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En Tunisie, Kaïs Saïed veut rendre au peuple l’argent qui lui a été volé

janvier 10, 2023

Récupérer l’argent détourné sous Ben Ali ou depuis 2011 pour l’affecter à des projets de développement. C’est le but de la « conciliation pénale » mise en place par le président tunisien, mais dont le cadre juridique inquiète déjà.

Le président tunisien Kaïs Saïed. © Nicolas Fauqué

Après la mise en place d’entreprises citoyennes, le président Kaïs Saïed continue à dérouler son programme. Il pousse les administrations concernées à faciliter la tâche de la Commission de la conciliation pénale, qu’il a désignée en novembre 2022 et à laquelle il a donné six mois pour aboutir à des résultats, selon le décret annonçant la création de cette instance publié en mars 2022.

L’idée n’est pas nouvelle mais elle a maintenant force de loi. Kaïs Saïed part d’un principe de justice sociale – éviter que certains ne s’enrichissent sur le dos d’un peuple déjà dans la précarité – et en fait le fer de lance de sa politique.

Grâce au nouveau dispositif, il compte récupérer pas moins de 13,5 milliards de dinars (environ 4 milliards d’euros) détournés durant l’ère Ben Ali, et au moins autant pour les dix dernières années de gabegie financière et politique. Les ressources ainsi récupérées doivent être affectées à des projets de développement dans des zones sinistrées.

Pour le président, il s’agit à la fois de créer un précédent pouvant jouer sur les équilibres sociaux et de tenir une promesse électorale, tout en tentant de renflouer les caisses de l’État. Le tout obéissant à une logique qui lui tient à cœur et dont il veut démontrer la validité : il suffit de le vouloir et de s’en donner les moyens pour faire aboutir un projet. Projet qu’en l’occurrence Kaïs Saïed avait longuement présenté aux partis et à la société civile en 2012-2013, mais qui était resté sans lendemain.

La récente adoption du dispositif de conciliation sonne donc comme une revanche, et donne au président le rôle de celui qui sait ce qu’il convient de faire. Ici, obliger ceux qui se sont rendus coupables de malversations à investir dans les régions démunies pour générer du développement.

Retour sur la chose jugée

Une opération simple et qui n’est pas inconnue des Tunisiens. Immédiatement après la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011, l’une des exigences exprimée par la révolution a été une reddition des comptes.

Corruption, affairisme et népotisme avaient largement contribué à dresser l’opinion contre les détenteurs de pouvoir ou les membres du sérail. Dans la foulée du 14-Janvier, a été mise en place la Commission nationale d’investigation sur les faits de corruption et de malversation. Une instance dont le nom était associé à celui de Abdelfattah Amor, l’ancien doyen de la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, qui la préside et qui a été le mentor de l’actuel chef de l’État.

Cette commission a établi une liste de 460 personnes et a transmis les dossiers à la justice. Certains prévenus ont été blanchis, d’autres ont écopé d’amendes et de peines de prison, et d’autres encore sont tout simplement décédés.

On pourrait penser que pour ces derniers, ce chapitre de redevabilité est clos, mais il n’en est rien. Bien au contraire. Le décret de mars 2022 revient, au mépris des principes juridiques les plus élémentaires, sur la chose jugée et considère que tout ce qui a précédé en matière de conciliation est caduc, voire irrecevable.

Pourtant, en dix ans, plusieurs tentatives d’en finir avec cette situation sur laquelle achoppe une réconciliation nationale ont été amorcées. Deux commissions, celle de Abdelfattah Amor et celle de la confiscation, ont référencé tous les manquements constatés durant la période Ben Ali.

Ensuite, l’Instance Vérité et Dignité (IVD) a elle aussi rassemblé des témoignages et engagé des procédures auprès des tribunaux sans que nul ait recensé les résultats obtenus. À ces instances vient encore s’ajouter l’initiative de conciliation politique du président Béji Caïd Essebsi, dont le volet prévoyant l’amnistie des commis de l’État concernés par des dossiers de corruption s’est heurté à un mouvement protestataire « menech msamhine » (« Nous ne pardonnons pas ») et a été écarté de la loi adoptée en 2017.

Un texte trop large

Aujourd’hui, Kaïs Saïed tient à ce que la nouvelle commission obtienne des résultats au plus vite. Une manière de bloquer l’avancée des « forces, entre autres celles du capital, qui voudraient contrer le président », confie l’un des soutiens de la coordination d’El Mnihla, quartier de Tunis où vit le chef de l’État.

Mais à la lecture du décret qui officialise la création de la commission, on a le sentiment que la procédure risque de toucher riches et pauvres indistinctement. La procédure ne tient pas compte des jugements rendus précédemment. Chacun, même présumé innocent, devra démontrer sa bonne foi.

« Plus grave encore, alerte l’avocat et ancien magistrat Ahmed Souab, on peut être condamné sur des intentions. Si on comptait commettre un fait de corruption, même si on n’est pas passé à l’acte, on tombe sous le coup du décret actuel. »

Ayant siégé à la Commission de la confiscation en 2011, le juriste précise aussi que l’identification des personnes et des biens a déjà été effectuée et que les biens confisqués sont depuis au moins dix ans propriété de l’État. Un fait sur lequel l’administration préfère garder le silence, d’autant que depuis, la gestion des biens confisqués par l’État s’est révélée calamiteuse.

Le décret de 2022 prévoit aussi que dans le cas où la commission clôt ses travaux et où l’exécution de la réconciliation n’a pas été réalisée, le dossier retournera entre les mains de la justice et les peines prévues seront appliquées. « Le processus ne prévoit rien pour la justice transitionnelle », déplore un ancien de l’IVD.

