Le Bénin a célébré samedi le soixantième anniversaire de son accession à l’indépendance sans les traditionnelles festivités. Le défilé des forces de sécurité et de défense a notamment été annulé.
C’est une première, qui n’a cependant pas suscité de réactions ni de protestations dans le pays, qui recense 1770 cas confirmés et 35 décès, selon les chiffres en date du 24 juillet.
Le gouvernement béninois avait annoncé qu’il n’y aurait aucune festivité et a annulé le traditionnel défilé des forces de sécurité et de défense, considéré comme la plus grande attraction de cette commémoration depuis 60 ans.
Une dizaine de minutes de cérémonies
Le président Patrice Talon a néanmoins procédé à une cérémonie de dépôt de gerbe sur la place du monument aux morts, après y avoir allumé la « flamme de l’espoir ».
Il a ensuite pris part à une modeste cérémonie de prise d’armes et de revue des troupes devant un léger détachement de la police républicaine, de l’armée de l’air, des forces navales, et de l’armée de l’air et de la Garde nationale, une composante nouvellement créé au sein de l’armée.
Les deux cérémonies n’ont duré qu’une dizaine de minutes.
#FierDetreBeninois
Sur les réseaux sociaux, les comptes des principales institutions du pays, dont la présidence et le gouvernement, ont lancé deux hashtags – #FiereDetreBeninoise et #FierDetreBeninois – qui ont été repris par de nombreux internautes.
#FiereDetreBeninoise
Nous ne sommes certes pas satisfait de là où nous en sommes mais soyons tout de même fière de là où nous en sommes. Il reste beaucoup à faire mais c’est petit à petit wue l’oiseau fait son nid.
#229 @gouvbeninpic.twitter.com/yJRwHhDG3z
La veille, le chef de l’Etat béninois avait adressé son traditionnel message à la nation diffusé à la télévision et sur les réseaux sociaux.
Crise sanitaire et économique
« La célébration de cette fête nationale intervient dans un contexte tout particulier, marqué par la pandémie de Covid-19. C’est la plus grave crise sanitaire de notre temps. Elle se double d’une crise économique tout aussi préoccupante », a indiqué Patrice Talon.
Le président béninois a par ailleurs affirmé avoir mis en oeuvre « une politique de riposte courageuse, avec des moyens financiers importants », en vue de « prévenir la propagation de la pandémie et d’assurer la prise en charge efficace des personnes affectées»
Vendredi, le gouvernement a notamment annoncé son intention de soutenir les exploitations agricoles et les petites et moyennes entreprises grâce à un plan financier de 100 milliards de francs CFA (Plus de 152 millions d’euros).
Cotonou est sur le point d’inaugurer l’immeuble de Sèmè-One, un incubateur de start-up aux ambitions régionales.
Abdoul Halim Asouma, le responsable des travaux de construction de l’incubateur de start-up Sème-One, a voulu faire de ces 4 250 m2 entièrement dédiés à la recherche et aux nouvelles technologies, « un bâtiment innovant et intelligent », peu gourmand en énergie, et à la pointe des plus grands centres africains de ce type.
Les maçons et les peintres font les dernières retouches, et dans quelques jours, Sèmè-One accueillera entrepreneurs, « incubés », et étudiants spécialisés dans les nouvelles technologies : un choix politique qui trouve tout son sens en ces temps de pandémie mondiale et de courses aux innovations.
Hub technologique pour l’Afrique
Ce nouveau bâtiment fait partie de Sèmè-City, un programme de développement économique voulu par le chef de l’État, Patrice Talon, visant à faire du Bénin un hub technologique pour l’Afrique de l’Ouest, sur le modèle du Kenya en Afrique de l’Est, ou du Rwanda pour l’Afrique des Grands Lacs.
Avant même la finalisation de ce nouveau projet, l’incubateur était d’ailleurs logé depuis deux ans dans des locaux annexes de la Présidence, et est déjà devenu le point de convergence des étudiants, chercheurs, entrepreneurs, des chefs de petites et grandes entreprises et même des simples citoyens qui peuvent venir travailler dans les locaux ou assister à des conférences.
Pour sa directrice générale, Claude Borna, Sèmè-City est « un lieu unique qui accompagne et forme les talents de demain, qui fait la promotion de l’innovation made in Africa », explique-t-elle à l’AFP.
