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Mali : à Gossi, les populations s’inquiètent du départ de Barkhane

avril 20, 2022
Un soldat français de la force Barkhane dans la commune de Gossi, le 14 avril 2022. © Tanguy Vabatte

L’heure est aux derniers contrôles techniques. Il n’est pas encore trois heures du matin dans le camp militaire de Gao et une flotte de camions civils, dont les conducteurs font les derniers pleins d’huile et d’essence, s’apprête à prendre la route. Une fois passée la dernière chicane de la base, le convoi d’une centaine de véhicules – soixante camions pour quarante blindés militaires environ – s’élancera à travers les 160 kilomètres qui séparent les bases françaises de Gao de celle de Gossi. Une fois arrivé à destination, il reprendra la route en sens inverse, chargé des derniers conteneurs de matériels de cette base opérationnelle avancée, avant le départ de la force Barkhane, ce mardi 19 avril.

Ouverte en 2019 sur le site d’un ancien camp de la mission de la paix de l’ONU au Mali (Minusma), Gossi est la petite dernière des emprises françaises au Mali. Après trois ans d’opérations de la force Barkhane aux alentours de cette ville du Gourma malien, le camp a été transféré à l’armée malienne ce 19 avril. Succédant à celles de Kidal, Tessalit et Tombouctou à la fin de l’année 2021, Gossi est la quatrième emprise fermée par les Français.

Zone d’influence du GSIM

Le cap mis sur la « réarticulation de la force Barkhane », telle qu’annoncée en février dernier par Emmanuel Macron dans un contexte de rupture politique avec Bamako, n’a pas empêché les opérations de se poursuivre sur le terrain. Comme en cette matinée d’avril, quelques jours avant le transfert de la base. Ce jour-là, une colonne de blindés contourne la mare de Gossi, tarie en cette saison, sous le regard indifférent d’un troupeau de bovins. Dans les ruelles sableuses de la ville, les habitants, qui exploitent chaque mètre carré d’ombre pour se protéger de la touffeur ambiante, ne semblent pas s’étonner de la patrouille des militaires français en armes.

ICI, LE TAUX DE CHÔMAGE EST TRÈS ÉLEVÉ, SURTOUT CHEZ LES JEUNES

« Au contraire, c’est une présence rassurante pour beaucoup », assure un élu local pour qui le départ de Barkhane est source d’inquiétude. Sur le plan économique d’abord : « Des habitants font du commerce, du travail de maintenance ou de réparation pour les militaires français. Ici, le taux de chômage est très élevé, surtout chez les jeunes. Il n’y a pas de travail. Et la précarité les pousse à se tourner vers toute proposition, quels qu’en soient les risques », met-il en garde, de crainte de voir les rangs jihadistes s’étoffer.

Il faut dire que le Gourma malien est une zone stratégique pour le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), très actif sur ce territoire. Reliant le nord du pays à son centre, elle est un carrefour entre l’essentiel des régions du Mali. «Il y a beaucoup de jihadistes dans la zone. Et, chaque jour, les gens me demandent qui pourra remplacer Barkhane », raconte un habitant de Gossi. « Je ne sais pas quoi leur répondre », admet-il.

Faiblesse des Fama ?

Pourtant, la nouvelle a été communiquée : déjà présentes dans la zone, les Forces armées maliennes doivent renforcer leurs effectifs locaux d’au moins 150 hommes, lesquels prendront leurs quartiers dans l’ancienne base française.

« Cela ne suffit pas à rassurer la population. Ici, le souvenir de 2012 est encore bien présent : quand les jihadistes sont arrivés à Gossi, les Fama n’ont pas su les contenir », tranche l’élu. « Les soldats maliens sont tout à fait en capacité de prendre le relais », répond le capitaine Jérôme, qui a mené plusieurs patrouilles conjointes et séances d’entraînement avec les Fama.

Ce mardi, après trois ans de présence française dans la zone, lui et ses hommes ont laissé derrière eux Gossi, ses habitants et leurs préoccupations. Bientôt, ce sera au tour de l’emprise de Ménaka, qui abrite des soldats de la force Barkhane mais aussi des forces spéciales européennes regroupées au sein de la task force Takuba, de fermer ses portes. Viendra alors le tour de Gao, la plus grande base tricolore restant au Mali. Ses quelque 3 000 soldats seront les derniers éléments français à quitter le pays, après une quasi-décennie d’opérations extérieures.