« Le projet est trop important pour présenter des lacunes et être traité en six mois. Il faut en finir avec l’idée que rien n’a été concluant depuis 2011 et ouvrir un nouveau chapitre. Sous cet angle, la conciliation pénale peut être fédératrice et provoquer un sursaut salutaire », estime de son côté un candidat aux législatives dans la circonscription de Zaghouan.

Plusieurs magistrats soulignent quant à eux les lacunes et les contradictions du texte créant la nouvelle commission. Et rappellent que c’est ce projet qui a été à l’origine du désaccord entre le président de la République et le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), qu’il a dissous en février 2022.

Avec Jeune Afrique par Frida Dahmani- à Tunis

Ben Ali, l’ancien président tunisien, est mort

septembre 19, 2019

Zine El-Abidine Ben Ali en 1988. Jacques Langevin / Sygma via Getty Images

L’ex-autocrate, à la tête de son pays de 1987 à 2011, est mort jeudi 19 septembre à l’âge de 83 ans en Arabie saoudite, où il vivait en exil depuis la révolution de 2011.

Le président déchu de Tunisie, Zine El-Abidine Ben Ali, est mort jeudi 19 septembre à l’âge de 83 ans en Arabie saoudite, où il vivait en exil depuis la révolution de 2011, a indiqué à l’AFP le ministère tunisien des affaires étrangères. « Nous avons eu la confirmation de sa mort il y a trente minutes », a ajouté le ministère, sans plus de détails.

Après plus de deux décennies d’un pouvoir répressif, Ben Ali avait été renversé début 2011 par un mouvement populaire, point de départ d’une vague de révoltes dans la région connue sous le nom de « printemps arabe ».

Tigre de papier

Il aura tenu vingt-trois ans au pouvoir, mais sera tombé en moins d’un mois. De Zine El-Abidine Ben Ali, les Tunisiens garderont sans doute le souvenir de sa dernière apparition télévisée, le 13 janvier 2011 : l’homme qui les a fait trembler pendant presque un quart de siècle semble défait, presque apeuré. « Je n’étais pas au courant », « on m’a trompé », « je vous ai compris », dit-il, presque suppliant.

Mais c’est déjà trop tard : ce troisième discours en une semaine sonne comme un aveu de faiblesse. La rue ne veut plus d’un homme dont elle sait qu’il ne tient jamais ses promesses. Elle continue d’exiger sa démission. Vingt-quatre heures plus tard, Ben Ali quitte le pays pour Riyad, en Arabie saoudite, dans des conditions piteuses, en compagnie de tout son clan en pleine débandade.

Ce départ a l’allure d’une fuite et achève de ruiner son image. L’ex-autocrate apparaît soudain comme un tigre de papier. Il n’inspire plus que des sarcasmes, mais cette fois, les Tunisiens peuvent clamer haut et fort ce qu’ils disent tout bas depuis des années : ils haïssent cet homme dont l’Europe, France en tête, s’obstine à chanter les mérites, pour trois raisons au moins : sa lutte contre l’islamisme, le statut de la femme tunisienne – inégalé dans le monde arabe depuis Bourguiba – et enfin la prospérité économique de la Tunisie, petit pays dénué de ressources en hydrocarbures, à l’inverse de ses puissants voisins.

Tunisia Obit Ben Ali

Manifestation contre Ben Ali, le 14 janvier 2011, à Tunis. Il quitte le pays ce jour-là. Christophe Ena / AP

Des trois dirigeants du Maghreb, le président Ben Ali aura sans doute été le plus exécré par son peuple. Même ceux qui profitaient du système qu’il avait instauré le détestaient. Rares sont ceux qui se souviennent aujourd’hui que lors de son arrivée au pouvoir, le 7 novembre 1987, le tombeur du président Habib Bourguiba avait soulevé un immense espoir.

En destituant en douceur le père de la nation devenu sénile, celui qui est alors premier ministre libère les Tunisiens de trente ans de bourguibisme et d’une fin de règne chaotique. « L’époque que nous vivons ne peut plus souffrir ni présidence à vie ni succession automatique à la tête de l’Etat qui excluraient le peuple », annonce le nouvel homme fort du pays, dans sa première allocution à la radio nationale, ce qui provoque un enthousiasme presque incrédule.

De ce militaire de formation, par ailleurs diplômé d’électronique – son hobby –, on ne sait cependant pas grand-chose à l’époque. Le nouveau venu a 51 ans. Il est silencieux et cultive même le mystère.

« Il a toujours été fragile »

Tout au long de sa carrière, Ben Ali va faire preuve d’habileté, et même de rouerie. De 1958 à 1974, il est directeur de la sécurité militaire. Après l’échec de l’union tuniso-libyenne auquel il est soupçonné d’avoir été mêlé, il est envoyé en exil comme attaché militaire à Rabat, au Maroc. Il revient trois ans plus tard à Tunis, à la direction de la sûreté. C’est sans état d’âme qu’il mate des manifestations, en janvier 1978.

Nouvel exil en avril 1980 : sous la pression de Wassila Bourguiba, l’épouse du vieux président, il est écarté de son poste de directeur de la sûreté. « En apprenant la nouvelle, il est tombé inanimé de sa chaise, dans le bureau du ministre de l’intérieur. C’est alors que j’ai mesuré sa fragilité psychologique. Il a toujours été fragile, contrairement aux apparences », raconte un témoin de la scène.