Diplômée de l’université de Californie à Los Angeles, et de McGill University à Montréal, cette quadragénaire a longtemps travaillé pour de grands groupes internationaux, comme conseillère en stratégie commerciale et innovation avant de rentrer au Bénin en 2016.
« On vient à Sèmè-City chercher des collaborations, des formations, de l’accompagnement pour monter un projet. La finalité est de résoudre des problèmes avec de nouvelles méthodes », dit-elle avec fierté. « Les jeunes ont souvent pleins d’idées, mais manquent de cadre et d’accompagnements ».
Task force anti-Covid
Et avec la propagation du Covid-19 au Bénin, toutes les idées sont les bienvenues, et il faut surtout pouvoir les mettre en oeuvre rapidement. Depuis avril et les premiers cas déclarés, les « incubés » cherchent des solutions et mettent en place des prototypes d’objets ou d’applications pour ralentir la propagation du virus.
Grâce à un financement de l’Unfpa-Bénin (Fonds des Nations unies pour la population), quinze organisations nationales et internationales se sont réunies dans une task force pour lutter contre la pandémie, avec aussi pour ambition, de trouver des solutions adaptées aux environnements socio-économiques et culturels du Bénin et de l’Afrique de l’Ouest.
À 29 ans, Donald Tchaou et cinq de ses amis ont ainsi mis au point X-over, une application mobile pour mieux respecter la distanciation sociale et permet aussi de retracer la chaîne de contacts d’une personne infectée. Elle est aussi équipée d’un scanner Code QR pour contrôler les usagers avant l’accès dans un bâtiment et est mise en circulation dans le pays.
« Quand nous avons eu l’idée, nous sommes venus à Sèmè-City, qui a mis à notre disposition tous les moyens nécessaires. Nous avons bénéficié aussi d’un coaching personnalisé », raconte-t-il.
Cette application de traçage n’est pas unique au monde, mais pour des raisons de coûts et de cyber-sécurité, il est important que les pays, même les plus pauvres, se lancent à leur tour dans ces phases de recherches.
Des centres médicaux démontables
Mais Sèmè-City, ne s’adresse pas seulement aux « geeks » ou jeunes « startupers ». Habib Mémé, la trentaine, a suivi des études d’architecture. Associé à une dizaine d’ingénieurs et informaticiens, il a développé le projet « COM-finement », des centres médicaux de prise en charge en cas d’épidémies (Covid-19, mais aussi, choléra, fièvres hémorragiques…), « montables et démontables rapidement ».
La spécificité de ces centres est qu’ils sont « connectés entre eux, à travers un système de télémédecine pour des usages en milieu rural ou urbain », explique le développeur. A Sèmè-City, « ils nous ont dirigé vers des bailleurs de fond potentiels et nous ont donné des retours techniques très pertinents ».
COM-finement a déjà séduit plusieurs gouvernements d’Afrique de l’Ouest, et plusieurs prototypes sont en phase expérimentale, assure son inventeur.
Financement, mais aussi structuration, législation, développement marketing,… fonder une start-up ou transformer ses idées en entreprise viable et profitable, nécessite un encadrement pointu et des partenariats solides. Armelle Dossa, 25 ans, spécialisée dans « l’agri-tech », prépare un projet de commercialisation à grande échelle de légumes bio. « Si ce cadre avait existé au Bénin depuis dix ans, on aurait beaucoup de jeunes dans l’entrepreneuriat et un taux de chômage plus faible », conclut-elle.
La France va rendre légalement un sabre historique au Sénégal et vingt-six objets du patrimoine béninois. Cette décision inédite n’ouvre cependant pas la voie à la restitution de toutes les œuvres africaines pillées pendant la colonisation.
Cotonou avait reçu une fin de non-recevoir quand, en juillet 2016, les autorités béninoises avaient réclamé à la France la restitution de « trésors pillés » lors de la période coloniale. Quatre ans plus tard, le gouvernement français a changé, son positionnement aussi.
Mercredi 15 juillet, un projet de loi porté par la nouvelle ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, et le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, qui prévoit la restitution de biens culturels au Sénégal et au Bénin a été examiné en Conseil des ministres. Une première.
Si celui-ci est voté au Parlement, la loi va acter, sous un délai maximal de un an, à compter de sa publication au journal officiel, le transfert de propriété du sabre avec fourreau du conquérant El Hadj Oumar Tall, fondateur de l’empire Toucouleur qui avait été symboliquement remis – sous forme de prêt de cinq ans – par la France, au président Macky Sall, lors de la visite à Dakar du Premier ministre Édouard Philippe.
