Lionel Messi est récompensé d’un cinquième Ballon d’or après une belle année 2015. Il devance Cristiano Ronaldo et Neymar, son coéquipier du Barça.

Ce n’était finalement qu’une pause de deux ans. Lionel Messi, 28 ans, remporte le Ballon d’or 2015, son cinquième personnel, après avoir vu Cristiano Ronaldo gagner les deux dernières éditions. Mais, pour celle-ci, l’Argentin, avec 41,33 % des votes devance largement le Portugais (27,76 %), mais aussi Neymar (7,86 %), son coéquipier au FC Barcelone. Il était le grandissime favori et ce prix ne peut souffrir d’aucune contestation au vu des performances de La Pulga (« La Puce ») tout au long de l’année.
Lionel Messi a en effet écrit une nouvelle page d’or du Barça en cette année 2015 : cinq titres remportés (Liga, Ligue des champions, Copa del Rey, Super-Coupe d’Europe, Mondial des clubs), une prestation de haut vol en finale de la dernière C1 (victoire 3-1 contre la Juventus) où il est impliqué sur les trois buts barcelonais, des gestes de grande classe comme ce dribble sur le pauvre défenseur du Bayern Munich Jérôme Boateng en demi-finale de Ligue des champions, et des buts splendides comme celui inscrit contre Bilbao en finale de Coupe d’espagne après une course de près de 50 mètres et plusieurs défenseurs basques effacés comme des plots.
Messi, une institution du Barça
C’est sur ses actions de haut vol plus que pour ses statistiques que Lionel Messi est gratifié du Ballon d’or Fifa 2015. Le prodige argentin a de nouveau marqué les esprits par des gestes maradonesques et son talent a davantage sauté aux yeux que celui de Cristiano Ronaldo, plus concentré à empiler les buts. Le Portugais a en effet trouvé plus souvent le chemin des filets que Messi l’année dernière (57 contre 52). Mais ce rendement de l’ex-joueur de Manchester United n’a pas suffi.
Et ce cinquième Ballon d’or décerné à l’Argentin n’entérine-t-il pas justement le duel Messi-Ronaldo au profit de La Pulga ? Le joueur du Real Madrid a beau avoir marqué plus de 500 buts au cours de sa carrière, il n’est qu’un grand joueur parmi d’autres dans l’histoire du club merengue malgré la Décima remportée en 2014. Qui oserait dire même aujourd’hui que le joueur Cristiano Ronaldo est plus important que l’entraîneur Zinedine Zidane ? En revanche, Lionel Messi représente à lui tout seul l’âge d’or du FC Barcelone. En 2009, en 2011, en 2015, il est le rouage essentiel de la moisson de trophées de son club. Ronaldo est une star au Real, mais Messi est une institution au Barça.
Pour preuve, Lionel Messi est plus important que l’entraîneur Luis Enrique. Rappel, début 2015, le coach barcelonais est sur la sellette. La greffe avec l’effectif ne prend pas, notamment avec l’Argentin lors des entraînements. Luis Enrique n’avait pas tout de suite compris que le meilleur joueur de son équipe faisait ce qu’il voulait au sein de l’institution barcelonaise.
Plus altruiste
Consciente de cette mésentente, la direction du Barça avait même sondé Lionel Messi pour lui demander s’il fallait licencier Luis Enrique ! Un fait plutôt rare dans un sport qui se veut collectif avec l’esprit de groupe qui prédomine sur les considérations individuelles. Et le quadruple Ballon d’or sauve alors la tête de son coach en répondant aux dirigeants blaugranas que l’éviction de Luis Enrique n’est pas sa priorité : il veut surtout qu’on le laisse tranquille. Seul Pelé (Santos), Cruijff (Ajax Amsterdam), Beckenbauer (Bayern Munich) ou Maradona (Naples) ont eu un tel poids dans le vestiaire au point d’être au-dessus de l’entraîneur, voire de l’écusson même du club.
Ce Ballon d’or sonne aussi comme une mini-résurrection. Le Messi de 2014 ne nous faisait plus rêver. Usé, fatigué, et pourtant encore récompensé comme avec cette mascarade du trophée Adidas du meilleur joueur du dernier Mondial qui lui avait été remis après la finale. Ses buts demeuraient nombreux, mais ils commençaient à tous se ressembler.
43 buts pour la Liga 2014-2015
Néanmoins, les arrivées de Neymar et de Suarez, deux autres gloutons du but, vont être décisives pour faire franchir à Lionel Messi un nouveau palier, alors qu’on pensait qu’il avait atteint son apogée. La Pulga se mue alors en meneur de jeu. Il marque toujours autant de buts (43 pour le championnat 2014-2015), mais on le sent davantage altruiste dans le jeu et moins obsédé pour faire trembler les filets, comme en témoigne ses 33 passes décisives la saison dernière. Sa prestation en finale de C1 – où il participe aux trois buts, mais sans en inscrire un – est la démonstration de ce nouveau Messi.
Son coéquipier Neymar finit, lui, troisième, mais nul doute que le Brésilien peut être son successeur dans les années à venir. Lionel Messi a été indisponible plusieurs semaines fin 2015 pour cause de blessure. On pensait que ce forfait allait être un coup dur pour le club catalan. Mais Neymar, avec l’aide de Suarez, a parfaitement assuré l’intérim si bien que, lors du dernier Clasico face au Real, Messi était remplaçant au coup d’envoi et était entré en jeu alors que son équipe menait déjà 4-0. Et si le désormais quintuple Ballon d’or avait empêché Zlatan ou David Villa de s’épanouir en tant que buteur du club, le jeune Brésilien est, lui, adoubé par Messi. Tel un monarque qui désigne lui-même son héritier.
Ronaldo Ballon d’or © Free02
Lepoint.fr par Alexandre Borde