Ben Ali est alors envoyé à Varsovie comme ambassadeur. Quatre ans plus tard, il est rappelé à Tunis. Les « émeutes du pain » viennent de se produire. On a besoin de cet homme d’ordre. En octobre 1984, il est nommé secrétaire d’Etat à la sécurité nationale. « A un militaire qui le félicitait, il a riposté : “Cette fois-ci, ce sera difficile de me faire quitter le ministère de l’intérieur” », se souvient l’un de ses anciens collègues. C’est à partir de ce moment que Ben Ali tisse sa toile sur le pays.

Au milieu des années 2000, lui qui excellait à prendre le pouls du petit peuple, grâce à ses innombrables relais policiers, se retranche dans une bulle familiale

Pour arriver à ses fins, le militaire devenu policier va agiter l’épouvantail islamiste. Devenu ministre de l’intérieur en 1986, il déclare à ses collègues interloqués, lors du premier conseil des ministres auquel il participe : « Dans notre lutte contre les islamistes, nous devons recourir à deux méthodes : la désinformation et les délinquants. Nous allons les sortir de prison pour leur confier des tâches de police. » Le système Ben Ali est né. Il ne fera que se renforcer au fil du temps, jusqu’à rendre l’atmosphère irrespirable.

Après son accession au palais de Carthage, le nouveau président applique à la lettre sa stratégie. Il fait la chasse aux islamistes, avant de s’en prendre à la gauche, puis à tous les démocrates. La presse est muselée, le multipartisme interdit – à l’exception d’une opposition de décor –, la liberté d’association confisquée et la justice mise aux ordres.

Chacun vit sous le règne de l’arbitraire. Quiconque se rebiffe s’expose à des représailles de tous ordres, des plus mesquines aux plus violentes : filatures, détentions arbitraires, confiscation de passeports, tabassages en règle, lignes téléphoniques coupées, communications Internet détournées, domiciles mis à sac, locaux professionnels cambriolés, assèchement économique par le biais de licenciements, d’intimidation ou de redressements fiscaux, campagnes d’insultes ordurières contre les opposants et les militants des droits de l’homme, tortures…

Passe-droit et rackets

Des années durant, la peur va l’emporter sur la rage. Pourtant, le mécontentement grandit. La population a le sentiment qu’elle s’est fait gruger. On lui avait promis la prospérité en échange des libertés, désormais confisquées : elle estime n’avoir ni l’une ni les autres. Avec une économie diversifiée et un taux de croissance de 6 % à 8 % par an, la situation économique du pays n’est pourtant pas si mauvaise. Mais la répartition des richesses est inégale, ce qui suscite rancœurs et frustrations.

D’année en année, le problème du chômage, en particulier des jeunes, s’installe comme une bombe à retardement. Le palais de Carthage, qui utilise la délivrance des diplômes comme un outil démagogique, n’en prend pas la mesure. Dans les foyers, on rend Ben Ali responsable de tout ce qui ne va pas : la crise de l’emploi tout d’abord, mais aussi les salaires trop bas – le minimum est à 250 dinars, soit 130 euros –, les passe-droits, le racket des petits fonctionnaires, des policiers notamment. Ou encore l’obligation d’adhérer au parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), pour obtenir un travail, une bourse, un permis de construire, etc.

Les Tunisiens vivent de plus en plus mal ce maillage étouffant de la société par le RCD et ses affidés – comités de quartier et indicateurs. Les parents s’inquiètent pour leurs enfants. « Qu’allons-nous leur léguer ? Un pays où l’Etat de droit n’est qu’un mot en l’air ? », s’interrogent-ils en substance, avec anxiété et colère, tout en poussant leur progéniture à émigrer au Canada ou en Australie, faute de pouvoir traverser la Méditerranée, puisque les Européens bouclent leurs frontières.

Tunisia Obit Ben Ali

Le 16 janvier 2011, à Tunis. Christophe Ena / AP

Au fil du temps, un sujet en vient à dominer tous les autres, alimentant la frustration générale : la mainmise de la famille sur le pays. Autrement dit, la rapine exercée par « les frères, les gendres, les neveux, les Trabelsi, les Ben Ali, les Materi, tout ce clan qui ne cesse de grossir et de s’accaparer les richesses du pays », se dit-on à voix basse, avec exaspération. Le ressentiment ne cesse de grandir. Les Tunisiens n’ont que mépris pour le couple présidentiel.

A partir du milieu des années 2000, le chef de l’Etat se coupe du pays. Lui qui excellait, du fond de son palais, à prendre le pouls du petit peuple grâce à ses innombrables relais policiers, se retranche dans une bulle familiale soigneusement entretenue par sa seconde épouse, Leïla Trabelsi, une ancienne coiffeuse de vingt et un ans sa cadette, qu’il a épousée en 1992, après avoir divorcé de sa première épouse, Naima Kéfi. Tous ceux qui lui portaient la contradiction sont écartés, ne restent que les flagorneurs. S’il continue, chaque matin, de se lever tôt, Ben Ali ne travaille plus qu’à mi-temps au palais de Carthage.

L’avertissement de Gafsa

Sitôt la matinée terminée, il regagne sa résidence privée, à Sidi Bou Saïd, pour déjeuner avec le dernier de ses cinq enfants, son jeune fils, Mohammed Zine, né en 2005, qu’il adule. Sa santé est plutôt bonne. Le président souffre d’arthrose, en particulier des genoux, mais rien n’est jamais venu confirmer le cancer de la prostate que lui prête la rumeur.

En 2008, les émeutes de Gafsa, qui devraient constituer un sérieux avertissement, sont sous-estimées par le régime. Une année durant, cette région déshéritée de l’intérieur, traditionnellement frondeuse, va être secouée par des troubles, sur fond de chômage, de mauvaise qualité de vie et d’absence de perspectives

Mais c’est d’une autre province oubliée, presque plus démunie encore, que va partir la déflagration. Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’immole par le feu devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, petite ville dans le centre du pays. La police vient de lui confisquer les fruits et légumes qu’il vendait pour faire vivre les siens, au motif qu’il n’avait pas de permis. Humiliation insupportable.

