pro-choix et en privant les législateurs des États du pouvoir de réglementer la pratique.

Plus tôt mardi, le premier ministre Justin Trudeau avait réaffirmé sur Twitter son soutien aux droits reproductifs des femmes sans mentionner spécifiquement la fuite de la Cour suprême des États-Unis.

Le droit de choisir est un droit de la femme, point final, avait-il déclaré. Chaque femme au Canada a droit à un avortement sécuritaire et légal. Nous ne cesserons jamais de protéger et de promouvoir les droits des femmes au Canada et dans le monde.

Ces dernières années, de nombreux États dirigés par les républicains ont adopté des restrictions à l’avortement ainsi que des lois qui entreraient en vigueur et interdiraient automatiquement les avortements si la Cour suprême le permettait.

Si l’arrêt Roe c. Wade est annulé, l’avortement restera probablement légal dans les États dits « libéraux ». Plus d’une douzaine de ces États ont voté des lois qui protègent le droit à l’avortement.

La Californie a même déclaré qu’elle ferait tout en son pouvoir pour accueillir les Américaines qui souhaiteraient se faire avorter et qui n’en auraient pas le droit dans l’État où elles résident si la Cour suprême en décidait ainsi.

Judy Chu, une représentante démocrate américaine de Californie, a déclaré mardi à Power & Politics que son État voit déjà des femmes traverser la frontière du Texas pour se faire avorter – une pratique qui, selon elle, ne fera qu’augmenter si Roe c. Wade est annulé.

Il y a déjà une nette augmentation. Pouvez-vous imaginer si 26 États interdisaient l’avortement [d’un coup]?, dit-elle. Oui, il y aurait certainement des femmes qui viendraient au Canada, au Mexique et dans les autres États qui soutiennent l’avortement.

Des préoccupations pour les Canadiennes

S’il est entendu que le Canada restera ouvert aux Américaines désirant se faire avorter, la ministre Gould s’inquiète des conséquences de l’annulation de Roe c. Wade pour les Canadiennes souhaitant bénéficier de tels services de l’autre côté de la frontière.

L’un des facteurs préoccupants, ici, c’est qu’il y a beaucoup de Canadiennes qui ne vivent pas près d’une grande ville au Canada, mais qui accèdent souvent à ces services aux États-Unis, a-t-elle expliqué.

« Je suis très préoccupée par la fuite d’hier. Je suis très préoccupée par ce que cela signifie, en particulier pour les Américaines, mais aussi pour les Canadiennes. »— Une citation de  Karina Gould, ministre canadienne de la Famille, des Enfants et du Développement social

La question de l’avortement a fait l’objet de nombreux débats politiques au Canada au cours des dernières décennies – surtout au sein du camp conservateur.

En 1989, le gouvernement de l’ancien premier ministre Brian Mulroney avait notamment tenté de restreindre l’accès à l’avortement après la décision R. c. Morgentaler de la Cour suprême du Canada, mais son projet de loi avait été rejeté de justesse par le Sénat.

À l’heure actuelle, il n’y a pas de loi fédérale régissant l’avortement.

Dans ce contexte, les anciens chefs du Parti conservateur du Canada – Stephen Harper, Andrew Scheer et Erin O’Toole – ont souvent eu maille à partir avec leurs adversaires au sujet de leur position sur cette question délicate, et ceux-ci ont chaque fois sauté sur l’occasion pour tenter de transformer l’ambiguïté en enjeu électoral.

Avec Radio-Canada

États-Unis: « Le droit des femmes de choisir est fondamental », dit Joe Biden

mai 3, 2022
Joe Biden parle aux médias avant d'embarquer dans l'avion présidentiel.

Le président Joe Biden a dû répondre à des questions sur la possible annulation de la décision Roe c. Wade lors d’une visite en Alabama. Photo : Reuters/ Jonathan Ernst

Le président américain Joe Biden assure qu’il compte défendre le droit à l’avortement, au lendemain d’une fuite d’un document de la Cour suprême révélant qu’elle pourrait annuler la décision historique Roe c. Wade. Le juge en chef de la Cour suprême a d’ailleurs ordonné une enquête sur cette fuite, qu’il a qualifiée de « trahison ».

Lundi soir, le journal Politico a révélé que la Cour suprême des États-Unis pourrait annuler la décision Roe c. Wade, qui protège le droit à l’avortement depuis 1973. Le juge en chef de la Cour suprême a confirmé mardi que le document est authentique, mais pas final. Les juges doivent rendre un avis officiel avant le 30 juin.

Joe Biden a assuré mardi matin que son administration sera prête à protéger le droit à l’avortement. Je crois que le droit des femmes de choisir est fondamental.

