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Mali : les deux militaires français relâchés

septembre 16, 2022

Deux militaires français, détachés en renfort auprès de l’ambassade de France à Bamako, avaient été arrêtés jeudi par les autorités maliennes. Ils ont été remis en liberté vendredi matin.

Circulation à Bamako, au Mali, devant le siège de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), en juin 2019. (illustration) © Vincent Fournier/JA.

L’affaire avait de quoi tendre encore un peu plus les relations entre le Mali et la France. Deux militaires français, détachés auprès de l’ambassade de France à Bamako, ont été arrêtés jeudi 15 septembre à la mi-journée dans le centre de la capitale malienne. Après une nuit en détention, il ont été relâchés vendredi dans la matinée.

Selon une source officielle à Paris, les deux hommes ont été arrêtés alors qu’ils effectuaient une « mission classique de reconnaissance » aux abords de l’école française Les Écrivains afin de la sécuriser. Toujours selon cette source, les deux militaires « disposaient de passeports en règle » et se sont montrés « coopératifs » lors de leur interpellation.

Ces deux militaires étaient présents au Mali en renfort auprès de l’attaché de défense à l’ambassade. Ils étaient notamment chargés du plan de sécurité de l’ambassade et de la sécurisation des ressortissants français dans le pays.

Avec Jeune Afrique par Benjamin Roger

Mali : l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga est mort

mars 21, 2022
Soumeylou Boubèye Maïga, en mai 2016 à son domicile de Bamako. © Emmanuel DAOU Bakary pour JA

L’ancien ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta, figure de la vie politique malienne, est décédé ce lundi à Bamako. Incarcéré depuis août 2021, il avait vu son état de santé se dégrader nettement ces dernières semaines, mais ses demandes d’évacuation sanitaire avaient été rejetées.

Le « Tigre » ne rugit plus. Soumeylou Boubèye Maïga est décédé, ce lundi 21 mars, à la clinique Pasteur de Bamako où il était soigné depuis décembre.

Inculpé dans l’affaire dite de l’avion présidentiel, l’ancien Premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), de 2017 à 2019, avait été placé sous mandat de dépôt en août 2021. Il était notamment accusé de corruption et de détournement de fonds publics. Depuis son incarcération à la Maison centrale d’arrêt de Bamako, son état de santé s’était nettement dégradé.

Le 16 décembre, à la demande de ses proches, il avait été hospitalisé à la clinique Pasteur de Bamako. De plus en en plus affaibli, il avait perdu une vingtaine de kilos. Ses demandes de remise en liberté conditionnelle ayant toutes été rejetées, son entourage n’avait cessé de réclamer son évacuation pour qu’il puisse être soigné à l’étranger.

Des requêtes toutes refusées par les autorités de transition – et ce, en dépit de l’intervention de plusieurs chefs d’État de la région, comme le Ghanéen Nana Akufo-Addo, le Sénégalais Macky Sall, ou le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré lorsqu’il était encore au pouvoir. Même l’implication de Chérif Ousmane Madani Haïdara, président du Haut Conseil islamique malien (HCIM) et figure respectée dans le pays, n’y avait rien fait.

Pronostic vital engagé

Le 2 mars, Maïga Binta Yatassaye, l’épouse de l’ex-Premier ministre, avait écrit une lettre ouverte au colonel Assimi Goïta, le président de la transition, pour lui demander d’intercéder en faveur de son mari. Elle y indiquait que le « pronostic vital [de celui-ci était] engagé » et que les médecins préconisaient une « évacuation d’urgence » depuis la mi-décembre, rappelant par ailleurs qu’il était en détention préventive et non condamné. « Veut-on la mort par abandon et négligence programmée de Soumeylou Boubèye Maïga ? » concluait-elle, en s’indignant de l’absence de réponse des autorités aux multiples requêtes de la famille.

Au fil des décennies, cette figure de la vie politique malienne s’était constitué un important réseau, allant de ses ex-camarades militants de gauche à de nombreux chefs d’État africains en passant par plusieurs dirigeants français et européens. Sa disparition, après des mois de lutte contre la maladie en détention, a suscité de nombreuses réactions, tant au Mali qu’en Afrique de l’Ouest.

Ancien journaliste, Soumeylou Boubèye Maïga s’était engagé contre la dictature de Moussa Traoré, renversé en 1991. Il avait aussi participé à la fondation de ce qui fut longtemps le premier parti du pays, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ).

