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«Biens mal acquis»: 4 ans de prison et 10 millions d’euros d’amende requis à Paris contre l’oncle de Bachar el-Assad

décembre 16, 2019

Le procureur a également requis la confiscation de tous les biens immobiliers français – déjà saisis – de cet ancien pilier du régime de Damas

Le Parquet national financier a requis lundi à Paris quatre ans de prison et 10 millions d’euros d’amende contre Rifaat el-Assad, oncle du président syrien Bachar al-Assad, accusé de s’être frauduleusement bâti en France une fortune immobilière estimée à 90 millions d’euros.

Le procureur a également requis la confiscation de tous les biens immobiliers français – déjà saisis – de cet ancien pilier du régime de Damas, jugé pour «blanchiment en bande organisée» de fraude fiscale aggravée et de détournements de fonds publics syriens, entre 1984 et 2016. Le Parquet national financier (PNF) demande notamment la confiscation de deux hôtels particuliers et d’une quarantaine d’appartements dans les beaux quartiers parisiens, d’un château et de haras dans le Val-d’Oise…

Exil négocié

Rifaat al-Assad est jugé depuis le 9 décembre par le tribunal correctionnel de Paris, deuxième procès en France d’une affaire de «biens mal acquis» après celui du vice-président de Guinée équatoriale Teodorin Obiang. Résident britannique de 82 ans, il s’est fait excuser pour raisons médicales et conteste les accusations.

Rifaat al-Assad fut contraint à l’exil en 1984 après un coup d’Etat manqué contre son frère Hafez al-Assad, père de l’actuel président Bachar al-Assad. Avec sa famille et une suite de 200 fidèles, lui qui n’avait aucune fortune familiale en Syrie avait amassé en Europe un empire immobilier qui éveillera tardivement les soupçons.

En France, ses biens sont détenus par des sociétés nichées un temps dans des paradis fiscaux et désormais au Luxembourg, gérées par ses proches: «un patrimoine sciemment occulté, une confusion sciemment entretenue», selon le procureur.

Rifaat al-Assad assure que sa fortune provient de la générosité d’Abdallah, prince héritier puis roi saoudien, qui l’aurait financé de manière continue entre les années 1980 et sa mort en 2015. Une explication balayée par le procureur qui la juge non étayée. Le magistrat a tenté de démontrer que ces millions provenaient plutôt de détournements de fonds publics syriens, notamment d’un exil négocié avec Hafez al-Assad et financé par Damas.

Dans cette affaire qui remonte à 35 ans, l’accusation n’a pas de preuve matérielle de versements syriens en faveur de Rifaat al-Assad.

À défaut, le procureur s’est notamment basé sur des témoignages – vivement contestés par la défense – faisant état de détournements de fonds et corroborés selon lui par le budget syrien, et sur les analyses d’un géographe spécialiste de la Syrie.

La défense plaidera la relaxe mardi.

Par Le Figaro.fr avec AFP

Assad se défend après l’attaque chimique présumée, tensions russo-américaines

avril 13, 2017

 

Le président syrien Bachar el-Assad lors d’une interview à Damas accordée à l’AFP le 12 avril 2017 / © Syrian Presidency Press Office/AFP / Handout

Le président syrien Bachar al-Assad a mis en cause les pays occidentaux pour avoir monté l’attaque chimique présumée à Khan Cheikhoun, à l’origine de fortes tensions entre Washington et Moscou dont les relations sont « au plus bas ».

Dans un entretien exclusif accordé mercredi à l’AFP à Damas, M. Assad a affirmé que son armée n’était pas responsable de l’attaque présumée qui a provoqué selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) la mort de 87 civils dans cette ville rebelle du nord-ouest syrien le 4 avril.
« Il s’agit pour nous d?une fabrication à 100% », a déclaré le chef de l’Etat syrien qui s’exprimait pour la première fois depuis cette attaque qui a provoqué un vif choc dans le monde.

