La croissance en Afrique a connu un ralentissement en 2022 et l’inflation est au plus haut depuis plus d’une décennie, souligne un rapport publié ce 19 janvier par la Banque africaine de développement (BAD), qui insiste toutefois sur la « résilience » des économies du continent.
« Après la reprise remarquable en 2021 à la suite du choc du Covid-19, les économies africaines ont connu un ralentissement en 2022 dû à de nombreuses difficultés », indique le rapport de la BAD, citant notamment les impacts du changement climatique, la persistance des risques liés à la pandémie et la guerre en Ukraine.
« La croissance moyenne estimée du produit intérieur brut (PIB) réel a ralenti, passant de 4,8% en 2021 à 3,8% en 2022, et devrait se stabiliser à 4% en 2023–24 », précise la BAD qui salue « la résilience économique des pays africains », malgré les incertitudes mondiales.
L’inflation au plus haut depuis 10 ans
L’institution présidée par Akinwumi Adesina indique également que « l’inflation moyenne des prix à la consommation a augmenté de 0,9 point de pourcentage pour atteindre 13,8% en 2022 contre 12,9% en 2021, soit le niveau le plus élevé depuis plus d’une décennie. »
Dans le détail, toutes les régions africaines ont connu une croissance en 2022 : l’Afrique centrale en tête (+4,7%), devant l’Afrique du Nord (+4,3%), l’Afrique de l’Est (+4,2%), l’Afrique de l’Ouest (+3,8%). L’Afrique australe a légèrement décroché avec une croissance de 2,5%.
Le rapport préconise des mesures pour « réduire les déficits budgétaires structurels et l’accumulation de la dette publique », ainsi qu’une « coordination efficace des actions budgétaires et monétaires » et « la stimulation du commerce intra-africain ».
Dans une nouvelle étude, la Banque africaine de développement (BAD) distingue sept pays africains pionniers en matière de croissance verte et de financement climatique.
Alors que le débat sur la dette africaine fait rage, la Banque africaine de développement (BAD) a, dans une étude publiée à la fin de janvier et qui vient d’être rendue publique, évalué les nouveaux mécanismes de financement d’une croissance soucieuse de la préservation de l’environnement.
Intitulée « Croissance verte en Afrique », cette étude, menée conjointement avec l’Institut mondial de la croissance verte (GGGI), présente une cartographie des pays selon leur degré d’avancement en matière de projets verts (énergies renouvelables, parcs éco-industriels, etc.). Elle désigne des pionniers en matière de croissance verte et, surtout, de finance climatique.
Kenya et Rwanda, deux grands leaders
Parmi ceux qui sortent du lot, le Kenya, dont le leadership en matière de croissance verte découle d’un changement institutionnel efficace. Le Rwanda, qui, lui, a mobilisé 160 millions de dollars par le biais du Fonerwa – un fonds par lequel le financement environnemental et climatique est acheminé, décaissé et suivi –, démontre que le financement de la croissance verte peut être stimulé par un mécanisme de lutte contre le changement climatique.
Bien que la création d’emplois dans les secteurs dits verts ne soit pas systématiquement suivie au niveau national, le Fonerwa estime avoir contribué à en créer 144 858, est-il écrit dans le rapport de la BAD.
Maroc, Tunisie et la part des énergies renouvelables
L’étude relève que, tout comme la Tunisie, le Maroc a atteint 100% d’accès à l’électricité, ce qui se traduit par une consommation par habitant relativement élevée dans ces deux pays.
Le Gabon, où la forte consommation d’électricité provient des citadins nantis (40% des populations rurales n’ont pas accès à l’électricité) est également dans cette catégorie. Au Gabon, au Kenya, au Rwanda et au Mozambique, la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité est importante (entre 60% et 90%) en raison du poids de l’hydroélectricité.
L’exemple éthiopien
L’Éthiopie, qui tente de jeter les bases d’une industrie verte par le biais d’un parc éco-industriel, fait également office de pionnier en matière de financement de la croissance verte, souligne le rapport. Grâce à de « bonnes pratiques de gestion des terres », ce pays a inversé la courbe de la dégradation du couvert végétal, qui est passé de 5% en 2010 à 13 ou 15% trois ans plus tard. Ce qui représente une contribution monétaire d’environ 27 milliards de birr, soit 520 millions de dollars selon le cours actuel.