Proche d’Alpha Oumar Konaré, qui avait fait de lui le patron de la puissante Sécurité d’État, le natif de Gao avait ensuite rompu avec cette formation pour se présenter à l’élection présidentielle de 2007 – à laquelle il n’avait obtenu que 1,5 % des voix.

Ambitions présidentielles

Alors qu’il avait été nommé ministre des Affaires étrangères par Amadou Toumani Touré en 2011, c’est vraiment avec l’arrivée au pouvoir d’IBK, en 2013, que le Tigre avait gagné en influence et en visibilité. Après la débâcle de l’armée malienne à Kidal en 2014, il avait été contraint de démissionner de son poste de ministre de la Défense. Il était pourtant revenu au sommet de l’État deux ans plus tard, en tant que secrétaire général de la présidence. En 2017, IBK l’avait nommé Premier ministre. Il restera à la tête du gouvernement jusqu’en 2019, après le massacre d’Ogossagou.

Président de l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP), qu’il avait créée en 2013, Soumeylou Boubèye Maïga ne cachait pas ses ambitions présidentielles et comptait se présenter aux prochaines élections.

Avec jeune Afrique par Benjamin Roger

Mali : et si le manque de routes tuait davantage que la guerre ?

novembre 19, 2021
Des bouchons dans les rues de Bamako, au Mali, en novembre 2010. © DR

Bouchons, dégradations, travaux aléatoires… La faiblesse des infrastructures routières dans le pays conduit à des situations de détresse sociale dont les autorités feraient bien de se préoccuper.

Il s’appelle Arouna Bengaly. Il est l’archétype de tout ce qu’une nation devrait valoriser chez l’un de ses enfants. Malgré son faible niveau d’instruction et ses origines modestes, à force de travail, il est aujourd’hui l’un des meilleurs menuisiers aluminium de la capitale, Bamako. Dans son petit atelier du quartier de l’Hippodrome, il emploie une dizaine d’apprentis qui fabriquent portes, fenêtres, armoires… Les besoins de transport l’ont récemment poussé à acquérir une camionnette de livraison, utilisée par tout le voisinage pour divers besoins. Mais aujourd’hui, Bengaly, le jeune homme serviable et souriant, est en colère.

Une si longue liste de griefs

Comme pour beaucoup de jeunes travaillant à Bamako, la célébration de Maouloud a été l’occasion pour Bengaly de retourner auprès de sa famille restée à la campagne, en parcourant les 360 kilomètres qui séparent Bamako de Sikasso, le chef-lieu de la grande région qui longe les frontières ivoirienne et burkinabè. Ce trajet, d’ordinaire sans embûche, est aujourd’hui rendu délicat par de nouvelles pratiques – le rançonnage autour de certains villages et l’implantation de groupes armés jihadistes dans la région.

À Sikasso, la fête est rapidement endeuillée : une cousine de la famille, enceinte de presque huit mois, a été mordue par un serpent dans un village voisin et n’est arrivée à l’hôpital régional qu’après plusieurs heures de calvaire. Réalisant qu’il est trop tard pour la mère, les médecins pratiqueront une césarienne pour sauver le bébé, qui décèdera tout de même.

À QUOI SERVENT TOUS LES DOCTEURS SI ON NE PEUT ARRIVER À TEMPS À L’HÔPITAL ?

Le retour vers Bamako est marqué par un énorme bouchon à l’entrée de la ville – une impressionnante escorte militaire a été chargée de protéger des engins miniers arrivés de Côte d’Ivoire et se dirigeant vers la région de Kayes. De retour à l’atelier, une cigarette à la main, Bengaly fulmine de colère. À quoi servent tous les docteurs si l’on ne peut arriver à temps à l’hôpital après une morsure de serpent ? Pourquoi toutes les routes nationales du pays doivent-elles passer par Bamako ? Pourquoi les autorités ne construisent-elles pas des routes pour relier les quartiers périphériques de Bamako entre eux et ainsi désengorger le centre ? Pourquoi les entreprises qui construisent des routes ne sont-elles pas inquiétées quand leurs ouvrages sont dégradés avant même leur inauguration ? Pire encore, pourquoi se voient-elles confier de nouveaux chantiers ? La liste des griefs est longue.