« Notre impression est que l’Occident, principalement les Etats-Unis, est complice des terroristes et qu’il a monté toute cette histoire pour servir de prétexte à l’attaque » menée le 7 avril par les Etats-Unis contre une base aérienne du régime syrien, a-t-il ajouté.

L’attaque chimique présumée a provoqué une brusque montée des tensions autour du conflit en Syrie. Dénonçant une attaque « très barbare », le président américain Donald Trump a ordonné le bombardement de la grande base d’Al-Chaayrate, la première frappe américaine contre le régime depuis le début du conflit en 2011.

« Notre puissance de feu, notre capacité à attaquer les terroristes n’a pas été affectée par cette frappe », a affirmé M. Assad à l’AFP.

Pour l’administration américaine, il n’y a « pas de doute » que le régime de Damas est responsable de l’attaque chimique présumée. Et M. Trump a jugé « possible » que la Russie, principal allié de Damas, ait été au courant de cette attaque.

Dans l’entretien à l’AFP, le président syrien a assuré que son régime ne possédait plus d’armes chimiques depuis leur destruction en 2013. « Il y a plusieurs années, en 2013, nous avons renoncé à tout notre arsenal (…) Et même si nous possédions de telles armes, nous ne les aurions jamais utilisées ».

Le président syrien Bachar el-Assad (D) interviewé par le journaliste de l’AFP Sammy Ketz le 12 avril 2017 à Damas / © Syrian Presidency Press Office/AFP / Handout

– Nouveau veto russe –

Le regain de tension entre Américains et Russes a été palpable durant la première visite du secrétaire d’Etat Rex Tillerson à Moscou où il a rencontré mercredi le président Vladimir Poutine après le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

M. Tillerson, ex-PDG d’ExxonMobil ayant été décoré par Vladimir Poutine en 2013, a déploré le « faible niveau de confiance entre (nos) deux pays ».

« A l’heure actuelle, nous ne nous entendons pas du tout avec la Russie », a reconnu Donald Trump à Washington, en évoquant une « relation peut-être au plus bas (niveau) de tous les temps ». Mais jeudi, il s’est dit convaincu que les choses « vont s’arranger » avec la Russie.

M. Poutine a, lui, estimé que les relations bilatérales s’étaient détériorées depuis l’arrivée à la Maison Blanche de M. Trump qui avait pourtant prôné au début de sa présidence un rapprochement avec Moscou.

Dans une autre illustration des divisions internationales sur la Syrie, la Russie a opposé mercredi à New York son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité présenté par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni et réclamant une enquête sur l’attaque de Khan Cheikhoun.

C’est la 8e fois depuis le début de la guerre que Moscou bloque toute action de l’ONU contre son allié syrien.

Assad assure ne plus posséder d’armes chimiques / © présidence syrienne/AFP / –

Washington, Londres et Paris ont protesté avec force. « Le jour du Jugement dernier pour Assad », a tweeté l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley.

– Enquête ‘impartiale

Interrogé par l’AFP, M. Assad a affirmé qu’il n’accepterait « qu’une enquête impartiale » sur Khan Cheikhoun, en s' »assurant que des pays impartiaux y prendront part pour être sûr qu?elle ne sera pas utilisée à des fins politiques ».

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques a annoncé avoir ouvert une enquête et dit avoir contacté les autorités syriennes.

A Moscou, M. Tillerson, qui avait semblé s’accommoder fin mars d’un maintien au pouvoir du président syrien, a réclamé le départ « organisé » de M. Assad dans le cadre d’une transition politique.

Mais M. Lavrov a rappelé les précédents chaos provoqués selon lui par les chutes des « dictateurs » irakien Saddam Hussein ou libyen Mouammar Kadhafi.

Agé de 51 ans, M. Assad préside la Syrie depuis 2000, lorsqu’il avait succédé à son père Hafez, mort après avoir dirigé pendant 30 ans la Syrie d’une main de fer.