Avec Jeune Afrique par Manon Laplace – à Bamako

Mali-Algérie : qui est Yahia Djouadi, chef d’AQMI tué par la France ?

mars 7, 2022
Patrouille du PRI (peloton de reconnaissance et d’intervention) dans la région de Tombouctou. © Etat-major des armées/France

Une opération des soldats français de Barkhane a mené à la neutralisation fin février de Yahia Djouadi. Surnommé « l’émir du Sahara », cet Algérien était un haut cadre d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.

L’opération, menée par les forces spéciales françaises à une centaine de kilomètres au nord de Tombouctou, dans le septentrion malien, a conduit à la « neutralisation de Yahia Djouadi, alias Abou Ammar al Jazairi, haut cadre historique d’AQMI […] dans la nuit du 25 au 26 février », a annoncé l’état-major des armées françaises par voie de communiqué ce lundi 7 mars.

La mort du chef jihadiste, qui fut le conseiller militaire d’Abdelmalek Droukdel, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique tué en juin 2020 par l’armée française, a été rendue possible « par une intervention au sol, appuyée par un hélicoptère d’attaque et de reconnaissance Tigre et deux drones », précise Paris. Le lieu de l’opération qui a mené à son élimination correspond à la zone de repli de la Katiba el Foqane, antenne d’AQMI dans le Sahel.

Présenté comme « un relais majeur » du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), branche sahélienne d’Al-Qaïda dans le nord du Mali et particulièrement dans la région de Tombouctou, ce jihadiste d’une cinquantaine d’années était originaire d’Algérie.

Du GIA à AQMI

Natif de Sidi Belabbès (ouest), il rejoint le Groupe islamique armé (GIA) en 1994, qu’il quitte entre 1997 et 1998 lors de la période des grands massacres de la décennie noire. Il créé alors sa propre organisation armée, le Groupe salafiste combattant (Al Jamaa al Salafiya al Qitaliya). Sans y adhérer, il soutient la création du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de Hassan Hattab, en 1998.

IL COORDONN[AIT] L’APPROVISIONNEMENT DE MATÉRIELS AU PROFIT DU HAUT COMMANDEMENT DU GSIM ET D’AQMI

Il finit toutefois par rallier le GSPC en 2002 et devient très proche d’Abdelmalek Droukdel. Une amitié qui perdurera jusqu’à l’élimination de ce dernier en juin 2020. Nommé émir du Sahara au mitan des années 2000, Djaouadi a d’abord été envoyée comme médiateur du conflit entre Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar.

Djouadi a ensuite été remplacé par Nabil Abou Alqama en 2011. Après la révolution libyenne, Droukdel charge Djouadi d’implanter solidement AQMI en Libye, où il a assumé un rôle de supervision plus discret au cours de la dernière décennie, notamment la gestion du financement, de la logistique et de la formation des combattants. Il y restera au moins jusqu’à 2019, puis rejoint le Mali.

Depuis la région de Tombouctou, « il coordonn[ait] l’approvisionnement de matériels au profit du haut commandement du GSIM et d’AQMI [ainsi que la coordination] logistique et financière du groupe », affirme l’armée française.

Installé dans le nord du Mali, il avait pris la tête de la « 9e région militaire » d’AQMI, qui couvre le sud de l’Algérie et le Sahel. « L’organisation d’Al-Qaida au Maghreb islamique a commis plusieurs actes de terrorisme dans la région et a revendiqué la responsabilité de l’enlèvement de deux touristes autrichiens dans le sud de la Tunisie le 22 février 2008. Les deux touristes autrichiens ont été emmenés au nord du Mali, où [sévissait] Yahia Djouadi », expliquent quant à elles les Nations unies, qui l’avaient placé sous sanctions. Également à son actif, un attentat contre des militaires mauritaniens en 2008 à Tourine et une embuscade ratée contre des soldats algériens en octobre 2009, entre Ghardaïa et Béchar.