Ce sabre avait été confisqué par le général Archinard qui avait participé à la conquête coloniale de l’Afrique de l’Ouest à la fin du XIXème siècle.
Pillages d’œuvres
Cette loi va également permettre à Emmanuel Macron d’honorer une promesse qu’il avait formulée à Ouagadougou en novembre 2017, à savoir, « rendre vingt-six œuvres au Bénin » qui appartiennent au « Trésor de Béhanzin ». Parmi ces objets, seront entre autres restitués la statue d’anthropomorphe du roi Ghézo, celle du roi Béhanzin, la porte du Palais Royal d’Abomey … des oeuvres hautement symboliques pour le Bénin, autrefois appelé le Royaume de Dahomey.
Entreposées au Musée du Quai-Branly, ces œuvres avaient été pillées lors du sac des palais des rois d’Abomey par les troupes coloniales françaises. Trônes et sceptres royaux, bracelets d’argents et d’étain, pièces d’or, portes sacrées, statues anthropomorphes furent apportées en France, tels des trophées, par le général Alfred Amédée Dodds en 1892.
Les prédécesseurs du président français n’avaient jamais accepté de suivre cette voie
« Ce projet de loi relatif à la restitution des œuvres africaines exprime la volonté du président Macron de changer son approche vis-à-vis de l’Afrique. Ses prédécesseurs n’avaient jamais accepté de suivre cette voie », se réjouit-on à l’Élysée.
Une jurisprudence Bénin et Sénégal
Une victoire pour la jeunesse africaine, considère Marie-Cécile Zinsou, historienne de l’art et présidente de la fondation Zinsou qui se consacre à l’art contemporain. « La mission fondamentale du patrimoine va permettre à la jeunesse africaine d’avoir accès à son histoire avec la conditionnalité qu’une fois que la loi est votée, la France devra restituer les œuvres africains. »
Puis de conclure : « Ce projet de loi crée un précédent, et je pense que le jour où le Mali et la Côte d’Ivoire vont aussi faire des demandes, celles-ci vont être écoutées, car il y aura déjà eu la jurisprudence Bénin et Sénégal ».
Mais cette loi va-t-elle ouvrir le droit à la restitution d’œuvres à tous les pays qui en feront la demande auprès de la France ? La réponse est « non » car il n’existe pas de loi générale qui revient sur le caractère inaliénable des objets exposés dans les musées. Dans le projet de loi qui sera présenté à l’Assemblée nationale, c’est la loi spécifique de sortie de collection qui a été retenue. « Le président préfère procéder au cas par cas », défend l’Élysée.
En effet, le principe d’inaliénabilité, conformément à l’article 451-5 du code de patrimoine qui stipule que « les biens constituants les collections des musées de France appartenant à une personne publique font partie du domaine public et sont à ce titre inaliénables », n’a pas été amendé comme le préconisait le rapport Sarr-Savoy.
Ainsi, la restitution ne concerne que le Sénégal et le Bénin et uniquement les objets précisés par le texte : le sabre d’El Hadj Oumar Tall et les 26 œuvres béninoises promises par le président français.
Les pays comme la Côte d’Ivoire ou encore le Mali qui demanderont à la France de leur restituer leurs biens patrimoniaux devront eux aussi se soumettre au calendrier législatif français. À terme, ces lois ad hoc risquent de fortement ralentir le processus de restitution.
Restitution sous conditions ?
Si la France a promis de rendre un certain nombre de biens, elle ne compte pas le faire dans n’importe quelles conditions. Le ministère de la Culture s’est engagé d’accompagner dans une certaine mesure les pays auxquels il restitue les œuvres d’art. Cela va passer par la formation professionnelle, notamment au métier de la conservation. La France exige également que les pays concernés possèdent des espaces pour conserver de manière durable les objets restitués.
Alors qu’en matière muséale le Sénégal semble bien loti – Dakar a récemment inauguré le musée des civilisations noires –, ce n’est pas forcément le cas pour le Bénin, et la France compte apporter sa pierre à l’édifice.
C’est dans ce cadre que Paris a signé, en décembre 2019, avec Cotonou, un programme commun de travail entre les deux pays. Celui-ci prévoit l’appui à la construction, à Abomey, dans le sud du pays, du Musée de l’épopée des amazones et des rois d’Abomey et la rénovation des palais existants, avec un financement de 14 millions d’euros de la part de l’Agence française de développement (AFD).