L’expérience éthiopienne suggère, précise le rapport, que la réussite de la croissance verte dépend en partie de l’adoption et du respect d’un processus de planification ancré localement. En Tunisie, un mécanisme de financement innovant a produit des résultats probants dans le secteur des chauffes-eau solaires grâce au programme Prosol, censé lutter contre la déforestation.
Le mécanisme financier Prosol a été lancé entre 2005-2009 afin d’installer 300 000 m2 de capteurs solaires pour développer le marché des chauffes-eau dans le secteur résidentiel.
Lutte contre la déforestation : le label gabonais
Enfin, le Gabon comme le Mozambique constituent des modèles dans la lutte contre la déforestation, en vue d’assurer une croissance verte. L’annulation de l’exploitation forestière sur 1,3 million d’hectares, notamment dans les sanctuaires et les parcs nationaux, ainsi que l’interdiction d’exporter du bois non transformé ont entraîné une baisse de 50% de l’exploitation forestière.
Recouvert à 98% de forêt tropicale, le pays, qui exploitait 3,5 millions de mètres cubes de bois par an il y a quinze ans, a ramené ce seuil à 1,5 million de m3. Libreville a d’ailleurs demandé à toutes les sociétés forestières présentes sur son sol de se conformer au Forest Stewardship Council (FSC), un label qui promeut une gestion durable de la forêt.
La Banque africaine de développement (BAD) a suspendu toutes ses activités en République centrafricaine, selon des informations rendues publiques par des médias locaux, le 10 mai.
Une série de réunions avec les autorités centrafricaines a été organisée. Au menu des échanges, les différentes prises de position officielles des autorités centrafricaines vis-à-vis des institutions financières régionales et africaines. En un mot, l’adoption de la cryptomonnaie comme une monnaie légale en République centrafricaine serait la principale cause de cette crispation.
Pour la BAD, il est pratiquement impossible de travailler dans de telles conditions. En d’autres termes, toutes les activités financées par la BAD en République centrafricaine n’ont plus d’issues et sont simplement suspendues jusqu’à nouvel ordre.
C’est le cas du projet d’appui à la modernisation de l’aéroport international de Bangui Mpoko, financé à hauteur de 11 millions d’euros par la BAD. Les travaux de ce projet sont d’ores et déjà suspendus. De même que ceux du projet de développement du corridor de transport multimodal Pointe-Noire-Brazzaville-Bangui-N’Djamena, financés aussi par la BAD à hauteur de plus de 60 milliards FCFA.
D’autres projets financés par cette banque en Centrafrique sont également suspendus. Pour cette institution financière africaine, « l’Etat centrafricain est déjà en faillite. Donc il est plus que nécessaire de revoir les choses et demander à l’État centrafricain plus de garanties quant au remboursement des fonds alloués ».
Rappelons que récemment, le ministre des Finances, Hervé Ndoba, avait jugé « très alarmant l’état des finances publiques » et annoncé en même temps des coupes de 40 à 60% dans le budget de certains ministères.
«Cette annonce du premier comptable public centrafricain, associée à l’adoption du Bitcoin par le président Faustin Archange Touadera comme monnaie légale dans le pays, oblige les autres Etats de l’union monétaire avec le pays à prendre leur distance, s’apparentant, sans doute, à une déclaration de faillite », estiment les experts.
Cette enveloppe permettrait d’éviter des pénuries alimentaires en Afrique, en permettant le développement du secteur agricole, selon la banque panafricaine.
La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé une levée de fonds d’1 milliard de dollars pour aider 40 millions d’agriculteurs africains à utiliser des technologies résistantes au climat et à augmenter leur production de variétés de blé tolérantes à la chaleur, a annoncé Akinwumi Adesina, le 15 mars. Plus que le pan technologique, cette nouvelle stratégie visant à développer le secteur agricole africain s’inscrit surtout dans un contexte tendu avec la guerre entre l’Ukraine et la Russie.
100 millions de tonnes d’aliments
Les sanctions imposées à la Russie ont bouleversé les exportations de céréales, augmentant le risque d’une crise alimentaire de grande ampleur, sachant que 30 % du blé consommé en Afrique provient d’Ukraine et Russie. Les exportations de biens de consommation russes vers l’Afrique subsaharienne représentaient 1,75 milliards de dollars en 2019, soit 50% des ventes de la fédération vers la sous-région selon les statistiques de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).