La quincaillerie Bengaly, à Bamako.
La quincaillerie Bengaly, à Bamako. © DR

Bengaly est en colère et pourtant, à bien des égards, il sait qu’il est un privilégié. Originaire du poumon économique du Mali, il n’a pas été poussé à bout par les dérives d’un système qui n’offre aucune autre perspective aux enfants des régions du centre et du nord du Mali que celle des armes.

Barricades de fortune

La riche actualité malienne (discours aux Nations unies, expulsions de diplomates ou arrestations de « parlementaires ») ne saurait occulter le fait que le citoyen malien est dépourvu de presque tout – et dans ce tableau, le manque d’infrastructures routières est particulièrement accablant.

À Bamako, le traditionnel balai des minibus de transport, taxis, véhicules personnels et motocycles à deux ou trois roues, s’est enrichi récemment de motos-taxis. Les piétons, incapables de traverser les voies et excédés par la confusion générale, supplient les automobilistes à coups de « Allah-Kama » (Pour la grâce de Dieu !), une formule généralement associée aux mendiants. Les minibus ont même délaissé les routes goudronnées pour s’aventurer sur des ruelles, au cœur des habitations !

LES AUTOMOBILISTES DÉSESPÉRÉS SE CRÉENT DES DÉVIATIONS AU CŒUR D’UN DES QUARTIERS LES PLUS INSALUBRES DE LA CAPITALE

Conscients du danger pour les enfants, les populations du quartier de Missira ont bloqué toutes les artères avec des barricades de fortune. Des mesures de circulation alternée ont bien été adoptées dans les zones les plus congestionnées, mais sans grand succès. À Bougouba, l’unique voie qui mène au troisième pont lorsque les mesures de circulation alternée sont en vigueur, est en travaux depuis plusieurs mois. La voie est fermée depuis une semaine pour la réfection d’une centaine de mètres de goudron. Les automobilistes désespérés se créent des déviations au cœur d’un des quartiers les plus insalubres de la capitale. Un calvaire d’autant plus insupportable que la route reste fermée en prévision de travaux qui n’ont pas lieu depuis une semaine.

Du moins, à Bamako, y a-t-il encore des routes. Dans le reste du pays, des villages entiers sont livrés à eux-mêmes – le Nord est communément appelé le « pays sans route ». Dans les campagnes où l’agriculture et l’élevage sont les seules activités, le manque d’infrastructures routières augmente le coût des biens de consommation, et conduit à une isolation sanitaire qui tue probablement plus que la guerre. Lorsque les routes existent, elles ne sont praticables que de jour à cause des problèmes de sécurité, créant un plus grand engorgement.

Contrat social rompu

La relation entre l’État et les citoyens est régie par un contrat implicite, où les citoyens paient taxes et impôts en contrepartie de services publics. Ce contrat social est rompu. La transition malienne, qui s’est donnée pour mission l’amélioration de la sécurité sur le territoire ne peut réussir qu’à la condition de changer en profondeur les pratiques des agents de l’État. On ne peut qu’encourager les autorités maliennes à dépasser la rhétorique du changement pour proposer des actions concrètes pour rebâtir le Mali.

Par exemple, un programme de grands travaux, qui créerait de nouvelles infrastructures routières reliant le sud-ouest du pays (Kayes) au nord-est (Gao) et le sud-est (Sikasso) au nord-ouest (Tombouctou), relancerait l’activité économique en augmentant l’offre de travail dans la plupart des régions du Mali. Ensuite, une vingtaine de communes pourraient être connectées au réseau autoroutier chaque année, et les localités affectées par le conflit armé pourraient bénéficier d’infrastructures de bases (écoles, centre de santé, marché, adduction d’eau potable…) et de logements sociaux afin de faciliter le retour des déplacés.

 LE JOUR OÙ TOUS LES BENGALY DU PAYS PRENDRONT LES ARMES, NUL N’OSERA PLUS PARIER SUR L’AVENIR DU MALI

Enfin, un programme pilote, qui viabiliserait un quartier de la capitale chaque année poserait les jalons d’un nouveau contrat social. Des travaux récents en économie ont montré que lorsque l’État se met à bâtir, il y a des effets d’entraînement assez significatifs : les temps de transport diminuent, la productivité des ménages et la rentabilité des entreprises augmentent. Contrairement au mythe populaire, ce ne sont pas les problématiques de financement qui limitent ces programmes, mais plutôt la volonté politique.

