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Yémen: plus de 100 morts dans la bataille pour le port de Hodeida

juin 2, 2018

/ © AFP/Archives / ABDO HYDER

 

La bataille pour la reprise par les forces progouvernementales du port de Hodeida au Yémen tenu par les rebelles, a coûté la vie à plus de 100 combattants en moins d’une semaine, ont indiqué samedi des sources médicales et militaires.

Les troupes fidèles au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyées par une coalition militaire commandée par l’Arabie saoudite, avaient avancé il y a quelques jours à une vingtaine de km de la ville de Hodeida (ouest) d’où elles cherchent à chasser les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran.

Hodeida, sur la mer Rouge, est le principal point d’entrée des importations et de l’aide humanitaire au Yémen, pays pauvre et en guerre depuis 2015. La coalition affirme elle que Hodeida est aussi un point de départ pour des attaques rebelles contre des navires et le lieu par lequel l’Iran livrerait des armes aux Houthis, ce que Téhéran dément.

L’offensive est appuyée par l’aviation de la coalition et son centre de commandement est piloté au sol par les forces des Émirats arabes unis, membres de cette coalition.

Les hôpitaux dans la région d’Aden (sud), où est basé le pouvoir yéménite, ont indiqué avoir reçu 52 dépouilles, dont celles de 20 soldats, entre vendredi et samedi, ce qui porte le bilan des combats à 110 morts depuis le début de l’offensive lundi. Le reste des dépouilles semblent être celles de rebelles, ont-ils précisé.

Selon une source militaire progouvernementale, les rebelles ont tendu une embuscade samedi à un convoi militaire dans la localité d’al-Dourayhmi dans le gouvernorat de Hodeida, situé à 230 km à l’ouest de la capitale Sanaa.

C’est la prise totale de Sanaa par les rebelles début 2015 et de vastes pans du territoire yéménite qui a poussé l’Arabie saoudite voisine à intervenir à la tête d’une coalition militaire pour stopper la progression des Houthis et par extension l’influence de son rival iranien.

L’ONU a dit craindre que l’opération militaire en cours n’affecte l’acheminement de l’aide humanitaire, dont 70% arrive au Yémen par le port de Hodeida, alors même que certaines régions du Yémen sont au bord de la famine.

En novembre 2017, après le tir d’un missile balistique rebelle vers Ryad, la coalition avait instauré un blocus total du port de Hodeida, avant de l’assouplir sous la pression internationale.

La guerre au Yémen a fait quelque 10.000 morts.

Romandie.com avec (©AFP / 02 juin 2018 15h33)                

Espagne: la traditionnelle bataille des tomates sous haute surveillance

août 30, 2017

/ © AFP / JAIME REINA

Des milliers de personnes se sont battues à coups de tomates mercredi lors de la fameuse « Tomatina », à Buñol dans l’est de l’Espagne, sous une surveillance renforcée deux semaines après les attentats en Catalogne.

Un total de 740 policiers, pompiers et secouristes, soit environ 5% de plus que l’année dernière, ont veillé sur la bataille, selon la mairie de cette commune à quelques kilomètres de Valence.

Des voitures de police s’étaient postées à l’entrée des rues étroites, empêchant tout véhicule de s’introduire dans la masse des milliers de fêtards venus se jeter des tomates à la figure pendant une heure, a constaté un photographe de l’AFP.

« Le dispositif a été renforcé et adapté après les attentats » qui ont causé la mort de 16 personnes à Barcelone et Cambrils, a déclaré devant des journalistes Juan Carlos Moragues, préfet de la région de Valence.

Le coup d’envoi de la fête, qui fête son 72e anniversaire et revendique le titre de « plus grande bataille de nourriture au monde », a été donné à 11 heures locales (09h00 GMT).

Pendant une heure, les participants, pour la plupart vêtus d’un simple maillot de bain et de lunettes de natation, se sont envoyé des tomates à la figure, se vautrant dans une épaisse couche de pulpe rouge.

Des camions ont livré près de 160 tonnes de « munitions » aux quelque 22.000 participants, dont deux tiers d’étrangers.

La commune d’environ 10.000 habitants limite depuis quelques années l’affluence à cette fête qui attire des touristes du monde entier, notamment britanniques, japonais et américains.