Mais il aura besoin de l’aide des Américains lors des élections de mi-mandat, soit le moment où ils choisissent qui occupera les 435 sièges de la Chambre des représentants et le tiers des 100 sièges du Sénat.

« Ce sera aux élus de notre nation, à tous les niveaux, de protéger le droit des femmes à choisir. Et il appartiendra aux électeurs de choisir des candidats favorables. »— Une citation de  Joe Biden, président des États-UnisDes militants pro-choix manifestant devant la Cour suprême.

« Antiavortement = anti-femmes », peut-on lire sur une pancarte, et « Les catholiques appuient l’avortement », sur une autre, lors d’une manifestation devant la Cour suprême des États-Unis mardi. Photo : Getty Images/Anna Moneymaker

Pour l’instant, le droit à l’avortement aux États-Unis est protégé par la jurisprudence, grâce à la décision Roe c. Wade, mais il n’est pas écrit dans la loi. Pour ce faire, davantage de sénateurs pro-choix sont nécessaires, en plus d’une majorité à la Chambre des représentants, explique Joe Biden.

Et les sénateurs devront peut-être afficher leurs couleurs avant les élections de mi-mandat. Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a déclaré mardi matin qu’il demandera aux sénateurs de voter sur la codification du droit à l’avortement dans la loi.

Tous les Américains pourront voir de quel côté se situe chaque sénateur, a-t-il dit, sans préciser la date de ce vote.Deux groupes de femmes s'opposent, pancartes en main, et scandent des slogans devant les médias rassemblés en face du bâtiment de la Cour suprême.

Des militantes pro-choix et antiavortement manifestent devant la Cour suprême des États-Unis, à Washington, le 3 mai 2022. Photo : Getty Images/Anna Moneymaker

Vers une enquête pour comprendre les circonstances de la fuite

Le leader de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a quant à lui demandé une enquête sur la fuite du document de la Cour suprême. Il s’agit là selon lui d’une action illégale qui devrait être soumise à des poursuites pénales de la part du département de la Justice.

Le juge en chef de la Cour suprême a par la suite ordonné aussi une enquête. La fuite, une violation singulière, est un affront à la Cour et à la communauté de fonctionnaires qui y travaillent.

Si cette trahison de la confidentialité de la Cour avait pour but de porter atteinte à l’intégrité de nos opérations, ça ne fonctionnera pas, a ajouté le juge Roberts. Le travail du tribunal ne sera pas compromis.

Une classe politique divisée, à l’image de la population

Plusieurs démocrates se sont rapidement exprimés lundi soir sur la possibilité de l’annulation de Roe c. Wade par la Cour suprême.

La décision constituerait une abomination, l’une des pires et des plus dommageables de l’histoire moderne, ont estimé dans un communiqué conjoint la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et Chuck Schumer. Si ces informations sont justes, la Cour suprême est prête à infliger la plus forte restriction des droits des cinquante dernières années – pas seulement aux femmes, mais à tous les Américains.

Des sénatrices, dont la démocrate Elizabeth Warren, ont rejoint les militants pro-choix devant la Cour suprême mardi.La sénatrice démocrate Elizabeth Warren parlant aux manifestants.

La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a rejoint les militants pro-choix devant la Cour suprême mardi.

Photo : Reuters/Evelyn Hockstein

Des républicains ont au contraire salué une victoire très attendue. C’est la meilleure et la plus importante nouvelle de notre vie, a commenté la représentante Marjorie Taylor Green. Son confrère Josh Hawley, sénateur au Missouri, a appelé la Cour à publier dès maintenant son arrêt.Des jeunes filles manifestent devant la Cour suprême. L'une d'entre elles porte un chandail où on peut lire qu'elle représente la génération « pro-vie » et l'autre une pancarte où il est écrit « protection dès la conception ».

De jeunes militants antiavortement se sont aussi réunis devant la Cour suprême des États-Unis, pour appuyer la possible annulation de la décision Roe c. Wade. Photo : Reuters/Elisabeth Frantz

L’annulation de Roe c. Wade serait effectivement le point culminant d’un projet de plusieurs décennies de l’aile conservatrice sociale des républicains.

Durant la campagne électorale de 2016, Donald Trump avait d’ailleurs promis qu’il ne nommerait que des juges qui annuleraient automatiquement Roe c. Wade à la Cour suprême. Durant son mandat, il y a fait entrer trois magistrats, confortant sa majorité conservatrice (six juges sur neuf).

Par Radio-Canada avec les informations de CNN, The Associated Press, l’Agence France-Presse et Reuters

Canada: Le Parti conservateur demande à ses députés de se taire sur l’avortement

mai 3, 2022

En pleine tempête sur l’arrêt Roe c. Wade aux États-Unis, les députés conservateurs à Ottawa sont appelés à rester discrets.

