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Centrafrique : Bangui reprend le contrôle de Bambari, selon l’ONU

décembre 24, 2020
Deux ex-Séléka à Bambari, en mai 2014.e

Les Casques bleus et les forces centrafricaines ont repris mercredi Bambari, la quatrième ville du pays, aux rebelles qui s’en étaient emparés la veille, à cinq jours des élections présidentielle et législatives.

La ville avait été prise par les rebelles, avait confirmé à l’AFP le maire, Abel Matchipata. « Il n’y a pas eu de violence contre les habitants, mais ils ont pillé le commissariat, la gendarmerie et les maisons des particuliers », avait-il ajouté. Mais mercredi matin, le porte-parole de la force de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca), Abdoulaziz Fall, a affirmé que « la situation est sous contrôle à Bambari ». « Les civils commencent à revenir. Les groupes armés ont été repoussés dans la brousse », a-t-il précisé.

Des attaques ont repris depuis la semaine dernière, à quelques jours des élections présidentielles et législatives. Trois autres groupes armés qui ont formé une coalition s’en sont pris mardi à des axes routiers vitaux pour l’approvisionnement de la capitale.  La tenue des scrutins dimanche est un enjeu majeur pour l’ONU et le pouvoir du président sortant Faustin Archange Touadéra, grand favori, qui exclut tout report malgré les attaques des groupes armés.

Des éléments de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), un des nombreux groupes armés qui se partagent plus des deux tiers du pays et parmi ceux entrés en rébellion à l’approche des élections, avaient lancé une attaque mardi matin contre Bambari.

À Boali, une ville située à environ 60 kilomètres de Bangui sur la route nationale 1, l’axe vital qui relie la ville au Cameroun, la population prenait peur. Et femmes et enfants se réfugiaient à six kilomètres de la ville. Quelques heures plus tard, plusieurs pick-ups arrivaient à l’hôpital communautaire de Bangui avec leur plateau arrière rempli de blessés, ont rapporté des journalistes de l’AFP.

L’inquiétude gagne également la capitale. « Il y a eu des paniques de la population ce matin » à Bangui, a déclaré mercredi à l’AFP le général Driss Oukaddour, Commandant de la Joint task force de Bangui (JTFB) de la Minusca.

Mais il a aussi tenu à rassurer, à présent « Bangui est calme, nous maitrisons la situation », a-t-il affirmé.

Soutien russe et rwandais

Le gouvernement a accusé le 19 décembre de « tentative de coup d’État » l’ex-président François Bozizé, dont la candidature à la présidentielle a été invalidée en raison de sanctions de l’ONU.

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda a appelé mardi « toutes les parties, tous les groupes armés, les acteurs politiques et leurs partisans au calme au calme et à la retenue » avant les élections, sous peine de poursuites.

Le président Touadéra, qui a reçu des renforts militaires du Rwanda et de la Russie, a également exclu de négocier avec les rebelles. « Négocier comment, sous quelle forme ? Vous voyez bien qu’il y a des attaques, on n’a pas le temps de négocier, on ne sait pas avec qui négocier », a-t-il affirmé lundi soir.

« Pour aider Bangui à renforcer les capacités défensives de la Centrafrique, la Russie a répondu rapidement à la demande du gouvernement et envoyé 300 instructeurs supplémentaires pour la formation de l’armée nationale », a indiqué mardi le ministère russe des Affaires étrangères, après avoir assuré la veille qu’il ne s’agissait pas d’envoi de « troupes ».

Transparence

Après cette annonce, les États-Unis ont réclamé mercredi de la transparence et la fin des violences. « Notre position a toujours été que les pays qui apportent leur assistance, militaire ou autre, doivent le faire de manière transparente et coordonnée, afin que cette assistance vienne soutenir le désir de bonne gouvernance et de stabilité du peuple centrafricain », a déclaré un porte-parole du département d’État américain au sujet du rôle de Moscou. « Nous appelons toutes les parties à cesser les hostilités et à garantir que le peuple centrafricain puisse exercer son droit à participer à des élections pacifiques le 27 décembre », a-t-il ajouté.

