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Canada-Montréal: Les baleines ne se cachent pas pour mourir

juin 10, 2020

Cette baleine à bosse égarée était un cas inédit pour les scientifiques. Jamais auparavant, un animal de cette espèce n’avait remonté le cours du fleuve Saint-Laurent.© Renaud Philippe Le Devoir Cette baleine à bosse égarée était un cas inédit pour les scientifiques. Jamais auparavant, un animal de cette espèce n’avait remonté le cours du fleuve Saint-Laurent.

Pendant une semaine, elle a attiré les foules sur les rives montréalaises du Saint-Laurent, surtout en raison de la diffusion des images de ses sauts spectaculaires hors de l’eau. Mais la baleine à bosse qui avait parcouru des centaines de kilomètres en dehors de son habitat naturel a finalement été retrouvée morte mardi. Un décès très médiatisé, contrairement aux nombreux cas de cétacés tués chaque année dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, en raison de l’activité humaine.Cette baleine à bosse égarée était un cas inédit pour les scientifiques. Jamais auparavant, un animal de cette espèce n’avait remonté le cours du fleuve Saint-Laurent. Ce jeune cétacé a d’ailleurs suscité une vive émotion dans la région de Montréal, où il a multiplié les comportements très démonstratifs typiques de son espèce.

Pendant une semaine, des centaines de curieux se sont pressés chaque jour au quai de l’Horloge, ou encore sur l’île Sainte-Hélène et l’île Notre-Dame, afin d’observer cette baleine visible très près du rivage. Et beaucoup se demandaient si elle retrouverait un jour le chemin de son habitat estival naturel, qui se trouve dans l’estuaire du Saint-Laurent, distant de plus de 400 kilomètres.

La réponse est venue mardi matin. Cette baleine à bosse âgée de deux ou trois ans a été repérée dérivante, morte, dans le secteur de Varennes, enaval de Montréal.

Samedi soir, tout comme pendant toute la semaine précédente, l’animal semblait toutefois en bonne forme physique, selon les spécialistes des mammifères marins qui ont pu l’observer. Elle ne présentait aucune blessure apparente et était toujours très dynamique. Mais elle n’avait pas été revue depuis dimanche matin.

Qu’est-ce qui a bien pu causer sa mort ? Pour tenter de le savoir, il faudra attendre que l’équipe vétérinaire du Dr Stéphane Lair, spécialiste de ce type d’opération, réalise une nécropsie (autopsie) de l’animal. Pour cela, la baleine doit être tirée jusqu’au rivage, avant l’examen de sa carcasse et la prise d’échantillons.

Cette opération, normalement complexe et délicate, est encore plus compliquée dans le contexte des directives de la Santé publique pour freiner la propagation du coronavirus. La nécropsie devrait être réalisée ce mercredi.

Certaines hypothèses pourraient expliquer ce décès, selon Richard Sears, fondateur de la Station de recherche des îles Mingan. Il est possible que la baleine soit morte d’épuisement, d’une infection ou encore après avoir été frappée par un des nombreux navires commerciaux qui remontent ou descendent le Saint-Laurent. Mais, quelle que soit la cause, cette baleine égarée était loin de son milieu naturel. Elle a donc mis sa survie « à risque » en s’éloignant ainsi de l’estuaire, souligne Lyne Morissette, biologiste et spécialiste des mammifères marins.

Mortalités ignorées

Bien qu’il ait suscité de vives réactions mardi, ce décès est somme toute « anecdotique » par rapport à ce qui se passe dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, insiste Mme Morissette.

« C’est bien de s’émerveiller de la présence d’une baleine à Montréal, mais pendant ce temps, des espèces disparaissent, tandis qu’on ne fait rien pour les protéger adéquatement. Il y a 13 espèces de cétacés qui viennent dans le Saint-Laurent, dont la moitié sont en péril. Ça témoigne de la fragilité de cet écosystème, qui est un milieu dans lequel plusieurs espèces sont menacées en raison de nos choix et de nos décisions politiques. »

« Ce qui est paradoxal, c’est que les humains peuvent mettre énormément d’attention sur un animal qui vient dans un milieu urbain, alors qu’on n’accorde pas autant d’attention aux animaux qui sont plus loin, par exemple dans le golfe du Saint-Laurent », ajoute Richard Sears, qui étudie les grands rorquals depuis plus de 40 ans.