Candice Bergen, debout, à la Chambre des communes.

La directive est venue du bureau de la cheffe par intérim, Candice Bergen. Photo: La Presse Canadienne/Adrian Wyld

Quelques heures seulement après des révélations explosives aux États-Unis sur l’avenir de l’accès à l’avortement, le Parti conservateur du Canada (PCC) a envoyé une directive claire à ses élus.

Les conservateurs ne commenteront pas la fuite de l’avant-projet d’une décision par la Cour suprême des États-Unis, peut-on lire dans la missive envoyée aux députés conservateurs et leur personnel, obtenue par Radio-Canada et d’abord publiée par le Globe and Mail.

Lundi, le site américain Politico a dévoilé l’avant-projet d’une décision majoritaire rédigée par le juge conservateur Samuel Alito qui qualifie d’infondé l’arrêt Roe c. Wade. Si cette conclusion est effectivement retenue, la Cour suprême des États-Unis pourrait annuler le droit à l’avortement dans le pays.

Cette consigne de ne pas commenter est la preuve que ce parti n’est pas capable de s’assumer dans ses positions et qu’il ne fait pas confiance à ses propres députés, indique une source conservatrice influente au sein de l’organisation.

La direction du parti est consciente que c’est un enjeu problématique qui crée des tensions à l’interne, poursuit-elle, et veut éviter des tiraillements comme la formation politique a connu sous le leadership d’Erin O’Toole.

La décision d’envoyer cette note vient directement du bureau de la cheffe intérimaire Candice Bergen, selon une autre source conservatrice de l’ouest du pays. Elle voit son rôle comme une position où elle doit protéger l’image de marque du parti jusqu’à l’arrivée du prochain chef, et elle veut éviter les enjeux qui polarisent, explique ce conservateur.

Il ajoute que, selon lui, c’est un dossier épineux pour Candice Bergen, puisque la population de sa circonscription est très religieuse et socialement conservatrice. Son réflexe c’est d’éviter ces enjeux autant que possible, avance cette source.

Un enjeu aux États-Unis, pas au Canada

La députée Leslyn Lewis met son masque sur ses oreilles, alors qu'elle sort de la rencontre du caucus conservateur.

La députée anti-avortement Leslyn Lewis tente de briguer la chefferie conservatrice pour une deuxième fois. Photo: La Presse Canadienne/Adrian Wyld

D’autres membres du parti estiment qu’il est prématuré de se prononcer sur une fuite de documents, dans un dossier qui touche par ailleurs les États-Unis et non le Canada.

C’est ridicule qu’on demande à des politiciens canadiens de commenter des événements qui n’ont pas de lien clair avec notre pays, lance un attaché politique, qui a reçu la note mercredi matin. La jurisprudence n’est pas la même entre les deux pays.

La candidate à la chefferie anti-avortement, Leslyn Lewis, a d’ailleurs choisi de rester silencieuse sur l’enjeu. Dans un communiqué, son responsable des communications indique que l’actuelle députée de Haldimand-Norfolk, en Ontario, ne commentera pas la fuite de documents de la Cour suprême américaine, car il ne s’agit pas d’une décision finale.

De son côté, l’équipe de Jean Charest indique qu’il est pro-choix. Il ne s’opposerait pas à ce que des députés déposent des projets de loi d’initiative personnelle sur la question, mais un gouvernement sous son leadership ne présentera ni n’appuiera jamais une législation sur les droits reproductifs, précise son équipe.

Quant à Patrick Brown, il affirme que l’avortement au Canada devrait être légal, sécuritaire et à mon avis, rare. Il ajoute qu’il va toujours défendre le droit des femmes de prendre leurs propres décisions concernant leur santé reproductive.

Au moment d’écrire ces lignes, l’équipe de Pierre Poilievre n’avait pas encore offert de commentaire sur le sujet.

Une motion du Bloc québécois

Des militants pro-choix manifestant devant la Cour suprême.

« Anti-avortement = anti-femmes », peut-on lire sur une pancarte, et « Les catholiques appuient l’avortement », sur une autre, lors d’une manifestation devant la Cour suprême des États-Unis mardi. Photo : Getty Images/Anna Moneymaker

Les troupes bloquistes ont l’intention de saisir la balle au bond. Après la période des questions, la leader adjointe du Bloc québécois, Christine Normandin, déposera une motion par consentement unanime concernant le libre choix des femmes en matière d’avortement.

Le texte de la motion se lit comme suit : Que la Chambre réitère que le corps de la femme n’appartient qu’à elle seule et reconnaisse son libre choix en matière d’avortement, pour quelque raison que ce soit.