Cette démarche bien que vertueuse ne doit néanmoins pas se substituer aux décisions des pays. Il appartient avant tout aux États africains de juger s’ils sont en capacité ou non de réceptionner des œuvres qui leur ont été retirées pendant la période coloniale.
Le candidat malheureux à la présidentielle béninoise de 2016 a été condamné en appel pour « dépassement de frais de campagne électorale » à quatre ans d’inéligibilité et cinq millions de F CFA d’amende.
Le verdict de la Cour d’appel de Cotonou est tombé ce mardi matin. Il confirme, en partie seulement, la condamnation en première instance de l’ancien Premier ministre béninois. Lionel Zinsou, reconnu coupable en appel de « dépassement de frais de campagne électorale », écope de quatre ans d’inéligibilité et cinq millions de francs CFA d’amende (environ 7 600 euros).
En première instance, les juges l’avaient condamné à cinq ans d’inéligibilité, et fixé l’amende à 50 millions de francs CFA. Surtout, ils avaient condamné Lionel Zinsou à six mois de prison avec sursis. Une peine qui disparaît du jugement en appel : les juges ont en effet rejeté le chef d’accusation de « faux et usage de faux », considérant qu’il n’était pas constitué. Ils ont suivi en cela le réquisitoire délivré par le procureur lors de l’audience du 4 février dernier.
« Décision de non-droit »
Lionel Zinsou a désormais la possibilité de déposer un recours devant la Cour de cassation. Une solution qui est « envisagée » par l’avocat de l’ancien Premier ministre, Me Robert Dossou, et d’autant plus privilégiée par la défense que les juges d’appel n’ont conservé que les charges relevant du contentieux électoral. Or, la Cour suprême, compétente en matière de litiges relatifs au processus électoral, avait décidé, après la présidentielle de 2016, de ne pas engager de procédure à l’encontre de Zinsou.
Très remonté contre la décision de la Cour d’appel, Me Robert Dossou, contacté par Jeune Afrique, estime que cette condamnation est « une décision de non-droit : les juges ont préféré faire plaisir au pouvoir plutôt que de dire le droit ».
Pour l’avocat, qui fut président de la Cour constitutionnelle du Bénin de 2008 à 2013, « il n’y avait aucune pièce justifiant matériellement d’un dépassement de frais de campagne. Tout le dossier ne tient que sur la parole du procureur ». Pour Me Robert Dossou, « l’objectif est clair : il s’agit de rendre inéligible Lionel Zinsou », car, estime l’avocat « le pouvoir veut écarter tout candidat crédible potentiel à la présidentielle de 2021 ».
L’ancien Premier ministre de Thomas Boni Yayi s’était lancé dans la course à la présidence en 2016 sous les couleurs des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), le parti du président sortant. Il avait alors obtenu le soutien du Parti du renouveau démocratique (PRD, d’Adrien Houngbédji) et la Renaissance du Bénin (RB, de l’ancien président Nicéphore Soglo).
Arrivé en tête du premier tour, il s’était finalement incliné au second face à Patrice Talon, ne recueillant que 34,6 % des suffrages exprimés, contre 65,4 % pour son adversaire.
Bras de fer avec Mahamadou Bonkoungou
Il est accusé d’avoir, lors de cette campagne, dépassé le montant maximal de dépenses autorisées (2,5 milliards de F CFA, soit 3,8 millions d’euros). Un dépassement que le principal intéressé et ses avocats ont toujours nié, insistant par ailleurs sur le fait que la Cour des comptes n’avait relevé aucun manquement après avoir étudié ses comptes de campagne.
Au centre du contentieux : 15 milliards de F CFA (23 millions d’euros) présumés avoir été empruntés par Zinsou auprès de Bonkoungou, à la veille de la campagne. Après avoir un temps bataillé devant les tribunaux de Cotonou et de Paris, l’affaire avait finalement débouché sur un règlement à l’amiable, notamment grâce à la médiation du chef d’État ivoirien Alassane Ouattara et de son homologue guinéen Alpha Condé.
La radio de l’homme d’affaires et opposant béninois en exil Sébastien Ajavon a été suspendue mercredi, sur les ondes et en ligne, en raison d’une décision de l’autorité béninoise de régulation des médias, a indiqué son rédacteur en chef.