En se supprimant, ce jeune étudiant au chômage entend protester contre la hogra, ce mépris dont les jeunes se plaignent d’un bout à l’autre du Maghreb. Mohamed Bouazizi ne sait pas que son acte désespéré va entraîner le soulèvement de ses compatriotes et aboutir à la chute de Ben Ali.

Une image légèrement redorée

Après la révolution, le dictateur ne remettra jamais les pieds en Tunisie, où il est l’objet de multiples condamnations pour homicides volontaires ou malversations financières. A quelques exceptions, son clan demeure lui aussi en exil. A partir de l’année 2015, pourtant, son image se redresse légèrement au sein d’une partie de la population, exaspérée par l’instabilité politique et, surtout, la régression socio-économique. Une petite musique du type « c’était mieux avant » se glisse ainsi dans les débats publics.

Abir Moussi, une ancienne hiérarque de l’ex-Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de Ben Ali dissout en 2011, essaie de capitaliser sur ces velléités nostalgiques en développant les activités de sa formation, le Parti destourien libre (PDL). Jouant sur l’aspiration d’un segment de la population à un pouvoir fort, Mme Moussi tient un discours souverainiste et farouchement anti-islamiste. Mais son échec au premier tour de la présidentielle du 15 septembre, où elle ne recueille que 4 % des suffrages, montre bien que, malgré le désenchantement post-révolutionnaire, les Tunisiens ne sont pas prêts à adouber les héritiers de Ben Ali

 

Le Monde.fr par Florence Beaugé

 

Canada: disparition d’un cacique de la Tunisie de Ben Ali avant son expulsion

juin 2, 2016

Montréal – Belhassen Trabelsi, le beau-frère de l’ancien président tunisien Ben Ali, qui s’était réfugié à Montréal dans la foulée du printemps arabe, est introuvable alors qu’il devait être expulsé vers la Tunisie, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Ce cacique de l’ancien régime tunisien avait fui la Tunisie en jet privé en janvier 2011 pour atterrir à Montréal avec son épouse et leurs quatre enfants.

Il avait perdu son statut de résident permanent en 2012 et avait immédiatement demandé l’asile au Canada, disant craindre pour sa vie en Tunisie, selon des audiences du tribunal de l’immigration.

A deux reprises, il avait été débouté de cette demande en janvier 2015 et le 14 avril 2016. Les autorités canadiennes de l’immigration avaient conclu qu’il n’encourrait aucun risque en Tunisie, selon un jugement en date du 26 mai de la cour fédérale canadienne, consulté jeudi par l’AFP.

Rendez-vous lui avait été fixé le 24 mai dernier par l’Agence des services frontaliers du Canada afin de préparer son expulsion, prévue une semaine plus tard.

De l’avis même de son avocat, M. Trabelsi n’est plus joignable, a statué la cour fédérale canadienne, dans son jugement.

Il a disparu dans la nature, j’espère que les Canadiens vont le retrouver le plus tôt possible pour être livré à la justice tunisienne, a commenté à l’AFP le n.2 de l’ambassade tunisienne à Ottawa, Borhene El Kamel.

Jusqu’à sa disparition, le richissime homme d’affaires de 53 ans résidait dans un appartement cossu de Montréal.

Les services diplomatiques tunisiens ignoraient si M. Trabelsi faisait ou non l’objet d’une surveillance étroite de la police canadienne, a dit M. El Kamel, notant que la Tunisie quant à elle ne dispose pas de dispositif pour garder un œil sur lui en dehors de ses frontières.

À Ottawa, le gouvernement canadien s’est refusé à tout commentaire. Un porte-parole du ministre de la Sécurité publique a invoqué le respect de la vie privée pour expliquer le mutisme officiel.

On n’est pas au courant si un avis de recherche a été émis au Canada pour le fugitif tunisien, a reconnu Borhene El Kamel.

– Trafic de pièces archéologiques –

Après la chute du régime, la Tunisie avait demandé son extradition à Ottawa, les deux pays n’étant pas lié par un accord bilatéral en la matière. Tunis considère M. Trabelsi comme responsable d’un clan à l’origine d’importants détournements de fonds publics.

Frère de Leïla Trabelsi, épouse de l’ex-président, au pouvoir de 1987 à 2011, M. Trabelsi était un homme d’affaires incontournable sous le régime Ben Ali.

Lors de séances devant la Commission de l’immigration entre mai 2013 et septembre 2014 — où il se présentait lui-même comme un citoyen tunisien lambda –, la justice canadienne avait exposé les allégations de crimes graves de droit commun dont il faisait l’objet.

Le ministère canadien de la Sécurité publique avait exposé les allégations de manipulation boursière, détournement de fonds, extorsion et corruption. Le ministère notait que pour des faits identiques au Canada, M. Trabelsi aurait été considéré comme agissant au profit d’un organisme criminel. M. Trabelsi est accusé dans les documents de justice d’être en possession et trafic de pièces archéologiques en ayant quitté la Tunisie avec des statuettes antiques.

Il est réputé pour avoir été impliqué dans une corruption de grande ampleur, du remaniement de la Banque de Tunisie à l’expropriation de biens et l’extorsion de pots-de-vin, selon un câble diplomatique de juin 2008 de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis que Wikileaks avait publié trois ans plus tard.

Cette note recensait les biens d’un membre de la famille Trabelsi: compagnie aérienne, hôtels, station de radio, usine d’assemblage automobile ou intérêts dans l’immobilier.