La participation à la fête, déclarée d’intérêt touristique national depuis 2002, est payante – 10 euros minimum – pour les touristes, et gratuite pour les résidents de Buñol, afin de limiter le nombre de participants.

La première Tomatina a eu lieu en 1945: une rixe entre habitants lors de la fête du village aurait dégénéré en bataille de tomates sur l’étal d’un marchand de légumes.

Son succès a inspiré des événements similaires en Colombie, au Costa Rica, au Chili ou aux États-Unis.

Romandie.com avec(©AFP / 30 août 2017 14h11)

Un nouveau front ouvert dans la bataille pour Mossoul en Irak

octobre 29, 2016

Alors que l’armée irakienne semble observer une pause dans son offensive, des milices chiites irakiennes ont ouvert samedi un nouveau front dans la bataille pour Mossoul. Elles veulent couper le ravitaillement des djihadistes de l’EI depuis la Syrie.

Ces milices chiites irakiennes sont soutenues par l’Iran. Elles ont annoncé avoir lancé une offensive en direction de Tal Afar, localité située à 50 kilomètres à l’ouest de Mossoul.

Ces milices du Hachd al-Chaabi (Forces de mobilisation populaire) regroupent plusieurs milliers d’hommes. Leur intervention inquiète les Occidentaux qui craignent une réaction hostile de la part des populations sunnites de la région.

Elles sont accusées de représailles violentes – meurtres et enlèvements – dans les zones dont l’EI a été chassé. Des appels ont été lancés au gouvernement irakien afin qu’il maintienne hors du champ de bataille ces unités combattantes.

Peu impliquées jusque là dans la vaste opération lancée le 17 octobre pour reprendre Mossoul, deuxième ville d’Irak et dernier fief de l’EI dans ce pays, les milices chiites interviennent dorénavant sur le seul front où les forces terrestres irakiennes ne sont pas déployées. C’est à dire à l’ouest de la ville, en direction de la Syrie voisine.

Selon le porte-parole des milices du Hachd al-Chaabi, Ahmed al-Assadi, l’opération vise à reprendre Tal Afar, ainsi que les villes de Tal Abta et de Hatra. A proximité de cette dernière, se trouve un site archéologique inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité de l’Unesco, lequel avait déjà été vandalisé par l’EI.

Pause temporaire
Tard vendredi, la coalition internationale a indiqué que l’armée irakienne observait une pause d’environ deux jours dans son offensive pour reprendre la ville de Mossoul au groupe Etat islamique (EI). Objectif: consolider les gains obtenus depuis le début de l’opération en Irak.

Le colonel américain John Dorrian, porte-parole militaire de la coalition internationale, a précisé que cet arrêt temporaire fait partie du plan initial. Après cette pause, a-t-il dit, « la marche sur la ville de Mossoul reprendra ».

Bombes, missiles et roquettes
Les troupes irakiennes « se repositionnent, se rééquipent et font du nettoyage » dans les zones conquises, a encore expliqué le colonel. Il a aussi dit qu’il s’agissait d’adapter le dispositif irakien aux tactiques et aux décisions prises jusque-là par l’ennemi.

John Dorrian a par ailleurs informé que la coalition internationale va continuer ses bombardements. Elle avait déjà utilisé près de 2500 « bombes, missiles, obus ou roquettes guidées » contre les djihadistes de l’EI. L’officier s’exprimait lors d’une vidéoconférence depuis Bagdad.

Des « boucliers humains »
Mais quelques heures seulement après cette annonce de la coalition, un communiqué militaire irakien a indiqué au contraire « que les opérations militaires continuaient » sur le terrain, dans le district d’Al-Choura au sud de Mossoul.

« Les unités fédérales ont planté le drapeau irakien » sur un bâtiment gouvernemental de la zone, a affirmé dans un communiqué un commandant de la police, le général Raed Tawfiq Jawdat. La police « pourchasse les terroristes qui sont en train de fuir vers le nord » de la région d’Al-Choura, a-t-il ajouté.