Cet ambitieux programme de travail pendant la transition établirait une norme pour les futurs régimes, et peut-être offrira l’indispensable stabilité institutionnelle dont le pays a besoin pour sécuriser la paix et ouvrir les perspectives d’une croissance inclusive et durable. À défaut, on prend le risque de voir un jour tous les Bengaly du pays prendre les armes. Et à ce moment-là, nul n’osera plus parier sur l’avenir du Mali.

Modibo Seydou Sidibé

Avec Jeune Afrique par Modibo Seydou Sidibé

Professeur d’économie à la Duke University (États-Unis)

Mali – Tentative d’assassinat d’Assimi Goïta : les premiers éléments de l’enquête

juillet 21, 2021
Assimi Goïta, le chef de l’État malien, arrive à la Grande Mosquée de Bamako pour la prière, quelques instants avant d’être la cible d’une tentative d’assassinat, le 20 juillet 2021.

Le chef de l’État malien célébrait la fête de la Tabaski dans la Grande mosquée de Bamako quand il a été victime d’une tentative d’assassinat au couteau. Retour sur cet évènement qui a secoué Bamako.

Ce qui devait être un jour de fête a bien failli tourner au drame. Ce mardi 20 juillet, à la suite de la prière de la Tabaski (Aïd el-Kébir), la fête du Sacrifice, à la Grande Mosquée de Bamako, le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, a été la cible d’une tentative d’assassinat.

Peu après 9 heures (heure de Bamako), alors que les fidèles se retirent avec l’imam Amadou Kallé, un individu armé d’un couteau tente de porter atteinte à la vie du chef de l’État, alors que ce dernier prenait la suite du prédicateur pour égorger un mouton, comme le veut la tradition. Rapidement, l’assaillant bute sur le cordon de sécurité qui entoure le président malien et est maîtrisé.

La sécurité rapprochée du président de la transition, en treillis, embarque l’agresseur à l’arrière d’un pick-up. Vêtu d’un boubou marron et le visage en partie dissimulé sous un chèche bleu, l’assaillant est un enseignant, selon un commissaire de police interrogé par l’AFP.

Zones d’ombre

Avec lui, un deuxième homme est embarqué par les forces de sécurité, qui le prennent pour un complice. Il s’agissait en fait d’un membre des forces spéciales, armé d’un pistolet, que la garde présidentielle n’avait pas reconnu.

Si plusieurs observateurs présents sur les lieux – journalistes ou hommes politiques – , ont assuré de prime abord que « deux ou trois personnes auraient participé à l’attaque », il semble, selon les premiers éléments de l’enquête, que l’assaillant a agit seul. « Les investigations sont en cours pour savoir combien de personnes sont impliquées, assure une source à la présidence. Pour l’heure, nous ne pouvons confirmer l’arrestation que d’un seul assaillant. » Dans le camp présidentiel, on affirme également que ce dernier était sous l’effet de la drogue. Ses motifs sont inconnus.

Le procureur de la République près la Cour d’appel de Bamako a annoncé, ce mardi 21 juillet, l’ouverture d’une enquête pour « atteinte à la sûreté de l’État » et « tentative d’assassinat ».

Escorté par une dizaine d’hommes – garde présidentielle, forces de police et militaires – le président Assimi Goïta est à son tour évacué des lieux sous les applaudissements de quelques hommes et femmes parés de leurs boubous de fête. Affichant une mine sereine, il prend même le temps de saluer de la main les curieux massés à l’entrée de la mosquée.  « Que dieu lui donne la force », scandent alors en bambara quelques badauds.

Derrière lui sortent plusieurs membres du gouvernement. Parmi eux, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, qui, selon la tradition, s’est joint à la prière de la Grande mosquée, ainsi que plus ministres. Les familles fondatrices de Bamako sont elles aussi présentes.

À peine sorti de la Grande Mosquée, Assimi Goïta prend la direction de sa résidence de Kati à bord de son pick-up blanc. Sain et sauf, « le président n’a pas été blessé », confirme son entourage. L’un de ses gardes du corps aurait été « légèrement touché » à la main en tentant de retirer le couteau des mains de l’assaillant, affirme un proche de Goïta.

Appel à l’apaisement

Entouré de son Premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement – Mossa Ag Attaher, ministre de la Jeunesse et des Sports, Lamine Seydou Traoré, ministre des Mines, de l’Énergie et l’Eau, Sadio Camara, ministre de la Défense et des anciens Combattants, Daoud Aly Mohammedine, ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Mamadou Koné, ministre des Affaires Religieuses, et de Malick Diawara, président du Comité national de la transition (CNT) –, rassemblés « par solidarité autour du président », Assimi Goïta a adressé, depuis sa résidence de Kati, ses vœux aux Maliens en direct sur les ondes de l’ORTM, appelant « au pardon et à la cohésion» après l’attaque.