« Succès tactique »

L’armée française, qui a annoncé son départ du Mali mi-février après neuf ans d’intervention, salue un « succès tactique significatif » qui permet « une nouvelle fois d’affaiblir la gouvernance qaïdiste ». Sa neutralisation « marque l’isolement de l’émir du GSIM, Iyad Ag Ghali, qui voit la disparition de toutes les figures expérimentées de son entourage », se félicite-t-elle.

Entre 2021 et 2022, plusieurs cadres de la nébuleuse jihadiste ont été arrêtés ou neutralisés. C’est le cas notamment d’Abdel Nasser, dit Baye Ag Bakabo, principal suspect dans l’enlèvement et l’assassinat des journalistes de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon en 2013 – il a été tué en juin dernier par une frappe française. Ou encore d’Abou Nasser, alias Nasser al Tergui, chef de la Katiba Gourma, tué en octobre 2021 dans la région de Gossi.

Avec Jeune Afrique

Mali : la junte presse le départ de la France, Macron intransigeant

février 18, 2022

Le gouvernement arrivé au pouvoir demande une évacuation « sans délai » des soldats français. Mais Macron refuse au nom de la sécurité des soldats.

La junte au pouvoir à Bamako a demandé, vendredi, à la France de « retirer sans délai » ses soldats du Mali, au lendemain de l’annonce par Paris et ses partenaires d’un retrait échelonné sur les prochains mois.

Dans un communiqué lu à la télévision nationale, le porte-parole du gouvernement installé par les militaires, le colonel Abdoulaye Maïga, qualifie l’annonce du désengagement français de « violation flagrante » des accords entre les deux pays. Il dit aussi que les résultats de neuf ans d’engagement français au Mali « n’ont pas été satisfaisants ».

« Je ne transigerai pas une seconde sur leur sécurité »

« Au regard de ces manquements répétés [aux] accords de défense, le gouvernement invite les autorités françaises à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes », dit le colonel Maïga. La demande de retrait immédiat de la part des colonels arrivés au pouvoir par la force en août 2020 est un nouveau défi à l’ancien partenaire français, après des mois de montée des tensions.

Le président français Emmanuel Macron a rejeté vendredi cette exigence de la junte militaire au pouvoir à Bamako de retirer les soldats français « sans délai » du Mali et a mis en garde contre toute atteinte à leur sécurité. « Nous avons annoncé la réarticulation du dispositif et il s’appliquera en bon ordre afin d’assurer la sécurité de la mission des Nations unies et de toutes les forces déployées au Mali. Je ne transigerai pas une seconde sur leur sécurité », a averti le chef de l’État lors d’une conférence de presse à l’issue du 6e sommet entre l’UE et l’Union africaine à Bruxelles.

Par Le Point avec AFP

Europe-Afrique : Barkhane, investissements et vaccins… Ce qu’il faut retenir du sommet UE-UA

février 18, 2022
Ursula von der Leyen, Macky Sall, Emmanuel Macron et Charles Michel, le 18 février 2022 à Bruxelles lors du sommet UE-UA. © John Thys/AP/SIPA

L’Union européenne et l’Union africaine ont scellé vendredi à Bruxelles un « partenariat rénové », avec notamment le lancement d’une stratégie européenne d’investissements de 150 milliards d’euros et une aide accrue pour produire des vaccins anti-Covid en Afrique. Les questions sécuritaires dans le Sahel ont également été au coeur des discussions.

Les Européens ouvrent également la voie à une ré-allocation accrue en faveur des Africains des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI) destinés aux pays riches, mais sans engagement ferme, selon la déclaration commune adoptée lors du 6e sommet des deux organisations. « Notre vision commune (…) a pour objectif de consolider un partenariat renouvelé pour la solidarité, la sécurité, la paix, le développement économique durable », ont plaidé les dirigeants africains et européens, réunis depuis jeudi pour « réinventer » leur relation et « installer un nouveau logiciel », selon la formule du Sénégalais Macky Sall, président de l’UA.

La réunion a été l’occasion pour les Vingt-Sept de lancer une stratégie globale d’investissements dotée d’au moins 150 milliards d’euros sur sept ans pour « aider des projets voulus et portés par les Africains », avec une priorité aux infrastructures de transport, réseaux numériques et énergie. Le tout en garantissant « une gouvernance responsable, transparente, inclusive », selon la déclaration. Parallèlement, des programmes financiers spécifiques soutiendront des projets dans la santé et l’éducation.