Il rappelle que des cétacés sont tués chaque année dans le Saint-Laurent, principalement en raison d’empêtrements dans des engins de pêche ou parce qu’ils sont frappés par des navires commerciaux. La quasi-totalité de ces cas ne sont jamais médiatisés, voire jamais rapportés. Il y a de cela quelques jours, un rorqual commun a d’ailleurs été retrouvé mort sur le rivage de l’île d’Anticosti.

L’été dernier, un jeune rorqual bleu, une espèce classée « en voie de disparition », a été retrouvé mort dans le golfe, de même que deux jeunes baleines à bosse. Et depuis 2017, pas moins de 20 baleines noires sont mortes dans le golfe, essentiellement en raison d’empêtrements ou de collisions avec des navires. Sans oublier les mortalités constantes de bélugas, la seule espèce de cétacé qui réside à temps plein dans le Saint-Laurent.

Protection déficiente

Malgré cela, et malgré le fait que les baleines rapportent chaque année plusieurs millions de dollars à l’industrie touristique au Québec, on tarde toujours à mieux protéger nos milieux marins, déplore Lyne Morissette. À l’heure actuelle, même si la province s’est engagée sur la scène internationale à protéger 10 % du Saint-Laurent d’ici fin 2020, à peine 1,9 % bénéficie actuellement d’un tel statut.

« Peut-être que la baleine de Montréal va susciter une réflexion sur les risques que nous prenons quotidiennement avec le Saint-Laurent. On dit qu’on veut augmenter le nombre d’aires protégées, mais on n’arrive toujours pas à respecter nos engagements. Et en même temps, on ouvre la porte à des projets d’exploration pétrolière qui sont menés sans évaluation environnementale rigoureuse », fait valoir Lyne Morissette.

Il est vrai que le gouvernement Trudeau a décidé d’abolir le processus normal d’évaluation environnementale pour tous les forages exploratoires menés à l’est de Terre-Neuve. Or, cette zone constitue un habitat pour plusieurs espèces de cétacés menacées, mais aussi pour la baleine à bosse, qui est considérée comme « non en péril » au Canada. Ottawa a également autorisé en 2018 la pétrolière BP à mener des forages au sud de la Nouvelle-Écosse, dans une zone fréquentée par des cétacés en voie de disparition.

« Pour le moment, les baleines meurent dans l’indifférence. Pourtant, ces animaux-là sont beaux, ils sont charismatiques et ils suscitent la curiosité. Ils font aussi partie de notre identité. Et si on vit une sorte de deuil par rapport au cas de la baleine à bosse de Montréal, il faut en tirer des leçons », insiste la spécialiste des mammifères marins.

« Puisque ça nous a émerveillés et qu’on a le goût de mieux protéger les baleines, il faut repenser toute notre relation avec l’écosystème du Saint-Laurent, où tout est interconnecté. Il faut donner à toutes les espèces les meilleures chances de survie. On peut le faire, mais pour cela, il faut prendre des décisions politiques intelligentes. »

Avec Le Devoir par Alexandre Shields

Canada-Québec: La baleine se serait échouée près de Varennes à lest de Montréal

juin 9, 2020
La baleine se trouvait depuis plus d'une semaine dans le fleuve Saint-Laurent, à Montréal.
© Félix Desrosiers La baleine se trouvait depuis plus d’une semaine dans le fleuve Saint-Laurent, à Montréal.
Le rorqual à bosse venu s’offrir en spectacle aux Montréalais depuis plus d’une semaine dans les eaux du fleuve Saint-Laurent aurait été aperçu immobile près de Varennes, à l’est de Montréal.Un pilote membre de la Corporation des pilotes du Saint-Laurent, Simon Lebrun, a diffusé mardi matin des images de ce qui semble être une carcasse de baleine, inerte, dans le secteur de l’île Beauregard.

Selon le président et directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), Robert Michaud, tout indique qu’il s’agit bel et bien de la baleine à bosse et qu’elle est décédée.

«Nous, on rentre en phase évaluation. On envoie une partie de notre équipe pour aller évaluer la situation, observer que c’est bien ça», a-t-il déclaré à l’émission Tout un matin.

Selon M. Michaud, il s’agit maintenant pour son groupe de bien identifier où se trouve la baleine et de déterminer s’il est facile d’y accéder.

Ces opérations s’effectueront en collaboration avec Pêches et Océans Canada et la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

La baleine à bosse, près de Montréal, le 30 mai.