«Nous avons reçu mardi un courrier du président de la Haac (Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication), qui nous demande de suspendre nos émissions à partir de minuit jusqu’à nouvel ordre», a expliqué Saturnin Djossou, rédacteur en chef de la station, Soleil FM. Mercredi, la radio n’émettait plus sur ses fréquences, et ses émissions sur son site internet étaient aussi suspendues. «Notre convention est arrivée à expiration. Nous avons introduit la demande de renouvellement dans le délai requis, mais la demande n’a pas abouti», selon Saturnin Djossou. Sollicitée, la Haac n’a pas réagi.
Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon, qui a fait fortune dans l’agroalimentaire, était arrivé troisième et s’était rallié à l’actuel président, Patrice Talon. Les relations entre les deux hommes, deux milliardaires qui s’opposent en politique et en affaires, s’étaient vite dégradées. En octobre 2016, Sébastien Ajavon avait été arrêté après la découverte d’environ 18 kilos de cocaïne pure d’une valeur estimée à 14 millions d’euros dans un conteneur destiné à l’une de ses sociétés. Il avait été relaxé quelques mois plus tard, faute de preuve et «au bénéfice du doute». Mais un tribunal spécial l’avait ensuite condamné à 20 ans de prison: depuis, Sébastien Ajavon vit en exil en France.
La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) avait condamné fin novembre le Bénin à payer 60 millions d’euros de «préjudices économiques et moraux» à Sébastien Ajavon, dans cette affaire. Fin mars 2018, l’opposant a créé son propre parti en vue de la présidentielle de 2020, l’Union sociale libérale (USL).
Candidat malheureux à la présidentielle de 2016 face à Patrice Talon, Lionel Zinsou a été condamné vendredi 2 août à six mois de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité pour « faux » et « dépassement de fonds de campagne électorale ». Ses avocats dénoncent un jugement basé sur « un dossier sans aucune preuve » et annoncent leur intention de faire appel.
Le couperet est tombé ce vendredi matin au tribunal de première instance de Cotonou. L’ancien Premier ministre béninois Lionel Zinsou a été reconnu coupable de « faux » et de « dépassement de fonds de campagne électorale », et condamné pour cela à cinq ans d’inéligibilité et à six mois de prison avec sursis. Il a par ailleurs été condamné à une amende de 50 millions de francs CFA. Ses avocats ont d’ores et déjà indiqué leur intention de faire appel de la décision. Ils ont quinze jours pour le faire.
« Cela fait 55 ans que je pratique le droit, et je n’ai jamais vu ça, a réagi Me Robert Dossou, avocat de Lionel Zinsou, quelques minutes après l’annonce de la condamnation. Il n’y avait aucun élément constitutif de preuve dans ce dossier. Lorsque l’on condamne quelqu’un pour « faux », la moindre des choses est de produire un document supposément « faux ». Or, cela n’a pas été le cas ici », a dénoncé l’avocat, interrogé par Jeune Afrique.
« L’objectif est clair, et entre en résonance avec les affaires qui se succèdent ces derniers mois : il s’agit de rendre inéligible tous ceux qui seraient susceptible d’être des concurrents à Patrice Talon », vitupère l’avocat. Me Dossou, qui affirme que « la justice a été instrumentalisée dans ce dossier », a annoncé que « Lionel Zinsou fera appel de cette décision ». Mais, à l’en croire, « sans illusion » quant à l’issue de ce recours.
Douze mois requis
Ni Lionel Zinsou, ni ses avocats, n’étaient présents au tribunal pour entendre la décision. Le tribunal a en grande partie suivi les réquisitions du procureur qui, le 19 juillet dernier, avait réclamé douze mois de prison avec sursis, une amende de 50 millions de francs CFA et une peine d’inéligibilité pour l’ancien Premier ministre de Thomas Boni Yayi.
Lors de la campagne présidentielle de 2016, Lionel Zinsou avait été désigné candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), le parti du président sortant, et enregistré le soutien de deux autres partis, le Parti du renouveau démocratique (PRD) et la Renaissance du Bénin (RB).
Quatre otages, dont les deux touristes français enlevés au Bénin le 1er mai, ont été libérés au cours d’une opération militaire française menée dans la nuit de jeudi à vendredi dans le nord du Burkina Faso. Deux soldats français ont été tués, a annoncé la présidence française.
L’opération militaire a été « conduite par les forces françaises dans la nuit de jeudi à vendredi, au nord du Burkina Faso ». Elle a permis de libérer quatre otages, « dont Patrick Picque et Laurent Lassimouillas, enlevés le 1er mai dernier au Bénin », a annoncé l’Élysée dans son communiqué. « Une citoyenne américaine et une ressortissante sud-coréenne ont également été libérées », précisent les services de la présidence française.