« Tout va bien, il y a toujours des mécontents qui peuvent vouloir tenter des choses […] J’aimerais rassurer l’opinion nationale et la communauté internationale que je vais très bien, a assuré le chef de l’État. Je souhaite une bonne fête de Tabaski à toute la communauté musulmane malienne. Cette fête est un moment de communion et de pardon. Je demande à tous les Maliens de saisir cette opportunité pour se pardonner et se réconcilier pour la stabilité et pour la paix au Mali. »

LES PROCHES DU PRÉSIDENT ÉVOQUENT « UNE TENTATIVE D’ASSASSINAT », ASSIMI GOÏTA PRÉFÈRE PARLER « D’ACTE ISOLÉ »

Les proches du président assurent qu’une enquête est en cours pour faire la lumière sur cette « tentative d’assassinat », qu’Assimi Goïta préfère qualifier « d’acte isolé ».

Après avoir prononcé ses vœux, Assimi Goïta a, selon la tradition, égorgé un mouton à sa résidence, avant d’aller se recueillir sur la tombe de sa mère, au cimetière de Kalabancoro, « afin de célébrer la Tabaski comme il se doit », confie l’un de ses collaborateurs.

Avec Jeune Afrique par Fatoumata Diallo et Manon Laplace

Mali : Assimi Goïta visé par une tentative d’assassinat lors de la prière de l’Aïd

juillet 20, 2021
Le colonel Assimi Goïta, ici le 24 août 2020 à Bamako après le coup d’État contre IBK, a poussé le président de la transition Bah N’Daw à la démission.

Le président de transition au Mali, le colonel Assimi Goïta, s’est déclaré mardi indemne, quelques heures après avoir été visé par une tentative d’assassinat à l’arme blanche durant la prière musulmane de l’Aïd al-Adha, à la Grande mosquée de Bamako.

Ancien chef d’un bataillon de forces spéciales, le colonel Goïta, auteur de deux putschs en moins d’un an, dont celui qui a renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta, ne se déplace d’ordinaire depuis onze mois jamais sans ses hommes, cagoulés et armés de fusils d’assaut.

Quelques heures après l’agression, les abords de la mosquée du roi Fayçal étaient paisibles comme le reste de la capitale en ce jour de Tabaski (surnom de la fête en Afrique de l’Ouest) où chacun selon la coutume se recueille en famille, selon des correspondants de l’AFP.

En milieu de matinée, après la prière, tandis que l’imam se dirigeait vers la sortie de la mosquée pour égorger le mouton sacrificiel, deux hommes se sont levés et ont tenté de poignarder le colonel Goïta, a constaté un journaliste de l’AFP.

Ils ont échoué. « Je vais très bien, aucun élément n’a été blessé », a déclaré le chef de l’Etat à la télévision nationale au journal de la mi-journée, précisant que cette agression avait été « maîtrisée ».

« Quand on est leader, il y a toujours des mécontents, il y a des gens qui à tout moment peuvent vouloir tenter des choses pour déstabiliser, tenter des actions isolées », a-t-il détaillé.

Les deux hommes –dont la répartition des rôles restait encore floue– ont été interpellés et emmenés dans les locaux de la Sécurité d’Etat (renseignement), selon une source proche de la présidence.

Ni M. Goïta, ni son Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui s’est également exprimé sur la télévision d’Etat, n’ont mentionné un second agresseur, faisant référence à une seule personne.

Interrogé par l’AFP pour savoir s’il s’agissait d’une « tentative d’assassinat », un responsable de la présidence de transition a répondu: « Oui, tout à fait ».

Aucune piste privilégiée

A Kati, ville-garnison à une quinzaine de km de Bamako, QG des militaires, M. Goïta a reçu plusieurs ministres venus exprimer leur « compassion », selon le communicant de la présidence, le commandant Baba Cissé.

L’un d’entre eux, Mossa Ag Attaher, ex-rebelle désormais ministre de la Jeunesse, s’est dit sur les réseaux sociaux « choqué et dégouté par la violence, la lâcheté et la barbarie de ceux qui ont tenté d’intenter à l’intégrité du chef de l’Etat ».