© Réseau Québécois D’Urgences Pour Les Mammifères Marins/Radio-Canada La baleine à bosse, près de Montréal, le 30 mai.
«Si l’animal est véritablement échoué et si la carcasse est accessible, on va devoir passer à l’évaluation, voir ce qui pourrait être fait dans les circonstances», poursuit le patron du GREMM.«C’est un gros animal, ça ne se [déplace] pas facilement, c’est plusieurs tonnes, et on ne veut pas laisser ça à la dérive.»

Une nécropsie devrait normalement être effectuée sur la baleine à bosse, poursuit M. Michaud, mais encore faut-il que cela soit praticable dans les circonstances actuelles.

«On est en période COVID, et ça prend beaucoup de monde pour faire un travail comme ça. On a prévu travailler avec des équipes réduites dans des conditions sécuritaires pour tout le monde, alors on va évaluer ça dans prochaines heures», souligne-t-il.

Le patron du GREMM ne croit pas par ailleurs que le sort vraisemblablement subi par la baleine devrait remettre en question la stratégie des autorités de laisser la nature suivre son cours.

Selon lui, tenter de rediriger vers la baleine vers le golfe du Saint-Laurent n’était pas une option.

«On est très à l’aise avec cette positon, parce que les expériences qui ont été tentées avant nous montrent qu’il y a très très peu de possibilités de dévier un animal de ce type-là de sa course, soit de l’attirer, de le repousser avec des sons», explique-t-il.

«On peut le faire par exemple pour des microdistances, mais pas pour des distances comparables. Pour nous, ça ne remet pas en question cette position.»

La baleine à bosse avait été aperçue pour la dernière fois dans le secteur de Pointe-aux-Trembles, très tôt dimanche matin.

Avec CBC/Radio-Canada

Canada-Québec: Une baleine à bosse en très mauvaise posture à Montréal

juin 1, 2020

 

Elle est la première baleine à bosse à être observée aussi loin en amont sur le Saint-Laurent et elle a même multiplié les sauts spectaculaires tout près du Vieux-Montréal, samedi. Mais au-delà de l’engouement suscité par la présence de ce cétacé, les experts s’expliquent mal les raisons qui l’ont poussé à quitter son habitat naturel, d’autant plus que sa fâcheuse situation pose un risque certain pour sa survie.

La baleine à bosse a passé toute la journée de dimanche tout près du pont Jacques-Cartier. Elle a effectué plusieurs sauts en fin de journée.

© Alexandre Shields La baleine à bosse a passé toute la journée de dimanche tout près du pont Jacques-Cartier. Elle a effectué plusieurs sauts en fin de journée.
« Je l’ai vu samedi, à partir du quai de l’Horloge, et l’animal me semblait être en excellente forme. Il a fait plusieurs sauts, il se maintenait dans le courant. Je n’aurais jamais imaginé voir une baleine à bosse faire des sauts à Montréal. Mais est-ce que les sauts sont une indication qu’elle est en bonne forme, ou plutôt qu’elle est dans un endroit qu’elle ne comprend pas ? On ne sait pas », laisse tomber Richard Sears, pionnier de la recherche sur les cétacés au Québec et fondateur de la Station de recherche des îles Mingan.

Malgré plus de 40 années passées à étudier les baleines sur le Saint-Laurent, M. Sears s’explique mal les raisons qui ont pu pousser cette baleine à bosse à quitter son habitat naturel et à remonter le cours d’eau sur plus de 400 kilomètres. « C’est peut-être juste une anomalie. Les animaux font des erreurs, comme nous. » D’autant plus que, dans ce cas, il s’agit d’un jeune rorqual, probablement âgé de deux ou trois ans. Or, les jeunes cétacés peuvent être plus enclins à l’exploration, ce qui peut les conduire à se retrouver en mauvaise posture, comme c’est le cas ici.

Pour le moment, le cétacé est toutefois en bonne forme physique, malgré une longue route à contre-courant. La diffusion d’images de ses sauts prises samedi, mais aussi le caractère inédit de la situation ont d’ailleurs attiré quelques centaines de curieux dimanche, venus tenter leur chance pour apercevoir cette baleine. Plusieurs sont repartis bredouilles, puisque le rorqual a nagé toute la journée tout juste à l’est du pont Jacques-Cartier, caché derrière un convoi ferroviaire de conteneurs stationné sur les voies du port de Montréal.

Les gens présents évoquaient les mêmes préoccupations sur le sort du cétacé : est-ce que l’eau douce est néfaste pour un mammifère marin qui vit exclusivement en eau salée ? Est-ce que la baleine peut s’alimenter ? Est-ce qu’une intervention est possible pour sauver cette baleine à bosse ?