Deux soldats français tués
Deux militaires français ont été tués au cours de cette intervention, « le maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello, tous deux officiers mariniers au sein du commandement des opérations spéciales », a précisé l’Élysée.
Dans son communiqué, le président français « remercie les autorités béninoises et burkinabè pour leur parfaite coopération » et « les assure de l’entière volonté de la France à les aider dans leur lutte contre le terrorisme au Sahel ».
Dans un communiqué de presse, Florence Parly, la ministre française des Armées, a par ailleurs salué « le précieux soutien [des] alliés américains [de la France] dans la conduite de cette opération ».
L’état-major des armées a apporté plusieurs précisions sur la manière dont cette opération visant un « campement » où se trouvaient les otages a été conduite. Saluant « l’engagement exemplaire des forces spéciales françaises », le général d’armée François Lecointre, chef d’état-major des armées, insiste également sur « le concours direct de l’opération Barkhane, des forces armées burkinabè et le soutien américain en renseignements ».
« Ces facteurs ont été essentiels pour le succès de l’opération, garantissant la réactivité dès l’annonce de la disparition des deux Français, la mise à disposition de moyens et la cohérence d’ensemble de l’opération », précise encore l’état-major français.
À 29 ans, Ulrich Sossou a déjà mis sur orbite une fort belle constellation numérique qui compte quelques pépites, comme l’incubateur TekXL et le magazine en ligne Ecce Africa. « Aujourd’hui, grâce au numérique, tu peux être n’importe où et avoir des clients aux quatre coins du monde, explique l’ingénieur. Pour ma part, je forme des gens aux nouveaux métiers du numérique, j’aide des créateurs à se faire mieux connaître sur la Toile et je soutiens de jeunes entrepreneurs qui veulent créer leur boîte sur le web. »
Fils d’une commerçante et d’un médecin cotonois, ce bon petit génie a grandi dans un milieu plutôt ouvert, cultivé et privilégié. « Ma mère vendait, entre autres, des boissons qui, malgré les coupures de courant, étaient toujours fraîches parce qu’elle gérait bien son processus, de A à Z, raconte-t-il. Je m’en suis toujours inspiré. »
L’année de son baccalauréat, Ulrich Sossou commence comme beaucoup de jeunes par chercher une école à l’étranger, de préférence aux États-Unis ou au Canada. « Je ne voulais pas que mes parents s’endettent pour moi, j’ai donc décidé de rester à Cotonou. » Il obtient un master en génie industriel à l’Institut régional du génie industriel, des biotechnologies et sciences appliquées (Irgib-Africa).
Pour financer mes études, j’ai travaillé à mon compte en conseillant des entrepreneurs dans leurs projets numériques.
« Parallèlement, pour financer mes études, j’ai travaillé à mon compte en conseillant des entrepreneurs dans leurs projets numériques. » Parmi ses clients, l’université américaine Stanford, qui lui commande la conception d’une plateforme de cours en ligne. Montant du contrat : 5 millions de F CFA (7 600 euros), qu’il réinvestit dans de nouveaux développements.
Il crée notamment Takitiz, une société de solutions numériques qu’il revend en 2011 et, trois ans plus tard, FlyerCo, un site d’édition de flyers destiné aux agents immobiliers, qui, à sa vente, en avril 2016, affichait plus de 10 000 utilisateurs et un chiffre d’affaires annuel de 60 millions de F CFA.
En 2014, avec son compatriote Senam Beheton, Ulrich Sossou fonde TekXL, dont il est directeur technique : 11 start-up y sont actuellement incubées. En août 2015, c’est le lancement du magazine en ligne Ecce Africa, consacré à l’innovation sur le continent, à la conception duquel Ulrich Sossou a travaillé avec, entre autres, Marie-Cécile Zinsou.
Sa dernière création ? Botamp. Le service en ligne, qu’il a lancé en septembre 2016, permet d’automatiser et de personnaliser les techniques de marketing digital via les applications de messagerie comme Messenger ou WhatsApp.
