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Centrafrique : au Ledger Plaza, la fin d’un improbable feuilleton ?

janvier 4, 2022
Ledger Plaza Hotel à Bangui © Ledger Plaza Hotel

Fin décembre, une délégation libyenne s’est vue empêcher d’accéder à l’hôtel le plus en vue de Bangui. Un ultime rebondissement dans le bras de fer qui a longtemps opposé la Libye et la Centrafrique autour de la gestion de cet établissement.

Drôle de scène que celle qui s’est déroulée devant le Ledger Plaza de Bangui, le 29 décembre. Ce jour-là, des employés mécontents interdisent l’accès du palace à des représentants des autorités libyennes. La délégation, dirigée par le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Abdallah Hussein al-Lafi, est arrivée le matin même dans la capitale centrafricaine.

Celui-ci a rapidement pu rencontrer le président Faustin-Archange Touadéra et devait descendre au Ledger Plaza. Mais l’établissement, qui appartient au groupe Laico (Libyan African Investment Company), est depuis plusieurs années au cœur d’un bras de fer entre Tripoli et Bangui. Les Libyens ont même eu toutes les peines du monde à en reprendre le contrôle.

Écarté contre son gré

Financé par Mouammar Khadafi, il a été inauguré en 2012, au lendemain de la chute du Guide. En 2013, lorsque la Séléka renverse François Bozizé, elle y prend ses quartiers. L’hôtel devient un lieu de trafic et de pouvoir, et le restera après le départ des rebelles. C’est en 2014 que le Libyen Ziad al-Zarzour en prend la tête. Il tisse alors son réseau et gagne chaque jour en influence, au point que Tripoli finit par en prendre ombrage. Il faudra toutefois attendre septembre 2021 pour que le PDG soit écarté – contre son gré – au profit d’un Tunisien, Chokri Ben Abdallah, directeur administratif et financier de l’hôtel de 2016 à 2018.

LES EMPLOYÉS DE L’HÔTEL CRAIGNAIENT QUE L’ANCIEN DIRECTEUR, ZIAD AL-ZARZOUR, NE REVIENNE AUX AFFAIRES

Quel rapport avec le sit-in du 29 décembre ? Une source interne raconte que les employés de l’hôtel craignaient que l’ancien directeur ne revienne aux affaires. D’autant que Chokri Ben Abdallah, qui est réputé très connecté et bénéficiant de l’appui des autorités centrafricaines, est arrivé à Bangui par le même vol que la délégation libyenne. Des craintes qui sont surtout le reflet des tensions entre la nouvelle équipe dirigeante et l’ancienne.

Chokri Ben Abdallah est en effet très critique à l’égard de son prédécesseur, dont il conteste la gestion. « Il y a eu des détournements et des malversations financières à coup de milliards de francs CFA », assure-t-il à Jeune Afrique. Le groupe Laico reprochait de son côté à Ziad al-Zarzour d’avoir profité de la crise libyenne pour s’émanciper de la tutelle de la maison-mère. Contacté, celui-ci n’a pas souhaité répondre aux accusations portées à son encontre, promettant une « sortie médiatique » dans les prochains jours pour « rétablir les faits ».

Équilibrer les finances

L’installation de son successeur à la tête du Ledger avait d’ailleurs été compliquée, le sortant ayant activé ses réseaux – notamment banguissois – pour tenter de sauver sa tête. Mais Tripoli a pesé de tout son poids pour imposer Chokri Ben Abdallah. Et pour marquer la fin de cet improbable feuilleton, les autorités libyennes ont tenu à organiser, le 15 septembre dernier, une cérémonie d’installation du nouveau DG dans ses fonctions, en présence de la ministre centrafricaine du Tourisme, Maria Lionelle Saraiva-Yanzere.

« La priorité, pour ces prochains mois, sera d’équilibrer les finances tout en essayant de faire venir le plus de clients possible et de récupérer les collaborations perdues, explique aujourd’hui Chokri Ben Abdallah. Elle est aussi de rassurer les membres du personnel, de les mettre en confiance pour leur permettre de travailler librement et d’être efficace. » Depuis la mi-septembre, l’hôtelier tente de « convaincre [ses] partenaires de revenir dans le jeu ». Il a aussi plusieurs fois rencontré les dirigeants de la Commercial Bank Centrafrique (CBCA), à qui l’hôtel doit 500 milliards de F CFA.