Moscou intervient militairement en soutien à Damas depuis septembre 2015 et les Etats-Unis pilotent depuis septembre 2014 une coalition internationale luttant contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Une des frappes de cette coalition a tué par erreur mardi 18 combattants alliés des Forces démocratiques syriennes dans le nord-est de la Syrie, selon le commandement des forces américaines.

Romandie.com avec(©AFP / 13 avril 2017 15h57)

Syrie : comment les Occidentaux ont renoué avec Bachar el-Assad

janvier 20, 2014

En dépit des annonces politiques, les services secrets européens ont repris contact avec leurs homologues syriens sur la menace djihadiste.

Le président syrien, Bachar el-Assad, le 20 janvier 2014, au cours d'une interview exclusive de l'AFP. © JOSEPH EID / AFP

Le président syrien, Bachar el-Assad, le 20 janvier 2014, au cours d’une interview exclusive de l’AFP. © JOSEPH EID / AFP

L’Occident fait-il de nouveau volte-face sur la Syrie ? Après avoir été remis en selle sur la scène internationale, à la faveur du rocambolesque accord sur le démantèlement des armes chimiques syriennes, le régime syrien recevrait depuis de bien précieux visiteurs. « Il existe des contacts entre les services de renseignements de certains pays occidentaux et leurs homologues syriens sur des questions sécuritaires », explique au Point.fr une source bien informée.

Par « questions sécuritaires », l’Occident désigne en fait l’inquiétante recrudescence du nombre de djihadistes originaires du Vieux Continent au sein de groupes affiliés à al-Qaida combattant en Syrie. Véritable hantise des chancelleries occidentales, cette problématique paraît désormais prendre le dessus sur toute autre considération, dans une crise syrienne devenue inextricable. « Cela fait plusieurs mois, depuis l’été 2012, que nous sommes particulièrement inquiets face à un phénomène d’une ampleur inégalée », a encore indiqué dimanche Manuel Valls, durant Le Grand Rendez-vous Europe1-i>Télé-Le Monde.

La peur bleue du djihadisme

D’après le ministre de l’Intérieur, quelque 700 Français – ou personnes résidant en France – seraient impliqués dans le conflit syrien : près de 250 combattent actuellement en Syrie, une centaine sont en transit pour s’y rendre, 150 ont manifesté leur volonté d’y aller, 76 en sont revenus, et enfin 21 y ont trouvé la mort. Une tendance qui s’est « accélérée ces dernières semaines », a prévenu Manuel Valls.

C’est donc pour enrayer ce phénomène, qui fait peser sur l’Europe de lourdes menaces, dès lors que les djihadistes rentreront au pays, que les services de renseignements occidentaux ont renoué avec Damas. À en croire le Wall Street Journal, plusieurs réunions auraient ainsi eu lieu depuis cet été entre des membres de services européens, d’anciens diplomates occidentaux et des représentants du régime syrien. D’après le quotidien américain, qui cite des responsables occidentaux et moyen-orientaux, les premiers à avoir franchi le pas seraient les Britanniques du MI6 (les services secrets de renseignements), mandatés par Londres. Auraient suivi, à partir de novembre, leurs homologues allemands, espagnols… mais aussi français.

Des liens qui ont « toujours existé » (ex-diplomate)

« Les liens entre les différents services ont toujours existé, notamment pour ce qui est des otages occidentaux », concède Ignace Leverrier (1), ancien diplomate en poste à Damas. « Mais des contacts ne signifient nullement la reprise des relations diplomatiques. » En mars 2012, la France et la Grande-Bretagne ont été parmi les premiers pays à fermer leurs ambassades à Damas, afin de protester contre la répression menée par le régime contre sa propre population. Ils avaient été suivis par la grande majorité de leurs alliés.

« C’est justement lorsque la diplomatie est rompue que les services de renseignements extérieurs ont pour mission d’établir des contacts, y compris avec des régimes adverses », explique Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Cet ancien officier analyste au secrétariat général de la défense nationale (SGDN) ajoute que la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur, à ne pas confondre avec la direction générale de la sécurité extérieure) n’a pas apprécié la rupture en 2012 des relations avec Damas, d’autant plus que la collaboration entre services permettait de recueillir de précieuses informations sur les djihadistes.

