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La BCE met le prix pour endiguer la crise

août 16, 2011

La gardienne de la zone euro a racheté pour 22 milliards d’euros de dette italienne et espagnole notamment. Un montant record.

La Banque centrale européenne pèse de tout son poids sur les marchés pour éviter une contagion de la crise de la dette à l’Italie et à l’Espagne. En une semaine, entre le 4 et le 11 août, elle a racheté pour 22 milliards d’euros d’obligations, a-t-elle annoncé hier. Jamais, depuis le lancement de ce programme de rachat d’obligations d’État, au printemps 2010 en pleine crise grecque, la BCE n’avait dépensé autant en une semaine. Elle détient maintenant 96 milliards d’euros de d’obligations de pays en difficulté et a laissé entendre qu’elle continuera à intervenir cette semaine sur les marchés.

La BCE ne donne jamais le détail de ces opérations, mais selon des sources bancaires, elle est surtout intervenue sur les marchés de dettes publiques italienne et espagnole, particulièrement pris pour cible par les investisseurs. L’action de la BCE a eu un effet immédiat. Le taux d’intérêt italien à 10 ans a baissé de 6,195% le 4 août, à 5,04% hier. Le taux espagnol a suivi le même chemin, chutant de 6,284% à 4,992% sur la même période.

«À la vue de ces 22 milliards, les optimistes pourront souligner la volonté de la BCE d’enrayer la crise», analyse Christoph Rieger, stratégiste chez Commerzbank, cité par Bloomberg. «Les pessimistes, de leur côté, pourront s’inquiéter des montants nécessaires pour faire redescendre les taux italiens et espagnols.» Fort de ses interventions depuis mai 2010, la BCE accumule aujourd’hui entre 10 et 15% des dettes publiques grecques, irlandaises et portugaises. Si elle devait racheter la même proportion d’obligations espagnoles et italiennes, elle devrait débourser encore plus de 250 milliards d’euros, estiment les économistes de Deutsche Bank.

Elle est, à ce jour, le seul pompier capable de circonscrire l’incendie se propageant en zone euro. Elle n’agit toutefois pas sans contrepartie et a obtenu que l’Italie accélère la mise en place d’un plan de rigueur de 45 milliards d’euros pour redresser ses finances publiques. Elle a également précisé qu’elle n’interviendrait que le temps que les États dotent le Fonds européen de stabilité financière des pouvoirs d’intervenir lui-même sur les marchés. Le principe est acté depuis le 21 juillet, mais doit être entériné par les parlements nationaux. Une longue procédure qui devrait durer jusqu’à fin septembre au plus tôt.

Les banques ont déposé 80,2 milliards auprès de la BCE

Après le vent de panique sur les banques européennes du début de la semaine dernière, la méfiance persiste. Les établissements bancaires ont déposé 80,2 milliards d’euros auprès de la Banque centrale européenne (BCE) vendredi pour 24 heures, après 67 milliards jeudi et 39,6 milliards mercredi. Lundi 8 août, au début de la panique boursière, les dépôts avaient atteint 145,2 milliards. La hausse des dépôts signifie que les banques rechignent à se prêter entre elles. En contrepartie de ce placement sans risque aucun, la BCE rémunère en effet les établissements à un taux de 0,75%, inférieur à celui pratiqué par les banques entre elles. D’autre part, les prêts d’urgence sur 24 heures de la BCE ont chuté, après un pic à 4 milliards d’euros mercredi lié aux rumeurs autour de la Société générale, à 6 millions d’euros vendredi.

Lefigaro.fr par Guillaume Guichard

Les Bourses européennes chutent malgré l’intervention de la BCE

août 8, 2011

PARIS (Reuters) – Les Bourses européennes ont une nouvelle fois chuté après la dégradation de la note de crédit des Etats-Unis par S&P, même si les rachats sur le marché de dettes italienne et espagnole par la Banque centrale européenne ont limité les effets de la décision de l’agence de notation.