Avec Jeune Afrique Pacôme Pabandji

Route Brazzaville-Ouesso-Bangui-N’Djamena: la BDEAC apporte sa contribution pour la construction de l’ouvrage

novembre 20, 2021

La Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) a promis, le 17 novembre, d’accorder un financement de cent milliards FCFA pour l’aménagement du corridor multimodal. Le projet du bitumage du corridor devrait interconnecter le Congo, la Centrafrique et le Tchad.   

Un tronçon de route d’intégration/DR

La réalisation du projet de bitumage de la route d’intégration Brazzaville-Ouesso-Bangui-N’Djamena constitue une avancée majeure pour l’Afrique centrale considérée comme la sous-région la moins intégrée du continent, avec un déficit infrastructurel et une faible connexion entre les réseaux de transports. À cela s’ajoutent de nombreuses tracasseries administratives et policières liées à la navigation sur le réseau fluvial Congo-Oubangui-Sangha.

Pour un coût total estimé à 1,7 milliard de dollars, soit environ 955, 4 milliards de FCFA, le projet du corridor n°13 de l’Union africaine constitue l’un des onze projets intégrateurs prioritaires du Programme économique régional de la zone Cémac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale). Il comprendra quelque 1 310,311 km de corridor, 25,17 km de pénétrantes et 49,07 km de voiries.

Le projet de corridor, qui n’a pas encore commencé, comprendra également la construction et le bitumage des tronçons de route en terre entre Ouesso-Bétou (Congo), Bétou-Mbaiki, et Bossembélé-Mbaikoro (Centrafrique-Tchad), ainsi que la réhabilitation des tronçons de routes bitumées Mbaiki-Bangui et Bangui-Bossembélé (Centrafrique).

Le président de la BDEAC, Fortunato-Ofa Mbo Nchama, a salué l’engagement de son institution en faveur du développement socio-économique et de l’intégration sous-régionale. « La construction de ce corridor fait partie de nos projets intégrateurs prioritaires et porte sur un montant de presque  cent milliards de FCFA. Sa réalisation permettra de relier directement trois pays de la Cémac et d’offrir une alternative d’accès à l’Océan atlantique à la République du Tchad et à la République centrafricaine », a-t- il dit, ajoutant que le projet est aussi ouvert aux partenaires privés.

L’ambition des dirigeants de la zone Cémac est de permettre à terme: l’accroissement des échanges économiques inter-États ; l’accès direct au port de Pointe-Noire où pourront transiter les marchandises en provenance et à destination de la Centrafrique et du Tchad ; la mise en valeur des ressources naturelles et des richesses minières de la région d’Afrique centrale ; le désenclavement de certaines zones inaccessibles et la réduction de la pauvreté.

Il faut noter qu’il y a un an, les 16 et 17 novembre 2020, la Commission Cémac a initié une table-ronde à Paris (France), dans le but de mobiliser les investisseurs européens. Le bilan de la table-ronde était qualifié de positif, en raison de nombreux engagements enregistrés du côté des partenaires. 

Avec Adiac-Congo par Fiacre Kombo

Mercenaire, barbouze ou agent de sécurité : qui est le Français arrêté à Bangui ?

mai 11, 2021
Le Français Juan Rémy Quignolot a été arrêté à Bangui le 10 mai 2021, en possession de nombreuses armes et munitions.

L’arrestation d’un ressortissant français détenteur d’un important stock d’armes et soupçonné « d’activités subversives » par les autorités centrafricaines met Bangui en émoi.

Coupe militaire impeccable, mâchoire carrée et visage fermé. Juan Rémy Quignolot, la cinquantaine visiblement sportive, campe son regard dans celui des policiers qui l’interrogent, et ses deux pieds dans la poussière, devant les locaux de l’Office central pour la répression du banditisme (OCRB), une unité spéciale de la police centrafricaine. A l’exception notable de la chemisette à fleur, l’homme a tout du militaire « en civil ». Et à ses pieds sont étalés, placés bien en évidence pour les besoins d’une présentation à la presse convoquée pour l’occasion, les nombreuses pièces d’un véritable arsenal de guerre. Fusils mitrailleurs, pistolets, fusil à lunettes, munitions diverses en grand nombre… Il y a là de quoi équiper une petite escouade. Du matériel de bivouac, aussi, des lampes électriques aux sacs de couchage en passant par les rangers et autres capes de pluie couleur kaki, que l’on imagine fort utile dans les forêts centrafricaines, où la saison des pluies a démarré il y a quelques semaines.