« Schisme » entre services et politiques occidentaux

D’après un fin connaisseur du dossier, ce seraient en réalité les services allemands qui auraient les premiers ouvert le bal à Damas en mai 2013, avant que nombre de leurs homologues européens – dont la France – ne leur emboîtent le pas. Or, à chaque rencontre, le général Ali Mamlouk, chef des services secrets syriens, a conditionné toute collaboration à une réouverture préalable des liens diplomatiques avec les pays concernés. Si notre première source écarte qu’un pays occidental du groupe des Amis de la Syrie (France, Royaume-Uni, États-Unis, Allemagne, Italie) songe à rouvrir son ambassade, elle admet cependant que « d’autres États demeurent aujourd’hui tentés ».

Pour l’heure, Madrid est la seule capitale étrangère à avoir admis des échanges avec Damas, rapporte le Wall Street Journal. Une discrétion que n’a pas observée la Syrie. Dans un entretien à la BBC le 15 janvier dernier, Faisal Mekdad, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, a souligné que « beaucoup » de services occidentaux avaient approché Damas, notamment pour « coopérer sur des mesures de sécurité ». « Les terroristes » envoyés d’Europe en Syrie sont devenus « une vraie menace pour eux », a martelé le responsable syrien, prenant un malin plaisir à interpréter ces contacts comme un « schisme » entre les services occidentaux et leurs politiques, qui poussent au départ de Bachar el-Assad.

Vers une réouverture d’ambassades ?

Toutefois, Ignace Leverrier invite à se méfier des annonces tapageuses de la Syrie, qui, d’après lui, visent avant tout à donner l’impression d’une normalisation des relations avec Damas, alors qu’il n’en est rien. « Il ne s’agit pas de réhabiliter le régime syrien, mais d’atténuer la menace liée aux djihadistes », souligne l’ex-diplomate. « Nous savons que Bachar el-Assad n’a jamais véritablement lutté contre eux. Au contraire, il s’en sert comme d’un allié objectif semant la panique dans les zones qu’il conquiert. »

Reste que la reprise de contacts entre le régime syrien et l’Occident place Bachar el-Assad en position idéale à la veille de la conférence sur la paix de Genève II. Ayant déjà repris l’avantage sur le terrain, le président syrien paraît aujourd’hui en mesure d’imposer ses propres conditions à une opposition syrienne morcelée et affaiblie. Ultime pied de nez à ses détracteurs, le maître de Damas a d’ailleurs annoncé qu’il y avait de « fortes chances » qu’il brigue un nouveau mandat en 2014. Or, la conférence vise justement à ce qu’il cède le pouvoir.

Lepoint.fr par Armin Arefi

Syrie: une question « de semaines »

décembre 13, 2012
La chute du régime du président syrien Bachar el-Assad pourrait n’être qu’une question de « semaines », a déclaré aujourd’hui à l’AFP le ministre irakien des Finances, dont le pays a jusqu’ici évité toute prise de position publique au sujet du conflit syrien. « Il y a une réelle accélération concernant l’attention portée à la Syrie par la communauté internationale (…), une véritable inquiétude au sujet de l’utilisation d’armes chimiques » a affirmé le ministre, Rifaa al-Issawi, en marge d’une réunion avec le Fonds monétaire international à Amman. « J’ai personnellement l’impression que (…) les changements (en Syrie) auront lieu d’ici peu », a ajouté M. Issawi.
« Je crois, personnellement (que c’est une question) de semaines », a-t-il précisé relevant qu' »à présent les combats ont lieu aux alentours de l’aéorport de Damas (…) on a l’impression qu’il y a une accélération ».