Cette motion non contraignante pourrait exposer les divisions au sein du caucus conservateur sur cette question même s’il n’y aura pas de vote individuel des députés.

Le premier ministre Trudeau a quant à lui réitéré l’importance du droit à l’avortement par l’entremise de Twitter.

Le droit est fort, selon le NPDNouveau Parti démocratique

Le chef du NPDNouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, s’est dit attristé par ces derniers développements autour de l’enjeu de l’avortement au sud de la frontière. À ses yeux, ce droit n’est pas menacé du point de vue légal au pays. Au Canada, notre droit est fort, fait-il valoir.

Toutefois, il exprime des inquiétudes autour du mouvement anti-avortement au Canada. Oui, j’ai des craintes quand on a des candidats pour la chefferie d’un parti qui n’appuient pas le droit à l’avortement, a-t-il fait remarquer en référence au PCCCommission de la capitale provinciale.

D’après Jagmeet Singh, le gouvernement canadien doit se battre pour assurer un meilleur accès à ces services au pays, dans les secteurs ruraux notamment. C’est inutile d’avoir un droit sans y avoir accès, fait-il remarquer.

Selon lui, Ottawa doit se prévaloir des dispositions de la Loi canadienne sur la santé pour forcer les provinces à fournir des services adéquats à leur population.

Avec Radio-Canada par Laurence Martin, Christian Noël et Louis Blouin

États-Unis: Voyage forcé et semaines d’attente pour les Texanes voulant avorter

avril 26, 2022
Voyage force et semaines d'attente pour les Texanes voulant avorter
Voyage forcé et semaines d’attente pour les Texanes voulant avorter© AFP/François Picard

Dans une heure, Shayla, une Texane enceinte de 13 semaines, va enfin pouvoir avorter. « J’essaie (de le faire) depuis six semaines », confie-t-elle à l’AFP dans une petite clinique de l’autre côté de la frontière de son État, en Louisiane, à cinq heures de route de chez elle.

Le 1er septembre 2021, une des lois anti-avortement les plus restrictives des Etats-Unis est entrée en vigueur dans l’État républicain du Texas, interdisant toute interruption volontaire de grossesse (IVG) à partir du moment où un battement de coeur du foetus est perceptible à l’échographie, soit quatre semaines environ après la fécondation.

Avec 30 millions d’habitants, le Texas est le deuxième État le plus peuplé du pays et cette loi a conduit les patientes vers les cliniques vite submergées d’autres États, les contraignant faute de place à retarder inexorablement leur IVG.

En février, l’association Planned Parenthood, qui défend le droit à l’avortement, a révélé que le nombre de patientes du Texas avait augmenté de presque 800 % dans les cliniques d’avortement de l’Oklahoma, du Nouveau-Mexique, du Kansas, du Colorado et du Missouri. Dans ses propres centres de santé en Oklahoma, la hausse approche les 2.500 % !

« Une fois qu’une femme a décidé qu’elle ne pouvait plus poursuivre sa grossesse, retarder l’acte y mettant fin est cruel », explique Kathaleen Pittman, l’administratrice de la clinique Hope Medical Group for Women de Shreveport où est reçue Shayla.

Attente stressante

« Beaucoup de femmes expriment un désespoir absolu », ajoute-t-elle. Et « nous devons leur expliquer que mettre fin (elles-mêmes) à leur grossesse leur fera encore plus de mal ».

Ce matin d’avril, sa clinique ressemble à une fourmilière. Les patientes arrivent de Louisiane, du Texas, du Mississippi, avec une mère, une soeur, un beau-père ou un mari chargés de les reconduire chez elles après leur avortement et de s’occuper parfois de leurs enfants.

Derrière la vitre de l’accueil, le téléphone sonne sans cesse et la demi-douzaine d’employées en charge de le décrocher répètent la même chose: impossible d’accorder un créneau, il faut s’inscrire sur une liste d’attente.

Environ deux semaines après, les patientes seront recontactées pour fixer, une ou deux semaines plus tard, le premier des deux rendez-vous obligatoires en Louisiane pour bénéficier d’un avortement.

« Cette loi met les gens à rude épreuve », témoigne une enseignante de 31 ans venue de Houston et ne souhaitant pas communiquer son prénom. « Ne pas savoir si on pourrait s’occuper de moi a été la partie la plus stressante du processus ».

Impossible pour l’établissement de Shreveport de proposer mieux. « Nous sommes physiquement une petite clinique », se justifie Kathaleen Pittman, acculée. « On a dû renforcer notre équipe. ( ?) Imaginez ce que c’est ( ?) en pleine pandémie, quand le personnel médical est déjà débordé, stressé, indisponible ! »

Avant la loi texane limitant le droit à l’avortement, 18 % seulement de ses patientes venaient du Texas, contre la moitié aujourd’hui.