Par Jeune Afrique avec AFP

Centrafrique : Bambari aux mains des groupes armés

décembre 23, 2020
Les forces spéciales portugaises de la Minusca roulent sur la nationale 1 en direction des affrontements qui ont eu lieu à 50 kilomètres de là entre des groupes armés et les forces centrafricaines, à Boali, le 22 décembre 2020.

Les rebelles de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) se sont emparés, mardi, de la quatrième ville du pays, située à 380 km au nord-est de Bangui.

« La ville est sous le contrôle des groupes armés. Il n’y a pas eu de violences contre les habitants, mais les assaillants ont pillé le commissariat, la gendarmerie et les maisons des particuliers », a déclaré Abel Matchipata, le maire de Bambari.

« Ils sont dans la ville, on attend des renforts qui arrivent », a confirmé un haut responsable du gouvernement centrafricain.

L’attaque a donné lieu à deux heures d’échanges de tirs avec l’armée et des Casques bleus de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca), ont précisé de hauts responsables d’ONG et de l’ONU.

« Tentative de coup d’État »

Elle a été menée par des éléments de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darassa, un des nombreux groupes armés qui se partagent plus des deux tiers du pays et qui sont entrés en rébellion à l’approche des élections présidentielle et législatives prévues ce dimanche.

Le gouvernement a accusé samedi l’ex-président, François Bozizé, dont la candidature à la présidentielle a été invalidée, de « tentative de coup d’État », pendant que les élections se préparent avec, pour favori, le président sortant, Faustin Archange Touadéra.

Des combats ont également repris sur la route nationale 1, l’axe vital qui relie la capitale au Cameroun. La ville de Boali, située à environ 60 kilomètres de Bangui et à quelques dizaines de kilomètres des combats sur la route nationale 1, était calme mardi matin.

Treillis étrangers

Mais vers 13 heures, un convoi de camions commerciaux en provenance de Bangui et à destination du Cameroun, sous escorte de la Minusca, a été dissuadé de poursuivre sa route par des éléments des Forces armées centrafricaines (Faca). Des affrontements violents avaient lieu à quelques kilomètres plus avant sur la route, selon de hauts responsables onusiens.

Cette annonce a suscité la peur parmi la population de Boali. Des femmes et des enfants se sont réfugiés à 6 km de la ville dans des campements en brousse, selon des habitants.

Plusieurs blessés sont également arrivés à l’hôpital communautaire de Bangui. Au moins quatre paramilitaires portant le treillis d’un pays étranger figuraient parmi eux.

Par Jeune Afrique avec AFP

Centrafrique: combats à Bambari, un Casque bleu tué

juin 11, 2018

Bangui – Un Casque bleu burundais a été tué dimanche soir à Bambari, dans le centre de la Centrafrique, lors d’affrontements entre des hommes armés et des soldats de l’ONU et de l’armée centrafricaine, selon des sources onusiennes concordantes.

Le militaire burundais de la Minusca a été tué durant les combats et un soldat des Forces armées centrafricaines (Faca) blessé, a indiqué à l’AFP une source onusienne à Bambari sous couvert d’anonymat.

L’information a été confirmée à l’AFP par une autre source onusienne à Bangui.

Les combats ont pris place entre 17H00 et 20H00 (16H00 et 19H00 GMT) dimanche, selon la source onusienne à Bambari.

Un convoi des Faca, en route vers Bangassou (sud-est) où l’armée centrafricaine va être redéployée selon l’ONU, a été pris dans les combats à Bambari.

Le convoi a été attaqué par des combattants du groupe armé Union pour la paix en Centrafrique (UPC), selon une source de la gendarmerie de Bambari à l’AFP, qui ajoute que plusieurs membres du groupe ont été tués durant les combats.

Depuis début mai, Bambari a plusieurs fois été théâtre d’affrontements. Mi-mai, l’ONU avait affirmé avoir repris « le contrôle de la ville » après que l’UPC ait attaqué plusieurs institutions – gendarmerie, commissariat, base de la Minusca.

Les locaux de neuf ONG et ceux de la Commission nationale des réfugiés (CNR) ont été pillés en mai dans la ville, selon l’ONU.

Le même mois, neuf personnes y ont perdu la vie dans des violences inter-communautaires, dont un membre local d’une ONG et un infirmier-accoucheur d’une structure sanitaire de la ville.