A Paris, le CAC 40 a fini en repli de 4,68% à 3.125,19 points, signant ainsi sa onzième séance consécutive de baisse et affichant désormais un recul de plus de 18% depuis le 22 juillet, après avoir évolué en séance entre un plus haut à 3.333,61 (et gagné 1,68%) et un plus bas à 3.129,15 points.

La place parisienne a, comme ses homologues européennes, accentué ses pertes après que Standard & Poor’s (S&P) a abaissé à « AA+ » les notes des organismes de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae, en raison de leur dépendance directe au gouvernement américain.

Depuis deux semaines, le grand sujet d’inquiétude des marchés porte sur la solidité de la croissance économique, notamment aux Etats-Unis où le ralentissement se révèle plus sérieux qu’attendu, ce qui pèse lourdement sur les valeurs cycliques.

A Paris, Alcatel-Lucent (-9,71%), ArcelorMittal (-9,59%), Vallourec (-9,46%) ou Renault (-9,27%) ont accusé les plus fortes baisses du CAC 40.

FIN DU LAXISME

« Les craintes sur les perspectives du cycle et la certitude que les Etats-Unis ne peuvent plus poursuivre une politique budgétaire laxiste pourrait déclencher une nouvelle dégradation des actions à l’échelle mondiale », estiment les responsables de la stratégie d’allocation d’actifs chez Société générale.

Londres a lâché 3,39% et Francfort 5,02%. Milan (-2,35%) et Madrid (-2,44%) ont mieux résisté après avoir grimpé de plus de 3% à la faveur des rachats de dette espagnole et italienne par la BCE, qui a traduit dans les faits une décision annoncée dimanche soir.

Les indices paneuropéens EuroStoxx 50 et EuroFirst 300 ont respectivement perdu 3,23% et 3,37%.

La décision de S&P de priver les Etats-Unis de la meilleure note de crédit, le « AAA » considéré comme sans risque, pèse sur les autres pays noté « AAA », en particulier l’Allemagne qui a largement profité de la fuite vers la sécurité des 15 derniers jours.

La décision annoncée de la BCE de poursuivre ses achats d’emprunts d’Etat de pays périphériques de la zone euro et de les étendre à ceux de l’Italie et de l’Espagne, durement sanctionnés ces derniers jours, a pour effet de détendre les taux de ces pays.

Le rendement du 10 ans espagnol se détend de 106 points de base et passe nettement sous 6,0% à 5,199% et celui du 10 ans italien se détend de près de 80 pdb à 5,34%. Les autres pays frappés par la crise des dettes souveraines, Grèce, Irlande, Portugal voient leurs taux évoluer de la même manière.

« PAD D’ARMAGEDDON »

« La BCE vole au secours, il n’y aura pas d’Armageddon après la dégradation (des USA, NDLR) par S&P », estimaient lundi matin les stratégistes taux de Commerzbank.

Selon des professionnels, la BCE a procédé dans la matinée à des rachats de dettes italienne et espagnole sur le marché par tickets de 20 à 25 millions d’euros. Elle devrait en avoir acquis pour plusieurs milliards d’euros en fin de journée.

Quant à l’impact de la décision de S&P sur les Treasuries américains (emprunts d’Etat), il devrait être limité compte tenu de la place centrale du marché américain et du dollar dans la planète finances, estiment des experts.

« Les Treasuries US vont évidemment rester le benchmark mondial », dit Ciaran O’Hagan, stratégiste taux chez Société générale.

« S’il y a une classe d’actifs dont nous pouvons prédire que les cours réagiront peu au changement du facteur de risque, c’est bien les Treasuries », disent les responsables de l’allocation d’actifs de la SocGen en soulignant qu’il y a « une abondance de cash sous les matelas ».

L’euro recule de 0,4% face au billet vert, à 1,4231 dollar.

Le baril de pétrole brut léger américain chute de près de 4%, à 83,40 dollars.

Reuters par Raoul Sachs