Au fur et à mesure de l’avancée vers Mossoul des troupes de Bagdad, des milliers de civils payent le prix de cette offensive. L’ONU a fait état vendredi de l’enlèvement par l’EI de près de 8000 familles autour de la cité des bords du Tigre, vraisemblablement pour être utilisées comme « boucliers humains ».

Exode massif
Depuis le début de l’offensive sur Mossoul le 17 octobre, l’avancée des forces irakiennes a permis de resserrer l’étau sur la ville par le nord, l’est et le sud, mais le nombre de personnes fuyant l’EI augmente et le spectre d’un déplacement massif de civils grandit. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 16’566 personnes ont été déplacées depuis le début des opérations.

Romandie.com avec(ats / 29.10.2016 17h33)

Obama: Mossoul sera une bataille difficile

octobre 18, 2016

Washington – Le président américain Barack Obama a averti mardi que l’offensive lancée pour reconquérir Mossoul, dernier grand fief des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Irak, serait difficile, assurant que l’aide à la population civile était aussi une priorité absolue.

Mossoul sera une bataille difficile. Il y aura des avancées et des revers, a-t-il prévenu lors d’une conférence de presse commune dans les jardins de la Maison Blanche avec le chef du gouvernement italien Matteo Renzi.

Je suis convaincu que l’EI sera vaincu à Mossoul et que cela marquera un nouveau pas vers sa destruction totale, a-t-il ajouté.

Le début des opérations pour libérer Mossoul est un grand pas en avant, a-t-il encore dit, reconnaissant toutefois l’immense défi humanitaire qu’elles présentent.

En plus de faire disparaître l’EI, nous nous concentrons sur la sécurité et l’aide humanitaire pour les civils qui échappent aux combats, ce sera une priorité absolue pour nos deux gouvernements, a assuré Barack Obama.

Les habitants fuient, il va y avoir des déplacements significatifs. Tout cela a été pris en compte dans le processus de planification de la coalition, en coordination avec les Nations unies et les grandes organisations humanitaires, a dit le président américain.

Et nous avons donc conçu des plans et des infrastructures pour faire face à la crise humanitaire potentielle, aussi élaborés que les plans militaires, a-t-il souligné.

Des dizaines de milliers de combattants irakiens ont été mobilisés pour reprendre Mossoul au groupe Etat islamique. Une offensive d’une ampleur sans précédent qui fait craindre un exode de civils alors que quelque 1,5 million de personnes vivent encore dans la ville. Les combattants irakiens sont appuyés par des bombardements aériens de la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis.

L’offensive sur Mossoul permettra de chasser (l’EI) des quartiers habités et nous les détruirons et nous les vaincrons afin qu’ils ne soient plus en position de mener des attentats terroristes contre nos citoyens ou nos amis et alliés, ou contre des innocents en Irak et en Syrie, a martelé Barack Obama.

Romandie.com avec(©AFP / 18 octobre 2016 19h13)

La bataille de la pluie

septembre 14, 2015

 

Dans le silence noir de la nuit

Résonne la bataille de la pluie

Qui prend d’assaut la toiture

Les portes, les fenêtres et les murs

 

Dehors la pluie envahit la ville

Malgré l’alerte des autorités municipales

Les égouts engorgés d’eau ont craqué

Les rivières sorties de leur lit sont débordées

 

Furtivement l’eau s’infiltre, pénètre et rentre

Comme un voleur sans autorisation séquestre

Les objets dérobés emportés sans cris

Dans le malheur d’un matin qui gémit

 

Chacun constate l’ampleur de la dévastation

Le choc de l’inondation est à la désolation

Devant cette catastrophe naturelle puissante

Qu’a semé la mère pluie toute agissante

 

Les voitures sont emportées dans le torrent

Abandonnées contre un vieil arbre gisant

Entourés de frigos et de tristes cuisinières

Chargés de boue des saletés de la rivière.

 

Bernard NKOUNKOU

Congo : paysage avant la bataille présidentielle

septembre 2, 2015

Le président congolais, Denis Sassou Nguesso, à Paris, le 8 avril 2013. © Jacques Brinon/AP/SIPA

Le président congolais, Denis Sassou Nguesso, à Paris, le 8 avril 2013. © Jacques Brinon/AP/SIPA

À dix mois de la présidentielle, chaque camp se jauge et fourbit ses arguments. Car même s’il attend la dernière ligne droite pour se déclarer, il ne fait aucun doute que Denis Sassou Nguesso briguera un nouveau mandat.