Bambari, à cheval entre plusieurs zones d’influences de groupes armés, jouissait jusqu’alors d’un calme relatif depuis l’intervention de la Minusca début 2017 pour en déloger l’UPC qui en avait fait sa base.

Depuis, l’ONU avait fait de Bambari la vitrine de son intervention en Centrafrique, arguant que la ville était « sans arme, ni groupe armé ».

En Centrafrique, l’Etat ne contrôle qu’une maigre partie du territoire national. Les groupes armés s’affrontent dans les provinces pour le contrôle des ressources, notamment les diamants, l’or et le bétail.

Romandie.com avec(©AFP / 11 juin 2018 11h46)                                                        

Centrafrique: 77 morts dans un accident de la route

juillet 5, 2017

Bangui – Au moins 77 personnes ont trouvé la mort dans l’accident d’un camion de marchandises qui transportait aussi des passagers, mardi, sur une route du centre de la Centrafrique, entre les agglomérations de Bambari et Ippy, a-t-on appris mercredi de sources hospitalière et sécuritaire.

« Cinquante-neuf corps ont été déposés à la morgue de l’hôpital préfectoral de Bambari et 18 [récupérés] par les proches pour inhumation », a déclaré à l’AFP Michel Zahandji, membre du personnel de l’hôpital de Bambari.

Une soixantaine de blessés ont été admis dans le même hôpital, selon Médecins sans frontières (MSF), ONG présente sur place.

« Il s’agit d’un véhicule de 10 roues, transportant des tonnes de marchandises et des personnes en partance pour le marché hebdomadaire de Maloum, qui est tombé à la renverse avec toute sa cargaison », a expliqué Abel Matchipata, maire de Bambari.

« On a dénombré en tout 77 morts, pour la plupart des hommes. Mais il y a de nombreux blessés dont certains sont dans un état grave », a confirmé un gendarme de Bambari, qui a ajouté qu’une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de l’accident.

L’accident pourrait être lié « à des défaillances techniques et à la surcharge », a-t-il estimé.

« Ce n’est pas la première fois qu’un tel accident survient [dans cette zone]. Il y a des éléments de la gendarmerie, des forces onusiennes [sur place], mais on laisse passer des véhicules sur lesquels des personnes sont perchées comme des oiseaux », s’est insurgé auprès de l’AFP Hubert Tchénebou, habitant de Bambari joint par téléphone depuis Bangui.

Faute de moyens de transport suffisants en Centrafrique, de nombreux voyageurs s’entassent régulièrement dans des camions surchargés et souvent en très mauvais état.

Romandie.com avec(©AFP / 05 juillet 2017 19h19)                   

Centrafrique: au moins 50 personnes tuées par des bandes armées (habitants)

mars 24, 2017

Bangui – Au moins 50 personnes ont été tuées et des dizaines blessées depuis mardi en Centrafrique par des hommes armés qui ont attaqué trois villages dans la région de Bambari (centre), ont annoncé vendredi à l’AFP des habitants qui ont fui leurs villages.

« Le bilan provisoire de ces attaques contre les localités de Agoudou Manga, Yasseneme et Ngouyanza est d’au moins 50 morts. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées », a déclaré Isaac Arata-Naba, habitant de Agoudou Manga réfugié à Bambari, joint depuis Bangui.

Selon Prosper Tchoulekrayo, habitant de Yasseneme en fuite à Bambari, « ils ont assiégé ces villages tirant sans distinction sur les habitants ».

Ces attaques ont été lancées par des éléments de l’UPC (Unité du peuple centrafricain de Ali Ndarass, faction de l’ex-rébellion séléka à dominante musulmane) qui continuent des représailles contre les autochtones », a accusé M. Tchoulekrayo.

Contactée par l’AFP, une source proche de la direction de l’UPC, a nié toute implication directe dans ces nouvelles exactions.

« L’UPC n’est pas impliquée dans ces attaques qui sont plutôt des actes commis par le FPRC. L’UPC a cependant fait échec à une progression (du FPRC) qui visait ses positions », a affirmé cette source sous couvert de l’anonymat.

Le Front populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC dirigé par Nourredine Adam) est une autre faction de l’ex-séléka.