On sait que le rorqual peut très bien nager en eau douce, mais seulement « à court terme ». « Elle pourrait développer des problèmes de peau, des infections ou se déshydrater à moyen et à long terme, mais ce n’est pas une menace immédiate », explique la porte-parole du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins, Marie-Ève Muller.

Dans l’immédiat, le principal risque pour cette baleine d’environ 10 mètres de longueur, pour un poids avoisinant les 15 tonnes, demeure le trafic maritime intense dans le secteur. Samedi et dimanche, des patrouilleurs en moto marine du Service de police de la Ville de Montréal ont d’ailleurs dû intervenir à plusieurs reprises pour éviter que des plaisanciers s’approchent trop près de l’animal. La réglementation fédérale « interdit » de s’approcher à moins de 100 mètres des mammifères marins, afin de ne pas les perturber.

Une équipe de Pêches et Océans Canada doit également continuer de surveiller la situation « au moins pour la prochaine semaine », a indiqué dimanche un porte-parole du ministère. Le Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins collaborera au suivi du cas. Et du côté du Port de Montréal, on souligne que la situation est suivie de près, « pour s’assurer que la navigation commerciale n’ait pas d’impact sur l’animal ».

Baleine en péril ?

Il n’en demeure pas moins que la vie de cette baleine à bosse, qui fait partie d’une espèce ayant l’habitude de très longues migrations, pourrait être menacée si elle demeure dans la région de Montréal. « Peut-elle trouver de la nourriture ? C’est possible, mais nous n’avons aucune preuve de cela. Si elle n’a pas de nourriture, elle risque de décliner. Si elle reste ici et qu’elle s’amaigrit, ça deviendra risqué pour elle. Mais rien ne l’empêche de tourner de bord et de redescendre avec le courant, vers Québec et l’estuaire », explique Richard Sears.

Dans le cas contraire, est-elle condamnée ? « On verra. C’est toujours une possibilité, parce qu’elle est loin de son habitat normal. Elle pourrait s’entêter jusqu’à ce qu’elle meure, où alors décider de partir. Mais si elle reste au même endroit et qu’il n’y a pas de nourriture, je ne lui donnerais pas beaucoup de chances de survie. Et nous ne sommes pas dans sa tête. Peut-être qu’elle est très stressée, qu’elle ne sait pas où aller et qu’elle ne comprend pas pourquoi elle ne trouve pas ce qu’elle cherche. C’est possible », ajoute l’expert des grands rorquals.

D’autres cas de baleines à bosse ayant remonté des fleuves ont été rapportés au fil des ans, notamment sur la côte est américaine. Mais la plupart du temps, les animaux sont retournés d’eux-mêmes en milieu marin, généralement parce qu’ils se trouvaient moins loin de leur habitat naturel que la baleine à bosse qui nageait dimanche à côté du parc d’attractions de La Ronde.

Les experts qui ont analysé ce nouveau cas sont donc formels : il serait pour ainsi dire impossible de tenter une opération visant à déplacer ou à effaroucher cette baleine, de façon à la forcer à prendre le chemin du retour vers l’estuaire du Saint-Laurent. « Des méthodes d’effarouchement ou d’attraction existent et sont susceptibles de fonctionner pour des déplacements de courtes distances, mais seraient peu applicables pour aider la baleine à franchir les quelque 400 kilomètres qui la séparent de son habitat », souligne Marie-Ève Muller.

Richard Sears abonde dans le même sens. « Si on intervient, on pourrait aussi bien la faire paniquer et lui faire du tort. C’est donc mieux de laisser la nature suivre son cours. C’est malheureux à dire, mais si cette baleine a choisi de son propre gré de venir ici, et si elle a fait une erreur, c’est ainsi. Ce n’est pas parce qu’on veut voir l’animal mourir, mais c’est naturel. » Si elle venait à s’échouer vivante ou à être blessée, les autorités se disent toutefois prêtes à intervenir.

Avec Le Devoir par Alexandre Shields

Rarissime photo d’un lion de mer tombant dans la gueule d’une baleine

juillet 31, 2019

Sea lion captured falling in mouth of whale in rare photo

Un lion de mer tombant accidentellement dans la gueule grande ouverte d’une baleine à bosse. Chase Dekker / AFP

Chase Dekker, qui est également biologiste marin, a pris cette photo le 22 juillet depuis un bateau pendant une expédition d’observation des baleines dans le Pacifique, au large de la baie de Monterey, en Californie.