« Nous allons redoubler nos efforts pour mobiliser cet argent », a affirmé Akinwumi Adesina. « S’il y a un moment où nous devons vraiment augmenter de façon drastique la production alimentaire en Afrique, pour la sécurité alimentaire de l’Afrique et pour atténuer l’impact de cette crise alimentaire découlant de cette guerre, c’est maintenant. »
LES EXPORTATIONS DE BIENS DE CONSOMMATION RUSSES VERS L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE REPRÉSENTAIENT 50% DES VENTES DE LA FÉDÉRATION VERS LA SOUS-RÉGION
Dans les grandes lignes, ce plan de la Banque panafricaine vise à augmenter la production de cultures comme le blé, le riz et le soja pour atteindre un objectif de 100 millions de tonnes d’aliments, de quoi nourrir 200 millions d’Africains.
Véritable pilier de l’économie africaine, en contribuant à 23% du PIB et 49% des emplois, le secteur de l’agriculture avait déjà été fortement touché par le Covid-19. Une enquête de Heifer International révélait en août 2021 que 40 % des organisations agricoles ont été contraintes de fermer temporairement leurs portes en raison de la pandémie, que 38 % d’entre elles ont connu une réduction du montant moyen des achats par client et que 36 % ne disposent toujours pas du capital financier nécessaire pour relancer leur activité.
Manque d’accès
L’enquête révèle également l’appétit grandissant des entrepreneurs pour l’agritech. Et cela via l’utilisation de l’intelligence artificielle, la télédétection, les logiciels d’information géographique (SIG), la réalité virtuelle, la technologie des drones, la technologie des interfaces de programmation d’applications (API) et divers outils de précision pour mesurer les précipitations, lutter contre les parasites et analyser les nutriments du sol.
LES JEUNES SONT LA CLÉ DE LA REVITALISATION DU SYSTÈME ALIMENTAIRE AFRICAIN
« En tant que continent dont la population jeune est florissante, le secteur agricole africain doit fournir les investissements dans les innovations agritech qui encourageront les jeunes à se lancer dans des entreprises liées à l’agriculture, car ils sont la clé de la revitalisation du système alimentaire africain », a déclaré Adesuwa Ifedi, vice-présidente senior pour les programmes Afrique chez Heifer International.
Chaque samedi, Jeune Afrique invite une personnalité à décrypter des sujets d’actualité. Climat, résilience, agriculture et financements, le président de la Banque africaine de développement livre son regard sur les dernières actualités du continent.
La tournée dans la « Vieille Europe » du président de la Banque africaine de développement (BAD) a largement donné le ton de son second mandat. « Être partout là où la cause de l’Afrique doit être plaidée », explique Akinwumi Adesina, de retour de la Conférence internationale sur les changements climatiques (COP26) de Glasgow. Lui qui était arrivé à Rome début octobre déjà, où il a délivré une « keynote » au Sénat italien devant les représentants des pays du G20.
Descendu dans le même hôtel parisien que la vice-présidente américaine, Kamala Harris, avec laquelle il doit se rendre le soir même à une réception à l’Élysée, à l’invitation du président français, il prépare son intervention du lendemain pour le Forum de Paris sur la paix.
Entre deux rendez-vous, et la signature d’un accord avec son homologue de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, l’ancien ministre nigérian de l’Agriculture (2011-2015) expose à Jeune Afrique les préoccupations de l’institution qu’il dirige et sa vision des sujets chauds du moment pour l’Afrique.
Jeune Afrique : Après avoir passé dix jours à Glasgow, assisté à nombre de rencontres lors de la COP et réunions bilatérales avec les dirigeants africains, considérez-vous que cette édition a rempli sa mission ?
Akinwumi Adesina : Ce qui est sûr, c’est que je ne regarde pas les choses comme un échec. Nous parlons d’une situation compliquée. Je pense qu’à Glasgow, il y a eu une prise de conscience que les pays africains, les pays en développement et les nations insulaires subissent un impact massif des changements climatiques, et que c’est à eux qu’il faut donner la priorité. Et c’est une bonne nouvelle.