Des affrontements meurtriers opposent régulièrement des factions rivales de l’ex-séléka, près de la ville de Bambari, où est stationné un contingent de la force de l’ONU (Minusca).

La Centrafrique, un des pays les plus pauvres au monde, peine à se relever du conflit provoqué en 2013 par le renversement de l’ex-président François Bozizé par la rébellion séléka.

La contre-offensive des antibalaka, majoritairement chrétiens, a provoqué des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

L’intervention de la France et des Nations unies a ensuite permis la fin des massacres de masse, l’élection d’un nouveau président et le retour d’un calme relatif dans la capitale Bangui. Mais des groupes armés maintiennent une insécurité permanente dans plusieurs régions du pays.

Selon les circonstances et leurs intérêts locaux (contrôle de mines, racket routier, vol de bétail,…), les groupes issus de l’ex-séléka peuvent s’allier, se combattre, voire nouer des alliances provisoires avec des groupes antibalaka.

Début février, l’experte indépendante des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Centrafrique, Marie-Thérèse Keita-Bocoum, avait déploré que « les groupes armés règnent en maître sur plus de 60% du territoire, bénéficiant d’une totale impunité. Ils se substituent à l’appareil judiciaire et terrifient la population ».

Romandie.com avec(©AFP / 24 mars 2017 20h59)                   

Centrafrique : les Casques bleus pris en tenaille à l’approche d’un affrontement entre groupes armés à Bambari

février 17, 2017

À Bambari, dans l’est de la Centrafrique, la situation est confuse depuis plusieurs jours, sur fond de combats imminents entre le FPRC-MPC et l’UPC, deux factions de la Séléka.

La coalition FPRC-MPC (Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique – Mouvement patriotique pour la Centrafrique), qui a annoncé bénéficier du soutien de certaines composantes des anti-balaka, tient à entrer dans la ville sous contrôle de l’UPC (Union pour la Paix en Centrafrique), qui y a installé sa base depuis le départ de Michel Djotodia. 

La Mission des Nations unies pour le soutien à la Centrafrique (Minusca) veut éviter l’embrasement de la ville et y a établi une limite à ne pas franchir par la coalition. Le 11 février, elle a annoncé avoir fait usage d’un hélicoptère pour disperser des combattants du FPRC-MPC qui voulaient franchir la zone interdite, tuant à cette occasion un de ses chefs militaires.

Noureddine Adam et Mahamat Al Khatim vs Ali Darassa

Sous sanctions de l’ONU, Noureddine Adam, ex-numéro deux de la Séléka et ancien responsable du service de renseignements de Michel Djotodia, est l’un des initiateurs de la partition de la Centrafrique.

Fin 2015, il crée le Front patriotique pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), rejoint par plusieurs généraux de l’ex-Séléka, et établit sa base à Kaga-Bandoro, principale ville du nord du pays.

Il tente alors de réunir les autres factions, le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC) du « général » Mahamat Al Khatim et l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darassa. Le premier accepte de se rallier, le second oppose une fin de non recevoir.

Ali Darassa contrôle le grand est du pays. Il a notamment la mainmise sur le commerce de bois à Bambari et du diamant à Ndassima. « Noureddine tient absolument à contrôler Bambari et les environs parce que économiquement, ça représente une force. Les taxes sur les bois et le contrôle des mines de Ndassima sont les véritables motifs de cette guerre », analyse Barthélémy Mbrematchou, ancien sous-préfet de Bambari, qui souligne que « les impôts que paient les commerçants de la ville sont un plus pour se ravitailler en vivres et en armes ».

Concentration des forces

Noureddine Adam, dont la présence a été signalée ces deux derniers jours à Kaga-Bandoro, a même annoncé dans un communiqué du 14 février le « ralliement » des anti-balaka de Bambari à sa coalition. Il appelle la Minusca à « lever la ligne rouge » pour « permettre à la coalition de rétablir la sécurité dans Bambari ».

Pour lui, « il n’est pas question de partition mais de restaurer coûte que coûte la liberté de circulation et le vivre ensemble entre les communautés ». Des combattants du MPC d’Alkhatim devraient arriver « avant vendredi » près de Bambari, en renfort, pour « forcer la traversée de la ligne rouge », d’après un colonel du FPRC.