Que ce soit à Ouesso, préfecture de la Sangha à quelques kilomètres de la frontière camerounaise, ou ailleurs, les pluies inopinées sont des porte-bonheur pour ceux qu’elles bénissent. Trempé, stoïque mais heureux, c’est un Denis Sassou Nguesso nu tête et incurablement élégant qui, debout dans son véhicule de commandement, a passé en revue les troupes alignées pour le 55e anniversaire de l’indépendance, samedi 15 août, droit comme un baobab sous l’averse équatoriale.

À 71 ans, l’homme savoure avec toujours autant de plaisir ces interminables défilés où les « forces vives de la nation » succèdent aux militaires, en martelant le bitume de villes à chaque fois différentes. Trois jours plus tôt, il a prononcé d’un trait et pendant quatre-vingt-dix minutes son discours sur l’état du Congo devant le Parlement.

Ce soir de fête nationale, il dansera la rumba sous l’œil de ses hôtes épuisés. Qui a dit que la panthère mbochie avait troqué ses griffes pour les pattes de velours d’un matou de compagnie ? Sauf que cette fois, discours et défilé étaient, en l’état actuel de la Constitution congolaise, les derniers auxquels s’adonnait le fils de Julien Nguesso et d’Émilienne Mouebara. « L’année prochaine, à la même date ou presque, se tiendra devant vous le président de la République sorti victorieux de l’élection présidentielle de juillet 2016 », avait-il rappelé le 12 août lors de son adresse à la nation. Fin de mandat, donc. Fin de mission ? C’est une autre affaire.

Gouvernance « prête à porter »

Si l’âge biologique de Denis Sassou Nguesso ne correspond apparemment pas à son âge chronologique (à l’instar d’Alain Juppé, qu’il apprécie, il pourrait dire que, « à 70 ans, on n’est pas vieux, on a de l’expérience »), les règles « prêtes à porter » d’une gouvernance qui mesure le degré de démocratie d’un pays à sa capacité d’interdire au peuple de réélire qui bon lui semble autant de fois qu’il le souhaite ne lui conviennent pas non plus.

« L’alternance, c’est le peuple qui en décide, pas la Constitution », résume un proche du palais du Plateau. « Ceux qui, en Occident, prônent la limitation des mandats pensent que les Congolais n’ont pas de capacité de discernement, ou que le chef d’État en place n’acceptera jamais sa défaite. C’était peut-être vrai au Burkina, pas au Congo. En 1992, Sassou a été battu dans les urnes et il s’est incliné. Comme disait le général de Gaulle à propos de lui-même : pourquoi voudriez-vous qu’à son âge il commence une carrière de dictateur ? » Présenté par son auteur comme « le dernier du septennat », le discours du 12 août, bilan des dix-sept années de « Sassou II », a donc été conçu pour donner aux Congolais le désir évident de poursuivre l’expérience bien au-delà de 2016. En résumé : pourquoi changer un président qui gagne ?

Quel bilan ?

Les comptes, il est vrai, sont loin d’être négatifs. Le gros travail, très volontariste, de désenclavement des régions mené depuis une décennie, la politique de développement des infrastructures financée par des emprunts contractés auprès de la Chine à des conditions concessionnelles, la maîtrise de la dette extérieure et du système bancaire ont été reconnus par la BAD et le FMI.

Même si elle affecte directement le volume de la dépense publique, la chute du cours du pétrole n’a pas ralenti un taux de croissance qui tourne autour des 7 % pour 2015 et 2016. Quant à l’indice de développement humain, en lente progression depuis 2000, il est aujourd’hui le deuxième d’Afrique centrale, derrière le Gabon, mais devant l’Angola, le Cameroun ou la Guinée équatoriale. Certes, comme le dit Sassou Nguesso, « beaucoup assurément reste à faire ».