Les Louisianaises, elles, sont toujours aussi nombreuses et subissent aussi les conséquences de la loi texane, contraintes de repousser leur IVG.

Jusqu’au Colorado

« Elle a su qu’elle était enceinte il y a un mois et demi » soupire une Afro-Américaine de 34 ans, en parlant de sa fille de 16 ans emmitouflée dans une couverture dans la salle d’attente de la clinique, un peu avant son avortement.

Quelques chaises plus loin, attendent deux autres Afro-Américaines venues de Houston et de Dallas.

En 2008, l’institut de recherche Guttmacher, organisme favorable à l’avortement dont les études font référence, indiquait que le taux d’avortement des femmes noires américaines était presque cinq fois supérieur à celui des blanches.

Tout en gardant parfois leur secret, ces Texanes ont dû surmonter beaucoup de difficultés logistiques pour être présentes à leurs deux rendez-vous à des centaines de kilomètres de chez elles: faire garder les enfants, quitter le travail, parfois louer une voiture, payer un hébergement ?

Il a aussi fallu qu’un proche se mobilise pour les raccompagner chez elles.

Avant qu’une place ne se libère, Shayla, 27 ans, était sur des listes d’attente dans le Colorado et dans l’Oklahoma.

« C’était soit avoir un bébé et galérer, soit voyager », explique la Houstonienne sans emploi et déjà mère célibataire d’un fils de 2 ans.

Deux associations l’ont aidée à réunir les 2.000 dollars nécessaires, dont 695 dollars pour l’IVG.

« Quelqu’un peut s’occuper de ton enfant un jour et pas le jour suivant. Comment garder un job dans ces conditions ? Alors je me suis dit que je n’allais pas avoir deux enfants et galérer encore plus », conclut-elle, tandis que sa mère et son fils attendent à l’extérieur.

Par Le Point avec AFP

« Ils veulent contrôler nos corps » : Washington mobilisé pour le droit à l’avortement

octobre 3, 2021

REPORTAGE. Samedi, des milliers de manifestants ont affirmé leur attachement à un droit de plus en plus menacé par des lois passées dans les États conservateurs.

Lors de la Marche des femmes, a Washington samedi.
Lors de la Marche des femmes, à Washington samedi.  © ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Le samedi à Washington, les manifestations se suivent, mais ne se ressemblent pas. La semaine dernière, parmi la centaine de pro-Trump soutenant les « prisonniers politiques » (c’est-à-dire qui sont entrés dans le Capitole le 6 janvier 2021), certains étaient déguisés en Batman pourfendant la corruption, ou habillés comme le « chaman » de QAnon, devenu emblématique de l’assaut.

Ce samedi, ils – mais surtout elles – sont des milliers. Certaines sont déguisées en Ruth Bader Ginsburg, la juge de la Cour suprême décédée en septembre 2020, infatigable défenseuse des droits des femmes ; ou en servantes écarlates, comme dans la série dystopique où les femmes fécondes sont violées dans l’espoir d’une grossesse. Les pancartes multicolores font assaut de créativité, montrant l’« éléphant dans l’utérus » (emblème du Parti républicain) ou des cintres barrés (rappel des pratiques dangereuses d’avortements clandestins) ou comparant les conservateurs aux talibans. L’ambiance est joyeuse, égayée par un concert, mais combative. Dans tout le pays, des manifestations ont lieu pour défendre le droit à l’avortement, fragilisé dans les États conservateurs. Mais Washington réunit le plus grand nombre de participants, des milliers de personnes voulant mettre la Cour suprême des États-Unis sous pression avant sa rentrée, lundi.closevolume_off

À LIRE AUSSIAraud – États-Unis : le combat toujours renouvelé contre l’avortementMimi porte un panneau où on peut lire : « Vraiment, la Cour suprême ? Faites mieux ! » Elle est venue du Connecticut avec sa sœur de New York, une autre de Cleveland, et sa nièce Tate, 26 ans, assistante juridique à Cincinnati, dans l’Ohio. « C’est terrifiant ce qui s’est passé au Texas, dit celle-ci. L’Ohio est violet [parfois républicain, parfois démocrate, NDLR] et si Roe v. Wade [la loi autorisant l’avortement depuis 1973, NDLR] tombe, chez nous, cela entraîne l’application de dispositions restrictives. »

La Cour suprême critiquée

Le 1er septembre, le Texas a passé une loi interdisant l’avortement après six semaines (sans exception pour les viols), et tout particulier peut attaquer en justice quelqu’un qu’il soupçonne d’avoir aidé à interrompre une grossesse après ce délai. Des associations ont déposé un recours devant la Cour suprême, qui l’a maintenue. L’institution devra également traiter, après sa rentrée, un autre cas concernant l’avortement, au Mississippi, qui pourrait entraîner une remise en cause générale de la loi Roe v. Wade. Chaque État pourrait ensuite décider d’autoriser ou non l’avortement. Depuis le 1er janvier, 19 États ont adopté 63 lois le restreignant.