Mercredi, Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca, a rappelé que « les casques bleus maintiennent l’opération visant à empêcher tout groupe armé de menacer les populations ». Il a affirmé que la Minusca prenait au sérieux les menaces de la coalition FPRC-MPC contre les casques bleus et le personnel de l’ONU en Centrafrique.

Mais les habitants de Bambari retiennent leur souffle. « Beaucoup de combattants de Noureddine sont entrés dans la ville sans que la Minusca ne le sache. On sait que quoi qu’il en soit la situation va dégénérer très bientôt », confie un enseignant, ajoutant que des habitants des communes voisines ont fui pour se réfugier à Bambari tandis que les habitants de la ville, eux, sont de plus en plus nombreux à partir en direction de Bangui.

Jeuneafrique.com par Pacôme Pabandji à Bangui

Centrafrique : à Bambari, ex-rebelles de la Séléka et anti-balaka s’affrontent

décembre 22, 2014

Un panneau de la Séléka à l'entrée de Bambari, en Afrique du Sud, le 19 avril 2014.
Un panneau de la Séléka à l’entrée de Bambari, en Afrique du Sud, le 19 avril 2014. © AFP

De nouveaux affrontements entre anti-balaka et ex-rebelles de la Séléka, vendredi et samedi, ont fait au moins 20 morts.

Cela fait plusieurs semaines que les heurts entre anti-balaka et ex-rebelles de la Séléka se multiplient dans la région de Bambari (centre de la Centrafrique). De nouveaux affrontements ont eu lieu vendredi 19 et samedi 21 décembre. Au moins 20 personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées.

Une attaque a été « lancée vendredi par des (milices) anti-balaka contre des Peuls armés et des ex-rebelles Séléka » dans les environs de Bambari. « Au moins douze d’entre eux ont été tués lors de cette attaque », a expliqué sous couvert d’anonymat un responsable de la gendarmerie.

« En représailles (…) des affrontements ont éclaté samedi entre anti-balaka et Peuls armés ainsi que les ex-Séléka à Kouango, près de 90 km plus au sud, faisant au moins 8 morts d’après un bilan qui est provisoire et qui peut s’alourdir », a-t-il ajouté, précisant qu’il y avait eu « au moins autant de blessés ».

« Ces violences ont fait fuir en brousse de nombreux habitants. D’autres encore ont trouvé mieux de se réfugier à Bangui où plusieurs centaines de ressortissants des deux régions s’y trouvent depuis plusieurs mois déjà », a ajouté le responsable.

Selon la même source, plusieurs dizaines de maisons ont également été incendiées.

Bambari, où s’est installé l’état-major de l’ex-coalition Séléka, a été depuis le mois de juin le théâtre de violents affrontements qui ont fait plus de 100 morts et au moins 200 blessés, pour la plupart des civils, ainsi que plusieurs dizaines de milliers de déplacés.

La semaine dernière, des violences similaires ont fait 28 morts à Mbrès, quelques jours après la tenue, sous l’égide de l’ONU, d’une cérémonie de réconciliation qui avait redonné un espoir de paix à la population de cette ville du centre du pays.

Jeuneafrique.com avec AFP

Centrafrique : la Séléka au bord de l’implosion

octobre 27, 2014

Des éléments de la Séléka.
Des éléments de la Séléka. © AFP

Plusieurs généraux importants de la Séléka ont décidé le 25 octobre à Bambari de créer leur propre mouvement politico-militaire. Une autre assemblée générale, convoquée elle par le numéro deux de l’ex-rébellion, Noureddine Adam, doit débuter mardi.

La Séléka tentait depuis plusieurs semaines de tenir une assemblée générale (AG). Problème : les divisions dans ses rangs sont telles que trois ou quatre réunions devaient avoir lieu ! Plusieurs fois reportée, la première a débuté mardi 28 octobre à Kaga Bandoro (Nord), où sont rassemblés près de huit cents hommes à l’appel de Noureddine Adam. Le numéro deux de l’ex-rébellion, qui, lors de sa dernière apparition publique, se trouvait à Ndélé, espérait ainsi reprendre le contrôle du mouvement, notamment de sa branche peule représentée par le général Ali Darassa.