Et puisqu’il ne s’étend pas sur ce point, faisons-le : l’emploi des jeunes, largement dû à l’inadéquation entre les compétences produites par le système éducatif et celles requises par le marché du travail, est un vrai problème, tout comme le manque d’efficacité du système judiciaire, la non-application de certains textes normatifs, la gouvernance laxiste des ressources humaines, la sous-représentation des femmes dans les instances de décision et le classement encore préoccupant du Congo selon les indices de Doing Business et de Transparency International.

Reste que si le revenu national par habitant a plus que doublé en quinze ans, il est difficile de ne pas en créditer le président sortant pour une raison simple : son retour au pouvoir en 1997 a coïncidé, à partir de 2000, avec une décennie et demie de paix dans un pays déstructuré par la guerre, miné par les conflits ethniques et gangrené par de vastes zones de non-droit. Au premier rang du bilan de Denis Sassou Nguesso, figure donc la paix et son maintien. Encore faut-il qu’il soit en mesure de le soumettre à l’examen des électeurs, dans moins d’un an…

Nouvelle Constitution ?

Que Sassou Nguesso ait l’intention de se représenter ne souffre guère de doute. Même si l’intéressé ne se déclarera vraisemblablement pas avant d’aborder la dernière ligne droite, au second trimestre de 2016, aucun Congolais ne pense qu’il envisage de jeter l’éponge. Les concertations présidentielles de juin dernier et le dialogue de Sibiti à la mi-juillet ont constitué les premières étapes de cette marche vers une réélection escomptée.

Un projet de nouvelle Constitution, habilement confectionnée car incontestablement plus démocratique que la précédente, devrait être soumis aux Congolais dans le cadre de ce que l’on présente à Brazzaville comme l’acmé de l’expression souveraine du peuple : un référendum d’ici à la fin 2015.

Il n’échappe évidemment à personne que qui dit nouvelle Constitution dit nouvelle République, donc remise à zéro des compteurs électifs et possibilité pour Sassou Nguesso d’être de nouveau candidat. Les participants au dialogue de Sibiti ont d’ailleurs opté, dans leurs recommandations, pour un mandat présidentiel de cinq ans (au lieu de sept) renouvelable cette fois sans limitation. Une précision dont on a du mal à penser qu’elle ne leur a pas été suggérée et une perspective quasi cauchemardesque pour une opposition vent debout contre l’idée que le chef de l’État puisse se succéder à lui-même.

De la capacité de cette dernière à mobiliser au-delà de ses propres partisans dépend en partie la réussite ou l’échec du pari présidentiel. Pour l’instant, son ossature militante se compose de deux partis réellement représentatifs : l’Union panafricaine pour la démocratie sociale, le parti fondé par l’ancien président Pascal Lissouba et que dirige aujourd’hui l’un de ses ex-ministres, Pascal Tsaty Mabiala (l’UPADS est implanté dans la Lékoumou, le Niari et la Bouenza), et le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI) tendance Parfait Kolélas, formation historique de la région du Pool.

Les leaders d’opinion s’activent

À Brazzaville et à Pointe-Noire, lieux de melting-pot ethnique regroupant 60 % de la population congolaise, des leaders d’opinion dont la représentativité réelle est difficile à évaluer, si ce n’est souvent sujette à caution, s’activent auprès de la jeunesse et tentent de sensibiliser l’embryon de société civile : Clément Mierassa et Paul-Marie Mpouele sont les figures de proue d’une galaxie de plateformes et de collectifs présents également au sein de la diaspora.

Quelques personnalités transfuges, récentes ou anciennes, du régime Sassou complètent le tableau : Mathias Dzon, Charles Zacharie Bowao, André Okombi Salissa, Claudine Munari… Tous ont juré de s’opposer par tout moyen aux projets du pouvoir. Leurs armes : le boycott du référendum et la « résistance pacifique ». Leur handicap : nombre d’entre eux se sont déjà assis à la table du banquet, même si leur tour est sans doute passé trop vite à leur goût.

Bénéficiant d’appuis discrets au sein de certaines chancelleries occidentales (celle des États-Unis notamment, dont l’activisme frise l’ingérence revendiquée), la galaxie opposante a une forte connotation « sudiste ». Dans un pays où le vote demeure l’expression d’un choix collectif plus qu’individuel, ce caractère communautaire n’est pas, pour elle, un inconvénient.