Mali: tentative d'assassinat manquee du president de transition lors de la priere de l'Aid

Dans la grande mosquée, Assimi Goïta était assis auprès d’autres dignitaires du régime, notamment des militaires putschistes comme Malick Diaw, qui dirige le Conseil national de transition (CNT, faisant office de Parlement).

Il était, fait rare depuis son apparition dans la sphère publique, en habit civil de tissu bazin bleu ciel, tenue typique des jours de fête.

Un des deux assaillants portait un turban, selon le même constat de l’AFP. Les deux étaient détenteurs d’armes blanches.

A la mi-journée mardi, aucune piste ne pouvait être privilégiée quant à leurs motivations, dans un pays très instable politiquement et en prise à des violences multiformes depuis 2012.

Ces violences, qui ont débuté par des rébellions indépendantiste puis jihadiste dans le Nord, se sont ensuite propagées au centre et au sud du Mali, se mêlant à des conflits intercommunautaires et à des attaques crapuleuses dans des zones où l’influence de l’Etat est très faible.

Le phénomène s’est depuis plusieurs années étendu aux Burkina Faso et Niger voisins, où opèrent également des groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l’organisation Etat islamique (EI).

Bamako, d’habitude relativement épargnée par rapport au reste du pays, a connu depuis 2015 des attentats jihadistes, et a été le théâtre de deux coups d’Etat en moins d’un an.

Le dernier en date, en mai, a été mené par les mêmes colonels, conduits par le colonel Assimi Goïta, que celui d’août 2020, et a abouti à son investiture comme président de la transition.

Les militaires ont largement fait main basse sur le pouvoir. Mais le colonel Goïta comme le nouveau gouvernement, nommé par les militaires, ont assuré qu’ils tiendraient l’engagement de rendre les commandes aux civils après des élections prévues le 27 février 2022.

Par Le Point avec AFP et Agences

Mali : Sidi Brahim Ould Sidati, de la CMA, assassiné à Bamako

avril 13, 2021
Sidi Brahim Ould Sidati, représentant de la Coordination des mouvements de l’Azawad, signant l’accord de paix d’Alger au Mali, le 20 juin 2015.

Le président de la Coordination des mouvements de l’Azawad a été assassiné ce mardi 13 avril par des individus non identifiés.

Sidi Brahim Ould Sidati est mort à l’hôpital Golden Life de Bamako ce 13 avril. Il y avait été transporté en urgence après que des individus non identifiés lui avaient tiré dessus, ont confirmé plusieurs sources à Jeune Afrique.

Le président de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, l’un des groupes signataires de l’accord de paix d’Alger) se trouvait devant sa résidence, où il réparait son générateur électrique, lorsqu’il a subi des tirs entre 6 et 7 heures du matin. Selon Attaye Ag Mohamed, qui est chargé des questions juridiques au sein de la CMA, les deux assaillants se trouvaient à bord d’une voiture quand ils l’ont pris pour cible. Des enquêteurs sont déjà à pied d’œuvre sur les lieux.

Cet assassinat intervient quelques semaines après la reprise, mi-février, des réunions du comité de suivi de l’accord à Kidal. Le gouvernement malien et des groupes signataires de cet accord avaient pu se rencontrer dans cette ville du Nord alors encore contrôlée par les groupes armés malgré le retour sur place, il y a un an, de l’armée constituée.

Selon plusieurs diplomates internationaux à Bamako, cette rencontre de Kidal a symbolisé « le retour d’un climat de confiance » entre acteurs maliens. La présence de membres des groupes armés au sein du gouvernement a également suscité l’espoir de voir se concrétiser des avancées dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, signé en 2015.

Avec Jeune Afrique par Manon Laplace à Bamako

La dépouille de l’ex-président malien Amadou Toumani Touré arrivée à Bamako

novembre 14, 2020

L'ancien président malien Amadou Toumani Touré, ici en 2012 lors d'une visite officielle en Inde, est décédé dans la nuit du 9 au 10 novembre 2020.

La dépouille de l’ancien président malien Amadou Toumani Touré, décédé en Turquie à l’âge de 72 ans, a été rapatriée samedi. Le pays lui rendra hommage lors de funérailles nationales mardi.

L’avion présidentiel ramenant la dépouille d’Amadou Toumani Touré, qui a dirigé le Mali en 1991-1992 avant d’être élu président en 2002, a atterri vers 04H30 du matin (GMT et locales) à l’aéroport de Bamako.PUBLICITÉ

« ATT » s’était rendu pour des soins en Turquie, où il est décédé dans la nuit du 9 au 10 novembre.