Il semble cependant qu’il ait été pris de vitesse par ce dernier qui a organisé sa propre AG le 25 octobre à Bambari (Centre) où il règne en maître. Les travaux ont duré toute la journée dans une ambiance particulièrement tendue. Selon plusieurs sources sécuritaires, pour faciliter leur accès à cette assemblée générale, le gouvernement de transition a demandé aux forces internationales de sécuriser le transport des ex-Séléka peulhs. En réaction, plusieurs centaines de manifestants, dont une majorité d’anti-balaka, ont protesté à divers endroits, envahissant l’aéroport de la ville ou jetant des pierres sur une patrouille de Sangaris qui passait dans le village de Gepanda situé à l’ouest de Bambari.

« Chaos »

À l’issue de l’AG, les participants ont voté leur retrait de la plate-forme crée le 11 mai à N’délé et donné naissance à un nouveau mouvement politico-militaire, Unité pour la Centrafrique (UCP). Darassa en est le coordonnateur général, il a comme adjoint le général Mahamat Alkhatim. Petit, la barbe bien fournie, ce dernier était l’un de ces Tchadiens qui avaient aidé François Bozizé à prendre le pouvoir en 2003. Ses hommes sont décrits comme comme bien entraînés, bien équipés et opérant comme une véritable armée.

Enfin, le général Joseph Zoundeko, un Goula nommé en mai chef d’état-major de l’ancienne rébellion mais en actuellement en position de faiblesse, souhaiterait également organiser un rassemblement avant la fin du mois dans la ville minière de Bria.

Conclusion d’un membre de la Séléka : « Chez nous, c’est le chaos le plus total. »

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Jeuneafrique.com par Vincent DUHEM

Centrafrique : l’attaque d’un groupe armé dans le Centre fait au moins 30 morts

octobre 23, 2014

À Lioto, dans la région de Bambari, en juin.
À Lioto, dans la région de Bambari, en juin. © Goran Tomasevic/Reuters

Des éléments armés assimilés aux Peuls et aux ex-Séléka ont attaqué un village de la région Balaka, centre de la Centrafrique, rapporte jeudi la Minusca, la mission de l’ONU dans le pays. Bilan provisoire : au moins 30 morts.

Selon les habitants de la localité de Yamalé, vers Bakala dans le centre de la Centrafrique, « un groupe d’individus armés assimilés aux Peuls et aux ex-Séléka » ont incendié et pillé plusieurs maisons. L’attaque a eu lieu mardi 21 et mercredi 22 octobre.

La Minusca, la mission de l’ONU dans le pays, fait état d’un bilan provisoire d’au moins 30 morts et de plusieurs dizaine de blessés. « Les individus armés ont poursuivi ces agressions dans les villages voisins », a précisé la force de l’ONU.

La psychose de ces attaques a gagné la ville de Bambari, chef-lieu de la préfecture de la Ouaka dont fait partie Bakala. Plusieurs centaines de personnes ont fui pour rejoindre les camps de déplacés de Bambari, redoutant un regain de tension dans la ville.

Au moins sept personnes avaient été tuées la semaine dernière dans différents incidents dans la même région par des miliciens tant anti-balaka que ex-Séléka, qui s’en étaient pris à des habitants accusés de collaboration avec leurs rivaux dans le centre de la Centrafrique, selon la gendarmerie de Bambari.

Jeuneafrique.com avec AFP

 

Centrafrique : à la Séléka, c’est chacun pour soi

septembre 30, 2014

À Lioto, dans la région de Bambari, en juin.
À Lioto, dans la région de Bambari, en juin. © Goran Tomasevic/Reuters

Elle contrôle encore plus de la moitié du territoire, mais jamais l’ancienne rébellion Séléka n’a été aussi divisée. Ses chefs historiques, Michel Djotodia et Noureddine Adam, sont contestés. Reste à savoir si les Casques bleus sauront en profiter pour leur faire déposer les armes.

Article paru dans le n°2802 de Jeune Afrique, en kiosque le 22 septembre. Depuis, plusieurs généraux de la Séléka, dont Ali Darassa et Mahamat Alkhatim, ont annoncé leur retrait du mouvement.