Sauf qu’il serait stupide et réducteur de croire que le pouvoir en place est exclusivement un « pouvoir mbochi », donc nordiste, lequel se maintiendrait depuis près de dix-huit ans par l’unique truchement de la répression et de la manipulation. Outre le fait que le Nord est loin d’être monolithique (les Mbochis eux-mêmes forment une société acéphale), il y a longtemps, s’il en était ainsi, que le régime aurait implosé.

Sassou Nguesso, animal politique habile

L’animal politique qu’est Sassou Nguesso a tissé de multiples alliances, diurnes et nocturnes, dans toutes les régions du pays, pratiquant avec subtilité l’art de la séduction. Parfait Kolélas, dont il a fait un ministre, le « trahit » pour passer à l’opposition ? Sassou rallie à lui son frère Landry et sa sœur Théodorine. Le parti de Jean-Pierre Thystère-Tchicaya, défunte figure tutélaire de Pointe-Noire, se prononce contre le changement de la Constitution ? Sassou nomme ministre son fils et héritier politique, Jean-Marc.

Sa botte secrète : la redistribution. À ce jeu clé sur le continent, Denis Sassou Nguesso sait que celui qui dispose de moyens sera toujours plus crédible dans la transaction électorale que celui dont l’unique discours est un discours de changement.

Face à des opposants déterminés mais démunis, le camp présidentiel dispose de cartes maîtresses. Le contrôle de la force publique, d’où la génération d’officiers supérieurs « politiques » a depuis longtemps été écartée ou mise à la retraite, paraît solide. Le saint-cyrien Guy Okoï, chef d’état-major général, est un pur républicain, et le chef de la police, Jean-François Ndenguet, est un fidèle de longue date.

Une carte maîtresse : le PCT

Machine de sensibilisation aussi lourde que redoutable, le Parti congolais du travail (PCT) s’apprête à mettre ses bataillons en ordre de marche. Certes, le moteur a connu quelques ratés au démarrage et des hésitations sur la stratégie à suivre, quelques défections aussi – rien à voir cependant avec l’hémorragie subie par le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de Blaise Compaoré avant sa chute. Certes, quelques-unes des personnalités de son bureau politique qui ont, lors du dialogue de Sibiti, tenté d’imposer une période de transition à un président dont ils briguent plus ou moins discrètement la succession n’ont pas renoncé à leur projet.

Reste que, seul parti implanté sur l’ensemble du territoire et bénéficiant d’une évidente proximité avec l’administration (ceci expliquant cela), le PCT et son armée de militants n’ont aucun adversaire à leur taille. Tout un dispositif d’ONG et d’associations évoluant aux marges du politique et du caritatif complètent ce travail de quadrillage.

À leur tête, le plus souvent, des proches, voire des membres de la famille présidentielle comme Denis-Christel Sassou Nguesso, fils du chef de l’État, Willy et Edgar Nguesso, ses neveux, Hugues Ngouélondélé, son gendre (et maire de Brazzaville)… Leurs activités, volontiers médiatisées, pallient les insuffisances des systèmes de santé et d’éducation avec une certaine efficacité.

Un paysage qui s’éclaircit avant la bataille

Le spirituel enfin n’échappe pas aux enjeux de l’heure. Si la hiérarchie épiscopale catholique reste neutre dans son ensemble, axant ses interventions sur la préservation de la paix dans un pays où, depuis 1963, le pouvoir s’est presque toujours conquis à la pointe du fusil, les réticences d’une partie de ses fidèles sont en quelque sorte compensées par le soutien des Églises du réveil au régime.

Germain Loubota, qui dirige le Conseil supérieur (Coserco) de ces puissantes organisations dont la religiosité n’a d’égale que le nationalisme, est un proche de la première dame, Antoinette Sassou Nguesso, très active sur ce dossier.

À dix mois de la présidentielle, le paysage s’éclaircit, et les camps en présence se jaugent. Rien n’est encore joué, et, dans un pays encore traumatisé par les guerres de la décennie noire des années 1990, la peur d’une brusque flambée de violence est toujours présente dans certains quartiers sensibles de la capitale. «

Quitter pour quitter et laisser le pays dans le désordre, non ! » s’est exclamé le président tchadien Idriss Déby Itno, le 12 août, à l’occasion de sa propre fête nationale. Denis Sassou Nguesso, dont le langage n’a jamais donné dans le brut de décoffrage, ne le dira pas ainsi, préférant promettre à ses compatriotes que si d’aventure la démocratie était menacée au Congo « ce ne sera jamais par nous et nous ne le permettrons jamais ». Mais il le pense très fort.