Hauts dignitaires et petite foule de proches

Huit officiers en grand uniforme ont porté son cercueil, recouvert d’un drapeau aux couleurs nationales, de la soute de l’avion à un corbillard blanc.

Puis le corbillard s’est rendu devant le hall des arrivées de l’aéroport, où attendaient de hauts dignitaires maliens et une petite foule de proches et partisans de l’ancien chef d’État.

Le vice-président de transition, le colonel Assimi Goïta, et d’autres personnalités politiques, dont le Premier ministre Moctar Ouane, se sont ensuite recueillis en silence quelques instants face au cercueil.

Hommage national

Les obsèques nationales d’Amadou Toumani Touré sont prévues mardi sur la place d’armes du Génie militaire à Bamako.

« Nous voulons que les obsèques nationales d’ATT se déroulent au stade du 26-Mars », d’une capacité de 60.000 places, « afin que tout le monde puisse y assister », a confié un proche de l’ex-président, Nouhoum Togo.

Amadou Toumani Touré reste aux yeux de nombreux Maliens le militaire qui a mis le pays sur la voie de la démocratie en 1992 après plus de 20 ans de dictature, au point de gagner le surnom de « soldat de la démocratie ». Mais sa présidence s’est achevée abruptement en 2012 par un putsch censé enrayer la déroute de l’armée face aux rebelles indépendantistes et jihadistes dans le Nord, mais qui l’a en fait précipitée.

Par Jeune Afrique avec AFP

Mali : IBK est rentré à Bamako

octobre 22, 2020
L’ex-président malien, Ibrahim Boubacar Keïta – ici en juin 2020 en Mauritanie, est rentré à Bamako le 21 octobre 2020 après près de deux mois aux Émirats arabes unis.

Ibrahim Boubacar Keïta est rentré à Bamako, mercredi soir, après un séjour médical de près de deux mois à Abou Dhabi. L’ancien président malien a rejoint sa villa de Sébénikoro.

Le retour d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) devait être discret. Mais à peine l’ancien président avait-il atterri à Bamako, mercredi vers 22 h, heure locale, que ses soutiens ont convergé vers sa résidence de Sébénikoro pour l’accueillir. Une heure plus tard, lorsque le cortège l’escortant est arrivé, il est passé en trombe devant la foule, avant de s’engouffrer dans la villa.

« Requinqué »

IBK, 75 ans, est rentré des Émirats arabes unis, où il était suivi à la Cleveland Clinic, depuis son arrivée à Abou Dhabi, le 5 septembre dernier. L’ancien président avait quitté Bamako accompagné de son épouse Keïta Aminata Maïga, de son attaché de cabinet, Mahalmoudou Sabane et de ses médecins personnels.

Il était installé à l’Emirates Palace d’Abou Dhabi, le temps d’honorer ses rendez-vous médicaux qui étaient prévus jusqu’à la mi-octobre. Son entourage assure que son état de santé s’est beaucoup amélioré. « Il est requinqué », confie même à Jeune Afrique un proche de l’ancien président sous couvert de l’anonymat.

IBK avait présenté sa démission dans une allocution télévisée le 18 août, à la suite du coup d’État mené par les militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) après plusieurs mois de crise politique et de manifestations organisées par le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) pour réclamer son départ. L’ancien président avait été placé en résidence surveillée, sans moyen de communication.

Sous haute surveillance

Son départ à l’étranger pour des soins médicaux avait très vite été évoqué dans les jours qui ont suivi sa démission. C’était l’une des requêtes de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui avait imposé des sanctions au Mali. IBK avait été admis le 1er septembre dans une clinique de Bamako, après avoir été victime d’un accident ischémique transitoire, un accident vasculaire cérébral relativement bénin s’il est pris en charge rapidement.

Le domicile de l’ancien président malien est toujours placée sous haute surveillance. Les personnes qui y résident, dont son fils Bouba Keïta, sont privés de visites et n’ont accès à aucun moyen de communication avec l’extérieur. Mi-septembre, le fils Keïta avait écrit une lettre à Assimi Goïta, président du CNSP et désormais vice-président de la transition, afin de l’alerter sur ces conditions de détention.