Arsenal militaire

Autour de lui, des hommes de l’Office central pour la répression du banditisme (OCRB), une unité spéciale de la police centrafricaine, qui l’ont arrêté à Bangui le lundi 10 mai. Ces images ont fait le tour des réseaux sociaux. La photographie de son passeport aussi. Un document délivré le 1er février 2017 par l’ambassade de France à Bangui, au nom de Juan Rémy Quignolot, né le 17 janvier 1966 à Tunis. Sur un autre de ces clichés très largement partagés, on peut voir un visa pour le Mali – à entrées multiples – valable du 11 novembre 2020 au 11 mai 2021.

Depuis l’arrestation de ce ressortissant français, la capitale est en émoi. A en croire une source au sein de la hiérarchie policière, l’homme avait été placé sous surveillance « depuis deux mois » et était « soupçonné d’activités subversives », ajoute ce gradé, qui refuse de s’étendre d’avantage. Il était « connu des services », assure le service de communication du ministère centrafricain de la Sécurité publique et de l’Intérieur, qui précise que du matériel informatique a également été saisi.

Juan Rémy Quignolot, le Français arrêté à Bangui le 10 mai dernier;

A en croire le récit qu’en livre notre source au sein de la police, il a été arrêté aux alentours de 13h, alors qu’il circulait sur l’avenue Boganda à bord d’un Toyota Rav-4. A l’intérieur, les policiers ont découvert « des armes et des caméras GoPro d’espionnage ». Ils l’emmènent alors jusqu’à son domicile banguissois, dans le quartier Sica 1, tout proche du centre-ville, qu’ils fouillent de fond en comble.

C’est là que l’arsenal décrit plus haut a été saisi, avant d’être ramené en même temps que Juan Rémy Quignolot jusqu’au siège de l’OCRB, a expliqué à la presse le procureur général près la cour d’appel de Bangui, Eric Didier Tambo, qui a également précisé que du matériel informatique, des cartes de la capitale et plusieurs téléphones avaient été saisis. Des francs CFA , des dollars et des euros ont également été saisis, sans que l’on sache l’ampleur des sommes concernées.

Sociétés de sécurité privée

Présenté comme un « militaire à la retraite » par le procureur Tambo, Quignolot serait « à Bangui depuis 2013 ». « Il semble qu’en 2013, il faisait partie des encadreurs de la Séléka, a assuré le procureur. Il était là avec Bernard Cousin et Renautau », a ajouté le magistrat, affirmant que ces deux derniers « en 2019, activaient les extrémistes de PK5 », le quartier musulman de Bangui. Christophe Renauteau est un chef d’entreprise français, qui se décrit comme un « expert en géopolitique africaine et en sécurisation des zones hostiles » chez Caméli Diamonds sur son compte LikedIn.

Cet ancien conseiller de François Bozizé – Renauteau revendique notamment d’avoir été décoré de la médaille du mérite Centrafricain pour « services à la nation » par ce dernier en 2004 – affirme avoir travaillé dans plusieurs pays du continent au cours des vingt dernières années. Il dit notamment avoir « collaboré avec la cellule Afrique de l’Élysée sous la présidence Chirac » et avoir été le « conseiller » de « cinq ministres africains en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Congo », qu’il ne nomme pas. Président de la société Aruba Inc., il assure avoir collaboré avec des sociétés occidentales « dans le cadre de la sécurisation des hommes et des investissements en zone hostile ».

Ce n’est pas la première fois que Christophe Renauteau est ainsi publiquement indexé par les autorités centrafricaines, qui l’ont déjà décrit comme une « barbouze » par le passé. En 2018, déjà, dans un entretien accordé à France 24, Faustin Archange Touadéra avait évoqué un « agent », dont « le nom de code est Alpha » qui aurait « envoyé des messages de mobilisation de tous les groupes armés et de certains hommes politiques pour créer une plateforme de déstabilisation de l’État centrafricain ». Cet Alpha, « de son vrai nom Christophe Reneauteau » travaillait avec « un certain Bernard Cousin », affirmait alors le chef de l’État.

Un « coup médiatique » ?

