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Deux Canadiens tués dans les combats à Bakhmout, en Ukraine

mai 1, 2023
Cole Zelenco et Kyle Porter.

Cole Zelenco, 21 ans, et Kyle Porter, 27 ans, ont été tués lors de combats dans la région de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, le 26 avril. Ils auraient été bombardés par l’artillerie russe. Photo : Photo Fournie à CBC

Deux Canadiens qui combattaient aux côtés de l’armée ukrainienne ont été tués dans les combats à Bakhmout, selon CBC News. L’un des deux hommes avait d’ailleurs déclaré au diffuseur public, avant sa mort, que les conditions sur le front tenaient de la « boucherie ».

Cole Zelenco, 21 ans, et Kyle Porter, 27 ans, respectivement originaires de Calgary en Alberta, et de St. Catharines, en Ontario, servaient tous deux au sein de la Légion internationale ukrainienne, qui était rattachée à la 92e brigade mécanisée.

Cette unité a encaissé le plus gros des impacts liés à la défense, par les forces ukrainiennes, de la ville de Bakhmout face à l’assaut russe.

Une carte de l'emplacement de Bakhmout, en Ukraine.

La ville de Bakhmout (le point sur la carte, dans l’est de l’Ukraine) est le siège de combats particulièrement violents entre troupes ukrainiennes et russes. Photo : Google Maps

Située dans la région du Donbass, dans l’est du pays, cette municipalité est le théâtre de la plus longue bataille de la guerre jusqu’à présent; des milliers, voire des dizaines de milliers d’hommes ont été blessés ou tués de chaque côté de la ligne de front

Quelques jours avant sa mort, M. Porter était en contact avec CBC News; il avait transmis plusieurs messages texte où il évoquait son anxiété à propos des conditions difficiles sur le front.

Laissez-moi voir comment je vais survivre aux prochains jours…, a-t-il écrit trois jours avant sa mort.

C’était un casse-pipe la première fois et je ne m’attends pas à ce que ce soit mieux, cette fois-ci.

Dans une entrevue, leur officier, un combattant de la Légion surnommé le dentiste, a fait savoir qu’en date du 26 avril, vers 18 h, heure locale, les deux Canadiens faisaient partie d’un groupe plus vaste de soldats qui avaient le mandat de tenir une importante ligne de ravitaillement vers Bakhmout.

Toujours selon cet officier, l’unité a été lourdement bombardée par les Russes. MM. Porter et Zelaco, en compagnie d’au moins trois autres soldats ukrainiens, ont cherché à se mettre à l’abri dans un bunker renforcé, mais un obus est tombé directement sur cet emplacement. Tous ont été tués.

Ils étaient tous deux très fiers de ce qu’ils accomplissaient, a encore indiqué le commandant. Nous étions comme une famille. J’ai l’impression d’avoir perdu mes frères.

Les deux hommes ont précédemment servi au sein des Forces armées canadiennes, mais ont quitté ses rangs avant de se rendre en Ukraine.

Un décompte officieux effectué par CBC News indique qu’il s’agirait des quatrième et cinquième Canadiens tués dans le cadre de la guerre en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, en février 2022.

Une campagne de sociofinancement a été lancée pour rapatrier la dépouille de M. Zelenco; celle-ci a été récupérée et se trouve maintenant à Kharkiv. Quelque 30 000 $ auraient déjà été amassés pour couvrir les frais de transport et le coût des funérailles.

Le corps de M. Porter n’a pas encore été récupéré, mais son commandant a fait savoir que des membres de son unité espéraient y parvenir prochainement.

Un bénévole ayant longtemps œuvré à Calgary et qui est maintenant installé à Kharkiv, Paul Hugues, a indiqué qu’il prévoyait aider la famille de M. Porter à rapatrier son corps au Canada.

Avec Radio-Canada

L’armée ukrainienne face aux tentatives des Russes d’encercler Bakhmout

mars 5, 2023
L'armee ukrainienne face aux tentatives des Russes d'encercler Bakhmout
L’armée ukrainienne face aux tentatives des Russes d’encercler Bakhmout© AFP/Anatolii STEPANOV

Les troupes russes poursuivent leurs efforts pour encercler la ville-symbole de Bakhmout, épicentre de la guerre dans l’est de l’Ukraine, a indiqué dimanche l’armée ukrainienne, assurant toutefois avoir repoussé de nouvelles attaques.

Dans son compte-rendu quotidien, l’Etat-major ukrainien a affirmé que « plus de 130 attaques ennemies » avaient été repoussées lors des dernières 24 heures, dans plusieurs secteurs du front, notamment à Koupiansk, Lyman, Bakhmout et Avdiïvka.

« L’ennemi poursuit ses tentatives d’encercler la ville de Bakhmout », a-t-il poursuivi, sans plus de détails.

L’armée des séparatistes prorusses de Donetsk, supplétifs des forces russes, a publié une vidéo censée montrer des combattants du groupe paramilitaire russe Wagner dans la banlieue nord de Bakhmout, assurant que la petite gare ferroviaire de Stoupky, au nord de la ville, avait été conquise.