Au Canada, il était associé à une société immobilière.

Romandie.com avec(©AFP / 02 juin 2016 18h43)

L’ancien président tunisien Ben Ali condamné à dix ans de prison par contumace

mars 19, 2016

L'ancien président tunisien Ben Ali en décembre 2010.

L’ancien président tunisien Ben Ali en décembre 2010. Crédits : FETHI BELAID / AFP
Le président tunisien déchu Zine El-Abidine Ben Ali, en exil en Arabie saoudite depuis 2011, a été condamné par contumace à dix ans de prison par le tribunal de première instance de Tunis pour « abus de pouvoir » dans une affaire liée à une agence publicitaire.

Il a été reconnu coupable d’avoir « usé de sa qualité afin de procurer des avantages injustifiés, causant un préjudice à l’administration », selon le porte-parole du parquet. Selon des journaux tunisiens, l’ancien président était intervenu personnellement pour que l’Office de tourisme tunisien accorde à une agence de publicité détenue par un de ses proches un marché à l’étranger. Le quotidien Al-Maghreb précise que l’agence a été rémunérée sans même honorer son contrat.

Condamné à la perpétuité après le printemps arabe

Le chef d’Etat, qui a dirigé le pays durant vingt-trois ans, avant d’être renversé en 2011 lors du printemps arabe, a déjà été condamné dans de multiples affaires ces cinq dernières années, notamment pour corruption, et en particulier à la prison à perpétuité pour la répression sanglante de manifestations lors de la révolution, qui a causé officiellement 338 morts.

Agé de 79 ans, il vit actuellement dans la discrétion à Jeddah, en Arabie saoudite. Face aux difficultés actuelles de la Tunisie, aussi bien économiques que sécuritaires, une nostalgie de l’ère Ben Ali s’est répandue dans une frange de la société mais l’ancien président reste largement discrédité dans l’opinion.

Lemonde.fr

Al-Qaïda au Yémen revendique l’attaque contre « Charlie Hebdo »

janvier 14, 2015

Al-Qaïda au Yémen a revendiqué l’attentat qui a décimé la semaine dernière la rédaction de « Charlie Hebdo », dans une vidéo mise en ligne sur un site islamiste. « Des héros ont été recrutés et ils ont agi », y déclare l’un de ses dirigeants, Nasser Ben Ali al-Anassi.

Il s’agit d’un acte de vengeance pour insulte au prophète Mahomet, selon cette vidéo diffusée également sur YouTube. « En ce qui concerne la sainte Bataille de Paris, nous, l’Organisation d’Al-Qaïda du Djihad dans la péninsule arabique revendiquons la responsabilité pour cette opération comme vengeance pour le messager de Dieu », déclare Nasser ben Ali al-Anassi.

Ce responsable d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) dit aussi la vidéo que les deux tueurs avaient reçu pour instruction d’attaquer l’hebdomadaire. « Nous tenons à préciser à l’intention de la nation musulmane que c’est nous qui avons choisi la cible, financé l’opération et recruté son chef ». « L’opération a été menée sur ordre de notre émir général Ayman al-Zawahiri et conformément à la volonté posthume d’Oussama ben Laden ».

Romandie.com

Tunisie : Marzouki lance un mouvement pour « empêcher le retour de la dictature »

décembre 23, 2014

Le président sortant, Moncef Marzouki.
Le président sortant, Moncef Marzouki. © AFP

Vingt-quatre heures après avoir reconnu la victoire à la présidentielle de Béji Caïd Essebsi, le président tunisien sortant Moncef Marzouki a annoncé mardi la création d’un mouvement visant à « empêcher le retour de la dictature ».

« J’annonce ici, de ce lieu, que nous lançons le mouvement du peuple de citoyens », a lancé mardi 23 décembre Moncef Marzouki du balcon de son QG de campagne devant une foule de partisans, en appelant les « démocrates » à s’y unir pour « empêcher le retour de la dictature », quatre ans après la révolution de janvier 2011. « Nous sommes de nouveau à un carrefour, a-t-il poursuivi.

Tout au long de la campagne, Moncef Marzouki a accusé Essebsi, vétéran de la politique tunisienne qui a servi sous les régimes du premier président tunisien Habib Bouguiba et de Ben Ali, d’être un représentant de l’ancien régime.

« La nécessité de former ce mouvement, le mouvement du peuple de citoyens, (vise) d’abord à empêcher le retour de la dictature parce qu’il y a malheureusement parmi ces gens des extrémistes qui veulent ramener la Tunisie au passé, et cela peut constituer un danger pour la stabilité du pays », a-t-il affirmé.

« Ni l’argent sale ni les médias biaisés ne peuvent changer le cours de l’histoire », a martelé Marzouki, tandis que ses partisans scandaient : « Le peuple veut une nouvelle révolution. »

« Organisez-vous de manière pacifique »

« Partout, organisez-vous de manière pacifique, de manière démocratique pour être la force qui repousse la dictature (…), qui lui fait peur et l’empêche de tenter de s’infiltrer et de revenir par la fenêtre alors que nous l’avons faite sortir par la porte », a-t-il ajouté.

Et Moncef Marzouki de conclure : « Je demande à tous les démocrates dont la cause est la défense des libertés, des droits et de la dignité, et non de l’aspect superficiel qu’ils appellent modernisme, qui est lié aux apparences et à la haine de l’identité arabo-musulmane, de s’unir au mouvement. »

Jeuneafrique.com avec AFP

Tunisie: un gendre de Ben Ali, condamné à la prison, rentre se défendre

novembre 18, 2014

Tunisie: un gendre de Ben Ali, condamné à la prison, rentre se défendre
Tunisie: un gendre de Ben Ali, condamné à la prison, rentre se défendre © AFP

Un gendre du président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali, Slim Chiboub, condamné à de la prison ferme dans son pays, est rentré mardi à Tunis et va contester son jugement, a annoncé son avocat à l’AFP.