Ils ont été profondément humiliés par l’arrivée de l’armée française en décembre 2013. Leur chef, l’ancien président Michel Djotodia, a été contraint de quitter le pouvoir un mois plus tard et de s’exiler à Cotonou. Eux ont assisté, impuissants, à l’exode des populations musulmanes. Pourtant, les combattants de la Séléka sont toujours là, avec leurs uniformes et leurs bottes dépareillées.

Alors que les Casques bleus de la Minusca ont pris, le 15 septembre, le relais de la force africaine Misca, l’ancienne rébellion contrôle toujours les trois cinquièmes du territoire centrafricain. Ils y règnent en maîtres, contrôlent les principaux axes, occupent les bâtiments publics et font main basse sur ses ressources.

Surtout, ils font peur. Début septembre, d’importants mouvements de troupes ont été signalés dans le triangle Kaga Bandoro-Sido- Batangafo (Nord), ainsi qu’à Bambari (Centre), provoquant la panique à Bangui, où courait la rumeur d’une offensive imminente. Pendant une semaine, Bambari, où près de 400 combattants étaient rassemblés, fut surveillé comme le lait sur le feu tandis que les militaires français de l’opération Sangaris renforçaient leur dispositif sur la route menant à Bangui.

Finalement, rien ne se passa. D’abord parce que la Séléka a beau revendiquer 10 000 hommes, elle n’a plus la force de frappe qui lui permit de prendre Bangui en mars 2013. De combien de combattants dispose-t-elle vraiment ? « Leur nombre est très difficile à estimer », dit prudemment un diplomate européen en poste dans la capitale. « Plusieurs milliers », reconnaît l’armée française, sans plus de précisions.

« Sur le terrain, il n’y a pas énormément de troupes, ajoute Aurélien Llorca, coordinateur du groupe d’experts des Nations unies. Ils ne disposent que de peu de véhicules et sont confrontés à de gros problèmes de mobilité. » Et puis il faut compter avec tous ceux qui ont encore des sympathies pour la Séléka.

« Parmi ceux qui ont pris Bangui, rappelle Roland Marchal, chercheur au CNRS et spécialiste de la région, il y a des Centrafricains qui font des affaires dans le sud du Tchad ou du Soudan et qui espèrent qu’un changement de régime leur profitera. Ils ne sont pas visibles sur le terrain et peuvent réapparaître à tout moment. »

Un véritable casse-tête

Mais la Séléka est toujours très divisée – peut-être ne l’a-t-elle jamais autant été. Pour ses principaux généraux, l’avenir de cette coalition hétéroclite est un véritable casse-tête : faut-il accélérer sa mue en un parti politique ? Michel Djotodia, son président, et Noureddine Adam, son vice-président (hier à la tête de la très redoutée police politique de la Séléka), sont-ils des freins à son existence ? Ont-ils les moyens de reprendre Bangui ?

Une nouvelle étape de cette lutte d’influence s’est déroulée à Bambari, du 6 au 11 septembre. Les discussions ont permis de dégager deux lignes qui s’opposent, sur fond de divisions ethniques.

On retrouve d’abord le général Joseph Zoundeko, nommé chef d’état-major en mai, à Ndélé. Il a depuis pris ses quartiers à Bambari. Originaire de Tringoulou, dans l’extrême Nord-Est, il appartient depuis 2006 à l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) de Djotodia. Membre de l’ethnie goula, comme l’éphémère maître de Bangui, Zoundeko est aujourd’hui son principal relais sur le terrain.

La frange qu’ils représentent est toujours alliée aux combattants rungas sur lesquels Noureddine Adam, bien que bloqué dans la province de la Vakaga, dans le nord de la Centrafrique, depuis le début de la saison des pluies, garde une forte emprise. Djotodia et Adam ont pour le moment réussi à préserver l’alliance entre Rungas et Goulas grâce aux soutiens extérieurs dont ils disposent – tous deux ont toujours, selon plusieurs sources, leurs entrées dans les pays du Golfe et continuent à bénéficier de leurs largesses. Mais rien ne dit que cela durera.