Juan Rémy Quignolot est « un ancien militaire qui a quitté l’armée à la fin des années 1980 », mais il « n’a pas le profil d’un soldat d’élite », tempère une source diplomatique à Bangui, qui confirme qu’il évolue à Bangui depuis 2013. Selon notre source, Quignolot a notamment travaillé comme garde du corps à la Minsuca. Il a aussi exercé ses talents d’anciens militaires au sein de Powers Sécurité, une société privée de sécurité dirigée par David Moisan, un ancien parachutiste français. Il a également travaillé pour Ecofaune, un programme de préservation des espaces naturels notamment financé par l’Union européenne. « Mais cela s’est mal passé avec certains de ses employeurs », assure notre diplomate, qui met cette mauvaise réputation sur le compte « de problème d’égo et de mythomanie ».

Cette spectaculaire arrestation intervient dans un contexte de tensions entre la France et la Russie sur l’échiquier politico-militaire centrafricain. L’un des premiers à avoir annoncé l’arrestation de Français a d’ailleurs été Valery Zakharov, conseiller de Fauston Archange Touadéré « pour la sécurité nationale », qui est à la tête du dispositif déployé par Moscou à Bangui. Selon une source sécuritaire, l’arrestation de Juan Rémy Quignolot serait un contre-feu, « un coup médiatique pour détourner l’attention des accusations contre les mercenaires russes ». Après la publication, le lundi 3 mai dernier, d’une enquête de RFI sur des exactions présumées attribuées aux « instructeurs » russes qui combattent aux côtés des forces gouvernementales, les autorités centrafricaines ont en effet annoncé l’ouverture d’une commission d’enquête pour « faire la lumière sur les présumés crimes graves ».

Avec Jeune Afrique par Mathieu Millecamps et Pacôme Pabandji

Centrafrique: Violent incendie à l’ambassade de France à Bangui ce 22 avril 2021

avril 22, 2021

Avec Franceat

Centrafrique : incendie à l’ambassade de France à Bangui

avril 22, 2021

– L’on ignore encore l’origine des flammes et l’ampleur des dégâts.

Centrafrique : incendie à l’ambassade de France à Bangui

Central African Republic

Un violent incendie s’est déclaré jeudi après-midi, dans les locaux de l’ambassade de France à Bangui située à l’Avenue Charles de Gaulle, a-t-on appris de sources médiatiques.

Les causes du sinistre ne sont pas encore connues, ainsi que les dégâts causés.

Le président centrafricain, Faustin Archange Touadera s’est dépêché sur les lieux, selon des témoins oculaires.

Les images partagées par les internautes montrent une fumée épaisse se dégageant de l’ambassade

« Un véhicule des sapeurs-pompiers qui partait en renfort, pour éteindre le feu à l’ambassade de France à Bangui, a heurté trois taxis, a rapporté Vianney Ingasso, journaliste à la radio Ndeke Luka en Centrafrique.

Selon ce journaliste, « des morts et blessés graves » ont été signalés par des témoins dans cet accident causé par les pompiers qui courraient vers l’ambassade pour lutter contre le feu.

Les autorités centrafricaines ainsi que celles de la France n’ont pas encore communiqué sur cet incident.

Il est à noter que l’ambassade de France en Centrafrique est située dans le 1er arrondissement de Bangui.

Avec Lassaad Ben Ahmed   |22.04.2021

Centrafrique: premières attaques des rebelles contre Bangui

janvier 13, 2021

Les rebelles centrafricains à l’offensive contre le régime du président Faustin Archange Touadéra fraîchement réélu ont mené pour la première fois mercredi deux attaques aux portes de Bangui contre l’armée et les Casques bleus mais ont rapidement été repoussés selon le gouvernement.

Il s’agit des premiers affrontements aux portes de Bangui depuis que six des principaux groupes armés, qui occupent deux tiers de la Centrafrique depuis le début de la guerre civile il y a huit ans, ont annoncé la formation mi-décembre de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et lancé une offensive pour empêcher la réélection de M. Touadéra. 

Ils menaient, jusqu’alors, des attaques sporadiques généralement repoussées par les quelque 12.000 Casques bleus de la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), appuyés par d’importants contingents lourdement armés de militaires rwandais et de paramilitaires russes fraîchement débarqués à la rescousse du gouvernement et de son armée.

© FLORENT VERGNES Des soldats d’une brigade d’intervention centrafricaine à Boali, le 10 janvier 2021

A respectivement 9 et 12 km du centre de la capitale, à l’aube, des brigades de l’armée « ont été attaquées simultanément mais, grâce à la bravoure de nos forces et les appuis bilatéraux, nous avons pu repousser les assaillants qui sont en débandade actuellement », a assuré le ministre de l’Intérieur Henri Wanzet Linguissara.