Le ministre irakien, de confession sunnite comme la majorité des rebelles syriens, a également estimé les combats dans la région de Damas étaient une indication que le changement pouvait être proche, notant une accélération des efforts internationaux visant le régime du président Assad. Ses propos interviennent alors que le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, dont le pays est le grand allié de Damas, a estimé que le régime syrien perdait « de plus en plus » le contrôle du pays et qu’une victoire de l’opposition dans ce conflit n’était pas à exclure. Le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a lui aussi déclaré jeudi que le régime syrien « se (rapprochait) de l’effondrement », qui « n’est qu’une question de temps ».

La Syrie est en proie à un conflit déclenché en mars 2011 par une révolte populaire contre le pouvoir qui s’est transformée en rébellion armée face à une répression sanglante. Les violences ont fait en près de 21 mois plus de 42.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

 
Lefigaro.fr avec AFP

La Syrie accepte le plan de paix de Kofi Annan

mars 28, 2012

Le projet de l’ancien secrétaire général de l’ONU entend esquisser un dialogue entre le pouvoir syrien et l’opposition.

Les points positifs sont trop rares dans le lourd dossier syrien pour que l’on ne s’en félicite pas lorsqu’ils surviennent. Si elle était dûment reprise à son compte par Damas, l’annonce faite mardi depuis Pékin par Kofi Annan que les autorités syriennes acceptaient son plan de paix en six points serait peut-être porteuse d’espoir. La confirmation, en tout cas, qu’après le soutien exprimé par le Conseil de sécurité, le 21 mars, à la mission de l’ex-secrétaire général de l’ONU, une dynamique s’amorce pour mettre fin aux violences et nouer un dialogue politique, même si c’est sur une base minimale. Car les questions demeurent sur les intentions véritables du régime de Bachar el-Assad.

À Paris, le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valéro, a dit prendre note de l’acceptation du plan Annan et attendre des détails. Les six points de document (fin de la violence, dialogue politique, aide humanitaire, fin des détentions arbitraires, liberté pour les journalistes et libertés civiques pour les Syriens) figurent dans la déclaration votée à l’ONU et constituent donc un «compromis acceptable», estime-t-on. Le fait que la Russie et la Chine, auprès desquelles Kofi Annan vient de plaider, soient enfin «totalement à bord» constitue un facteur encourageant. «La Russie s’est engagée, il lui sera plus difficile à l’avenir de tergiverser», positive une source diplomatique.

Mais on ne dissimule pas des doutes qui devront être levés rapidement. Car, explique un diplomate, «certains aspects du plan sont d’application immédiate», tels le cessez-le-feu, les mouvements de troupes, l’utilisation des armes lourdes contre la population civile et le retrait des militaires des centres-villes. «On saura très vite si le régime syrien est sérieux», relève cette source.

Bombardements à Homs

Autre élément clé, le dialogue politique devra être précisé. À Paris, on souligne que le plan Annan «s’imbrique bien» dans le plan de la Ligue arabe prévoyant un processus de transition politique. Le sort réservé à Bachar el-Assad, une question éminemment sensible, n’est pas précisé. La Russie, qui insiste sur la nécessité pour les Syriens de régler eux-mêmes leurs affaires, conserve donc la possibilité de brandir un carton rouge, prétextant des «ingérences extérieures».

Quant à Bachar el-Assad, que nombre d’observateurs à Damas ne jugent pas menacé dans l’immédiat, il compte bien amener la communauté internationale à admettre son maintien au pouvoir.

Réunie mardi à Istanbul, l’opposition syrienne devra lever une hypothèque majeure en tentant de prouver sa capacité à serrer les rangs sur un projet démocratique. Un premier pas a été fait dans cette direction hier soir, puisque la plupart de ses représentants ont reconnu le Conseil national syrien, principale coalition de l’opposition, comme «le représentant formel» du peuple syrien. La réunion, dimanche prochain, à Istanbul également, des «amis de la Syrie» permettra un état des lieux. La Russie a déjà annoncé qu’elle ne serait pas présente.