Un lion de mer tombant accidentellement dans la gueule grande ouverte d’une baleine à bosse: telle est la spectaculaire image prise par un photographe animalier qui a évoqué un moment «unique dans une vie». Chase Dekker, qui est également biologiste marin, a pris cette photo le 22 juillet depuis un bateau pendant une expédition d’observation des baleines dans le Pacifique, au large de la baie de Monterey, en Californie. «J’ai vu beaucoup de choses complètement folles, mais jamais rien de tel», a commenté l’homme de 27 ans, qui photographie la vie sauvage depuis une dizaine d’années.

Il a expliqué sur Instagram et dans des interviews qu’il avait aperçu un groupe de baleines à bosse en train de chasser frénétiquement les anchois. A un moment, un lion de mer malchanceux qui passait par là n’a pu s’écarter à temps et a fini à l’intérieur de la gueule du cétacé. Saisissant un appareil photo, Chase Dekker a immortalisé cette scène improbable. «J’étais en extase. Je venais de capturer un moment que je ne reverrai probablement jamais», a-t-il raconté.

La baleine à bosse, qui ne se nourrit que de krill et de petits poissons, n’a toutefois jamais refermé ses mâchoires sur l’imposant lion de mer, qui a pu s’échapper et en aura été quitte pour une belle frayeur. «Ce lion de mer aura vécu une vraie expérience à la Jonas», a commenté Chase Dekker sur Instagram

Par LeFigaro.fr avec AFP

Conte : Le Python de la Fournaise

mars 4, 2017

 

 

Il était une fois, dans l’île de la Réunion, vivait un Python primaire et solitaire en manque de nourriture.

Un jour pendant qu’il se promenait, au bord de l’Océan Indien, Constant le Python, aux couleurs beige, jaune, noir et beige, surprit une Tortue géante sortie de l’eau. Il se cacha, entre les feuilles mortes et les herbes folles, fit semblant de dormir en guettant et surveillant silencieusement tous ses mouvements. L’animal marin, au regard prudent de félin, marchait lourdement à quatre pattes sur le sable fin de la mer, à la recherche d’un endroit sûr pour pondre ses œufs, qu’elle enfouissait avec les rackets de ses pattes. Cocotue la Tortue posa son ventre sur le sable fraîchement remué de sa ponte, colla son oreille orientale et occidentale, située à l’intérieur derrière ses yeux, puis répartit dans les profondeurs abyssales des eaux chaudes de l’océan.

Le vieux Python, après sa disette et son jeûne involontaire, de trois jours, se réveilla, redressa son long corps, regardant, à gauche et à droite, puis se faufila doucement, doucement, suivant les pas de la Tortue qui le conduisirent jusqu’au lieu de sa cachette. Là, il enfonça sa tête sous le sable et découvrit le trésor frais de tous les œufs de la Tortue ancestrale qu’il commençait à manger goulûment. Il éprouva une grande satisfaction.

Repu, au moment où il termina sa soustraction frauduleuse, il fût surpris par un Tec-tec, au plumage beige dessus et clair dessous, au bec fin et pointu, à la poitrine rousse qui volait à basse altitude pour se poser allégrement sur un palmier rouge, non loin des lagons.

Un mois après la saison sèche, Cocotue la Tortue, qui fouinait son bec entre les coraux pour chercher sa nourriture, rencontra au cours de cette randonnée, une belle et élégante Murène, au corps allongé,  s’apprêtant d’entrer dans sa cachette rocheuse. Hélène la Murène, vêtue d’une longue robe blanche, plissée et dentelée, avec des cauris gris, par endroits, l’interpella en lui envoyant des bulles d’eau pour lui parler : fro, fro, fro.

  • Chère Tortue je te cherche depuis longtemps en sortant parfois ma tête à ma porte, pour voir si daventure tu pouvais passer par-ci, car j’ai une bonne nouvelle à t’annoncer : « J’ai rêvé que tes œufs pondus sur le rivage ont été la proie d’un Serpent vivant sur la terre ferme. Je tenais à t’aviser pour aller sur le lieu de ta ponte, vérifier la vision de mon rêve. Car ma perception onirique est souvent exacte ».