– « Riposte immédiate » –

« Ce matin vers 6H00 à Bangui, la position de la Minusca au point kilométrique 12 (PK 12) a été attaquée par des éléments armés » et les forces de l’ONU ont déclenché « une riposte immédiate, avant l’envoi de renforts sur place, aucun blessé n’est à déplorer côté Minusca », a expliqué le lieutenant-colonel Abdoulaziz Fall, porte-parole des Casques bleus dans le pays. « Les échanges de tirs ont baissé mais la situation reste tendue », a-t-il ajouté deux heures après le déclenchement de l’attaque.


©FLORENT VERGNES Un hélicoptère MI-17 de fabrication russe en soutien aux forces centrafricaines au-dessus de Boali, porte d’entrée de Bangui, le 10 janvier 2021

Trois membres des forces armées de Centrafrique (FACA) ont été blessés lors des attaques, a déclaré un gradé de la Minusca, qui a requis l’anonymat. Au moins deux rebelles ont été tués, a constaté un journaliste de l’AFP. 

« J’ai peur, je ne sais même pas où est ma famille », s’inquiète Laïs, un habitant du PK 12, interrogé par l’AFP. « Nous voulons seulement la paix », implore-t-il. 

De nombreux civils fuyaient la zone des combats, bagages sous les bras, pour rejoindre le centre-ville. Au loin, des tirs sporadiques se faisaient toujours entendre, selon un journaliste de l’AFP.

Les rues du centre-ville étaient cependant encore désertes en milieu de matinée et une forte présence militaire était déployée partout dans la ville.

Cette attaque des groupes armés intervient le jour où le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir, à la demande de la France, sur la Centrafrique avec à l’ordre du jour la présence de troupes étrangères et de mercenaires dans ce pays et l’embargo sur les armes, en vigueur depuis le début de la guerre civile. 

Pour la présidentielle du 27 décembre, l’ONU avait pris la décision plutôt rare de renforcer pour deux mois sa force de paix avec 300 Casques bleus rwandais prélevés sur son contingent déployé au Soudan du Sud. Le Conseil de sécurité devra à court terme décider de leur avenir, entre retrait ou maintien prolongé.

– Attaques successives –

Cette réunion survient après deux nouvelles attaques menées durant le week-end contre des villes éloignées de Bangui et qui ont donné lieu à de violents combats. 

A Bouar, cinquième ville du pays avec 40.000 habitants, à 340 km au nord-ouest de la capitale mais sur un axe routier crucial pour son ravitaillement, les Casques bleus, « en appui aux forces armées centrafricaines (FACA), ont repoussé les combattants (…) lors de violents combats survenus samedi », a déclaré dans un communiqué Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca. 

A Grimari, à 300 km au nord-est de Bangui, les groupes armés ont tenté dimanche « une entrée en force et ont tiré des roquettes sur le camp de la Minusca », a expliqué le colonel Abdoulaziz Fall.

Une deuxième session du Conseil de sécurité, qui doit se tenir le 19 ou le 21 janvier, a été demandée par la Centrafrique « en urgence » pour évoquer la situation sécuritaire dans une lettre datée du 5 janvier à laquelle l’AFP a eu accès.

Avec AFP par clt-dyg-amt/blb

Centrafrique : Bangui reprend le contrôle de Bambari, selon l’ONU

décembre 24, 2020
Deux ex-Séléka à Bambari, en mai 2014.e

Les Casques bleus et les forces centrafricaines ont repris mercredi Bambari, la quatrième ville du pays, aux rebelles qui s’en étaient emparés la veille, à cinq jours des élections présidentielle et législatives.

La ville avait été prise par les rebelles, avait confirmé à l’AFP le maire, Abel Matchipata. « Il n’y a pas eu de violence contre les habitants, mais ils ont pillé le commissariat, la gendarmerie et les maisons des particuliers », avait-il ajouté. Mais mercredi matin, le porte-parole de la force de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca), Abdoulaziz Fall, a affirmé que « la situation est sous contrôle à Bambari ». « Les civils commencent à revenir. Les groupes armés ont été repoussés dans la brousse », a-t-il précisé.