Sharon Walters, 66 ans, a mis deux heures et demie, en métro et en bus, pour venir de Virginie. Elle aussi s’en prend à la Cour suprême. « Les trois derniers juges placés par Trump sont très politiques, et ils ne sont pas censés l’être. La seule solution est de la réformer. On pourrait imposer des limites de mandats, ou changer le mode de nomination. C’est très inquiétant, ils votent en fonction de leur religion. Quant à Amy Coney Barrett, elle a cinq enfants et elle est juge à la Cour suprême. On n’arrive pas là en changeant des couches et en allant aux réunions parents-professeurs. Elle a eu énormément d’aide, c’est une femme blanche qui a eu des privilèges. »

Ils refusent de réguler l’accès aux armes, mais régulent nos corps.

Les audiences pour la nomination de cette jeune juge ultraconservatrice, en octobre 2020, s’étaient focalisées sur son opposition à l’avortement. Les dernières semaines et le refus de la Cour suprême de statuer sur la loi texane ont confirmé les craintes des libéraux. Casey Schmitz, 23 ans, qui travaille dans le marketing à Baltimore, est venue avec sa mère. Elle aussi est « terrifiée » : « Amy Coney Barrett a été installée si vite, ça n’a l’air de rien, mais sa nomination a un impact énorme sur des milliers de femmes. Et ce qui m’exaspère, c’est qu’on a tellement d’enfants orphelins dont on ne s’occupe pas. »https://44a9af64109c1abc5fbf3c7dac4c8f85.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-38/html/container.html

Le Texas, sans surprise, concentre les critiques. Catherine Mouer, 21 ans, est d’Austin, elle a honte : « C’est incroyable qu’ils refusent de réguler l’accès aux armes, mais régulent nos corps. Ces gens qui se disent pro-vie sont aussi antimasque, antivax, opposés à l’assurance santé universelle… Il faut qu’on s’occupe de ceux qui sont en vie, et on a le droit de ne pas être abattu en pleine rue ! » Le 1er septembre, le Texas a aussi autorisé le port d’armes sans permis. Son amie, Katherine Dunbar, de Dallas, surenchérit : « Quand la loi sur l’avortement est passée, on a toutes eu une réaction viscérale, on était très mal, ça nous affecte directement. Je me souviens d’avoir pleuré, quand Ruth Bader Ginsburg est morte, et que mon père, pourtant merveilleux, ne comprenait pas. Au Texas, ça devient aussi plus difficile d’avoir accès à la contraception, et à la pilule du lendemain. Il est très clair que ces gens n’en ont rien à faire, de la vie, ils veulent juste contrôler le corps des femmes. Sinon, ils investiraient dans les orphelinats. »

Face à face

Manifestants contre l’IVG devant la Cour suprême à Washington, samedi 2 octobre.  © ALLISON BAILEY / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Après des interventions à la tribune, le cortège s’ébranle pour atteindre la Cour suprême, où les attend une poignée de militants antiavortement protégés par un cordon de policiers. Un groupe chrétien prie à voix haute et diffuse des hymnes religieux. À côté, Danielle Cormier, 25 ans, est étudiante à Washington DC, mais elle est originaire de l’État conservateur de la Louisiane. « Les femmes méritent mieux que l’avortement, il faut de meilleures politiques sociales pour celles qui se trouvent en situation d’en vouloir un, parce qu’elles sont pauvres ou ont besoin d’aide. Il faudrait une assurance santé universelle pour les jeunes enfants. » Et dans le cas d’un inceste ou d’un viol ? « Il faut aider ces femmes, leur apporter un soutien émotionnel et financier, c’est très difficile, mais il s’agit toujours d’un enfant, dans leur utérus, qui n’a pas demandé à être conçu de telle ou telle façon. » La Cour suprême doit examiner le cas du Mississippi le 1er décembre.

France: Macron réaffirme son soutien au droit à l’avortement

septembre 28, 2021
Macron reaffirme son soutien au droit a l'avortement
Macron réaffirme son soutien au droit à l’avortement© POOL/AFP/Ludovic MARIN

Emmanuel Macron a réaffirmé mardi qu’il serait « toujours » du côté des défenseurs du droit à l’avortement, un « droit fondamental pour toutes les femmes », à l’occasion de la journée mondiale en faveur de ce droit.