M. Chiboub, un homme d’affaires, était installé aux Emirats arabes unis depuis janvier 2011 et la fuite de son beau-père à la suite d’un soulèvement populaire. Il avait été condamné par contumace en Tunisie à cinq ans de prison pour détention illégale d’arme à feu.

« Il est arrivé à l’aéroport d’Enfidha », au sud de Tunis, a affirmé Me Wissem Saïdi. « Il va directement au tribunal à Tunis pour contester (le jugement). Nous allons bien sûr demander un non-lieu et sa libération », a-t-il ajouté.

M. Chiboub s’est rendu en milieu de matinée au Palais de justice à Tunis, selon un journaliste de l’AFP sur place.

L’ex-président du club omnisports de l’Espérance sportive de Tunis (EST), dont l’équipe de football est l’une des plus populaires du pays, avait annoncé son prochain retour dans une interview publiée la semaine dernière dans l’hebdomadaire Jeune Afrique.

« Je vais essayer de tourner la page du passé pour vivre sereinement avec ma famille, dans ma société. J’ai des dossiers à clôturer avec la justice et encore une fois j’ai confiance. J’accepterai les décisions de la justice démocratique tunisienne », avait-il dit.

Le retour de M. Chiboub en Tunisie intervient au moment où d’anciens responsables sous Ben Ali font un retour en force sur la scène politique à la faveur des élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti anti-islamiste Nidaa Tounès, qui compte de nombreux proches de l’ancien régime, et de la présidentielle du 23 novembre.

A ceux qui s’interrogent sur le moment choisi pour son retour, M. Chiboub a répondu lundi sur la chaîne France 24 qu' »aujourd’hui nous avons une justice indépendante. Voilà ma garantie ».

Jeuneafriaue.com avec AFP

Mobutu, Bédié, Ben Ali… Ces chefs d’État africains qui ont fui leurs palais

septembre 4, 2014

Mobutu Sese Seko (g), Henri Konan Bédié (c), et Zine el-Abidine Ben Ali (d).
Mobutu Sese Seko (g), Henri Konan Bédié (c), et Zine el-Abidine Ben Ali (d). © Montage Jeune Afrique

Délogés par des coups d’État, des rébellions ou des révolutions, de nombreux chefs d’État africains ont définitivement quitté leurs palais dans des conditions parfois rocambolesques. De Mobutu à Amadou Toumani Touré en passant par Ben Ali, voici quelques-uns des dirigeants « fuyards » les plus célèbres du continent.

Mobutu Sese Seko quittant Kinshasa à bord d’un imposant cortège de berlines, Henri Konan Bédié fonçant sur la lagune d’Abidjan à bord d’un zodiac, ou, plus récemment, Amadou Toumani Touré dévalant la colline de Koulouba à Bamako… Ces dernières années, plusieurs chefs d’État africains ont été contraints de quitter le pouvoir en catastrophe, poussés vers la sortie par des putschistes, des rebelles, ou encore leur propre peuple. Jeune Afrique vous propose de revenir sur l’histoire mouvementée de certains d’entre eux, sans aucune prétention d’exhaustivité.

Amadou Toumani Touré, Mali

Amadou Toumani Touré a été président du Mali de 2002 à 2012. © AFP

Il a quitté le pouvoir en courant. Ou plus précisément en dévalant la côte de Koulouba, l’une des collines dominant Bamako et sur laquelle est érigé le palais présidentiel malien. Le 21 mars 2012, un groupe d’officiers, excédés par l’inaction des autorités face à la rébellion touarègue dans le Nord, prend le siège de l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM) avant de foncer vers la présidence.

Au courant de mécontentements grandissants au sein de l’armée, Amadou Toumani Touré (ATT) est persuadé, jusqu’en fin d’après-midi, qu’il peut retourner les mutins et garder la main. Peu avant 18 heures, les assaillants attaquent le palais à coup de mitrailleuses lourdes et de lance-roquettes. Le président n’a plus le choix : il faut fuir. Accompagné de son aide de camp et de trois autres militaires, il évite l’unique route desservant Koulouba et descend la colline par l’ouest – parfois porté par ses guides, en raison d’un genou douloureux. Après avoir braqué une Mercedes plus discrète qu’un véhicule officiel, le petit groupe gagne finalement le camp de parachutistes de Djicoroni, fidèle au désormais ex-chef d’État.

François Bozizé, Centrafrique

François Bozizé a été président de la République centrafricaine de 2003 à 2013. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Le 22 mars 2013, quatre mois après le début de leur rébellion contre le régime de François Bozizé, deux colonnes de rebelles de la Séléka, fortes chacune d’environ deux mille hommes, fondent sur Bangui. Deux jours plus tard, à l’aube, elles pointent leurs canons sur le palais présidentiel de la Renaissance.

À 8 heures, alors que les tirs résonnent, le président Bozizé se résout à fuir les lieux. Trente minutes plus tard, sa garde rapproché rend les armes. Lui a pris la direction du camp de Roux tout proche, où est stationné son hélicoptère de commandement Dauphin. Avec son aide de camp et deux de ses fils, il s’envole vers l’ouest. L’équipage gagne Batouri, dans l’est du Cameroun, d’où le président déchu sera ensuite amené à Yaoundé.