Des attaques ont repris depuis la semaine dernière, à quelques jours des élections présidentielles et législatives. Trois autres groupes armés qui ont formé une coalition s’en sont pris mardi à des axes routiers vitaux pour l’approvisionnement de la capitale.  La tenue des scrutins dimanche est un enjeu majeur pour l’ONU et le pouvoir du président sortant Faustin Archange Touadéra, grand favori, qui exclut tout report malgré les attaques des groupes armés.

Des éléments de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), un des nombreux groupes armés qui se partagent plus des deux tiers du pays et parmi ceux entrés en rébellion à l’approche des élections, avaient lancé une attaque mardi matin contre Bambari.

À Boali, une ville située à environ 60 kilomètres de Bangui sur la route nationale 1, l’axe vital qui relie la ville au Cameroun, la population prenait peur. Et femmes et enfants se réfugiaient à six kilomètres de la ville. Quelques heures plus tard, plusieurs pick-ups arrivaient à l’hôpital communautaire de Bangui avec leur plateau arrière rempli de blessés, ont rapporté des journalistes de l’AFP.

L’inquiétude gagne également la capitale. « Il y a eu des paniques de la population ce matin » à Bangui, a déclaré mercredi à l’AFP le général Driss Oukaddour, Commandant de la Joint task force de Bangui (JTFB) de la Minusca.

Mais il a aussi tenu à rassurer, à présent « Bangui est calme, nous maitrisons la situation », a-t-il affirmé.

Soutien russe et rwandais

Le gouvernement a accusé le 19 décembre de « tentative de coup d’État » l’ex-président François Bozizé, dont la candidature à la présidentielle a été invalidée en raison de sanctions de l’ONU.

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda a appelé mardi « toutes les parties, tous les groupes armés, les acteurs politiques et leurs partisans au calme au calme et à la retenue » avant les élections, sous peine de poursuites.

Le président Touadéra, qui a reçu des renforts militaires du Rwanda et de la Russie, a également exclu de négocier avec les rebelles. « Négocier comment, sous quelle forme ? Vous voyez bien qu’il y a des attaques, on n’a pas le temps de négocier, on ne sait pas avec qui négocier », a-t-il affirmé lundi soir.

« Pour aider Bangui à renforcer les capacités défensives de la Centrafrique, la Russie a répondu rapidement à la demande du gouvernement et envoyé 300 instructeurs supplémentaires pour la formation de l’armée nationale », a indiqué mardi le ministère russe des Affaires étrangères, après avoir assuré la veille qu’il ne s’agissait pas d’envoi de « troupes ».

Transparence

Après cette annonce, les États-Unis ont réclamé mercredi de la transparence et la fin des violences. « Notre position a toujours été que les pays qui apportent leur assistance, militaire ou autre, doivent le faire de manière transparente et coordonnée, afin que cette assistance vienne soutenir le désir de bonne gouvernance et de stabilité du peuple centrafricain », a déclaré un porte-parole du département d’État américain au sujet du rôle de Moscou. « Nous appelons toutes les parties à cesser les hostilités et à garantir que le peuple centrafricain puisse exercer son droit à participer à des élections pacifiques le 27 décembre », a-t-il ajouté.

Par Jeune Afrique avec AFP

Bientôt une route reliant Brazzaville à N’Djamena en passant par la RDC et Bangui

mai 10, 2018

 

Brazzaville – N’Djamena en passant par la RDC et Bangui
Le projet de construction d’une route sur plus de 1.200 km reliant Brazzaville à Ndjamena (Tchad) en passant la République démocratique du Congo (RDC) et Bangui (RCA) a été examiné, le 8 mai à Brazzaville, au cours d’une séance de travail entre le gouvernement congolais et une délégation de la Banque africaine de développement (BAD).

Il ressort de leurs échanges que cette route moderne, qui rentre dans le cadre de l’intégration sous-régionale, sera appelée « Corridor treize ».

La délégation congolaise était composée des ministres de l’Aménagement et des Grands travaux, Jean Jacques Bouya, des Finances, Calixte Nganongo, du Plan, Ingrid Olga Ebouka Babackas, de l’Equipement et l’Entretien routier, Emile Ouosso, des Transports et de l’Aviation civile, Philippe Dimou. La délégation de la BAD a été conduite par Jean Kizito Kabanguka.