Accélérer la vaccination

Les Européens, qui promettent d’avoir fourni à l’été un total cumulé d’au moins 450 millions de doses de vaccins anti-Covid aux Africains, se sont également engagés à aider des pays africains à produire sur leur sol des vaccins à ARN messager, un programme dévoilé vendredi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’UE mobilisera également 425 millions d’euros pour accélérer les campagnes de vaccinations en soutenant la distribution des doses et la formation des équipes médicales.

En revanche, préconisant un transfert encadré de technologies, les dirigeants de l’UE ont rappelé leur opposition à une levée des brevets des vaccins, âprement réclamée par leurs homologue africains, en particulier le président sud-africain Cyril Ramaphosa. La déclaration finale appelle par ailleurs à « des contributions volontaires et ambitieuses » des pays riches, qui peuvent redistribuer aux Africains leurs droits de tirage spéciaux (DTS) — titres convertibles créés par le Fonds monétaire international et alloués à ses Etats membres, qui peuvent les dépenser sans s’endetter.

Jusqu’ici, les Européens ont collectivement ré-alloué à l’Afrique 13 milliards de dollars de leurs DTS, sur 55 milliards réalloués par les pays riches au niveau mondial, un niveau très en-deçà de l’objectif des 100 milliards réclamés par l’UA. Alors que coups d’État et terrorisme alimentent l’instabilité en Afrique, et au lendemain de l’annonce par Paris et ses alliés de leur retrait du Mali, l’UE s’est également engagée à aider les missions et opérations de paix menées par les forces africaines, en les formant et en renforçant leurs équipements et capacités.

Retrait de Barkhane

La veille, le président sénégalais, président en exercice de l’Union africaine, avait insisté : « L’Afrique est en pleine mutation, elle a beaucoup changé (…) Plus qu’une mise à jour du logiciel, nous proposons d’installer ensemble un nouveau logiciel adapté aux mutations en cours ». Il avait par ailleurs plaidé pour « un nouveau départ ». « Nous devons réinventer la relation », a reconnu le président français Emmanuel Macron. « L’Europe a besoin d’une Afrique stable, sûre et prospère », a estimé pour sa part le président du Conseil européen, Charles Michel, avertissant que « les coups d’État mettent en péril le développement ».

Le sommet s’est tenu quelques heures après l’annonce par la France du retrait de hommes de l’opération militaire Barkhane du territoire malien. Un décision que le président Macky Sall a dit « comprendre », tout en avertissant que « la lutte contre le terrorisme au Sahel ne saurait être la seule affaire des pays africains ».

L’UE va vérifier « d’ici quelques jours » si les conditions et les garanties sont remplies pour le maintien au Mali de ses deux missions de formation militaire (EUTM) et policière (EUCAP), a annonce de son côté le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. L’instabilité du continent africain est également alimentée par « les nouveaux acteurs » chinois et russes « dont les méthodes et les agendas sont très différents des nôtres », a-t-il souligné, évoquant la présence de mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner, au coeur du bras de fer entre Paris et Bamako.

Par Jeune Afrique avec AFP

Mali : entre Barkhane et Wagner, la guerre de communication fait rage

décembre 9, 2021
Damien Glez © Damien Glez

Le groupe russe Wagner mènerait une bataille de com’ sur les réseaux sociaux, flirtant avec la désinformation. Sur des médias maliens plus traditionnels, l’opération Barkhane y va aussi de ses spots publicitaires…

Au Mali, comme dans d’autres pays africains en mal de sécurité, grincent les dents des antennes militaires des chancelleries dès qu’est prononcé « Wagner », le nom du groupe paramilitaire russe. Question de principe d’abord : comment combiner, sur un théâtre d’opération, une coopération militaire publique jaugée par des contribuables européens, via leurs élus, et le concept commercial de mercenariat exonéré de considérations politiques ?

Désinformation

Au-delà du principe, ensuite, les Nations unies mettent à l’index les agissements de la société de sécurité privée présentée comme étroitement liée au locataire du Kremlin. Le 27 octobre dernier, un groupe d’experts de l’ONU appelait le gouvernement centrafricain à « mettre fin à toutes relations » avec les paramilitaires russes accusés de harceler et d’intimider « violemment » des civils.