Le groupe paramilitaire avait assuré vendredi avoir « pratiquement encerclé » la ville.

Des villages au nord et à l’ouest de Bakhmout ont été attaqués, a confirmé samedi sur CNN Serhii Tcherevatyi, porte-parole du groupement oriental des forces armées ukrainiennes.

Il a affirmé que si la situation à Bakhmout était « difficile », elle restait « sous contrôle ».

« Les Russes pourraient essayer d’encercler les forces ukrainiennes à Bakhmout, mais le commandement ukrainien a donné le signal qu’il préférait se retirer plutôt que risquer un encerclement », a estimé samedi l’Institut pour l’Etude de la guerre (ISW), un groupe d’experts américains.

La bataille pour Bakhmout, ville industrielle dont l’importance stratégique est contestée, dure depuis l’été. La cité est devenue un symbole car elle est au coeur des combats entre Russes et Ukrainiens depuis des mois.

Civils tués

Le ministère russe de la Défense a affirmé que le ministre Sergueï Choïgou s’était rendu samedi dans un poste de commandement avancé en Ukraine, dans la zone « Donetsk-Sud », sans préciser le lieu exact, ni la date de cette visite.

Cette zone d’opérations fait face au secteur de la ville de Vougledar, où l’armée russe a mené ces dernières semaines des offensives, sans grand succès.

Selon ISW, cette visite visait « visiblement à estimer l’ampleur des pertes autour de Vougledar et la possibilité de poursuivre une offensive dans cette direction ».

Selon des images publiées samedi par l’armée russe, Sergueï Choïgou a également assisté à une réunion avec les hauts gradés russes en charge de l’offensive en Ukraine, notamment le chef de l’Etat-major, Valéri Guerassimov.

Des tirs meurtriers ont par ailleurs été signalés ces dernières 24 heures contre des zones d’habitation, faisant au moins cinq morts, selon les autorités ukrainiennes.

Le parquet de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, a annoncé ouvrir une enquête pour crime de guerre après la mort d’un couple de civils dans une frappe russe qui a touché leur voiture dimanche dans le village de Boudarky.

Enfin le bilan de la frappe contre un immeuble d’habitation de Zaporijjia (sud), dans la nuit de mercredi à jeudi, s’est alourdi à 13 morts dont un enfant.

Sur le front diplomatique, Volodymyr Zelensky a reçu samedi à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. Tous deux ont dit espérer l’ouverture, dès cette année, de négociations pour que l’Ukraine rejoigne l’Union européenne.

Samedi, M. Zelensky est également revenu sur la situation à la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine, un an après sa capture par les forces russes.

Le président ukrainien a dénoncé « la prise en otage » de la centrale, la plus grande d’Europe, et appelé l’Occident à sanctionner l’industrie nucléaire russe.

Dans une interview à l’AFP, le maire en exil de la ville d’Energodar, où est située la centrale, a affirmé que cette dernière était désormais à l’arrêt et avait été transformée de facto en « base militaire » où s’abritent les forces russes.

Aux avant-postes du soutien occidental à Kiev, le président américain Joe Biden a de son côté annoncé vendredi une nouvelle aide militaire à l’Ukraine de 400 millions de dollars.

Washington a inclus dans cette aide des munitions, notamment pour le système de roquettes Himars, que les forces ukrainiennes ont utilisé avec un effet dévastateur sur les troupes et lignes logistiques russes.

Avec Le Point par AFP

Ukraine : la situation autour de Bakhmout devient très difficile

février 27, 2023

Volodymyr Zelensky a fait le point, ce lundi soir, sur le combat qui fait rage aux alentours de la ville située dans l’est du pays.

Les forces russes tentent depuis plusieurs semaines d'encercler Bakhmout. (Photo d'illustration).
Les forces russes tentent depuis plusieurs semaines d’encercler Bakhmout. (Photo d’illustration).© Adrien Vautier / Le Pictorium / MAXPPP / Le Pictorium/Maxppp

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reconnu lundi soir que la situation de ses troupes aux alentours de Bakhmout, dans l’est du pays, devenait très difficile. « La situation devient de plus en plus compliquée », a-t-il déclaré dans son message quotidien. « L’ennemi détruit systématiquement tout ce qui peut être utilisé pour protéger nos positions », a-t-il ajouté, qualifiant de « vrais héros » les soldats ukrainiens engagés dans cette bataille.

Depuis l’été, les troupes de Moscou tentent de prendre la ville de Bakhmout, à l’importance stratégique contestée mais devenue un symbole de la lutte pour le contrôle de la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Dans des propos diffusés lundi par la télévision russe, le chef de la région de Donetsk (Ukraine orientale) nommé par Moscou, Denis Pushilin, a assuré que toutes les voies d’accès à la ville-forteresse de Bakhmout sont « à portée d’armes » des forces pro-russes.