Les experts de la BAD, de la CEEAC et des ministres représentant le Congo ont également fait le point sur le projet de construction du pont route-rail sur le fleuve Congo, reliant Brazzaville et Kinshasa, les deux capitales les plus rapprochées du monde.

Après donc avoir débattu sur les différents aspects, les parties prenantes ont convenu de confier la suite du projet au fonds Africa 50 qui est un fonds stratégique pour l’Afrique. Il a pour mission de conduire ce projet et de constituer un partenariat public-privé avec un partenaire qui sera choisi pour la construction de l’ouvrage.

Le ministre Jean Jacques Bouya a indiqué qu’en dehors du pont route-rail à construire, il y a aussi les raccordements à prendre en ligne de compte, car aucun concessionnaire ne peut prendre une infrastructure non raccordée.

Pour financer l’étude de ce projet, la BAD a accordé deux dons aux deux Etats et à la CEEAC à hauteur de 5 millions d’UC soit environ 8 millions USD. Ces dons ont été complétés par les fonds de contrepartie versés par les deux pays à hauteur de 1, 3 milliard de FCFA soit 2 088 099 USD.

Le pont, qui est un projet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) sera constitué d’une route pour automobile et de rail pour le chemin de fer Kinshasa-Ilebo.

Les autorités des deux pays ont pu se mettre d’accord, en décembre 2013, sur le site où le Pont-route-rail sera érigé. Le site de Maluku au nord de Brazzaville a été retenu du côté de Brazzaville.

Les deux Congo implanteront des zones économiques spéciales (ZES) sur les deux rives pour intensifier les échanges économiques grâce à cette infrastructure.

La réalisation du projet permettra de toucher trois piliers de cette démarche d’intégration sous régionale. Il renforcera la libre circulation des biens et des personnes entre les deux pays. Il conduira à une réduction de délais d’attente lors de la traversée du fleuve, d’un pays à l’autre.

Enfin, il améliorera la qualité des services de transport et réduira les coûts associés.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville

Centrafrique: tension à Bangui à l’occasion d’une journée « ville morte »

mai 5, 2018

 

Casques bleus dans le quartier PK5 de Bangui, en février 2016. © Jerome Delay/AP/SIPA

La tension a été vive tout au long de la journée de vendredi à l’occasion d’une journée « ville morte » décrétée par la société civile à Bangui, où la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) a été prise à partie, a constaté un journaliste de l’AFP.

Plusieurs barricades ont été érigées à divers endroits de la capitale centrafricaine, dont le quartier musulman du PK5 isolé du reste de la ville. Des habitants en colère ont également bloqué des véhicules et des membres de la Minusca, avec une attitude hostile à leur égard.

Face à la crainte de subir la vindicte populaire, au moins 12 personnes blessées en début de semaine au PK5 ont refusé de sortir du centre de soins de la Croix rouge centrafricaine situé dans ce quartier.

Cette tension est survenue après des violences qui ont fait 24 morts et plus de 170 blessés mardi et qui font craindre une résurgence d’affrontements intercommunautaires à grande échelle.

Au nord de Bangui, des hommes appartenant au groupe armé du Front populaire pour la renaissance de Centrafrique (FPRC) ont été arrêtés à Dekoa, localité située sur la route menant de Kaga Bandoro à la capitale, a annoncé vendredi le Premier ministre Simplice Sarandji devant l’Assemblée nationale.

Menace d’une offensive sur Bangui

Mi-avril, deux des principaux groupes rebelles armés issus de l’ex-Séléka prétendant défendre les musulmans, dont le FPRC, avaient menacé de lancer une offensive sur Bangui depuis Kaga Bandoro.

Selon une source onusienne, plusieurs véhicules chargés d’éléments du FPRC ont été repérés vendredi matin dans un village non loin de Dekoa.

« On les a vu entrer, ça a semé la panique chez la population », a témoigné un habitant.

Plusieurs postes renforcés constitués de sacs de sable ont récemment été installés sur la route de Bangui à Damara, ville située à 70 km au nord de Bangui, axe menant jusqu’à Kaga Bandoro en passant par Dekoa, à constater l’AFP.

Le spectre d’affrontements entre musulmans et chrétiens ou animistes a resurgi depuis les violences perpétrées à Bangui mardi.

L’élément déclencheur a été l’interpellation par des forces de défense et de sécurité centrafricaines de « Moussa Empereur », un élément d’une milice du PK5.