Odile Gnonwin 25 ans, fondatrice et directrice générale du Centre de transformation des noix tigrées (CTNT)
«On parle beaucoup de grands patrons au Bénin, rarement de grandes femmes d’affaires. Je serai cette femme-là ! » assure Odile Gnonwin. Travailleuse, fonceuse et inventive, cette fille de mécanicien semble avoir tout pour relever le défi qu’elle s’est fixé de devenir « la reine de la noix tigrée », une plante herbacée cultivée dans le nord du pays, également appelée souchet, ou plus communément fio, en langue fon.
« J’ai commencé par vendre du souchet grillé à la fac, explique la jeune femme. Ça marchait tellement bien que je me suis rapidement fait de l’argent et me suis demandé si je pouvais apporter quelque chose en plus. »
En 2015, son master en droit des affaires obtenu, elle crée la première unité de transformation de souchet du pays, installée sur le lopin de terre familial du quartier de Tankpè, à Abomey-Calavi, et fonde sa marque, Norée, sous laquelle elle commercialise une dizaine de produits (ensachés sous vide et parfaitement étiquetés) : farines, biscuits, croquettes craquantes, crème hydratante, huile purifiante, tisanes et même whisky de souchet…
J’ai commencé par vendre du souchet grillé à la fac.
Outre leur saveur (noisette), ces tubercules sont réputés pour leurs qualités nutritionnelles : riches en minéraux, ils réduisent « le mauvais cholestérol » et auraient même des vertus aphrodisiaques.
Avec un chiffre d’affaires mensuel d’environ 300 000 F CFA (460 euros), Odile Gnonwin emploie désormais quelques ouvriers et compte embaucher prochainement un représentant qui sillonnera le pays pour faire connaître sa marque et ses produits. À la mi-décembre 2016, elle a remporté le premier trophée Benin Young Business Award (Byba), prix créé l’an dernier par plusieurs opérateurs présents au Bénin afin de distinguer de jeunes entrepreneurs.
Depuis qu’il a créé son entreprise, en 2015, tout est allé très vite. « J’ai commencé seul, avec juste un ordinateur portatif et une page Facebook pour faire la promotion de mes produits, que je livrais moi-même à la demande. Aujourd’hui, j’en vends 3 000 par an », se félicite Éric Mêtinhoué.
Sa PME, Btech, emploie désormais 15 collaborateurs et a réalisé en 2016, pour sa première pleine année d’exercice, un chiffre d’affaires d’environ 100 millions de F CFA (152 500 euros). Ses produits ? Des tablettes numériques conçues au Bénin et produites en Chine. Déclinées en quatre versions (Primaire, Collège, Université et Business), elles sont commercialisées sous la marque Kova (« Je suis arrivé ») à partir de 50 000 F CFA (76 euros) l’unité, dans une quinzaine de points de vente à travers le pays (principalement dans la région de Cotonou et de Porto-Novo, où le réseau internet est le plus performant) et sur deux sites d’e-commerce.
J’ai commencé seul, avec juste un ordinateur portatif et une page Facebook pour faire la promotion de mes produits
« Pour me différencier des autres marques, j’ai imaginé une tablette avec des logiciels de gestion, des suites d’applications spécifiques adaptées à différents âges et aux utilisateurs ouest-africains », explique Éric Mêtinhoué, qui espère pouvoir inaugurer la première chaîne de production Btech à Cotonou dès 2018.
Le jeune patron aime voyager aux États-Unis, « pour se rapprocher du high-tech », dit-il, mais aussi dans la sous-région, notamment à Lomé, au Togo, et à Niamey, au Niger, où il se rend régulièrement en voiture « pour se rapprocher de [ses] clients de demain ».
Dans un entretien retransmis à la télévision, le président béninois a déclaré samedi qu’il abandonnait son projet de révision de la Constitution après le refus du Parlement d’examiner le projet en question. C’était pourtant l’un des engagements phares de sa campagne,
« Ce projet de révision que j’ai porté avec tant de ferveur, tant de foi […] c’est terminé, c’est derrière moi », a déclaré le président béninois Patrice Talon, dans un entretien accordé dans le cadre de l’émission À bâtons rompus, et diffusé notamment sur la chaîne de télévision nationale ORTB, samedi 8 avril.
Le chef de l’État a exclu l’option de soumettre le projet de réforme constitutionnelle au référendum, après le refus du Parlement d’examiner le texte, émis quatre jours plus tôt. Ledit projet devait recueillir les trois quarts des voix de l’Assemblée nationale pour être débattu. « Il faut en prendre acte avec sérénité », a affirmé Patrice Talon, déplorant qu’une minorité de députés − 23 élus − ait rejeté le débat parlementaire.