« En cette journée mondiale du droit à l’avortement, je veux redire que je serai toujours du côté de celles et ceux qui défendent ce droit fondamental pour toutes les femmes », écrit le chef d’Etat dans un tweet où il joint un extrait vidéo du discours prononcé par Simone Veil en novembre 1974 à l’Assemblée nationale pour dépénaliser l’avortement en France.

Dans une étude publiée mardi, la Drees indique que le nombre d’interruptions volontaires de grossesse avait baissé en 2020, en particulier en mai et juin, probablement en raison d’une baisse des conceptions pendant le premier confinement.

A l’approche de la fin du quinquennat, certains parlementaires, y compris de la majorité, voudraient remettre sur le métier une proposition de loi, votée à l’assemblée en octobre 2020 mais rejetée par le Sénat en janvier, qui vise à allonger le délai d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse.

Dans un entretien à Elle en juin, Emmanuel Macron avait exprimé son opposition à un tel allongement, estimant que l’avortement était « plus traumatisant dans ces délais-là ».

Totalement interdit dans une minorité de pays mais soumis à des conditions extrêmement restrictives dans de nombreux autres, l’accès à l’avortement demeure très inégal dans le monde.

En Europe, l’interdiction totale est une exception. Si plusieurs pays comme l’Irlande ont assoupli l’accès à l’IVG ces dernières années, la Pologne, via une décision du tribunal constitutionnel, a restreint le 22 octobre 2020 le droit à l’IVG, interdisant les avortements en cas de malformation du foetus.

Par Le Point avec AFP

Le gouvernement de Trump furieux de l’avortement d’une adolescente sans papiers

novembre 3, 2017

Des opposants à l’avortement manifestent à Washington, le 5 mai 2017 / © GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP / ALEX WONG

Le gouvernement de Donald Trump a suggéré vendredi des sanctions disciplinaires à l’encontre des avocats d’une adolescente sans papiers, qui a obtenu le droit d’avorter alors qu’elle était détenue dans un centre de rétention migratoire.

Dans un recours de 130 pages adressé à la Cour suprême des Etats-Unis, le ministère américain de la Justice accuse les défenseurs de la jeune fille d’avoir précipité son interruption de grossesse, sans leur laisser le temps de poursuivre la bataille judiciaire.

« Une sanction disciplinaire pourrait se justifier » à l’encontre des avocats de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), affirme le gouvernement. L’ACLU mène devant les tribunaux un vaste combat contre les politiques de M. Trump.

Dans cette affaire qui s’est imposée comme la première grande bataille judiciaire autour d’un avortement sous la présidence du milliardaire, l’ACLU défend une jeune étrangère de 17 ans, identifiée par le pseudonyme « Jane Doe ».

L’adolescente, détenue au Texas après être entrée clandestinement aux Etats-Unis, avait demandé à avorter en septembre.

Les autorités lui avaient laissé le choix entre ne pas avorter ou accepter d’être expulsée pour obtenir ailleurs une interruption volontaire de grossesse.

L’ACLU a mené une âpre bataille sur ce dossier qui a pris une forte portée symbolique en raison de ses enjeux touchant aux droits des femmes et des immigrés.

Finalement la cour d’appel fédérale de Washington, siégeant en assemblée plénière, a le 24 octobre affirmé le droit de « Jane Doe » à obtenir un avortement.

– IVG à l’aube –

En se fondant sur ce jugement favorable, les soutiens de l’adolescente l’ont conduite se faire pratiquer une IVG dès les premières heures du 25 octobre, court-circuitant ainsi le ministère de la Justice, qui avait prévu de saisir la Cour suprême ce même jour.

La loi au Texas impose un délai d’au moins 24 heures entre un premier entretien de conseil avec le médecin avorteur et l’IVG en elle-même.

Les avocats du gouvernement affirment que leurs homologues de l’ACLU leur avaient assuré que l’entretien se déroulerait le 25 octobre, pour une intervention le 26. En fait, l’adolescente avait déjà passé un entretien médical le 19 octobre, ce qui selon l’ACLU a permis l’IVG dès le petit matin du 25 octobre.

L’ACLU a affirmé vendredi avoir agi « en conformité absolue avec la décision de la cour, la loi fédérale et celle du Texas ».

« Ce gouvernement a mobilisé des moyens stupéfiants pour empêcher cette jeune femme d’obtenir un avortement. Aujourd’hui, car ils ont échoué à la bloquer, ils mettent en cause de façon infondée notre conduite », a dénoncé David Cole, le directeur juridique de l’ACLU.

Le dossier présentait de toute façon un caractère d’urgence: Jane Doe était enceinte le 24 octobre de plus de 15 semaines, alors que le Texas prohibe la plupart des avortements au-delà de 20 semaines.