Ayant entendu ses propos, la Tortue fondit en larmes. Ses lamentations  produisirent un écho retentissant dans les oreilles de la Baleine à bosse qui la croisa au moment où elle partait vérifier l’information. Irène la Baleine à bosse, la mastodonte des mers avec sa robe bleue marine confectionnée par le plus grand couturier de la Polynésie française, à Tahiti, lui conseilla de faire des fétiches avec des œufs des rayons du soleil. Par solidarité, tous les poissons se réunirent, pendant trois jours, à la pleine lune, pour des invocations aux dieux de la Nature et des Océans. Lorsque leurs prières parvinrent aux oreilles du dieu Sol, celui-ci appela en concertation le dieu Faunus et le dieu Neptune pour statuer sur la sanction à infliger contre le Serpent.

Le Soleil proposa à ses deux compères Neptune et Faunus, dieu des Océans et de la Nature, qu’il sacrifierait un diadème de sa couronne royale pour fabriquer des œufs brûlants de fer. Mais il était nécessaire d’inviter et d’associer le dieu du Fer, Vulcain, pour lui confier ce travail relevant de sa compétence.

Quand arriva le dieu du Fer, le Soleil descendit la couronne de sa tête, la tendit au dieu Vulcain pour qu’il puisse en couper le diadème situé à l’arrière afin de le fondre et de fabriquer autant d’œufs qui serviraient au piège contre le Serpent. Avec son chalumeau brûlant, il coupa le diadème indiqué qu’il plaça dans sa fonte. Il obtint un produit malléable qu’il disséqua en de menus points ronds sous formes d’œufs contenant un liquide lavé.

Après son laborieux façonnage de l’ouvrage demandé, il partit remettre les œufs auprès du Soleil qui appela Cocotue la Tortue ainsi que les deux autres dieux Faunus et Neptune. Il prit la parole et lui dit :

  • Prends ces faux œufs métalliques soufrés et lavés que tu iras placer au lieu habituel de ta ponte. Connaissant les habitudes de Constant le Serpent, nous allons envoyer Tec-tec pour le conduire à ta cachette.

Des jours et des nuits passèrent, le Serpent eût encore faim puis il commençait à perdre les écailles de sa peau. De sa superbe. Arriva Tec-tec qui lui dit avoir vu Cocotue la Tortue ensevelir sa nourriture préférée des œufs. Il n’eût pas terminé sa conversation que Constant le Serpent courut, survolant les herbes et passant entre les branches pour se ravitailler de ses friandises.

Avant de commencer le rituel de son repas, il dansa, chanta et secoua sa queue pour manifester sa joie. Vint ensuite avec la lenteur de son vol, Tec-tec pour l’assister audit festin. Le Serpent creusa de sa bouche, pointa sa queue pour retourner le sable avant d’arriver sur les premiers œufs qui brillaient d’un éclat surprenant comme s’ils étaient induits d’huile. C’étaient des œufs frais. Des œufs d’une rare beauté qu’il avalait jusqu’à se remplir l’estomac. Lorsqu’il termina sa fête, il s’étira, frottant son dos et son ventre contre un palmier rouge.

Au-dessus de sa tête, le Soleil le regardait au zénith sur l’orbite de son observation. Il esquissait un sourire narquois faisant bouger ses cheveux et sa barbe.

  • Tu verras ce qui va t’arriver, voleur indésirable et indélicat des amis de la Nature, monologuait-il ?

Après le coucher et le lever du Soleil, le dieu Sol invita Faunus, Neptune, Vulcain et la Tortue pour leur signifier d’avoir vu et été le témoin lors de son passage du régal des œufs de la part du Serpent. Il leur dit de ne pas en parler à personne que désormais il frappera le Serpent depuis le magma de sa cachette sous terre.

Un jour de la semaine, pendant que le Soleil illuminait le ciel, il tint le diadème remplacé ayant servi à la fabrication des faux œufs de Cocotue la Tortue. Des rayons se dégagèrent, chauffèrent le sol de la cachette de Constant le Serpent. Il se tordait le ventre suite à la chaleur perçante qui lui parvenait du Soleil. La terre formait à cet endroit une bosse sous forme de volcan qui fumait au-dessus du piton des gaz au moment où il vint exposer la bouche circulaire de son cratère d’où soudain, il vomissait de la fournaise, coulant sous forme de laves brûlantes et rutilantes. Ces laves descendaient vers l’Océan Indien détruisant tout sur leurs passages et dégageaient un panache de fumée.

Depuis lors, chaque fois que le Soleil veut punir le Python de la Fournaise, il lui envoie ses rayons, et les œufs piégés, avalés qui sont dans son ventre, se transforment en vomissures de feu et en coulées de laves chaudes et puissantes.

 

© Bernard NKOUNKOU