L’Afrique, fortement exposée aux phénomènes de sécheresse, fortes chaleurs et d’inondations, perd aujourd’hui entre 7 et 15 milliards de dollars par an [selon les données des Nations unies] à cause du dérèglement climatique. Or nous n’avons pas les ressources nécessaires pour faire face. La COP26 a donc permis à ces pays d’exprimer leurs besoins, qui sont, je le rappelle, de plus de 30 milliards de dollars par an, rien que pour le continent.
C’EST DE L’ADAPTATION DONT L’AFRIQUE A BESOIN ET IL FAUT DÉGAGER LES RESSOURCES NÉCESSAIRES POUR CELA
Quelles sont, selon vous, les principales leçons à tirer pour l’Afrique ?
Ensuite, le focus qui a été fait sur l’adaptation est important. C’est de l’adaptation dont l’Afrique a besoin et il faut dégager les ressources nécessaires pour cela. Or, les pays en développement ne peuvent pas s’adapter et réaliser leur transition énergétique sans les 100 milliards de dollars promis dès 2009 par les pays développés.
Cette promesse n’a pourtant pas été tenue…
Même si la réalisation de cette promesse a été repoussée de trois ans par rapport à 2020, cela ne change rien au fond. De notre côté, nous avons continué à travailler en Afrique pour essayer de mobiliser les ressources indispensables. Nous avons lancé le programme Accélération de l’adaptation pour l’Afrique (AAAP), à l’initiative notamment de l’Union africaine et de la BAD. À ce titre, la banque va mobiliser 25 milliards de dollars additionnels pour l’adaptation en Afrique.
Justement, beaucoup de promesses ont été faites, notamment du côté des bailleurs internationaux. Où se situent les réelles avancées ?
Je trouve que les annonces faites à Glasgow qui concernent directement l’Afrique sont satisfaisantes. Certains États en particulier ont accordé un appui significatif. Par exemple, le gouvernement britannique – hôte de la COP – a offert un nouveau mécanisme de garantie à la BAD. Ce mécanisme devrait permettre de débloquer jusqu’à 2 milliards de dollars de nouveaux financements pour des projets sur le continent, dont la moitié aidera les pays à s’adapter aux effets des changements climatiques.
Des projets comme « desert to power », initié pour développer le solaire dans les pays sahéliens et donner un accès à l’électricité à 250 millions de personnes, ont été remis au cœur des discussions. Le Fonds vert pour le climat s’est engagé pour 150 millions de dollars, la fondation Rockefeller a signé un engagement de 100 millions de dollars, l’Agence française de développement a promis 100 millions de dollars, le gouvernement suédois a annoncé 28 millions de dollars…
Les ressources mobilisées sur ce projet sont très concrètes pour nous.
Au sujet de la désertification, vous participez activement au projet Grande Muraille Verte. Remis au goût du jour par le président Macron en janvier dernier, il a fait l’objet d’un mini-sommet en marge de la COP. A-t-il des chances de voir le jour ?
Le projet Grande muraille verte (GMV) s’attaque directement à ce que je qualifie de triangle des désastres : pauvreté structurelle et élevée, chômage des jeunes, et dégradation du climat et des environnements. Un triangle qui appelle presque toujours les conflits.
IL FAUDRA EN MÊME TEMPS GARANTIR UN ACCÈS À L’ÉNERGIE AUX POPULATIONS, SANS QUOI LA GRANDE MURAILLE VERTE DEVIENDRA UN SIMPLE MUR DE CHARBON
Ce couloir d’arbres, de prairies, de végétation et de plantes de 8 000 km de long et 15 km de large, doit constituer un rempart contre l’insécurité, garantir un climat plus résilient et éviter les migrations vers l’Europe.
Mais il faudra en même temps garantir un accès à l’énergie aux populations, avec un projet comme « desert to power », sans quoi la GMV deviendra un simple mur de charbon ! Sans accès à l’énergie, les populations seraient en effet amenées à couper les arbres pour s’en servir de bois de chauffage…
Vous plaidez par ailleurs pour une agriculture modernisée qui sera le moteur de la transformation des économies en Afrique. Après une année de récession en 2020, liée au Covid-19, le secteur a-t-il encore une carte à jouer ?