« Bien que j’éprouve une certaine tristesse [du] fait que le projet n’ait pu être apprécié, analysé, débattu, je n’éprouve aucune amertume. Je m’incline. C’est cela mon rôle car je suis un démocrate. J’appartiens à la Nation, la Nation ne m’appartient pas », a ajouté le chef de l’État, douze mois après son investiture à la plus haute fonction du pays.
Un mandat présidentiel unique
Promesse phare de sa campagne et considérée comme « un préalable pour la bonne gouvernance », la révision de la Constitution prévoyait notamment l’instauration d’un mandat présidentiel unique, d’une durée de six ans.
Cette question « aurait pu être réglée maintenant, par la révision de la Constitution, une fois pour de bon », « cela n’est pas passé », a regretté Patrice Talon qui, par conséquent, compte bien entretenir le suspense. Interrogé sur son éventuelle candidature à un second mandat, le président béninois rétorque : « En 2021,j j’aviserai ».
Déjà fragilisé par plusieurs contestations sociales, le gouvernement béninois était apparu désuni après la démission du ministre de la Défense, Candide Azannaï, le 27 mars. Soutien de la première heure du Patrice Talon, ce proche du chef de l’État avait justifié sa décision par le contexte économique et social tendu.
Cotonou – Le ministre béninois de la Défense, fort soutien du président Patrice Talon au sein du gouvernement, a annoncé lundi avoir remis sa lettre de démission, créant la surprise dans un contexte politique tendu en raison de la volonté du président de réformer la Constitution.
« Face aux derniers développements de l’actualité politique dans notre pays, j’ai décidé de remettre ma démission du gouvernement », a écrit le ministre Candide Armand-Marie Azannai sur sa page Facebook. Le président Talon a convoqué l’Assemblée en session extraordinaire pour voter un projet de réforme constitutionnelle qui prévoit notamment un mandat présidentiel unique et fait polémique.
La lettre a été présentée au président de la République Patrice Talon, tôt ce lundi, explique le ministre: « J’ai prié Monsieur Patrice Talon (…) d’accepter ladite démission », écrit M. Azannai.
Ancien député, Candide Armand-Marie Azannai avait été également ministre sous l’ancien président de la République du Bénin Boni Yayi avant de se rallier à l’opposition contre celui-ci, soutenant la candidature de l’actuel chef de l’Etat, Patrice Talon au pouvoir depuis le 6 avril 2016.
Le nouveau projet de Constitution -l’un des arguments de campagne de Patrice Talon- prévoit notamment une discrimination positive en faveur des femmes dans le monde politique, un financement public des partis, mais également la mise en place d’un mandat présidentiel unique, actuellement de six ans, une mesure historique sur le continent africain et qui suscite la controverse.
En tout, sur 160 articles de la Constitution du 11 décembre 1990, 43 sont modifiés.
Le président Talon avait convoqué le Parlement dès vendredi en session extraordinaire pour voter cette nouvelle réforme, certain de pouvoir faire valoir de sa forte popularité à l’Assemblée moins d’un an après son élection.
Toute modification de la Constitution doit être approuvée soit par referendum, soit par un vote des 4/5e de l’Assemblée.
Pourtant, les 83 députés béninois – qui ont adopté le budget 2017 à l’unanimité – ont rejeté le caractère urgent du vote, lors d’une première convocation vendredi dernier. Un premier revers pour M. Talon: l’examen du texte se fera selon la procédure plénière normale.
Le fait de ne pas soumettre la réforme au vote par référendum, l’opacité des textes, mais aussi l’idée d’un mandat présidentiel unique font débat au sein du pays.
Si les partisans du mandat unique y voient le moyen de ne pas être soumis à la pression des électeurs pendant son mandat, et donc de ne pas recommencer une campagne dès son élection, d’autres estiment que le risque est que « le chef de l’Etat n’aura de comptes à rendre à personne », selon un député de l’opposition.
Lundi, l’Union nationale des Magistrats du Bénin (UNAMAB) a organisé une manifestation pour exiger le retrait du projet, qui « porte atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire », selon son président Michel Adjaka.
Les magistrats dénoncent notamment une clause du texte qui permet à des représentants du gouvernement de siéger au sein du Conseil supérieur de la magistrature.
Avant cette marche de protestation, d’autres organisations et mouvements, de même que des acteurs de la société civile et des universitaires avaient invité les parlementaires à rejeter ce projet du gouvernement.