Jeuneafrique.com par François Soudan

Soudan : 31 morts, dont un ministre, dans un accident d’avion

août 19, 2012
Le ministre soudanais des Affaires religieuses Ghazi al-Saddiq,  le 9 juin 2012. Le ministre soudanais des Affaires religieuses Ghazi al-Saddiq, le 9 juin 2012. © AFP

Trente et une personnes, dont un ministre soudanais, ont été tuées dimanche lorsque l’avion qui transportait une délégation officielle devant célébrer l’Aïd el-Fitr dans l’Etat du Kordofan-Sud, en proie à une rébellion armée, s’est écrasé.

Trente et une personnes, dont un ministre soudanais, ont été tuées dimanche lorsque l’avion qui transportait une délégation officielle devant célébrer l’Aïd el-Fitr dans l’Etat du Kordofan-Sud, en proie à une rébellion armée, s’est écrasé. « Tous les passagers à bord ont été tués », a déclaré à l’AFP Abdelhafiz Abdelrahim, le porte-parole de l’Autorité de l’aviation civile, en faisant état de 31 morts.

Parmi eux se trouvait le ministre des Affaires religieuses Ghazi al-Saddiq, selon l’agence officielle Suna, qui rapporte que 26 personnes se trouvaient à bord de l’appareil. M. al-Saddiq était devenu ministre des Affaires religieuses lors d’un remaniement en juillet. Il détenait avant cela le portefeuille du Tourisme et des Antiquités.

Le ministre de la Culture et de l’Information Ahmed Bilal Osman a dit sur la radio officielle Omdurman que l’avion s’était « écrasé contre une colline » en raison du mauvais temps, tuant toute la délégation. Des pluies torrentielles se sont récemment abattues sur le Kordofan-Sud. M. Abdelrahim avait plus tôt affirmé que l’appareil, un Antonov, se posait dans la ville de Talodi vers 08h00 locales (05h00 GMT) lorsqu' »une explosion a été entendue et l’avion a été détruit », sans pouvoir fournir de détails dans l’immédiat sur l’origine de l’explosion.

Ville stratégique du Kordofan-Sud

Bien qu’aucune bataille n’ait été rapportée autour de Talodi ces dernières semaines, cette ville stratégique du Kordofan-Sud, près de la frontière sud-soudanaise, a été l’un des principaux champs de bataille des combats qui ont commencé en juin 2011 entre le gouvernement de Khartoum et les rebelles du Mouvement populaire de libération du Soudan-branche Nord (SPLM-N).

Les groupes rebelles dans le Kordofan-Sud s’étaient battus aux côtés des Sudistes pendant la guerre civile (1983-2005) ayant abouti à la partition du Soudan en juillet 2011, donnant naissance au Soudan du Sud. Le Soudan accuse son voisin d’appuyer le SPLM-N, ce que des analystes estiment probable en dépit des dénégations du Soudan du Sud. Juba accuse de son côté Khartoum de soutenir les rebelles sur son territoire.

Plus de 200.000 réfugiés ont fui le Kordofan-Sud et le Nil Bleu, un autre Etat soudanais frontalier du Soudan du Sud, où la situation humanitaire s’est aggravée.
Les accidents d’avion sont assez fréquents au Soudan, où la flotte est vieillissante et dont la compagnie aérienne figure sur la liste des transporteurs aériens interdits dans l’Union européenne car ils ne respectent pas les normes de sécurité.

En avril 2011, un hélicoptère militaire s’était écrasé accidentellement à l’aéroport d’El-Facher, dans le Darfour-Nord, tuant ses cinq passagers. Et au moins 30 personnes étaient mortes brûlées quand un Airbus A310 de Sudan Airways, avec plus de 200 personnes à bord, avait explosé à son atterrissage à Khartoum en 2008.

 Jeuneafrique.com avec AFP