Un village capturé par les Russes

Les forces russes tentent depuis plusieurs semaines d’encercler Bakhmout et ont réussi à couper plusieurs routes importantes pour le ravitaillement des troupes ukrainiennes. Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a revendiqué samedi la capture par ses hommes du village de Iaguidné, situé à la périphérie nord de Bakhmout.

Le Point par V.D. avec AFP

Dans l’est de l’Ukraine, un élevage de vaches au milieu des combats

mai 13, 2022
Dans l'est de l'Ukraine, un elevage de vaches au milieu des combats
Dans l’est de l’Ukraine, un élevage de vaches au milieu des combats© AFP/Yasuyoshi CHIBA

A Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, les 26 vaches qui nourrissent Oksana Bout, sa sœur Lioudmila et ses deux enfants sont à la fois une bénédiction et une malédiction, au moment où l’étau russe se resserre sur la région.

D’un côté, le bétail, installé sur une butte à quelques minutes de voiture de la ligne de front, fournit à cette femme de 40 ans un revenu stable et du lait. De l’autre, cela signifie qu’Oksana ne peut pas quitter ses terres pour fuir les combats sans perdre l’intégralité de son troupeau.

Des traînées de missiles dans le ciel rappellent que les Russes se rapprochent de presque tous les côtés de la ville de Bakhmout, à quelque 55 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la grande ville régionale.

La présence d’Oksana et de sa soeur, après trois mois de conflit, montre la férocité de la résistance ukrainienne et la confiance indéfectible des Ukrainiens dans la capacité de leur armée à gagner la guerre.

« Quand une bombe explose pas loin, j’ai très peur », avoue toutefois Oksana, qui observe d’un coin de l’oeil sa fille jouer avec la queue d’une vache.

« Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Pour chaque vache, c’est des heures de travail. Nous ne pouvons simplement pas tout laisser tomber, les confier à quelqu’un et passer à autre chose », poursuit-elle.

Maisons rasées

La persévérance des deux soeurs est toutefois semée d’embûches.

Bakhmout, 77.000 habitants avant la guerre, se trouve suffisamment proche de la ligne de front pour que les organismes humanitaires occidentaux s’y soient installés.

Mais sa position, encaissée au fond d’une vallée, la rend également très difficile à défendre face aux attaques adverses.

Les Russes sont aujourd’hui très proches, sur une route menant à la périphérie est de la ville.

Dans le village de Pylyptchatyné, des dizaines de maisons en bois cachées derrière des palissades le long d’une paisible rivière ont été rasées.

Dans l’une d’entre elles, pas complètement détruite, on peut voir les restes d’un repas sur une table, sans doute le signe d’un départ précipité.

Un chien erre, visiblement à la recherche de son propriétaire tandis que des morceaux de poulet sont éclatés un peu partout dans ce qu’il reste d’un mur bleu brisé.

« Je ne m’inquiète pas »

Dans le ciel bleu au-dessus de Pylyptchatyné, des traînées blanches indiquent les tirs de missiles échangés par les forces russes et ukrainiennes d’un côté et de l’autre de la ville.

Assis à un arrêt de bus, un soldat, Viatcheslav, regarde ce ping-pong aérien, à côté d’une vieille dame.

Ni l’un ni l’autre ne semblent particulièrement ébranlé par la destruction de ce village abandonné.

« Nous savons que les Russes essayent de nous encercler. Mais croyez-moi, nous sommes prêts », lance Viatcheslav, 49 ans.

« Vous pensez vraiment que tous les soldats ici ont l’intention d’être faits prisonniers ? », interroge le militaire à voix haute.

A côté, la vieille dame approuve les propos de son voisin et pose tendrement sa main sur l’épaule du soldat.

« Je ne m’inquiète pas », assure Valentina Litvinova: « Les Russes ne viendront jamais aussi loin ».

« Les vaches ignorent la guerre »

Les routes menant au nord de Bakhmout sont coupées. Sur le chemin, on trouve la quincaillerie de style soviétique de Natalia Pouzanova.

Cette femme de 58 ans aurait probablement rejoint ses employés qui ont quitté le village de Pokrovské, si les soldats ukrainiens n’étaient pas venus s’approvisionner en chaussettes et en savon.

« Ils doivent encore se laver et faire leur lessive », explique-t-elle. « Ca me permet quand même de continuer à travailler ».

Sur les routes, on entend seulement le bruit vrombissant de camions tirant derrière eux d’énormes chars.

Ce trafic à sens unique de renforts indique que l’armée ukrainienne n’est toujours pas prête à abandonner les villes assiégées de Severodonetsk et Lyssytchansk, théâtres de certaines des batailles les plus féroces de toute la guerre.

Dans ce décor, Lioudmila affirme que même ses vaches s’habituent à la vie sur le front.

« Elles ne s’enfuient pas », sourit-elle. « Ca fait un mois que ça dure autour de nous, mais les vaches ont commencé à ignorer la guerre ».

Par Le Pont avec AFP