« Niet » à Wagner, a tranché la ministre française des Armées, Florence Parly, dans un entretien accordé à Jeune Afrique le 26 novembre, en évoquant précisément le cas malien. Selon elle, la présence du groupe au Mali serait « inacceptable ». Et une dimension non négligeable du débat se fait jour : celle de la communication, qui va d’opérations de séduction à des campagnes déceptives, voire à la diffusion de fake news. Sans mettre formellement les acteurs russes à l’index, la ministre a ainsi attribué le blocage d’un convoi de l’armée française à « une action de désinformation plus large dont l’objectif est assez simple : faire partir la communauté internationale des pays concernés ».

QUI CONQUERRA LES CŒURS MALIENS ?

Compétiteur en Afrique, le groupe Wagner l’est assurément. Hyperactif sur le terrain de la com’ aussi, si l’on en croit un article du quotidien français Le Figaro. Depuis la Russie, cette « armée de l’ombre », qui ne veut ni confirmer ni infirmer un déploiement au Mali, contournerait la modération des réseaux sociaux en associant des légendes codifiées à des clichés de contextes militaires explicites – des uniformes maliens y sont reconnaissables. Le mot « orchestre », par exemple, ferait référence à une escouade constituée, tandis qu’« instrument de musique » désignerait une arme et « symphonie » une opération en cours. Telegram, Twitter et TikTok seraient le terrain de jeu favori de Wagner. Les groupes d’internautes antifrançais leurs alliés objectifs…

Sans doute percluse de scrupules à l’idée d’emprunter les biais communicationnels, la France déploie, dans cette lutte informationnelle, des spots publicitaires qui expliquent que l’opération Barkhane n’abandonne pas le Mali « en plein vol », comme le suggérait le Premier ministre malien, Choguel Maïga.

Sur les seize panneaux numériques de carrefours fréquentés et sur les antennes des chaînes de la ORTM, de Joliba TV et de Renouveau TV, un petit film montre, depuis octobre, des soldats et des blindés qui illustrent l’énigmatique message « Barkhane se transforme ». Qui conquerra les cœurs maliens ?

Damien Glez

Avec Jeune Afrique par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Mali : le Premier ministre Choguel Maïga accuse la France d’« abandon »

septembre 26, 2021
Fer de lance de l’opposition au Conseil national de transition, Choguel Kokalla Maïga a été nommé Premier ministre le 7 juin.

Le Premier ministre malien a accusé samedi 25 septembre la France d’un « abandon en plein vol » avec sa décision de retrait de la force Barkhane. La Russie a confirmé que Bamako avait approché « des sociétés privées russes ».

« La nouvelle situation née de la fin de Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires », a affirmé Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Il s’agit de « combler le vide que ne manquera pas de créer la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le nord du Mali », a précisé le Premier ministre, déplorant un « manque de concertation » et une annonce « unilatérale » sans coordination tripartite avec l’ONU et le gouvernement malien.

Dans un contexte de menace jihadiste accrue, « l’opération française Barkhane annonce subitement son retrait en vue, dit-on, d’une transformation en coalition internationale dont tous les contours ne sont pas encore connus« , a aussi dit Choguel Kokalla Maïga. Et d’ajouter : « en tout cas, pas de mon pays, pas de notre peuple ». « L’annonce unilatérale du retrait de Barkhane et sa transformation n’ont pas tenu compte du lien tripartite qui nous lie », l’ONU, le Mali et la France. « Le Mali regrette que le principe de consultation et de concertation, qui doit être la règle entre partenaires privilégiés, n’ait pas été observé en amont de la décision », a poursuivi le Premier ministre malien.

Choguel Kokalla Maïga a réclamé qu’au vu de l’évolution à venir, la mission de paix Minusma de l’ONU et ses 15 000 Casques bleus aient « une posture plus offensive sur le terrain ». Il a enfin assuré qu’il n’y avait « pas de sentiment anti-Minusma au Mali, pas plus qu’un sentiment antifrançais ».

Contacts confirmés avec Wagner

Lors d’une conférence de presse à l’ONU peu avant, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait confirmé que Bamako avait approché « des sociétés privées russes », assurant que cette démarche ne concernait en rien le gouvernement de la Fédération de Russie.