La saisie vendredi de la Cour suprême, à tendance conservatrice, illustre la détermination actuelle du gouvernement américain à agir en faveur des opposants à l’avortement, qui contrôlent la Maison Blanche et le Congrès.

La haute cour avait légalisé l’avortement dans tous les Etats-Unis en 1973. Mais les restrictions à ce droit ont tendance à se multiplier depuis la victoire électorale de Donald Trump.

Romandie.com avec(©AFP / 03 novembre 2017 18h38)                

Le Chili ouvre la porte à l’avortement après 28 ans d’interdiction

août 21, 2017

Des militants pro-avortement manifestent leur joie devant le tribunal Constitutionnel, le 21 août 2017 à Santiago au Chili / © AFP / CLAUDIO REYES

Le Tribunal constitutionnel du Chili a donné lundi son feu vert à la loi dépénalisant l’avortement thérapeutique, ultime étape mettant fin à près de 30 ans d’interdiction totale de l’IVG, comme c’est encore le cas dans 18 pays à travers le monde.

La loi, fruit d’intenses débats durant deux ans et demi, avait déjà été approuvée début août par la Chambre des députés puis par le Sénat, mais la droite conservatrice avait saisi le Tribunal constitutionnel en invoquant une atteinte au principe du droit à la vie figurant dans la Constitution.

Le Tribunal constitutionnel a rejeté « les deux recours (déposés par la droite, ndlr) par six votes contre quatre », a déclaré son secrétaire général Rodrigo Pica lors d’une conférence de presse.

Jusqu’ici, l’avortement n’était autorisé au Chili dans aucune circonstance. Après ce feu vert, il reste selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) 18 pays dans le monde interdisant totalement l’avortement, parmi lesquels Haïti, le Congo et le Vatican.

Une fois que la loi sera promulguée par la présidente Michelle Bachelet, sa principale promotrice, l’avortement sera possible dans trois cas précis: pour les femmes dont la vie est en danger, pour les victimes de viols, et pour les femmes dont le foetus est jugé non viable.

Cette annonce a déclenché des cris de joie parmi les dizaines de militants rassemblés devant l’institution à Santiago.

La Corporation pour les droits sexuels et reproductifs (Miles) a qualifié cette décision d' »historique » car elle « marque un avant et un après pour les femmes chiliennes ».

« Aujourd’hui, nous les femmes conquérons de nouveaux espaces de dignité, de liberté, d’autonomie et d’égalité, car on a mis fin définitivement à l’interdiction totale de l’avortement, à la stigmatisation et aux sanctions injustes et inhumaines qui pesaient sur les personnes cherchant à interrompre leur grossesse », a-t-elle souligné dans un communiqué.

La semaine dernière, Mme Bachelet avait affirmé que cette loi était « le minimum dû par le Chili à ses femmes ».

– 70% des Chiliens favorables –

Egalement rassemblés devant le Tribunal constitutionnel, des opposants à la loi ont réagi en traitant d' »assassins » ses promoteurs. « Ils s’unissent contre la vie du juste et condamnent le sang innocent », ont repris en choeur les manifestants.

La semaine dernière, les dix juges du Tribunal constitutionnel ont entendu 135 organisations et personnalités exposer leurs arguments pour et contre cette loi, tandis que devant l’institution les anti-avortement manifestaient avec des berceaux vides ou en diffusant sur des haut-parleurs les battements de coeur d’un foetus.

Cette dépénalisation, soutenue selon des sondages par 70% de la population, marque un changement de société majeur au Chili, l’un des derniers pays développés à avoir reconnu le divorce en 2004. L’Eglise catholique y est très présente.

Jusqu’en 1989 et pendant plus de 50 ans, l’avortement était permis en cas de risque pour la mère et de foetus non viable, mais avant de quitter le pouvoir le dictateur Augusto Pinochet (1973-1990) l’avait totalement interdit.

Officiellement, le Chili enregistre chaque année quelque 30.000 avortements provoqués ou spontanés, mais les interruptions clandestines pourraient être de l’ordre de 160.000.

La dépénalisation de l’avortement thérapeutique s’inscrit dans une série de réformes sociales voulues par la présidente Bachelet pendant son second mandat, qui s’achève à la fin de l’année.

Il y a deux ans, la dirigeante socialiste, pédiatre de formation, avait obtenu que le Parlement – où elle a la majorité, mais avec des secteurs très conservateurs au sein de son parti – vote l’union civile de couples du même sexe. D’ici quelques jours, elle lancera un nouveau projet, cette fois pour légaliser le mariage homosexuel.

Romandie.com avec(©AFP / 21 août 2017 22h24)