Sur le terrain, les armes parlaient toujours mardi. Les rebelles ont fait état de bombardements à Homs et de très violents combats à travers le pays, dont le bilan serait de six soldats et de sept civils tués.

Lefigaro.fr par Alain Berluet

Barack Obama pourrait lâcher Bachar el-Assad

août 11, 2011

Selon plusieurs médias, le président américain s’apprêterait à demander au raïs syrien de quitter le pouvoir.

Le timide mea culpa de Bachar el-Assad, qui a reconnu, mercredi, devant une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU, que «quelques erreurs» avaient été commises par les forces de sécurité, ne devrait pas infléchir la décision de Barack Obama. Le président américain serait sur le point de demander à son homologue syrien de partir alors que la répression a fait seize nouvelles victimes, mercredi à Homs. Selon plusieurs médias américains, qui citent des sources à la présidence, Obama pourrait l’annoncer avant la fin de la semaine. Hier soir, cependant, Jay Carney, le porte-parole de la Maison-Blanche, a refusé de confirmer ces informations.

Barack Obama et la secrétaire d’État Hillary Clinton devaient s’entretenir de ce sujet mercredi soir. Plus tôt dans la journée, le département du Trésor a gelé les avoirs de la plus grande banque commerciale de ­Syrie, la Commercial Bank of Syria, et interdit toute transaction avec elle. Une action internationale coordonnée avec l’Europe et les pays arabes visant à assécher les revenus – pétroliers, notamment – du gouvernement syrien est aussi à l’étude. La poursuite de la répression, qui a fait plus de 2000 morts depuis le 15 mars dernier, rendait de plus en plus intenable la position de la Maison-Blanche, vertement critiquée pour sa timidité par les républicains au Congrès.

De plus en plus de fermeté

L’Administration américaine a évolué graduellement. Washington a d’abord multiplié les mises en garde à Bachar el-Assad ces derniers mois. Elle a ensuite opté pour une approche plus ferme. Le 8 juillet, l’ambassadeur américain Robert Ford a rencontré des opposants à Hama, l’un des foyers de la contestation. Hillary Clinton a reçu une délégation à Washington la semaine dernière. Mardi, la porte-parole du département d’État est allée un peu plus loin. «Il ne peut y avoir aucun type de partenariat avec un régime qui commet ce genre d’action», a-t-elle déclaré.

Mais, jusqu’à présent, la Maison-Blanche s’est refusée à lâcher Bachar el-Assad, car elle estime son rôle important pour la stabilité de la région, et l’influence américaine en Syrie trop limitée pour avoir un impact. Obama juge en outre que l’alternative politique au régime d’el-Assad reste floue. Enfin, le président américain est soucieux de ne pas donner l’impression d’un changement de régime orchestré par les seuls États-Unis. C’est pourquoi il souhaitait un signal fort des pays arabes, jusqu’ici silencieux, et de la communauté internationale à l’ONU. Il a obtenu un revirement des premiers le week-end dernier, lorsque la Ligue arabe, ainsi que la Jordanie et plusieurs États du Golfe, Arabie saoudite en tête, ont condamné d’une même voix la répression syrienne – sans toutefois demander le départ d’el-Assad.

Ce réveil des pays arabes renforce néanmoins les efforts des États-Unis et des Européens pour obtenir au Conseil de sécurité de l’ONU une résolution contre la Syrie, jusqu’ici bloquée par la Russie et la Chine, membres permanents. À cause d’eux, le Conseil a dû se contenter le 3 août d’une simple déclaration. Le texte prévoyait tout de même la publication au bout d’une semaine d’un rapport sur la gravité de la situation en Syrie, qui devait être présenté mercredi soir. Damas a entre-temps rejeté l’exigence turque d’un arrêt des violences, formulée mardi à Damas par le ministre des Affaires étrangères d’Ankara. Le premier ministre turc Tayyip Erdogan espérait pourtant hier un début de processus démocratique en Syrie «dans 10 à 15 jours.»

Lefigaro.fr par Adèle Smith