LES TERRORISTES CONTINUENT DE RÉGNER », A AJOUTÉ SERGUEÏ LAVROV, CAUSTIQUE À L’ÉGARD DE BARKHANE

La France et l’Union européenne se sont inquiétées de ces contacts entre le Mali et la Russie au cours d’échanges à New York. « Les autorités maliennes se sont tournées vers une société militaire privée russe parce que, si je comprends bien, la France veut réduire significativement ses forces militaires qui devaient combattre les terroristes à Kidal », a avancé le ministre russe. Les Français « n’y sont pas arrivés et les terroristes continuent de régner dans cette région », a-t-il ajouté, caustique à l’égard de Barkhane.

« Tout cela se fait sur une base légitime », entre un « gouvernement légitime, reconnu par tous » et des entités qui « fournissent des services à travers des spécialistes étrangers », a-t-il fait valoir. « Nous n’avons rien à voir avec cela », a encore assuré Sergueï Lavrov. La Russie dément systématiquement que des sociétés paramilitaires privées russes lui soient subordonnées.

Inquiétudes

Treize pays européens, impliqués pour certains dans la coalition de forces spéciales « Takuba » au Mali, ont jugé inacceptable une éventuelle implication du groupe Wagner dans ce pays. La France, l’Allemagne et l’Estonie sont allées plus loin, avertissant qu’elles réexamineraient leur présence militaire au Mali si un accord était conclu.

« DIRE “J’ÉTAIS LÀ EN PREMIER, DÉGAGEZ !”, C’EST INSULTANT

Outre l’ONU, l’Union européenne (UE), qui assure la formation de soldats maliens par l’intermédiaire de sa mission EUTM Mali, composée de 700 soldats de 25 pays européens, a averti qu’une implication de cette société russe affecterait « sérieusement » ses relations avec Bamako.

« Dire “j’étais là en premier, dégagez !”, c’est insultant, en premier lieu pour le gouvernement à Bamako qui a invité des partenaires étrangers », a rétorqué Sergueï Lavrov.

Par Jeune Afrique avec AFP

Mali : le rapport de l’ONU sur Bounti est « une attaque contre Barkhane », selon la France

mai 22, 2021
Florence Parly, ministre française des Armées, et le général Lecointre, chef d’état-major des armées, à Gao le 27 novembre 2019.

Le chef d’état-major des armées françaises, le général François Lecointre, a dénoncé samedi une « manipulation » contre la force française Barkhane après une enquête de l’ONU l’accusant d’avoir tué 19 civils réunis pour un mariage au Mali. 

« Très clairement, il s’est agi d’une attaque contre l’armée française, contre l’opération Barkhane, contre la légitimité de nos engagements », a déclaré le militaire dans une interview au quotidien français Le Figaro. Les « erreurs » et les « biais » du rapport de la Direction des droits de l’Homme de la Minusma, la Mission de l’ONU au Mali, « découlent pour une part d’une manipulation », a encore estimé le général Lecointre.

« Discréditer » Barkhane ?

Cette enquête a conclu qu’une frappe aérienne conduite par l’armée française avait visé des civils réunis pour un mariage près de Bounti, dans le centre du Mali, et pas seulement des jihadistes comme l’affirme Paris, qui réfute toute bavure.

Les autorités françaises ont toujours assuré qu’il n’y avait pas de mariage, que le renseignement avait « formellement » établi qu’il s’agissait d’un rassemblement de jihadistes et que l’intervention d’une patrouille d’avions français lâchant trois bombes avait « neutralisé » une trentaine de jihadistes.

« Je pense que nous serons désormais systématiquement confrontés à ce type de tentative pour chercher à nous entraver, à nous discréditer, à délégitimer notre action, à monter les populations contre notre action« , a ajouté le chef d’état-major des armées.

Des enquêteurs formels

Pour mener son enquête, la division des droits de l’homme et de la protection de la Minusma avait déployé une « mission spéciale d’établissement des faits » du 4 janvier au 20 février 2021, avec l’appui notamment de la police scientifique des Nations unies.