Mobutu Sese Seko, RDC

Le maréchal Mobutu Sese Seko a dirigé l’ex-Zaïre (RDC) de 1965 à 1997. © Pascal Maitre pour Jeune Afrique

Comme d’autre avant lui, le Léopard a été contraint de fuire le pouvoir. En ce début de mois de mai 1997, les rebelles de Laurent-Désiré Kabila, soutenus par le Rwanda et l’Ouganda, sont aux portes de Kinshasa. Leur offensive a été fulgurante. En neuf mois, ils ont traversé le pays d’est en ouest, faisant tomber successivement Goma, Kisangani et Lubumbashi. Le 16 mai, les assaillants sont à Kenge, à une poignée de kilomètres de la capitale.

 

Retranché dans son palais, Mobutu tente de s’accrocher jusqu’au bout, convaincu qu’il peut mener un régime de transition. En début de matinée, une longue escorte finit par quitter le camp Tshatshi, sa résidence officielle, et se dirige à vive allure vers l’aéroport de Ndjili. Quelques minutes plus tard, le chef de l’État embarque dans un avion à destination de son bastion de Gbadolite, dans la province de l’Équateur (Nord-Ouest). Le lendemain, le 17 mai, le Léopard s’envole pour le Togo tandis que Laurent-Désiré Kabila et ses hommes entrent dans Kinshasa.

Mouammar Kadhafi, Libye

Mouammar Kadhafi a régné sur la Libye de 1969 à 2011. © Reuters

« Bab el-Aziziya n’était plus qu’un tas de décombres après avoir été la cible de 64 missiles de l’Otan (depuis le début du conflit) et nous nous en sommes retirés pour des raisons tactiques ». Le 23 août 2011, Mouammar Kadhafi apparaît à la télévision en pleine bataille de Tripoli. Oui, il a quitté sa forteresse retranchée désormais aux mains des rebelles, qu’il surnomme « les rats ». Non, il n’est pas mort et n’entend pas se rendre.

Alors que les combattants du Conseil national de transition (CNT) paradent dans les rues de la capitale, l’ex-« Guide » et son clan s’évanouissent dans la nature, fuyant la déferlante révolutionnaire. Leurs parcours reste flou, mais ils finissent par gagner Syrte, une de leur dernière place forte. C’est à la sortie de cette ville côtière que Kadhafi sera « cueilli », deux mois plus tard, par ses ennemis. Le 20 octobre, tentant de sortir de ce bastion assiégé, son convoi est stoppé un tir aérien des forces de l’Otan. Épaulé par ses gardes du corps, l’ancien dictateur se réfugie dans un tunnel avant d’être capturé par des révolutionnaires. Lynché, peut-être victime d’une exécution sommaire, Kadhafi est déclaré mort quelques heures plus tard à l’hôpital de Misrata.

Zine el-Abidine Ben Ali, Tunisie

Zine el-Abidine Ben Ali, président de la république tunisienne de 1987 à 2011. © Reuters

Cela fait près d’un mois qu’un air révolutionnaire flotte sur la Tunisie. Le 14 janvier 2011, la tension est à son comble. Des dizaines milliers de manifestants battent le pavé à Tunis, réclamant le départ de Ben Ali. Le « raïs » reste impassible : il ne veut pas quitter le pouvoir. Le général Ali Seriati, le chef de la garde présidentielle, ne cesse de fournir des informations alarmantes. Il finit par convaincre le président de partir, le temps de mater la révolte populaire et de lui préparer un retour triomphal.

Juste avant 15 heures, Ben Ali téléphone à son vieil ami Nayef Ben Abdelaziz Al Saoud, le ministre saoudien de l’Intérieur, qui accepte de l’accueillir. Moins de deux heures plus tard, accompagné de son épouse Leïla Trabelsi, de leur fils Mohamed (6 ans), de leur fille Halima (18 ans) et de son fiancé, ainsi que de la gouvernante, il embarque dans le Boeing 737 présidentiel sur la base aérienne d’El-Aouina. À 17h45, l’avion décolle. Ben Ali s’installe rapidement dans le cockpit. Il ne le quittera à aucun moment, pour s’assurer que l’équipage fait bien route vers Djeddah, où ils atterriront vers 1h00 du matin heure locale.

Henri Konan Bédié, Côte d’Ivoire

Henri Konan Bédié, président ivoirien de 1993 à 1999. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Jeudi 23 décembre 1999, Abidjan. Alors que la ville se réveille pour entamer les derniers préparatifs de Noël, des coups de feu retentissent. Quelques heures plus tôt, un petit groupe de soldats de la caserne d’Akouédo a pris les armes pour réclamer le paiement de primes et d’arriérés de salaires. Informé de la mutinerie naissante, Henri Konan Bédié refuse toutefois d’annuler une visite dans son village de Daoukro.

En début d’après-midi, le président est rattrapé par la réalité. À Abidjan, les mutins ont pris la radio, la télévision, et ne semblent rencontrer aucune résistance. Bédié accepte de revenir dans la capitale. Dans la nuit, les soldats vont aller jusqu’à Kabacouma, dans l’ouest du pays, chercher leur homme : le général Robert Gueï. Lequel annonce le lendemain matin, vendredi 24 décembre, à la radio, la destitution du chef de l’État et la création d’un Comité national de salut public. Vers midi, Bédié comprend que la partie est jouée. Il quitte le palais pour la résidence de l’ambassadeur de France, via le célèbre tunnel construit entre les deux édifices. Avec quelques proches, dont son épouse, Henriette, il sera ensuite évacué par zodiac vers la base française de Port-Bouët, avant de gagner le Togo en hélicoptère.