Avec Jeune Afrique

                                      

Le président malien félicite Mamoudou Gassama, qui a sauvé un enfant français

juin 18, 2018

Le président du Mali Ibrahim Boubacar Keita (à droite) rencontre Mamoudou Gassama le 18 juin 2018 à Bamako.n / © AFP / Michele CATTANI

Mamoudou Gassama, le jeune migrant malien qui a sauvé un enfant en escaladant la façade d’un immeuble à Paris, a été reçu lundi à Bamako par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui l’a félicité.

« Au moment où le courage de tous était interpellé, mais où un seul peut faire la décision, tu as fait la décision. De ça nous sommes très fiers », a-t-il déclaré au jeune homme, accompagné de son père.

« Il y a une habitude culturelle chez nous. Quand on veut célébrer quelqu’un, dire son patronyme avec force et le répéter: Gassama », a ajouté le président malien.

« On a bien parlé. Il m’a félicité pour le boulot que j’ai fait », a expliqué à la presse le jeune homme, en rappelant que le chef de l’Etat l’avait « soutenu » en l’appelant le jour de son exploit.

Arrivée de Mamoudou Gassama à BAMAKO (MALI)

Mamoudou Gassama, 22 ans, rebaptisé Spiderman sur les réseaux sociaux, avait sauvé un enfant suspendu dans le vide en escaladant la façade d’un immeuble du nord de Paris, le 26 mai, suscitant l’admiration générale en France et la fierté au Mali.

Reçu à l’Elysée par le président Emmanuel Macron, le jeune sans-papiers a vu sa situation régularisée avant une prochaine naturalisation.

Il avait reçu début juin la médaille Grand Vermeil de la Ville de Paris, plus haute distinction de la capitale.

Romandie.com avec(©AFP / 18 juin 2018 21h35)

Mali: un célèbre activiste blessé par balles à Bamako

juillet 25, 2017

Bamako – Un célèbre activiste et chroniqueur malien a lancé mardi un appel au calme, après avoir été victime dans la nuit d’une tentative d’assassinat à Bamako, la capitale du Mali.

« Maréchal Madou », Madou Kanté de son vrai nom, était au volant de sa voiture vers 01H00 du matin lorsqu’un inconnu muni d’une arme à feu l’a visé, a-t-il expliqué à l’AFP depuis l’hôpital de Bamako où il a été admis dans la nuit.

« On vient de m’enlever la balle du corps (…) J’étais dans ma voiture à Bamako quand quelqu’un m’a tiré dans la poitrine », a ajouté le jeune homme de 30 ans, connu pour dénoncer la corruption, le népotisme et d’autres travers de dirigeants politiques et religieux dans ses chroniques diffusées sur Youtube, le « Madou Ka Journal », et dans d’autres médias.

« Je voulais lancer un appel au calme. Je n’accuse pour le moment personne et je ne veux pas que des actions soient menées en mon nom. J’aime le Mali », a-t-il insisté.

« Maréchal Madou » a récemment participé à des manifestations du « non » au référendum sur le nouveau projet de Constitution qui divise les Maliens.

« L’opération est terminée et une balle a été extraite du corps de M. Kanté », a confirmé un membre du corps médical s’exprimant sous couvert d’anonymat, en précisant que le jeune homme restait « sous surveillance médicale ».

Il avait reçu dans la nuit la visite de plusieurs ministres, selon des sources proches du gouvernement et de sa famille.

Il « circulait dans sa voiture, lorsqu’on a tiré sur lui, ce qui veut dire qu’il était suivi. Mais mon sentiment est que ce n’est pas un professionnel qui a fait le coup contre le Maréchal Madou, qui défend également les droits de l’homme », a expliqué un de ses proches.

« Nous ne voulons pour le moment accuser personne sans preuve. Ces derniers temps, Maréchal Madou critiquait devant moi certains hommes de l’opposition », a déclaré à l’AFP un autre de ses proches, Oumar Diakité.

L’opposition réclame le retrait du projet de révision de la Constitution, sur laquelle la Cour constitutionnelle a demandé le 5 juillet des amendements, après le report sine die du référendum sur ce texte, initialement prévu pour le 9 juillet.

Cette révision, la première depuis 25 ans, vise notamment à mettre en oeuvre certains engagements de l’accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l’ex-rébellion à dominante touareg du Nord et prévoit la création d’un Sénat et d’une Cour des comptes. Mais ses détracteurs lui reprochent de conférer trop de pouvoirs au président.

Romandie.com avec(©AFP / 25 juillet 2017 15h39)