La reprise des économies africaines doit se faire de manière inclusive au niveau des populations à faibles revenus, et inclusive vis-à-vis du milieu rural. Et c’est l’agriculture qui doit être au centre de cela. Mais, en effet comme je l’ai souvent dit, l’agriculture doit être modernisée. L’agriculture est un business, et le plus grand business d’Afrique.
D’ici à 2030, l’agriculture et l’agroalimentaire représenteront 1 000 milliards de dollars en Afrique. Ce qui signifie que, bien géré, le secteur devrait donner les moyens au continent de diversifier ses économies, de créer de l’emploi et de transformer le milieu rural en pôles de prospérité.
Quels sont les leviers pour y arriver ?
Une agriculture plus résiliente face à la sécheresse, à la chaleur, aux parasites qui dévastent les cultures africaines, pour ne citer qu’un exemple. Avec le programme TAAT (Technologie pour la transformation de l’agriculture), lancé il y a cinq ans par la BAD par exemple, plus de 11 millions d’agriculteurs dans 29 pays africains, ont bénéficié de technologies telles que du maïs résistant à la sécheresse ou du blé résistant à la chaleur.
Lors du dernier Sommet sur les systèmes alimentaires des Nations unies, les chefs d’État ont décidé de créer une facilité pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique. Rediscutée à Glasgow, et on l’a renommée « mission 1 pour 200 », elle entend, pour 1 milliard de dollars dépensés, sortir 200 millions d’Africains de la famine.
Cette facilité va permettre de déployer une agriculture résiliente auprès de 40 millions d’agriculteurs, doubler la productivité pour neuf cultures vivrières les plus importantes en Afrique et produire 100 millions de tonnes de produits alimentaires. De quoi nourrir 200 millions de personnes.
En Afrique aujourd’hui, 283 millions de personnes souffrent de famine. Grâce à cette facilité, nous sommes capables de réduire ce chiffre de 80 %.
Le bureau du Conseil des gouverneurs a donné suite à l’appel de Washington en approuvant une nouvelle enquête sur la gestion de son président, Akinwumi Adesina.
Réuni le 26 mai en soirée, le bureau du Conseil des gouverneurs, instance supervisant le comité d’éthique de la Banque africaine de développement, a approuvé le lancement d’une enquête indépendante suite aux allégations de lanceurs d’alertes concernant la gouvernance d’Akinwumi Adesina, son président.
Requête américaine
La décision du bureau du conseil des gouverneurs fait suite à une requête de l’administration américaine, par la voix du secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, qui dans un courrier le 22 mai avait requis une analyse indépendante des récriminations et allégation des lanceurs d’alerte.
L’administration américaine se disait réservée quant au processus ayant conduit le 5 mai le comité d’éthique à rejeter les accusations des lanceurs d’alerte, jugées « non fondées », « non corroborées » ou « non étayées ».
Dans la foulée, la ministre ivoirienne du Développement, Kaba Nialé avait jugé que les conclusions du comité d’éthique disculpait Akinwumi Adesina et proposait aux gouverneurs « d’adopter les conclusions de l’enquête en déclarant le président entièrement exonéré de toutes les allégations formulées à son encontre ».
Kaba Nialé préside le bureau du conseil des gouverneurs, dont la composition est tournante et dont font partie deux autres représentants des actionnaires de la banque : l’Argentine et la Namibie. Statutairement, cette instance est seule compétente « pour décider, en dernier ressort, s’il y a lieu ou non de donner suite à toute plainte ou dénonciation relative à la violation par le Président des dispositions du Code de conduite ».
La recommandation d’il y a quelques semaines de la dirigeante ivoirienne n’a de toute évidence pas remporté l’unanimité au sein de cette instance.
Suspicions à trois mois des élections
La décision du conseil des gouverneurs, dans la foulée du courrier de l’administration américaine, pourrait renforcer, parmi les défenseurs d’Adesina, la suspicion d’une volonté américaine de torpiller les chances du patron de la BAD d’être reconduit à cette fonction lors des élections, reportées à la fin août 2020.
Un courrier du cabinet d’avocats américain Hughes Hubbard & Reed LLP, adressé début février au président du comité d’éthique, avertissait ce dernier du besoin d’une enquête indépendante – qu’il se proposait de « conseiller » -, conformément « aux meilleures pratiques généralement acceptées pour la conduite d’enquêtes internes en réponse à des plaintes de dénonciateurs hautement confidentielles ».