Attaque d’une Église

Une église a dans la foulée été attaquée par des hommes armés venus du quartier musulman, causant la mort de plusieurs civils et d’un prêtre, l’abbé Albert Tougoumalé-Baba.

Une enquête a été ouverte et une cellule d’investigation mise en place par la justice centrafricaine.

Selon la Minusca, l’attaque de l’église était une « réaction à l’interpellation » de « Moussa Empereur », mais selon le gouvernement, elle était « une action planifiée » depuis plusieurs jours.

Selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP, les miliciens du PK5 n’ont pas ciblé l’église en tant que telle, mais des forces de l’ordre qui s’étaient réfugiées à l’intérieur.

Planifiée ou non, l’attaque de l’église a déclenché une vague de colère à Bangui, et a fait resurgir le spectre des violences communautaires dans le pays, rappelant les années 2013-2014.

Des violences avaient éclaté après la descente sur Bangui de la rébellion de la Séléka, composée de nombreux musulmans, qui avait renversé le président François Bozizé. Des milices « antibalakas », essentiellement chrétiennes et animistes, s’étaient ensuite constituées pour combattre la Séléka qui menait une politique de terreur dans la capitale centrafricaine.

Une intervention internationale, onusienne et française (Sangaris) dans Bangui et en province avait ensuite considérablement réduit le niveau des violences. Lesquelles ont peu à peu repris depuis le départ des soldats français, en octobre 2016.

Jeuneafrique.com

Centrafrique: arrivée d’une première livraison d’armes russes à Bangui

janvier 28, 2018

 

Des rebelles de la Séléka à Bria, dans le nord-est de la Centrafrique, en 2013. © Jacob Zocherman/AP/SIPA

Une première cargaison d’armes russes, destinées à l’équipement des forces armées centrafricaines, est arrivée dans la nuit de vendredi à samedi à Bangui, a appris l’AFP de sources onusiennes concordantes.

L’avion, un IL76 opéré par l’armée russe, est arrivé à l’aéroport de Bangui depuis Khartoum le 26 au soir, et est reparti pour Khartoum dans la nuit.

« Il y avait des agents russes pour les accueillir », a indiqué à l’AFP une source de l’ONU.

Mi-décembre, après de longues négociations avec le Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie avait été autorisée à donner un stock d’armement conséquent à la RCA, destiné à l’armée centrafricaine en reconstruction, en vertu d’une exemption accordée par l’ONU à Moscou à l’embargo sur les armes décrété à l’égard de ce pays.

Washington, Paris et Londres avaient notamment demandé à leur partenaire russe des mesures renforcées de stockage de ces armes et de les identifier précisément avec des numéros de série, selon des sources diplomatiques.

Moscou doit équiper deux bataillons, soit 1.300 hommes, avec des armes légères (pistolets, fusils d’assaut, de précision et mitrailleuses, mais également lance-roquettes RPGs et armes anti-aériennes).

La Russie va former des militaires centrafricains

La Russie a également reçu l’autorisation de l’ONU d’entraîner les militaires centrafricains à l’utilisation de ces armes.

Des instructeurs militaires russes sont déjà arrivés à Bangui, a appris l’AFP de sources onusiennes et diplomatiques concordantes. Un camp d’entraînement militaire est en cours de réhabilitation à Bérengo, dans le sud-ouest du pays, a appris l’AFP de ces mêmes sources.

La Centrafrique, où de nombreux groupes armés continuent de sévir, est visée par un embargo sur les armes depuis 2013. Les dirigeants centrafricains avaient demandé il y a quelques mois à la Russie de lui fournir des armes pour des unités en cours de formation par l’Union européenne.

Début janvier, les Etats-Unis ont annoncé un don de 12,7 millions de dollars pour des programmes de formation de l’armée centrafricaine.

A terme, la force de paix de l’ONU en Centrafrique, qui vient d’être prolongée pour un an, doit être remplacée sur le terrain par les Forces armées centrafricaines (FACA).

La Centrafrique est embourbée dans un conflit depuis le renversement en 2013 du président François Bozizé par une coalition pro-musulmane (l’ex-Séléka), qui a entraîné une contre-offensive de milices pro-chrétiennes autoproclamées d’ »autodéfense » (anti-balaka, ou anti-machettes). Si la capitale Bangui est désormais épargnée par les violences, ces groupes armés continuent de s’affronter sur une large partie du territoire pour le contrôle des ressources dans ce pays de 4,5 millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde.

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