Si les auteur du rapport ont pu établir la présence, le jour de la frappe aérienne française, de cinq individus armés, dont au moins un portait son arme de façon visible, les enquêteurs de l’ONU sont cependant formels : « Le rassemblement consistait en une célébration de mariage qui a réuni une centaine de personnes, en majorité des civils habitant Bounti, à l’exception des cinq présumés membres de la Katiba Serma. »

« Le groupe touché par la frappe était très majoritairement composé de civils, qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire, écrivait les auteurs du rapport. Cette frappe soulève des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités, notamment le principe de précaution dont l’obligation de faire tout ce qui est pratiquement possible pour vérifier que les cibles sont bien des objectifs militaires. »

La France, qui engage environ 5 100 hommes au sein de Barkhane, a déjà été en butte à des soupçons de bavure, mais jamais à un rapport aussi circonstancié de l’ONU. La ministre française des Armées Florence Parly a parlé de « guerre informationnelle » que livreraient les groupes jihadistes. Les autorités maliennes avaient fourni des évènements une version cohérente avec celle de la France.

Par Jeune Afrique avec AFP

Mali: attaque « terroriste » contre les soldats français de Barkhane à Gao

juillet 1, 2018

Bamako – Des soldats français de l’opération Barkhane ont été visés dimanche par une attaque « terroriste » dans la région de Gao, dans le centre-nord du Mali, ont indiqué des sources militaires occidentale et malienne.

« Des militaires français de l’opération Barkhane sont tombés ce dimanche dans une embuscade tendue par des terroristes à la sortie qui mène vers la localité de Bourem », a déclaré la source militaire occidentale. Une source militaire malienne a confirmé cette information.

Une habitante de Gao a déclaré de son côté que « c’est une patrouille de l’opération Barkhane qui a été visée par une voiture piégée conduite par un kamikaze (…) de Gao ».

« Très vigilant, un blindé lui a barré la voie et le véhicule kamikaze s’est fait exploser », a déclaré Fatouma Wangara, ajoutant que des hélicoptères de la force Barkhane survolaient le ciel au-dessus de Gao.

« Le périmètre de l’attaque a été complètement bouclé par les militaires français », a indiqué un jeune habitant de Gao, ajoutant que des blessés ont été acheminés à l’hôpital de Gao.

Cette attaque survient alors que le sommet de l’Union africaine s’est ouvert dimanche à Nouakchott, deux jours après un attentat suicide perpétré vendredi au Mali contre le QG de la force conjointe du G5 Sahel lancée en 2017, qui a fait trois morts, dont deux militaires de cette force.

Le président français Emmanuel Macron doit rencontrer lundi à Nouakchott, en marge du sommet de l’UA, ses homologues du G5 Sahel, une organisation régionale regroupant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad

En fin de sommet, M. Macron discutera avec ses homologues du G5 Sahel de la lente montée en puissance de la force conjointe mise en place par cette organisation régionale siégeant à Nouakchott pour lutter contre les jihadistes.

La France, qui conduit dans la région l’opération Barkhane, soutient ce projet, y voyant un possible modèle de prise en main par les Etats africains de leur propre sécurité.

Mais sa mise en oeuvre est pour l’instant marquée par les problèmes de financement et les accusations de violations des droits de l’homme par les troupes de la force conjointe, basée à Sévaré (Mali).

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.

Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013 d’une intervention militaire française.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et internationales, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.

Romandie.com avec(©AFP / 01 juillet 2018 13h23

Mali: quatre jihadistes arrêtés dans une vaste opération de Barkhane

février 22, 2018

Bamako – La force française Barkhane a arrêté jeudi quatre jihadistes présumés dans le cadre d’une opération visant à « neutraliser » le groupe d’un important chef jihadiste actif dans le nord-est du Mali, à proximité de la frontière avec le Niger, ont indiqué à l’AFP des sources militaires malienne et étrangère.

C’est dans cette zone des Trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso) que deux soldats français ont été tués et un blessé mercredi dans l’explosion d’une mine artisanale au passage de leur véhicule.

Selon la ministre françaises des Armées, Florence Parly, l’incident s’était produit dans le cadre d’une « vaste opération de contrôle de zone » dans cette région du Mali réputée servir de refuge à des groupes jihadistes que la force conjointe du G5 Sahel s’est donnée pour mission de chasser.