Dans leur courrier, les avocats du cabinet rappelaient avoir échangé au préalable avec Steven Dowd, l’administrateur américain à la BAD, dont le nom a souvent été évoqué récemment – sans aucune preuve formelle – comme l’un des artisans de la fronde contre Akinwumi Adesina.
Dans un communiqué publié ce mercredi 27 mai, le président de la BAD s’est dit « convaincu que des processus équitables, transparents et justes, qui respectent les règles, procédures et systèmes de gouvernance, ainsi que l’État de droit, prouveront en fin de compte que je n’ai jamais enfreint le code d’éthique de cette institution extraordinaire ».
Abidjan (Côte d’Ivoire), le 17 décembre 2019 – Le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement a accordé, ce lundi, un prêt de 56 millions de dollars américains du Fonds africain de développement destiné à financer les accès routiers permettant d’accéder au pont qui relie les capitales des deux Congo, Kinshasa et Brazzaville.
La mise en œuvre du projet d’aménagement de ces accès routiers prévoit des travaux de grande ampleur des deux côtés du fleuve. Du côté de la République démocratique du Congo (RDC), le projet comprend des raccordements routiers (construction et bitumage) de 6,8 km, des études des voies d’accès complémentaires (Maluku-jonction RN1) sur 25 km et des études portant sur d’autres infrastructures, notamment la voie de contournement de la ville de Kinshasa.
De l’autre côté du fleuve, au Congo Brazzaville, des études détaillées des voies d’accès entre les localités de Yié et Maloukou (23 km) sont prévues, y compris l’actualisation de l’étude d’impact environnemental et social et de son plan de gestion. Un plan d’indemnisation et de réinstallation couvrant la voie d’accès au pont route-rail (3,2 km) sera également élaboré.
« Ce pont route-rail contribuera à assurer la continuité du trafic routier sur le corridor Tripoli-Windhoek-Le Cap, dont la branche en Afrique centrale, constituée par la liaison Cameroun-Tchad-Congo-RDC vise à relier Yaoundé, Libreville, Brazzaville et Kinshasa », a détaillé Racine Kane, directeur général adjoint de la Banque africaine de développement pour l’Afrique centrale.
En outre, seront réalisés des forages à Maluku (RDC), qui compte près de 700 000 habitants. Le centre hospitalier de la ville bénéficiera, en outre, d’une ambulance et de la réhabilitation des centres d’accueil des malades du Sida et du choléra.
Compte tenu de son potentiel agricole et avicole, Maluku devrait profiter de la réalisation du projet pour accélérer son développement et abriter une zone économique spéciale. Sa commune voisine Maloukou, située au Congo, abrite déjà une zone industrielle appelée à devenir une zone économique spéciale dans la périphérie de Brazzaville qui s’étendra sur 200 000 hectares et permettra de créer près de 15 000 emplois.
« Le projet doit permettre de renforcer l’intégration régionale en Afrique centrale à travers l’accroissement des échanges commerciaux entre les deux Congo et du commerce intra-communautaire au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale », a conclu Racine Kane.
Ce projet entre Kinshasa et Brazzaville, mené sous l’approche Partenariat public-privé, sous la conduite d’Africa 50, montre le rôle central de la Banque et la synergie institutionnelle (Etat, Nepad, PIDA, Banque) pour la concrétisation de ce projet emblématique du Nepad. Il est également à inscrire dans le cadre du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) piloté par la Commission de l’Union Africaine, le Secrétariat du NEPAD et la Banque.
Contact médias : Alexis Adélé, Département de la communication et des relations extérieures : a.adele@afdb.org
Sur proposition du président Félix Tshisekedi, Freddy Matungulu a accepté de siéger au conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD), où il devrait occuper le poste d’administrateur pour le compte de la RDC.
C’est un leader de moins pour la coalition de l’opposition Lamuka, qui a porté la candidature de Martin Fayulu à la présidentielle de décembre 2018. Freddy Matungulu Mbuyamu a répondu favorablement à la main tendue par Félix Tshisekedi, qui a proposé son nom comme administrateur de la Banque africaine de développement (BAD, pour un mandat de trois ans renouvelable une seule fois.