De l’autre côté de l’échiquier, le général Ali Darassa se pose en alternative. Chargé de la zone de Bambari depuis le coup d’État de mars 2013, il incarne la branche peule de la Séléka – il fut l’adjoint du Tchadien Baba Laddé avant que celui-ci renonce aux armes pour rejoindre le camp d’Idriss Déby Itno. Darassa est aujourd’hui l’un des hommes forts du mouvement et peut compter sur le soutien du général Mahamat Alkhatim. Petit, la barbe bien fournie, Alkhatim était l’un de ces Tchadiens qui avaient aidé François Bozizé à prendre le pouvoir en 2003. « La communauté internationale ne veut ni de Djotodia ni d’Adam, insiste un proche d’Alkhatim. Le premier est persona non grata en Centrafrique. Le second est sous sanctions de l’ONU. Sans nous, ils ne sont rien. Nous considérons même qu’ils sont un poids plus qu’autre chose. »

Jusqu’au-boutiste

Impossible de savoir ce qu’il pèse (le conclave de Bambari n’a pas consacré la victoire d’un camp sur l’autre), mais une chose est sûre : le trio Zoundeko-Adam-Djotodia est aujourd’hui considéré comme l’aile dure de la Séléka, la plus jusqu’au-boutiste. « Les accords que nous avons signés à N’Djamena en janvier et à Brazzaville en juillet n’ont pas été respectés. Donc les choses sont simples, confirme Bachar Fadoul, un très proche de Noureddine Adam. Soit on nous laisse reprendre le pouvoir, soit nous divisons le pays. Nous contrôlons déjà trois préfectures [celles de la Vakaga, de la Haute-Kotto et de Bamingui-Bangoran]. Il ne nous reste plus qu’à les verrouiller. Tout est prêt, même le drapeau et le gouvernement. »


Carte : pour y voir clair dans le micmac des groupes rebelles de Centrafrique

Reste que, si le désir de partition est présent, notamment chez les militaires, une partie de la Séléka ne partage pas l’optimisme de l’aile dure et estime que lancer une nouvelle offensive sur Bangui s’apparenterait à une opération suicide. Alkhatim le premier sait que ses troupes n’ont aucune chance de prendre Bangui si Sangaris s’interpose. À Batangafo, début août, ses hommes, pourtant décrits comme bien entraînés, bien équipés et opérant comme une véritable armée, ont subi de plein fouet la puissance de feu des Rafale français. Et puis Darassa et Alkhatim sont des seigneurs de guerre. La politique ne les intéresse pas. Ce qu’ils veulent, eux, c’est pouvoir nourrir leurs troupes.

La lutte d’influence actuelle est également – et surtout, diront certains – une lutte pour le contrôle des richesses (lire encadré). Pendant la petite année passée à la tête du pays, la Séléka a pris le contrôle des trafics les plus lucratifs, et cette prédation a exacerbé les rivalités au sein du mouvement. C’est d’ailleurs pour cette raison que les hommes de Zoundeko et de Darassa se sont violemment affrontés le 26 août à Bambari. « Le problème de la Séléka est alimentaire, conclut un diplomate français. Si certains veulent la partition, c’est uniquement pour sécuriser le contrôle des richesses dans le Nord. »

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Jeuneafrique.com par Vincent DUHEM

 

Des trafics très lucratifs

Les zones contrôlées par la Séléka sont riches en matières premières. Il y a bien sûr le diamant : la Centrafrique est officiellement suspendue du Processus de Kimberley depuis le 23 mai 2013. Mais dans les faits, le trafic perdure, ce qui profite à l’ancienne rébellion dont plusieurs officiers ont, par le passé, exercé dans le commerce des pierres. Selon un rapport des experts des Nations unies datant de juillet, certains chefs rebelles contrôlent une partie des mines et acheminent leur cargaison au Soudan. C’est notamment le cas du général Omar Younous, un ancien acheteur qui détournerait aujourd’hui les pierres venues de Bria et de Sam-Ouandja, dans le Nord-Est. Vient ensuite l’or.

La principale mine de Ndassima, dans la région de Bambari, est aux mains des hommes du général Alkhatim. Et là encore, le circuit est connu : le métal précieux est introduit illégalement au Cameroun par les airs ou par la route après avoir transité par Bangui, et génère d’importants profits. Enfin, selon toute vraisemblance, il reste peu d’éléphants dans le Nord-Est, limitant de fait le trafic d’ivoire. Mais, toujours selon les experts de l’ONU, c’est aussi la Séléka qui contrôle la vente de viande de certaines espèces de grandes antilopes. V.D.