« Barkhane a arrêté jeudi quatre présumés jihadistes dans la région de Gao, près de la frontière Nigérienne, non loin d’une zone où le chef jihadiste Adnan Abou Walid Sahraoui est recherché », a déclaré jeudi à l’AFP une source militaire malienne s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

Le groupe d’Adnan Abou Walid Sahraoui, se réclamant de l’organisation Etat islamique (EI) et qui se fait appeler « Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), a revendiqué ces derniers mois une série d’attaques dans le Sahel, notamment contre Barkhane début janvier au Mali, et celle qui a coûté la vie à quatre membres des forces spéciales américaines et à quatre soldats nigériens le 4 octobre au Niger.

Deux groupes armés signataires des accords de paix de 2015 au Mali, le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-gouvernemental) et le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA, ex-rébellion), « travaillent aux côtés des Français pour neutraliser ce chef jihadiste et ses hommes », selon la source militaire malienne.

Les opérations en cours ont pour objectif de « neutraliser un chef terroriste et ses hommes dans la région de Gao, frontalière au Niger », a indiqué une source militaire étrangère, sans citer de nom. « L’armée française est déterminée, avec d’autres, à détruire la base de ce chef terroriste », a ajouté la même source, qui a confirmé les quatre arrestations.

Un élu de la région interrogé par l’AFP a situé les opérations en cours « à 60 km au sud de Ménaka et à une quinzaine de kilomètres de la frontière nigérienne, dans une forêt, qui est la base des terroristes ».

Une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement se réunissent vendredi à Bruxelles pour renforcer leur soutien politique et financier à la force du G5 Sahel. Le groupe d’Adnan Abou Walid Sahraoui a affirmé le 13 janvier avoir constitué une alliance avec d’autres mouvements jihadistes pour empêcher cette force, constituée par cinq pays (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad), de s’installer la zone des Trois frontières.

Le 15 février, une « vingtaine de terroristes » avaient été « tués ou capturés », selon l’état-major français, près de la frontière algérienne lors d’une opération aérienne et au sol des forces françaises visant le chef d’un groupe allié à Al-Qaïda, Ansar Dine, le Malien Iyad Ag Ghaly.

Romandie.com avec(©AFP / 22 février 2018 22h02)                                            

Présidentielle française : Marine Le Pen au Tchad pour saluer Barkhane

mars 17, 2017

La présidente du Front national Marine Le Pen, le 20 novembre 2015 à Vannes. © AFP

Marine Le Pen, candidate du parti d’extrême droite Front national à la présidentielle française, a prévu de se rendre au Tchad le 22 mars. Objectif : rendre visite aux soldats de la force Barkhane.

C’est la porte-parole du ministère de la Défense, Valérie Lecasble, qui a confirmé l’nformation à l’AFP. Marine Le Pen, présidente du Front national et candidate à la prochaine présidentielle française, a prévu de rencontrer les militaires français de la force Barkhane, mercredi 22 mars, à son QG de N’djaména, la capitale tchadienne. Une source au sein du FN avait confirmé que cette visite prendrait place les 21 et 22 mars.

« Tous les candidats qui en font la demande peuvent se rendre sur les théâtres d’opérations », explique-t-on dans l’entourage du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. En décembre, François Fillon s’est rendu à Gao au Mali et à Niamey au Niger auprès de la force Barkhane. Emmanuel Macron s’est quant à lui immergé en janvier sur une base de Jordanie d’où décollent les Rafale français pour aller frapper le groupe État islamique en Irak et Syrie.

Une visite pas trop médiatique ?

Les candidats doivent également s’engager à ne pas trop médiatiser leur visite, condition dont François Fillon, alors favori des sondages, s’était largement affranchi au Sahel, donnant lieu à un reportage de l’hebdomadaire Paris Match accompagné de photos du candidat au côté de militaires ou descendant du cockpit d’un Mirage. « On ne dit pas non mais on ne veut pas de choses ostensibles », explique la porte-parole du ministère.

La visite de Marine Le Pen devrait se faire sans journalistes mais pourrait donner lieu à une conférence de presse à son issue. Au total, 4 000 soldats sont engagés dans l’opération Barkhane, présente dans cinq pays du Sahel. Marine Le Pen souhaite porter « dès la première année le budget de la défense à 2% du PIB, puis tendre vers 3% à l’horizon de la fin du quinquennat ». Si elle est élue, bien sûr.

Jeuneafrique.com avec AFP