« J’ai répondu favorablement à l’appel et souhaite dire ma gratitude au président de la République », écrit dans un communiqué Freddy Matungulu. Il se félicite également de l’ouverture de Félix Tshisekedi qui, selon lui, « privilégie l’intérêt supérieur de l’État au-delà des clivages et affrontements politiques si nuisibles à la nation ».
Le mandat triennal d’administrateur de la BAD pour le Burundi, le Cameroun, la République du Congo, la RDC, la Centrafrique et le Tchad est arrivé à terme le 30 juin dernier. Le mandat revient désormais à la RDC, où Freddy Matungulu entend défendre au conseil d’administration de la BAD les intérêts de la RDC et des cinq autres pays d’Afrique centrale.
Le choix de Matungulu doit néanmoins encore être entériné par les ministres des Finances du Burundi, du Cameroun, Congo, de la Centrafrique et de la RDC, lors de l’Assemblée annuelle prévue en août prochain. Il devrait succéder au Camerounais René Obam Nlong, élu en 2016.
Le conseil d’administration de la BAD est composé de vingt membres, qui ne sont ni gouverneurs ni gouverneurs suppléants. Treize d’entre eux sont élus par les gouverneurs des pays membres régionaux et sept par les gouverneurs des pays membres non régionaux.
Matungulu prend ses distances avec Lamuka
Freddy Matungulu s’éloigne ainsi de la coalition Lamuka, expliquant que ce nouvel engagement international lui « réimpose des devoirs de réserve ». « J’entends prendre une distance conséquente de mes activités politiques militantes y compris dans Lamuka pour me consacrer en priorité à d’effort collectif », précise-t-il.
Avec cette brusque évolution, Freddy Matungulu ne devrait plus prendre les commandes de la coalition Lamuka. Il devait en effet succéder à Moïse Katumbi, dont la présidence tournante de trois mois arrive à terme le 31 juillet prochain.
Un vrai coup politique pour le président Félix Tshisekedi, qui réussit peu à peu à fragiliser ceux qui contestent toujours son élection. Avant Matungulu, un autre leader, Antipas Mbusa Nyamwissi, avait déjà quitté la coalition Lamuka pour aider les nouvelles autorités à la lutte contre l’insécurité et l’épidémie d’Ebola dans la partie est du pays.
« Lamuka ne disparaîtra pas tant que le peuple sera là, puisque la coalition est l’expression même de la volonté du peuple manifestée le 30 décembre 2018, réagit à Jeune Afrique Adolphe Muzito, l’un des quatre leaders restants de la coalition. Avant même de nommer ses compagnons de lutte au sein de la plateforme Cach (Cap pour le changement), il commence à recruter à Lamuka, qui incarne la légitimité nationale et internationale que Tshisekedi recherche. »
Une réunion du présidium de Lamuka se réunira toutefois le 24 juillet prochain à Lubumbashi, la toute première rencontre des quatre leaders dans le pays, où ils devraient éclaircir l’avenir de la coalition,
Jeuneafrique.com parStanis Bujakera Tshiamala – à Kinshasa
Dans le rapport qu’elle a publié le 27 septembre sur sa stratégie pour la Côte d’Ivoire (2018-2022), la Banque africaine de développement (BAD) semble décidée à renforcer son soutien à l’agriculture, jusque-là loin derrière les infrastructures et l’énergie, qui restent ses secteurs de prédilection.
Le constat que fait la Banque est le même que celui formulé dans toutes les analyses de ce pays : la croissance y est forte – soit de 8 % à 9 % l’an depuis 2012 – et robuste – puisqu’elle ne faiblit pas malgré les tensions politiques ou sécuritaires et les fluctuations des cours des matières premières.
Malheureusement le taux de pauvreté n’y baisse guère, puisqu’il a reculé seulement de 48,5 % en 2008 à 46,3 % en 2015. La croissance n’y est pas assez « inclusive » c’est-à-dire partagée. Bien que le rapport continue de privilégier les infrastructures (56,3 % des engagements de la BAD) et l’énergie (28,8 %) que la Banque soutient majoritairement dans ses 23 projets en cours, il souhaite que le monde rural en général et l’agriculture en particulier soit plus présents dans ses actions.