Pascal Lissouba, Congo

Pascal Lissouba, président du Congo Brazzaville de 1992 à 1997. © AFP

Début juin 1997, le Congo sombre dans une guerre civile opposant les partisans de Denis Sassou Nguesso aux forces du président Pascal Lissouba. Cinq mois plus tard, à la mi-octobre, le pouvoir en place est chancelant. Le 10 octobre, les « Cobras » de Sassou lancent l’assaut final sur Brazzaville. De retour dans son palais après une tournée en Afrique australe, où il est allé chercher des soutiens de la dernière chance, le président Lissouba déclare, le 11, devant les caméras de CNN : « I am at home ».

S’en suivent trois jours de combats. Appuyé par des centaines de combattants angolais, le camp Sassou prend l’avantage. Le 14, à 3 heures du matin, un convoi de 4×4 exfiltre le président et ses derniers fidèles hors de la capitale. Destination : son fief de Dolisie, sa ville natale située à deux-cent kilomètres, d’où ils gagneront la frontière gabonaise dans la nuit du 17 au 18 octobre.

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Jeuneafrique.com par Benjamin Roger

La présidence tunisienne prolonge de huit mois l’état d’urgence

novembre 3, 2013

La présidence tunisienne a annoncé la prolongation jusqu’en juin 2014 de l’état d’urgence en vigueur depuis la révolution de janvier 2011. Cette décision intervient dans un contexte de violences jihadistes accrues.

La présidence n’a apporté aucune précision supplémentaire. Signe de la tension croissante, l’état d’urgence, qui accorde de larges pouvoirs à la police et l’armée, a été prolongé de huit mois alors que depuis un an demi il l’était par tranche de un ou trois mois.

La Tunisie est confrontée à l’essor de groupes jihadistes depuis la révolution de 2011 mais les attaques se sont multipliées ces dernières semaines.

Pour la première fois depuis le soulèvement qui a renversé le président Ben Ali, deux sites touristiques ont été ciblés mercredi: l’un a été visé par un attentat suicide qui n’a pas fait de victime et l’autre par une tentative déjouée à temps. Durant le mois d’octobre, neuf gendarmes et policiers ont été tués dans des affrontements.

Crise politique

Le gouvernement a attribué les attaques à des groupes liés aux salafistes d’Ansar Ashariaa, mouvement accusé de liens avec Al-Qaïda. L’opposition taxe les islamistes d’Ennahda au pouvoir de laxisme face à l’essor de ces violences, tandis que le gouvernement assure être en « guerre » contre le terrorisme, ce qui implique des pertes.

La recrudescence des heurts intervient durant une inextricable crise politique déclenchée fin juillet par l’assassinat du député d’opposition Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.

Le syndicat UGTT, principal médiateur de la crise politique tunisienne, a indiqué que la date limite pour que la classe politique s’accorde sur le nom du nouveau premier ministre a été portée à lundi midi.

Ennahda et l’opposition n’ont pas réussi à trouver un accord samedi. Les négociateurs ne parviennent pas à départager deux candidats: Mohamed Ennaceur, 79 ans, soutenu par l’opposition, et Ahmed Mestiri, 88 ans, soutenu par Ennahda et ses alliés.

Romandie.com

Proches de Ben Ali : trois banques suisses sanctionnées

octobre 21, 2013

L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) suisse a sanctionné trois banques privées pour avoir failli dans le contrôle des comptes suisses de personnes proches de l’ancien président tunisien Ben Ali.

L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a sanctionné les banques HSBC, Union bancaire privée (UBP) et EFG Bank pour leur gestion des comptes bancaires suisses des proches de l’ancien régime tunisien, selon la télévision suisse RTS. Ces banques ont « gravement enfreint le droit de la surveillance » et n’ont pas été suffisamment rigoureuses quant au processus de révision annuel de leur clientèle de personnes exposées politiquement (PEP). Le régulateur leur demande de payer plusieurs dizaines de milliers d’euros.

La procédure d’enquête avait été lancée en 2011 par la Finma suite aux événements du Printemps arabe. « Les clarifications effectuées par la Finma ont débouché sur le constat que la majorité des vingt banques examinées connaissent leurs obligations en relation avec les PEP et y répondent de façon correcte et efficace », avait alors indiqué l’autorité de régulation dans un communiqué. Cette dernière avait néanmoins décidé de poursuivre son enquête pour quatre cas précis.

Selon la législation suisse, les banques doivent être particulièrement vigilantes avec leur clientèle PEP. Ces règles, qui s’appliquent aussi aux associés et aux familles de ces personnes, visent notamment à éviter le blanchiment d’argent.

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Personnes exposées politiquement

La Finma a ainsi condamné UBP et EFG à lui verser respectivement 49 000 (40 000 euros) et 46 000 francs suisses (37 000 euros) pour des frais de procédure en mai 2012. « UBP a décidé de ne pas faire appel suite à cette décision et a préféré consacrer son énergie à améliorer ses méthodes de travail conformément à la décision », indique un communiqué du groupe.

La sanction a été plus sévère pour HSBC. L’autorité de régulation a condamné le groupe en avril 2013 à lui verser 88 000 francs suisses (environ 71 000 euros) et lui a imposé un auditeur externe, en plus de l’interdiction d’ouvrir des comptes pour les PEP pendant trois ans. « Nous avons pris d’importantes mesures de correction depuis, qui ont été bien accueillies par le régulateur », a affirmé un porte-parole de HSBC, contacté par RTS.

HSBC a annoncé en août 2013 qu’elle ne souhaitait pas conserver la gestion des comptes d’une quarantaine de représentations diplomatiques pour renforcer sa lutte contre l’argent sale. Le groupe avait été condamné l’an dernier aux États-Unis à une amende record de 1,9 milliard de dollars (1,5 milliard d’euros) pour complicité de blanchiment d’argent.

Jeuneafrique.com