Effet catalyseur
Alors que l’agriculture et la pisciculture pèsent 23,7 % dans le produit intérieur brut ivoirien (2016), ce secteur ne reçoit que 11,8 % des financements de la BAD. Certes, les nouvelles routes et les grands progrès dans l’électrification profitent aussi au monde rural dont les productions sont mieux acheminées et dont le niveau de vie est amélioré.
Mais la diversification de l’économie ivoirienne et sa résilience aux chocs venus de l’extérieur (moindre demande de produits d’exportation et/ou chute de leurs prix) supposent de mieux épauler le secteur agricole qui « est le principal employeur du pays, mais [qui] compte le plus grand nombre de pauvres », écrivent les auteurs. Ils poursuivent : « Priorité doit être donné aux infrastructures rurales qui peuvent avoir un effet catalyseur sur le développement des chaînes de valeur agro-industrielles et qui peuvent ainsi attirer le secteur privé vers la transformation des produits agricoles ».
32,4 % des financements en suspens
Les obstacles que la Banque souhaite contribuer à supprimer pour libérer « l’immense potentiel agricole » de la Côte d’Ivoire sont nombreux : problèmes fonciers, absence de mécanisation, financements peu performants, relations médiocres entre les différents acteurs de la chaîne agricole, pertes de récolte en raison de l’isolement des zones de production, vieillissement des exploitants. Ces problèmes demandent à être traités en cohérence avec le Plan national de développement (PND 2016-2020) gouvernemental.
On notera que le rapport de la BAD reconnaît qu’en mai 2018, 32,4 % de ses financements étaient en suspens pour des raisons variées. Car l’argent ne suffit pas : encore faut-il remédier au manque d’équipes d’accompagnement du projet, aux modifications intempestives de celui-ci, à la faible capacité des entreprises locales et des consultants à le mener à bien, à l’incompréhension des règles de la Banque, au phasage approximatif des opérations, au retard des autorités compétentes à communiquer leur approbation, au retard dans le déblocage des fonds par les autres bailleurs, à une coordination insuffisante…
Abidjan – Le nouveau président de la Banque africaine de développement, le nigérian Akinwumi Adesina, a affirmé mardi que la BAD allait mettre l’accent sur le développement des ressources énergétiques de l’Afrique, évoquant un new deal.
Nous allons lancer un +New deal+ pour l’énergie en Afrique (…) Libérer le potentiel énergétique énorme de l’Afrique, pour l’Afrique, sera un axe majeur de la Banque a déclaré M. Adesina, lors de la cérémonie d’investiture à Abidjan.
La Banque sera le chef de file de cet enjeu crucial, car rien n’est plus important pour la croissance et le développement économique de l’Afrique, a promis M. Adesina, élu le 28 mai pour un mandat de cinq ans à la tête de la stratégique BAD, institution cinquantenaire qui injecte chaque année deux milliards de dollars dans des projets sur le continent.
Selon lui, la BAD va faire preuve d’audace, de créativité, pour établir des partenariats stratégiques sur l’énergie.
L’énergie est le moteur des économies. Plus il y a d’énergie, plus les gens sont prospères, a-t-il constaté, déplorant que les Africains consacrent la plupart de leurs maigres revenus durement gagnés pour payer l’énergie.
Il a notamment insisté sur les énergies renouvelables assurant que le continent dispose d’un potentiel illimité en ressources solaires, éoliennes, hydroélectriques et géothermiques.
Le tout nouveau président a aussi appelé à soutenir les pays qui sortent des conflits: ils ont besoin de notre compréhension et ils méritent notre soutien dans leur capacité à construire des institutions politiques, économiques et sociales plus fortes.
La BAD devra également continuer à accroître le niveau de ses ressources car les besoins de financement sont en forte croissance au regard de l’ampleur des besoins de financement de l’Afrique, a suggéré, de son côté, Alassane Ouattara, le président ivoirien.
Ancien ministre nigérian de l’Agriculture, Akinwumi Adesina, 55 ans, succède au Rwandais Donald Kaberuka qui a passé dix ans à la tête de la BAD.
Anglophone, il parle parfaitement le français.
Elu personnalité africaine de l’année en 2013 par le magazine Forbes pour ses réformes dans le secteur agricole, M. Adesina représente un pays considéré comme la nouvelle locomotive économique du continent africain. Le Nigeria est le premier producteur de pétrole et le pays le plus peuplé du continent.